En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6155

L’ECOSOC OUVRE SA SESSION DE FOND SUR LES CHANCES À SAISIR POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT

29/06/2005
Communiqué de presse
ECOSOC/6155


Conseil économique et social

Session de fond de 2005

10e séance – matin & après-midi


L’ECOSOC OUVRE SA SESSION DE FOND SUR LES CHANCES À SAISIR POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT


Une « lueur d’espoir »…  C’est l’impression retenue de l’ouverture, ce matin, de la session de fond du Conseil économique et social (ECOSOC), session précédant le Sommet mondial de septembre qui, a dit le Secrétaire général des Nations Unies offre, « une occasion comme il ne s’en présente que rarement de donner un coup de fouet aux efforts de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


« Progrès accomplis, obstacles et chances à saisir dans la réalisation des Objectifs de développement convenus sur le plan international, y compris ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire », tel est le thème principal de cette session de fonds 2005 de l’ECOSOC, qui se tient jusqu’au 27 juillet au Siège des Nations Unies, à New York.  Le canevas a été rappelé par le Président du Conseil, lui-même, le Pakistanais Munir Akram: « Il s’agit de travailler à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et à tous ceux définis par les conférences de Doha, de Monterrey, Johannesburg et ailleurs. » 


« Aujourd’hui, il y a une lueur d’espoir », a déclaré Kofi Annan devant les participants, pour la plupart des ministres au débat.  Le Secrétaire général, s’il constate une économie mondiale « robuste », marquée par une croissance dynamique ces dernières années dans beaucoup de pays en développement et de pays en transition, ainsi qu’une reprise de la croissance en Afrique subsaharienne, estime que le plus difficile reste néanmoins à faire: « transformer la croissance en un moteur de développement pour tous ».  « C’est ensemble et simultanément que nous devons avancer sur les trois fronts du développement, de la sécurité et des droits de l’homme », a-t-il affirmé.  Ainsi, selon lui, tout doit être absolument fait « au cours des semaines cruciales qui nous séparent du Sommet mondial de 2005, pour que cette réunion aboutisse à des décisions courageuses propres à mettre un terme définitif à la pauvreté ».


M. José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, a estimé que les réussites de nombreux pays en développement démontraient les progrès potentiels pouvant être réalisés aux niveaux national et mondial.  La croissance économique n’est cependant pas toujours suffisante pour assurer un développement à long terme, a-t-il estimé.  C’est pourquoi, il est selon lui urgent de saisir l’occasion de cette période de croissance pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement arrêtés dans les années 90 et lors du Sommet du Millénaire en 2000.  Si l’économie mondiale est plus prometteuse qu’elle ne l’a été depuis des années, les progrès pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement demeurent encore

lents et déséquilibrés selon les régions, avec des lacunes importantes en Afrique subsaharienne, a constaté pour sa part Jean-Louis Sarbib, Vice-Président de la Banque mondiale.  Des avancées plus rapides pourraient être effectuées si les pays pauvres et les donateurs adoptaient une série de mesures clefs, a-t-il ajouté, citant notamment le rôle de l’appropriation nationale des efforts de développement et d’une amélioration du climat pour parvenir à une croissance menée par le secteur privé. 


Prix Nobel d’économie 2001, Joseph Stiglitz s’est félicité que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soit désormais comprise de tous.  Le commerce, la stabilité financière mondiale et des moyens de financement novateurs sont, selon lui, trois domaines sur lesquels la communauté internationale devrait se pencher.  Ainsi, il a préconisé la définition d’un véritable cycle du développement se traduisant par un régime commercial équitable favorable au développement.  Il a invité la communauté internationale à réfléchir à un nouveau système de réserve mondiale, notant que le système actuel montrait chaque année que 300 à 400 milliards de dollars n’étaient pas utilisés, et a proposé de rémunérer les pays en développement pour les énormes services qu’ils rendent dans le domaine de la protection de l’environnement, de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, et de la préservation de la biodiversité. 


De son côté, Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a regretté que les stratégies nationales mises en place en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement n’évoquent pratiquement jamais les personnes déplacées.  Celles-ci, a-t-il ajouté, sont souvent qualifiées de tensions, d’obstacles et même de menaces. 


À l’issue de la séance d’ouverture, huit tables rondes de haut niveau se sont tenues dans l’après-midi ayant pour thèmes l’« élimination de la pauvreté et de la faim », la « santé », les « partenariats mondiaux et le financement des Objectifs du Millénaire pour le développement », le « renforcement des capacités de l’État de parvenir aux OMD: droits de l’homme, gouvernance, institutions et ressources humaines », « éducation et alphabétisation », « égalité des sexes et autonomisation des femmes », « viabilité de l’environnement » et « stratégies nationales pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement ».


Le Conseil économique et social poursuivra son débat de haut niveau, demain à 10 heures.


OUVERTURE DE LA SESSION


Déclarations liminaires


M. MUNIR AKRAM (Pakistan), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé la vision qui animait cette session: il s’agit de travailler à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et à tous ceux définis par les conférences de Doha, de Monterrey, Johannesburg et ailleurs.  Il s’est inquiété des récents ralentissements de l’économie mondiale, des déséquilibres commerciaux et financiers entre les principales économies et des voix croissantes en faveur de mesures protectionnistes.  Notre réunion, a-t-il précisé, a pour but de confronter les défis du développement, tout en mettant l’accent sur des réussites.  À cet égard, il s’est félicité de l’engagement collectif récent de l’Union européenne d’atteindre à terme un objectif d’aide publique au développement (APD) équivalent à 0,7% du produit intérieur brut communautaire et de celle du G-8 d’annuler la dette des 18 pays les plus pauvres.  L’expérience, a-t-il précisé, nous montre que beaucoup de pays en développement ont pu relever le défis.  S’il est évident que les pays développés se doivent de respecter leurs engagements en matière d’APD, il faut aussi que les pays en développement, même parmi les plus pauvres, acceptent leur responsabilité de mettre en place un environnement propice au développement. 


Enfin, l’intervenant s’est félicité de l’interaction au printemps entre l’ECOSOC, les institutions de Bretton Woods, la CNUCED et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a permis d’identifier les politiques nécessaires pour la mise en œuvre pour progresser vers la réalisation des objectifs pour le développement.  Il a salué la participation à ces débats de décideurs des gouvernements, des organisations internationales et des institutions régionales tout comme de la présence de ceux de la société civile et du secteur privé qui permettront à cette réunion de formuler de nouvelles idées et propositions dans l’intérêt de la réalisation des OMD.


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que l’économie mondiale demeurait robuste, marquée par une croissance dynamique ces dernières années dans beaucoup de pays en développement et de pays en transition et une reprise de la croissance en Afrique subsaharienne.  Selon lui, si ces tendances sont encourageantes, il n’est pas garanti qu’elles se maintiendront.  Le plus difficile reste à faire, a-t-il ajouté: transformer la croissance en un moteur de développement pour tous.  Pour que la croissance économique devienne un meilleur instrument de lutte contre la pauvreté, il faudra des politiques plus avisées, davantage de ressources, et des partenariats plus étroits, a-t-il estimé.


Selon le Secrétaire général, le Sommet mondial de septembre offre une occasion comme il ne s’en présente que rarement de donner un coup de fouet aux efforts de réalisation des Objectifs du Millénaire.  Aujourd’hui, il y a une lueur d’espoir, a-t-il dit, espérant que les autres donateurs suivront l’exemple de l’Union européenne, qui a décidé d’augmenter considérablement l’aide publique au développement ces 10 prochaines années, et a notamment adopté un calendrier pour la réalisation de l’Objectif consistant à ce que les pays consacrent 0,7% de leur PNB à l’APD d’ici à 2015.  De même, l’engagement qu’ont pris les pays du G-8 de se mettre d’accord sur un allègement considérable de la dette des pays les plus pauvres est de très bon augure.  Le Secrétaire général espère ainsi que la même volonté politique permettra de mener à bien les négociations commerciales de Doha, de sorte que les pays en développement puissent lutter à armes égales sur les marchés mondiaux.


M. Annan a estimé que les pays en développement devaient aussi faire leur part et élaborer des stratégies nationales suffisamment énergiques pour que les objectifs de développement puissent être atteints.  Ils doivent également encourager une gestion responsable et transparente des affaires publiques, adopter des politiques propres à stimuler le secteur privé et investir dans l’éducation et la santé pour mettre en valeur leur capital humain.  Le développement ne sera ni concret ni durable si la sécurité et le respect des droits de l’homme ne sont pas assurés, a poursuivi M. Annan.  C’est ensemble et simultanément que nous devons avancer sur les trois fronts du développement, de la sécurité et des droits de l’homme, a-t-il dit.


Pour le Secrétaire général, le Sommet mondial de 2005 est aussi l’occasion de renforcer le Conseil économique et social.  Il a ainsi rappelé les propositions faites dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande ».  Premièrement, nous devons faire converger les axes de mise en œuvre, a-t-il souligné, proposant que l’ECOSOC tienne chaque année des sessions d’évaluation au niveau ministériel.  Deuxièmement, nous devons établir un lien beaucoup plus systématique entre les débats d’orientation et les activités opérationnelles sur le terrain, a-t-il ajouté, notant qu’il avait invité le Conseil à tenir deux fois par an un forum de haut niveau sur la coopération au développement.  Face aux menaces et aux défis dans le domaine économique et social avec toute la diligence mise à réagir aux problèmes de paix et de sécurité, le Secrétaire général a également recommandé que le Conseil se réunisse rapidement quand il se produit des événements qui risquent de compromettre les progrès du développement.  M. Annan a par ailleurs indiqué avoir invité le Conseil à resserrer ses liens avec le Conseil de sécurité pour pouvoir traiter plus systématiquement des aspects économiques et sociaux des conflits, et avoir suggéré qu’il collabore de près avec la Commission de la consolidation de la paix dont il a proposé la création.


Le Secrétaire général a déclaré que le projet de texte à soumettre au Sommet, présenté par le Président de l’Assemblée générale ce mois-ci, était un pas important vers l’adoption de mesures décisives en septembre.  Les États Membres ont certes des divergences de vues, mais il me semble qu’ils devraient pouvoir se mettre d’accord sur beaucoup des grandes questions, notamment celles qui concernent directement le Conseil économique et social, a-t-il souligné.  Nous devons faire absolument tout ce que nous pouvons, au cours des semaines cruciales qui nous séparent du Sommet mondial de 2005, pour que cette réunion aboutisse à des décisions courageuses propres à mettre un terme définitif à la pauvreté, a-t-il conclu.  (Pour le texte intégral, voir notre communiquéhttp://www.un.org/News/fr-press/docs/2005/SGSM9970.doc.htm)


VOIX CONTRE LA PAUVRETÉ


Déclarations


M. JOSEPH STIGLITZ, prix Nobel d’économie 2001 et professeur d’économie et de finances à l’Université Columbia à New York, s’est félicité que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) était maintenant comprise de tous.  Outre la nécessité de mobiliser plus de ressources, s’est-il réjoui, il y a un consensus sur la nécessité d’adopter une approche intégrée du développement.  Il a mis l’accent sur trois domaines sur lesquels la communauté internationale devrait se concentrer, à savoir: le commerce, la stabilité financière mondiale, et des moyens de financement novateurs.


S’agissant du commerce, il a souhaité la définition d’un véritable cycle du développement qui se traduise par un régime commercial équitable favorable au développement.  À cet égard, il a mentionné les statistiques qui démontrent que la mise en œuvre d’un système équitable fournirait aux pays en développement des ressources bien supérieures aux objectifs de l’aide publique au développement.   


En ce qui concerne la stabilité financière internationale, M. Stiglitz a estimé que ceux qui en étaient en charge avaient échoué.  Il a invité le Fonds monétaire international (FMI) à lancer une initiative pour que les risques liés à l’instabilité financière soient assumés par les pays développés responsables de cette instabilité marquée par les fluctuations des taux de change et d’intérêt.  Il a invité la communauté internationale à réfléchir à un nouveau système de réserve mondiale, en notant que le système actuel montrait chaque année que 300 à 400 milliards de dollars n’étaient pas utilisés.  Un changement dans ce domaine permettrait de répondre aux besoins d’aide des pays en développement. 


Pour ce qui est des moyens novateurs de financement du développement, M. Stiglitz a souligné la possibilité de rémunérer les pays en développement pour les énormes services qu’ils rendent dans le domaine de la protection de l’environnement, de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, et de la préservation de la biodiversité, services pour lesquels ils ne sont pas rémunérés.  À titre d’illustration, il a proposé que l’on mette en place un système de rémunération pour la préservation des forêts et contre leur exploitation, compte tenu de leur importance dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.


M. JUAN SOMAVIA, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que le Programme de l’ONU pour le développement n’était pas simplement une idée mais l’incarnation d’avancées politiques concrètes et d’une vision partagée du développement.  Affirmant que ceci offrait un cadre de politique générale pour le millénaire, il a souligné que s’il y avait des indices encourageants et des nouvelles initiatives dans la perspective du Sommet de septembre, beaucoup restait à faire et il fallait mettre l’accent sur les réformes pour que l’ONU réponde de manière plus adéquate aux besoins actuels.  Il a expliqué que l’OIT bénéficiait d’une vision réaliste puisqu’en plus des gouvernements, les travailleurs sont représentés dans ses organismes de décisions et qu’elle possède des liens réels avec la société civile.  Les acteurs de la société civile veulent des possibilités et des opportunités, non pas de la pitié ou de la charité, a-t-il insisté.  Il a notamment souligné la nécessité d’une protection sociale, d’une prise en considération de la voix des travailleurs et de la mise en place d’un climat favorable aux entreprises et à la créativité. 


M. Samovia a particulièrement insisté sur l’importance de la création d’emplois, rappelant que la croissance n’était pas forcément créatrice d’emplois.  Il a affirmé que le monde connaissait actuellement une crise en la matière, même si celle-ci était mieux gérée dans certains pays que dans d’autres.  Il faut une réaction mondiale en plus des actions nationales, a-t-il ajouté, se disant convaincu qu’accorder une importance plus grande au travail permettra de réaliser les OMD et contribuera à la sécurité nationale.  De plus, il a estimé que dans ce domaine l’ECOSOC pouvait pleinement exercer son rôle de coordination afin de s’attaquer à cet enjeu politique crucial.  Ne laissez pas passer cette occasion, a-t-il lancé aux membres de l’ECOSOC, en les invitant à contribuer grâce à leurs travaux à un texte audacieux lors du Sommet de septembre.


M. ANTÓNIO GUTERRES, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a affirmé qu’il n’était pas en position de parler au nom des pauvres, mais qu’il pouvait transmettre un message de peur, de désespoir, mais aussi, plus important, d’espoir de ceux qui n’étaient pas entendus par la communauté internationale.  Des millions et des millions de personnes sont exclues de la société, ont fui leur foyer, sont victimes de discrimination, sont apatrides, a-t-il ajouté, précisant qu’elles subissaient des violations des droits de l’homme, la guerre et les conflits.  Au lieu de bénéficier de la protection des États, elles en sont privées, parfois même persécutées par ces États, a-t-il déclaré.  Selon M. Guterres, ces personnes ne jouissent pas de leurs droits les plus fondamentaux et ne profitent pas des efforts combinés visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  L’accès est une dimension essentielle des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit.  Ainsi, a-t-il estimé, les meilleurs programmes n’auront aucun effet s’ils n’offrent pas accès à ces personnes. 


Le Haut Commissaire a regretté que les stratégies nationales mises en place en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement n’évoquaient pratiquement jamais les personnes déplacées.  Celles-ci, a-t-il ajouté, sont souvent qualifiées de tensions, d’obstacles et même de menaces.  M. Guterres a affirmé que les voix de tous les groupes devaient être écoutées et reconnues.  Beaucoup des personnes les plus démunies vivent dans des pays qui connaissent une situation de conflit ou sortent d’un conflit, a-t-il également constaté.  Il existe en outre, selon lui, un énorme fossé entre les secours fournis par les institutions humanitaires et le développement.  Fournir une assistance humanitaire qui sauve des vies ne pourra continuer sans une stratégie de développement efficace, a-t-il souligné.  Ainsi, à ses yeux, l’assistance humanitaire doit permette de jeter les bases pour assurer un développement à long terme et réaliser les Objectifs du Millénaire.  Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a par ailleurs plaidé en faveur d’une mondialisation plus humaine, apte à créer des opportunités pour tous, ainsi que d’un meilleur système mondial de gouvernance.  Face au courage et à la volonté de survivre des personnes sans voix, nous devons tenir nos promesses, a-t-il conclu.


CONCERTATION DE HAUT NIVEAU SUR LES POLITIQUES


Déclarations


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, a attiré l’attention sur les disparités grandissantes de croissance entre les pays en développement.  Il a noté que l’Asie du Sud avait rejoint l’Asie occidentale avec une croissance située entre 6 et 7%, alors que l’Afrique et l’Amérique latine s’attendaient à des taux de croissance respectifs de 5 et 4% en 2005 et 2006.  Les pays les moins avancés, les pays enclavés et les pays d’Afrique sub-saharienne, à l’exception du Nigéria et de l’Afrique du Sud, devraient tous atteindre un taux de croissance moyen de 6% dans les deux prochaines années.  Il a précisé que le commerce international avait augmenté de 11% en 2004, et devrait à nouveau augmenter de 8% en 2005. 


Le Secrétaire général adjoint a fait remarquer qu’en dépit de progrès, le transfert net de ressources financières des pays en développement vers les pays développés est passé de 270 milliards de dollars à 350 milliards entre 2003 et 2004.  Il s’est inquiété des conséquences de l’augmentation du prix du pétrole sur l’économie mondiale.  Le déficit des États-Unis va dépasser les 700 milliards en 2005, ce qui risque d’affaiblir considérablement le dollar.  Il a souligné la nécessité d’une coordination internationale visant à corriger les déséquilibres financiers d’autant plus que la situation relativement bonne de l’économie mondiale permettrait actuellement de procéder à de telles corrections. 


Il a estimé que les réussites de nombreux pays en développement démontraient les progrès potentiels que l’on peut réaliser aux niveaux national et mondial.  Néanmoins, il a noté que l’expérience nous montrait que la croissance économique n’était pas toujours suffisante pour assurer un développement à long terme.  C’est pourquoi, il a souligné l’urgence de saisir l’occasion de cette période de croissance pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement arrêtés dans les années 90 et lors du Sommet du Millénaire en 2000.  Il a formé le vœu que ce Segment de haut niveau de l’ECOSOC, après le Dialogue de haut niveau que l’Assemblée générale a conclu hier, donnera un nouvel élan pour les mesures essentielles que les chefs d’État et de gouvernement devront prendre en septembre prochain en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. 


M. SUPACHAI PANITCHPAKDI, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a mis de l’avant l’importance de la coopération internationale, insistant particulièrement dans ce contexte sur la contribution d’un système commercial ouvert et non discriminatoire pour le développement.  Il a rappelé que les 148 membres de l’OMC travaillaient à conclure le Cycle de Doha en faveur du développement et qu’une réussite dans ce domaine aiderait tous les gouvernements à réaliser les OMD.  Il a rappelé que la tenue, en décembre à Hong Kong, de la Conférence ministérielle de l’OMC, serait essentielle et pourrait être le fondement d’un nouveau cycle de négociations.  Dans cette perspective, il a estimé que de nouvelles questions doivent être abordées.  Il a notamment insisté sur la volonté partagée de donner un rôle plus défini aux pays en développement, et particulièrement aux pays les moins avancés.  Concernant la situation commerciale internationale actuelle, il a expliqué que des résultats historiques avaient été enregistrés ces deux dernières années.  Pour la première fois en 50 ans, la part des pays en développement a atteint 31% du commerce mondial, a-t-il précisé, notant que même la part des PMA avait augmenté.  Il a toutefois regretté que ceci ne soit pas réparti de façon équitable et s’est inquiété des fluctuations du prix des produits de base, qui sont selon lui, à l’origine de cette croissance qui connaîtra donc un ralentissement.  Il a souligné l’émergence de la Chine en tant que partenaire commercial, indiquant que sa part dans les échanges avait doublé ces 10 dernières années.  Si ces exportations ont donné un élan à l’expansion économique en Asie en général, a-t-il ajouté, elles sont aussi à l’origine de nombreuses réactions dans certains domaines, en particulier celui du textile. 


Par ailleurs, Le Directeur général de l’OMC a rappelé que l’économie mondiale dépendait grandement de l’économie des États-Unis, dont le déficit commercial est équivalent à 7% des échanges mondiaux.  Il a expliqué que la réduction de ce déficit provoquerait aussi un ralentissement dans le développement commercial mondial et que cette question devait donc être abordée en prenant en considération ces conséquences négatives.  S’agissant du cycle de Doha, il a déclaré que pour la première fois, les pays développés étaient sur le point de s’engager à réduire les subventions et les mesures nationales qui sont une distorsion aux lois du marché, ce qui serait un progrès sans précédent.  Enfin, il a estimé que les PMA devait avoir un accès en franchise et hors quota aux marchés, soulignant l’également l’importance d’un accord pour leur entrée à l’OMC.


M. CARLOS FORTIN, Administrateur chargé de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a affirmé que les 18 derniers mois avaient constitué une bonne période pour le développement et la coopération internationale en faveur du développement.  De même, a-t-il ajouté, des mesures importantes ont été prises pour créer un environnement international susceptible de soutenir les efforts des pays en développement.  Selon M. Fortin, l’annonce par les Ministres des finances des pays du G-8 d’annuler entièrement la dette extérieure de 18 pays est un pas significatif vers l’avant.  M. Fortin a expliqué que la bonne performance de croissance des pays en développement était essentiellement le résultat du renforcement de la demande mondiale, en particulier de la Chine, et des bons chiffres obtenus par l’économie américaine.  Ceci est particulièrement visible en Afrique, a-t-il précisé.  Toutefois, a-t-il ajouté, le taux de croissance moyen en Afrique dissimule des différences considérables.  Seuls 13 pays ont en effet enregistré en 2004 un taux de croissance supérieur à 5%, et environ les deux tiers de ceux-ci sont des exportateurs de pétrole ou partent d’un niveau très bas.  La grande majorité des pays africains sont en deçà des 7% de croissance requis pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il souligné.


M. Fortin a par ailleurs affirmé que les recherches de la CNUCED avaient montré qu’une croissance économique importante constituait une condition nécessaire pour éliminer la pauvreté, en particulier dans les pays les moins développés.  Il a souligné en outre qu’un modèle de développement qui génère l’inégalité n’est pas seulement politiquement et socialement instable, mais également économiquement moins efficace qu’un modèle plus égalitaire.  C’est l’inégalité, plus que la pauvreté absolue, qui entraîne la révolte sociale, la violence et même le terrorisme, a-t-il estimé.  Nous avons besoin de stratégies de développement qui accélèrent l’investissement et la croissance, créent des emplois et, par conséquent, réduisent l’inégalité et la pauvreté extrême, a-t-il dit.  Selon lui, dans certains pays du monde en développement, on ne pourra pas réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement dans les horizons prévus.  C’est pourquoi, a-t-il précisé, il faut augmenter les ressources nécessaires, en particulier doubler l’aide publique au développement en faveur des pays de l’Afrique subsaharienne.  L’Administrateur chargé de la CNUCED a par ailleurs estimé que si les gouvernements nationaux étaient en mesure de contrôler leurs propres destinées de développement, ils pourraient être capables d’utiliser une série d’instruments politiques visant à mettre en œuvre les stratégies de développement qu’ils ont choisies.


M. JEAN-LOUIS SARBIB, Premier Vice-Président de la Banque mondiale et Chef du Réseau du développement humain, a rappelé que l’économie mondiale était plus prometteuse qu’elle ne l’avait été depuis des années et que la croissance dans les régions en développement avait été plus rapide en 2004 qu’en moyenne ces 10 dernières années.  Il a toutefois regretté que les progrès pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient encore lents et déséquilibrés selon les régions, avec des lacunes importantes en Afrique sub-saharienne.  Il a indiqué que le Rapport de suivi mondial 2005 de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) avait estimé que des avancées plus rapides pourraient être effectuées si les pays pauvres et les donateurs adoptaient une série de mesures clefs.  Ainsi, il a énuméré le rôle de l’appropriation nationale des efforts de développement et d’une amélioration du climat pour parvenir à une croissance menée par le secteur privé ainsi que la nécessité de fournir rapidement des services humains élémentaires, d’éliminer les barrières au commerce et de doubler l’aide au développement dans les cinq prochaines années. 


M. Sarbib a également souligné les obstacles majeurs auxquels se heurte la mise en œuvre des OMD.  Il a affirmé qu’il était essentiel d’adopter des stratégies pour fournir plus de personnel dispensateur de services qualifié, médecins, infirmières ou instituteurs.  De plus, il a soulevé le besoin d’assurer un financement durable ainsi que d’améliorer la gouvernance et de rendre des comptes afin que les ressources soient utilisées efficacement pour la fourniture de services.  Il a particulièrement insisté sur le rôle de l’éducation primaire pour casser le cycle de la pauvreté, citant l’exemple de l’Initiative « Éducation pour tous », lancée en 2002.  Selon lui, cette initiative prouve qu’avec une vision politique et la volonté d’agir, on peut améliorer la vie des jeunes, citoyens les plus nécessiteux du monde.  Il a déclaré que les pays riches devaient maintenant respecter leurs engagements concernant l’aide, le commerce, et l’allègement de la dette alors que les pays en développement, surtout l’Afrique sub-saharienne, devaient mieux faire en terme de gouvernance et d’utilisation efficace de l’aide. 


M. REINHARD MUNZBERG, Représentant spécial du Fonds monétaire international (FMI) auprès des Nations Unies, a souhaité que tous les partenaires au développement jouent leur rôle.  Il a souligné la nécessité pour les pays en développement de mettre en place des politiques macroéconomiques structurelles soutenues par les pays développés.  Il a salué les opportunités offertes par la croissance de 5,1% réalisée en 2004 qui, a-t-il fait remarquer, sera toujours forte même si elle devait baisser à 4,3% en 2005.  Il s’est notamment félicité de la croissance de plus de 5% observée en Afrique sub-saharienne en 2004, ce qui constitue le meilleur taux depuis 10 ans, même s’il est inférieur à l’objectif fixé, qui est de 7%.  Il s’est dit heureux de constater que l’augmentation du prix de pétrole n’avait pas eu de conséquence sur l’inflation, même si la volatilité des marchés pétroliers pose des risques accrus.  Parmi les autres sources de déséquilibre, il a cité le déficit record des États-Unis alors que l’on accumule les excédents en Asie. 


Si la réduction de la pauvreté exige une croissance économique durable, il faut que les pays en développement renforcent leur stratégie pour la réduction de la pauvreté.  Cela exige des réformes structurelles ciblées pour doper la compétitivité et les investissements productifs.  Il faut que les pays en développement puissent saisir toutes les opportunités et tirer profit des investissements étrangers directs et des activités du secteur privé.  Le FMI, a-t-il assuré, continuera à soutenir les pays à faibles revenus en leur accordant des prêts à des taux préférentiels.  Il a insisté sur l’importance de la réduction de la dette en précisant que l’Initiative en faveur des pays très endettés (PPTE) avait permis de réduire de manière significative la dette de 27 pays.  Le FMI assiste également les pays les plus démunis à faire face aux vulnérabilités liées au commerce et continuera de leur fournir une assistance technique dans ce domaine.  


Échange de vues


Répondant à une question du Ministre de la planification économique du Kenyasur les moyens de régler le problème de la dette de façon globale, M. Munzberg a expliqué que cette approche initiée par le G-8, devait être discutée par ce Groupe en juillet ainsi que lors du Conseil exécutif du FMI le même mois.  Répondant à une autre question, il a indiqué que le nouveau dispositif pour aider les pays en développement à faire face aux vulnérabilités liés aux distorsions commerciales était, pour l’instant, une proposition politique qui devait être examinée par le Conseil exécutif du FMI. 


Dans le cadre de remarques supplémentaires, la représentante de l’UNESCO a souligné l’importance du capital humain et a estimé qu’on ne parlait pas assez de l’éducation.  Les pays en développement ont pourtant besoin d’une capacité adéquate d’absorption de l’aide, a-t-elle dit, en demandant plus d’investissement dans l’éducation à tous les niveaux.  La représentante de l’OMS a fait écho à ces propos sur le capital humain, déclarant que les initiatives pour le développement ne pouvaient être appliquées sans ce facteur.  Elle a aussi plaidé pour une approche plus concertée de la part de tous les acteurs.


Au représentant de la Fédération de Russie, qui s’interrogeait sur les risques à moyen terme pour le développement de l’économie mondiale que constituaient à ses yeux la poursuite de l’augmentation du prix du pétrole, les déficits importants des comptes courants aux États-Unis ou le ralentissement de la croissance dans les pays européens et au Japon, M. Stiglitz a mis l’accent sur l’imprévisibilité des taux de change.  L’économie des États-Unis se porte assez bien mais sa vaste dette est financée par des taux d’intérêt bas, a-t-il expliqué, ce qui pose des problèmes importants pour l’économie mondiale.  Il a également rappelé que les problèmes politiques européens avaient eu pour conséquence de renforcer le dollar.  On a besoin d’une croissance plus rapide, a-t-il dit, mais l’économie ne peut croître en ne créant pas les emplois dont on a besoin.  Cette situation serait de nature à créer une grande instabilité de l’économie mondiale. 


Répondant également aux questions et commentaires, le représentant de la Banque mondiale a insisté sur la nécessité pour les pays en développement de permettre l’émergence d’un environnement national propice à la production et à la commercialisation.  Il a notamment insisté sur les infrastructures de commercialisation et de transport ferroviaires et aériens qui permettront d’exporter les produits manufacturés.  Il a loué les conclusions de la récente réunion de Paris sur la nécessité pour les pays riches de garantir des sources de financement prévisibles et durables.  Il faut maintenant une volonté politique qui permettra de transformer les engagements en réalité.


Dans le domaine du respect de la propriété intellectuelle, le représentant de l’OMC a estimé que les pays en développement qui n’ont pas les capacités de production pour fabriquer les médicaments à partir de leurs propres savoirs doivent pouvoir se les procurer à des prix raisonnables lorsqu’ils sont produits à l’extérieur.  Enfin, le représentant de la CNUCED a invité l’ECOSOC à se concentrer sur les liens entre le développement, la sécurité et les droits de l’homme. 


TABLES RONDES DE HAUT NIVEAU


« Élimination de la pauvreté et de la faim »


Présidée par le Premier Ministre d’Haïti, M. Gérard Latortue et animée par M. Jacques Diouf, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), cette table ronde a entendu Mme Charlotte McLain-Nhalpo, de la Commission des droits de l’homme sud-africaine/Banque mondiale, et M. Armand De Decker, Ministre du développement de la Belgique, qui ont été rejoints par les autres intervenants sur le fait que les succès en matière de lutte contre la pauvreté et de la faim conditionnaient la réussite des autres Objectifs du Millénaire à l’horizon de 2015.


La question agricole a occupé une part importante du débat, les participants s’accordant sur le fait qu’il fallait trouver les moyens d’une égale répartition des ressources alimentaires déjà disponibles en très grande quantité.  En effet, il a été dit que le point central n’était pas la production mais la distribution et le partage équitables des produits agricoles entre le nord et le sud.  Les moyens à trouver pour mettre en place cette sécurité alimentaire que les participants ont appelé de leurs vœux, et considéré comme un droit de l’homme, a fait l’objet de remarques et propositions.  Revoir la fixation des prix agricoles, maîtriser l’eau, doter les pays les plus pauvres de capacités visant à fournir une aide alimentaire immédiate en cas de catastrophes naturelles ou de conflits, renforcer les collectivités agricoles - telles ont été les principales solutions présentées comme susceptibles de changer la donne en matière de développement des pays les plus pauvres.


Aux fins de réussite de cet effort de développement, les participants au débat ont fait valoir qu’il était urgent que les pays les moins avancés se dotent des institutions et infrastructures indispensables à une bonne gouvernance et à une augmentation de la croissance économique.  À cet égard, il a été reconnu que l’établissement de la paix et la sécurité, l’égalité effective entre les sexes et la participation d’une société civile vigoureuse, constituaient le socle de l’action en vue de réduire la pauvreté.  Sur la question du financement du développement, les intervenants ont défendu l’idée que les gouvernements qui n’étaient pas en mesure d’assurer le droit à l’alimentation de leurs citoyens devaient bénéficier davantage de l’aide extérieure.  En ce sens, il a été admis que l’aide publique au développement (APD) et les récentes décisions relatives à la remise de la dette, aussi efficaces qu’elles soient, devaient être complétées par une modernisation des économies des pays du sud.  Les participants ont tous convenus à ce propos de l’impérieuse nécessité de renforcer le rôle du secteur privé en facilitant les investissements étrangers directs.  Pour cela, il a été noté que le manque de confiance des investisseurs était dû à la forte corruption sévissant dans de nombreux pays en développement, aux tracasseries administratives et au manque de transparence des régimes politiques du sud.


Afin de faire évoluer cette situation, les intervenants ont plaidé pour une harmonisation des politiques, une gouvernance globale plus cohérente et, surtout, un renforcement du Conseil économique et social des Nations Unies par la mise en place d’un organe d’accompagnement, en son sein, chargé d’assurer un suivi régulier de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire. 


« Santé »


Présidée par la Ministre suédoise de la coopération pour le développement, Mme Carin Jämtin, la table ronde sur la santé a vu la participation du Ministre de la planification de la Guinée, M. Eugène Camara; de la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme Thoraya Obaid; de la Directrice générale adjoint à la santé des familles et des communautés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Mme Joy Phumaphi; et du Directeur adjoint du bureau new-yorkais ONUSIDA, M. Victor Marie Ortega.


Ce débat a été l’occasion d’attirer l’attention sur les conséquences néfastes des pandémies et des maladies sur le développement économique et social et de rappeler que la santé était le premier des potentiels humains.  Si le représentant d’ONUSIDA a parlé de la difficulté de faire comprendre que la santé était une condition préalable pour atteindre les autres OMD, le Ministre guinéen de la planification a rappelé les conclusions de la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement, jugeant essentiels les investissements en matière de santé reproductive pour la réalisation des OMD.  Notant que 1,3 milliard de jeunes s’apprêtaient à entrer dans la phase reproductive de leur vie, il a défini l’accès à la santé reproductive comme un préalable à la santé maternelle.  À l’instar de l’ensemble des intervenants, il a souligné la nécessité de relever la volonté politique et la disponibilité des ressources financières pour réaliser les OMD liés à la santé en général, et en matière de santé reproductive en particulier.


De l’avis de la représentante du Projet du Millénaire, la mauvaise santé était le principal frein à la réalisation des OMD.  Celle du FNUAP a quant à elle mis l’accent sur la santé sexuelle qui représentait 20% du fardeau de la santé dans le monde.  Elle a estimé que le taux de mortalité maternelle serait réduit si la population  en Asie et en Afrique sub-saharienne avait accès aux services de santé nécessaires.  De son côté, la représentante de l’OMS, notant que

509 000 femmes mouraient chaque année de causes que l’on pourraient prévenir, a souligné qu’il était nécessaire d’assurer la continuité des services de santé en faveur des enfants et des personnes âgées par le biais de partenariats en faveur du développement.  Elle a mis l’accent sur le renforcement des capacités en vue de renforcer les systèmes de santé grâce à une planification qui nous permettra de déterminer les moyens de former le personnel dont nous avons besoin avec des schémas de financement. 


Le représentant d’ONUSIDA a prévenu que le développement du VIH/sida conduira à davantage de catastrophes et surchargera les services de santé en indiquant qu’au cours de l’année dernière, un nombre record d’infections et de décès résultant du sida avait été enregistré.  Il a estimé à 15, 16 et 22 milliards de dollars les montants respectivement nécessaires en 2006, 2007 et 2008 pour inverser le cours de la pandémie du VIH/sida.  Il faudrait, a-t-il insisté, comprendre que les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida permettront de dégager des ressources au fond du développement.     


Concernant les mesures à prendre, le Ministre guinéen a préconisé de recourir à des médicaments génériques comme un moyen de répondre aux besoins des pays en développement.  Illustrant le fossé qui sépare riches et pauvres, la représentante du FNUAP a indiqué que une femme sur 16 risque de mourir à l’accouchement dans les pays en développement alors que cela n’affecte qu’une femme sur 1 000 dans les pays en développement.  Se faisant l’écho de l’intervention du représentant du service de la nutrition de l’UNICEF, la représentante de l’OMS a insisté sur l’importance de la nutrition comme un moyen de lutte contre la mortalité infantile.


Relevant que les femmes représentent 70% de la tranche d’âge de 15 à 24 ans malades du VIH/sida, le représentant de l’Australie a appelé à une véritable modification du comportement des hommes en défendant le droit des femmes à refuser les relations sexuelles. 


Répondant aux inquiétudes exprimées par le représentant de l’Iraq qui a rappelé les violences et privations dont a été victime son pays durant trois décennies, les représentantes de l’OMS et du FNUAP ont reconnu les difficultés d’intervenir dans des situations de conflit même s’il était possible de s’appuyer sur le personnel national pour dispenser les services de santé.  Par ailleurs, les intervenants ont insisté sur l’importance de la formation et de l’éducation et de la lutte contre la fuite des cerveaux, mais aussi sur la nécessité d’inclure les maladies mentales aux objectifs liés à la santé. 


Concluant les débats, le Conseiller spécial du Secrétaire général

sur la question, M. Stephen Stedman a indiqué que le développement économique et social se heurtait à des obstacles importants dans les pays d’Afrique subsaharienne où l’on constate qu’un enfant qui naît aujourd’hui en Afrique subsaharienne a peu de chance d’atteindre l’âge de 40 ans alors que la moitié des femmes y meurent durant l’accouchement.  Il a rappelé que le Groupe de travail sur les menaces et les changements a conclu que la réalisation des objectifs liés à la santé était un préalable à la réalisation de l’ensemble des OMD.  Il a insisté sur la formation et le renforcement des capacités en estimant qu’il fallait un million de nouveaux auxiliaires médicaux et personnel médical pour atteindre nos objectifs en matière de santé.  Regrettant que la santé n’avait pas eu le même degré de priorité que d’autres questions comme le commerce ou le terrorisme, il a exhorté les gouvernements à tout mettre en œuvre pour que les questions liées à la santé trouvent une place de choix dans le document final du Sommet de septembre prochain.  


« Partenariats mondiaux et financement des Objectifs du Millénaire pour le développement »


En tant qu’animateur de cette table ronde, M. Carlos Fortin, Administrateur chargé de la CNUCED, a entamé la discussion en soulevant la question de la disponibilité des ressources.  Il a affirmé, comme la plupart des intervenants qui ont suivi, qu’il fallait s’intéresser non seulement à la question de l’augmentation des ressources mais aussi à celle de leur utilisation efficace.  Appelant d’autres pays à suivre la voie tracée par l’Union européenne en ce qui concerne l’APD, M. Stephano Manservisi, Directeur général pour le commerce de la Commission européenne, a lui ajouté que dans un souci d’efficacité, il fallait coordonner les efforts pour aider les pays bénéficiaires à utiliser au mieux tous les fonds disponibles. 


S’agissant de la dette, M. Fortin a affirmé que son annulation pouvait être un moyen satisfaisant de libérer des ressources, à condition que les pays concernés ne retombent pas dans l’endettement.  Rappelant que la Banque mondiale avait récemment confirmé que le gros des ressources résultant de l’allègement de la dette avait avant tout servi à des fins sociales ces dernières années, il s’est interrogé sur cette approche.  Les ressources consacrées aux secteurs sociaux, ou pire, pour couvrir des dépenses courantes, ne peuvent engendrer d’autres ressources, a-t-il dit et selon lui, il faut trouver un juste équilibre entre la résolution des problèmes sociaux et la relance de l’économie dans le but de renforcer le développement.  M. José Luis Machinea, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a lui au contraire plaidé pour une augmentation des dépenses sociales.  À son avis, il faut élaborer des politiques sociales qui constituent un investissement dans le capital humain, tels les programmes d’éducation et de santé.  Mme Eveline Herfkens, Coordonnatrice des Nations Unies pour la campagne des OMD, a fait écho en ces propos en affirmant que l’éducation des enfants était le meilleur investissement possible afin de parvenir au développement.  Elle a de plus estimé qu’il était inutile de donner plus d’argent pour l’APD à moins de modifier la façon dont on opère.


Les participants ont aussi souligné le rôle des investissements étrangers et se sont interrogés sur la manière optimum dont les pays en développement peuvent les attirer.  Mme Herfkens a notamment insisté sur le rôle d’une main d’œuvre saine et qualifiée pour attirer ces flux, tout en précisant que la petite taille des marchés des pays pauvres était un véritable obstacle.  Expliquant que les IED avaient augmenté de 40% dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, M. Machinea a déclaré qu’il s’agissait maintenant de renforcer l’impact des ces investissements. 


Par ailleurs, M. Reinhard Munzberg, du FMI, et M. Manservisi ont tous deux insisté sur le principe de l’appropriation et sur la nécessité pour chaque pays de mettre en place sa propre stratégie de développement national, aucune solution n’étant adaptée à tous les pays.  Ce dernier point a été repris par M. Ishrat Hussain, Gouverneur de la Banque du Pakistan, qui présidait cette table ronde, lors de ses remarques de conclusion.  Il a également mis l’accent sur le besoin d’augmenter la prévisibilité de l’aide, de mieux la coordonner et l’utiliser et a précisé que la réduction de la dette doit jeter les bases pour l’accumulation des ressources et du capital afin d’aboutir à la croissance et à l’élimination de la pauvreté. 


« Renforcement des capacités de l’État de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement: droits de l’homme, gouvernance, institutions et ressources humaines »


Modérée par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, Jose Ocampo, la table ronde a commencé par une intervention de la Présidente de la Finlande.  Tarja Halonen s’est exprimée sur le rôle des obligations liées aux droits de l’homme dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ces objectifs, a-t-elle dit, parlent des droits de l’homme dans le sens où ils visent l’accès à la santé, à l’alimentation, à l’éducation et au logement, lesquels sont consacrés comme droits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il s’agit en fait d’un cercle vertueux, a observé la Présidente finlandaise, puisque les OMD peuvent être aussi perçus comme un moteur de l’exercice des droits de l’homme. 


En clair, s’est-elle résumée, les éléments essentiels d’une approche du développement fondée sur le droit sont la non-discrimination, la participation, le contrôle et la reddition des comptes.  La bonne gouvernance participe à la même logique puisqu’elle renforce aussi la réalisation des OMD.  La promotion et la protection des droits de l’homme exigent une gouvernance forte et fondée sur des règles, à tous les niveaux.  Le développement économique et social exige aussi un environnement propice, en particulier des règles, des institutions et des procédures pour contrôler l’action de l’État.  Les OMD fournissent une occasion de renforcer la capacité des États à consolider, simultanément, les mécanismes de gouvernance et des droits de l’homme. 


À la suite de la Présidente finlandaise, le Ministre de la planification et du développement du Kenya, a estimé que, dans les pays en développement, le défi est de bâtir des institutions qui visent à la fois l’état de droit et le développement.  En Afrique, a-t-il estimé, le mécanisme d’examen par les pairs, créé par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), aidera à déterminer dans quelle mesure ces pays émergent en Afrique.  Il aidera aussi à déterminer la manière d’appuyer les pays qui le nécessitent.  Pour réaliser les OMD, a poursuivi le Ministre, un pays comme le Kenya aura besoin de 61 milliards de dollars d’ici à 2015.  Le Kenya peut en générer 19 milliards s’il parvient à accélérer la croissance en la faisant passer de 5% à 10% dans les années à venir, ce qui est faisable.  Les choses seront néanmoins facilitées si le pays n’avait pas à payer une dette qui représente 1,8 milliard de dollars par an. 

Le Ministre a aussi souligné l’importance du secteur privé et des investissements dans le capital humain pour réaliser les OMD.


À son tour, Mme Mehr Khan Williams, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a attiré l’attention sur les éléments essentiels que sont la non-discrimination, la participation et la reddition des comptes.  Le premier élément doit viser l’accès de tous aux services de base.  Pour le deuxième élément, a-t-elle poursuivi, il faut être prudent.  Il faudra choisir judicieusement les mécanismes pour ne pas surcharger le processus du développement.  Concernant la reddition des comptes, il s’agit de l’assurer grâce à des institutions efficaces. 


Enfin, le Président du Centre de Dialogue pour les politiques au Bangladesh, M. Rehman Sobhan, a estimé que les retards dans le développement économique et social sont tout à fait symptomatiques d’une crise de démocratie et de gouvernance puisque tout échec dans le développement représente une privation des droits.  Il faut des politiques appropriées pour assurer la démocratisation du processus économique et y garantir une participation équitable.  Il faut, a-t-il insisté, des mécanismes pour faciliter l’accès des populations pauvres aux services éducatifs et de santé.  Il faut enfin, a-t-il conclu, démocratiser l’ordre international.  Les institutions qui préconisent la démocratie et la bonne gouvernance ont elles-mêmes un déficit énorme dans ces domaines, a-t-il estimé. 


Étayant les arguments sur le concept de « participation », le représentant de l’Autriche a estimé qu’aujourd’hui, la lacune la plus importante est l’incapacité des sociétés à se « déverticaliser ».  Car la démocratisation c’est l’« horizontalisation », a-t-il expliqué en précisant qu’il s’agit d’assurer à tous un accès égal aux processus de prise de décisions.  Le concept de gouvernance qui doit remplacer celui de gouvernement se matérialisera lorsque la société aura développé la propension de chaque citoyen et de chaque communauté à penser à l’autre et à œuvrer pour le bien commun.  Il s’agit de « dignité humaine » et d’« espace public », deux éléments qui conduiront à la disparition du « gouvernement » au profit de la « gouvernance ». 


Appréciant ce point de vue, le représentant du Département des affaires économiques et sociales, a regretté, dans ce contexte, l’absence dans les cursus scolaires de cours d’éducation civique pour inculquer l’intérêt de la chose publique.  Il a observé qu’aujourd’hui en Europe, les crises politiques viennent bien souvent du fossé grandissant entre les populations et les gouvernants.  Il a prôné la mise en place de mécanismes de consultations et de concertation.  Si l’on interroge le peuple, a cru savoir le représentant de la Malaisie, il accorderait la priorité au développement plutôt qu’aux droits de l’homme.  Le développement est le point de départ de ces droits, a renchéri le représentant de la Chine avant que le représentant de l’Azerbaïdjan ne précise que ce développement est d’abord tributaire de la bonne gouvernance. 


Prenant le contre-pied de ces assertions, la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a estimé que le problème vient précisément de la trop attention que les gouvernements des pays en développement accordent au développement économique au détriment d’une approche plus globale incluant les droits sociaux.  Nous maîtrisons la rhétorique des droits de l’homme et de la bonne gouvernance mais nous sommes incapables d’aller au-delà, a-t-elle constaté, en demandant, appuyée par la représentante d’une ONG chargé des droits des personnes handicapées, pourquoi les groupes vulnérables et les communautés rurales continuent d’être marginalisés.  Parce que les compétences nécessaires font défaut, a répondu la représentante de l’Organisation

internationale des migrations (OIM) en appelant à inverser les tendances de la fuite des cerveaux.  Il est temps, a-t-elle dit, de tirer parti des effets positifs des migrations internationales qui concernent ces millions de personnes qui vont parfaire leur éducation et leur formation ailleurs.  Il faut les intégrer dans les différents secteurs du développement, a-t-elle dit en se déclarant convaincue de la possibilité d’établir un pont entre ces personnes et leur pays d’origine. 


« Éducation et alphabétisation »


Présidée par M. Datuk Mustapa Mohamed, Ministre au Département du Premier Ministre de la Malaisie, la table ronde sur l’éducation et l’alphabétisation a entendu le Directeur général adjoint pour l’éducation de l’UNESCO, M. Peter Smith; la Présidente du Centre international de recherche sur les femmes, Mme Geeta Rao Gupta; et le représentant d’une communauté de développement égyptienne, M. Magdi Mehani Amin.


L’accent a été mis sur la contribution de l’éducation à la réalisation des OMD compte tenu des liens entre l’éducation et la formation et les capacités de travail et de production.  Mme Gupta a souhaité des écoles accessibles aux plus pauvres.  Elle a insisté sur l’importance de l’éducation des femmes en notant que les femmes qui suivaient une éducation secondaire avaient la capacité de créer de meilleures conditions pour leurs enfants.  Elle a ajouté que l’expérience montrait que les femmes ayant suivi un enseignement d’un niveau plus élevé recueillaient, encore plus que les hommes, les fruits économiques. 


De son côté, M. Smith a souligné l’importance de systèmes d’éducation décentralisés avec une démarche de gouvernance souple et réfléchie accompagnée d’une bonne gestion.  Notant les problèmes quant au niveau d’un large pourcentage des élèves américains, il a prédit de graves conséquences pour la compétitivité des États-Unis.  Selon lui, nous devons prendre conscience du fait que le problème n’est pas celui des capacités intellectuelles des enfants mais résulte de systèmes d’éducation inadéquats.


M. Amin a souligné l’importance de lier l’école à la communauté environnante.  Il nous faut développer des programmes créatifs qui rendent l’école attrayante.  Ventant les succès d’un programme intitulé « Apprenez pour vous libérer », il a précisé que les meilleurs succès avaient été obtenus par le biais d’un travail collectif des ONG présentes sur le terrain.


Si le représentant du Venezuela a présenté l’importance de programmes scolaires visant à l’intégration des exclus de la société, celui du Rotary International a mis l’accent sur l’éducation des adultes et leur alphabétisation.


Reprenant la parole, Mme Gupta a déclaré que l’éducation était le domaine des OMD où les plus grands progrès avaient été réalisés même si le chemin qui reste à parcourir est immense.  Elle a estimé que nous avions beaucoup à apprendre de la campagne iraquienne qui avait permis d’éliminer l’analphabétisme des femmes à la fin des années 70.  Mais si vous voulez que les femmes soient autonomes et de véritables acteurs du développement, a-t-elle insisté, il faut une éducation secondaire. 


Dans ses remarques de clôture, M. Smith a noté qu’il ne s’agissait pas seulement de trouver des ressources aux fins de la réalisation de l’accès universel à l’éducation primaire, mais de s’assurer que ces ressources puissent être traduites en progrès réels.  Il a estimé indispensable de revoir les modes d’enseignement dans le souci de gagner en efficacité.  Notant que le niveau d’éducation et de culture de la mère était déterminant pour l’avenir de l’enfant, il a mis l’accent sur l’importance de l’éducation des filles.    


« Égalité des sexes et autonomisation des femmes »


Les quatre principales participantes au débat, Mme Mar Suazo Laitano, Ministre chargée de l’Institut national des femmes du Honduras, Mme Mayanja, Sous-secrétaire générale et Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, Mme Debbie Budlender, chercheure principale et Mme Heyzer, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) ont convenu de la nécessité de privilégier la mise en place de stratégies sexospécifiques au plan régional.  


L’Objectif du Millénaire numéro 3 a pour vocation de promouvoir l’action volontaire, la solidarité et la créativité de millions de femmes rendues particulièrement vulnérables dans les situations de grande pauvreté et de conflits, a-t-il été rappelé.  L’autonomisation des femmes a également pour but de leur donner les moyens concrets de jouer un rôle fondamental dans l’effort général de développement, et ce, entre autres, parce que les femmes assurent la cohésion familiale et sociale de nombreuses sociétés.  Dans ce contexte, les participants au débat ont reconnu qu’il était impératif de faciliter l’accès des femmes et des filles à l’éducation, la finalité étant de former les femmes aux activités politiques et économiques, notamment commerciales, en vue d’engager cette force aux fins de transformation sociale et économique des pays en développement. 


Il a été en outre émis le souhait que les femmes, par le biais de l’aide des organisations régionales, obtiennent une représentation accrue au sein des grandes institutions, par exemple des parlements comme c’est le cas en Ouganda.  L’intégration des femmes à la totalité des sphères de la vie publique a même été avancée comme un outil indispensable de lutte contre la pauvreté et de progrès démocratique.  En effet, l’intégration des femmes est un gage de bonne gouvernance et de renforcement de fait du fonctionnement des collectivités locales dont l’action est essentiellement dévolue à la lutte contre la pauvreté et la faim.  C’est pourquoi, il a été par exemple noté que le savoir particulier des femmes  dans le domaine de la maîtrise de l’eau devrait être davantage sollicité pour rendre les petites unités agricoles plus performantes.  Il faut s’efforcer de faire des traditions et coutumes non pas des freins au développement et des moyens de maintenir les femmes dans un état de soumission, mais au contraire utiliser cette force comme un moteur positif de changement, a-t-il été dit à plusieurs reprises.


En ce qui concerne le rôle juridique des grandes institutions internationales, il a été déclaré par de nombreux intervenants que les décisions prises dans le cadre de réunions telles celles du CEDAW, et qui toutes œuvrent dans le sens de l’égalité des chances entre hommes et femmes soient suivies effets.  Un environnement propice à cette fin doit être crée sur le terrain, a-t-il été lancé, l’accent devant être mis sur le déploiement d’actions de proximité visant à impliquer les femmes dans des secteurs d’activités tels que la gestion efficace, l’instruction scolaire et la production de revenus.  



« Viabilité de l’environnement »


La table ronde sur la viabilité de l’environnement a été l’occasion d’affirmer une fois de plus les liens entre environnement et développement.  Une attention particulière a ainsi été mise sur l’objectif du Millénaire pour le développement numéro 7, par lequel les États se sont engagés à assurer le respect de l’environnement à long terme et à gérer les ressources naturelles dans la perspective du développement.  Il s’agit, en d’autres termes, d’intégrer les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux, d’inverser la tendance à la diminution des ressources naturelles, de réduire de moitié le nombre des personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et d’améliorer la qualité de vie d’au moins 100 millions d’habitants des taudis d’ici 2020.


Pour M. Rogatien Biaou, Ministre des affaires étrangères du Bénin, qui présidait cette table ronde, les pratiques de gestion environnementale doivent se faire de manière rationnelle et permettre d’atteindre le développement durable.  Le Ministre a évoqué, notamment, la situation des taudis, dont les habitants sont privés des infrastructures urbaines de base et de services tels que l’eau potable, l’assainissement ou les abris appropriés.  En 2001, environ 924 millions de personnes habitaient dans des taudis, a-t-il souligné, précisant que, selon les projections du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), ce nombre passerait à 1,4 milliard en 2020. 


Parvenir au développement durable revient à rendre durable les établissements humains, a estimé ainsi Mme Anna Tibaijuka, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), dont le message a été lu lors de la table ronde par Mme Axumite Gebre-Egziabher.  Selon elle, il convient de reconnaître que même si les objectifs du Millénaire pour le développement sont mondiaux, ceux-ci doivent être réalisés au niveau local.  Pour que les programmes de réduction de la pauvreté soient effectifs, ils doivent être atteints au niveau local, ajoute-t-elle.  Mme Tibaijuka soulignait en outre dans son message que deux millions d’enfants meurent sans raison chaque année des suites d’un manque d’eau ou d’une mauvaise qualité de l’eau, tandis que de nombreuses filles sont privées d’école car elles doivent aller chercher de l’eau.  Atteindre l’objectif sur les taudis représente un grand défi pour de nombreux pays, notamment ceux de l’Afrique subsaharienne, assure-t-elle. 


Pour la Directrice exécutive d’ONU-Habitat, si on ne remédie pas à la pauvreté urbaine, il sera impossible de réaliser des progrès durables dans des domaines tels que la santé, l’éducation, l’alimentation, le VIH/sida ou d’autres maladies.  Le développement durable ne pourra pas être atteint sans urbanisation durable, estime-t-elle.  Les villes, qui abritent la moitié de la population mondiale, sont beaucoup plus que des moteurs de croissance économique.  Elles sont également des réservoirs de pauvreté et des lieux où les inégalités sont plus tangibles et visibles.  De ce fait, elles sont souvent sensibles aux conflits, ce qui menace la sécurité mondiale.  Nous devons de ce fait engager plus de ressources pour améliorer la vie des habitants des taudis.


Mme Brigitte Girardin, Ministre déléguée de la coopération pour le développement de la France, pour qui assurer un environnement durable est essentiel pour l’environnement, le développement et la sécurité collective, a mis l’accent sur l’initiative française de proposer la création d’une organisation des Nations Unies de l’environnement, qui, s’est-elle réjouie, reçoit le soutien de plus en plus d’États.  La France et l’Union européenne jugent nécessaire de renforcer de manière significative la gouvernance internationale de l’environnement, a-t-elle déclaré, estimant qu’un manque de cohérence était préjudiciable non seulement au développement mais aussi à l’environnement.  Nous avons aujourd’hui toutes les raisons de ne pas être satisfaits du statu quo, a-t-elle dit.  La Ministre a souligné que la dégradation de l’environnement était devenue aujourd’hui un obstacle au développement et le serait davantage à l’avenir.  La réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement numéro 7 est donc cruciale, a-t-elle ajouté.  Précisant que chaque État avait la responsabilité d’inclure les considérations environnementales dans ses projets de développement.


M. Klaus Töpfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a de son côté indiqué que le Conseil économique et social devait être conscient que le développement nécessitait non seulement des ressources financières, mais aussi un capital humain.  Il faudra donc investir dans l’éducation des jeunes.


« Stratégies nationales pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement »


Ouvrant cette table ronde, M. Sidi Ould Didi, Ministre des affaires économique et du développement de la Mauritanie, a rappelé qu’il était indispensable de forger des mécanismes au niveau national et de coopérer avec des organismes multilatéraux pour réaliser les OMD.  Les stratégies divergent selon les pays et il existe un réel problème d’appropriation pour relayer au niveau local les stratégies mises en œuvre au niveau international.  Selon le Ministre, il faut faire en sorte que les stratégies nationales s’accordent avec les objectifs transversaux et assigner une optique précise aux donateurs.  À cet égard, un rôle central devrait être confié aux organismes multilatéraux et en particulier aux Nations Unies, notamment au PNUD, dans l’assistance à l’élaboration des stratégies.  Selon le Ministre, l’assistance technique et l’aide publique au développement apportées dans le cadre de la coopération bilatérale devraient porter sur des secteurs précis et prédéfinis.  Il serait en outre judicieux de créer une structure en vue de s’assurer qu’aucun obstacle ne gêne la réalisation des OMD.


M. Masood Ahmed, Directeur général pour les politiques et le développement international du Royaume-Uni, a également assuré que les progrès vers la réalisation des OMD passaient par la mise en œuvre de stratégies nationales.  M. Ahmed a estimé que la communauté internationale se trouvait à un tournant pour le financement du développement et qu’il s’agira à l’avenir de gérer de la manière la plus responsable qui soit les ressources attribuées dans ce cadre.  Selon lui, il faut abandonner les discussions abstraites sur le montant des fonds pour se concentrer sur le cas de chaque pays.  Par ailleurs, il est nécessaire d’identifier les priorités pour chacun d’entre eux et la manière d’utiliser les ressources supplémentaires.  Ce sont les pays eux-mêmes qui doivent s’y employer et il ne faut pas que des décisions verticales leur soient imposées, a-t-il poursuivi.  Les Ministres des finances ne veulent pas s’engager à mettre en œuvre certaines stratégies s’ils n’ont pas la certitude de pouvoir disposer des fonds nécessaires sur le long terme, a-t-il fait remarquer.  De son côté, le Ministre du développement de l’Indonésie a déclaré que ce serait l’idéal si tous les bailleurs de fonds reconnaissaient qu’il faut s’appuyer sur les stratégies nationales et assouplissaient leurs procédures.


Le Ministre des affaires sociales du Venezuela a rappelé que son pays avait mis l’accent sur les politiques en faveur des plus marginalisés, la redistribution des richesses et la justice sociale.  À l’instar d’un grand nombre de pays en développement, nous avons constaté que la pauvreté n’a pas diminué et que beaucoup devait être fait dans les domaines de la santé et de l’éducation primaire et informelle, par exemple, a-t-il poursuivi.  L’accès à la terre est également important et un plan de transfert aux paysans a été mis en place à cet égard, comme l’accès à une alimentation de qualité et à un logement décent.  Des mesures ont été prises dans tous ces domaines, en étroite coopération avec les communautés, a précisé le représentant, qui a ajouté que dans les cas de financements multilatéraux, les efforts devaient tenir compte en priorité des efforts pour respecter la dignité du peuple.


Le Ministre de la planification du Guatemala s’est demandé comment réaliser une mise sur échelle de l’aide internationale.  Pour les pays à revenu intermédiaire, comme le nôtre, il y a des questions prioritaires, comme celle de trouver les moyens d’assurer la durabilité des OMD?  Il est selon lui très important d’introduire des facteurs pour diminuer les risques des investisseurs.  Le représentant de la Mauritanie a affirmé que son pays s’était engagé dans un processus d’appropriation des OMD en adoptant un plan national qui est en adéquation avec les stratégies de lutte nationale contre la pauvreté.  Deux groupes parlementaires de soutien ont été créés à l’Assemblée et au Sénat et le degré d’efficacité des efforts déployés pour atteindre les OMD repose sur un partenariat étroit avec les organismes régionaux et internationaux.


Pour le Représentant de la Thaïlande, la réussite des OMD implique une mobilisation de tous les acteurs au niveau national, dans laquelle l’ONU peut jouer un rôle important. 


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