CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE TNP PAR HANS BLIX, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION SUÉDOISE SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE ET ED MARKEY, MEMBRE DU CONGRÈS DES ÉTATS-UNIS
Communiqué de presse Conférence de presse |
Conférence de presse 9 mai 2005
CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE TNP PAR HANS BLIX, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION SUÉDOISE SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE ET ED MARKEY, MEMBRE DU CONGRÈS DES ÉTATS-UNIS
Au cours d’une conférence de presse parrainée par le Global Security Institute, organisme créé en 1999 par le Sénateur américain Alan Cranston aujourd’hui décédé, l’ancien Directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et ancien Chef des inspecteurs en désarmement de l’ONU en Iraq, Hans Blix; et un membre du Congrès américain, le représentant démocrate de l’État du Massachusetts, Ed Markey; ont défendu cet après-midi le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Ils se sont inquiétés des répercussions qu’aurait un échec de la Conférence des parties au Traité en cours actuellement, sur l’état des relations internationales. La Conférence qui s’est ouverte à New York le 2 mai n’est toujours pas en mesure de s’entendre sur un programme de travail alors qu’elle entame sa deuxième semaine de travail.
Souhaitant corriger une erreur dans un article paru la veille dans le quotidien américain le New York Times, Jonathan Granoff, Président de Global Security Institute et animateur de la conférence de presse, a rappelé que le TNP ne vise pas seulement des réductions mais aussi l’élimination totale des armes nucléaires comme le précise l’article VI. « Il s’agit d’une petite erreur dans un journal mais d’une grande erreur pour l’humanité. »
Selon Hans Blix, aujourd’hui Président de la Weapons of Mass Destruction Commission, une organisation basée en Suède, les États non nucléaires considèrent le TNP comme une entreprise de la communauté internationale pour réduire et éliminer les armes nucléaires. Tout en reconnaissant le bien-fondé des préoccupations et la nécessité de remédier aux problèmes, il a mis en valeur les succès obtenus en matière de non-prolifération. Ainsi, les États-Unis et la Fédération de Russie ont réussi à amener l’Ukraine, le Kazakhstan et le Bélarus à joindre le TNP et à débarrasser leurs territoires des armes nucléaires. C’était un grand succès lorsque le Brésil et l’Argentine ont, dans un premier temps signé un accord de coopération sur l’énergie nucléaire, puis adhéré au Traité de Tlatelolco et enfin ratifié le TNP. Il est important que des pays comme l’Algérie, l’Égypte, la Turquie, le Viet Nam ou encore la Corée du Sud se soient joints au TNP. Abordant les problèmes, l’ancien Président exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection de l’ONU après avoir mentionné les deux cas de l’Iraq et de la Jamahiriya arabe libyenne, qui ont été traités, a noté qu’aujourd’hui les préoccupations sont braquées sur la Corée du Nord et l’Iran. Les États non nucléaires sont très inquiets à ce sujet. Les non-alignés, les pays en développement et d’autres États non nucléaires sont très inquiets à ce sujet, mais ces préoccupations sont voilées à la Conférence des États parties parce qu’il y a le sentiment que les États-Unis en particulier et peut-être d’autres pays ne prennent pas les négociations actuelles avec le même sérieux que dans le passé.
Les préoccupations portent aussi sur le développement d’une nouvelle génération d’armes, a dit M. Blix, citant notamment les bombes antibunkers et évoquant ceux qui, à Washington, continuent à vouloir poursuivre les essais. Il y a donc le sentiment que le dessein entrepris par la communauté internationale avec le TNP est, d’une certaine manière, abandonné. Selon lui, cela ne diminue en rien la nécessité de rechercher ce qui peut être fait et il y a de nombreuses discussions parmi les États non nucléaires sur l’utilisation des protocoles additionnels de l’AIEA, compte tenu du fait notamment que des premières inspections se sont révélées insuffisantes.
Hans Blix a estimé que des mesures telles que le PSI (Prolifération Security Initiative) étaient encore loin de constituer une mesure décisive de non-prolifération et que les États non nucléaires ne s’attendaient pas à ce qu’une telle initiative permette de mettre un terme au programme d’enrichissement de la Corée du Nord et de l’Iran. Convenant que ces deux pays constituaient un problème de taille, M. Blix a émis l’idée de conclure un accord au Moyen-Orient interdisant toute activité d’enrichissement et de retraitement.
Le représentant démocrate au Congrès de l’État du Massachusetts, Ed Markey, a regretté l’adoption à la Chambre des représentants il y a deux semaines d’une loi portant sur l’énergie qui lève l’interdiction imposée depuis 30 ans sur le retraitement des matières nucléaires. Il s’agit d’un mauvais message envoyé aux États parties au TNP qui mine la capacité de la communauté internationale à combler le fossé entre les États dotés de l’arme nucléaire et ceux qui ne l’ont pas. Abordant le cas de l’Iraq, il a rendu hommage à Hans Blix et Mohamed El Baradei qui, selon lui, avaient correctement évalué la situation. M. Markey a estimé qu’il fallait un nouveau système de sécurité en vertu duquel les pays ayant accès à des matières nucléaires devraient soumettre celles-ci à un contrôle international.
Cela aiderait si les États-Unis et la Fédération de Russie honoraient leur part du marché, a estimé le membre du Congrès, plutôt que se lancer, particulièrement les États-Unis, dans une nouvelle phase pour éventuellement développer de nouvelles armes. Cela est inutile, a-t-il ajouté, car les États-Unis n’utiliseront pas de bombes antibunkers, les États-Unis ne pourraient pas utiliser d’armes nucléaires particulièrement contre un ennemi qui n’en possède pas. Et si les États-Unis devaient répondre à une attaque nucléaire, ils ne le feraient pas avec des bombes antibunkers. Donc, selon le représentant, développer cette nouvelle génération d’armes, en dépit du TNP, n’a pas de sens.
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