ENV/DEV/825

LES DÉLÉGATIONS PRÉPARANT LA CDD-13 DÉBATTENT DU SUIVI ET DU FINANCEMENT DES OBJECTIFS LIÉS À L’EAU, À L’ASSAINISSEMENT ET AU LOGEMENT

02/03/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/825


Commission du développement durable

Réunion préparatoire intergouvernementale

6e & 7e séances – matin & après-midi


LES DÉLÉGATIONS PRÉPARANT LA CDD-13 DÉBATTENT DU SUIVI ET DU FINANCEMENT DES OBJECTIFS LIÉS À L’EAU, À L’ASSAINISSEMENT ET AU LOGEMENT


La Réunion préparatoire intergouvernementale de la 13 session de la Commission du développement durable (CDD-13) a conclu aujourd’hui sa deuxième journée de débats interactifs sur les moyens d’accélérer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement concernant la gestion de l’eau, l’accès à l’assainissement et les établissements humains.  Ces débats interactifs ont mis l’accent sur l’importance des 200 partenariats lancés à Johannesburg, des partenariats internationaux définis comme le meilleur moyen de cumuler initiatives du Sud et investissements du Nord. 


S’agissant de la question du suivi et du financement des initiatives en matière d’établissements humains, le débat a été l’occasion de rappeler que pour être durable, le développement des établissements humains devait être favorisé par une politique cohérente et dynamique en matière d'emploi des terres, de logement, de services urbains, d'infrastructure et d'environnement.  Parmi les recommandations concluant ce débat, figure la nécessité d’inclure les jeunes et les femmes dans les politiques de promotion de l’habitat; de former les personnes concernées; et de mobiliser des ressources financières et techniques locales.  Un certain nombre d’intervenants ont souhaité impliquer les institutions multilatérales de financement aux délibérations sur les sources de financements, qui iraient des prêts et dons aux États au microcrédit destiné aux collectivités locales et habitants des zones urbaines défavorisées.  


Les deux autres débats interactifs, portant sur l’assainissement et l’eau, ont souligné que dans les pays en développement et les économies en transition, l’investissement annuel dans le secteur de l’eau est estimé actuellement à 75 milliards de dollars, dont 13 milliards sont consacrés à l’approvisionnement en eau potable et 2,5 milliards à l’assainissement.  Au cours de ces deux dernières années, deux à trois milliards de dollars ont été affectés sous forme d’aide publique au développement au secteur de l’eau et de l’assainissement, soit environ 5% du montant total de l’aide publique au développement.  Il faudrait multiplier  par deux l’investissement dans le secteur de l’eau dans les 10 prochaines années pour atteindre les objectifs de Johannesburg.


Tout en précisant que la coopération internationale était indispensable pour obtenir les compétences, les techniques et les fonds nécessaires à la réalisation des objectifs relatifs à l’assainissement et à l’eau, de nombreuses délégations ont insisté sur le caractère décisif de la participation des collectivités locales à tous les niveaux, des ONG et des organisations de femmes et de jeunes dans le souci d’accélérer le processus.  Si les projets et les initiatives des pays en développement ne manquent pas, ont fait observer certains intervenants, leur mise en œuvre se heurte souvent à l’insuffisance de financements internationaux.  Pour garantir l’accès à l’assainissement aux populations des pays en développement, le représentant de l’Égypte a estimé qu’outre la coopération Sud-Sud et les partenariats Nord-Sud, l’éducation et la formation sont essentielles. 


Tout en soulignant l’importance d’une aide publique au développement (APD) bien ciblée, de nombreuses délégations ont demandé un allègement de la dette et un accès équitable aux marchés pour aider les pays en développement à mettre en œuvre les programmes liés à l’eau, l’assainissement et aux établissements humains.  D’autres délégations ont estimé que l’APD n’était pas une baguette magique mais un moyen de démultiplier les ressources.  Beaucoup se sont accordées sur la nécessité de différencier les besoins des zones rurales et des zones urbaines, ces dernières ayant des difficultés particulières liées à une démographie exponentielle.  Enfin, il a été souligné la nécessité de doser au mieux les ressources privées et publiques de façon à assurer un financement fiable.  S’appuyant sur les conclusions du rapport établi par Jeffrey Sachs « Projet du Millénaire », la représentante de l’Allemagne a fait remarquer que l’argent existe mais il est mal réparti. 


La Réunion préparatoire intergouvernementale de la Commission du développement durable poursuivra ses travaux demain, jeudi 3 mars, à partir de 10 heures.


ORIENTATIONS POSSIBLES ET MESURES ENVISAGÉES POUR ACCÉLERER LES PROGRÈS DANS LE CADRE DU MODULE THÉMATIQUE:


Débat interactif sur l’assainissement


Poursuivant le débat interactif entamé hier sur la disponibilité de l’assainissement, la Commission du développement durable s’est concentrée ce matin sur le renforcement des capacités et du financement nécessaires pour atteindre les objectifs de développement liés à l’assainissement.  Engageant le débat, le Vice-Président de la Commission, M. KHALED ELBAKLY (Égypte) a noté l’importance des ressources domestiques au niveau local comme source principale de financement de l’amélioration de l’assainissement.  Néanmoins, a-t-il souligné, il existe de nombreux défis préalables à la mobilisation des ressources internes ou externes nécessaires.  Parmi ces défis récapitulés en fin de séance figurent la nécessité d’inclure les organisations de femmes et de jeunes au renforcement des capacités et à la mobilisation des ressources; l’exploitation des opportunités de la coopération Sud-Sud et le recours à des partenariats Nord-Sud; la décentralisation et la bonne gouvernance comme une étape incontournable de la responsabilisation au niveau local; l’éducation dans le but de faire comprendre dès le plus jeune âge les bénéfices des techniques d’assainissement; et la nécessité de développer des projets innovants et chiffrés pouvant attirant l’investissement.  Par ailleurs, il a été souligné l’urgence de faire face aux défis particuliers des petits États insulaires en développement (PEID). 


Les avantages économiques, sociaux et écologiques de l’amélioration de l’assainissement et de l’hygiène varient entre 3 et 34 dollars pour chaque dollar investi, essentiellement du fait de la baisse de la mortalité, de l’amélioration de la santé et de la réduction du coût des maladies ainsi que de l’accroissement de la productivité.  Même si un milliard de personnes ont eu accès à un système d’assainissement amélioré au cours des 10 dernières années, 2,6 milliards restent toujours sans assainissement.  


Plusieurs délégations ont reconnu l’importance aux niveaux régional et national d’un cadre législatif de référence et d’un budget « Assainissement » doublé d’incitations fiscales favorables à l’intervention du secteur privé.  Le représentant des États-Unis, s’appuyant sur l’expérience de la politique nationale américaine de 1987 d’aide au financement d’infrastructures d’assainissement, mais aussi sous forme d’assistance technique et de fournitures de services, a souligné l’importance de prêts à des taux privilégiés pour le financement des projets d’assainissements municipaux.  Il a également présenté les partenariats entre pays développés et en développement comme un mécanisme efficace de transfert des capacités et d’assistance. 


La difficulté ne résidait pas seulement dans la recherche de financement, a fait remarquer le représentant de la Norvège, mais dans la nécessité de s’assurer que ces moyens sont dépensés de manière efficace dans une optique de durabilité.  Cette durabilité, a-t-il expliqué, passe par l’utilisation des techniques les plus appropriées aux spécificités locales, en favorisant l’intervention des marchés de capitaux locaux et en créant un environnement favorable à l’initiative publique et à l’entreprise privée.  Dans le même ordre d’idées, le représentant de la Suisse, à l’instar de plusieurs délégations, a relevé l’importance du secteur privé en insistant sur la nécessité d’élaborer des politiques adaptées à la spécificité de la demande locale.  En outre, il a invité les gouvernements et la société civile à travailler de concert pour favoriser l’émergence d’un environnement favorable à l’émergence d’un véritable marché de l’assainissement et de l’hygiène.  


Le représentant de la Chine a indiqué que son objectif d’assurer l’assainissement de 55% des zones rurales d’ici à 2005 et 65% d’ici à 2015 s’appuyait sur une politique d’information au niveau national et de la sensibilisation au niveau local.  Tout en précisant que la coopération internationale était indispensable pour obtenir les compétences, les techniques et les fonds nécessaires à la réalisation des objectifs relatifs à l’assainissement, il a insisté sur le caractère décisif de la participation des collectivités locales à tous les niveaux, des ONG des organisations de femmes et de jeunes dans le souci d’accélérer le processus.  Si les projets et les initiatives des pays en développement ne manquent, a souligné le représentant de Maurice, leur mise en œuvre se heurte souvent à l’insuffisance de financements internationaux.  Il a expliqué que le manque d’assainissement n’engendrait pas seulement des conséquences sur la santé, mais pouvait également être très catastrophique sur le plan économique pour les PEID, compte tenu de l’impact des eaux usées sur les zones côtières, les lagons, les ressources halieutiques, ou encore l’agriculture. 


C’est en définissant clairement les besoins et les objectifs à atteindre et les budgets nécessaires sur le terrain que nous arriverons à obtenir la participation et l’implication des organisations financières internationales, a estimé la représentante des Pays-Bas qui a également souligné l’importance du microcrédit pour le développement de l’assainissement dans les zones rurales.  La décentralisation des budgets est indispensable à la responsabilisation au niveau local, a-t-elle insisté. 


C’est par le renforcement de la gouvernance locale et de la décentralisation que l’on arrivera à atteindre les objectifs de renforcement des capacités et de rentabilité des réseaux d’assainissement, a soutenu la représentante de l’Afrique du Sud, tout en reconnaissant le caractère indispensable pour le pays en développement d’une coopération internationale pour le lancement de projets.  Même si l’ensemble des intervenants s’est accordé sur le fait que les objectifs en matière d’assainissement dépendaient de la prise de conscience au niveau local, ils ont également reconnu que ces objectifs ne pourraient être atteints sans une augmentation de l’aide publique au développement (APD).  


C’est peut-être par l’éducation dès l’école primaire, l’information et à la sensibilisation à l’importance économique et sociale de l’assainissement et des objectifs d’hygiène et de santé que l’on arrivera à stimuler une demande à la base qui encouragera le Gouvernement et le secteur privé, ont laissé entendre plusieurs délégations de pays développés.  Le débat d’hier avait déjà été l’occasion de préciser sur les bases d’expériences vécues que les ménages, même à faible revenu, seraient prêts à contribuer financièrement à un système d’assainissement si celui-ci répond à leurs attentes en matière de qualité de vie.  Il a également été suggéré d’encourager les communautés rurales à planifier leurs besoins d’assainissements et l’élargissement du réseau. 


Poursuivant sur cette idée, le représentant des ONG a souhaité que l’on travaille d’abord au changement des mentalités et de la perception des questions d’assainissement au niveau local dans les sociétés rurales les plus pauvres, avant de se lancer dans un débat sur des questions techniques et de transferts de technologies qui n’ont aucun sens, s’il n’existe pas de demande au niveau local.  À cet égard, il a estimé d’une importance décisive l’éducation des filles dès l’école primaire, une éducation qui permettra à cette future mère au foyer d’être consciente des avantages, en matière de qualité de vie et de santé que procure l’assainissement.  Car c’est seulement du foyer et du ménage que viendra la demande à condition qu’elles aient une connaissance, une sensibilisation et donc une maîtrise de l’enjeu que représente l’assainissement en matière de lutte contre la pauvreté.  On constate que 31% seulement de la population rurale des pays en développement (contre 73% de la population urbaine) ont accès à un système d’assainissement amélioré.  Quelque deux milliards de personnes sur les 2,6 milliards qui vivent à la campagne n’accèdent pas actuellement à un assainissement amélioré.


Toujours dans le domaine de l’éducation, le représentant de la Chine a insisté sur l’éducation de la population rurale en mentionnant la mise en place d’un programme national intitulé « 900 millions de fermiers en santé », dans le but de sensibiliser cette population à l’importance d’infrastructures d’assainissement pour la santé de ses 248 millions de foyers ruraux dont la moitié disposent d’un système insuffisant d’assainissement.


Débat interactif sur les établissements humains


Pour être durable, le développement des établissements humains doit être favorisé par une politique cohérente et dynamique en matière d'emploi des terres, de logement, de services urbains, d'infrastructure et d'environnement, déclare le Secrétaire général dans son rapport sur les établissements humains.  S'il existe dans le monde de nombreux exemples de mesures et de programmes locaux efficaces dans la lutte contre la pauvreté urbaine, face à la perspective d'une nouvelle croissance des taudis et des implantations sauvages, l'enjeu est de trouver des solutions fonctionnant à la fois à l'échelle des villes et à celle des pays.  Dans de nombreux pays en développement et en transition, les pauvres des zones urbaines sont obligés de procéder à des implantations sauvages et construisent des logements contrevenant aux règlements relatifs à la mise en valeur des terres et aux codes de construction de bâtiments.  Pour le représentant d'ONU-Habitat, les villes devraient appliquer le principe de « la planification avant le développement » en accordant surtout leur attention aux besoins des populations les plus pauvres.  Quant à la décentralisation, elle devrait se faire en veillant à donner aux collectivités les moyens humains, financiers et techniques dont elles ont besoin pour s'acquitter du mandat qui leur est donné.  Le coût de la construction pourrait être réduit en encourageant l'utilisation de matériaux locaux, comme cela est stipulé dans l'Agenda pour l'habitat, a indiqué le représentant. 


Parlant de la question des financements, il a dit que les gouvernements et les donateurs bilatéraux et multilatéraux devraient soutenir la création de banques de développement municipales afin de soutenir la capacité d'investissement des collectivités locales tout en promouvant l’emploi des populations vivant dans des zones d’habitat précaire.  Sur ce thème, la délégation des États-Unis a recommandé le lancement de programmes qui répondent aux capacités des jeunes urbains tout en leur permettant de s’insérer dans le marché de l’emploi.  Il a insisté sur la mobilisation de capitaux domestiques afin d’investir dans l’habitat en utilisation des mécanismes de marché basés sur le partage des risques afin de réduire le coût des crédits accordés aux habitants des bidonvilles urbains.


Le débat sur les questions financières, d’emplois et de création d’entreprises relatives à l’amélioration des établissements humains, qui a eu lieu dans l’après-midi, s’est achevé après que les participants soient parvenus à un certain nombre de conclusions et de recommandations.  Parmi celles-ci, l’inclusion des jeunes et des femmes dans les politiques de promotion de l’habitat; la fourniture d’une formation adéquate aux personnes souhaitant participer aux programmes d’amélioration du cadre de vie; et la mobilisation des ressources financières et techniques locales, ont reçu le soutien de nombreuses délégations.  Un certain nombre de représentants et d’experts participant à l’examen de ces questions ont également estimé qu’il était nécessaire d’impliquer les institutions multilatérales de financement aux délibérations.  Celles-ci devraient porter sur une multiplication des sources de financements, qui devraient aller des prêts et des dons fournis aux États à la mise en place de systèmes de microfinance et de microcrédit destinés aux collectivités locales et aux habitants des zones urbaines défavorisées. 


Pour le Groupe des 77 et la Chine, représenté par la Jamaïque, le règlement des problèmes liés à l'existence des bidonvilles urbains doit d’abord s'appuyer sur des politiques complexes et multisectorielles.  La seule construction de logements ne suffit pas à résoudre les problèmes auxquels font face les pays pauvres ou en transition.  Il faut aussi que soit promue la construction des hôpitaux et des différents services sociaux qui doivent accompagner l'expansion des établissements humains, a estimé le porte-parole du Groupe.  ONU-Habitat pourrait jouer un rôle pour diffuser des informations et les meilleures pratiques existant dans différents pays et régions.  Mais il faut aussi résoudre la question du financement des programmes visant à éradiquer les bidonvilles urbains et dans ce domaine, au vu de l’expérience actuelle, le secteur privé ne peut pas faire grand chose, les clients potentiels n'étant pas solvables dans un mécanisme de marché.  Le Groupe des 77 et la Chine pense donc que seuls l'aide publique au développement et le versement de subventions gouvernementales peuvent résoudre les problèmes d'urbanisation sauvage que l'on observe en milieu urbain dans les pays en développement, a estimé le représentant de la Jamaïque.  Évoquant les difficultés des pays africains, les délégations du Nigéria et de l'Afrique du Sud ont noté que le problème des ressources s'y posait avec acuité.  La baisse des revenus tirés de l'exportation des produits de base, dont les cours sont constamment en baisse, et par le poids du service de la dette, enlève aux gouvernements et aux populations d'Afrique toute possibilité d'épargne et d'investissement, ont fait remarquer les représentants.  Pour faire face à la pénurie de financements, l'Afrique du Sud a souhaité que les institutions de Bretton Woods s'impliquent davantage dans la résolution de la question du logement et des services de base sur le continent africain qui est le seul qui ne pourra réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Au nom de l'Union européenne, la représentante du Luxembourg a estimé pour sa part que les rapports du Secrétaire général montraient clairement les domaines clefs dans lesquels il faut intervenir.  À cet égard, il faut améliorer la capacité des gouvernements nationaux à gérer les secteurs fonciers, immobiliers et de services de base comme l’élimination des déchets et la construction de réseaux d'eau et d'électricité, d'écoles, de routes et de centre de santé.  La question de l'accès à ces services essentiels a été évoquée par la France qui a proposé qu'une déclaration internationale de principes garantissant l'accès à ces services soit adoptée par la communauté internationale.  Un aménagement urbain intégré est indispensable à la promotion de cadres de vie durable, a dit la représentante du Luxembourg en attirant notamment l'attention de la Commission sur la nécessité de conserver l'énergie, l'eau et le cadre environnemental.  Concernant le financement de ces efforts d'urbanisation, elle a indiqué qu'il faudrait donner aux gouvernements et aux collectivités territoriales la possibilité d'emprunter sur les marchés de capitaux.


« Plusieurs options politiques existent qui pourraient aider à résoudre la question de taudis », a estimé le représentant des États-Unis.  La responsabilisation des populations, l'accès à la propriété foncière et celui à des sources d'emprunt financier sont parmi les mesures que devraient prendre chaque gouvernement et chaque communauté pour se donner les moyens d'être autonome et de satisfaire avec réalisme ses propres besoins, a indiqué le représentant.  Tout en reconnaissant qu'il fallait faire de l'acquisition d'un logement un moyen d'intégration des populations à l'économie formelle de leur pays, de nombreuses délégations, dont celles de la Norvège, des Pays-Bas et du Canada ont aussi estimé que l'intégration des femmes, des pauvres et des jeunes, et l'accès des premières à la propriété foncière, au microcrédit et aux processus de décision sont des éléments nécessaires à la résolution des problèmes causés par les implantations urbaines anarchiques.  La délégation canadienne a ensuite indiqué que le prochain Forum mondial sur l'habitat aurait lieu l'an prochain à Vancouver et a déclaré qu'il fallait que la communauté internationale établisse un lien entre les politiques d'urbanisation et l'identité culturelle des peuples.


Face à l'avertissement lancé dans son rapport par le Secrétaire général sur les problèmes que crée la spéculation foncière dans les zones urbaines, qui prive les pauvres de tout espoir d'acquérir un terrain et qui est causée dans certains cas par la mondialisation financière, un certain nombre de délégations ont indiqué que leurs gouvernements étaient prêts à prendre des mesures conservatoires afin de préserver le droit à l'accès foncier et immobilier des populations.  Il aurait fallu que le rapport soumis à la Commission déclare que l'accès au foncier, à l'immobilier et aux services qui les accompagnent font partie des droits inaliénables des personnes et des communautés humaines, ont estimé des délégations en s'insurgeant contre la tendance à la privatisation et à la commercialisation que veut imposer la libéralisation de l'économie mondiale.  Concernant la question des subventions, que les pays en développement soumis aux conditionnalités du FMI et de la Banque mondiale n'ont pas les moyens de verser à leurs collectivités publiques, les intervenants ont proposé que la CDD encourage les pays et les institutions financières nationales, régionales et surtout internationales, à créer de nouveaux types de financements publics pour soutenir les établissements humains.


Débat interactif sur l’eau


Ce débat interactif sur les moyens d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement liés à l’eau s’est concentré cet après-midi, d’une part, sur le suivi et l’évaluation et, d’autre part, sur les sources de financement des investissements liées à l’eau.  


Le rapport du Secrétaire général note que l’adoption de techniques peu onéreuses et une gestion mesurée de la demande permettront d’utiliser l’eau avec une plus grande efficience.  Le renforcement des systèmes de surveillance de l’utilisation de l’eau, des mécanismes régulateurs et des moyens en assurant l’application sera indispensable pour régler les problèmes que pose la qualité de l’eau.  La participation accrue des collectivités à la gestion des ressources en eau peut amener à utiliser des techniques simples n’entraînant pas de difficultés d’entretien, faciliter la couverture des coûts et contribuer à assurer à tous équitablement l’accès à l’eau.  Il a souligné l’importance des mécanismes de microcrédit facilitant l’investissement des ménages, l’amélioration de la coordination des donateurs, une simplification de l’octroi de l’aide, condition propice aux investissements et à l’entreprise privée, processus transparent d’acquisition, la stimulation de l’investissement, partenariat combinant financement public et privé.   


Le représentant du Canada a expliqué que son pays avait développé la recherche, dans le souci d’élaborer des normes en matière de lutte contre la pollution et a souhaité que la prochaine session de la CDD insiste sur la nécessité d’une meilleure compréhension des écosystèmes.  De son côté, le représentant de la République-Unie de Tanzanie s’est félicité des opportunités que représentent les 200 partenariats lancés dans le cadre de Johannesburg, en regrettant qu’un petit nombre seulement de partenariats aient bénéficié de fonds privés.  Il a souhaité que les pays s’assurent que les ONG internationales ne viennent porter ombrage à l’efficacité et aux moyens des collectivités locales.


De son côté, la représentante du Groupe des femmes a souligné l’importance de données ventilées par sexe et systèmes d’évaluation qui tiennent compte de la dimension sexospécifique, en affectant des fonds pour renforcer les capacités des femmes pour réaliser les programmes en matière d’eau et d’assainissement.  Elle a lancé une mise en garde contre la privatisation des services liés à l’eau, en expliquant que les femmes étaient toujours les premières victimes, lorsque les intérêts financiers l’emportaient sur une logique de service public.   


En outre, le représentant du Japon a invité les pays en développement  à élaborer des normes de qualité pour l’eau de capture jusqu’à la consommation, en tenant compte des orientations de l’OMS.  Il a expliqué que son pays avait relevé une liste de bonnes pratiques rassemblant les initiatives de 44 pays et 19 organisations lors des forums mondiaux sur l’eau pour améliorer les systèmes de suivi et de contrôle de l’eau.  


Parmi les autres interventions, le représentant de la République arabe syrienne a souligné la nécessité d’un appui international à la gestion intégré de l’eau des pays en développement pour assurer une gestion équitable des cours d’eau internationaux.  Il a souhaité un mécanisme sur les fleuves internationaux.  La construction d’un barrage, a-t-il cité à titre d’exemple, ne peut se faire qu’après consultation de tous les États ayant un fleuve en commun et après avoir tenu compte de toutes les incidences d’une telle construction.  Il a demandé que le thème de la dégradation soit renforcé au sein du FEM dans le cadre de la prochaine distribution des ressources.   


Toujours dans le domaine du suivi, le représentant de Maurice a estimé qu’il fallait au niveau de chaque pays une structure chargée de coordonner les mesures de suivi de la gestion de l’eau et que cette structure soit dotée des moyens financiers et humains nécessaires et que les informations géographiques soient accessibles à tous les pays.  


Ce débat a été l’occasion de préciser que la pénurie de données disponibles et le manque de réseaux de surveillance de la qualité et de la quantité des eaux souterraines et de surface demeuraient le principal frein à l’élaboration d’une stratégie nationale de gestion de l’eau.  S’agissant des sources de financement, de nombreux intervenants ont insisté que la gestion de l’eau reste entre les mains du service public tout en reconnaissant que le secteurprivé permettait d’améliorer l’efficacité des systèmes de distribution.  Au niveau local, il a été souhaité que les tarifs tiennent compte, outre des coûts de fonctionnement, des coûts d’investissement à long terme.


Concluant les débats sur le financement, la modératrice et Vice-Présidente de la Commission du développement durable (CDD), Mme DAGMARA BERBALK (Allemagne) a noté que les pays en développement estimaient qu’une APD bien ciblée était essentielle.  Ces derniers sont demandeurs de programmes d’assistance, d’un réel allègement de la dette et d’un accès équitable aux marchés.  Du côté des bailleurs de fonds, certaines délégations ont dit que l’APD n’était pas une baguette magique mais un moyen de démultiplier les ressources.  Beaucoup de délégations se sont accordées sur la nécessité de différencier les besoins des zones rurales et des zones urbaines, ces dernières ayant des difficultés particulières liées à une démographie exponentielle.  Enfin, ces débats ont souligné la nécessité de doser au mieux les ressources privées et publiques de façon à assurer un financement fiable.  S’appuyant sur les conclusions d’un récent rapport de Jeffrey Sachs, Mme Berbalk a fait remarquer que l’argent existe mais il est mal réparti.   


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