LE JAPON, LA NOUVELLE-ZÉLANDE, LE MEXIQUE ET LE ROYAUME-UNI S'ADRESSENT À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT
Communiqué de presse CD/477 |
LE JAPON, LA NOUVELLE-ZÉLANDE, LE MEXIQUE ET LE ROYAUME-UNI S'ADRESSENT À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT
La Conférence achève la première partie de sa session de 2005
(Publié tel que reçu)
La Conférence du désarmement a achevé, ce matin, la première partie de sa session de 2005 ouverte le 24 janvier dernier au Palais des Nations, à Genève. La deuxième partie de la session de cette année, d'une durée de sept semaines, se déroulera du 30 mai au 15 juillet prochain. À ce jour, la Conférence, qui travaille sur la base du consensus, n'est toujours pas parvenue à adopter son programme de travail, cette situation constituant depuis huit ans la pierre d'achoppement qui l'empêche d'engager des travaux de fond.
Ce matin, le Japon a néanmoins constaté qu'un élan important a été créé au sein de la Conférence et s'est dit convaincu qu'il appartient aux délégations de s'efforcer de le préserver afin de permettre la reprise des travaux de fond. Le Japon a par ailleurs réitéré son point de vue selon lequel la durée du mandat de Président de la Conférence est trop courte pour assurer la cohérence de la session et devrait dont être étendue. Mettant lui aussi l'accent sur l'importance de la continuité dans l'engagement, le Royaume-Uni s'est associé aux remarques du Japon.
Au nom d'un groupe de pays formé également par le Brésil, l'Égypte, l'Irlande, le Mexique, l'Afrique du Sud, la Suède, la Nouvelle-Zélande a pour sa part exprimé sa profonde préoccupation face au fait que la Conférence ne soit pas parvenue à répondre aux attentes que la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2000 avait placées en elle. Le processus préparatoire à la Conférence d'examen de 2005 a été semé d'embûches du fait des efforts déployés par plusieurs États dotés de l'arme nucléaire pour se soustraire aux mesures pratiques concertées visant l'application systématique et progressive de l'article VI du Traité. Le désarmement nucléaire constitue un outil fondamental pour répondre à la profonde préoccupation de la communauté internationale s'agissant de la prolifération, a-t-elle insisté.
Le Mexique a souligné qu'afin de favoriser le succès de la Conférence d'examen du TNP qui doit se tenir à New York au mois de mai prochain, il a pris l'initiative de convoquer, du 26 au 28 avril 2005, à Mexico, la première réunion des États parties et signataires des Traités établissant des zones exemptes d'armes nucléaires.
Le Président de la Conférence, le Nigérian Joseph Ayalogu, a indiqué qu'il avait sondé les délégations à propos du document présenté la semaine dernière mais que rien de nouveau n'était intervenu à cet égard. Il a précisé qu'il ferait rapport de manière plus détaillée lors de la prochaine séance plénière de la Conférence et a fait part de son intention de poursuivre les consultations entre les deux parties de cette session de 2005.
Le Président ayant exprimé au nom de la Conférence sa grande tristesse pour les nombreuses victimes du puissant tremblement de terre qui vient de se produire à Sumatra, en Indonésie, et exprimé ses condoléances aux familles des victimes et au Gouvernement, l'Indonésie a pris la parole pour remercier les membres de la Conférence du désarmement.
La prochaine séance de la Conférence se tiendra le 2 juin 2005, à 10 heures.
Aperçu des déclarations
M. YOSHIKI MINE (Japon) a réitéré le point de vue de son pays selon lequel la durée du mandat de Président de la Conférence est trop courte pour assurer la cohérence de la session et devrait dont être étendue. Cet état de fait constitue en effet un handicap institutionnel pour la Conférence. Rappelant que la Conférence n'est toujours pas parvenue à adopter un programme de travail, M. Mine a néanmoins constaté qu'un fort élan a été créé au sein de cette instance et s'est dit convaincu qu'il appartient aux membres de la Conférence de s'efforcer de le préserver afin de déployer des efforts concertés pour qu'elle puisse reprendre ses travaux de fond.
M. TIM CAUGHLEY (Nouvelle-Zélande), au nom de la New Agenda Coalition - dont les sept membres sont le Brésil, l'Égypte, l'Irlande, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et la Suède) a rappelé que la Coalition au nom de laquelle il s'exprime est un groupe interrégional qui s'est créé pour faire avancer la cause du désarmement nucléaire et dont l'attention reste concentrée sur le processus d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire. M. Caughley a précisé que les membres de la New Agenda Coalition partagent la profonde préoccupation d'autres membres de la Conférence face au fait que cette instance ne soit pas parvenue à répondre aux attentes que la Conférence d'examen du TNP de 2000 avait placées en elle. Il est en effet très décevant que la Conférence ne soit pas parvenue à établir un organe subsidiaire approprié pour traiter du désarmement nucléaire ou à entamer des négociations sur l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Non seulement ces manquements ont porté atteinte à la crédibilité de la Conférence mais ils n'ont en outre rien fait pour renforcer le TNP.
Plus que jamais, la New Agenda Coalition souhaite que la Conférence reprenne ses travaux, a insisté M. Caughley. Il a salué les efforts déployés pour surmonter l'impasse au sein de la Conférence à travers la proposition des cinq ambassadeurs et le non-document «matière à réflexion» de l'Ambassadeur Chris Sanders. Il a exhorté tous les membres de la Conférence à faire tous leurs efforts pour se mettre d'accord sur un programme de travail. Le processus préparatoire à la Conférence d'examen du TNP de 2005 a été semé d'embûches du fait des efforts déployés par plusieurs États dotés de l'arme nucléaire pour se soustraire aux mesures pratiques concertées visant l'application systématique et progressive de l'article VI du TNP, au lieu de les appliquer, a déclaré M. Caughley. L'appui important qu'a obtenu la résolution 59/75 de l'Assemblée générale visant l'accélération de la mise en œuvre des engagements de désarmement nucléaire témoigne sans conteste de l'impatience et de l'insatisfaction accrues en ce qui concerne la progression de ce pilier du TNP. De tout cela découle que le désarmement nucléaire constitue un outil fondamental pour répondre à la profonde préoccupation de la communauté internationale s'agissant de la prolifération, a insisté l'Ambassadeur de la Nouvelle-Zélande, tout en soulignant que le manque de progrès sur la voie de l'élimination des armes nucléaires ne saurait justifier la prolifération par d'autres États.
M. Caughley a d'autre part souligné que les plans visant à étendre ou à modifier plutôt qu'à détruire les armements nucléaires existants défient le TNP. Tout membre qui cherche à diminuer les précédents engagements ou à les réinterpréter lance un défi au TNP, a-t-il insisté. Il a souligné que la Coalition au nom de laquelle il s'exprime est toujours préoccupée par le fait que l'Inde, Israël et le Pakistan restent en dehors du TNP. M. Caughley a par ailleurs indiqué que cette coalition n'acceptera pas la simple réitération d'engagements solennels passés lors de conférences d'examen antérieures mais restés sans suite. La Coalition salue en outre les efforts déployés dans le contexte des pourparlers à six et estime que ces pourparlers doivent traiter de la paix et de la stabilité sur la péninsule coréenne, y compris le programme d'armes nucléaires déclaré de la République populaire démocratique de Corée. La New Agenda Coalition salue en outre les négociations en cours entre l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, avec le soutien du Haut Représentant de l'Union européenne, et l'Iran, en vue de traiter des activités nucléaires de l'Iran. La New Agenda Coalition est préoccupée par le risque de voir les acteurs non étatiques accéder à des armes nucléaires. Tous ces facteurs démontrent que la seule garantie pour un monde sûr et pacifique réside dans l'élimination complète des armes nucléaires, a souligné M. Caughley.
M. PABLO MACEDO (Mexique) s'est dit convaincu que le Président n'épargnerait aucun effort pour sortir la Conférence de la regrettable impasse dans laquelle elle se trouve. Afin de favoriser le succès de la prochaine Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire, qui doit se tenir à New York au mois de mai prochain, le Mexique a pris l'initiative de convoquer, du 26 au 28 avril 2005, à Mexico, la première réunion des États parties et signataires de traités établissant des zones exemptes d'armes nucléaires, a indiqué M. Macedo. Outre l'apport qu'elle peut constituer pour la Conférence d'examen elle-même, cette réunion cherchera à renforcer l'efficacité du régime des zones exemptes d'armes nucléaires.
M. JOHN FREEMAN (Royaume-Uni) a assuré le Président de la Conférence qu'il pouvait compter sur l'appui de sa délégation. Il s'est dit heureux que le Président actuel inscrive son action dans le cadre d'un processus engagé par ses deux prédécesseurs. Mettant en effet l'accent sur l'importance de la continuité dans l'engagement, il s'est associé aux remarques faites ce matin par l'Ambassadeur du Japon. Jugeant positivement l'évolution actuelle au sein de la Conférence, il s'est dit convaincu qu'il existe en son sein une perception de ce qui est possible. Il faut s'efforcer de mettre en lumière tout ce qui est positif, a-t-il insisté. Si nous voulons avancer, il est nécessaire de trouver les moyens de modifier les types d'engagements pris par le passé, a-t-il ajouté.
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