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CS/8348

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE RÈGLEMENT DES CONFLITS EN AFRIQUE PASSE PAR UNE PLUS GRANDE COOPÉRATION AVEC L’UNION AFRICAINE ET LES INSTITUTIONS SOUS-RÉGIONALES

30/03/05
Communiqué de presse
CS/8348


Conseil de sécurité

5156e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE RÈGLEMENT DES CONFLITS EN AFRIQUE PASSE PAR UNE PLUS GRANDE COOPÉRATION AVEC L’UNION AFRICAINE ET LES INSTITUTIONS SOUS-RÉGIONALES


     Aux côtés de 10 autres délégations, les 15 membres du Conseil ont exprimé leurs vues, à l’invitation de leur Président pour le mois de mars, M. Ronaldo Mota Sardenberg du Brésil, sur la dimension africaine des travaux de l’organe de l’ONU chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales1.  Au cours du seul mois de mars, le Conseil a adopté cinq résolutions sur les questions africaines et a tenu 25 réunions officieuses et publiques sur un continent qui accueille huit des 17 opérations de l’ONU déployées dans le monde, soit 61 000 effectifs militaires et de police civile sur un total de plus de 77 000 hommes.  


Pour être efficaces, ces opérations doivent être bien conçues, bien planifiées et dotées d’un mandat robuste, d’une gestion efficace, de règles de déploiement et d’engagement claires, et d’une stratégie de sortie précise.  Ces conditions posées par le représentant d’un des plus grands pays contributeurs de troupes, le Pakistan, lui ont été inspirées par l’action de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) qui opère dans des conditions marquées par des affrontements directs avec des groupes armés. 


Les opérations de maintien de la paix ne sauraient suffire, a prévenu le représentant de l’Algérie, si elles ne sont pas adossées à un plan d’ensemble destiné à traiter les conséquences militaires et humaines du conflit mais aussi les causes qui, bien souvent, ont trait à un accès équitable au pouvoir politique.  Ces opérations ne suffisent pas, a reconnu, avec lui, la majorité des délégations, si elles ne s’accompagnent pas d’un programme de consolidation de la paix fiable dans ses aspects institutionnels, sociaux et de développement.  À cet égard, la proposition du Secrétaire général de l’ONU de créer une Commission de consolidation de la paix a reçu l’aval de nombreux intervenants. 


Compte tenu de la persistance de « foyers chauds » en Afrique et de la complexité des efforts qu’ils requièrent, les yeux se sont tournés vers les Africains eux-mêmes.  À la lumière de leurs interventions au Soudan et dans sa région du Darfour, ou encore au Togo, pour préserver l’ordre constitutionnel, de nombreuses délégations dont la France ont reconnu que l’Union africaine, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sont désormais des acteurs incontournables du règlement des crises sur le continent. 


Relayée par plusieurs orateurs, l’Union européenne a, par la voix du représentant du Luxembourg, prôné la création de liens institutionnels entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine, avant de rappeler la création, en juin 2004, d’une Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.  L’unanimité des appels à une coopération plus étroite entre le Conseil et les organisations régionales et sous-régionales a été quelque peu brisée par le représentant de la Somalie qui a dit y voir le « Syndrome Somalie-Rwanda ».  Depuis 1977, moins de la moitié des opérations de maintien de la paix ont été entreprises par les Nations Unies, a-t-il fait observer.


Le représentant somalien a attiré l’attention du Conseil sur les obstacles à une intervention réussie des mécanismes africains, en citant l’absence de capacités militaires, financières, institutionnelles et logistiques; les conflits d’intérêt entre les pays; et le manque de coopération avec les régimes de sanctions.  La question des sanctions, de leur respect et de leur contrôle, a suscité de nombreux commentaires de la part des délégations qui, revenant à la création récente de la Mission de l’ONU au Soudan (MINUS), se sont interrogées sur la compatibilité d’une telle opération avec l’imposition de sanctions à ses futurs collaborateurs.  Auteur de la résolution que le Conseil a adoptée hier pour imposer des sanctions aux parties au conflit au Darfour, le représentant des États-Unis a réaffirmé que si, dans certains cas, la menace de sanctions peut suffire à changer le comportement de telle ou telle partie, dans d’autres cas, le Conseil ne peut qu’envoyer un message ferme de l’ONU.  Des commentaires ont également été formulés par les délégations sur la nécessité pour le Conseil de parler d’une seule voix lorsqu’il s’agit de lutter contre l’impunité, en particulier en ce qui concerne le recours à la Cour pénale internationale (CPI).


1 S/2005/188


DÉBAT DE SYNTHÈSE SUR LES TRAVAUX DU CONSEIL DE SÉCURITÉ POUR LE MOIS EN COURS


Déclarations


Soulignant que huit opérations de maintien de la paix sont déployées actuellement en Afrique, M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a rappelé que son pays, fournisseur de contingents militaire et policier, était en faveur d’un certain nombre de missions des Nations Unies dans ce continent.  Évoquant les particularités des opérations de maintien de la paix, il a déclaré qu’une meilleure prévision des besoins de ces missions dès le début est de nature à aider leur bon déroulement.  La Roumanie estime que les conflits en Afrique ne peuvent être pleinement réglés sans prendre en considération la dimension régionale.  Les mesures préventives comme la gestion efficace des conflits doivent être conçues et menées avec l’étroite collaboration des organisations régionales et sous-régionales, a-t-il préconisé en saluant à cet égard les succès des actions entreprises par la CEDEAO, notamment au Libéria et en Sierra Leone.  La Roumanie plaide en faveur d’une approche globale et multiple s’agissant du Soudan, a-t-il conclu.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé que si le déploiement d’opérations de maintien de la paix est une étape importante dans le processus de règlement des conflits, leur seule présence ne saurait constituer un gage de succès dans la poursuite de l’objectif d’une paix durable.  Pour réussir, ces opérations doivent être adossées à un plan d’ensemble pour traiter des conséquences du conflit dans leur dimension militaire et humaine, mais aussi pour aborder les causes qui ont trait à un accès équitable au pouvoir.  Elles doivent aussi être adossées à un programme de consolidation de la paix fiable dans ses aspects institutionnels, sociaux et de développement.  Toutes les opérations interviennent en appui à de telles feuilles de route, a-t-il insisté avant de se rendre à l’évidence que le facteur primordial du règlement de ces conflits demeure la volonté politique non équivoque des parties au conflit à tenir leurs engagements et la confiance qui doit s’établir entre elles.  En matière de défiance, les sanctions ne sauraient être pertinentes, a estimé le représentant en arguant qu’il n’y a pas d’autre choix que de s’en remettre à la médiation qui reste presque exclusivement régionale et sous-régionale dans le cadre des conflits dont le Conseil a eu à connaître au mois de mars.  Le représentant a donc estimé que les relations entre l’ONU et l’Union africaine doivent maintenant se développer dans un cadre institutionnel devant doter, à terme, le système de sécurité collective d’un véritable pilier régional muni de moyens d’interventions diplomatiques et militaires adéquats. 


Mme ELLEN MARGRETHE LØJ (Danemark) a recommandé le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales, et encouragé la prise en main par les Africains de la gestion des conflits sur le continent, par le biais de l’Union africaine, en étroite collaboration avec l’ONU.  L’Afrique a besoin de solutions propres à ses problèmes, a-t-elle insisté en précisant qu’il faut répartir équitablement les tâches entre les Nations Unies et les pays africains.  Soulignant l’importance des efforts de consolidation de la paix, elle a insisté sur la nécessité d’adopter une démarche globale et cohérente avec la participation de toutes les parties prenantes au conflit.  En conclusion, Mme Løj a affirmé que son pays souscrit à la proposition du Secrétaire général préconisant la création d’une Commission intergouvernementale chargée de la consolidation de la paix.


M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a décrit les maux d’un continent frappé par les séquelles de la colonisation, de l’esclavage et d’un partage territorial insensible à la cohérence ethnique, historique et culturelle.  Invoquant ces maux pour expliquer la cause des nombreux conflits en Afrique, le représentant a ajouté qu’elle est désormais livrée aux marchands d’armes et aux trafiquants des matières premières dont les fameux diamants du sang.  Soulignant aussi le fardeau que représentent les pandémies du paludisme et du VIH/sida, le représentant s’est félicité que le Conseil tienne compte de la dimension régionale des crises comme en attestent ses actions en Afrique de l’Ouest et en RDC.  Il a d’ailleurs attiré l’attention du Conseil sur la médiation qu’entreprend le Roi du Maroc en faveur des pays du fleuve Mano.  Le représentant a aussi rappelé l’implication de son pays dans les processus de paix en RDC, en Somalie et en Côte d’Ivoire.  Il a ensuite félicité le Conseil pour son action au Soudan, en espérant le règlement du conflit au Darfour et la traduction en justice des responsables des violations des droits de l’homme.  Le représentant a aussi félicité le Conseil pour son action au Mozambique et en Angola en faveur de l’état de droit.  De ce point de vue, a-t-il estimé, certaines perspectives positives s’ouvrent devant le continent en ce qui concerne la bonne gouvernance, par des élections transparentes et honnêtes, et l’état de droit, par le renforcement des droits humains et de l’indépendance de la justice.  Les bonnes nouvelles se multiplient, les alternances gouvernementales s’organisent, les élites se succèdent aux affaires et c’est là un signe de bonne santé retrouvée des sociétés africaines, a-t-il ajouté, avant d’appeler la communauté internationale à apporter son soutien à ces efforts. 


M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a entre autres souligné la nécessité de consentir des efforts supplémentaires pour saisir la complexité des conflits en Afrique qui découle de la multiplicité des causes qui les sous-tendent.  Il a également exhorté les membres du Conseil à encourager la contribution des organisations régionales au cours de toutes les étapes de la recherche de solutions aux confits allant des mesures préventives aux efforts de reconstruction.  M. Abdelaziz s’est entre autres félicité de la décision récente du Conseil de sécurité de créer une mission de maintien de la paix au Soudan et des efforts qu’il déploie pour surmonter les obstacles en matière de sécurité qui entravent le processus de paix notamment en Somalie, en Côte d’Ivoire, au Libéria et en RDC.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est dit encouragé par le fait que le Conseil adapte constamment sa démarche à l’égard du continent africain qui connaît des situations complexes.  En matière de prévention des conflits, il a jugé qu’il fallait d’abord et avant tout traiter des causes originelles des conflits dont la principale est bien souvent la pauvreté et le sous-développement.  Il a ensuite félicité le Conseil pour son action dans la phase de règlement des conflits et s’est dit fier que son pays ait pu prendre part à toutes les missions de maintien de la paix qui ont été déployées récemment.  Pour être efficaces, de telles opérations doivent être bien conçues, bien planifiées et dotées d’un mandat robuste, d’une gestion efficace et de règles de déploiement et d’engagement claires.  Cela s’applique tout particulièrement à la situation au Congo dont les forces opèrent dans des situations difficiles marquées par des affrontements avec des groupes armés. 


Commentant la création de la Mission des Nations Unies au Soudan, il a appelé le Conseil à réfléchir à la compatibilité d’une opération des Nations Unies alliée à la politique des sanctions.  Le représentant a poursuivi sur la nécessité de renforcer la coopération entre le Conseil et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier dans la Corne de l’Afrique.  Il a conclu en souhaitant également une coopération étroite entre le Conseil et le Conseil économique et social, compte tenu de la composante « reconstruction » que de plus en plus de missions incluent.  Il a, en l’occurrence, manifesté son intérêt pour la Commission de consolidation de la paix prônée par le Secrétaire général de l’ONU.  


M. CÉSAR MAYORAL (Argentine) a souligné la nécessité d’adopter une démarche intégrée lors des missions de maintien de la paix qui tienne compte des dimensions humanitaire, économique, sociale et en matière de sécurité des conflits en Afrique.  Il faut faire preuve d’esprit novateur devant le constat que les causes persistent et refont surface une fois que les conflits armes prennent fin.  Ces opérations ne sauraient être menées efficacement si on adopte des mesures à la sortie des conflits et créer les conditions qui empêchent leur résurgence en s’attaquant aux questions liées au développement, aux droits de l’homme, à la primauté du droit et à la démocratie.  Le représentant s’est félicité que le Conseil de sécurité ait fait en sorte qu’au cours des trois dernières années, la composante militaire soit complétée par une composante humanitaire, créant ainsi des missions a intégrées qui sont à même de faire face aux conflits dans toutes ses dimensions.  En conclusion, le représentant argentin a exprimé l’appui de son pays à la proposition du Secrétaire général en vue de créer une Commission intergouvernementale de consolidation de la paix dotées d’un mandat bien définit et des ressources adéquates.


M. WANG GUANGYA (Chine) a salué les évolutions positives de certains processus visant à régler des conflits en Afrique tout en admettant que la plupart des régions du continent continuent de souffrir de la pauvreté et des maladies.  Le Conseil, a-t-il dit, doit exhorter la communauté internationale à démontrer une plus grande volonté politique et à mobiliser davantage de ressources pour surmonter ces problèmes.  Le représentant a aussi prôné une coopération plus étroite entre l’Union africaine et le Conseil.  Ce dernier,a-t-il estimé, doit aussi renforcer sa coopération avec le Département des opérations de maintien de la paix et d’autres institutions des Nations Unies, en particulier pour diriger l’attention vers les défis de la reconstruction.  À son tour, le représentant a manifesté son intérêt pour la Commission de consolidation de la paix dont le Secrétaire général de l’ONU préconise la création.


M. EIICHI OSHIMA (Japon) a insisté sur l’importance d’une approche qui tient compte de la perspective régionale des conflits.  Il s’est par ailleurs félicité du fait que les Africains tendent de plus en plus à prendre en charge les conflits qui perdurent dans leur continent et du rôle croissant des organisations africaines, notamment les efforts déployés par l’Union africaine au Soudan et l’effort entrepris par le Président Thabo Mbeki.  Il a par ailleurs loué l’action de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la CEDEAO.  Pour couronner de succès ces efforts, a-t-il poursuivi, il faut accorder un appui à la fois matériel, moral et logistique, a-t-il préconisé.  Il est crucial que l’Afrique s’approprie ses conflits avec le plein appui de la communauté internationale.  Pour conclure, le représentant a évoqué l’importance de renforcer les liens et la coopération entre les missions des Nations Unies en Afrique, en citant comme exemple les patrouilles conjointes entre la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC) et la Mission des Nations Unies au Burundi (MINUB).


Sir EMYR PARRY JONES (Royaume-Uni) a repris les mots de son Premier Ministre, Tony Blair, en disant que l’Afrique est une cicatrice sur la conscience du monde.  La bonne nouvelle, a-t-il estimé, est que l’Afrique est en train de créer elle-même les conditions pour sortir de ses problèmes.  En la matière, les prescriptions doivent inclure la paix et la sécurité dans tous leurs aspects, des investissements dans le renforcement des capacités nationales et des efforts multipliés dans la lutte contre la pauvreté.  Le représentant a reconnu, à cet égard, la place de la libéralisation commerciale dans la mobilisation des ressources aux fins du développement.  L’année 2005 est une année fondamentale, a-t-il dit, en invoquant la Réunion de haut niveau de septembre qui offre plus de perspectives pour l’Afrique que pour les autres continents.  Il a espéré que les propositions du Secrétaire général de l’ONU seront largement acceptées.  Assurant la présidence du G-7, a-t-il poursuivi, le Royaume-Uni a choisi l’Afrique comme l’un de ses domaines prioritaires.  Toutefois, a-t-il prévenu, la réussite des interventions implique la cohérence des politiques et des interventions de la famille des Nations Unies et des autres acteurs internationaux.  En toute chose, les initiatives doivent venir des Africains eux-mêmes qui doivent pouvoir montrer la voie à suivre.  Le représentant a conclu en soulignant que le Conseil a un rôle fondamental à jouer mais il ne saurait être exclusif.        


Réaffirmant l’attachement de la France à la stabilité et au développement de l’Afrique M. MICHEL DUCLOS (France) a déclaré qu’elle aurait souhaité que le Conseil de sécurité n’ait pas à se pencher si fréquemment sur les crises qui malheureusement continuent de secouer ce continent.  Il s’est par ailleurs réjoui du renforcement de la coopération entre le Conseil et les organisations régionales africaines.  Les Africains aujourd’hui prennent en main leur destin, a-t-il souligné, en saluant le rôle de l’Union africaine, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la CEDEAO.  Soulignant la nécessité du rôle du Conseil de sécurité dans le règlement des crises en Afrique, M. Duclos a fait observer toutefois que les ressources de la communauté internationale ne sont pas illimitées.  Le Conseil doit par conséquent s’efforcer, sur chaque dossier, de définir une véritable stratégie de sortie, a-t-il préconisé, en précisant que son pays considère que dans certains cas, notamment en Côte d’Ivoire, un avertissement supplémentaire mais temporaire reste indispensable s’il permet d’accélérer la sortie de crise.  Évoquant la question de la lutte contre les abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix, il a affirmé que l’attention et les efforts des Nations Unies pour faire face à ce problème devraient aller au-delà de la MONUC et s’est réjoui à cet égard de la contribution du rapport du Prince Zeid al-Hussein.


M. MARC BICHLER (Luxembourg), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé que le Conseil aurait tout à gagner d’une coopération et d’une coordination accrues avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales.  Il a aussi estimé que les liens institutionnels entre les Nations Unies et l’Union africaine doivent être renforcés.  En la matière, il a félicité l’Union africaine pour les progrès réalisés en tant qu’interlocuteur crédible et légitime.  L’Union européenne est déterminée à renforcer ses liens avec l’Union africaine et à élaborer, en particulier, un programme opérationnel, notamment en matière de paix et de sécurité.  En novembre 2004, a-t-il rappelé, l’Union européenne a adopté un plan d’action relatif au soutien à la paix et à la sécurité en Afrique.  Il a aussi rappelé que pour faciliter l’octroi d’un soutien financier aux opérations sur le continent africain, l’Union européenne a créé la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique qui est un instrument de développement doté de 200 millions d’euros, devenu opérationnel depuis juin 2004.  Il a conclu en invitant le Conseil de sécurité à axer ses efforts sur la nécessité de mettre fin à l’impunité, un respect plus strict des embargos sur les armes et la nécessité de soutenir efficacement les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a rappelé qu’en s’engageant en faveur du règlement des conflits en Afrique, le Conseil de sécurité investit dans le développement et la prospérité des peuples africains.  Il a également souligné l’importance cruciale du renforcement de la coopération entre le Conseil et les organisations régionales africaines.  Comme l’avait fait observer le Secrétaire général récemment, l’Afrique est loin d’avoir atteint les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le représentant a affirmé qu’il est de la plus grande importance que la communauté internationale prête assistance aux pays africains dans ce domaine.  L’Indonésie est convaincue qu’en œuvrant en faveur du développement économique de l’Afrique, elle lutte ainsi contre l’une des causes des conflits.  Rappelant la contribution de son pays dans le cadre du maintien de la paix notamment au sein de la MONUC, il a conclu en insistant sur la solidarité entre les pays du Sud, notamment entre l’Asie et l’Afrique.


M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a estimé que l’action du Conseil s’est améliorée tout au long de ses expériences.  La recherche de solutions se réalise de manière plus systématique et plus prompte.  Malheureusement, l’Afrique demeure la preuve la plus tragique du coût considérable des conflits non maîtrisés, a-t-il souligné.  Il a donc appelé le Conseil à privilégier l’action à la réaction et à prêter plus d’attention aux causes profondes des conflits.  En l’occurrence, il faut travailler aux moyens d’enraciner la démocratie et la bonne gouvernance dans les pays africains.  Le PNUD et la Banque mondiale ont un rôle important à jouer.  Le représentant a appelé le Conseil à développer davantage ses synergies avec ce type d’organisations.  Il a, à son tour, jugé que la Commission de consolidation de la paix serait l’organe idoine.  Le Conseil, a-t-il poursuivi, doit se montrer plus ouvert à une coopération plus étroite avec les autres organismes des Nations Unies.  Il s’est donc félicité de l’évolution qui permet les opérations multidimensionnelles.  Le Conseil doit aussi affiner sa pratique des sanctions qui doivent être ciblées et assorties d’objectifs clairs.  Il doit approfondir la réflexion sur de meilleurs moyens de faire respecter les embargos sur les armes et les sanctions individuelles.  En la matière, le mandat et les règles d’engagement des missions pourraient être rédigées en conséquence.  De même, a encore dit le représentant, le Conseil aurait tout à gagner à appuyer des instruments comme le Mémorandum de la CEDEAO sur les armes légères.  Appuyant aussi les visites du Conseil sur le terrain, le représentant a conclu sur la nécessité d’établir des mécanismes clairs de coordination entre le Conseil et les organisations régionales.   Le Conseil doit parler d’une voix lorsqu’il s’agit de promouvoir la justice pénale et internationale comme moyen de lutter contre l’impunité, a-t-il ajouté avant d’attirer l’attention sur les crises oubliées.  Il faut adopter des mesures ambitieuses pour décourager ceux qui se rendent coupables des actions contre les civils.  Il faut promouvoir une stratégie globale alignant la prévention et le règlement des conflits à la consolidation de la paix. 


M. LAURO L. BAJA (Philippines) a plaidé notamment en faveur d’une coopération entre les missions des Nations Unies en Afrique afin de tirer parti des ressources mises à leur disposition.  Pour adopter une approche globale, il ne faut pas dissocier les questions politiques des questions relatives aux sanctions, a-t-il poursuivi, en précisant par ailleurs qu’il faudrait faire en sorte que les mandats des missions des Nations Unies pour le maintien de la paix ne soient pas tous prorogés en même temps.  Le représentant a fait observer qu’il existe un fossé entre l’adoption des résolutions sur les sanctions et leur mise en œuvre.  Lorsque les sanctions ne sont pas dûment appliquées, c’est l’autorité du Conseil de sécurité qui s’en trouve affaiblie, a-t-il prévenu. 


M. ALEXANDER V. KONUZIN (Fédération de Russie) a estimé que la primauté du droit, la démocratie et la bonne gouvernance sont les ingrédients d’une solution durable aux conflits africains.  Il s’est ainsi félicité de l’action de l’Union africaine visant le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Togo.  Cela montre que les organisations régionales ont un avantage réel dans la prévention des conflits.  Soulignant les difficultés à mettre en place une opération de l’ONU, le représentant a estimé que la pratique actuelle de tenir des consultations officieuses en l’absence des pays contributeurs de troupes n’est pas pertinente.  Il a aussi émis des doutes quant à l’efficacité des gouvernements de transition, avant d’appeler le Conseil à définir les priorités pour que les principaux acteurs nationaux et internationaux puissent réellement contribuer à la solution des grands problèmes de la transition.  Seule une démarche globale permet d’assurer une solution à long terme, a-t-il insisté, avant d’appeler la communauté internationale à adopter une démarche responsable à l’égard des sanctions qui exige la mise au point de mécanismes de suivi.


M. CRISPIN GREY-JOHNSON (Gambie) a tenu à souligner le succès des efforts déployés par le Conseil de sécurité pour faire face aux différents conflits en Afrique.  Il a cité comme exemple les décisions qu’il a prises pour mettre fin au commerce illicite des petites armes et des armes légères en Afrique, en soulignant que son pays plaide en faveur de l’adoption d’une convention internationale sur les armes légères juridiquement contraignante.  Évoquant l’importance des initiatives entreprises par différents acteurs africains en vue de participer au règlement des conflits qui perdurent dans ce continent, il a affirmé que le Conseil doit davantage tenir compte de stratégies de sortie des conflits au niveau sous-régional, et mettre en place un système d’alerte précoce capable de l’aider à agir promptement avant l’éclatement des conflits.  En conclusion, il a émis l’espoir de voir ce débat prendre place de façon régulière. 


M. AHMED ABDI HASHI (Somalie) a cité comme causes principales des conflits en Afrique le sous-développement, un partage inéquitable du pouvoir et des richesses, la mauvaise gouvernance, les intérêts individuels des pays voisins ou encore la circulation des armes.  S’interrogeant sur les motivations qui sous-tendent les actions du Conseil, le représentant a dit avoir remarqué que lorsque le règlement d’un conflit est « parrainé » par un ou plusieurs États, les chances d’appui à une intervention se voient renforcées.  La Somalie, a-t-il dit, est un exemple probant du cas contraire.  Combien de morts et de déplacés faudra-t-il pour que le Conseil de sécurité s’engage sérieusement dans ce pays? a demandé le représentant.  Il a aussi dénoncé le fait que « Syndrome Somalie-Rwanda » ait contribué aux arrangements ad hoc avec les organisations régionales.  Or, a-t-il fait observer, de nombreux obstacles limitent les interventions des organisations régionales et sous-régionales.  Il a cité le manque de capacités militaires, le manque de ressources financières et logistiques, le caractère inadéquat des capacités institutionnelles, les conflits d’intérêt entre les États Membres de ces organisations et l’absence de coopération avec les régimes de sanctions.  Il a donc appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de l’Union africaine.


Soulignant l’importance accrue des ressources exigées par les conflits en Afrique, M. REED JACKSON FENDRICK (États-Unis) a appelé de ses vœux l’utilisation efficace et rationnelle des ressources financières et humaines.  Rappelant par ailleurs l’engagement de son pays vis-à-vis des pays africains, notamment au Libéria, en République démocratique du Congo (RDC), en Côte d’Ivoire ainsi qu’au Soudan, il a déploré les obstacles qui entravent les activités des missions chargées de l’assistance humanitaire et celles ayant pour mandat de rétablir la sécurité sur le terrain et qui sont liés à une combinaison de facteurs allant de la mauvaise qualité des infrastructures à la culture de l’impunité.  Évoquant les actions du Conseil de sécurité, notamment le recours aux sanctions, il a souligné que dans certains cas la menace de sanctions peut suffire à changer le comportement de telle ou telle partie au conflit, alors que dans d’autres, il convient de les imposer dans les plus brefs délais afin que l’ONU envoie un message ferme.  L’expérience dans la région des Grands Lacs nous a montré que l’aspect régional des conflits mérite d’être étudié en profondeur dans le règlement des conflits en Afrique, a-t-il poursuivi, en plaidant en faveur de stratégies régionales efficaces, d’une participation accrue des organisations régionales et sous-régionales qui sont à même d’augmenter les chances de succès des efforts et sacrifices consentis par la communauté internationale.  Pour éviter la résurgence des conflits en Afrique, a-t-il affirmé en conclusion, il faut être capable de prévoir entre autres la nature des problèmes qui peuvent se poser à la sortie d’un conflit et de réussir le processus de désarmement.


M. ADAMANTIOS VASSILAKIS (Grèce) a fait sienne la déclaration du représentant du Luxembourg au nom de l’Union européenne.  Notant que l’Afrique est au cœur des préoccupations et de l’action du Conseil de sécurité, il a estimé que le déploiement de la nouvelle Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) contribuera à la mise en œuvre de l’Accord de paix global de Nairobi.  Il a espéré que cet Accord servira de référence pour le règlement du conflit au Darfour.  En ce qui concerne l’Éthiopie et l’Érythrée, le représentant s’est félicité du renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies (MINUEE) et rappelé l’invitation faite aux deux pays de ne pas augmenter leurs forces militaires dans la zone temporaire de sécurité.  S’agissant de la Côte d’Ivoire, M. Vassilakis a regretté que l’embargo sur les armes ne soit pas respecté.  Les membres du Conseil de sécurité ont le sentiment que des sanctions individuelles devraient être appliquées, a-t-il affirmé.  Tout en déplorant les violations de l’embargo imposé en République démocratique du Congo, le représentant a souligné que la Mission de l’ONU en RDC (MONUC), dont le mandat a été renouvelé aujourd’hui, devrait jouer un rôle primordial pour assurer le succès des élections.  De manière générale, le représentant a félicité l’Union africaine pour ses actions dans la région.  Il a mis l’accent sur le rôle fondamental des sanctions, invitant le Conseil à réfléchir sur le problème de leur non-application.  Enfin, M. Vassilakis s’est montré favorable à la création d’une commission intergouvernementale de consolidation de la paix, telle que proposée par le Secrétaire général.


M. AUGUSTINE MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a relevé la part importante que le Conseil a accordée aux questions africaines au cours de ce mois, ce qui démontre l’importance de la prévention des conflits.  Il a considéré à cet égard que le Conseil ne peut plus se contenter de la prévention offerte par les missions diplomatiques et les opérations de maintien de la paix.  À ses yeux, les efforts doivent aussi porter sur le long terme afin d’aider des pays comme la Guinée-Bissau.  Il a aussi évoqué le fait que les pays qui sortent d’un conflit sont plus à même de retomber dans l’instabilité au cours des quatre années qui suivent l’accord de paix.  C’est dans ce cadre que le représentant a invité le Conseil à explorer les moyens d’aider plus efficacement les pays africains qui se trouvent dans cette situation.  La proposition du Secrétaire général de l’ONU visant la création d’une commission de consolidation de la paix devrait être adoptée et exécutée sans délai, a-t-il préconisé.  M. Mahiga a ensuite reconnu qu’il incombe en premier lieu aux Africains de prévenir les conflits et de consolider la paix, tout en demandant à la communauté internationale et à l’ONU de rester impliquées comme partenaires pour la paix et le développement.  Abordant la question du Darfour, le représentant a estimé que l’efficacité du Conseil est en cause, ce qui lui fait perdre sa crédibilité.  Enfin, sur les stratégies postconflit, il a invité le Conseil à s’attaquer aux causes inhérentes de nombreux conflits, comme la pauvreté.


M. ALI HACHAMI (Tunisie) a souligné l’importance de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, notamment en vue de l’amélioration des capacités institutionnelles de cette dernière.  Rappelant que l’Afrique accueille aujourd’hui les trois quarts des Casques bleus qui sont déployés à travers le monde, il a noté que les efforts des pays africains afin de se prendre en charge nécessitent un soutien accru de la part de l’ONU et de la communauté internationale.  La Tunisie est persuadée que la mise en place récente du Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine en vue d’asseoir une politique régionale de prévention des conflits va aider grandement les États africains.  Par ailleurs, M. Hachami a fait observer que les efforts internationaux visant à renforcer la capacité collective des pays africains n’exonèrent pas la communauté internationale des obligations collectives prévues par la Charte des Nations Unies.  Il a également appelé l’attention des membres du Conseil sur le fait que la fin du mandat d’une mission de maintien de la paix ne signifie pas pour autant qu’une paix durable a été rétablie puisque cette dernière ne peut être assurée qu’en parvenant à régler les causes profondes des conflits et à asseoir les bases politiques, économiques et sociales capables de consolider la paix sur le long terme.  Pour conclure, le représentant a affirmé que la proposition d’établir une commission de consolidation de la paix au sein des Nations Unies mérite toute l’attention.


M. RODNEY LOPEZ CLEMENTE (Cuba) a insisté sur la situation que connaît l’Afrique en estimant que les anciennes puissances coloniales avaient la responsabilité morale de réparer les conséquences de leurs actes.  De même, le maintien d’un ordre économique mondial injuste qu’impose le processus néolibéral ne fait que désavantager ce que l’on appelle « Le tiers monde » et en particulier le continent africain.  Ainsi, l’Afrique, qui représente 18,5% de la population mondiale et dont le sous-sol renferme les ressources naturelles les plus importantes de la planète, contribue à peine à 2% à l’économie mondiale.  Le représentant a fait part de l’appui de son pays aux efforts que déploie le Conseil de sécurité mais a estimé que des efforts plus systématiques devraient être fournis dans la mesure où cette région, et pas seulement le Soudan ou la Somalie, manque de financement ce qui est un frein à la paix.  Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de prévenir les conflits en s’attaquant véritablement à leurs causes inhérentes.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a salué l’exercice fructueux auquel s’est livré aujourd’hui le Conseil.  Les questions africaines représentent, depuis 1998, plus de 60% des questions dont est saisi le Conseil, a-t-il fait observer, en ajoutant que c’est sur ces questions que le travail du Conseil peut vraiment être évalué.  Il a ainsi craint que la multiplication des réunions sur l’Afrique ne participe d’un manque d’efficacité du Conseil.  Le représentant a jugé que les efforts doivent se concentrer sur la prévention des conflits qui requiert une coopération plus institutionnelle entre le Conseil et le Conseil économique et social, conformément à l’Article 65 de la Charte de l’ONU.  Il a aussi souhaité discuter de la création de la commission de la consolidation de la paix qui permettrait de lier les questions de la paix et de la sécurité à celle du développement durable.  Le Conseil, a-t-il dit, doit ajouter une nouvelle dimension à sa démarche en adhérant au concept de durabilité de la paix.  Il a aussi jugé nécessaire de s’assurer que lorsque les processus de paix se développent, ils comprennent également des mesures concrètes permettant aux populations de se sortir du désespoir.  Il faut coopérer à la mise au point d’institutions démocratiques, à la fourniture d’une assistance humanitaire efficace et à la lutte contre la pauvreté.  Ce sont là les ingrédients de la prévention des conflits, a affirmé M. Sardenberg. 


Le représentant a aussi jugé utile que le Conseil de sécurité améliore son processus de consultations, en encourageant les contributions d’une plus grande variété de sources.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la coopération entre les Nations Unies, l’Union africaine et les organisations sous-régionales.  Il a encouragé la multiplication des missions du Conseil de sécurité sur le terrain et un dialogue renforcé avec les organisations non gouvernementales.  Une coopération plus étroite entre les opérations de maintien de la paix et les missions politiques déployées dans la même région est une évolution qu’il faut promouvoir.  Le représentant a aussi souligné que les processus de paix en Afrique se fondent désormais sur des efforts diplomatiques régionaux, ce qui prouve une efficacité accrue des Africains dans la recherche de solutions à leurs problèmes.  La communauté internationale doit les aider, a-t-il dit, en l’appelant à tenir dûment compte de l’opinion des Africains eux-mêmes.  Ce faisant, il a soutenu la proposition d’octroyer deux sièges du Conseil de sécurité à l’Afrique.  Il a conclu sur la question de l’impunité en estimant qu’en cas d’incapacité des institutions judiciaires nationales, le Conseil doit envisager un recours plus fréquent à la Cour pénale internationale (CPI).


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