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CD/2962

CONFÉRENCE D’EXAMEN DU TNP: CERTAINES DÉLÉGATIONS APPELLENT À L’ÉLABORATION D’UN INSTRUMENT JURDIQUE CONTRAIGNANT SUR LES GARANTIES NÉGATIVES

10/05/2005
Communiqué de presse
CD/2962

Conférence des Parties au Traité sur la

non-prolifération des armes nucléaires chargée

d’examiner le Traité en 2005

11e & 12e séances – matin & après-midi


CONFÉRENCE D’EXAMEN DU TNP: CERTAINES DÉLÉGATIONS APPELLENT À L’ÉLABORATION D’UN INSTRUMENT JURDIQUE CONTRAIGNANT SUR LES GARANTIES NÉGATIVES


Le Ministre norvégien des affaires étrangères met en garde contre

l’acquisition d’armes nucléaires et de destruction massive par des acteurs non étatiques


La Conférence des parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires a entamé, ce matin, sa deuxième semaine de travaux en poursuivant son débat général.  En l’absence d’un accord sur un programme de travail, la Conférence n’est toujours pas en mesure d’aborder des questions de fond.


Une majorité d’États n’étant pas dotés de l’arme nucléaire ou y ayant renoncé ont insisté ce matin encore sur la nécessité de combler les lacunes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de renforcer le régime qu’il a établi.  L’impasse de la Conférence du désarmement à Genève qui, depuis huit ans ne dispose pas de programme de travail, est revenue au cœur des débats, les délégations insistant pour que le seul organe de négociations multilatérales en matière de désarmement lance des négociations sur un traité d’interdiction de matières fissiles.  Cette question, tout comme celle du contrôle des exportations, a semblé prendre une importance particulière au cours du débat en raison notamment de la découverte du réseau clandestin A. Q. Khan de matériaux nucléaires et de la position de la Corée du Nord et de l’Iran à l’égard du Traité.  À cet égard, le Ministre des affaires étrangères de la Norvège, Jan Petersen, a souligné que la résolution 1540 du Conseil de sécurité est cruciale aux efforts visant à prévenir l’acquisition d’armes nucléaires et de destruction massive.  La présente Conférence devrait insister sur la pleine mise en œuvre de ce texte, a-t-il préconisé. 


Les États ont aussi insisté pour la nécessité de fournir des garanties négatives de sécurité par le biais d’un instrument juridiquement contraignant.  Les États nucléaires s’engageraient ainsi à ne pas avoir recours à l’arme nucléaire.  Le rôle de supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a encore une fois été réaffirmé, les représentants souhaitant l’introduction d’un système de garanties basé sur le modèle de protocole additionnel élaboré par l’Agence.  Les intervenants ont également souligné l’importance de l’universalité du Traité.  À cet égard, certains pays comme la Norvège ont précisé que le retrait du TNP ne pouvait pas être considéré comme une formalité technique.  D’autres ont jugé essentiel de renforcer la Convention sur la protection physique du matériel nucléaire et de trouver les moyens adéquats de contrôler le cycle de combustion nucléaire. 


Outre les Ministres des affaires étrangères du Bélarus et de la Norvège, les représentants des pays suivants ont également fait une déclaration: République populaire démocratique lao, Sri Lanka, Thaïlande, Jordanie, Arménie, Qatar (au nom du Groupe des États arabes) et Kenya.


La Conférence d’examen du TNP poursuivra son débat général demain, mercredi 11 mai, à 10 heures.


Suite du débat général


M. ALEKSANDR BAICHOROV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a déclaré qu’en tant qu’État ayant renoncé à l’arme nucléaire, son pays a appelé l’ensemble des parties à la réalisation des objectifs de désarmement définis par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Dans ce cadre, a-t-il dit, nous croyons que le développement de nouvelles armes nucléaires, comme le recours aux doctrines justifiant l’usage de ces armes, contreviennent aux objectifs communs contenus dans le Traité.  Pour renforcer le régime de non-prolifération, a-t-il préconisé, il faut interdire la production des matières fissiles utilisées dans la fabrication d’armes nucléaires et autres dispositifs explosifs nucléaires.  C’est pourquoi, la Conférence du désarmement devrait ouvrir le plus tôt possible des négociations sur le Traité d’interdiction des matières fissiles et les autres questions de désarmement, à savoir les garanties négatives de sécurité et la prévention de la course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique.


Poursuivant, M. Baichorov a estimé que l’universalisation du TNP demeurait une priorité et que, dans ce contexte, la décision de la Corée du Nord de se retirer du Traité était profondément regrettable.  La réintégration de ce pays au Traité doit toutefois se faire dans le respect du droit international, a-t-il souhaité.  Concernant les activités de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le représentant a souligné l’importance, pour le régime de non-prolifération, d’introduire un système de garanties basé sur le modèle de protocole additionnel élaboré par l’Agence.  Le Belarus appuie les efforts de l’AIEA qui contribuent à promouvoir le développement de l’énergie nucléaire et autres usages pacifiques de l’énergie nucléaire.  Le régime de non-prolifération devrait s’adapter aux nouveaux défis en matière de sécurité internationale, en particulier le développement croissant de la menace que représente les possibilités d’acquisition d’armes nucléaires par des acteurs non étatiques, parmi lesquels les groupes terroristes, a encore déclaré M. Baichorov.  Des mesures supplémentaires doivent être trouvées par la communauté internationale qui permettraient de lutter efficacement contre la prolifération de dispositifs nucléaires explosifs, ces mesures devant être prises dans le cadre établi par le TNP.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déclaré que 35 ans après, la communauté internationale n’avait pas honoré son obligation de libérer le monde du danger des armes nucléaires.  Les arsenaux n’ont pas diminué, au contraire leur nombre n’a cessé de croître.  Il a rappelé que les États ont l’obligation, conformément à l’article VI du TNP de poursuivre de bonne foi des négociations menant au désarmement nucléaire.  Lors de la Conférence de révision de 1995, la communauté internationale a prorogé les dispositions du TNP indéfiniment et a souligné l’importance de la coopération internationale pour l’utilisation pacifique de l’énergie atomique.  Toutefois, nous avons des raisons de penser que de nouvelles générations d’armes nucléaires sont en cours de développement.  De plus, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n’est toujours pas entré en vigueur, alors qu’il constitue un instrument majeur contre la prolifération nucléaire.


Nous demandons aux États nucléaires de respecter pleinement les engagements qu’ils ont pris en 2000, en particulier en faveur de l’élimination des arsenaux nucléaires.  Malheureusement, peu de résultats ont été obtenus dans ce domaine, et les négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles n’ont pas commencé, a regretté le représentant.  Dans ce contexte, nous soutenons la mise en place d’un comité ad hoc sur le désarmement nucléaire.  L’élimination totale des armes nucléaires est le seul moyen de mettre un terme à la menace nucléaire.  Nous souhaitons que la présente Conférence d’examen prépare le terrain à un traité juridiquement contraignant qui permettrait aux États non dotés de l’arme nucléaire de recevoir des assurances négatives de sécurité de la part des États nucléaires.  Le représentant a ensuite appuyé les zones exemptes d’armes nucléaires et dans ce contexte, il a jugé indispensable que les États nucléaires fournissent des garanties de sécurité aux pays qui sont parties à de telles zones.


M. PRASAD KARIYAWASAM (Sri Lanka) a regretté que, 60 ans après Hiroshima et Nagasaki, des milliers d’armes nucléaires toujours plus performantes et destructrices étaient encore en développement.  La présente Conférence, a poursuivi le représentant, devrait garder cela à l’esprit pendant ses travaux.  Le régime du TNP repose sur trois piliers, a-t-il rappelé, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et la promotion des usages pacifiques de l’énergie nucléaire.  Le succès à long terme du TNP dépend ainsi de la réalisation égale et équilibrée des objectifs relatifs à ces trois piliers.


Le TNP, a encore dit le représentant, est un instrument juridique contraignant et son article VI en constitue l’élément clef.  Les dispositions de cet article ont été élargies conformément à un avis consultatif de la Cour internationale de Justice en 1996, qui insiste sur le fait que les négociations sur le désarmement nucléaire devaient être assorties de résultats concrets.  Les 13 mesures concrètes contenues dans le Document final de la Conférence d’examen de 2000 ont été décidées en vue de rendre effective la réduction mais également l’élimination définitive des armes nucléaires, a rappelé le représentant.  Cependant, les engagements en la matière n’ont pas été tenus.  En dépit de ce tableau général sombre, des progrès ont été réalisés depuis cinq ans, en particulier depuis que le régime de non-prolifération requiert d’être universel pour pouvoir devenir pleinement efficace.  Dans ce cadre, certaines questions méritent une attention urgente, notamment les garanties négatives de sécurité; la prolifération verticale et horizontale; l’ouverture de négociations sur un traité d’interdiction de production des matières fissiles; le développement de marchés noirs des dispositifs nucléaires explosifs, les conséquences d’un retrait unilatéral du TNP; la possibilité par des acteurs non étatiques d’acquérir des armes de destruction massive; et le manque d’assistance en matière d’utilisations pacifique de l’énergie nucléaire.  En conclusion, le représentant a indiqué que la communauté internationale dans son ensemble partageait la responsabilité de la réussite du régime multilatéral du TNP.  Ce régime, tel qu’envisagé il y a plus de trois décennies, est toujours capable de fournir des résultats probants et décisifs.  La cause de la paix et de la sécurité internationales en dépend, a-t-il dit.


M. JAN PETERSEN, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a déclaré qu’un sentiment d’urgence s’était emparé de la communauté internationale depuis la dernière Conférence d’examen en 2000.  La découverte d’un réseau clandestin d’armes de destruction massive a ravivé la menace que de telles armes tombent entre les mains de terroristes.  Nous devons au cours de la présente Conférence d’examen, trouver les moyens de combler les lacunes du régime de non-prolifération nucléaire.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires atteint presque l’universalité.  Trois États seulement ne sont pas encore parties au Traité.  Notre objectif est de les rallier au Traité en tant qu’États non nucléaires.  Pour la première fois, a relevé le Ministre, un État s’est retiré du TNP et a annoncé son intention de développer son programme nucléaire.  Dénoncer le Traité ne doit pas être considéré comme une simple formalité pratique.  Le retrait du TNP a des conséquences.  Nous estimons que tous les États parties, y compris la République populaire démocratique de Corée, sont tenus de respecter leurs obligations.


Le Ministre a également fait part de la préoccupation que lui inspire le programme d’armement iranien.  Cette question doit être résolue rapidement par le biais d’une pleine coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Pour le Ministre, cette Conférence devrait aussi réaffirmer que le contrôle des exportations constitue un élément indispensable des efforts de non-prolifération.  Le contrôle des exportations ne met pas de frein à la coopération internationale et des transferts de technologies.  La Conférence d’examen devrait dans ce contexte appuyer l’initiative sécurité contre prolifération.  Le Ministre a appuyé l’idée d’établir un moratoire sur la production et l’utilisation d’uranium enrichi à usage civil ainsi que le lancement de toute initiative internationale permettant de sécuriser et de retirer des matières fissiles qui ne se trouvent pas sous contrôle effectif.  Le Partenariat mondial du G-8 est essentiel dans ce contexte.  Le Ministre a aussi demandé instamment aux États qui ne l’avaient pas fait de ratifier le Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICEN).


Pour le Ministre, la Conférence d’examen doit adresser le message selon lequel le protocole additionnel au régime de garanties de l’AIEA fait partie des normes de vérification.  Ce protocole additionnel devrait être obligatoire pour tous les États parties.  De même, l’Agence doit être pourvue des ressources nécessaires, une question que nous aborderons prochainement lors de notre admission au Conseil des gouverneurs de l’AIEA cet automne.  Il est également essentiel de renforcer la Convention sur la protection physique du matériel nucléaire et nous devons trouver les moyens adéquats de contrôler le cycle de combustion nucléaire.  Il est également grand temps de lancer des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles et, dans l’intervalle, d’imposer un moratoire sur la production de matières fissiles.


Mme KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a indiqué que depuis la dernière Conférence d’examen de 2000, différents développements avaient affecté la politique internationale de sécurité, ce qui, dans une certaine mesure, affecte le régime du TNP.  Les avancées positives concernent les adhésions récentes de Cuba et de Timor-Leste au TNP -un élément qui renforce l’universalité du Traité-, l’annonce par la Libye d’abandonner son programme de développement d’armes de destruction massive, l’institutionnalisation du statut d’État non doté de l’arme nucléaire de la Mongolie, les négociations en cours sur le programme nucléaire de l’Iran, et l’adoption par l’Assemblée générale de la Convention pour la suppression des actes de terrorisme nucléaire, a indiqué la représentante.


Dans le même temps, a-t-elle poursuivi, nous regrettons le retrait de la Corée du Nord du TNP et la volonté affichée de ce pays de se doter d’arsenaux nucléaires.  Nous regrettons également le développement de marchés noirs de matériaux nucléaires explosifs et la multiplication d’actes terroristes à travers le monde qui attisent la crainte concernant l’emploi par des acteurs non étatiques d’armes de destruction massive.  Dans ce contexte, l’absence de progrès dans la mise en œuvre des 13 mesures décidées au cours de la dernière Conférence d’examen en 2000 en vue de parvenir à l’élimination des arsenaux nucléaires, est à condamner, a-t-elle dit.  La représentante a encore expliqué que son pays estimait que désarmement et non-prolifération méritaient une attention égale, les États dotés ou non de l’arme nucléaire étant engagés au même niveau dans l’effort de désarmement et de non-prolifération.  Poursuivant, elle a déclaré qu’en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire, la Thaïlande appliquait une politique ferme afin de ne pas développer, acquérir, tester ou transférer des armes nucléaires. Dans ce cadre, nous attachons une grande importance à la prévention des risques de prolifération et à la promotion du désarmement ainsi que du droit aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  Nous soutenons ainsi les activités de coopération technique de l’AIEA qui contribuent à l’essor de ces utilisations pacifiques par tous les États qui le souhaitent.  S’agissant de l’établissement des zones exemptes d’armes nucléaires, la représentante s’est déclarée en faveur de la création d’une de ces zones en Asie centrale, en Asie du Sud-Est et au Proche-Orient.  De concert avec les autres membres de l’ANASE, la Thaïlande a contribué à l’établissement de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est.  Nous appelons les puissances nucléaires à adhérer au Protocole au Traité sur cette zone, et, dans ce cadre, nous saluons l’annonce par la Chine concernant son intention de signer le Protocole. 


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a estimé que le TNP demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Il constitue un élément de référence pour ce qui est des efforts entrepris par la communauté internationale dans sa quête pour la paix et la sécurité dans le monde.  De nouvelles menaces ont vu le jour, en particulier la menace que des armes de destruction massive tombent entre les mains de terroristes. Dans ce contexte, la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité est prioritaire.  La Bulgarie, a ajouté le représentant, est partie à tous les régimes de contrôle des exportations comme le montre notre adhésion récente à l’Initiative sécurité contre prolifération.  Le respect des normes du TNP et son universalisation sont également essentiels.  La question du retrait du TNP a pris un caractère pressant et nous sommes prêts à débattre de toute proposition, notamment celle de l’Union européenne.  Il est également important de revenir sur l’importance de mettre en oeuvre l’article III du TNP sur les accords de garanties et nous demandons que le modèle de protocole additionnel de l’AIEA devienne la norme en matière de vérification.  Le représentant a demandé à la Conférence d’examen de réaffirmer l’importance du Traité d’interdiction sur les essais nucléaires (TICEN) et s’est dit en faveur du lancement de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles.  Il a également accordé son soutien aux zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient.


Prince ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a appelé les États Membres à réaffirmer, voire renforcer les 13 mesures concrètes relatives à la mise en œuvre de l’article VI du TNP.  Tous les États, a-t-il poursuivi, par ailleurs, doivent tenir compte de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité de la menace ou du recours aux armes de destruction massive.  Le Traité, a-t-il encore dit, doit devenir un instrument universel.  Dans ce contexte, il a, une nouvelle fois, demandé à Israël, seul pays du Moyen-Orient non partie au TNP, à y adhérer et à se placer sous le régime de garanties de l’AIEA.  Il a aussi espéré que l’Inde et le Pakistan en feront de même.  Après avoir réitéré l’importance de l’article IV du Traité, le représentant a conclu sur la nécessité de renforcer le régime du TNP.  Il a estimé que la Conférence du désarmement devrait créer un organe subsidiaire pour élaborer un instrument juridiquement contraignant relatif aux garanties négatives de sécurité.  La communauté internationale doit aussi, a-t-il encore estimé, créer, de manière urgente, une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, une région qui demeure turbulente et imprévisible.  Il a appuyé, à cet égard, la création d’un organe subsidiaire qui serait chargé de la question.  Enfin, le représentant a appelé au renforcement de l’AIEA et à un appui renouvelé à son travail sur les garanties. 


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que son pays ne ménagerait aucun effort pour souvenir le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), avec l’espoir que cette Conférence d’examen ouvrira de nouvelles perspectives vers un monde beaucoup plus sécurisé.  Notant que l’évolution actuelle des relations internationales avait fragilisé le TNP et que le développement des armes de destruction massive joint à celui des armes légères avaient accru les menaces sur la sécurité internationale, il a demandé que tout soit fait pour maîtriser cette prolifération, en commençant par un contrôle rigoureux des sources radioactives.  Dans cette perspective, il s’est réjoui des mesures prises par l’AIEA pour prévenir l’utilisation des matières nucléaires ou radioactives à des fins criminelles ou terroristes par l’adoption et la promotion du Code de conduite sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives. 


Indiquant que le Séminaire régional sur la non-prolifération des armes nucléaires pour les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’était tenu à Ouagadougou en février dernier, M. Kafando a rappelé que son pays avait saisi cette occasion pour inviter tous les membres à adhérer au système de garanties renforcé de l’AIEA, afin d’accentuer la confiance avec cette Agence, mais aussi entre États, et de créer un climat propice à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a par ailleurs noté que le Burkina Faso avait signé un accord de garanties et un protocole additionnel, entrés en vigueur en avril 2003, et s’était attelé à créer un cadre législatif et réglementaire sur la sûreté nucléaire et la protection contre les rayonnements ionisants.  Enfin, il a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération multilatérale affirmant qu’il fallait soutenir le TNP sans remettre en cause le droit aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.


Mme DZIUNIK AGHAJANIAN (Arménie) a convenu des progrès réalisés depuis la dernière Conférence d’examen et qui se sont concrétisés par exemple par la conclusion du Traité de Moscou.  Elle a toutefois souligné un certain nombre de questions qui méritent une attention particulière.  Ainsi, le Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICEN) n’est toujours pas entré en vigueur, les négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles doivent encore être lancées tandis que la découverte d’un réseau clandestin exige désormais de prendre des mesures décisives pour mettre un terme à la prolifération illicite des matières nucléaires.  Cette découverte a également souligné la nécessité de renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et son régime de vérification.


La représentante a expliqué que la sécurité des matières nucléaires est une priorité pour son gouvernement.  Nous rejetons le développement de l’énergie nucléaire pour des motifs autres que pacifiques.  Étant le premier pays de la Communauté des États indépendants à passer un accord général de garanties avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Arménie a, en 2004, conclu un modèle de protocole additionnel.  Nous soutenons la proposition visant à demander à la Conférence d’examen de reconnaître que le protocole additionnel fait partie intégrante du régime de garanties établi par l’Agence.  Nous convenons également avec l’Agence de la nécessité d’accroître la protection des matières radioactives.  La représentante s’est par ailleurs dite en faveur du renforcement des mécanismes de contrôle des exportations de matériel sensible dans la mesure où de tels contrôles permettent de faire avancer la cause du désarmement et de la non-prolifération.


M. AL BADER (Qatar), au nom du Groupe des États arabes, a regretté que l’universalité du TNP n’était toujours pas réalisée, que des arsenaux et leurs vecteurs étaient toujours développés en masse et que des stratégies et doctrines basées sur la justification de l’emploi d’armes nucléaires contre des États non dotés étaient encore en vigueur.  Dans ce contexte difficile, le Groupe des États arabes estime nécessaire que la présente Conférence d’examen réaffirme que doit prévaloir un traitement équitable des trois piliers du régime non-prolifération que sont le désarmement nucléaire, la non-prolifération et la promotion des utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.


Les différentes visions s’opposent car les politiques nationales de sécurité privilégient un pilier plutôt qu’un autre, a estimé le représentant.  Il est également impératif que les États nucléaires s’acquittent de leurs engagements au titre des 13 mesures concrètes qui sont la base du désarmement nucléaire, préalable à l’application des objectifs communs de désarmement général et complet, a-t-il dit.  Un régime efficace de garanties de sécurité négatives, a poursuivi le représentant, reste à trouver, qui implique l’ouverture d’un dialogue multilatéral tant que l’élimination effective et définitive de ces armes n’a pas été réalisée.  À cette fin, nous appuyons le régime de garanties de l’AIEA et nous exhortons toutes les parties à adhérer sans tarder au protocole additionnel sur une base volontaire.


Poursuivant, le représentant a estimé que la mise en œuvre des obligations contenues dans l’article VI du TNP ne devait en aucun cas entraver le droit inaliénable aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire en affectant le développement technique.  Dans ce contexte, il conviendrait de clarifier le régime contrôle des transferts de technologies.  Concernant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Proche-Orient, le représentant a indiqué que les pays arabes continuaient d’exhorter Israël à adhérer au TNP et à placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA.  La Conférence d’examen de 2005 doit être l’occasion d’examiner les mesures permettant de donner un élan à cette situation de blocage, s’il existe une véritable volonté politique commune de parvenir à la paix dans cette région du monde.  Dans l’immédiat, nous demandons aux États concernés de s’engager à ne transférer aucun matériel nucléaire vers Israël. 


Mme JUDITH MBULA BAHEMUKA (Kenya) a déclaré que les États non dotés de l’arme nucléaire avaient abandonné leur droit à développer, produire et acquérir des armes nucléaires.  En échange, ils avaient reçu des assurances de la part des États nucléaires qui s’étaient alors engagés sur la voie du désarmement nucléaire.  Il est regrettable que ces États soient revenus sur leurs engagements.  Ce n’est que par un désarmement complet que l’on pourra mettre fin à la menace nucléaire.  À cet égard, la représentante s’est prononcée en faveur d’une convention internationale pour l’élimination totale de l’arme nucléaire.  Revenant à la Conférence d’examen de 1995, la représentante a précisé que la prorogation indéfinie des dispositions du TNP ne permettait pas pour autant aux États nucléaires de maintenir leurs arsenaux.  Lors de la Conférence d’examen de 2000, a encore rappelé le représentant, les États nucléaires ont pris l’engagement sans équivoque d’éliminer leurs arsenaux.   De plus, le Document final insistait sur la nécessité d’adopter un instrument juridiquement contraignant sur des assurances négatives de sécurité.  La présente Conférence doit réaffirmer l’importance des trois piliers sur lesquelles repose le Traité: non-prolifération, désarmement et utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. 


Des évènements récents ont remis en question la fiabilité des systèmes de sécurité actuels.  Nous sommes, dans ce contexte, extrêmement préoccupés par l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement.  Nous demandons instamment à la Conférence de lancer des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles.  Il est aussi important de parvenir à l’universalisation du Traité d’interdiction sur les essais nucléaires (TICEN), ce qui donnerait un élan au processus de désarmement.  Le Kenya, a encore précisé le représentant, contribue au système de surveillance sismique du TICEN.  Tout en rappelant qu’en 2000, les États nucléaires s’étaient engagés sans réserve à éliminer leurs arsenaux, elle s’est dite consciente des défis que doit relever l’AIEA au regard des articles III et IV du TNP.


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