CONFÉRENCE DE PRESSE DU CHEF DE LA COMMISSION INTERNATIONALE CHARGÉE D’ENQUÊTER SUR L’ASSASSINAT DE L’ANCIEN PREMIER MINISTRE DU LIBAN
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU CHEF DE LA COMMISSION INTERNATIONALE CHARGÉE D’ENQUÊTER SUR L’ASSASSINAT DE L’ANCIEN PREMIER MINISTRE DU LIBAN
« Prudent parce que l’enquête se poursuit et qu’il faut maintenir l’équilibre entre la curiosité du public et les intérêts des personnes interrogées », le Chef de la Commission indépendante chargée d’enquêter sur l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais, Rafik Hariri et de 22 autres personnes, a commenté cet après-midi, devant la presse, les propos qu’il a tenus, ce matin, au Conseil de sécurité. Detlev Mehlis a aussi répondu à de nombreuses questions sur la réaction de la Syrie à son rapport. Il s’est dit conscient de la tentation des uns et des autres de politiser son travail et s’est, en conséquence, montré satisfait que les membres du Conseil le traitent « d’une manière responsable ».
Dans les conclusions qu’il a présentées, ce matin, au Conseil de sécurité, Detlev Mehlis s’est dit convaincu que de hauts fonctionnaires libanais et syriens ont été impliqués dans l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais lequel a été perpétré par « un groupe sophistiqué et disposant de ressources et de moyens considérables ». Le Chef de la Commission a, par ailleurs, profité de la prorogation de son mandat, jusqu’au 15 décembre, pour demander à la Syrie de faire preuve de la coopération que la Commission attend d’elle et de mener elle-même une enquête ouverte et transparente sur les faits.
Tout en reconnaissant que la Syrie est en droit de critiquer son rapport, Detlev Melhis a néanmoins précisé que c’est le fruit d’un travail mené par 30 enquêteurs issus de pays tels que l’Allemagne, l’Autriche, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suisse et la Suède. La Syrie peut et doit apporter sa version des faits, a invité le magistrat allemand, considérant qu’il n’est pas utile pour la Commission de continuer à écouter les mêmes témoignages vraisemblablement mensongers. À titre d’exemple, il a cité le Chef des services d’intelligence militaire syrien au Liban, le Général Rostom Ghazali, « véritable proconsul du Liban », qui a affirmé à la Commission «son amitié » pour Rafik Hariri alors que dans une conversation téléphonique, il le traite de « chien ».
Il a aussi dénoncé les affirmations d’un appareil de sécurité qui a contrôlé le Liban depuis plus de 20 ans, et qui prétend aujourd’hui ne détenir aucun document sur l’ancien Premier Ministre. Le Chef de la Commission a tout de même annoncé que la Syrie vient de remettre à la Commission le rapport d’autopsie de Ghazi Kanaan qui s’est suicidé le 12 octobre dernier. La Commission devra l’examiner pour déterminer s’il existe un lien entre son suicide et son témoignage.
Interrogé sur la possibilité d’imposer des sanctions à la Syrie pour la contraindre à coopérer davantage, le Chef de la Commission a laissé au Conseil de sécurité le soin d’apprécier la pertinence d’une telle décision. Le fait de présenter un rapport avant la fin de l’enquête n’est-il pas déjà un moyen de faire pression sur la Syrie? Non, a-t-il répondu, c’est le Liban qui en a fait expressément la demande. De peur que le mandat de la Commission ne soit pas prorogé, Beyrouth a voulu que les conclusions provisoires soient rendues publiques.
Les autorités libanaises, qui devront prendre le relais de la Commission après le 15 décembre, ont été décrites par Detlev Mehlis comme «étonnamment compétentes». Une enquête d’une telle complexité, entamée quatre mois après les faits, s’est-il répété, peut durer des mois, voire des années et l’appareil de sécurité libanais est tout à fait capable de la mener à terme pour autant qu’il continue de bénéficier de l’appui de la communauté internationale et de l’ONU.
D’ici au 15 décembre, le Chef de la Commission n’a pas exclu d’entendre les Présidents Émile Lahoud du Liban et Bachir Al-Assad de la Syrie, en précisant qu’il ne s’agit nullement de mettre en cause les États qu’ils dirigent. Une enquête ne peut viser que des individus et c’est à ce titre que ces deux personnalités seraient entendues, s’est-il expliqué. Le Chef de la Commission s’est aussi expliqué sur les menaces que les membres de son équipe et lui-même ont reçues. Il a informé la presse qu’après une enquête préliminaire, il semble qu’elles proviennent de groupes inconnus plutôt que d’« officiels ».
Créée par la résolution 1595 du Conseil de sécurité en date du 7 avril 2005, la Commission d’enquête n’a pu commencer son travail que quatre mois après l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais, intervenu le 14 février 2005. Detlev Mehlis a remis son rapport au Secrétaire général de l’ONU, le jeudi 20 octobre, lequel l’a soumis le lendemain au Conseil de sécurité. Après en avoir fait la présentation officielle, ce matin, Detlev Mehlis s’est entretenu avec les membres du Conseil de sécurité dans le cadre de consultations officieuses.
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