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ECOSOC/6166

L’ENVOYÉ SPÉCIAL POUR LE TSUNAMI BILL CLINTON PLAIDE DEVANT L’ECOSOC EN FAVEUR D’UN SYSTÈME D’ALERTE PRÉCOCE EFFICACE

14/07/2005
Communiqué de presse
ECOSOC/6166


Conseil économique et social

Session de fond de 2005

26e & 27e séances – matin & après-midi


L’ENVOYÉ SPÉCIAL POUR LE TSUNAMI BILL CLINTON PLAIDE DEVANT L’ECOSOC EN FAVEUR D’UN SYSTÈME D’ALERTE PRÉCOCE EFFICACE


L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les efforts de redressement du tsunami et ancien Président des États-Unis, William J. Clinton, a plaidé aujourd’hui, devant le Conseil économique et social (ECOSOC), en faveur de la mise en place d’un système d’alerte précoce efficace et d’une accélération du rythme de relèvement des pays touchés*.  Les populations victimes de cette catastrophe méritent véritablement le meilleur que l’on puisse leur donner, a-t-il déclaré.


Des quatre réunions-débats de la journée sur « les enseignements tirés du séisme/tsunami », à travers les « difficultés en matière de relèvement » et la nécessité d’« investir dans la réduction des risques, l’atténuation et l’état de préparation », c’est celle qui, incontestablement, avait pour unique intervenant l’ancien Président des États-Unis qui a le plus mobilisé l’attention des membres de l’ECOSOC.


Il faut aller de l’avant rapidement, a insisté M. Clinton, prônant une concentration des efforts vers la réduction des risques à l’échelle mondiale et l’accélération du rythme de la reconstruction dans les pays affectés.  Selon l’Envoyé spécial, les pertes en vies humaines auraient été plus faibles si les pays de la région avaient pu bénéficier d’un système d’alerte précoce efficace.  M. Clinton a ainsi demandé à l’ECOSOC d’appliquer systématiquement le Cadre d’action de Hyogo, un programme décennal intergouvernemental sur les priorités en matière de réduction des risques de catastrophes visant à renforcer les capacités de résistance des pays et des collectivités en cas de catastrophes naturelles.  On ne peut pas laisser passer cette année 2005 sans réaliser de progrès, a-t-il ajouté.


Le 26 décembre 2004, un séisme considérable, de magnitude 9.1 sur l’échelle de Richter, a frappé la côte ouest de Sumatra-Nord et a été suivi de plusieurs répliques violentes.  Ce tremblement de terre, le plus violent de ces 40 dernières années, a entraîné un gigantesque tsunami qui s’est propagé dans l’océan Indien avec une violence catastrophique.  Au total, 12 pays ont été touchés et 240 000 personnes environ ont péri, tandis que 50 000 autres sont portées disparues et plus d’un million ont été déplacées.


La réaction immédiate de la communauté internationale au tsunami a été merveilleuse, a déclaré M. Clinton.  La politique et les intérêts égoïstes ont été laissés de côté, s’est-il félicité.  Néanmoins, le plus difficile reste selon lui à faire, la phase de redressement étant plus complexe.  En dépit de l’impatience, de l’épuisement, des difficultés de croissance, un bon début a été accompli, a souligné l’ancien Président américain.  Il faut éviter de perdre cet élan, a-t-il observé, invitant l’ECOSOC à appuyer des accords institutionnels pour faciliter les activités de redressement.


L’Envoyé spécial pour les efforts de redressement du tsunami a également déclaré que l’exercice de sa fonction lui avait permis de réaffirmer sa conviction dans les valeurs des Nations Unies, une organisation qui permet la coopération internationale, a-t-il précisé.  La mission de M. Clinton est décrite dans le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur le « renforcement des secours d’urgence, du relèvement, de la reconstruction et de la prévention au lendemain de la catastrophe du raz-de-marée dans l’océan Indien** ».  L’ancien Président des États-Unis est notamment chargé de maintenir l’attention de la communauté mondiale sur les activités de l’après-tsunami, de soutenir les efforts de coordination aux niveaux national et mondial, de promouvoir la transparence et la responsabilité, et de prôner un type de relèvement qui profite des possibilités morales, politiques et financières que la crise a suscitées, afin de mettre les collectivités touchées sur une voie de développement meilleure et plus sûre.


Plusieurs délégations, à l’instar de celles de l’Indonésie et du Royaume-Uni, au nom de l’Union européenne, ont souhaité que les leçons tirées du tsunami servent à la réforme du système humanitaire au sein de l’ECOSOC mais aussi lors du Sommet de septembre.  Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que l’Union européenne fournirait 3,2 milliards de dollars pour des programmes de réhabilitation, tandis que son homologue du Japon a annoncé une contribution de 400 millions de dollars et une participation active à la phase de redressement.


Il reste encore de nombreux enseignements à tirer de tous les efforts entrepris, notamment en matière de coordination, avait auparavant assuré Jan Egeland, Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les questions humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Selon lui, une des facettes les plus importantes de cette réaction aura été la bonne utilisation des autorités militaires, qui ont coopéré avec les civils.


Le Conseil économique et social poursuivra son débat consacré aux affaires humanitaires demain, vendredi 15 juillet, à 10 heures.


*     Pour plus de détails, voir le communiqué ECOSOC/6167-IHA/1068, publié en anglais seulement.

**    Rapport publié sous la cote A/60/86-E/2005/77


ASSSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE, AIDE HUMANITAIRE ET SECOURS EN CAS DE CASTATROPHE


Première réunion-débat: « Les enseignements tirés du séisme/tsunami qui a récemment frappé la région de l’océan Indien: difficultés en matière de relèvement »


M. JOHAN VERBEKE (Belgique), Vice-Président du Conseil économique et social, a rappelé que le tsunami qui a frappé les côtes ouest de Sumatra le 26 décembre 2004 a été parmi les plus terribles de l’histoire moderne.  Atteignant plus de 9.1 sur l’échelle de Richter, il a engendré des vagues de plus de 30 mètres de haut, tuant plus de 240 000 personnes et en blessant ou en déplaçant plus de 158 millions.  On compte 50 000 personnes toujours portées disparues, dont il est probable qu’elles ne seront jamais retrouvées, et les dommages économiques sont estimés à 94 milliards de dollars.  La catastrophe s’est étendue sur une très large zone géographique puisque 12 pays ont été directement affectés, et les effets de la catastrophe se sont aussi faits sentir jusqu’en Afrique du Sud ou en Suède.  Le tsunami a déclenché une démonstration sans précédent de la générosité nationale, ainsi qu’une coopération mondiale sans précédent entre les membres de la communauté internationale, qui a associé gouvernements, militaires, société civile et secteur privé.  Nous devons maintenant réfléchir au succès de cette coopération, mais aussi identifier la manière d’améliorer nos efforts et en tirer les leçons afin de réduire l’impact de telles catastrophes à l’avenir, a conclu M. Verbeke.


M. JAN EGELAND, Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les questions humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a souligné que le tsunami avait détruit en quelques secondes des milliers de communautés et de vies humaines, mais qu’il avait aussi déclenché la réaction de secours la plus efficace.  Ce fut la nature dans ce qu’elle a de pire, mais la communauté humaine dans ce qu’elle a de mieux, a-t-il déclaré, soulignant que cela n’avait entraîné aucune épidémie et qu’aucune personne n’était morte de faim.  Cependant, il reste encore de nombreux enseignements à tirer de ces efforts, notamment en matière de coordination.  Une des facettes les plus importantes de cette réaction a été la bonne utilisation des autorités militaires, qui ont coopéré avec les civils.  Les gouvernements des communautés affectées ont été au premier rang des réponses et les communautés locales ont réagi immédiatement.  Les institutions de l’ONU étaient à l’avant-plan de cette réaction internationale. 


M. Egeland a ensuite indiqué que des représentants de tous les types d’acteurs ayant pris part à l’effort de solidarité internationale allaient intervenir au cours du débat.  Le secteur privé a pris de plus en plus d’importance dans l’appui au travail humanitaire, et le tsunami a servi de déclencheur en attirant des fonds privés extrêmement importants, par exemple de la part des entreprises.  Les ONG ont également joué un grand rôle.  Le défi pour l’avenir réside désormais dans la reconstruction, et il faut déterminer pourquoi un système d’alerte précoce n’existait pas et qu’aucune prévention n’a donc été possible.  Nous voulons que de telles catastrophes ne causent plus jamais autant de pertes en vies humaines, a-t-il conclu.


M. SUJANA ROYAT, Sous-Ministre de la coordination pour le bien-être du peuple de l’Indonésie, a affirmé que six mois après les séismes et le tsunami qui ont frappé l’Indonésie, et particulièrement Aceh, Nias, Alor et Nabire, il fallait tirer les leçons de cette catastrophe et partager les connaissances pour développer des systèmes régionaux et nationaux permettant de minimiser les pertes en cas de nouvelles catastrophes, qui sont inévitables.  Si rien ne peut être fait pour prévenir ces catastrophes naturelles, les pertes de vie et la destruction peuvent être diminuées par une planification adéquate, a-t-il expliqué.  Dans ce but, il a suggéré d’augmenter la prise de conscience, la préparation et la résistance des populations et de renforcer les mécanismes de réponse du gouvernement aux niveaux local, national et régional.  Rappelant que les catastrophes n’avaient pas de frontières, il a souhaité de forts partenariats afin d’améliorer l’efficacité de l’aide, tout en espérant un renforcement des capacités et le partage des technologies et des ressources afin que des réponses rapides permettent d’alléger les souffrances des communautés.  Pour réduire les pertes en vies humaines, il faut donner une plus grande priorité à la gestion et la diminution des risques dans la planification pour le développement durable.  Par ailleurs, il a encouragé les institutions de financement à investir plus largement dans des mesures préventives à travers la région afin de parvenir à des approches systématiques incluant tous les secteurs de la gestion du risque, y compris la prévention, la préparation, la réduction des effets, la reconstruction et la résistance à ces catastrophes.


M. Royat a expliqué que son pays développait des mécanismes appropriés pour répondre et se remettre de ces crises et pour partager les expériences acquises par le Gouvernement et les organisations humanitaires.  Il a notamment mis de l’avant la création de l’Agence de reconstruction et de réhabilitation d’Aceh qui coordonne les demandes et besoins concernant les projets tout en assurant la transparence quant à la reconstruction d’Aceh et Nias.  Afin de mieux gérer le risque des catastrophes naturelles, il a demandé à tous de travailler ensemble dans un esprit d’entière coopération pour mettre en œuvre dans le futur des meilleures pratiques dans ce domaine.  Il faut trouver des moyens de partager les informations utiles et de développer un réseau efficace pour parvenir à une coopération internationale améliorée, a-t-il conclu. 


M. GOH KEE NGUAN, Général de brigade de Singapour, a orienté son intervention sur la coopération entre les forces armées singapouriennes et les civils à Aceh.  Le niveau d’implication de son pays dans les opérations de secours après le tsunami a été sans précédent, a-t-il déclaré.  Nous avons lancé la plus grande opération d’aide humanitaire et de secours en 40 ans depuis notre indépendance, a-t-il affirmé.  La mission des forces armées singapouriennes était claire: fournir une aide d’urgence en soutien aux efforts du Gouvernement indonésien pour aider les victimes du tremblement de terre et du tsunami.  Cette mission obéissait à deux tâches clefs: sauver les vies humaines et fournir une aide humanitaire aux victimes de la catastrophe.  Après avoir résumé les trois semaines d’intervention après le tsunami, le général a souligné que l’un des facteurs du succès de l’opération avait été la capacité de l’armée à établir et à maintenir la bonne volonté et la confiance sur le terrain. 


Nous n’avons pas agi avec l’intention de dire aux gens ce qu’ils devaient faire, mais nous avons plutôt adopté un esprit de partenariat et de coopération avec chaque acteur, notamment les autorités indonésiennes et les institutions des Nations Unies, a-t-il précisé.  Nous avons appris à comprendre les besoins du pays d’accueil et à établir une bonne relation de travail, a-t-il poursuivi.  Selon lui, la « lenteur est la rapidité », car lorsque l’on travaille étroitement ensemble, on est plus efficace pour réaliser une mission de long cours.  De leur côté, les autorités indonésiennes ont octroyé à l’armée singapourienne une liberté d’action considérable sur le terrain, a-t-il souligné.  L’expérience en Indonésie a prouvé que les forces militaires et les agences civiles pouvaient travailler de façon complémentaire dans les efforts de secours, a-t-il dit.  De même, les objectifs fixés n’auraient pu être réalisés avec autant d’efficacité et de rapidité sans le concours des autorités indonésiennes et les institutions des Nations Unies, a-t-il conclu.


Mme MARGARETA WAHLSTROM, Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence et Coordonnatrice spéciale pour la réponse au tsunami, Bureau de la coordination des affaires humanitaires, a souligné que le tsunami avait contraint à incorporer les capacités nationales et régionales pour les associés aux capacités internationales.  À cet égard, elle a mis l’accent sur la bonne volonté des communautés mondiales, qui ont fourni les réponses, ainsi que sur les attentes très élevées des personnes affectées, la participation des gouvernements des pays affectés et la ferme détermination de contribuer à l’aide humanitaire.  Un sens de communauté s’est développé à tous les niveaux, y compris avec les pouvoirs publics locaux.  Les ressources mises à disposition immédiatement ont été très positives puisqu’il n’a pas été nécessaire de passer du temps à en réclamer.  Les nombreux acteurs mobilisés ont engendré de nombreuses ressources, mais quelques jours ont été nécessaires pour déterminer comment ces liens pourraient fonctionner concrètement sur le terrain.  Mme Wahlstrom a expliqué que les gouvernements locaux travaillaient dans des cadres extrêmement stricts, ce qui avait suscité des difficultés au départ.  Les gouvernements, sous pression, ont besoin de l’appui de la communauté internationale pour la coordination, sachant que cette communauté doit d’abord se coordonner elle-même, a-t-elle déclaré, estimant que cette question devait encore faire l’objet d’études.  Au bout de quelques semaines, des différences sont apparues et les mécanismes locaux n’étaient pas suffisants pour y remédier, même si tout s’est globalement bien passé.  Nous devons maintenant tirer les leçons de ce qui s’est passé et en déduire des recommandations.


Mme Wahlstrom a ensuite estimé qu’il fallait appuyer le renforcement des capacités nationales de réaction aux catastrophes naturelles; du point de vue international, il faut élaborer un mécanisme prévisible d’aide.  Le nombre de personnes ayant afflué à Aceh était incroyable et les autorités nationales ne savaient pas où les diriger, a-t-elle raconté.  Elle a ensuite souligné qu’il ne fallait pas se concentrer uniquement sur l’apport, mais aussi sur les résultats, qui représentent une réalisation collective.  Elle a également relevé que les personnes affectées par la catastrophe ainsi que les donateurs s’étaient plaints de ne pas voir immédiatement les résultats, ce qui doit être pris en compte dans la communication à l’avenir, même s’il n’est jamais évident de faire apparaître aussi clairement des résultats dans un délai bref.  Mme Wahlstrom a conclu en soulignant que l’élan initial ne s’était pas maintenu par la suite, et qu’il avait fallu prendre le temps de renforcer les équipes, ce qui avait créé quelques difficultés.


M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint principal du Programme alimentaire mondial (PAM), a expliqué que lors de sa réponse au tsunami, le PAM avait travaillé dans 12 pays et que 200 millions de dollars avaient été déboursés pour livrer de la nourriture aux personnes touchées, en ayant recours aux stocks existants.  Il a déclaré que les lignes d’approvisionnement avaient été efficaces mais que les efforts humanitaires étaient confrontés à  certains défis, notamment en raison de la destruction des routes et du nombre inadapté de personnel pour faire face à la situation.  Il a ainsi insisté sur l’accès par voie aérienne et la coordination de la logistique.  Il a aussi noté que 300 membres du personnel avaient été réaffecté dans les pays sinistrés et que 250 personnes avaient été recrutées localement.  Depuis six mois, nous avons réussi à toucher 8 millions de personnes et à fournir 175 000 tonnes de nourriture, a-t-il indiqué; dorénavant, nous souhaitons nous concentrer sur des programmes de réhabilitation et de redressement.


Le Directeur exécutif du PAM a aussi souligné les leçons à tirer du tsunami.  Citant l’exemple de l’Indonésie, il a estimé que la coopération avec les forces militaires avait été critique pour la fourniture de l’aide aux populations.  Il a aussi insisté sur le rôle du secteur privé, notamment en ce qui concerne l’appui de personnel, le transport ou la création de camps, éléments qui se sont avérés indispensables pour le succès de cette opération.  Les liens avec ces entités doivent être établis de façon plus systématique, a-t-il suggéré.  S’agissant d’une meilleure réponse lors des catastrophes futures, M. Graisse a souhaité que la communauté humanitaire définisse les goulets d’étranglement dès le départ et garantisse une flexibilité de fonctionnement, affirmant qu’il existe des avantages à disposer de capacités au sein des différentes institutions plutôt que de les concentrer dans un seul endroit.  Enfin, il a demandé que l’ONU et ses partenaires consolident les capacités de redressement dans les pays concernés.  Les gouvernements, le secteur privé et les ONG doivent travailler ensemble et identifier les meilleures pratiques pour une réponse plus efficace à l’avenir, a-t-il insisté.


Mme ANN VENEMAN, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a affirmé que les gouvernements, les institutions des Nations Unies, les organisations non gouvernementales et tous les partenaires avaient réagi rapidement et avec efficacité à la catastrophe du tsunami.  Les trois quarts des millions d’enfants des pays touchés ont reçu les éléments nécessaires pour aller à l’école, a-t-elle souligné.  Dans la phase de relèvement, il est plus important que jamais de conserver cet élan et de renforcer la collaboration entre les divers partenaires, a-t-elle estimé.  Selon la Directrice générale de l’UNICEF, il est nécessaire d’utiliser les immenses ressources générées pour aider les communautés touchées à mieux se reconstruire et à offrir de meilleures possibilités aux familles et aux enfants.  L’UNICEF appuie la construction d’écoles temporaires pour les enfants qui travaillent encore sous des tentes, a-t-elle également indiqué, précisant que les mesures prises pour aider les enfants devaient être poursuivies. 


La Directrice générale a en outre souligné que les réactions rapides de gouvernements pour protéger les enfants face à la traite des enfants avaient donné des résultats.  Plusieurs activités ont permis de sensibiliser le public à cet égard, a-t-elle dit, ajoutant qu’il convenait de demeurer vigilant.  Il est vital que nos efforts soient toujours transparents, a-t-elle par ailleurs observé, concluant que le Conseil économique et social devait être félicité pour avoir réalisé un travail de bilan dans ce domaine. 


Mme KAREN KATEN, représentant la société Pfizer, a souhaité affirmer l’engagement du secteur privé dans l’appui à l’aide humanitaire.  Des désaccords existent entre ce secteur et les Nations Unies, mais Pfizer souhaite les surmonter.  En tant qu’entreprise qui réalise des profits, Pfizer doit établir un subtil équilibre entre les besoins de ses clients et ceux de ses actionnaires, le tout dans un environnement à haut risque.  Pourtant, toutes les avancées dans le domaine médical sont nées du secteur privé au cours des 50 dernières années.  La gestion du risque a appris à l’entreprise à maîtriser des disciplines qui font d’elle un partenaire solide pour fournir et exécuter l’aide humanitaire sur le terrain.  Lors de la table ronde conjointe organisée par les Nations Unies et le secteur privé en avril dernier, a-t-elle rappelé, nous sommes tombés d’accord pour déclarer que le secteur privé pouvait apporter une aide plus efficace en cas de nouvelle catastrophe, à condition que nous améliorions nos outils de coordination avec le secteur public.  Mme Katen a précisé que la table ronde du secteur privé avait lancé un nouveau programme intitulé « Partenariat pour les secours après une catastrophe », destiné à établir des procédures entre secteur privé et secteur public pour l’aide humanitaire.  Il s’agit de canaliser les biens et services du secteur privé vers les ONG de façon bien plus rapide, et de renforcer le partenariat.


Vingt-deux collaborateurs de Pfizer avaient trouvé la mort à la suite du tsunami, a rappelé Mme Katen.  C’est pourquoi, Pfizer a fourni de l’argent et de la main d’œuvre pour les secours, envoyant des équipes sur le terrain.  L’absence de procédures établies pour travailler avec les Nations Unies a causé des retards mais les équipes ont rapidement pu mener une action efficace.  La souplesse de l’ONU a toutefois permis de surmonter les difficultés bureaucratiques.  Pfizer a désormais besoin que soit défini un cadre de coopération avec les Nations Unies et les autres partenaires dans le cadre d’une opération d’assistance.  Mme Katen a conclu en estimant que le partenariat établi entre le secteur privé et les Nations Unies pouvait porter ses fruits face aux problèmes qui assaillent le monde, qu’il s’agisse de catastrophes uniques ou quotidiennes.


M. NICOLAS DE TORRENTE, Directeur exécutif de Médecins Sans Frontières (MSF)- États-Unis, a centré ses remarques sur l’expérience de MSF, organisation humanitaire médicale internationale, lors de son assistance après le tsunami, particulièrement en Indonésie et au Sri Lanka, s’interrogeant sur la pertinence de la réponse lors de la phase d’urgence.  Il a fait observer que paradoxalement, les besoins de secours des survivants du tsunami étaient limités: contrairement aux situations de conflits, les morts étaient beaucoup plus nombreux que les blessés nécessitant une assistance médicale ou chirurgicale.  L’urgence était de s’occuper des personnes déplacées, ayant trouvé refuge dans des écoles ou des mosquées, et pour lesquels il fallait prévenir le déclenchement d’une épidémie.  Il a toutefois indiqué que malgré l’absence de signes d’un tel risque, des prédictions avaient été véhiculées non seulement par les médias mais aussi par des institutions spécialisées comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Les catastrophes naturelles ne donnent pas forcément lieu à des épidémies, a-t-il insisté, affirmant que le bon niveau nutritionnel et de santé des populations avait diminué ce risque.  Par ailleurs, il a affirmé que la solidarité locale et l’assistance nationale avaient joué un rôle crucial.  Notant que la réponse locale ne peut répondre à tous les besoins, il a regretté que cette solidarité n’ait été reconnue que tardivement. 


Il a ainsi rappelé que, sous la pression de la solidarité et générosité internationales, le déploiement massif des gouvernements, des forces militaires et des agences de l’ONU avait créé un « embouteillage humanitaire ».  Les ressources étaient plus importantes que les capacités de mettre en œuvre des activités d’urgence pertinentes, a-t-il poursuivi.  Dans ce contexte, il a souligné le rôle central de la coordination.  Il a de plus affirmé que ceci ne voulait pas dire que l’assistance humanitaire n’était pas nécessaire mais qu’elle était plus pertinente et légitime lorsqu’elle comblait le fossé dans des domaines que les acteurs locaux ne pouvaient abordés comme le soutien psychologique.  Par ailleurs, il a rappelé que plusieurs ONG et agences de l’ONU s’étaient inquiétées de voir le tsunami éloigner les efforts des crises humanitaires oubliées, citant la grave crise alimentaire actuelle au Niger pour laquelle la réponse internationale est tardive et inadéquate. 


Dialogue interactif


Après ces interventions, le représentant du Nicaragua s’est interrogé sur la manière de maintenir un système d’alerte précoce aux niveaux national et international pour toutes les formes de catastrophes alors que le représentant de l’Allemagne a rappelé que son pays organiserait, en mars 2006, une conférence internationale pour identifier les domaines prioritaires en termes d’alerte précoce.  En réponse, la Coordonnatrice spéciale pour la réponse au tsunami, a affirmé qu’il fallait avant tout s’engager à suivre le Cadre d’action de Hyogo, issu de la Conférence de Kobé de janvier 2005.


Par ailleurs, elle a aussi abordé la question de la coopération entre militaires et civils, soulevée par le représentant des Pays-Bas notamment, en estimant que celle-ci méritait une discussion importante.  Le tsunami a été une des rares occasions pour une grande partie de la communauté humanitaire de coopérer avec des militaires dans un environnement très différent des situations postconflit, a-t-elle expliqué.  Toujours sur ce sujet, le général Goh a noté que lors du tsunami, civils et militaires visaient les mêmes objectifs et avaient désormais besoin d’une plus grande interaction.  Il a notamment proposé la mise en place d’un groupe de travail mixte civil-militaire pour définir leurs rôles et responsabilités respectifs dans des situations de ce type.


Enfin, le Vice-Ministre de la coordination pour le bien-être du peuple de l’Indonésie a, quant à lui, insisté sur le renforcement des capacités au niveau local afin que les communautés réagissent mieux en cas de catastrophe, s’accordant ainsi avec les remarques du représentant de la République de Corée.  Il s’est demandé comment venir en aide aux pays et aux communautés pour qu’elles renforcent leurs capacités et a espéré que cette question soit discutée au sein de l’ECOSOC.  De plus, il a déclaré qu’après la phase de secours il fallait répondre à des défis de développement différents, notamment par le biais du secteur privé.  La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a demandé que les ressources de ce secteur constituent des ressources parallèles à celles des systèmes gouvernementaux.


Deuxième réunion-débat: « Les enseignements tirés du séisme/tsunami qui a récemment frappé la région de l’océan Indien: difficultés en matière de relèvement »


M. MUNIR AKRAM (Pakistan), Président du Conseil économique et social, a souhaité la bienvenue à l’ancien Président des États-Unis et Envoyé spécial du Secrétaire général pour les efforts de redressement du tsunami, William Jefferson Clinton.  Il a souligné l’ampleur du désastre déclenché par le tsunami en termes de pertes en vies humaines et de dégâts matériels, puisque 300 000 personnes ont trouvé la mort dans 12 pays différents.  Cependant, la réponse en termes de solidarité émanant des gouvernements et des peuples a également été extraordinaire, puisque 6,8 milliards de dollars ont été dégagés pour l’aide.  Nous avons tous une dette envers le Président Clinton pour son rôle en vue de maintenir l’attention du monde sur l’effort de redressement après le tsunami et la mobilisation des gouvernements, de la société civile et du secteur privé, a-t-il affirmé, ajoutant que le jour où M. Clinton avait accepté, en février 2005, de devenir l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les efforts de redressement du tsunami marquait un grand espoir pour les populations affectées. 


Il est significatif que vous ayez gracieusement accepté de participer à ce débat, a poursuivi M. Akram à l’attention de M. Clinton.  Votre vision du tsunami aidera la communauté internationale à construire des moyens plus cohérents et capables de répondre aux catastrophes humanitaires.  Je considère votre participation comme une marque de confiance et de soutien aux Nations Unies et, je l’espère, au Conseil économique et social.  Nous nous efforçons en effet de restaurer la confiance globale dans l’Organisation.  Le Conseil doit être conscient du rôle que lui attribue la Charte en tant qu’organe de coordination et de politique centrale pour la communauté internationale dans les domaines économique, social et humanitaire.  La pauvreté et le sous-développement, a-t-il rappelé, créent un tsunami chaque jour dans les régions les pauvres du monde, a rappelé M. Akram.  Il a ensuite constaté que la présence de M. Clinton revivifiait le Conseil, qui fait salle comble.  J’espère que votre exemple encouragera d’autres acteurs distingués de la scène économique et sociale internationale à soutenir aussi cet organisme global dont la fonction consiste à promouvoir de « meilleures conditions de vie dans des libertés plus larges » pour tous les peuples du monde.


M. JOHAN VERBEKE (Belgique), Vice-Président du Conseil économique et social et Président du Segment humanitaire, a estimé que la bonne volonté et la générosité qui avaient été si amplement démontrées après le tsunami devaient maintenant être transcrites en une action concrète de secours vers les lieux plus durement touchés, basée sur des acteurs coordonnés et prêts à accomplir des efforts de secours urgent.  L’évaluation de nos actions, les leçons apprises et les lignes politiques dégagées pour le futur font partie d’un ensemble de règles d’action que le Conseil peut aider à définir, a-t-il ajouté.  Plus de six mois après le tsunami, il a été répondu aux besoins immédiats des populations affectées directement.  Presque toutes ont un accès suffisant à l’eau, des abris provisoires ont été construits, la plupart des maladies ont été évitées et les enfants sont retournés à l’école.  La phase de redressement a été porteuse d’espoir et de progrès, mais la communauté internationale doit maintenir son attention et son engagement afin de soutenir la réhabilitation à moyen et long terme, la reconstruction et les efforts de réduction des risques dans les pays affectés.


M. WILLIAM J. CLINTON, Envoyé spécial du Secrétaire général pour les efforts de redressement du tsunami, qui intervenait dans le cadre d’une réunion-débat sur « les enseignements tirés du séisme/tsunami », en particulier les « difficultés en matière de relèvement », a affirmé qu’il avait l’intention de poursuivre son travail pendant deux ans, et peut–être un peu plus, tout dépendra des besoins.  L’ancien Président des États-Unis a souligné qu’au cours des cinq derniers mois, il avait essayé de faire ce que lui avait demandé le Secrétaire général, à savoir obtenir la mise en place d’un processus plus coordonné, plus transparent dans la phase de relèvement et de reconstruction à long terme et d’avoir des procédures de meilleure gestion des problèmes, et d’identifier les meilleures pratiques dont pourraient bénéficier les pays susceptibles de subir de telles catastrophes.  M. Clinton a indiqué avoir rencontré dans les régions touchées par le tsunami, mais également en Europe et aux États-Unis, des responsables, des représentants d’organisations non gouvernementales, des chefs d’entreprise, des citoyens qui s’occupent de ces questions.  Il a ajouté qu’un consortium mondial avait été organisé, réunissant des gouvernements des pays touchés, des organismes des Nations Unies, des organisations internationales, des institutions financières internationales et des organisations non gouvernementales afin d’améliorer la coordination entre les principaux intervenants, en particulier au niveau national.  Nous avons, a-t-il dit, pris l’engagement de mieux communiquer entre nous, a-t-il dit. 


L’Envoyé spécial pour l’après-tsunami a également déclaré que l’exercice de sa fonction lui avait permis de réaffirmer sa conviction dans les valeurs des Nations Unies, une organisation, a-t-il précisé, qui permet la coopération internationale.  Il faut aller de l’avant rapidement, a-t-il ajouté, prônant une concentration des efforts vers la réduction des risques à l’échelle mondiale et l’accélération du rythme de la reprise dans les pays affectés.  Selon M. Clinton, les pertes en vies humaines auraient été plus faibles si les pays de la région avaient pu bénéficier d’un système d’alerte précoce efficace.  Évoquant le Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015, un programme intergouvernemental sur les priorités en matière de réduction des risques de catastrophes visant à renforcer les capacités de résistance des pays et des collectivités en cas de catastrophes naturelles, l’Envoyé spécial a estimé que l’on ne pouvait pas laisser passer cette année sans réaliser de progrès.  Il a ainsi demandé au Conseil économique et social d’appliquer systématiquement le Cadre d’action de Hyogo.  Il faut mettre au point un système d’alerte précoce, et de manière intégrée, a-t-il insisté. 


M. Clinton a estimé que la réaction immédiate au tsunami avait été merveilleuse.  Les politiques et les intérêts égoïstes ont été laissés de côté, s’est-il félicité.  Néanmoins, le plus difficile est à faire, a-t-il ajouté, précisant que la phase de redressement était plus complexe.  Il faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas entraver les possibilités d’avoir des abris durables, a-t-il notamment expliqué.  Il n’y a pas de protocole bien établi dans de nombreux pays pour assurer des programmes de formation, a-t-il également constaté.  Il a demandé à l’ECOSOC d’appuyer des accords institutionnels pour faciliter les activités de redressement.  En dépit de l’impatience, de l’épuisement, des difficultés de croissance, un bon début a été accompli, a encore souligné l’ancien Président américain, observant que ce travail n’était pas forcément apparent pour ceux qui connaissent des difficultés quotidiennes.  Il faut éviter de perdre cet élan, a-t-il affirmé.  M. Clinton a en outre appelé à déployer des efforts concertés pour combler les lacunes aux Maldives, invitant l’ECOSOC à se joindre à cette tâche.  Les Maldives ont perdu près de 60% de leur PNB, qui dépend essentiellement de la pêche et du tourisme.  Nous avons beaucoup de difficultés à faire venir les touristes en Thaïlande et aux Maldives, a-t-il dit, demandant à ce que les Maldives passent du groupe des pays les moins avancés au groupe supérieur afin de donner à ce pays le temps de retrouver le niveau de revenu qu’il avait auparavant. 


M. Clinton a par ailleurs souligné la nécessité de mettre en œuvre le Cadre d’action de Hyogo dans chaque pays, ce qui implique des efforts permanents pour déterminer qui va faire quoi et comment.  Il a espéré que les donateurs répondront de manière positive dans ce domaine.  Nous savons comment reconstruire de meilleures écoles, de meilleurs bureaux ou de meilleurs bâtiments, mais le défi véritable qui se pose est de savoir reconstruire de meilleures capacités pour diversifier et élargir l’économie des zones touchées.  Il a également cité l’exemple d’organisations non gouvernementales qui ont créé localement des coopératives de production avec des femmes de pêcheurs.  Les populations victimes de cette catastrophe naturelle méritent véritablement le mieux qu’on puisse leur donner.  Si vous pouvez faire ce travail de coordination, s’est-il adressé aux membres de l’ECOSOC, nous pourrons aboutir à des choses précises.  Nous devons aider ces populations à recommencer leur vie, a-t-il conclu.


Dialogue interactif


Suite à l’intervention de M. William J. Clinton, les délégations ont salué les efforts et le travail déployés par celui-ci en tant qu’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les efforts de redressement du tsunami.  Les représentants de l’Indonésie et du Royaume-Uni, ce dernier intervenant au nom de l’Union européenne, se sont notamment félicités des efforts remarquables qu’il a fournis pour contribuer à la coordination dans ce domaine.  Ils ont souhaité que les leçons tirées du tsunami servent à la réforme du système humanitaire au sein de l’ECOSOC mais aussi lors du Sommet de septembre.  Toutefois, la délégation du Royaume-Uni a estimé que l’élan s’était quelque peu estompé lors du passage de la phase d’urgence à celle de la reconstruction.  Il a indiqué que l’Union européenne fournirait 3,2 milliards de dollars pour des programmes de réhabilitation, tandis que le représentant du Japon annonçait une contribution de 400 millions de dollars et une participation active à la phase de redressement de cette zone. 


Répondant à une question du Royaume-Uni sur la corruption, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les efforts de redressement du tsunami, a reconnu qu’il s’agissait d’un problème historique dans ces pays, et que, selon des éléments de preuves, une certaine corruption s’était exercée immédiatement après le tsunami. Cependant, les pays ont mis en place des dispositifs pour faire face à la corruption et les Nations Unies ont déployé des efforts pour réduire ce phénomène lors de la conférence des donateurs, a-t-il précisé.  Il a ensuite jugé que le manque de capacités était plus grave que la corruption, et qu’il l’alimentait.  Je continuerai à être vigilant par rapport à ce problème, tout comme les dirigeants des pays sinistrés et les ONG, a-t-il assuré.  Répondant ensuite à une question sur la lenteur du processus, il a reconnu qu’on était passé trop lentement de la phase de secours à la phase de redressement.  Cependant, a-t-il souligné, au Sri Lanka, nous avons réussi à reconstruire les 30 000 foyers prévus, en dépit de difficultés périphériques et de difficultés dans la coopération entre les différentes communautés ethniques.  Le travail avance donc bien, a-t-il affirmé.  Enfin concernant la question relative aux besoins généraux des autres pays, M. Clinton a rendu hommage à l’action du G-8 qui, sous l’impulsion du Premier Ministre du Royaume-Uni, Tony Blair, a annoncé des sommes considérables en faveur de l’Afrique.  Nous devons dépenser l’argent en faveur des victimes du tsunami de façon efficace car cela permettra ensuite de faire des appels de fonds pour éliminer la pauvreté en Afrique, a insisté M. Clinton, expliquant que ceux qui avaient donné pour le tsunami allaient redonner en faveur d’autres programmes si l’action relative au tsunami était exemplaire.


Répondant ensuite au représentant de l’Indonésie, qui s’était interrogé sur la manière de jeter les bases de la reconstruction et du relèvement dès le début de la phase des secours, M. Clinton a estimé qu’il revenait aux pays eux-mêmes de déterminer les enseignements tirés du passage de la phase du secours à celle du relèvement.  Il a rappelé que les équipes de l’ONU travaillaient avec les équipes gouvernementales et qu’un travail en commun devait être mené sur toutes les actions en cours dans le monde.  Concernant la nécessité de maintenir l’attention des médias sur la phase de redressement une fois la première émotion passée, il a expliqué qu’il avait justement été engagé par l’ONU à cause de sa propre relation avec les médias.


S’agissant des goulots d’étranglement évoqués par le représentant du Japon, M. Clinton a déclaré qu’il n’était pas sûr d’être en mesure d’exercer une influence sur cette question.  Il s’agit souvent de questions locales, et de décisions qui relèvent de la compétence des gouvernements.  Il a précisé que l’Indonésie rencontrait des problèmes comme par exemple la destruction des forêts, mais que d’autres sources d’approvisionnement en bois pouvaient peut-être être trouvées.  Pour ce qui est de la question des logements, M. Clinton a estimé qu’il faudrait l’examiner au cas par cas.  Nous essayons d’agir rapidement dès que nous avons connaissance de difficultés, a-t-il assuré, avant d’ajouter qu’il faudrait établir une coordination plus systématique entre les ONG et les gouvernements car le rôle des ONG était indispensable.


M. Clinton a ensuite déclaré à la représentante du Mexique que les Nations Unies et les autres organismes internationaux quitteraient le terrain lorsqu’ils auraient reconstruit les structures essentielles de tout ce qui existait avant la destruction, afin que les pays et les communautés puissent façonner leur propre avenir.  M. Clinton a remercié le Bangladesh d’avoir apporté son appui à la mise en place d’un système d’alerte précoce.  Il l’a également assuré qu’il apportait une très grande attention aux minorités vulnérables dans les pays affectés, telles que les minorités religieuses ou les femmes.  Enfin, il a jugé que les zones touchées ne pouvaient pas bénéficier de microcrédits trop importants: la meilleure façon de rétablir des économies consiste à entretenir un courant constant de crédits remboursables, a-t-il expliqué, précisant que des résultats rapides et impressionnants avaient été obtenus en Inde, qui avaient permis de diversifier l’économie alors que cela semblait peu réaliste, a-t-il conclu.


Troisième réunion-débat: « Les enseignements tirés su séisme/tsunami qui a récemment frappé la région de l’océan Indien: difficultés en matière de relèvement »


Mme MARGARET WAHLSTROM, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a relevé que la phase de relèvement était bien plus complexe que la phase de secours.  Il faut mettre en place un organisme de coordination à long terme réunissant tous les acteurs qui participent à la phase de relèvement, a-t-elle soutenu, ce qui leur permettra d’être prêts à réagir immédiatement en cas de nouvelle catastrophe et d’accomplir des progrès.  Aborder l’inconnu exige une réflexion et une action lente au début, et c’est pourquoi, nous devons déterminer les domaines dans lesquels nous pouvons agir rapidement et ceux dans lesquels nous devons faire preuve de davantage de prudence, a-t-elle expliqué.  L’écoute des différents intervenants, a-t-elle ajouté va permettre de trouver des réponses à ces questions.


M. PRASAD KYRYAWASSAM (Sri Lanka) a rappelé que, depuis 2 500 ans, le Sri Lanka n’avait pas connu un événement comme le tsunami, ce qui expliquait pourquoi la population n’était pas préparée à réagir face à une catastrophe de cette ampleur.  Toutefois, a-t-il poursuivi, cette catastrophe a été l’occasion d’identifier nos faiblesses et nos forces et de nous préparer à faire face à de telles crises à l’avenir.  Il a indiqué que le tsunami avait également touché au Sri Lanka des régions côtières où opéraient des activistes mais que les secours locaux et internationaux n’avaient pas pris en compte les considérations sociales, ethniques et politiques.  Malgré une participation forte aux efforts de secours, il a fait remarquer que le Sri Lanka n’avait pas les capacités pour une reconstruction à long terme, et en particulier pour absorber et diriger les nombreuses ressources reçues.  Dans ce contexte, il a affirmé que le Sri Lanka avait été l’un des premiers pays à présenter un projet de reconstruction en coopération avec la communauté internationale des donateurs, les Nations Unies et les nombreuses organisations civiles et, surtout, les administrations locales.  Ce projet, qui reflète les demandes des populations affectées dans chaque localité et fait preuve de coordination globale pour construire des infrastructures, est devenu la base pour le redressement, a-t-il expliqué. 


Le représentant a déclaré que le défi pour le gouvernement et les communautés locales était désormais de mettre en œuvre les programmes issus de ce projet national de reconstruction.  Pour ce faire, il a insisté sur l’importance de l’appropriation de ces projets, y compris dans les territoires où des activités militantes sont présentes.  De plus, il a estimé que ces efforts de redressement exigeaient une législation nationale pour régir, rendre compte et établir des stratégies pour la gestion des risques à long terme.  À cet effet, le Sri Lanka a adopté la Loi sur la gestion des catastrophes naturelles (Disaster Management Act), en février dernier, a-t-il indiqué.  Par ailleurs, il a considéré que la réponse internationale au tsunami était confrontée à un défi, à savoir l’utilisation adéquate de l’assistance.  Enfin, il a regretté que des capacités de gestion des catastrophes et des systèmes d’alerte précoce ne soient pas encore en place dans les pays en développement, y compris au Sri Lanka.  Il a ainsi souhaité un engagement international pour parvenir à cet objectif, demandant que des principes communs soient identifiés et que des mesures de prévention soient prises pour diminuer les effets de ces catastrophes naturelles.


M. HERU PRASETYO, Directeur du Bureau de Jakarta de l’Agence pour la réhabilitation et la reconstruction (BRR) pour Aceh et Nias (Indonésie), a rappelé que le tsunami avait causé la mort de 131 000 personnes à Aceh, 37 000 étant portées disparues, et de 900 autres personnes à Nias.  Les efforts de reconstruction constituent un énorme défi, a-t-il expliqué, soulignant la nécessité d’une prise en charge nationale de la reconstruction et du redressement dans ce processus.  Le rôle de l’Agence pour la réhabilitation et la reconstruction est de clarifier les besoins, d’allouer les ressources, d’accélérer le processus et d’établir des normes, a-t-il souligné.  Sa mission, a-t-il ajouté, est de restaurer les moyens d’existence et de renforcer les communautés à Aceh et à Nias, en définissant et en mettant en place un programme de développement coordonné de reconstruction et de développement dirigé par les communautés.


Selon le Directeur, les opérations de l’Agence sont motivées par sept principes.  Il s’agit d’abord d’assurer la responsabilité de la planification, de l’approbation et de la coordination de tous les projets.  Il convient ensuite de faire en sorte que tous les projets répondent aux normes de reconstruction en vigueur.  De même, l’Agence doit faciliter les projets, et non les appliquer directement, être guidé dans toutes ses actions par les communautés locales, assurer une vigilance à l’égard de la corruption dans les activités des différentes institutions et de tous les projets, de maintenir un haut niveau de professionnalisme et d’éthique, basé sur une complète transparence, et de conserver une structure légère.


M. BRENT DARK, Directeur résident adjoint du Bureau régional nord-américain de la Banque asiatique de développement (ADB), a rappelé que le tsunami avait dévasté de nombreuses familles, et que les infrastructures économiques et sociales avaient été fortement touchées.  La Banque asiatique de développement a réagi en créant le Fonds sur le tsunami, doté de plus de 600 milliards de dons, ainsi que des fonds spéciaux.  Les besoins d’assistance ont été rapidement identifiés, afin de déclencher une réponse coordonnée des donateurs, et une réunion d’experts s’est tenue en avril à Jakarta sur le thème de la corruption.  L’objectif de l’assistance apportée par la Banque en Inde, en Indonésie, au Sri Lanka, aux Maldives et en Thaïlande porte essentiellement sur les infrastructures, en coordination avec les pays hôtes et les autres donateurs.  Le véhicule principal de l’aide est le Fonds du tsunami asiatique, qui assure un processus transparent de mise en œuvre.  Des dons ont également été adressés aux pays pour venir en aide à des projets sectoriels. 


Les efforts passent désormais à la phase de reconstruction, liée à des projets d’infrastructure, a expliqué M. Dark, précisant que ces projets sont très complexes et il faudra donc beaucoup de temps pour construire les projets, afin qu’ils soient durables.  Les fonds approuvés doivent désormais être transférés aux personnes à qui ils s’adressent, sachant que l’arrivée de ressources importantes exige une assistance bien ciblée, qui prend du temps.  Tous les projets financés seront exécutés dans les deux ans qui viennent.  M. Dark a précisé que les dons allaient permettre la reconstruction, le microfinancement et la protection des zones côtières.  Au vu de l’ampleur des dégâts, la participation du secteur privé est essentielle pour assurer un développement durable, a—t-il précisé, ajoutant que les bénéficiaires devaient être bien informés au moment où les progrès commençaient à prendre forme.  Le niveau de coopération entre les gouvernements, les acteurs internationaux et entre les donateurs eux-mêmes est sans précédent, a–t-il ajouté, et il faut maintenir cet élan pour s’assurer que le processus de mise en œuvre soit couronné de succès.  Nous devons reconstruire et permettre aux personnes de mieux vivre qu’avant la catastrophe, et la Banque s’engage en ce sens, a-t-il conclu.


M. HAFIZ PASHA, Sous-Secrétaire général et Directeur pour l’Asie et le Pacifique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a insisté sur le rôle du PNUD dans trois domaines: la coordination des équipes de pays, le soutien fourni aux gouvernements pour mettre au point un système de suivi et assurer la coopération, et l’appui offert pour le renforcement des capacités des institutions nationales.  Il a affirmé que le coordonnateur résident pouvait jouer un rôle important pour aider les gouvernements dans la planification stratégique et la mise en place de mesures de relèvement.  De plus, il a expliqué que dans certains pays affectés par le tsunami, grâce à l’appui du Groupe des Nations Unies pour le développement, un certain nombre de fonctionnaires avaient appuyé les fonctions du coordonnateur résident.  Il a mis l’accent sur l’importance pour l’ONU de répondre, par son plan stratégique, aux priorités nationales. 


S’agissant du suivi des ressources, de la mise en œuvre et des résultats, M. Pasha a fait observer que le PNUD avait déjà établi dans plusieurs pays un système pour suivre les progrès réalisés pour faire face aux tsunamis, avec l’aide financière d’OCHA.  Il a aussi noté que le PNUD assurait la formation de fonctionnaires nationaux pour s’occuper de ce système.  Ceci permettra d’obtenir des données fiables qui amélioreront la coordination et la transparence en fournissant des informations sur les activités des gouvernements et des donateurs, a-t-il poursuivi.  Cette formation contribuerait à renforcer la gestion et la planification.  Par ailleurs, concernant l’appui et le renforcement des capacités, il a souligné les plans mis au point dans ce domaine et le travail accompli par le PNUD, notamment en Indonésie et au Sri Lanka, pour l’édification de capacités au niveau sous-régional afin d’assurer la coordination et la mise en œuvre des projets. 


M. JOHAN SHAAR, Représentant spécial du Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour le tsunami, a identifié quatre grands défis, communs à tous les pays.  En dépit de décennies d’engagements internationaux réaffirmés dans le domaine du relèvement et de la reconstruction, les leçons n’ont pas été apprises et internalisées, a-t-il tout d’abord dit.  Il n’y a pas eu, selon lui, de mécanismes pour une coordination opérationnelle, tandis que les bonnes pratiques ne sont pas connues de tous.  Il y a donc un risque que les erreurs du passé se renouvellent.  Il faut faire en sorte que nous adoptions et institutionnalisions la meilleure pratique possible à mettre en œuvre dans les opérations de relèvement après le tsunami.


De même, il est nécessaire, selon lui, de réconcilier les initiatives individuelles et communautaires dans le cadre d’un plan général de gouvernement.  La construction des nombreux abris est beaucoup trop longue, a-t-il également ajouté.  Le Représentant spécial a en outre mis l’accent sur la nécessité d’assurer une équité entre les différents groupes.  La priorité doit notamment être donnée à la reconstruction des équipements et des services qui bénéficient à tous, a-t-il expliqué.


M. RICHARD CHINA, Directeur par intérim de la Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation, Coordonnateur de la réponse au tsunami de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a expliqué que la majorité des populations touchées par le tsunami était constituée de fermiers.  Il a notamment évoqué le cas des pêcheurs, dont l’activité a été en grande partie détruite.  La FAO est l’institution principale chargée de fournir une assistance technique en matière de pêcheries ou de forêts, et ses opérations ont beaucoup augmenté depuis le tsunami.  Le quart de son budget est dévolu à l’assistance liée au tsunami, a-t-il précisé, avant de souligner les mérites de la coordination technique.  Nous appuyons les gouvernements en leur donnant des directives et nous apportons de l’assistance technique aux ONG par le biais desquelles nous fournissons beaucoup d’assistance, a poursuivi M. China, soulignant la nécessité d’éviter les doubles emplois et les pratiques non durables.  Beaucoup de temps sera nécessaire pour évaluer les résultats et les réactions, qui seront uniques dans chaque cas.  Par ailleurs, il a expliqué qu’il fallait travailler en coopération avec les institutions chargées de l’assistance humanitaire en fournissant des moyens de production, pour permettre aux personnes de rester dépendantes moins longtemps de l’aide humanitaire.  Il a cité en exemple le cas des Iraniens victimes du tremblement de terre de Bam, expliquant que la FAO avait réparé les systèmes d’irrigation pour permettre à l’activité agricole de reprendre.  Un appui opportun dès le lendemain de la catastrophe évite la dépendance à l’aide humanitaire et la misère.  De même, nous avons procédé à des réparations dans la région du tsunami et distribué des attirails de pêche, a-t-il rapporté, ce qui n’est pas facile car tout diffère d’une localité à une autre.


Les ressources de la FAO sont très modestes, a fait observer M. China, qui a rappelé que la FAO avait demandé 103 millions de dollars mais n’en avait obtenu que 55.  Il existe donc toujours un fossé au début de la phase de relèvement.  Il a jugé nécessaire  d’éviter les interventions réalisées avec un parti pris, et de mettre l’accent sur les priorités de toutes les communautés.  Il reste plusieurs défis à relever, liés à la perte d’élan résultant du passage à la phase de reconstruction, à la nécessité de rendre les droits fonciers et de récupérer les sols, et au besoin d’effectuer un découpage des terres juste.  La protection des populations pousse à les éloigner des côtes, a-t-il expliqué, mais il ne faut pas les empêcher de pêcher.  Par ailleurs, M. China a souligné que la technologie devait correspondre aux ressources.  Or, nous sommes inquiets, a-t-il déclaré, car beaucoup de ressources sont disponibles auprès d’ONG bien résolues à contribuer aux efforts mais les connaissances techniques ne sont pas toujours à niveau.  Au Sri Lanka, un excédent de 4 000 bateaux a été commandé et d’autres ont été mal réparés.  C’est pourquoi, une coordination technique est indispensable.  De plus, les ressources étant devenues plus rares, il faut appuyer la diversification des métiers car tous les habitants ne pourront pas redevenir pêcheurs.  Nous devons nous attendre à ce que l’abattage illégal de forêts se multiplie.  Les ressources doivent correspondre à des techniques et à des compétences, a conclu M. China, les pays donateurs et surtout les ONG doivent donc accroître leur participation aux mécanismes existants de coordination. 


Dialogue interactif


Après ces exposés, les intervenants ont donné des précisions sur les questions de l’égalité entre les sexes dans les efforts de redressement, de financement des projets de reconstruction et de la gestion des risques.  Le Directeur du Bureau de Jakarta de l’Agence pour la réhabilitation et la reconstruction pour Aceh et Nias a expliqué qu’à Aceh, les femmes constituaient la force de la communauté et que les villages avaient justement demandé d’être doté d’une salle d’assemblée pour ces femmes.  Pour sa part, le Directeur résident adjoint du Bureau régional nord-américain de la Banque asiatique de développement a assuré que les programmes de la Banque asiatique de développement prenaient en compte la dimension sexospécifique, ajoutant qu’il fallait d’ailleurs évaluer l’impact social de tous les projets.


S’agissant des ressources, le Directeur par intérim de la Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation de la FAO a expliqué que les fonds manquaient en raison de la nature inadéquate de l’allocation des ressources du système humanitaire qui ne met entre autres pas en contact les différents donateurs.  Il a ainsi souhaité progresser vers un regroupement des financements, tout en insistant sur le rôle que peut jouer le coordonnateur résident dans l’allocation des ressources globales grâce à sa vue d’ensemble des activités.  Le représentant de l’Agence pour la réhabilitation et la reconstruction d’Aceh et de Nias a signalé que pour faire face au manque de fonds, l’Agence  allait afficher les projets sous-financés, espérant ainsi trouver les ressources nécessaires à leur mise en oeuvre.


Quant à la gestion des risques, ce dernier a expliqué que l’Agence s’était interrogée sur la nécessité d’éloigner les populations de la ligne côtière.  Toutefois, il a signalé qu’elles préféraient rester sur place.  Nous avons donc décidé d’insister sur la réduction des risques, notamment en encourageant un nouvel aménagement des villages, avec des routes plus larges et la construction d’une structure qui pourrait servir de refuge.  Pour sa part, le Directeur pour l’Asie et le Pacifique du PNUD a, quant à lui, fait valoir les projets du PNUD qui ciblent la réduction de la vulnérabilité et le renforcement des capacités locales dans ce domaine, tout en soulignant le travail du Programme avec les agences locales pour préparer les populations à faire face aux catastrophes naturelles.  Enfin, le Représentant spécial du Secrétaire général de la Fédération des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a pour sa part estimé qu’il n’y aurait pas de système d’alerte précoce sans une société sensibilisée et préparée aux risques des catastrophes naturelles. 


Table ronde « Investir dans la réduction des risques, l’atténuation et l’état de préparation »


M. FILIPE CHIDUMO (Mozambique) a présenté l’expérience de son pays en matière de préparation aux catastrophes naturelles, au regard des efforts qu’il a entrepris pour réduire la vulnérabilité des populations face aux effets désastreux des inondations.  L’emplacement géographique du Mozambique dans l’océan Indien est l’une des causes de sa vulnérabilité aux catastrophes naturelles, en particulier des inondations et des cyclones, a-t-il expliqué.  Plusieurs mesures ont été prises dans le domaine de la prévention des catastrophes naturelles, en mettant l’accent sur la planification, a-t-il dit.  Cette planification comprend la formation et les exercices de simulation sur le terrain, a-t-il précisé. 


L’ampleur exceptionnelle des inondations de 2000, les pires dans l’histoire du pays, a souligné la nécessité de conclure d’autres arrangements au niveau national et régional, et de bénéficier d’une assistance internationale supplémentaire.  Afin de réduire la vulnérabilité des populations aux effets des inondations, des mesures supplémentaires ont été prises, a-t-il ajouté.  Ainsi, le Gouvernement mozambicain a établi un zonage des terres et procédé à la réinstallation des personnes déplacées dans des secteurs en hauteur moins vulnérables, et à la construction de nouvelles maisons et infrastructures sociales.  Il a lancé une campagne de sensibilisation et de formation en faveur des communautés locales et publié un atlas des risques concernant la rivière Limpopo.  Par ailleurs, il a mis en place un projet de réduction des risques de catastrophes naturelles pour le bassin de la rivière Buzi impliquant des communautés locales.  Il a également créé un nouveau système de drapeaux pour annoncer les cyclones.  En outre, le Gouvernement a élaboré un plan national stratégique sur les catastrophes naturelles qui vise notamment le renforcement de la coordination sous-régionale pour améliorer le mécanisme régional d’alerte précoce.


M. SALVANO BRICENO, Directeur de la Stratégie internationale pour la réduction des catastrophes, a rappelé que les catastrophes représentaient un obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le Cadre d’action de Hyogo nous indique la voie à suivre pour les années à venir, a-t-il déclaré, et sa mise en œuvre exigera un travail d’équipe dans lequel tout le monde a un rôle à jouer.  Des mesures concrètes ont déjà été prises, et des indicateurs sont développés pour mesurer les progrès.  Le processus met l’accent sur le plan technique mais il touche aussi aux domaines de la formation et de la sensibilisation.  Il doit être mis en œuvre dans les différentes régions de la planète où il existe des risques.  Tous les acteurs doivent travailler ensemble, et les acteurs humanitaires doivent travailler en lien avec le relèvement à long terme.  La Stratégie de réduction des risques (SRR) peut apporter beaucoup, mais elle a besoin de l’appui de tous les gouvernements pour être incluse dans le budget ordinaire de l’ONU lors de la prochaine session de l’Assemblée générale.  C’est la seule manière pour elle de pouvoir travailler de façon durable, a affirmé M. Briceno, avant de conclure en rappelant que  le Cadre d’action de Hyogo définissait différentes priorités.


M. IBRAHIM OSMAN, Directeur de la division des relations extérieures de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a fait observer que le nombre de décès causés par les catastrophes était en diminution mais leurs conséquences sont plus dévastatrices, affectant de plus en plus de personnes.  Dans les années 70, on comptait 70 millions de personnes par an touchées par l’impact de ces catastrophes, alors qu’elles représentaient 213 millions par an pendant les années 1990.  Il a affirmé que ces catastrophes constituaient des préoccupations humanitaires mais aussi de développement.  Les pays à faible développement humain sont plus affectés que les autres par ces événements et la vulnérabilité des populations a augmenté en raison d’un échec du développement, a-t-il expliqué.  Il a insisté sur le Cadre d’action d’Hyogo qui, entre autres, vise à identifier et évaluer les risques, à améliorer l’alerte précoce ou encore à renforcer la prévention de ces catastrophes afin de parvenir à une réponse efficace à tous les niveaux.  Il a indiqué que la contribution de la Fédération constituait à réduire la vulnérabilité avant tout au niveau local, notamment par la mise en place de systèmes de santé communautaires. 


Par ailleurs, il a indiqué que la Fédération considérait que les systèmes d’alerte précoce devaient être axées sur les gens et, surtout, prendre en compte tous les types de catastrophes.  De plus, il a estimé que la réduction des risques relevait également de ceux qui travaillent dans le secteur du développement.  Il faut s’assurer que les programmes de redressement ne créent pas d’autres risques, notamment les constructions ou planifications médiocres qui peuvent contribuer à la vulnérabilité des populations.  Enfin, il a affirmé que le renforcement des institutions nationales était également un élément clef de la réduction des risques et a précisé que la Fédération s’employait en aidant ses membres à développer ces capacités au niveau national. 


Dialogue interactif


Si une autre catastrophe naturelle, de l’ampleur de celle du dernier tsunami survenait, quelle en serait la conséquence pour les pays de la région déjà touchés?  À cette question, M. BRICENO a répondu que, les personnes de la région sont évidemment plus sensibles aujourd’hui aux risques encourus, mais il faut, a-t-il précisé, davantage de capacités techniques.  Le système d’alerte précoce du tsunami est très avancé, a-t-il estimé.  Ainsi, si un nouveau tsunami devait avoir lieu, il serait plus facile de le déceler, notamment grâce à un accord intérimaire existant qui donne des résultats efficaces.


Par ailleurs, le représentant du Mozambique a apporté, à la demande de l’Irlande, des précisions sur l’impact budgétaire des mesures prises dans son pays dans le cadre des programmes de prévention des catastrophes naturelles.  Ces incidences budgétaires sont lourdes, a-t-il dit.  S’il n’y avait pas besoin de se préparer ainsi, le Gouvernement aurait davantage de moyens à investir dans d’autres domaines urgents, comme le secteur social, a ajouté le représentant.  Malheureusement, le pays doit tout faire en même temps, a-t-il affirmé: préparer l’agenda pour le développement et s’attaquer à la prévention des catastrophes.  Avec 3 000 kilomètres de côtes, et situé dans une zone qui connaît de nombreuses catastrophes naturelles, le Mozambique n’a pas le choix, a-t-il fait remarquer.


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