CONFÉRENCE DE PRESSE DU REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE, JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE, SUR LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ EN AFRIQUE CENTRALE
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Conférence de presse 3 novembre 2005
CONFÉRENCE DE PRESSE DU REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE, JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE, SUR LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ EN AFRIQUE CENTRALE
Le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, Jean-Marc de La Sablière, a dévoilé aujourd’hui à la presse les détails de la mission du Conseil de sécurité qu’il conduira, du 5 au 11 novembre, en Afrique centrale. Il s’agit d’une mission particulièrement importante, a-t-il dit, puisqu’elle intervient au moment où la République démocratique du Congo (RDC) s’achemine vers les élections et où la communauté internationale cherche les meilleurs moyens de consolider la paix au Burundi. La mission, qui comprendra « un nombre significatif » d’ambassadeurs, se rendra en RDC, au Burundi, en Ouganda, au Rwanda et en République –Unie de Tanzanie.
En RDC, où ils arriveront le 5 novembre au soir, les membres du Conseil de sécurité, a confié Jean-Marc de La Sablière, rencontreront le Président, Joseph Kabila, ses quatre Vice-Présidents, le Président de l’Assemblée nationale, et celui de la Commission électorale indépendante. Ils se rendront ensuite à Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï oriental, avant de terminer leur visite par le Centre de brassage de Kamina, dans la province du Katanga, où avec l’appui de la Belgique, des brigades de l’armée nationale sont intégrées.
Le message aux autorités congolaises sera clair, a annoncé le Représentant permanent de la France à propos d’un pays qui abrite la mission la plus importante que les Nations Unies n’aient jamais déployée. Il s’agira de souligner l’importance que la communauté internationale attache à ce que les élections générales aient lieu conformément au calendrier établi par la Commission électorale indépendante, à savoir le 30 juin 2006 au plus tard, après le référendum constitutionnel prévu en décembre 2005. Il s’agira aussi, a-t-il ajouté, de presser ces autorités d’accélérer la construction de l’État en veillant, entre autres, à l’intégration de l’armée et à la formation de la police nationale. Il s’agira enfin de promouvoir une gestion des ressources nationales dans l’intérêt de tous et le règlement définitif des problèmes d’insécurité dans l’est du pays. Les membres du Conseil ne manqueront pas de rendre hommage au travail « remarquable » de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) et de rappeler l’importance de la politique de tolérance zéro en ce qui concerne le comportement de ses personnels civils et militaires.
Présents au Burundi, les 7 et 8 novembre, les membres du Conseil entendent y rencontrer le Président, Pierre Nkurunziza et les chefs des principaux partis politiques, dont le FDD (Forces pour la défense de la démocratie), le Frodebu (Front pour la démocratie au Burundi), et l’Uprona (Union pour le progrès national). Jean-Marc de La Sablière a promis de rendre hommage aux Burundais pour le succès des élections et l’évolution favorable de la situation. Il a tout de même prévenu que « les avancées exemplaires » peuvent à tout moment être compromis par un échec à répondre aux défis de la justice et de la réconciliation nationale. Les membres du Conseil chercheront, auprès des autorités, à tracer les contours d’une stratégie de consolidation de la paix.
Après le Burundi, ce sera le tour de l’Ouganda où, le 9 novembre, les membres du Conseil s’entretiendront avec le Président Yoweri Museveni, des questions de la région, en particulier l’appui des pays voisins aux efforts du Conseil visant la stabilisation des situations en RDC et au Burundi, et le respect de l’embargo sur les armes imposées aux groupes armés opérant en RDC. Il sera aussi question de la crise humanitaire dans le nord de l’Ouganda. Il est important, a confié le représentant français, que le Conseil discute avec les autorités compétentes des solutions autres que militaires à apporter au conflit, au regard de la proposition de loi d’amnistie pour les membres de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui ne sont pas reconnus responsables de violations graves des droits de l’homme et du droit humanitaire international; et du travail de la Cour pénale internationale (CPI).
Le même jour, le Conseil se rendra au Rwanda où une réunion est prévue, à Kigali, avec le Président Paul Kagame. Les questions inscrites à l’ordre du jour sont la situation dans les Kivus voisins et la présence, dans ces territoires congolais, des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dont les principales victimes sont désormais les Congolais. Le programme de rapatriement volontaire ayant montré ses limites, le Conseil, a rappelé Jean-Marc de La Sablière, préconise une solution à trois volets, à savoir la pleine coopération du Rwanda, le renforcement de l’armée congolaise et l’appui continu de la MONUC.
Les membres du Conseil termineront leur visite en Afrique centrale par une étape en République-Unie de Tanzanie où ils salueront le rôle de médiation de ce pays dans le processus de paix burundais. Ils solliciteront auprès du Président William Mpaka, des conseils pour conserver la dynamique de paix dans la région. Là encore, ils s’entretiendront aussi avec le Représentant spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs. Chargé de l’organisation de la Conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la région des Grands Lacs, Ibrahima Fall devrait faire le point sur le deuxième volet de la Conférence qui, après la réunion de novembre 2004, doit se réunir, une nouvelle fois, le mois prochain. Le Représentant permanent de la France a souligné le « caractère essentiel » d’une Conférence qui vise à intégrer les efforts de paix déployés en RDC et au Burundi dans une dimension régionale où les relations de bon voisinage permettront de prévenir les interférences dans les affaires intérieures des uns et des autres. Il est important d’organiser de telles relations en tenant dûment compte des questions de sécurité, politique et économiques et de la nécessité d’y impliquer la société civile.
Les pays de la région, a affirmé le représentant français, ne veulent plus être victimes des situations qui prévalent chez leurs voisins. Les chefs d’État doivent se parler et adopter des mesures communes pour la stabilisation de la situation régionale. La communauté internationale s’implique dans ce dialogue, a précisé Jean-Marc de La Sablière, en attirant l’attention, outre la Conférence, sur les initiatives des États-Unis et de l’Union européenne.
Partout où ils se rendront, les membres du Conseil tiendront non seulement des séances de travail avec les Représentant spéciaux du Secrétaire général mais il rencontreront aussi la société civile et la presse, a assuré Jean-Marc de La Sablière qui a répondu à quelques questions sur la Syrie et la résurgence des tensions entre l’Éthiopie et l’Érythrée.
S’agissant de la Syrie, il a souligné que pour les autorités syriennes, les urgences sont la mise en œuvre de la résolution 1559 sur le retrait des forces étrangères du Liban, et la contribution à l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier Ministre, Rafik Hariri. Il a reconnu l’importance d’assurer le suivi de la résolution 1559 tout en indiquant que les membres du Conseil n’ont pas encore vu les éléments que le Représentant permanent des États-Unis, John Bolton, entend proposer pour un nouveau projet de résolution. Le représentant américain a fait cette annonce hier à l’issue de la réunion d’information que le Conseil a tenue avec l’Envoyé spécial pour la mise en œuvre de la résolution 1559, Terje Roed-Larsen.
Concernant l’Érythrée et l’Éthiopie, Jean-Marc de La Sablière n’a pas caché les préoccupations du Conseil face aux mouvements de troupes signalés depuis ces dernières semaines. Tout en ne voulant pas se prononcer sur la situation avant de prendre connaissance des conclusions auxquelles sera parvenu le Représentant permanent du Japon, Kenzo Oshima, qui doit se rendre dans les deux pays, M. de La Sablière a tout de même rappelé les trois priorités du Conseil. D’abord, le Conseil doit faire pression sur les deux pays pour qu’ils fassent montre de retenue. Le Conseil doit ensuite contraindre l’Érythrée à renoncer à sa décision d’interdire, à partir du 5 octobre dernier, son espace aérien aux hélicoptères de la Mission des Nations Unies en Érythrée et en Éthiopie (MINUEE). Restreindre de cette manière la liberté de mouvement d’une force de paix est tout simplement inacceptable, a insisté le représentant qui a soulevé, en troisième lieu, la question « plus générale », de l’application, par les deux pays, de la décision prise en 2002 par la Commission de délimitation de la frontière. Les pays qui ont de l’influence sur l’Érythrée et l’Éthiopie doivent absolument se mettre, aux côtés du Conseil, pour apporter des solutions à cette situation, a conclu Jean-Marc de La Sablière.
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