Conférence de presse

RDC: CONFÉRENCE DE PRESSE DES CHEFS DE LA MONUC ET DU DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX, EN DATE DU 7 JANVIER 2005

03/03/2005
Communiqué de presse
Conférence de presse

Conférence de presse                                        3 mars 2005


CONFÉRENCE DE PRESSE DE REPRÉSENTANTS DU DÉPARTEMENT DU MAINTIEN DE LA PAIX CONCERNANT L’OPÉRATION DE LA MONUC À LOGA, EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Les Nations Unies ne sont pas engagées dans une guerre en République démocratique du Congo, ont expliqué, au cours d’une conférence de presse au Siège de l’ONU, des représentants du Département des opérations de maintien de la paix (DPKO).  François Dureau, Chef du Centre de situation au DPKO, Margaret Carey, Administratrice générale de la Division Afrique du DPKO et Steve O’Malley, Chef de la section Afrique du Bureau de coordination des affaires humanitaires ont rendu compte de l’opération menée mardi 1er mars par la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) à Loga, dans la province de l’Ituri, située à l’est de la RDC.


M. Dureau a expliqué que 242 Casques bleus du Pakistan, du Népal et de l’Afrique du Sud, placés sous commandement pakistanais,  avaient participé à l’opération, destinée à démanteler une base de la milice du Front nationaliste intégrationniste (FNI) et à récupérer des armes et des munitions.  L’opération a été menée sur la base d’informations selon lesquelles le FNI avait réuni 450 hommes et s’apprêtait à lancer une attaque contre un camp de la MONUC.  Elle a débuté à 8 heures du matin, avec la mise en mouvement de 12 véhicules blindés.  À 10 h 30, les soldats de la MONUC ont essuyé d’importants tirs, à l’approche du village de Loga, auxquels ils sont riposté de manière mesurée, afin d’éviter des pertes, aussi bien chez les Casques bleus que parmi la population locale, présente sur un marché voisin.


Dans une deuxième phase, les soldats de l’ONU sont entrés dans le marché, 45 minutes après les premiers tirs, ce qui a permis aux miliciens de trouver refuge sur les hauteurs du village, d’où ils ont poursuivi leurs tirs.  Le commandant de l’opération a alors demandé le support aérien d’hélicoptères et la mise en alerte de troupes de réserve.  Vers 11 heures, les troupes de l’ONU, alors qu’elles bouclaient le village et qu’elles assuraient la sécurité d’une zone d’atterrissage pour les hélicoptères, ont subi un nouveau barrage de tirs.  À midi, une opération de ratissage maison par maison a été lancée, au cours de laquelle le quartier général du FNI a été démantelé et un grand nombre d’armes, de munitions et de documents ont été saisis, notamment des plans d’attaque de camps de déplacés.


Au cours de l’opération, 50 à 60 miliciens ont été tués et deux Casques bleus pakistanais ont été blessés et évacués vers l’Afrique du Sud.  Aucune perte civile n’a été constatée.  Aucun milicien n’a été fait prisonnier.


Le village de Loga se trouve à proximité de l’endroit où neuf soldats pakistanais ont été tués vendredi dernier, dans une embuscade attribuée au FNI, mais M. Dureau a démenti tout lien direct entre les deux événements.  Il a expliqué que l’opération de Loga était planifiée de longue date et s’inscrivait dans un contexte d’augmentation de la violence en Ituri, 50 incidents ayant été enregistrés depuis novembre 2004.  D’abord menées entre milices, les attaques ont ensuite pris pour cible la population civile puis, de plus en plus, la MONUC, a-t-il précisé.  Il a reconnu que l’attaque de Loga était la plus importante opération de la MONUC en ce qui concerne le nombre de victimes, mais il a ajouté que ce n’était pas la première fois que la Mission démantelait des bases de milices dans l’Ituri.  Les Nations Unies ont déjà mené des opération de plus grande ampleur dans leur histoire, a-t-il ajouté, en citant l’exemple de la Sierra Leone, au cours de l’été 2000, pour libérer des Casques bleus pris en otage par des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF).

Interrogée sur la mort des Casques bleus bangladais, Mme Carey a confirmé qu’ils avaient été dépouillés de leurs uniformes, de leurs armes et de tout leur équipement, mais elle a catégoriquement démenti toute mutilation corporelle.  Elle a indiqué que les milices du FNI étaient très bien entraînées et que l’attaque de vendredi contre l’ONU était parfaitement planifiée.  Elle a estimé à 15 000 les effectifs des différentes milices de l’Ituri (dont 4 000 pour les seules FLN), et a reconnu qu’elles bénéficiaient du soutien d’éléments extérieurs, venus notamment des pays voisins comme l’Ouganda et le Rwanda.  De nombreux mouvements informels sont constatés le long des frontières de la région, a-t-elle dit, ajoutant que la MONUC était en contact avec les autorités congolaises et rwandaises dans le cadre d’un mécanisme conjoint de surveillance de la frontière, auquel l’ONU souhaite intégrer les autorités ougandaises.  L’Ituri, a-t-elle expliqué, est très riche en or, en diamants et autres ressources naturelles, qui attisent les appétits des milices et de leurs soutiens, qui veulent aussi leur part du gâteau.  Elle a estimé qu’il ne pourrait y avoir de solution durable aux problèmes de l’Ituri sans l’établissement d’une administration efficace, capable de mettre fin aux systèmes parallèles de douanes et de taxation.


Répondant à une question sur une éventuelle attitude plus offensive des Nations Unies en RDC, Mme Carey a précisé que l’action énergique menée à Loga ne faisait que s’inscrire dans la continuité du solide mandat de la MONUC, qui consiste à assurer la protection des civils, à rétablir la sécurité et à aider le Gouvernement de transition à regagner le contrôle de l’ensemble du territoire national.  Elle a ajouté que la MONUC, dont les effectifs (16 700 hommes à terme) sont presque complet, n’hésiterait pas à entreprendre d’autres actions énergiques, en application de son mandat, en Ituri, dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu ou ailleurs dans le pays.  Interrogée sur l’application de l’embargo sur les armes, elle a estimé que la MONUC serait plus en mesure d’en assurer la surveillance si elle disposait de meilleurs moyens de renseignement, comme les écoutes et la surveillance aérienne.


Réfutant l’idée d’une attitude plus agressive de la MONUC, Mme Carey a estimé que c’est la philosophie même des opérations de maintien de la paix qui avait évolué, tirant les leçons des échecs du Rwanda et de Srebrenica.  La MONUC, a-t-elle poursuivi, disposait dès sa création d’un mandat solide et des moyens pour le mettre en œuvre.  Elle a cependant rappelé la distinction essentielle entre une opération de maintien de la paix et une campagne de guerre.  « Nous ne menons de guerre contre personne », a-t-elle martelé, en rappelant l’impératif d’impartialité des Nations Unies, dont la mission consiste à rétablir la sécurité et à mettre en place un gouvernement légitime.


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