LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL CONCLUT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU SANS ADOPTER DE DÉCLARATION MINISTÉRIELLE
Communiqué de presse ECOSOC/6158 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2005
13e & 14e séances – matin & après-midi
LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL CONCLUT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU SANS ADOPTER DE DÉCLARATION MINISTÉRIELLE
Le Président de l’ECOSOC rédigera un
résumé reflétant la richesse des trois jours de discussions
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu aujourd’hui son débat de haut niveau, sans toutefois adopter de déclaration ministérielle, laquelle devait être transmise aux participants au Sommet de septembre 2005. Le Président de l’ECOSOC s’est proposé, à la place, de préparer un résumé des délibérations qui ont eu lieu ces trois derniers jours en plénière, dans les groupes de discussion ainsi que dans les tables rondes.
Le texte, s’il devait être adopté en l’état, ne saurait rendre la richesse de ces discussions et du dialogue, ainsi que les nombreuses propositions qui ont été le fruit de ce débat, a déclaré le Président de l’ECOSOC, Munir Akram (Pakistan). Celui-ci a défini les grands axes du résumé qu’il fera circuler.
Selon lui, les Objectifs du Millénaire pour le développement et les textes issus des grandes conférences et sommets organisés par les Nations Unies constituent un agenda du développement complet pour la communauté internationale. Il est clair, a-t-il dit, que les grands défis auxquels nous sommes confrontés ne sont pas liés à la conception mais à la mise en œuvre de cet agenda. Les progrès d’ensemble vers la réalisation de ces objectifs sont inégaux en fonction des objectifs eux-mêmes et des régions. Il s’est en outre félicité d’un nouvel esprit, celui de la responsabilité partagée, manifestée notamment par l’Union européenne, qui a décidé d’augmenter l’aide publique au développement, et par le G-8, qui a annoncé l’annulation de la dette extérieure des pays les plus endettés. Nous devons préserver ce nouvel esprit et veiller à ce qu’il constitue une contribution au Sommet de septembre pour que soient adoptées des décisions historiques, a-t-il souligné. M. Akram s’est fait en outre l’écho du sentiment général selon lequel l’ECOSOC a redécouvert son rôle en tant qu’organe central des Nations Unies pour la promotion du développement économique et social.
Les représentantes du Royaume-Uni, au nom de l’Union européenne, et de la Jamaïque, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont regretté que le débat de haut niveau se soit achevé sans adoption de déclaration ministérielle. La dernière a cependant exprimé l’espoir que le prochain Sommet de septembre soit l’occasion de trouver une solution durable au problème de la dette et de lancer des initiatives en faveur de sources innovantes de financement.
Lors du débat de haut niveau qui a précédé, le représentant des États-Unis a estimé que la communauté internationale avait devant elle une occasion unique de parvenir à une victoire historique sur la pauvreté absolue, à condition toutefois qu’elle change sa façon de penser. La bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’affirmation d’un secteur privé fort sont essentiels pour le développement, a-t-il ainsi affirmé.
Intervenant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, le représentant de la République démocratique populaire lao a jugé de son côté insuffisants les efforts entrepris pour appliquer les engagements souscrits au niveau international. Il a demandé une véritable volonté politique et un partenariat mondial renouvelé afin d’accélérer la réalisation des OMD.
Le Conseil a également entendu aujourd’hui des exposés sur la réponse du Conseil des chefs de secrétariat (CCS) à la Déclaration du Millénaire, interventions s’appuyant sur le rapport intitulé « Une ONU catalyseur du progrès et du changement ». Ce rapport sur la responsabilité du CCS décrit notamment le travail du système des Nations Unies aux côtés des gouvernements pour les aider à remplir les objectifs de la Déclaration. Il témoigne ainsi de la façon dont la Déclaration du Millénaire a apporté à l’ensemble du système des Nations Unies une nouvelle unité dans un esprit nouveau de coopération et de collaboration. Dans son exposé, le Sous-Secrétaire général au Département des affaires économiques et sociales, Patrizio Civili, a souligné le rôle primordial d’un dialogue entre les chefs de secrétariat et le Conseil économique et social, dialogue qui, à ses yeux, n’est pas encore aussi systématique qu’il devrait l’être.
Ancien Comité administratif sur la coordination, créé en 1946 par le Secrétaire général des Nations Unies sur recommandation de l’ECOSOC, le CCS s’attache à favoriser une approche coordonnée et collective des objectifs communs dans les domaines de la politique, des programmes et de la gestion. Depuis 2000, le CCS s’efforce d’assurer une approche coordonnée du système des Nations Unies du Sommet du Millénaire et de son suivi. La Déclaration du Millénaire elle-même a permis au CCS de se consacrer davantage aux questions stratégiques du système des Nations Unies dans son ensemble. La table ronde a été l’occasion de souligner la responsabilité du Conseil, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Thoraya Ahmed Obaid, affirmant que les Nations Unies devaient rendre des comptes aux peuples qu’elles servent.
Une table ronde s’est par ailleurs tenue avec les Présidents de la Commission de la condition de la femme, de la Commission du développement social et de la Commission de la population et du développement sur la contribution des examens décennaux au Sommet mondial de 2005, trois commissions, qui, a souligné Patrizio Civili, ont un rôle clef à jouer pour donner vie aux textes adoptés lors des sommets mondiaux. L’ECOSOC doit s’assurer que le message de fond issu de ces commissions est suivi d’effets, a-t-il insisté.
Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux mardi 5 juillet, à 10 heures, avec, notamment, une discussion interactive avec les Secrétaires exécutifs des commissions régionales sur le thème: « Réalisation des objectifs de développement convenus sur le plan international, y compris de ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire: une perspective régionale ».
RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT CONVENUS SUR LE PLAN INTERNATIONAL, Y COMPRIS DE CEUX ÉNONCÉS DANS LA DÉCLARATION DU MILLÉNAIRE
Présentation d’exposés sur la réponse du Conseil des chefs de secrétariat à la Déclaration du Millénaire
Déclarations
M. PATRIZIO CIVILI, Secrétaire exécutif du Conseil des chefs de secrétariat (CCS) et Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales, a souligné le rôle primordial d’un dialogue entre les chefs de secrétariat et le Conseil économique et social. Il a affirmé que ce dialogue n’était pas encore aussi systématique qu’il devrait l’être. Toutefois, il a noté que, ces dernières années, il y avait eu une convergence croissante entre l’ECOSOC et le CCS pour faire progresser l’exécution des OMD et les intégrer dans le programme plus général de développement des Nations Unies. Afin de continuer à avancer pour atteindre les OMD, il a souhaité qu’une des principales réformes soit de donner à l’ECOSOC un mandat clair pour jouer un rôle central de suivi et de surveillance, ce qui permettrait selon lui un dialogue amélioré avec le CCS. Enfin, il a souligné que l’idée d’un suivi intégré des conférences internationales de ces dernières années n’était pas théorique, insistant notamment sur la coordination interorganisations. Celle-ci peut apporter beaucoup à la réalisation des OMD, a-t-il poursuivi, en déclarant que les engagements issus des conférences des Nations Unies devaient se traduire par des actions concrètes des pays développés et en développement, avec l’appui du système des Nations Unies. Il s’est dit convaincu que le Sommet de septembre irait dans ce sens et a mis en lumière l’engagement renouvelé des chefs de secrétariat. Enfin, affirmant que le multilatéralisme fonctionne, il a insisté sur la nécessité d’innover et d’apporter les changements qui permettront au système de réagir aux nouvelles conditions et exigences en ce qui concerne le développement.
M. LENNART BAGE, Président du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et Président du Comité de haut niveau sur les programmes du Conseil de coordination des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, qui présentait le rapport intitulé « Une ONU: catalyseur pour le progrès et le changement », a souligné que la Déclaration du Millénaire avait eu un impact très important et avait donné une unité dans les objectifs à réaliser. Au moment où les États Membres prennent des mesures pour surmonter les défis, le système des Nations Unies doit être prêt à assumer les responsabilités qui vont lui être confiées, a-t-il déclaré. Le Conseil économique et social a, en ce sens, un rôle crucial à jouer. Le système des Nations Unies a obéi à trois hypothèses en réagissant à la Déclaration du Millénaire, a-t-il indiqué. Il a cité en premier lieu le caractère holistique du développement, axé sur l’être humain. La réalisation des objectifs exige une croissance économique durable et parfois accrue pour aboutir à un développement durable écologiquement viable, a-t-il ajouté. Il a également évoqué la nécessité de mettre en place un environnement international propice devant appuyer ces objectifs. Le système des Nations Unies est uni dans son engagement à réaliser ces objectifs, a-t-il affirmé.
Pour relever les défis et assurer le progrès dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, les organismes des Nations doivent être décidés à bâtir une organisation des Nations Unies véritable. Il faut agir de façon inclusive et multilatérale, a-t-il expliqué, soulignant en outre la nécessité d’augmenter la transparence et la mobilisation. Le système des Nations Unies est fermement engagé, comme l’indique le rapport, à faire de son mieux pour concrétiser la vision contenue dans le rapport du Secrétaire général des Nations Unies intitulé « Dans une liberté plus grande », a-t-il conclu.
Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a expliqué que, conformément au rapport du Comité de haut niveau chargé des programmes du Conseil de coordination des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, rapport sur la responsabilité de ce Conseil, il convenait de réaffirmer que les Nations Unies devaient rendre des comptes aux peuples qu’elles servent. Elles doivent rendre des comptes aux gouvernements quant à l’utilisation faite de leurs ressources fournies. Et, de la même façon, les gouvernements doivent assurer la communauté des donateurs que les fonds reçus sont utilisés à bon escient. Nous devons à cet égard faire comprendre que le budget est un document moral qui devrait refléter les besoins prioritaires des peuples. Dans ce cadre, la question de la responsabilité réciproque sous-tend les valeurs et principes essentiels des Nations Unies.
Tandis que les Nations Unies font la promotion de la transparence et des principes de bonne gouvernance aux niveaux national et local, il conviendrait que l’Organisation applique à elle-même ces principes. Ce qui signifie l’établissement d’un système ne tolérant aucun abus, un système s’appuyant sur des mécanismes efficaces et fiables. La Déclaration du Millénaire a à la fois nécessité et facilité l’évolution d’un système des Nations Unies davantage coordonné, cohérent et fonctionnel. Notre rapport montre que ce système, dans lequel les organisations travaillent de concert, aide véritablement à la mise œuvre de la Déclaration du Millénaire. Les réformes en cours sont conduites dans un souci de faire en sorte que les parties prenantes à l’effort de développement au niveau des pays coopèrent de manière plus serrée dans l’intérêt des pays en développement.
M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général au développement économique, Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, a souligné que le rapport sur les OMD était le résultat d’une large collaboration et venait compléter le rapport du Secrétaire général « Dans une liberté plus grande », en examinant ce qui avait été fait pour atteindre les OMD et ce qu’il restait à faire pour chacune des régions du monde. Il y est indiqué qu’il y avait eu une réduction massive et sans précédent de la pauvreté extrême dans certaines régions, notamment en Asie par le biais des avancées effectuées en Chine et en Inde. Il a regretté que l’Afrique soit restée en marge de cette réduction. De plus, il a déploré que les autres objectifs n’aient pas suivi, les efforts en faveur du développement ayant été battus en brèche par des conflits et des catastrophes naturelles dans plusieurs régions. Par ailleurs, il a souligné que, pour les pays les plus pauvres, l’aide externe était essentielle pour réduire la pauvreté. Rappelant que le niveau d’aide publique au développement (APD) avait été historique en 2004 avec 79 milliards de dollars, il a nuancé ce chiffre en expliquant que cela ne représentait que peu par rapport à la richesse des pays développés. Seuls quatre pays ont atteint l’objectif de 0,7% du PNB pour d’APD, a-t-il ajouté. Enfin, il a énuméré, parmi d’autres défis auxquels font face les pays en développement, le chômage, le VIH/sida et la dégradation de l’environnement qui ravagent les pays les plus pauvres et ont un impact sur les possibilités de renforcer leurs capacités.
M. MILIVOJE PANIC, Vice-Président du Comité de la planification du développement, a déclaré que le Comité avait tenu sa septième session en mars dernier. Le Comité, chargé en particulier d’examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre des décisions des conférences et sommets des Nations Unies, s’est concentré en particulier sur les recommandations visant à atteindre les objectifs en Afrique subsaharienne. La moitié des habitants de cette région vit dans l’extrême pauvreté, a-t-il dit, tandis que les conditions de santé se sont détériorées avec l’expansion du VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et d’autres maladies. Depuis 1990, l’espérance de vie a baissé de 50 à 46 ans, a-t-il ajouté. De plus, les disparités de revenus dans la région au cours de la décennie ont affaibli le lien entre croissance et réduction de la pauvreté, tandis qu’une mauvaise gouvernance a contribué à saper les performances économiques et les perspectives d’amélioration.
Par ailleurs, l’aide publique au développement à l’Afrique a chuté, a-t-il souligné. L’un des obstacles à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique subsaharienne a été l’affaiblissement général du secteur privé dans la région au cours des deux dernières décennies, a-t-il ajouté. Parvenir aux OMD doit relever d’une responsabilité partagée entre l’Afrique subsaharienne et ses partenaires. Des ressources importantes sont nécessaires pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement dans la région, a-t-il dit, précisant que la plupart de ces ressources devaient venir de l’intérieur. Certes, le volume de l’aide extérieure doit augmenter considérablement, a-t-il également observé, ajoutant qu’il faut aussi améliorer l’aide du point de vue qualitatif. La priorité devrait être accordée au renforcement institutionnel et au renforcement des capacités. Il est en outre essentiel de mettre un terme à l’exode des cerveaux suscité, a-t-il précisé, par la faiblesse des revenus et le manque d’emplois appropriés. Le Comité estime que s’il est essentiel de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement, les peuples d’Afrique méritent mieux que cela. Comme les peuples d’autres parties du monde, ils aspirent à des emplois décents et à une meilleure qualité de vie. Pour atteindre cet objectif, ils ont besoin, outre d’une amélioration majeure de la santé et de l’éducation, d’outils plus variés visant à perfectionner leur agriculture et à obtenir de meilleures infrastructures grâce auxquelles ils pourraient diversifier leurs activités. Les investissements en électricité, en routes, en communication et irrigation sont essentiels pour briser le cycle vicieux de la pauvreté, a-t-il conclu.
M. CARLOS ALVARADO, Vice-Ministre du développement social du Venezuela, a présenté les programmes sociaux initiés par son pays pour parvenir aux objectifs en matière de lutte contre la pauvreté en mettant l’accent sur la santé, l’éducation, le logement et la propriété. Parmi ces programmes, il a cité celui du « Barrio Adentro » dont le but est de dispenser des soins gratuits dans les quartiers défavorisés. Il a également mentionné le programme d’éducation ciblant les plus marginalisés et le programme « Vuelvan Caras » qui a pour objectif de dispenser une formation aux chômeurs. Enfin, le programme « Mercal » permet à la population exclue d’avoir accès à une alimentation de base et est financé à 40% par l’État. Enfin il y a un programme de logement dont l’objectif est d’offrir un logement décent a ceux qui n’en possèdent pas et le programme Zamora qui a pour ambition d’aider les paysans sans terre à accéder à la propriété des terres sur lesquelles ils ont toujours vécu.
Soulignant les efforts de son pays en matière de protection de l’environnement, il a précisé que 43,5% du territoire national était déjà protégé. Il a également fait valoir que le taux d’accès à l’eau potable était passé de 68% en 1990 à 87% en 2003. En matière de technologies de l’information, il a indiqué que 7% de la population avait un accès gratuit à internet, 30% de ces infrastructures étant financées par l’État. Il s’est félicité que son pays ait déjà atteint certains objectifs fixés pour 2015. Il a mis l’accent sur le problème de la dette en insistant que la persistance de ce problème était l’un des facteurs freinant la réalisation des OMD. Il a, par ailleurs, contesté le contenu d’un récent rapport de la Commission économique et sociale pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) qui, selon lui, a omis de mentionner les importantes mesures et dispositions prises par le Venezuela en matière de lutte contre la pauvreté. Il a demandé à la CEPALC de revoir son rapport pour que les contributions de son pays puissent être dûment reflétées.
M. EMMANUEL A. OGUNNAIKE, Ministère des affaires étrangères du Nigéria, a indiqué que pour son pays le principal objectif était d’assurer la sécurité alimentaire, une condition sine qua non selon lui à l’éradication de la pauvreté. C’est pourquoi, nous avons signé le Programme spécial de sécurité alimentaire de la FAO. Dans ce cadre, nous avons établi un fonds de 45 millions de dollars cogéré avec la FAO, et qui a pour but de promouvoir la productivité agricole et d’assister les fermiers pour que ceux-ci puissent réaliser tout leur potentiel et vivre pleinement de leur travail. Le Ministre a expliqué que son gouvernement fournissait aux collectivités agricoles, entre autres, des infrastructures nécessaires à la gestion intégrée des ressources en eau et des informations utiles en matière de techniques agricoles.
Nous devons intensifier nos efforts dans la lutte contre la pandémie de VIH/sida et autres maladies transmissibles, a-t-il poursuivi. La promotion de l’autonomisation des femmes et la parité des sexes, l’accès de ces dernières au microcrédit et aux processus de décision politique et économique, tout cela a fait l’objet de mesures qui, nous l’espérons, placeront le Nigéria sur la voie de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. S’agissant de la dette extérieure, le Ministre a estimé que l’aide publique au développement (APD) était un complément indispensable à une plus efficace mobilisation des ressources nationales. Il a ajouté que le Nigéria, en tant que partie prenante au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, adhérait pleinement à l’appel commun pour une bonne gouvernance politique, économique et social fondé sur les règles du droit international et du respect fondamental des droits de l’homme.
M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande) a jugé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne seraient pas atteints, en particulier en Afrique, sans une augmentation de l’aide publique au développement (APD). Le représentant a ainsi annoncé que son pays allait doubler son aide d’ici à 2009. Il s’est également déclaré favorable à un système d’échanges multilatéral plus équitable. Poursuivant, il s’est référé au rapport du Secrétaire général pour affirmer que garantir la santé humaine était un préalable au succès du développement. La pandémie de VIH/sida et les autres maladies dévastatrices affectent des populations entières, ce qui a pour conséquence de saper l’effort de développement. C’est pourquoi, nous devons continuer de renforcer les systèmes de santé afin d’assurer aux populations des pays en développement l’accès aux services médicaux de base.
M. Hannesson a en outre estimé qu’il était impossible de réduire la pauvreté sans des mesures radicales pour améliorer l’accès à l’énergie. Il a indiqué que près de deux milliards de personnes dans le monde n’avaient pas l’électricité. Le développement de nouvelles technologies dans les pays en développement contribuerait fortement à aider ces pays à s’adapter aux conséquences du changement climatique, a-t-il jugé. Le représentant a continué en disant que l’approvisionnement en eau et l’assainissement étaient indispensables à la vie humaine et à la santé des populations. Le manque d’eau et d’assainissement, a-t-il précisé, est la première cause de maladie dans le monde. En outre, l’eau est cruciale pour la préservation de la biodiversité. Or, la pollution marine est à l’origine des nombreuses affections et de l’appauvrissement des écosystèmes. C’est pourquoi, les États côtiers dont fait partie l’Islande, tiennent à rappeler ici que le Programme d'action mondial pour la protection du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres (GPA) -et qui est le seul mécanisme compétent en la matière– est considéré dans le Plan d’action de Johannesburg comme un outil important en vue de parvenir aux OMD.
M. ALOUNKÉO KITTIKHOUM (République démocratique populaire lao), intervenant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a affirmé que les efforts entrepris pour appliquer les engagements souscrits au niveau international étaient loin d’être suffisants et a demandé une véritable volonté politique et un partenariat mondial renouvelé afin d’accélérer la réalisation des OMD. Il a estimé que le manque de ressources pour le développement constituait l’une des causes de cette lente mise en œuvre. Il a affirmé qu’une APD plus importante était nécessaire pour soutenir les efforts des pays qui ont des besoins spéciaux, dont les pays en développement sans littoral. Saluant l’initiative européenne d’augmenter son APD ainsi que l’engagement exprimé par d’autres donateurs d’accroître cette aide lors du récent Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, il indiqué que pour être efficace, cette assistance financière devait être fournie conformément aux priorités et spécificités du pays bénéficiaire et sans condition.
S’agissant du Programme d’action d’Almaty, il a fait valoir les efforts des pays en développement sans littoral pour le mettre en œuvre. De même, ce programme a été progressivement intégré dans toutes les activités des institutions et organismes pertinents des Nations Unies. L’intervenant a notamment attiré l’attention sur la mise en place de projets dans le secteur des infrastructures de transit en faveur des pays en développement enclavés et de transit en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Toutefois, il a expliqué que pour une application complète du Programme d’action d’Almaty, un partenariat avec toutes les parties prenantes était essentiel. Il a réitéré son appel pour une assistance, à la fois financière et technique, plus importante de la part de la communauté des donateurs. Il a aussi espéré que la coopération Sud-Sud et celle triangulaire augmentent en faveur des pays en développement sans littoral. De plus, il a insisté sur la nécessité pour le Sommet de septembre, de prendre en considération les besoins spécifiques de ces pays.
Il a indiqué appuyer la déclaration ministérielle qui doit être adoptée lors de cette session et qui réaffirme l’engagement de toutes les parties prenantes pour redonner un souffle aux processus d’application des objectifs concertés internationalement, y compris les OMD. Expliquant que cette déclaration appelait à reconnaître les problèmes et besoins spéciaux des pays en développement sans littoral et lançait un appel pour poursuivre l’assistance en leur faveur, il a espéré que celle-ci encouragerait tous les acteurs à honorer leurs engagements respectifs de manière plus responsable.
M. CHOI YOUNG-JIN (République de Corée) a souligné la nécessité de porter une attention accrue aux pays les moins avancés. Il a indiqué que son pays convenait, avec le Secrétaire général des Nations Unies, qu’un cadre plus intégré, plus global et plus empreint de synergie était nécessaire pour parvenir à temps et avec efficacité aux objectifs de développement. La réalisation des objectifs de développement est liée étroitement à l’application des résultats des grands sommets et conférences des Nations Unies, a-t-il affirmé, précisant qu’il était également nécessaire de renforcer le rôle critique de l’ECOSOC pour coordonner les actions des différentes parties prenantes. Sans des ressources suffisantes et fiables, les OMD ne peuvent être atteints, a-t-il dit. Pour mieux financer le développement, il est ainsi nécessaire, selon lui, de cultiver les ressources internes et d’obtenir une aide plus importante. Les ressources internes seraient améliorées avec une meilleure épargne interne, une meilleure fiscalité et une administration publique plus participative et transparente, a-t-il estimé.
L’aide publique au développement doit être encore accrue, a également dit le représentant. Selon lui, l’apport de ressources fiables pour le développement à long terme est lié au succès des négociations de Doha. Le représentant a également mis l’accent sur la question clef du développement rural. Les stratégies nationales de développement devraient être formulées et mises en œuvre avec un accent plus prononcé placé sur le développement rural. Autre préoccupation, celle de la santé. Trois des huit Objectifs du Millénaire pour le développement sont axés sur la santé, a-t-il précisé, ces questions exigeant des actions d’urgence. Selon lui, la science et la technologie devraient être utilisées pour parvenir au développement durable.
M. ASIM ARAR, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a estimé que les causes de la pauvreté ne pouvaient être éliminées sans changements structurels importants. Des investissements nécessaires doivent être faits afin de réduire la pauvreté et les écarts de revenus, assurer la parité des sexes et protéger les droits de l’homme et l’environnement. Si les gouvernements portent la responsabilité de leur propre développement durable et de la réussite des politiques nationales de lutte contre la pauvreté, des efforts concertés et des mesures concrètes prises à tous les niveaux de décision restent indispensables pour permettre aux pays en développement de réaliser les OMD, a estimé M. Arar. Il a par ailleurs plaidé pour une meilleure gouvernance et pour un respect du droit international, conditions selon lui d’une plus grande transparence dans la coopération entre donateurs et récipiendaires. M. Arar a encore estimé qu’il était urgent d’améliorer et de renforcer la coopération entre les politiques de développement et les activités des différents acteurs internationaux. L’inclusion permanente de la question du développement à l’agenda des principaux forums mondiaux, tels que le G-8, le G-20 et l’Organisation de coopération économique (OCDE), faciliterait ainsi une telle coopération.
M. SICHAN SIV (États-Unis) a estimé que nous avions une occasion unique de parvenir à une victoire historique sur la pauvreté absolue, à condition que nous changions notre façon de penser. Il a déclaré que la bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’affirmation d’un secteur privé fort étaient essentiels pour le développement. Il a rappelé que bien avant la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, le Président Bush s’était engagé à augmenter de 50% l’APD américaine d’ici 2006, un objectif atteint dès 2004 avec un total de 18 milliards de dollars consacrés à cette aide. Il a précisé que la part de l’APD américaine à destination de l’Afrique avait triplé durant la même période et que son pays s’était assuré que ces fonds aillent bien à ceux qui sont dans le besoin.
Par ailleurs, il a indiqué que son pays accorderait 644 millions de dollars supplémentaires aux secours d’urgence humanitaire en Afrique, un montant qui vient s’ajouter au 1,4 milliard déjà promis. Avec un montant de 15 milliards de dollars, les États-Unis sont le premier contributeur au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Nous avons également un grand nombre de programmes travaillant sur les questions de changements climatiques, phénomènes pour l’étude desquels nous avons engagés 5,8 milliards de dollars. Sur tout un éventail de questions écologiques, les États-Unis se sont affirmés comme un partenaire d’organisations civiles. Notre pays, a-t-il dit, accorde également une grande priorité à l’élimination de la violence contre les femmes. Leur habilitation par l’éducation et l’accès au crédit, a-t-il ajouté, déclenche un potentiel considérable en faveur du développement et de la démocratie.
Concernant la dette qu’il a qualifiée de déstabilisante, il s’est félicité de la décision prise en juin par le Groupe des 8 (G-8) d’annuler la dette des pays éligibles au processus PPTE. Une décision qui a abouti à l’annulation d’un montant total de 44 milliards de dettes dues par ces derniers à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement. Faisant référence aux récents propos du Président Bush, il a déclaré que la lutte contre la pauvreté exigeait un partenariat et non le paternalisme. Dans le souci de favoriser l’investissement privé, il a exhorté les pays en développement à créer un cadre macroéconomique fort et à clarifier le droit à la propriété.
Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNÁNDEZ (El Salvador) a indiqué que le Conseil économique et social devait être au centre du processus de réforme des Nations Unies, particulièrement en ce qui concerne l’examen des progrès effectués dans les objectifs de développement, y compris les OMD. Notant que ces derniers, bien qu’ils fournissent une base solide pour répondre aux besoins des plus démunis, ne constituent pas un programme de développement complet, elle a souhaité que l’examen des questions de développement tienne compte des besoins des pays en développement de revenu intermédiaire.
Par ailleurs, elle a mis de l’avant certains des progrès réalisés par son pays pour atteindre les OMD. Ainsi, elle a indiqué que des avancées sensibles avaient été faites pour réduire la pauvreté dès les années 90, particulièrement dans les zones urbaines ou malgré une forte urbanisation, la pauvreté avait reculée baissée. Toutefois, beaucoup reste à faire, a-t-elle ajouté, car 43% de la population vit dans une situation de pauvreté et une personne sur cinq dans la pauvreté extrême.
S’agissant de l’éducation, elle a mis de l’avant les progrès importants dans la fréquentation de l’école primaire, affirmant que El Salvador avait ainsi presque comblé le fossé qui le séparait de l’Amérique latine. Elle a cependant affirmé qu’un effort supplémentaire serait nécessaire pour parvenir à l’objectif d’une éducation primaire universelle d’ici 2015. Par ailleurs, elle a fait valoir les bons résultats en terme de santé, notant entre autres que la mortalité infantile et celle des enfants de moins de 5 ans, avaient respectivement diminué de 16% et 21%. En ce qui concerne la parité des sexes, elle a indiqué que son pays avait ratifié les conventions internationales pertinentes tout en développant une législation nationale correspondante. Le défi consiste maintenant à renforcer le cadre juridique dans ce domaine pour favoriser la réalisation des OMD. Enfin, elle a rappelé la volonté politique de son gouvernement de continuer ses efforts pour atteindre les objectifs de développement et a estimé que l’ONU devait continuer à jouer un rôle de catalyseur, particulièrement lors du Sommet de septembre.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a affirmé qu’il était important de renforcer le rôle de l’ECOSOC dans le domaine du soutien aux pays qui sortent de conflits. Le représentant a estimé qu’une réunion annuelle du Conseil économique et social au niveau ministériel était importante pour coordonner les travaux concernant les sujets économiques et sociaux, mais, a-t-il précisé, la période exige que l’on étudie aussi les moyens de mise en œuvre des décisions et des engagements pris. Le représentant a également estimé que la réforme de la Commission des droits de l’homme devait faire l’objet d’une vision unanime.
Il a également indiqué que son pays avait entrepris des actions ambitieuses pour réformer les secteurs sociaux et économiques, assurer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. L’Égypte, a-t-il dit, a pris des décisions majeures pour garantir que chaque citoyen jouit de ses droits essentiels. Mais, selon lui, on ne peut pas demander plus de démocratie et de liberté sur le plan national si la société internationale n’est pas plus démocratique. L’ECOSOC doit donc relever ce défi, a-t-il ajouté.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a insisté sur la responsabilité première qui incombe à chaque pays d’élaborer des stratégiques nationales de développement sur la base de ses ressources. Néanmoins il a reconnu l’importance fondamentale de l’aide publique apportée par la communauté internationale. Il a estimé que la réduction de la dette représentait le moyen le plus important de mobiliser des ressources aux fins du développement. En tant que membre du G-8, le représentant russe a appuyé la récente décision des ministres des finances du Groupe d’annuler la dette des 18 pays les plus pauvres pour un montant total de 44 milliards de dollars. L’élargissement du commerce mondial sur la base de critères plus équitables, a-t-il ajouté, constitue un moyen décisif d’augmenter les possibilités des pays en développement.
S’agissant de la situation de son pays, il a indiqué que le PNB par tête d’habitant avait augmenté au cours de ces quatre dernières années. Il a ajouté qu’une réforme du secteur social avait été lancée en vue d’une distribution plus équitable des services de ce secteur et qu’un nouveau code du travail avait été adopté dans le souci de mieux protéger les salariés. Enfin, il a assuré de la volonté de son pays de rester engagé à la protection de l’environnement, une détermination qui, a-t-il dit, s’est traduite récemment par la ratification du Protocole de Kyoto.
M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a relevé l’importance du Sommet de septembre afin d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développements, y compris les OMD, de manière élargie et plus équitable. Il a estimé qu’aucun pays ne pouvait bénéficier de développement quand sa sécurité était sapée et que les droits fondamentaux de sa population étaient violés. Il a ainsi appuyé le concept de nature interdépendante du développement, de la sécurité et des droits humains. Il a indiqué que l’éradication de la pauvreté et l’amélioration du niveau de vie constituaient les objectifs premiers de l’ordre du jour de développement de son pays. Il a expliqué qu’afin d’y parvenir un Programme national avait été mis en place ainsi qu’un examen du coût budgétaire de ces mesures. Il a déclaré que la croissance du secteur privé était indispensable pour le développement économique, citant les initiatives prises par son pays dans ce sens comme la création d’un Fonds de promotion de l’entreprenariat. Il a souligné l’attachement de son pays à la transparence financière, notant que l’Azerbaïdjan avait démontré sa capacité à dépenser les revenus de son pétrole de manière prudente. De plus, il a expliqué que par le biais du Programme « Transformer l’or noir en or humain », le Gouvernement avait augmenté son soutien au secteur de l’éducation, en apportant une expertise internationale pour renforcer l’éducation supérieure du pays notamment.
Par ailleurs, M. Aliyev a particulièrement insisté sur l’importance pour son pays d’améliorer la bonne gouvernance. Reconnaissant son rôle central dans la réduction de la pauvreté et le développement, il a expliqué que son pays avait formulé un OMD national supplémentaire sur le sujet de la bonne gouvernance afin, entre autres, de réformer le système global de l’administration publique, des lois et des politiques d’ici à 2015. Il a également mis de l’avant que le plus important problème pour son pays était de faire face à l’impact économique, social et environnemental de l’occupation de 20% du territoire par l’Arménie. Enfin, il a appuyé l’idée d’institutionnaliser le travail de l’ECOSOC mais s’est dit en désaccord avec une contribution restreinte aux pays émergeants de conflits et a souhaité que ceux en conflit puissent également bénéficier du rôle du Conseil.
M. TENS C. KAPOMA (Zambie) a affirmé que son pays constatait une évolution positive vers La réalisation des principaux Objectifs du Millénaire pour le développement. Le représentant s’est ainsi félicité de la décision prise par l’Union européenne et les institutions de Bretton Woods d’augmenter l’aide publique au développement et de l’annonce par les ministres des finances du G-8 d’annuler la totalité de la dette extérieure des pays les plus endettés. La Zambie, pays moins avancé, est bénéficiaire de tout cela, a-t-il dit, reconnaissant un changement d’attitude dans la coopération du développement. Il faut que ces mesures s’accompagnent de procédures simplifiées pour permettre l’accès aux ressources, a-t-il souligné. Le représentant a également indiqué qu’un plan de développement du secteur privé avait été mis en œuvre en Zambie afin de créer un environnement propice aux investissements et au commerce. Pour éviter que le pays ne dépende plus exclusivement du cuivre, principal produit d’exportation, un plan cadre de diversification économique a été établi. Le représentant a fait état d’une croissance positive depuis 1999, de 4,6% en moyenne par an. Le taux de change est demeuré stable, s’est-il également félicité. Il a précisé que le Gouvernement continuait de mettre en œuvre le Programme de privatisation.
Le représentant a néanmoins souligné que le niveau de pauvreté demeurait encore très élevé, puisqu’il frappait plus de 67% de la population, que la dette nationale était forte et que la pandémie du VIH/sida continuait de faire des ravages. Il a affirmé que la Zambie demandait à la communauté internationale d’augmenter le volume et la qualité de l’aide et de fournir une assistance technique à court terme. L’aide doit être axée sur les résultats et il devrait y avoir une responsabilité mutuelle dans les partenariats stratégiques, a-t-il souligné, préconisant davantage de coopération Sud-Sud afin de faciliter le développement, le transfert de technologies et le partage d’expériences.
M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a déclaré que nous nous trouvons en face de la plus grande inégalité que l’humanité n’ait jamais connue. Malgré les promesses, il semble évident que les OMD les plus modestes ne pourront être atteints. L’intervenant a estimé que l’ordre mondial s’appuyant sur des mesures néolibérales absurdes était de moins en moins supportable. Il s’est inquiété des conséquences de la consommation excessive des pays les plus riches sur la situation des pays les plus pauvres. Les pays en développement, a-t-il prévenu, ne peuvent plus supporter le poids de temps d’injustice, qui se traduit par une dette insupportable, un transfert net de ressources en faveur des pays riches, dont plus de 100 milliards de dollars au titre des tarifs douaniers pour que les produits des pays du sud arrivent sur les marchés des pays du nord.
Par ailleurs, il a dénoncé le manque de volonté des pays développés de réformer les systèmes monétaire, financier, et commercial. Une absence de volonté qu’il a définie comme en complète contradiction avec les milliards de dollars dépensés par ces pays en subventions agricoles, en armement et en publicités commerciales. Il a souhaité que le développement soit, une fois pour toute, placé au cœur des priorités des Nations Unies, sans être subordonné à d’autres questions. Il a demandé que les propositions de réforme des Nations Unies soient l’occasion d’encourager une véritable coopération internationale dans tous les domaines. Il a souhaité que l’on renforce les capacités de l’ECOSOC de traiter de toutes les questions économiques et sociales. Les droits de l’homme doivent continuer de faire partie intégrante de l’ordre du jour de l’ECOSOC, a-t-il ajouté en lançant un appel à un véritable système international garantissant tous les droits de l’homme, y compris le droit au développement. Les objectifs de développement ne pourront être atteints, a-t-il insisté, sans la volonté du nord de régler sa dette morale, historique et politique à l’égard des pays du sud.
L’ARCHEVÊQUE CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, saluant l’initiative du G-8 d’annuler la dette de 18 pays pauvres très endettés (PPTE), a rappelé que le Saint-Siège avait été un des partisans les plus ardents de ce type de mesures lors de ces dernières décennies. Il a toutefois noté que cet engagement devait encore se concrétiser. Il a de plus fait remarquer que les mesures financières internationales en faveur des pauvres du monde représentaient des sommes modestes par rapport aux considérables dépenses militaires du monde et aux subventions que les pays industrialisés fournissent pour certains secteurs de leur économie. Soulignant qu’il fallait lutter contre l’inégalité dans les pays et entre les pays, il a déclaré que la réduction de la dette n’était qu’un début. Ainsi, il a souhaité qu’elle s’étende aux 38 PPTE, ne soit pas mise en œuvre de manière à détourner des ressources financières d’autres programmes d’aide et qu’elle s’accompagne d’une augmentation considérable de l’APD.
Ces mesures doivent de plus s’accompagner par la création d’un système commercial international qui prenne en compte les pays endettés, a-t-il poursuivi, en notant la tenue de la Conférence ministérielle de l’OMC en décembre prochain à Hong Kong. Selon lui, les pays les plus industrialisés ne doivent pas hésiter à encourager les concessions et privilèges pour les pays extrêmement pauvres. Enfin, il a souligné le manque de financement pour la recherche scientifique de base et pour le développement des produits pharmaceutiques pour lutter contre les principales maladies tropicales. Il est inutile de s’attendre à un financement privé dans ce domaine puisque ces problèmes ne concerne pas les citoyens des pays qui possèdent des ressources, a-t-il regretté, en suggérant plutôt que les fonds soient publics et permettent la promotion des instituts de recherche mondiaux.
La représentante de l’Association des femmes du Pakistan a présenté le Plan d’action d’Islamabad adopté en mars dernier lors de la Conférence internationale sur la prise en compte du souci d’égalité entre les sexes et les Objectifs du Millénaire pour le développement, laquelle a réuni les représentants de 22 pays issus de toutes les régions. Cette conférence a été organisée pour marquer le centenaire de la fondatrice de l’Association des femmes du Pakistan, la Begum Raa’na Liaquat Ali Khan, a-t-elle précisé.
Les participants ont adopté un plan d’action très complet, a-t-elle ajouté, par lequel ils appellent la communauté internationale à tenir pleinement compte du souci d’égalité entre les sexes et les droits de l’homme dans les programmes internationaux et nationaux, dans le cadre de la campagne et de l’action mondiale menées pour donner suite à la Déclaration du Millénaire et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, à en faire un objectif prioritaire lors de l’élaboration des stratégies, de la formulation des politiques et des programmes économiques, sociaux et politiques, à adopter une approche macroéconomique des systèmes financiers et commerciaux, et à promouvoir l’établissement de partenariats entre les principales parties prenantes.
La représentante de l’Association des mères tunisiennes a présenté une déclaration adoptée par 200 participants de plus de 60 pays à l’issue du récent forum préparatoire de la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information qui se tiendra à Tunis en 2005. Elle a mis l’accent sur les opportunités qu’offrent les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour la promotion de la femme et l’accès des mères à l’emploi. Elle a souhaité l’affirmation d’une société de l’information et du savoir qui soit inclusive et accessible à tous. Dans le contexte du 60e anniversaire des Nations Unies et du suivi de la réalisation des OMD, elle a exhorté les gouvernements à encourager l’utilisation des TIC aux niveaux national, régional et internationale aux fins de la réalisation des objectifs de développement. Elle a souhaité des mesures visant à éradiquer la discrimination fondée sur le sexe et à promouvoir la formation des femmes pour leur assurer une égalité d’accès aux emplois dans le domaine des TIC.
Mme DURBAK, World Information Transfer, a indiqué qu’une population en bonne santé et productive constituait le meilleur atout de tout pays. Elle a donc apporté son soutien aux efforts pour promouvoir l’accès à l’eau salubre et pour réduire l’impact d’agents de pollution chimique sur la santé des populations. Elle a espéré que les délibérations de l’ECOSOC prendraient en considération l’importance de la santé en demandant aux gouvernements de mettre en œuvre les OMD relatifs à ce secteur en renforçant les infrastructures de santé publique; de rapporter plus rapidement les cas de maladies, notamment celles qui peuvent se transformer en pandémie; et d’accroître la connaissance publique de la santé afin de limiter potentiel de catastrophes générées par des maladies.
La Présidente de la Fondation Oasis Open City, a concentré son intervention sur la « Déclaration de Sintra » qui contient des engagements pour traduire dans les faits, au niveau local, Action 21 pour le développement durable. Cette déclaration est un exemple, a-t-elle dit, de l’importance d’une déclaration des Nations Unies publiée par la société civile à travers le travail d’une organisation non gouvernementale de l’ECOSOC. Action 21 Portugal constitue une nouvelle attitude envers le développement local, en tant qu’initiative collective respectant les objectifs et les buts de l’ECOSOC.
Table ronde avec les Présidents de la Commission de la condition de la femme, de la Commission du développement social et de la Commission de la population et du développement sur la contribution des examens décennaux au Sommet mondial de 2005
Dans ses remarques d’introduction, M. PATRIZIO CIVILI, Sous-Secrétaire général au Département des affaires économiques et sociales, a affirmé que les trois Commissions participant à cette table ronde avaient un rôle clef à jouer pour donner vie aux textes adoptés aux sommets mondiaux. Il a déclaré que l’approche de suivi concernant les OMD devait être conforme aux priorités du Programme de développement, tel que défini par les textes issus des conférences de ces Commissions, entre autres. Il a indiqué que le Conseil économique et social devait s’assurer que le message de fond issu de ces Commissions était suivi d’effet. Par ailleurs, il a souligné les responsabilités de son propre Département, chargé d’appuyer les Commissions et de promouvoir le suivi des conférences au niveau du Secrétariat. Selon lui, les leçons d’aujourd’hui seront utiles surtout en ce qui concerne la mission confiée à l’ECOSOC.
Mme CARMEN MARÍA GALLARDO HERNÁNDEZ, Présidente de la Commission de la condition de la femme, a entamé la table ronde en insistant sur la nécessité de promouvoir la coordination entre les différentes commissions présentes à cette table ronde. Elle a expliqué que la dernière session de la Commission de la condition de la femme avait permis de faire le point sur le Programme de Beijing ainsi que sur les résultats de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale. Elle a précisé que la mise en œuvre au niveau national avait fait l’objet d’un examen et d’une évaluation, avec la participation de la société civile, des ONG et des organismes des Nations Unies. Cette Commission a aussi mis l’accent sur l’importance des échanges de pratiques optimales, a-t-elle poursuivi, tout en recensant les nouveaux défis et problèmes dans le but de renforcer le rôle des mécanismes et des institutions chargés de promouvoir l’égalité entre les sexes. Par ailleurs, elle a indiqué qu’une déclaration finale avait réaffirmé les engagements de Beijing et les résultats de la 23è session extraordinaire de l’Assemblée générale. S’agissant de l’ECOSOC, elle a affirmé que la tenue de cette table ronde démontrait l’importance que le Conseil attachait à l’égalité entre les sexes, qui doit selon elle être considéré comme un thème transversal dans le document qui sortira de la réunion de septembre. L’ECOSOC a un rôle de
chef de file à jouer afin de donner un élan pour que cette question occupe une place centrale dans ce texte, a-t-elle conclu, en précisant que le développement ne pouvait être durable si on ne respectait pas tous les droits humains et les droits fondamentaux.
M. ERNESTO ARANIBAR QUIROGA, Président de la Commission du développement social, a déclaré que la Déclaration de Copenhague de 1995 présentait l’objectif d’éradication de la pauvreté comme un impératif éthique, social, politique et économique. Elle reconnaît que les politiques d’éradication de la pauvreté devaient à la fois permettre la multiplication des chances, faciliter l’accès aux ressources, et réduire les inégalités en matière de partage des richesses. Or, aujourd’hui, l’emploi et l’intégration sociale ont été découplés des politiques économiques et sociales. Il a été également reconnu à Copenhague qu’il fallait s’attaquer plus efficacement aux défis de la mondialisation et réduire les effets négatifs générés par les relations commerciales qui ont tendance à marginaliser des pans entiers des populations et à creuser les écarts entre revenus.
Le problème de la dette extérieure a par ailleurs été identifié comme un frein important à l’effort de développement. Les propositions alternatives en matière de financement du développement consistaient alors, outre la demande faite d’accroître l’aide publique au développement, en la création d’une taxe internationale sur les transactions. M. Quiroga a, à ce propos, salué les avancées récentes dans le domaine de l’annulation de la dette initiées par les Ministres des finances du G8. Il a toutefois souhaité que ce progrès soit inclus dans un effort plus large visant à mobiliser de façon plus efficace de nouvelles ressources de financement afin d’aider rapidement les pays en développement à sortir du piège de la faim, des maladies et de la stagnation économique.
A Copenhague, les Gouvernements avaient aussi souligné que les Nations Unies devaient continuer à appuyer les initiatives régionales et sous-régionales de développement économique et social. Les chefs d’État avaient par ailleurs établi un lien clair entre pauvreté, chômage et désintégration sociale. On a depuis établi un autre lien, celui entre l’inégalité sociale et l’impact négatif que cette inégalité peut avoir sur la croissance économique et, partant, sur la stabilité. M. Quiroga a estimé qu’en dépit des progrès réalisés, beaucoup restait à faire pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. En ce sens, une coopération accrue entre toutes les parties prenantes à l’effort de développement est nécessaire, et ce, en tenant compte des causes structurelles de la pauvreté et des liens entre création d’emplois et intégration sociale. Un effort plus grand doit également être engagé afin de renforcer la coalition des institutions multilatérales.
M. CRISPIN GREY-JOHNSON, Président de la Commission de la population et du développement, a déclaré que la question du développement était au cœur des discussions et des travaux de la Commission. Pour toutes les sociétés, a-t-il dit, les événements agissant sur l’évolution de la population sont mus par les évolutions sociales, économiques, politiques et environnementales. Agir sur ces évolutions est essentiel pour le développement durable, pour notre bien-être et pour la prospérité des sociétés.
Dans ce cadre, un des accomplissements du Programme d’action de 1999 a été d’identifier précisément les problèmes liés à la population. Le Programme inclut ainsi des recommandations concernant les jeunes et les personnes âgées, les femmes et les hommes, les filles et les garçons, les familles, les groupes urbains et ruraux, les peuples autochtones et les personnes handicapées. Il considère la population dans ses interactions avec l’environnement et il met l’accent sur les besoins des plus pauvres et le type d’actions à mettre en place pour éradiquer la pauvreté.
Le Programme d’action présente des thèmes qui sont aujourd’hui débattus au plan international, en particulier les flux migratoires internationaux, le vieillissement de la population et la pandémie de VIH/sida. Il propose en outre des moyens à mettre en œuvre pour solutionner les problèmes identifiés, notamment en prônant l’égalité de sexes et l’accès universel au savoir. L’examen de l’application du Programme, en 2004, avait mis en lumière les progrès accomplis. Cependant, il pointait aussi le fait que ces progrès s’étaient accompagnés de l’augmentation des inégalités au sein des populations. Ainsi, l’explosion démographique dans les pays en développement, l’intensification de la pandémie de VIH/sida et la persistance d’autres maladies infectieuses telles que le paludisme et la tuberculose, ont eu pour corollaire une augmentation du taux de mortalité, en particulier dans les pays de l’Afrique sub-saharienne où l’espérance de vie ne dépasse pas 50 ans.
Au terme de l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action, la résolution 2004/2 vint non seulement réaffirmer la Déclaration du Millénaire mais également souligner que le Plan d’action et les actions clés qu’il promeut représentent une contribution essentielle à la réalisation des objectifs de développement convenus à l’échelle internationale.
Apportant ses commentaires, le représentant du Royaume Uni a émis le souhait que soit mis rapidement en place des mécanismes de suivi des normes établies par le système des Nations Unies. Il est à présent crucial de passer des déclarations aux actes. À ce stade, les Commissions techniques de l’ECOSOC doivent travailler en étroite collaboration afin d’évaluer au plus près les progrès réalisés pays par pays. Elles doivent jouer un rôle de catalyseur de l’effort de développement, a renchéri la représentante du Canada avant que la représentante de l’Organisation non gouvernementale Inter-rights ne regrette que depuis la Conférence de Copenhague, la question des personnes handicapées soit passée au second rang des préoccupations. Les OMD eux-mêmes ne se réfèrent que très peu à cette minorité qui, en 10 ans, n’a cessé de croître. Le retour de la polio, une maladie qu’on croyait disparue, est insuffisamment pris en compte dans les discussions sur les OMD, a-t-elle encore regretté.
Suite des déclarations
M. ARMEN MARTIROSYAN (Arménie) a affirmé que les questions de développement devaient occuper une place de choix lors du Sommet de septembre. Il a noté que les OMD n’étaient qu’une partie d’un programme de développement plus ambitieux mais qu’ils représentaient déjà un défi notamment pour les pays en transitions. Il a estimé que les OMD pouvaient être réalisés avec une volonté politique forte et en agissant dans l’esprit d’une responsabilité partagée pour des actions concertées et ciblées. Il a insisté sur l’importance du financement du développement, en soulignant particulièrement la nécessité de parvenir au seuil de 0,7% du PNB pour l’APD, ainsi que sur le rôle du commerce comme moteur de la croissance, soutenant à cet égard la conclusion, dans les temps impartis, du Cycle de Doha.
Par ailleurs, le représentant a mis en avant les défis auxquels font face les pays qui ont des besoins spécifiques, tels que PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. Il a appelé à la pleine mise en œuvre des engagements souscrits à Bruxelles, à Almaty et à Maurice. Estimant que l’aide était plus efficace si elle était fournie à des pays ayant des politiques et des institutions sûres, il a fait valoir que le Programme stratégique de réduction de la pauvreté de son pays, basé sur une approche intégrée de la pauvreté, incluait les problèmes de santé, d’éducation et d’environnement. En ce qui concerne la réalisation des OMD, il a expliqué que l’Arménie avait un taux d’alphabétisation quasi universel, sans disparités entre les sexes, et avait fait des progrès dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Enfin, il a souligné le rôle de la coopération régionale, notamment dans sa contribution possible aux situations de post-conflit et dans l’échange de bonnes pratiques.
M. FREDERICO S. DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a mis l’accent sur la nécessité de renouveler les efforts et la volonté politique pour mener à bien le Cycle de négociations de Doha, d’ici à 2006 au plus tard. Dans l’esprit du Consensus de Monterrey, il a indiqué que son pays venait d’approuver des décisions relatives à l’allègement de la dette de quelques pays pauvres. Le représentant a en outre plaidé en faveur d’un renforcement des capacités des pays en développement et de la facilitation de leur accès aux marchés mondiaux. Il a aussi jugé important d’assurer aux pays en développement une juste reconnaissance de leurs ressources naturelles et de leur savoir traditionnel. Selon lui, la coopération Sud-Sud doit jouer un rôle accru et complémentaire pour assurer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, au niveau mondial. Il faut faire en sorte que les conclusions des autres conférences dans les domaines économiques et sociaux soient dûment intégrées aux résultats du Sommet de septembre, a-t-il ajouté, en se prononçant pour le renforcement du rôle et de la contribution de la société civile à la réalisation des objectifs de développement.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a indiqué que son pays avait fait des progrès considérables entre autres en matière notamment de croissance démographique, d’autosuffisance alimentaire ou de capacité de gestion des catastrophes. Il a affirmé que ceci a été rendu possible grâce à une série de politiques ciblées et pragmatiques. De plus, il a expliqué que la réduction de la pauvreté était l’objectif stratégique premier du gouvernement, précisant que de 1991 à 2000 celle-ci avait reculé de 9%, un record dépassant la plupart des pays en développement. Toutefois, beaucoup reste à faire, a-t-il déclaré, et le Bangladesh aura besoin d’un soutien externe de 6,3 milliards de dollars chaque année entre 2005 et 2015 pour atteindre les OMD.
Outre la nécessité d’une bonne gouvernance aux niveaux national et international et du respect des engagements en matière d’APD, il a insisté sur le besoin d’établir un régime commercial international ouvert, réglementé et équitable, avec un plus grand accès pour les produits des pays en développement, et ceci afin d’atteindre les objectifs convenus internationalement. Il a aussi demandé que les pays développés rendent accessibles aux pays en développement la connaissance, l’information et les technologies, incluant les produits pharmaceutiques qui peuvent sauver des vies. Enfin, il a particulièrement insisté sur les pays les moins avancés (PMA) affirmant que pour faire face à leurs besoins spécifiques, il faudrait une totale et efficace mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, qui est basé sur des engagements mutuels et contient 30 objectifs de développement. Il a aussi demandé que l’APD en faveur des PMA soit de 0,15 à 0,20% du PNB des pays développés, que tous leurs produits aient un accès sans quota et sans taxes aux marchés et que leur dette officielle soit annulée. Notant le rôle du système des Nations Unies dans la concrétisation des résultats des grandes conférences internationales, il a appelé les pays à respecter leurs engagements et à combiner leurs efforts pour parvenir aux objectifs concertés de paix, de sécurité, de développement et d’harmonie.
M. MARVELLO SPATAFORA (Italie) a rappelé l’engagement de son pays de fournir une aide au développement par le biais de différentes voies. Il a rappelé que son pays s’est engagé à atteindre un niveau d’APD équivalent à 0,7% de son PNB d’ici à 2015. En matière de viabilité de la dette, a-t-il ajouté, l’Italie a annulé 2,7 milliards de dette et prévoit d’en annuler encore 4,4 milliards. L’attention apportée à la question des ressources, a-t-il prévenu, ne devrait pas nous détourner des principes fondamentaux de Monterrey, où l’accent a été mis sur la nécessité pour les pays en développement de faire face à leur responsabilité en créant un environnement national favorable au développement. Notant que l’agriculture était souvent la principale source de revenu des pays en développement, il a insisté sur la nécessité de soutenir le développement agricole. Il a précisé que l’Italie accordait plus de 40% de son aide à la coopération à l’Afrique subsaharienne, ce qui s’est traduit notamment par des dons de 100 millions d’euros à la FAO, 36 millions au FIDA et 40 millions au PAM. Il a précisé que la stratégie italienne en matière de santé se fondait sur trois piliers: les systèmes nationaux de santé; les systèmes de santé locaux dans le cadre des initiatives décentralisées; et la coordination internationale sous forme de réseau dans le cadre de l’OMS. Il a présenté les engagements d’achat à l’avance comme un mécanisme puissant pour encourager la recherche sur des vaccins contre des maladies contagieuses.
L’intervenant a appuyé la mise en place d’une gouvernance internationale plus stricte en matière d’environnement en suggérant la création d’une agence internationale de protection de l’environnement. Il a souhaité que l’ECOSOC puisse développer son plein potentiel en se félicitant des liens mis en place avec les institutions de Bretton Woods, de l’OMC et de la CNUCED. Enfin, il a estimé que la contribution de l’ECOSOC ne dépend pas du nombre de réunions que nous serons en mesure d’organiser, mais de la capacité de ce dernier d’exercer son rôle de coordination au sein des Nations Unies avec les autres parties prenantes du développement économique et social.
M. CHEM WIDHYA (Cambodge) a expliqué que son gouvernement avait mis en place une stratégie de croissance, d’emploi et de promotion de la bonne gouvernance. Cette stratégie a pour but affiché de réaliser les conditions d’un développement durable dans lequel l’investissement public donnerait la priorité à l’éducation, à la santé et à la création d’infrastructures. Dans ce cadre, la croissance nationale a été révisée à la hausse cette année. D’une moyenne comprise entre 1,5 et 2%, elle est passée à un taux situé entre 4, 5 et 6%. Il a principalement attribué cette situation au fait que l’industrie textile cambodgienne a su rester performante malgré l’abolition du système des quotas nécessaire à une accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais comme de nombreux pays en développement, le Cambodge fait toujours face à la pauvreté tout en s’efforçant de stimuler sa croissance. Après une douzaine d’années de croissance forte, la pauvreté n’a pas diminué de façon significative, baissant seulement de 39 à 36% entre 1994 et 1999. À ce rythme, le taux de pauvreté risque de stagner à 28% à l’horizon 2015, a prévu M. Widhya.
Le Cambodge, a-t-il poursuivi, estime que la solution aux problèmes de développement réside dans l’établissement de partenariats entre pays développés et en développement, ces partenariats devant être soutenus par le principe de responsabilité partagée. Les pays les moins avancés (PMA) ont clairement besoin de davantage d’aide et d’assistance de la part des pays industriels, et ce afin de se doter des moyens de vaincre définitivement la pauvreté. À cette fin, a lancé le représentant, le rôle crucial des gouvernements ne saurait être joué par le secteur privé. C’est pourquoi, le Cambodge se joint aux États Membres pour demander aux pays qui ne l’ont pas encore fait de réaliser rapidement l’objectif visant à consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD).
M. NIRUPAM SEN (Inde) a regretté que des objectifs importants comme l’emploi n’aient pas été pas inclus aux OMD. Soulignant la grande contribution potentielle des TIC à la réalisation des OMD, il a notamment cité à titre d’illustration l’utilisation par son pays de satellites et de la télédétection permettent de trouver des sources d’eau potable. Il a souhaité le renforcement du système des Nations Unies aux fins de la coordination des efforts de développement. Il faut renforcer la participation des pays en développement au processus décisionnel des institutions financières internationales, a-t-il insisté. Tout en soulignant le rôle de l’État et de l’investissement public dans la promotion du développement, il a souhaité que cet effort ne se limite pas à fournir un cadre macroéconomique favorable au développement d’un secteur privé mais aussi un cadre social posant des services de base efficaces et permettant d’améliorer la qualité de vie. Une réforme de la politique agricole des pays développés est essentielle pour mettre un terme aux conséquences néfastes sur les économies des pays en développement des subventions agricoles des pays du Nord, a-t-il déclaré. L’intervenant a demandé le démantèlement des barrières commerciales et autres freins au développement des pays en développement érigés par les nations industrialisées. Il a conclu que la question centrale restait celle de la volonté politique. C’est pourquoi, il s’est dit favorable à toute réforme qui viendrait renforcer les capacités de coordination et de suivi de l’ECOSOC.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a salué la récente initiative des pays membres de l’Union européenne de fixer un échéancier pour remplir leurs engagements en matière d’APD à des horizons qui cadrent avec ceux fixés pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. La décision des pays membres du G-8 de procéder à l’annulation de l’encours de la dette multilatérale des pays les plus pauvres est également une action qu’il nous appartient à tous d’encourager, a-t-il ajouté. L’intervenant, soulignant que les problèmes de développement constituent de véritables défis auxquels il faut faire face dans l’urgence et au-delà des divergences politiques et techniques, a appelé à la définition d’une nouvelle solidarité internationale s’appuyant sur une coopération rénovée. Aussi, a-t-il dit, devrions-nous approfondir la réflexion pour, à la fois bâtir les indispensables consensus politiques et conjuguer nos efforts afin que les engagements que la communauté internationale a librement contractés à cet effet, ne demeurent pas lettre morte tant ils conditionnent fortement le devenir et le bien-être de millions de personnes à travers la planète.
M. HAMAD HAREB AL-HABSI (Émirats arabes unis) s’est déclaré convaincu que le succès de la mise en œuvre des objectifs de développement reposait sur des partenariats coordonnés au niveau international garantissant que pays développés et en développement remplissent leurs obligations conformément aux engagements pris sous l’égide des grandes conférences des Nations Unies sur le développement. Le représentant a expliqué le retard pris en la matière par, justement, le manque de respect des obligations des principales parties prenantes à ces grandes conférences, en particulier celles consacrées au financement du développement et à la création d’un environnement propice au développement. Nous exhortons les pays en développement à opter pour des politiques économiques qui encouragent le travail et la productivité et à établir un environnement favorable aux investissements étrangers et soutenu par un secteur privé renforcé. Ces pays doivent être aidés à cette fin par la communauté des donateurs qui, leur a-t-il rappelé, se sont engagés à verser 0,7% de leur PIB au développement. Il est également indispensable que, dans ce contexte, des accords soient trouvés visant à résoudre par des moyens pacifiques les conflits armés qui sapent l’effort de développement.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a d’abord souligné l’importance pour les pays en développement d’assumer la responsabilité première de leur développement et d’intégrer les OMD dans des stratégies « pragmatiques, ciblées et séquencées ». En matière de développement, il n’y a pas de solution unique, a insisté le représentant, en encourageant les États concernés à trouver leur propre rythme, tout en s’inspirant de l’expérience des autres. Insistant, le représentant a appelé la communauté internationale à préserver à ces pays « une marge de manœuvre ». Le représentant a ensuite appuyé les efforts visant à augmenter l’APD, à alléger la dette, à trouver de nouvelles sources de financement et à instaurer un système commercial international plus équitable.
Il a appelé à une participation accrue des pays en développement dans les processus internationaux de prises de décisions économiques, à l’établissement d’un certain équilibre systémique et à la cohérence des politiques des institutions internationales financières et commerciales. En un mot, s’est-il résumé, la communauté internationale doit faire « plus, mieux et vite », pour aider les pays en développement à réaliser les OMD. Le représentant a poursuivi en conseillant de gouvernements de réserver à la société civile et au secteur privé un rôle dans la réalisation des OMD. Il a ensuite souligné la nécessité pour l’ONU de jouer un rôle de chef de file dans la réalisation des objectifs de développement convenus à l’échelle internationale. Il a conclu en expliquant la manière dont son pays s’attaque à la réalisation des OMD.
M. ALEG IVANOU (Bélarus) a affirmé qu’au rythme actuel de progrès, il faudrait cent ans pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, alors qu’il n’en reste plus que dix. Les pays d’Europe orientale et de la Communauté des États indépendants (CEI) sont en mesure de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, mais diverses difficultés subsistent néanmoins. Le Bélarus appelle à une participation plus importante des organes des Nations Unies pour aider certains de ces États, a-t-il déclaré. Par ailleurs, constatant le consensus qui se dégageait sur le renforcement du Conseil économique et social, le représentant a assuré que son pays était disposé à apporter sa contribution à cette réforme.
M. GIANCARLO SOLER (Panama) s’est dit convaincu que le riche débat de ces derniers jours constituerait une contribution importante au Sommet de septembre. Il a également fait part de la détermination de son pays à atteindre les objectifs de développement, y compris les OMD. Reconnaissant que la responsabilité du développement incombe en premier lieu aux gouvernements, il a affirmé que Panama ne se limitait pas aux OMD et souhaitait mettre en œuvre des objectifs adaptés à ses besoins et à sa réalité nationale. C’est dans cette perspective que nous avons lancé un plan national pour combattre la pauvreté et le chômage, et réussir l’intégration des groupes exclus, avec une économie ouverte ayant la capacité de générer des emplois et d’améliorer la distribution des revenus.
S’agissant de la bonne gouvernance, il a souligné que son pays avait abrogé des lois qui limitaient la libre expression et s’était attaqué à la corruption. Nous espérons ratifier la Convention des Nations Unies contre la corruption avant le Sommet de septembre, a-t-il précisé. Il a expliqué que bien que Panama soit un pays à revenu intermédiaire, la pauvreté en milieu rural était de 59%, et près de 95% dans les zones des populations autochtones, et que le pays s’employait donc à affronter ce problème, notamment par la mise en place d’un système de protection sociale pour les familles très pauvres. Par ailleurs, il a souligné quelques éléments clefs qui, à son sens, sont essentiels pour créer un environnement international favorable au développement. Ainsi, il a affirmé que les pays développés devaient respecter leurs engagements en ce qui concerne l’APD et a rappelé que les pays à revenu intermédiaire ont toujours besoin de coopération financière et technique. Il a aussi souhaité une nouvelle définition de ce qui constitue un niveau de dette soutenable, une conclusion du Cycle de Doha favorable au développement et une meilleure participation des pays en développement aux décisions financières et monétaires qui affectent leur développement national. Enfin, il a insisté sur la nécessité de trouver des moyens pour préserver l’environnement, particulièrement face au grave danger que sont les changements climatiques et la destruction de la biodiversité.
M. KAZUO SUNAGO (Japon) a souligné le rôle important de la croissance économique dans la lutte contre la pauvreté. Il a jugé absolument nécessaire de mobiliser des ressources à partir de toutes les sources que ce soit l’APD, le commerce et les investissements ou les capitaux privés. Il est tout aussi crucial, a-t-il ajouté, d’assurer l’équilibre entre le développement urbain et rural. Dans ce contexte, il a rappelé l’engagement de son Gouvernement à réaliser l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD. En outre, a-t-il assuré, le Japon s’engage à doubler son APD à l’Afrique dans les trois prochaines années.
Le représentant a poursuivi en qualifiant de principes essentiels du développement les concepts de partenariat et d’appropriation. Il a affirmé que cette philosophie sous-tend la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique qui est convoquée régulièrement depuis 1993; la quatrième devant se tenir en 2008. S’attardant sur le partenariat, il a estimé que la coopération Sud-Sud peut contribuer substantiellement à la réalisation des OMD par la faculté qu’elle a de renforcer les capacités et de faciliter le commerce entre pays en développement. Il a rappelé les initiatives de son pays consistant à créer une organisation de volontaires asiatiques et africains ou encore à encourager la création de réseaux d’affaires entre les deux continents.
Le représentant a aussi abordé la menace que représentent le VIH/sida et les autres maladies infectieuses, en rappelant l’annonce de son Premier Ministre de consacrer, au cours des cinq prochaines années, une somme de 5 milliards de dollars à la réalisation des OMD en matière de santé. Il a aussi rappelé que l’APD de son pays vise particulièrement les programmes liés au changement climatique et à l’émancipation de la femme. Le représentant a conclu sur la question de la réforme du Conseil économique et social, en appuyant les recommandations du Secrétaire général.
M. FUAD AL-HINAI (Oman) a estimé que le succès du Sommet de septembre dépendrait de l’accord sur son document final et des progrès réalisés pour les OMD et qu’à cet égard, les délibérations de ce segment de haut niveau serviraient ce but. Il a indiqué qu’Oman s’était employé à éradiquer la pauvreté et la faim bien avant la Déclaration du Millénaire. Ainsi, il a expliqué que le taux d’alphabétisation avait augmenté et que la scolarisation à l’école primaire était de 97,6% en 2003, sans différence entre les sexes. Il a fait observer que ces deux OMD seraient atteints en 2015. Il a aussi mis en avant les avancées juridiques de son pays afin d’assurer des chances égales aux citoyens, particulièrement les femmes. De plus, il a fait valoir que les indicateurs de santé s’étaient améliorés et que l’OMD relatif à la réduction de deux tiers de la mortalité infantile était déjà atteint. Nous avons aussi connu des succès dans les programmes de vaccinations, dans la réduction de la mortalité maternelle, dans la lutte contre le paludisme et le VIH/sida, a-t-il dit en indiquant que les cas de séropositivité ont diminué de 6,1% par an depuis 1996. Enfin, le représentant a souhaité qu’aucun effort ne soit épargné pour aboutir à des résultats concrets dans les domaines du développement et à une réforme des Nations Unies qui satisfera tous les Membres de l’Organisation. Il a conclu en affirmant que son pays était prêt à contribuer au succès du Sommet de septembre.
M. HARTWIG DE HAEN, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), qui s’exprimait également au nom du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM), a affirmé que même si des progrès avaient été réalisés, l’objectif du Millénaire pour le développement de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim ne pourra vraisemblablement pas être atteint sans une mobilisation de ressources supplémentaires. Le fait que plus de 30 pays comptant en tout plus de deux milliards d’habitants aient pu réduire de 25% la prévalence de la famine dans les années 90 incite à l’optimisme, a-t-il néanmoins estimé. Selon la FAO, il faudrait 25 milliards de dollars de ressources supplémentaires par an pour réduire d’ici à 2015 le nombre de personnes victimes de la malnutrition. Pour atteindre cet objectif, il convient en effet de reconnaître que la seule réduction de la pauvreté ne résoudra pas le problème de la faim. Des ressources supplémentaires sont nécessaires, de tous les côtés, de la part des donateurs, des pays en développement, des institutions financières internationales et du secteur privé, a-t-il assuré.
M. WINSTON COX, Secrétaire général adjoint du Secrétariat du Commonwealth, s’est particulièrement inquiété de la situation de l’Afrique sub-saharienne, qui est la seule région du monde où la malnutrition des enfants s’est aggravée et où le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue a augmenté pour passer de 164 à 313 millions entre 1981 et 2002. S’il a exhorté les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD et de réduction de la dette, il a également insisté sur la responsabilité des pays en développement d’améliorer la bonne gouvernance et d’engager des politiques sociales visant l’élimination de la pauvreté et des inégalités entre les sexes. S’agissant des iniquités du système commercial international, il a précisé que les chefs d’État du Commonwealth avaient appelé il y a longtemps déjà, à la suppression de toutes les formes d’aide à l’exportation et à la réduction substantielle des subventions qui déstabilisent les marchés mondiaux, en limitant les opportunités des pays en développement. En outre, il a mis l’accent sur les besoins spécifiques des petits États insulaires en développement, dont les performances économiques n’ont cessé de décliner ces cinq dernières années. Il est important, a-t-il conclu, que les problèmes particuliers de cette catégorie de pays soient pris en compte dans les négociations relatives au Cycle commercial de Doha. Ils doivent aussi être pris en compte dans les négociations de l’Union européenne sur les accords de partenariats économiques; le but étant d’octroyer une aide compensant les coûts liés à la libéralisation du commerce international.
M. ROBERT BARNES, Vice-Président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFCR), s’est inquiété que des programmes soient encore annoncés par les gouvernements sans une participation des populations qui doivent en bénéficier. Il a déclaré que la réalisation des OMD dépendra de la capacité des pays développés de comprendre les besoins des pays en développement. Il faut plus que de simples adaptations législatives pour atteindre les objectifs en matière d’eau, d’assainissement et de logements, mais de véritables projets de communautés. Il a souhaité que l’on tienne le plus grand compte du rôle potentiel des volontaires dans le cadre de la prévention des catastrophes. Il a estimé indispensable de créer un tissu social fondé sur le droit dans le souci de promouvoir des sociétés pacifiques. Il a indiqué que la prochaine assemblée générale de l’IFCR, qui se tiendra à Séoul en novembre 2005, sera l’occasion de revoir la stratégie 2010 et du futur de la Fédération.
Rappelant qu’une personne sur 35 est un migrant, soit quelque 2,9% de la population mondiale, M. LUCA DALL’OGLIO, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a indiqué que le sujet des migrations avait retenu une attention considérable dans les domaines de la coopération internationale pour le développement. Il a affirmé qu’il était urgent de cibler et de consolider les efforts de tous les acteurs pour préparer le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement qui aura lieu aux Nations Unies en 2006. Il a expliqué que l’OIM s’attachait à initier et mettre à jour une stratégie pour le développement et les migrations qui offre une importante valeur ajoutée pour les pays d’origine et d’arrivée. Il a indiqué qu’en dépit de l’évidente contribution positive des migrants dans la réalisation des OMD, les migrations ne figurent pas dans le cadre d’origine des OMD. Il a ainsi mis en lumière les liens entre ces OMD et les migrations, notamment par le biais de l’expertise de la diaspora ou des envois de fonds des migrants. Soulignant la coopération de l’OIM avec les organisations économiques régionales et sous-régionales, il s’est réjoui des mesures déjà prises en Afrique pour intégrer la question des migrations dans les politiques de développement. Par ailleurs, il a espéré voir, cette année, des efforts pour intégrer les migrations et le développement dans les stratégies nationales de réduction de la pauvreté, estimant que ces questions devaient être examinées dans un cadre interministériel. Enfin, il a demandé que la communauté internationale élabore des stratégies de gestion des migrations afin de répondre à leurs nombreux impacts sur la réalisation des objectifs de développement.
Mme SUE MAINKA, Union internationale pour la protection de l’environnement et des ressources naturelles, a rappelé l’importance du développement durable pour la réalisation des OMD. Elle s’est félicitée de l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution insistant sur l’importance des conclusions du Sommet mondial sur le développement durable qui s’est tenu à Johannesburg en septembre 2002. Soulignant l’importance des ressources naturelles, elle a indiqué qu’un milliard d’asiatiques comptaient sur le poisson comme source principale de protéine. Le secteur emploie 200 millions de personnes mais 14 des 17 pêcheries mondiales sont en régression aujourd’hui, avec toutes les conséquences que cela fait peser sur la sécurité alimentaire et les revenus des ménages. Par ailleurs, l’intervenante a cité une étude démontrant que des investissements dans la préservation de l’eau et des sols à hauteur de 36 milliards permettraient d’éviter des pertes agricoles estimées à 53 milliards. Elle a également mentionné des statistiques démontrant que la suppression de 10% des subventions déstabilisantes contribuerait à réduire la dégradation de l’environnement et libérer plus de ressources que ne fournit l’ensemble de l’APD mondiale.
M. ALI MCHUMO, Directeur du Fonds commun pour les produits de base, a identifié plusieurs problèmes fondamentaux en matière de produits de base à résoudre si l’on veut réaliser les OMD. Les prix des produits de base demeurent trop instables et l’accès au marché des pays développés est trop restreint, a-t-il dit, appelant notamment à l’élimination des tarifs douaniers et des subventions. Il est indispensable également de diversifier et d’orienter les productions. Le Fonds commun pour les produits de base appuie de façon durable les pays en développement qui dépendent des produits de base, a-t-il souligné, précisant qu’il pourrait les aider davantage si ses ressources augmentaient considérablement.
M. SYED SHAHID HUSSAIN, Organisation de la Conférence islamique (OCI), a soutenu l’idée selon laquelle la responsabilité du développement incombe d’abord aux gouvernements nationaux mais a affirmé que des facteurs externes pouvaient affecter les programmes et politiques de développement. En ce qui concerne la bonne gouvernance, il a affirmé que celle-ci demandait de la patience et de la compréhension ainsi que des niveaux plus élevés de soutien de la part des pays développés partenaires. Il a espéré que l’initiative du G-8 d’annuler la dette de 18 PPTE serait exécutée de manière à encourager le développement durable dans ces pays. Cette mesure doit être suivie d’une aide technique et financière afin de cultiver des pratiques économiques et sociables durables, plutôt que de les perdre en raison d’un manque continu de ressources. Il a souhaité que l’esprit de construction qui avait présidé à la formulation des OMD, il y a cinq ans, soit ravivé dans l’intensification des efforts pour parvenir à ces objectifs.
Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré qu’il n’y avait aucune chance de réaliser les OMD sans accorder une attention particulière à la santé et notamment à la santé reproductive. Elle a souhaité que l’on ajoute à l’objectif 5 des OMD l’objectif d’un accès universel à la santé reproductive d’ici 2015. Elle s’est inquiétée des conséquences de l’exode rural sur les villes dans lesquelles les ressources humaines qualifiées dans le domaine de la santé restent insuffisantes. Elle a souligné l’opportunité que représente pour la croissance des pays en développement la présence d’une grande proportion de jeunes à condition que l’on investisse de manière concertée dans l’éducation, la santé et la formation. En outre, elle a insisté sur l’importance d’intensifier les efforts pour lutter contre le VIH/sida dans les pays les plus pauvres. Les défis auxquels nous faisons face en matière de lutte contre la pauvreté, les maladies et la discrimination exigent une réponse mieux coordonnée et plus efficace
M. ARTHUR LEVIN, Coordonnateur en chef des relations extérieures et des communications de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a mis l’accent sur le rôle des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le développement. La Déclaration politique et le Plan d’action adoptés à Genève lors du dernier Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) soulignent en effet l’importance que revêtent les TIC pour atteindre les OMD, a-t-il expliqué. Le sommet a reconnu l’importance des financements pour combler le fossé numérique, préconisant notamment la création d’une équipe spéciale. L’UIT estime qu’avec un milliard de dollars, tous les villages pourraient être connectés dans le monde, a-t-il affirmé. Il a invité les membres de l’ECOSOC à participer à la deuxième étape du SMSI en novembre.
Mme JOAN KIRBY, de l’ONG Temple of Understanding, a présenté le rapport sur la 57e Conférence annuelle DPI-NGO, qui s’est tenue en 2004. Elle a indiqué que cette conférence s’était grandement concentrée sur les questions de partenariats, domaine qui a influencé les activités des ONG cette année. Elle a expliqué que cette conférence avait révélé que les OMD n’étaient pas suffisamment appuyés par les États Membres et, de plus, n’étaient pas bien compris en dehors du système des Nations Unies. Elle a indiqué que les organisateurs avaient mis en place des séances plénières et des ateliers pour mobiliser tous les efforts afin de garantir la réalisation de ces objectifs d’ici à 2015. Elle a affirmé que neuf mois après cette conférence, la sensibilisation au sujet des OMD avait été grandement améliorée et que les ONG avaient pleinement respecté leur engagement à long terme envers les OMD.
Mme ENCARNA DEL AMOR, Fondation pour la promotion sociale de la culture, a présenté les initiatives de cette organisation basées sur la promotion de l’identité culturelle des groupes sociaux. Des activités qui se concentrent notamment sur le développement rural, le renforcement des capacités et la promotion de la paix. Elle a précisé que 130 projets avaient été mis en œuvre avec la collaboration de 31 organisations pour un montant total de plus de 50 millions d’euros. Elle a mis l’accent sur des projets visant à la promotion du dialogue euro-méditerranéen en précisant que 44 organisations du secteur privé des deux rives faisaient aujourd’hui partie du réseau euro-arabe ainsi développé.
Mme MARIA MALAMAN, de la coalition sud-américaine baptisée « Legiao da Boa Vontade », a insisté sur les efforts de la société civile sud-américaine pour accompagner la mise en œuvre des OMD. Elle a présenté les contributions de 234 ONG représentant deux pays et 33 villes qui ont durant les mois de mars et avril mis en commun leurs contributions dans trois villes du Brésil et à Buenos Aires en Argentine. Ces contributions ont été l’occasion de mettre l’accent sur les programmes sociaux, économiques, éducatifs et environnementaux mis en place dans un cadre spirituel et participatif.
Mme VICKI SOANES, ATD Quart-Monde, a affirmé que la communauté internationale n’utilisait toujours pas la contribution au développement que pourraient apporter ceux qui vivent dans la pauvreté extrême, ceux-ci n’étant le plus souvent considérés que comme des bénéficiaires passifs d’une aide. L’éducation des femmes et des filles est cruciale pour parvenir au développement, a-t-elle assuré, préconisant à cet effet la mise en place de microcrédits et de microfinancements. Nous devons établir des partenariats avec des personnes vivant dans la pauvreté extrême, a-t-elle ajouté.
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