ENV/DEV/805-PNUE/256

LES CATASTROPHES NATURELLES ET D’ORIGINE HUMAINE MENACENT LA STABILITÉ DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT

06/01/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/805
PNUE/256


LES CATASTROPHES NATURELLES ET D’ORIGINE HUMAINE MENACENT LA STABILITÉ DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT


(Publié tel que reçu.)


LONDRES/NAIROBI, 6 janvier (PNUE) -– Les vulnérabilités aux tsunamis, aux cyclones ainsi qu’à d’autres catastrophes naturelles et d’origine humaine sont parmi les plus grands risques sanitaires et financiers pour les populations des petits États insulaires en développement du monde.


La pollution et le déchargement de déchets dans les mers des Caraïbes, la pêche à outrance dans le Pacifique et la marée montante d’ordures ménagères et d’autres formes de déchets dans les îles des océans Atlantique et Indien figurent également sur la liste des obstacles auxquels les îles se heurtent.


Certaines petites îles, telles que les Comores dans l’océan Indien, doivent également faire face à de graves pénuries d’eau douce dues en partie à la contamination et à la surexploitation.


De même, des espèces animales et végétales uniques sont menacées par le défrichement de leurs habitats et l’introduction d’espèces nouvelles et envahissantes d’origine étrangère.  La Dominique et Puerto Rico sont de petites îles dans les Caraïbes abritant un nombre inquiétant d’« envahisseurs » qui ont le potentiel de nuire à l’environnement.


Telles sont les conclusions de nouveaux rapports rendus public aujourd’hui par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à l’avance d’une réunion internationale sur les petits États insulaires en développement qui se tiendra du 10 au 14 janvier 2005 à l’île Maurice (voir la note aux éditeurs).


Les rapports ont été rédigés avant les tsunamis qui ont ravagé le littoral et les petites îles de l’océan Indien le 26 décembre dernier.


Klaus Toepfer, Directeur exécutif du PNUE, a déclaré: « Les raz-de-marée, et le nombre hallucinant de victimes, nous ramène à l’esprit l’effroyable et dure réalité de la vulnérabilité des communautés côtières, les petites îles comprises, aux catastrophes naturelles.  Il est évident qu’atténuer la souffrance des populations et assurer la fourniture de nourritures, d’abris, de médicaments et d’eau salubre en quantité suffisante doit rester notre première priorité. »


« Mais une fois ces besoins immédiats satisfaits, l’attention se portera sur la reconstruction, sur l’impact des tsunamis sur des habitats précieux d’importance économique tels que les récifs coralliens et les mangroves, ainsi que sur des installations comme des usines chimiques.  Le PNUE travaille déjà en étroite collaboration avec les gouvernements des pays affectés et a envoyé des experts dans de nombreux pays, y compris la Thaïlande, l’Indonésie et les Maldives », a-t-il ajouté.


Alors que l’Indonésie a demandé au PNUE d’établir une cellule de crise en matière d’environnement, les Maldives ont requis l’aide de l’Organisation pour la mise en place d’urgence d’un système de gestion de déchets et pour entreprendre des études de l’impact sur les récifs coralliens et les moyens de subsistance; le Sri Lanka a fait appel au PNUE pour l’élaboration d’évaluations de l’impact sur l’environnement.


Des témoignages oculaires signalent que les tsunamis ont ravagé de nombreuses petites îles.  Selon des experts du Ministère de l’environnement et des ressources naturelles des Seychelles, par exemple, les récifs coralliens, déjà affaiblis par un phénomène de décoloration datant de 1998, ont été endommagés davantage.  Dans leurs communications avec le PNUE, les experts seychellois notent également: « Un nombre important de poissons juvéniles ont péri après avoir été propulsés sur terre ferme par le tsunami.  Certains écosystèmes de mangroves ont aussi été affectés ».


Le besoin d’un système d’alerte semblable à celui en place dans le Pacifique depuis une cinquantaine d’années pour prévenir contre les tsunamis sera une des questions clef à l’ordre du jour de la réunion à l’île Maurice.


M. Toepfer a noté que plusieurs gouvernements ont demandé au PNUE, en collaboration avec d’autres organismes des Nations Unies, d’entreprendre une étude de viabilité d’un tel réseau.


« La communauté internationale se montre à la hauteur de cette épouvantable catastrophe.  Espérons que cet esprit de solidarité avec les victimes et les familles sinistrées se maintiendra, afin que les menaces environnementales, actuelles et émergentes, auxquelles sont confrontées les petites îles et dont ces rapports font l’exposé, pourront être adressées avec le degré d’urgence qu’elles méritent également », a-t-il ajouté.


Les rapports ont été produits par la Division du PNUE chargée de l’alerte rapide et de l’évaluation (DEWA) et par le Programme d’évaluation mondiale des eaux internationales (GIWA) du PNUE basé à l’Université de Kalmar en Suède.


Il se dégage clairement des rapports, qu’en terme de vulnérabilités, les PEID représentent une catégorie particulière de pays.


Leurs vulnérabilités découlent de leur isolement géographique, de la petitesse et de la fragilité de leurs économies qui reposent sur le tourisme et un nombre limité de produits d’exportation, de leur forte dépendance sur des combustibles fossiles importés et de la rareté de ressources naturelles telles que l’eau et les terres.


En outre, bon nombre de ces îles ne dépassent que de très peu le niveau de la mer.  Elles sont donc particulièrement vulnérables à l’élévation du niveau de la mer, au déferlement de tempêtes et à des phénomènes météorologiques tragiques comme les tsunamis qui ont frappé l’océan Indien.  Les changements climatiques, qui entraîneront certainement une élévation du niveau des mers et une augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, ne feront qu’aggraver le problème.


Le cas de la Grenade dans les Caraïbes met en relief la menace.  En septembre 2004, l’île fut dévastée par l’ouragan Ivan.  90% des habitations ont été endommagées, sans compter les écoles, les hôpitaux et les infrastructures routières et autres.  L’industrie de la banane a été anéantie et 90% des régions forestières sont aujourd’hui dépourvues de végétation.


Le coût de la dévastation a été estimé à 3 milliards de dollars ou plus du double du produit intérieur brut du pays.


Selon des estimations de Munich Re, un des plus grands réassureurs du monde et membre de la Finance Initiative du PNUE, les catastrophes météorologiques sont en augmentation.  Durant les 10 premiers mois de 2004, les pertes assurées s’élevaient à 35 milliards de dollars (les pertes les plus importantes jamais enregistrées) alors que les pertes non assurées durant la même période se chiffrent à 90 milliards de dollars.


Les petits États insulaires en développement des océans Atlantique et Indien


Bien que les tsunamis se sont révélés comme étant une importante nouvelle menace pour la région, les rapports en soulignent d’autres.


Déchets


Une des « questions les plus alarmantes pour les États de la région est le problèmes grandissant des déchets solides », déclarent les rapports.


On notera parmi les impacts, la pollution de ressources précieuses d’eau souterraine, d’eaux de surface et de marécage, la dégradation des environnements côtiers y compris les récifs coralliens et d’autres attraits touristiques tels que les plages.


Le traitement inapproprié des ordures et des déchets met en danger la région entière.  En effet, ordures et déchets sont propices à la propagation de vermines, tels que les rats, qui véhiculent différentes maladies tropicales dont la peste et la gale.


L’élimination inadéquate de déchets, particulièrement de conteneurs, accroît également le risque de paludisme, particulièrement à Madagascar et aux Comores.  Des vecteurs de maladies prolifèrent dans ces conteneurs, souvent de vieux sacs en plastique ou des pots de peinture rouillés, qui emmagasinent les eaux de pluie.


Maurice, ainsi que les Seychelles, ont développé des systèmes de gestion de déchets.  L’île Maurice a mis en place des centres de recyclage de matériaux tels que le papier, le verre, les textiles, les métaux précieux et le plastique.  Mais il reste de nombreuses difficultés à surmonter.


Aux îles Comores, la collecte et l’élimination de déchets est « quasiment inexistante et on peut observer des montagnes d’ordures à travers la ville, aussi bien dans des terrains publiques que privés ».


À Madagascar, 6% seulement des ordures et des déchets sont collectés de façon régulière.  Plus de la moitié de la population se débarrasse de ses ordures « là où c’est commode », aussi bien à proximité des plages que dans des marécages de mangroves.


Les petits États insulaires en développement des Caraïbes


Environ 70% de la population des Caraïbes réside dans des cités des villes et des villages situés dans des zones côtières de basse altitude, menacés par l’élévation du niveau de la mer et la fréquence et le nombre croissant d’ouragans et d’orages.  En 2004, de nombreux PEID des Caraïbes ont été victimes de dévastations sévères, de pertes de milliers de vies et des dommages s’élevant à des millions de dollars suite à des ouragans intenses.


De plus, les eaux de ballast des bateaux et l’importation, entre autre, de produits horticoles ont introduit des espèces allogènes dans la région qui menacent la faune et la flore autochtones, souvent unique au monde.


La République dominicaine abrite le plus grand nombre d’espèces allogènes, au nombre de 186, suivie par Puerto Rico, 182.  Aux Bahamas, le nombre d’espèces allogènes connues s’élève à 159 contre 102 en Jamaïque.


Les espèces étrangères peuvent exacerber le danger d’extinction qui pèse sur les espèces autochtones suite à la perte d’habitat, à la déforestation et au défrichement.


La Jamaïque est le pays de la région ayant le plus grand nombre d’espèces menacées (254), suivie de Cuba avec 225.


Les petits États insulaires en développement de l’océan Pacifique: la surexploitation des stocks de poisson


« L’exploitation non durable de poissons est universelle à travers la région et encore plus grave près des zones urbaines », disent les chercheurs, qui citent plusieurs facteurs à blâmer, y compris le manque de régulation de la pêche de subsistance et la gestion de la pêche à l’occidental.


Le poisson fait partie intégrale du régime de plusieurs habitants des îles pacifiques.  La consommation de poisson de Kiribati atteint 200 kg par personne par an.


Le même scénario se retrouve à travers la région avec une part de la pêche de subsistance de 95% dans les Marianes du Nord, 94% à Samoa, 90% dans les États fédérés de Micronésie et les Îles Salomon, ainsi que 90% dans les Îles Niue.


Une étude a été faite sur Vanuatu montrant que la prise totale de poissons a baissé à cause d’une pêche excessive.  La production a baissé de 90 000 tonnes en 1999 à moins de 30 000 en 2001.


Dans quelques îles, le déclin en stocks de poissons de zones côtières et vivant dans les récifs a obligé plusieurs habitant à recourir à des aliments moins nutritifs tels que les queues de dindes, du poisson en conserve et du boeuf en boîte.  Cela a eu pour conséquence la détérioration de la santé et davantage de maladies non-communicables.


La demande de produits de mer, y compris les bêches-de-mer, les crevettes, les huîtres et les algues marines en Asie du Sud-Est et de l’Est risque de mettre davantage de pression sur les ressources maritimes à moins qu’une action soit prise pour rendre la pêche durable à long terme.


Notes aux éditeurs


Des communiqués de presse plus détaillés sur la situation environnementale de chaque région sont disponibles sur le site web du PNUE: www.unep.org/french.


L’Avenir de l’environnement des océans Atlantique et Indien 2004, L’Avenir de l’environnement des Caraïbes 2004 et L’Avenir de l’environnement de l’océan Pacifique 2004 sont disponibles (en anglais) sur le site web du PNUE: www.unep.org.


Les évaluations régionales 4, 3a, 45b et 62 entreprises par GIWA sur les îles des différents océans sont également disponibles, mais uniquement en anglais, sur le site web du PNUE.


Pour en savoir plus sur la Réunion internationale chargée d’examiner l’application du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement qui se tiendra à Maurice du 10 au 14 janvier 2005, veuillez consulter http://www.un.org/french/smallislands2005/ et http://www.sidsmauritius2005.mu


Le Programme d’action à l’échelle mondiale du PNUE se penche également sur la question des PEID http://www.gpa.unep.org/sids.


Pour de plus amples informations, veuillez prendre contact avec Eric Falt, porte-parole du PNUE et Directeur de la Division de la communication et de l’information au tel.: +254 20 623292, mobile: +254 733 68 26 56, par courriel: eric.falt@unep.org; ou contactez Nick Nuttal, Responsable des médias au tel:. + 254 20 623084, mobile: +264 733 632755, courriel: nick.nuttal@unep.org.


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