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ECOSOC/6163

LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EXAMINE LES FORMULES ET MODALITÉS DE FINANCEMENT DES ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DE L’ONU

11/07/2005
Communiqué de presse
ECOSOC/6163


Conseil économique et social

Session de fond de 2005

22e & 23e séances – matin & après-midi


LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EXAMINE LES FORMULES ET MODALITÉS DE FINANCEMENT DES ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DE L’ONU


Les Nations Unies perdent-elles du terrain dans le domaine du financement des activités de coopération pour le développement au profit des institutions financières internationales?  C’est l’une des questions soulevées aujourd’hui devant le Conseil économique et social (ECOSOC) qui poursuivait son débat consacré aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement.


Le débat sur les modalités de financement des activités opérationnelles du système dans son ensemble constitue une des clefs de voûte des travaux visant à favoriser la mise en œuvre du programme de développement mondial qui s’est dégagé des conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies, à laquelle le Sommet mondial de septembre prochain devrait donner une nouvelle impulsion.


Dans son rapport intitulé « Formules et modalités de financement des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies* », le Secrétaire général étudie non seulement les moyens d’accroître le financement des activités de coopération pour le développement entreprises par le système des Nations Unies, mais aussi ceux visant à renforcer sa prévisibilité, sa stabilité à long terme et sa viabilité du financement, sans renoncer aux avantages présentés par les modalités de financement actuelles. 


Selon le Secrétaire général, dans le contexte de la réalisation des objectifs convenus en matière de développement, y compris ceux du Millénaire, les organismes des Nations Unies devront contribuer à explorer et à promouvoir les dosages appropriés de contributions volontaires, de contributions statutaires et de reconstitutions négociées de ressources qui conviennent le mieux aux circonstances particulières qui leur sont propres et aux structures institutionnelles. 


Le Secrétaire général juge ainsi nécessaire non seulement de faire de gros efforts à l’échelon national, mais aussi d’accroître l’aide internationale.  Il estime que l’ECOSOC devrait encourager les États Membres, à titre de suivi des résultats de la Réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, à poursuivre, avec une détermination et un engagement renouvelés et dans un esprit de partenariat et de solidarité au niveau mondial, un débat politique de haut niveau sur les questions et les modalités de financement afin de renforcer effectivement les activités du système des Nations Unies pour la coopération en matière de développement.


Après plusieurs années d’incertitudes dans les flux d’aide pour le développement, la tendance semble s’inscrire à la hausse, s’est félicité José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales. 

Une grande partie de ces ressources est désormais acheminée par des mécanismes novateurs, tandis que les aides résultant de la coopération bilatérale sont de plus en plus souvent versées directement aux pays en développement, a souligné M. Ocampo.  Le rôle des Nations Unies porte en priorité sur le renforcement des capacités nationales en matière de développement, a rappelé le Secrétaire général adjoint, convaincu que trois principes doivent être maintenus, à savoir un financement de base, de bonnes pratiques de gestion et des réformes au sein du système.


Si des débats ont déjà eu lieu depuis longtemps sur les modalités de financement, ils n’ont jamais débouché sur de véritables décisions, a noté pour sa part le Représentant permanent de la France, Jean-Marc de La Sablière.  Selon lui, les fonds et programmes continuent de fonctionner sur la base d’artifices et de dispositifs financiers trop instables, et les agences consacrent beaucoup d’énergie à dégager des fonds.  Aux yeux du représentant français, deux phénomènes nous obligent à changer de registre: les exigences du développement moderne, auxquelles les mécanismes actuels ne sont plus adaptés, et l’évolution de l’aide publique au développement.  Le système doit se redéfinir pour trouver sa place dans l’architecture internationale de développement, et attirer ainsi les donateurs.  Si nous ne réagissons pas, les ressources vont s’éroder, a prévenu M. de La Sablière.


Les Nations Unies ont perdu du terrain, a estimé Andrew Rogerson, Chercheur à l’Overseas Development Institute.  De nombreux donateurs, a-t-il précisé, ne reconnaissent pas aux Nations Unies le rôle d’instance de financement bancaire.  Le pilier développement des Nations Unies est faiblement défini, a-t-il poursuivi.  Il y a ainsi, selon lui, un réel risque que le rôle des Nations Unies puisse être marginalisé.  Il faut donc une réévaluation de haut niveau et à long terme des fonctions des Nations Unies.


L’ECOSOC s’est également livré à un dialogue avec les chefs de secrétariat du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Programme alimentaire mondial (PAM), discussion qui a porté sur le renforcement du système des coordonnateurs résidents, l’alignement des programmes, le rôle des structures régionales favorisant l’efficacité opérationnelle et le programme sectoriel et le renforcement des capacités nationales.


Le système des coordonnateurs résidents, dont le PNUD a été le fer de lance, au nom du Secrétaire général, ne peut rester statique, a estimé l’Administrateur adjoint du Programme, Zephyr Diabré.  Il faut renforcer le système, a-t-il dit, plaidant notamment en faveur d’une responsabilité accrue du coordonnateur résident, et assurer le leadership des Nations Unies au niveau des pays.  Les équipes de pays des Nations Unies pourraient jouer un rôle central afin d’aider les partenaires nationaux à établir des programmes qui soient accessibles aux populations pauvres et marginalisées, a estimé de son côté Thoraya Ahmed Obaid, Directrice exécutive du FNUAP.  Ces équipes devraient s’aligner sur les processus nationaux ou réduire les coûts de transaction en utilisant de manière plus systématique les systèmes nationaux, a-t-elle préconisé.


Le Conseil économique et social poursuivra demain, mardi 12 juillet à 10 heures, son débat consacré aux activités opérationnelles au service de la coopération internationale pour le développement.


·         Le rapport du Secrétaire général est contenu dans le document publié sous la cote A/60/83-E/2005/72.


ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT: SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET DU CONSEIL (A/60/83-E/2005/72)


Table ronde sur le thème « Financement des activités de coopération des Nations Unies pour le développement aux fins de la réalisation des objectifs de développement convenus sur le plan international, notamment ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire: diverses formules et modalités de financement des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies »


Déclarations


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que pour la première fois, l’Assemblée avait demandé au Conseil économique et social d’étudier les solutions alternatives dans la coopération au développement.  Un consensus a été trouvé au sein de la communauté internationale sur l’agenda pour le développement, a-t-il expliqué, et il est donc nécessaire de débloquer de nouvelles ressources aux niveaux national et international, provenant aussi bien du secteur public que du secteur privé.  À cet égard, il a souligné la nécessité de garantir une utilisation efficace de ces ressources.  Après plusieurs années d’incertitudes dans les flux d’aide pour le développement, la tendance semble s’inscrire à la hausse.  Une grande partie de ces ressources est désormais acheminée par des mécanismes novateurs, les aides résultant de la coopération bilatérale étant de plus en plus souvent versées directement aux pays en développement.  Les fonds mondiaux et le guichet IDA ont également permis de dégager de nouveaux fonds.  Tous ces signes sont encourageants, et le rôle des Nations Unies porte désormais en priorité sur le renforcement des capacités nationales en matière de développement.  Trois principes doivent être maintenus, à savoir un financement de base, de bonnes pratiques de gestion et des réformes au sein du système.  Or, la capacité des Nations Unies est désormais entravée par ces nouvelles modalités de versement de l’aide, dont il faut cependant reconnaître qu’elles ont attiré de nouveaux donateurs.  Les Nations Unies doivent réorienter leur contribution au niveau des pays, afin que ceux-ci utilisent de façon optimale les nouvelles possibilités ouvertes en matière d’aide.  L’Organisation doit donc accroître davantage ses capacités techniques, ce qui implique qu’elle dispose de ressources de base suffisantes.


M. Ocampo a ensuite jugé que les fonds mondiaux jouaient un rôle globalement positif dans l’obtention de nouveaux fonds en faveur du développement.  Cependant, ils représentent un défi pour les Nations Unies, en ce qu’ils constituent un complément à leur action en matière de coopération au développement.  La croissance de ces fonds mondiaux constitue un facteur très important du changement mondial: nous sommes passés du versement de contributions sans conditions au versement de contributions affectées à des fins particulières, a-t-il expliqué.  Le Secrétaire général adjoint a donc souligné l’importance de réformer les activités opérationnelles des Nations Unies.  Utiliser l’aide de façon plus efficace est aussi important que d’augmenter le niveau de cette aide, a-t-il estimé.  Les réformes qui ont été entreprises jusqu’à présent ont prouvé la volonté du système de parvenir à une plus grande efficacité de ses programmes, mais d’autres efforts doivent encore être fournis.  M. Ocampo a conclu en mettant l’accent une nouvelle fois sur l’importance des ressources de base.


M. PETER ANYANG’ NYONG’O, Ministre de la planification et du développement national du Kenya, a affirmé que le financement des activités de coopération des Nations Unies devait être stable, adéquat et prévisible, tout en insistant sur l’importance d’utiliser les ressources existantes de manière efficace.  Il a souligné le besoin de mobiliser les capacités techniques des pays développés et en développement, estimant que ces derniers avaient beaucoup à offrir en ce qui concerne les ressources intellectuelles, notamment dans le suivi et la mise en œuvre des programmes et projets de l’ONU.  Il a déclaré que les Nations Unies devraient, par le biais de leurs institutions spécialisées, axer leurs efforts sur la fourniture de services et le renforcement des capacités au niveau national.  Il a regretté le « parachutage » d’experts qui, selon lui, n’offrent que des solutions rapides.  Il a qualifié cette pratique de pseudo-assistance technique qui gaspille les ressources et augmente le sous-développement.  Il ne faut pas oublier que les États Membres contribuent aussi en termes de capital intellectuel pour l’élaboration, l’évaluation et la mise en œuvre des programmes des Nations Unies aux niveaux national et mondial, a-t-il expliqué.  Il a ainsi regretté que ce capital soit sapé par le fait que le système des Nations Unies dépend trop des experts et a demandé que l’on tienne plutôt compte des capacités intellectuelles dans les pays en développement. 


S’agissant de l’utilisation des ressources, le Ministre a mis en garde contre la reproduction d’une bureaucratie « gonflée » et a souhaité qu’elles soient utilisées dans un système axé sur les résultats, afin de générer des idées et renforcer les capacités pour éradiquer la pauvreté.  Enfin, il a estimé que l’ONU pouvait rassembler assez de ressources pour financer les Objectifs du Millénaire pour le développement, citant à cet égard la mise en place, à travers le monde, de « villages OMD » et plus particulièrement celui de Bar Sauri, au Kenya.  Affirmant que ce village démontrait que, pour éradiquer la pauvreté, les ressources étaient nécessaires au niveau local, il a demandé que cette expérience soit développée de manière universelle.  C’est un exercice permettant de développer les compétences et capacités mais aussi de leadership intellectuel, qui implique toutes les agences des Nations Unies, a-t-il précisé.


M. ANTHONY AKOTO OSEI, Vice-Ministre des finances et de la planification économique du Ghana, a affirmé que la question des options et des modalités de financement des activités opérationnelles du système des Nations Unies ne pouvait pas être traitée sans la situer dans le contexte plus large du Consensus de Monterrey sur le financement pour le développement et le défi que représentent les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le système des Nations Unies est un partenaire clef du Ghana dans ses efforts à atteindre les OMD, a-t-il ajouté, précisant que la viabilité opérationnelle continue du système se trouvait dans l’intérêt du pays.  Le système des Nations Unies, en vertu de son rôle politique, juridique, social et économique tel que défini dans la Charte, est le mieux placé pour réaliser les objectifs de l’agenda pour le développement mondial, a-t-il assuré.  Plusieurs questions, a-t-il poursuivi, sont soulevées par le débat: Comment définir les besoins réels de financement des Nations Unies? Quelles modalités de financement peuvent aboutir à un accroissement des flux de ressources tout en répondant aux principes clefs de prévisibilité, de stabilité à long terme, d’efficacité, de responsabilité et de fiabilité? Quelles sont les alternatives à court et long termes?


Les leçons tirées de l’expérience nationale de financement du développement montrent qu’il est important d’arriver à un équilibre entre les coûts administratifs et les coûts de programmation, a-t-il également souligné.  Selon lui, la traditionnelle Conférence des donateurs, qui se tient en novembre, donne des résultats de plus en plus modestes, car des promesses de plus en plus faibles sont faites.  Les modalités de la Conférence des donateurs doivent être entièrement revues à la lumière des résultats obtenus à ce jour, a-t-il estimé.  Il est essentiel que les États Membres indiquent non seulement ce qu’ils peuvent donner, mais qu’ils fournissent également les ressources promises, et de manière opportune, a-t-il ajouté.  Le Ministre a poursuivi en lançant à tous un appel.  Les propositions de financement dont nous discutons aujourd’hui ne pourront fonctionner que si à la fois les pays développés et les pays en développement réalisent les actions requises, a-t-il déclaré.  Selon lui, les pays en développement doivent poursuivre la mise en œuvre des agendas sociaux et économiques, tels que convenus par les partenaires en développement, tandis que les pays développés doivent compléter ces efforts en contribuant moralement et financièrement aux ordres du jour de croissance économique et de réduction de la pauvreté des pays en développement.  Des actions conjointes sur ces obligations qui se renforcent mutuellement constituent une condition sine qua non pour progresser dans la voie de la réalisation des objectifs fixés, a-t-il conclu.


M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE, Représentant permanent de la France, a estimé que si des débats avaient déjà eu lieu depuis longtemps sur les modalités de financement, ils n’avaient jamais débouché sur de véritables décisions.  Les fonds et programmes continuent donc à fonctionner sur la base d’artifices et de dispositifs financiers trop instables, et les agences consacrent beaucoup d’énergie à dégager des fonds.  Or, deux phénomènes nous obligent à évoluer, a-t-il estimé, citant tout d’abord les exigences du développement moderne, auxquelles les mécanismes actuels ne sont plus adaptés.  Les pays bénéficiaires souhaitent des modalités de financement stables et les donateurs s’appuient de plus en plus sur des cadres de développement à moyen terme, mais les agences ne sont pas efficaces en la matière.  Deuxièmement, a-t-il fait remarquer, il y a l’évolution de l’aide publique au développement.  Les mécanismes d’allocation des ressources ont profondément évolué, mais les Nations Unies ne profitent pas des dynamiques d’augmentation de l’aide, qui part donc vers les banques.  Il existe aussi des tendances à la création de fonds mondiaux sectoriels, ainsi qu’au renforcement d’espaces d’aide bilatéraux.  Ces évolutions ont de sérieuses conséquences sur les agences de développement des Nations Unies.  Des réflexions importantes ont été menées mais les agences sont aujourd’hui dans une situation stratégique très difficile.


Les institutions financières internationales ont fondé leur stratégie sur la création de capacités locales et sur les réseaux du savoir, si bien qu’aucune action spécifique des Nations Unies n’est désormais hors de leur portée, y compris les actions humanitaires et de postcrise.  La pertinence des choix de l’Organisation mérite donc d’être posée, et il n’est plus possible de se contenter d’évoquer sa légitimité.  Le système doit se redéfinir pour trouver sa place dans l’architecture internationale de développement, et attirer ainsi les donateurs.  Si nous ne réagissons pas, les ressources vont s’éroder, a prévenu M. de La Sablière. Le système opérationnel des Nations Unies ne peut conserver sa place qu’en repensant ses modalités d’intervention afin de conserver sa légitimité et son universalité, valeurs qui ne se satisfont pas d’une gouvernance par les donateurs.  Par ailleurs, la question du financement est cruciale: le système actuel pousse les agences à se mobiliser sur les mêmes sujets, c’est-à-dire ceux qui attirent les donateurs.  Cette concurrence constitue un obstacle permanent à une coordination rationnelle des tâches entre agences.  De plus, le système de financement a des effets pervers.  Ainsi, le Conseil d’administration du PNUD ne décide de l’emploi que de 30% de ses ressources, le reste étant dévolu à des travaux effectués « sur commande ».  Concernant l’UNICEF, la part des ressources ordinaires financées directement par la société civile, représentée par les Comités nationaux, n’est que de 40%.


Le représentant a ensuite émis une série de propositions.  Concernant les institutions spécialisées, il a estimé que leur structure de financement était acceptable mais a jugé nécessaire de réfléchir au niveau approprié des contributions obligatoires.  En matière de fonds et programmes, il a constaté qu’ils cumulaient les dysfonctionnements et a proposé de distinguer les dépenses administratives des dépenses de programmes.  Les dépenses administratives devraient être couvertes par le budget régulier des Nations Unies ou par un système de contributions obligatoires propre.  Enfin concernant les activités de terrain, il a jugé nécessaire de remédier à trois problèmes, à savoir la dispersion, l’absence de prévisibilité et la concurrence entre agences.  Il faudrait étudier plus clairement les priorités stratégiques de chaque agence et y associer un mécanisme de financement plus prévisible.  M. de La Sablière a conclu en affirmant que l’ECOSOC avait un rôle à jouer dans ces évolutions, et que le Sommet de septembre se devait de donner une impulsion politique forte à la réforme des agences.


M. LENNARTH HJELMAKER, Ambassadeur de la Suède pour le VIH/sida, a rappelé qu’un projet sur le financement du développement avait été présenté par les pays nordiques, dont la Suède, en 1990 et que cette dernière suggérait des mandats plus clairs pour les acteurs du système, un meilleur système de gouvernance au sein de celui-ci ou encore des nouvelles modalités de financement de l’aide, en particulier pour les fonds et programmes des Nations afin de mieux répartir le fardeau financier entre États Membres.  Il a regretté l’absence d’un véritable système de financement, résultant selon lui de l’absence de coordination et parfois de la concurrence entre les différentes institutions impliquées.  Les contributions privées sont confrontées au même problème.  Il a ainsi fait valoir qu’il fallait repenser l’efficacité de l’aide au développement, en réexaminant et en réalignant les institutions qui s’occupent de cette question.  Il faut une véritable volonté politique et une vision à long terme pour poursuivre l’élan que nous avons connu ces dernières années en matière de financement du développement. 


S’agissant spécifiquement du VIH/sida, M. Hjelmaker a déclaré que la communauté internationale avait démontré qu’il était possible de prendre des mesures importantes, insistant sur la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme auquel son pays participe activement.  Ce Fonds, établi il y a 4 ans, est indépendant et présente une nouvelle structure de gouvernance qui associe dans son Conseil d’administration gouvernements, fondations, ONG, collectivités locales, secteur privé et malades.  Il a affirmé que le Fonds nécessitait 7,5 milliards de dollars pour son prochain exercice de financement et a rendu compte des moyens déployés pour y parvenir, notamment par le biais des réunions de reconstitution.  Selon lui, ce Fonds démontre qu’il est possible de créer un mécanisme novateur, notamment en termes de gestion et de structure, lorsque les pays donateurs et partenaires parviennent à un consensus.  On pourrait, en s’inspirant de ce système, mettre en œuvre d’autres initiatives similaires dans d’autres domaines du développement, a-t-il conclu.  


M. ANDREW ROGERSON, Chercheur à l’Overseas Development Institute, a affirmé qu’en ce qui concerne le financement du développement par les Nations Unies, il était difficile de débattre du prix d’un billet vers une destination inconnue, et plus difficile encore de savoir qui allait payer ce billet.  Plusieurs questions se posent en effet, a-t-il ajouté.  Quelle différence y a-t-il entre la position du bas vers le haut et celle du haut vers le bas pour ce qui est du financement de base des institutions?  Quel est l’avenir de certaines de ces institutions? Qui doit payer? Pourquoi? Et Combien? Que se passera-t-il si, précisément, rien ne se passe?  Selon lui, les Nations Unies ont perdu du terrain, la perception de nombreux donateurs des Nations Unies étant que celles-ci ne constituent pas une instance de financement bancaire.  Trois groupes de pays représentent un tiers des pauvres du monde, a-t-il estimé, citant les États fragiles, les pays à faibles revenus stables et les pays à revenus moyens. 


De l’avis de M. Rogerson, si rien n’est fait, les donateurs, notamment ceux qui doivent augmenter considérablement leurs contributions, pourraient devenir plus ou moins sélectifs.  Il a également souligné qu’il n’existait pas, au sein des Nations Unies, d’instance claire pour débattre des questions de financement.  Pour l’heure, il est difficile de trouver une solution que l’on considérerait comme légitime et effective dans la prise de décisions, a-t-il observé.  Il a par ailleurs jugé nécessaire de recalibrer le financement de base, ce qui signifie, notamment, de trouver une formule de partage des coûts.  Il convient, en outre, d’utiliser le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) pour adopter une approche visant à recourir davantage d’expériences pilotes comme au Ghana ou au Kenya.  Il a plaidé en faveur de la création d’un fonds unique de financement géré par exemple par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Le pilier développement des Nations Unies est faiblement défini, a-t-il poursuivi.  Il y a ainsi, selon lui, un réel risque que le rôle des Nations Unies puisse être marginalisé.  Il faut une réévaluation à haut niveau et à long terme des fonctions des Nations Unies, a-t-il conclu.


M. CHRISTOPH BENN, Directeur des relations extérieures du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a expliqué que le Fonds mondial luttait contre ces trois maladies, contribuant ainsi notamment à la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement qu’est l’élimination de la pauvreté.  Ce Fonds qui siège en Suisse, a le statut d’organisation internationale indépendante, même s’il travaille en étroite coopération avec les Nations Unies.  Créé en 2001 dans le cadre de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida, le Fonds a reçu des contributions financières avant même que sa structure ait été finalisée, étant donné les six millions de personnes qui meurent chaque année des suites de ces trois maladies.  Le Fonds contribue à 45% du financement international du paludisme, à 66% de celui de la tuberculose et à 20% de celui du sida.  La cinquième phase de financement a été lancée en 2004 en présence de quatre présidents africains.  La mobilisation des ressources se fait sur une base complètement volontaire, sachant que chaque pays adopte des démarches différentes. Cinquante pays sont donateurs, dont certains sont également récipiendaires du financement.


M. Benn a ensuite expliqué que le Fonds était passé d’un modèle de procédure volontaire, rapidement couronné de succès, à un mécanisme volontaire de réapprovisionnement, qui en est à son premier cycle.  Le mandat du Fonds est basé sur un partenariat entre le secteur public et le secteur privé.  La contribution du secteur privé, qui siège au Conseil d’administration, est très substantielle. En revanche, la contribution des sociétés privées est restée limitée.  L’appui apporté par les ONG est également très important pour le Fonds, qui veille à ce que ses structures leur permettent de contribuer à ses travaux.  De façon très inhabituelle, les ONG sont représentées au Conseil d’administration avec droit de vote.  Le Fonds avait été créé en tant que mécanisme novateur pour financer le développement, a poursuivi M. Benn.  Le Fonds a pour principe immuable que les pays doivent s’approprier les programmes; il n’influence donc pas les propositions que ces pays lui transmettent, et il base son action sur ces propositions stratégiques. Le Fonds travaille en partenariat avec d’autres organisations multilatérales et des ONG. M. Benn a expliqué que le Fonds serait jugé à l’aune de sa capacité à fournir un flux de ressources suffisant pour lutter contre ces trois maladies, sachant que ce flux doit être stable.  Or, le niveau actuel de l’aide publique au développement risque de ne pas être suffisant, a-t-il relevé, ajoutant qu’il était donc nécessaire de dégager des solutions alternatives.  Il a notamment appuyé la proposition du Gouvernement français visant à instaurer une taxe sur les billets d’avion.  Il faut également songer à mettre à profit le modèle de conversion de la dette en faveur des programmes d’investissement dans la lutte contre ces maladies, a-t-il conclu.


M. BRUCE JENKS, Administrateur assistant et Directeur du Bureau des ressources et partenariats stratégiques du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’est dit très sceptique quant aux réponses théoriques sur cette question complexe du financement du développement.  Il a affirmé que les mécanismes actuels de financement présentaient des tensions profondes sous-jacentes à ce système, malgré les augmentations prometteuses annoncées dans ce domaine.  Il a regretté que malgré un débat sur les avantages comparés et les points forts de chacun, peu était fait pour résoudre la question d’un financement adéquat et prévisible.  Il s’est dit convaincu qu’il n’existait pas de crise financière au sein du système de financement du développement et a déclaré que ce celui-ci représentait beaucoup d’argent.  Concernant les institutions de Bretton Woods, il a estimé qu’il fallait se féliciter de leur renforcement et que les Nations Unies ne devaient pas entrer en compétition avec celles-ci.  Le repositionnement stratégique de l’ONU, a-t-il estimé, devrait faciliter le financement du développement.  Toujours sur ce sujet, il a expliqué que plus les institutions de Bretton Woods se renforceront, plus il sera possible de mobiliser des ressources et de faire appel, dans ce cadre, au soutien de l’ONU.


Par ailleurs, il s’est interrogé sur les moyens qui pourraient contribuer à augmenter les contributions des États Membres.  Enfin, jugeant nécessaire une réforme profonde de l’ONU, il a toutefois considéré que celle-ci ne réglerait pas les problèmes de financement.  Il faut une discussion concrète sur l’état du financement sans laisser le débat dériver ou se substituer à celui de la réforme, a-t-il plaidé.


Débat interactif


Introduisant le débat interactif, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a estimé que lorsque l’on parlait de valeur ajoutée des Nations Unies, il ne fallait pas oublier que la plus grande valeur ajoutée était le pouvoir combiné dont dispose l’Organisation pour placer ensemble différents acteurs dans le but de mettre en œuvre des mesures, tant au niveau national qu’international.  Les  conférences mondiales qui se sont tenues dans le contexte de l’ONU constituent également un point fort très clair de l’ONU, a-t-il ajouté.  De même, selon lui, quand on évoque le pilier du développement, il faut mettre en rapport les tendances mondiales avec la capacité normative des Nations Unies et leurs capacités opérationnelles, l’exemple le plus éloquent étant à cet égard celui des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Ces derniers constituent le cadre du développement, y compris pour d’autres organisations que l’ONU, notamment pour les banques multilatérales de développement.


Selon le Secrétaire général adjoint, les banques multilatérales de développement occupent une position particulière vis-à-vis du système des Nations Unies.  Les Nations unies ne prêtent pas et ne financent pas et tel doit être le rôle de l’Organisation, a-t-il souligné, observant toutefois que l’aide publique au développement dépendait davantage des contributions volontaires annuelles que des versements des banques multilatérales de développement.  Le poids relatif des banques multilatérales de développement et des Nations Unies dépend aussi des pays donateurs, a-t-il dit.  À ses yeux, le fait que les banques multilatérales de développement se soient renforcées et aient enregistré des succès au cours des dernières décennies ne doit pas amener à conclure que l’ONU ne doit plus avoir de fonctions dans ces domaines.


La représentante de la Jamaïque a relevé que les Nations Unies perdaient du terrain face aux banques, car les pays préféraient leur verser directement les fonds.  Nous devons augmenter le financement de base ou laisser plus de souplesse aux institutions spécialisées, a-t-elle estimé.


Le Ministre kényen de la planification et du développement national s’est déclaré inquiet du fait que les Nations Unies soient court-circuitées par les deux acteurs principaux en matière de ressources, à savoir les institutions financières multilatérales et les sources de financements bilatérales.  Les Nations Unies ont fourni des sommes considérables en faveur du développement, ce qui a également conduit à des résultats considérables.


Pour sa part, le représentant de la France a reconnu que la tonalité générale du débat avait été plutôt critique, voire sceptique.  Cependant, il ne faut pas oublier que les Nations Unies ont apporté beaucoup au domaine du développement, à travers les grandes conférences et les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il nuancé.  Cet apport considérable a conduit tous les acteurs, y compris les institutions financières internationales, à travailler aujourd’hui sur un agenda commun en fonction de ces objectifs.  Je ne peux imaginer qu’il n’y ait pas de pilier de développement solide à l’Organisation, a–t-il déclaré.  Cependant, une prise de conscience est aujourd’hui nécessaire, et même si elle a commencé à s’enclencher, elle n’est pas encore suffisamment profonde.  La France continuera à agir en faveur de cette prise de conscience et pour que la situation évolue, a-t-il conclu.


Poursuivant, le représentant de la Suède a estimé qu’il existait une lacune entre ce qui avait été convenu au niveau mondial et ce qui se passait au niveau local.  Du temps est nécessaire pour que les effets des décisions qui ont été prises se fassent ressentir, a-t-il ajouté.  Plusieurs propositions concrètes ont été formulées pour que la situation évolue, mais une certaine cohésion est nécessaire entre les États Membres pour que cela soit possible.  Les modalités doivent évoluer, ce qui nécessite une volonté politique.


À l’instar des représentants de la France et de la Suède, le représentant d’Overseas Development Institute a estimé que, pour que la situation évolue, il était nécessaire de faire preuve de volonté politique et d’entretenir une grande vision de l’Organisation à long terme.


L’Administrateur assistant du PNUD a déclaré, partageant pleinement l’optimisme de l’Ambassadeur de France, a estimé qu’un donateur n’a pas forcément envie de donner aux Nations unies en raison du circuit compliqué de l’argent.  Cependant, les Nations Unies ont un rôle important à jouer auprès des gouvernements pour les aider à gérer les niveaux de ressources.  Nous pouvons être marginalisés dans le flux de financement mais nous devenons de plus en plus importants dans nos partenariats avec les autorités nationales, a-t-il expliqué, ajoutant qu’ouvrir un débat sur le financement sans aborder les problèmes de structure serait inutile.  Nous devons être convaincus que nous avons quelque chose d’unique à offrir, et nous devons nous montrer très concrets, a-t-il affirmé.


Dialogue avec les chefs de secrétariat du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Programme alimentaire mondial (PAM).


Mme ANN M. VENEMAN, Directrice générale de l’UNICEF, a expliqué que l’UNICEF œuvrait pour harmoniser ses programmes au niveau des pays en tant que système des Nations Unies, afin d’appuyer les plans de développement.  Notre approche reflète le processus d’alignement des programmes, dans le but de parvenir à une présence plus efficace des Nations Unies permettant d’aider les gouvernements à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle déclaré.  Nous avons travaillé dans plus de 100 pays pour créer un cadre unique pour l’aide au développement, a-t-elle poursuivi.  D’ici la fin de 2007, tous ces pays doivent avoir finalisé cette phase et certains passeront même à la deuxième phase, qui met davantage l’accent sur la matrice des résultats.  Le cadre de l’aide au développement a généralement été couronné de succès, mais avec des résultats inégaux.  Les membres du Groupe pour le développement mettent également l’accent sur l’importance des Coordonnateurs résidents et sur une présence unifiée par pays.  Mme Veneman a évoqué l’exemple du Cap-Vert, où a été mis en place un seul bureau des Nations Unies, représentant les Comités exécutifs de quatre institutions spécialisées.  Il mettra en œuvre un programme unique dans le pays afin d’y soutenir les efforts de développement.  Le système des Nations Unies procède à une harmonisation interne, mais la Déclaration de Rome sur l’harmonisation et la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement nous contraignent à procéder aussi à un alignement entre les institutions spécialisées des Nations Unies, les programmes nationaux de développement et les donateurs, a-t-elle ajouté.


Les institutions spécialisées s’efforcent d’accroître le nombre de programmes communs mis en œuvre en faveur de priorités spécifiques de développement national.   L’UNICEF adressera un rapport à son Comité exécutif en juin 2006 sur les résultats qu’elle aura obtenus en la matière et sur les leçons qui peuvent en être tirées.  Mme Veneman s’est déclarée convaincue que des résultats seraient obtenus si les institutions oeuvraient en commun, et que l’alignement des structures d’appui régionales permettrait de réaffecter les ressources de façon à faire progresser les priorités.  Nous avons noué des partenariats avec les institutions spécialisées des Nations Unies comme avec celles de Bretton Woods, a-t-elle poursuivi, et nous étudions notre niveau d’efficacité.  Elle a ensuite évoqué le cas du Rwanda, où l’équipe locale des Nations Unies devrait rencontrer le Gouvernement pour déterminer les moyens de renforcer la transparence, la coordination de l’assistance et l’appropriation locale.  Nous devons poursuivre nos efforts dans l’environnement fluctuant de l’aide, a déclaré Mme Veneman.  La base d’informations de l’UNICEF, « Child info », a été mise à la disposition des membres du Groupe pour le développement, qui s’en est servi pour produire des logiciels permettant de suivre de façon uniforme les progrès réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Elle a indiqué que 1 500 professionnels de 120 pays d’être formés à la base de données commune « Devinfo ».  Nous espérons qu’elle contribuera à l’établissement de bases universelles pour les données relatives au développement et notamment aux OMD, a-t-elle conclu.


Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a souligné l’importance de renforcer les capacités nationales et d’améliorer l’assistance pour le développement, comme le souligne la Déclaration de Paris, adoptée en mars dernier.  Elle a estimé que le FNUAP était  un acteur important pour adopter des politiques générales, développer les capacités et fournir une assistance technique.  Les équipes de pays des Nations Unies pourraient, a-t-elle insisté, jouer un rôle central afin d’aider les partenaires nationaux à établir des programmes qui soient accessibles aux populations pauvres et marginalisées.  Le FNUAP préconise que les équipes de pays s’alignent sur les processus nationaux ou qu’elles réduisent les coûts de transaction en utilisant de manière plus systématique les systèmes nationaux.  De plus, elle a indiqué qu’une équipe interinstitutions avait été mise en place pour redéfinir les rôles dans le développement des capacités et fournir des directives pratiques aux équipes de pays d’ici à 2005.


Par ailleurs, Mme Obaid a souligné les défis auxquels il fallait encore faire face.  Ainsi, elle a affirmé qu’il fallait aller au-delà de l’approche de développement des capacités qui se limite à la gestion et mise en oeuvre des programmes de l’ONU.  Il faudrait revoir les procédures de recrutement du personnel et la diversité des compétences de celui-ci afin d’offrir des conseils de politique générale de haute qualité dans les secteurs clefs mais aussi dans les domaines transectoriels.  De plus, elle a insisté sur la promotion de la coopération Sud-Sud, élément central du développement des capacités.  Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité de simplifier le travail réalisé en matière de développement afin d’atteindre les objectifs nationaux et de garantir une meilleure efficacité de l’assistance technique.  S’il est important de rendre des comptes et de mesurer les résultats de l’action des Nations Unies, a-t-elle fait remarquer, ceci est de plus en plus difficile lorsque les projets ne sont pas établis conjointement par les différentes institutions du système de l’ONU.  Rappelant que le développement était un processus humain, elle a conclu en demandant à tous de rester engagés pour aider les populations à utiliser leur potentiel et à réaliser leurs objectifs.


M. ZEPHYR DIABRÉ, Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a affirmé qu’il était traditionnel dans ce genre de dialogue que le PNUD se concentre sur le problème des coordonnateurs résidents.  Le PNUD a été au premier plan de ce système, au nom du Secrétaire général, et il demeure pleinement engagé dans son évolution, a-t-il indiqué.  L’Administrateur adjoint a souligné la nécessité de renforcer le système et d’assurer le leadership des Nations Unies au niveau des pays.  Sept centres d’évaluation ont été établis par les coordonnateurs résidents, a-t-il noté, le nombre des participants, de 63 en 2004, étant tombé à 5 en 2005, et ce, a-t-il précisé, en raison du manque de candidats disponibles.  Il a ajouté que l’examen du pool de candidats de coordonnateurs résidents avait été très strict.  Le pool des coordonnateurs résidents compte actuellement 107 membres, a-t-il poursuivi, 40 venant du Sud et 25 de ces derniers étant des femmes.  Il a réitéré son appel aux institutions spécialisées pour que celles-ci recommandent des candidats qualifiés. 


Tout le système évolue vers des moyens novateurs pour préserver le rôle des coordonnateurs résidents et du représentant résident du PNUD, a-t-il également affirmé.  Selon lui, l’un des aspects les plus intéressants de ce développement concerne l’exemple du directeur de pays, proposé dans différentes réunions interinstitutions.  Le modèle du directeur de développement est basé sur une pratique entamée il y a cinq ans au PNUD, dans les pays où les fonctions des coordonnateurs résidents ne permettent pas une gestion au quotidien des opérations du PNUD.  Actuellement, il y a des directeurs de pays dans 11 pays, a-t-il dit, citant l’Afghanistan, le Burundi, la Côte d’Ivoire, la République populaire démocratique de Corée, le Timor oriental, Haïti, le Guatemala, l’Iraq, le Libéria, la Somalie et le Soudan.  L’Administrateur du PNUD s’est engagé à porter ce nombre à 40 au cours des prochaines années, les directeurs de pays devant couvrir toutes les régions, a-t-il précisé.  Selon l’Administrateur adjoint, le système des coordonnateurs résidents ne peut rester statique.  Selon lui, les mandats et les priorités des institutions doivent, au moyen d’un processus collégial dirigé par le coordonnateur résident, être orchestrés au sein d’un Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) cohérent et efficace.  De même, est-il nécessaire de respecter et de promouvoir l’expertise scientifique de chaque institution dans ses relations avec son homologue national, le coordonnateur résident.  En simplifiant les relations entre les autorités nationales et l’équipe de pays des Nations Unies, nous devons également les rendre plus efficaces, a-t-il estimé.  Il a en outre plaidé en faveur d’une responsabilité accrue du coordonnateur résident et a souligné la nécessité de disposer d’un système adéquat du règlement des différends.


M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint principal du PAM, a expliqué que l’Organisation pouvait parvenir à de meilleurs résultats grâce à un travail d’équipe cohérent et collégial et à une vision commune.  Les structures régionales et la coopération entre politiques sont indispensables à l’efficacité du développement.  Il a souhaité développer l’exemple de l’Afrique australe, où les Nations Unies ont su se réformer pour permettre aux mécanismes régionaux et aux ressources techniques existantes de mieux fonctionner.  La région fait face à une triple menace qui exige une approche cohérente, à savoir l’insécurité alimentaire, le VIH/sida et la faiblesse de la gouvernance.  La combinaison mortelle de ces facteurs a conduit à relancer la réflexion.  Le Groupe de développement a accru la cohérence entre les différents organismes sur place, et il a renforcé l’efficacité des programmes gouvernementaux pour appuyer les politiques régionales.  En déterminant des objectifs communs au niveau régional, les Nations Unies restent pertinentes et peuvent faire la différence.  Pourtant, ces efforts ne sont pas suffisants.  Ainsi, l’accès aux traitements est encore difficile dans les zones rurales et l’accent mis sur le traitement crée des lacunes dans la prévention.  De plus, les gouvernements n’oeuvrent pas suffisamment en faveur des orphelins et des enfants vulnérables, et le financement extérieur n’est pas engagé sur le terrain faute de capacités gouvernementales suffisantes.  Les gouvernements, les Nations Unies et les donateurs doivent remédier aux problèmes structurels qui perpétuent l’insécurité alimentaire, et l’Organisation doit modifier sa façon de travailler.  M. Graisse a alors expliqué que le Groupe de développement avait créé une solide équipe réunissant les Directeurs régionaux des institutions spécialisées à Johannesburg. Celle-ci soutient le travail des équipes locales et elle a établi des priorités en se concentrant sur l’efficacité des équipes locales des Nations Unies, la réorientation stratégique des programmes et la mobilisation accrue des ressources.  Elle a également cherché à améliorer les modalités régionales et elle a identifié des domaines communs d’intervention pour l’aide apportée aux 10 pays de la région.  L’équipe des Directeurs régionaux n’a pas pour objet de créer un degré administratif supplémentaire, mais elle a vocation à permettre une utilisation plus efficace des ressources et des mécanismes existants.  Son travail a déjà produit ses premiers résultats.


M. Graisse a ensuite expliqué que l’expérience de l’Afrique australe avait révélé que les questions de programmes thématiques pouvaient servir de base à la réforme des Nations Unies.  Les instruments de la réforme seront employés plus efficacement si le Groupe de développement soutient les initiatives à la fois au niveau régional et au niveau local.  En conclusion, il a expliqué que les réformes devaient être jugées à l’aune des progrès qu’elles permettaient d’accomplir dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le Groupe de développement peut jouer un rôle important dans le soutien aux capacités nationales et aux programmes de développement, notamment en assurant un mécanisme régional de soutien aux équipes locales.  L’efficacité trouve sa source dans la collaboration régionale entre les structures existantes, ce qui n’empêche pas le maintien de l’expertise liée aux mandats individuels.  La clef du succès réside dans l’identification de thèmes de fond qui reflètent les besoins régionaux, a-t-il conclu.


Le Secrétaire général adjoint au Département des affaires économiques et sociales a soulevé quatre grandes questions à la suite des interventions des chefs de secrétariats, à savoir: l’identification des points forts des différentes institutions du système des Nations Unies, en particulier la Banque mondiale et les banques régionales de développement; l’appropriation des politiques et programmes au niveau national; la coordination, tant par le biais des coordonnateurs résidents qu’entre les départements de l’ONU; et la question du financement.  À cet égard, il a insisté sur l’équilibre à trouver entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires, en prenant en compte les difficultés posées par les nouvelles tendances observées, comme le rôle des banques multilatérales de développement ou le nouveau rôle de l’Association internationale de développement, qui désormais achemine l’aide. 


Répondant à une question du représentant de la Jamaïque sur une certaine résistance institutionnelle face à la réforme, la Directrice générale de l’UNICEF a affirmé que ce problème sous-jacent devait être traité ouvertement.  Elle a expliqué que la réforme était parfois difficile à traduire sur le terrain.  Pour sa part, la Directrice du FNUAP a estimé, quant à elle, qu’il revenait au coordonnateur résident d’assurer le leadership dans ce domaine afin que les équipes comprennent qu’elles sont là avant tout pour aider les pays.  C’est un long processus au niveau national et le PNUD est résolu à relever ce défi, a assuré son Administrateur adjoint.


S’agissant des coordonnateurs résidents, le représentant de la Fédération de Russie a souhaité que leur rôle soit renforcé et que le financement et l’appui administratif soient assurés au niveau du Siège.  Le coordonnateur résident doit-il être la seule personne accréditée pour s’exprimer au nom du système des Nations Unies au niveau du pays? s’est interrogé l’Administrateur adjoint du PNUD.  Il a toutefois rappelé que les partenaires des Nations Unies perçoivent les activités sur le terrain comme étant trop fragmentées et que le manque de coordination pouvait affaiblir leur  efficacité en matière d’assistance technique.  Cependant, M. GRAISSE s’est demandé si tous les fonds et programmes accepteraient une représentation unique, particulièrement dans des situations où le volume d’aide est important et où les institutions spécialisées souhaitent préserver un rôle dans la gestion des ressources et auprès des gouvernements.  Enfin, plusieurs intervenants ont déploré le manque  de femmes candidates aux postes de coordonnateur résident. 


Répondant aux inquiétudes exprimées par la représentante du Bénin quant à l’adoption d’une approche trop axée sur les résultats, la Directrice exécutive du FNUAP a précisé qu’il s’agissait non pas de passer à un système fondé uniquement sur la performance mais également d’opérer un changement culturel afin que le travail des équipes sur le terrain s’intègre aux mécanismes nationaux en vigueur.  Concernant l’augmentation des ressources résultant des efforts de simplification du système, le Directeur exécutif adjoint principal a expliqué que les ressources de la plupart des institutions, fonds et programmes ne répondent plus aux instruments sophistiqués dont nous disposons, a-t-il insisté. 


Par ailleurs, la Directrice exécutive du FNUAP a expliqué que l’appui sectoriel préconisé par le Fonds avait permis à certains gouvernements de réduire leur charge, citant notamment le cas du Mozambique.  Enfin, tous les intervenants se sont accordés sur la nécessité de coordonner l’action humanitaire.  À cet égard, l’Administrateur exécutif adjoint principal a rappelé qu’il faudrait adopter une approche différente en raison du manque de temps pour coordonner et harmoniser efficacement les activités dans les situations d’urgence.


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