TROISIÈME COMMISSION: L’EXTRÊME PAUVRETÉ ET LA PANDÉMIE DU VIH/SIDA ACCENTUENT LA VULNÉRABILITÉ DES ENFANTS
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Troisième Commission
18e séance – matin
TROISIÈME COMMISSION: L’EXTRÊME PAUVRETÉ ET LA PANDÉMIE DU VIH/SIDA ACCENTUENT LA VULNÉRABILITÉ DES ENFANTS
La Troisième commission a achevé ce matin son débat général sur la promotion et la protection des droits de l’enfant. Au cours des échanges, de très nombreuses délégations ont souligné la nécessité d’engager des stratégies intégrées et multisectorielles, associant les communautés, les familles, les États, le secteur privé, la société civile et les Nations Unies, pour promouvoir et protéger efficacement et à long terme les droits des enfants. Les obstacles qui s’opposent au bien-être des enfants résidant dans des défis majeurs, tels que l’extrême pauvreté ou la pandémie du VIH/sida, la coopération constitue en effet l’une des clefs de la réussite des engagements de la communauté internationale. Ces engagements sont résumés dans la Convention sur les droits de l’enfant et ses deux Protocoles facultatifs, mais aussi dans le document adopté par l’Assemblée générale en 2002, intitulé « Un monde digne des enfants », qui fixe 21 objectifs pour les enfants dans quatre domaines d’action prioritaire: promouvoir une vie saine; offrir à tous une éducation de qualité; protéger les enfants des mauvais traitements, de l’exploitation et de la violence; et lutter contre le VIH/sida - des buts qui sont considérés comme une étape cruciale vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
En matière de coopération nationale, la représentante de la Colombie a déclaré que pour lutter contre l’enrôlement des enfants dans les groupes armés, il s’agissait non seulement d’investir dans les PME et dans la formation des adultes pour lutter contre la pauvreté, mais aussi de garantir un système scolaire qui maintienne les enfants dans les écoles, leur apporte une alimentation quotidienne équilibrée et leur offre l’occasion d’avoir des loisirs.
Sur le plan de la coopération internationale, elle a en outre demandé que les Nations Unies, en particulier l’UNICEF et le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, ne se contentent pas de critiquer les pays qui comptent des enfants soldats, mais coopèrent avec les gouvernements pour mettre en œuvre des programmes axés à la fois sur la prévention et sur la réintégration des mineurs démobilisés à la vie civile.
Comme l’ont en outre relevé plusieurs délégations de pays en voie de développement, la pauvreté représente pour ceux-ci un obstacle majeur à la mise en œuvre des engagements en faveur de la promotion des enfants. Or, là encore, la coopération de la communauté internationale, tant sur le plan technique que financier, est essentielle. À cet égard, le représentant du Mali a indiqué que son pays bénéficiait de l’appui de plusieurs partenaires au développement et a salué le partenariat avec les organismes des Nations Unies, en particulier l’UNICEF, qu’il a qualifié de fécond et d’exemplaire, pour la mise en oeuvre de sa politique d’hygiène et d’assainissement en vue de réduire les facteurs de risque pour la santé des enfants.
La représente du Kenya a, pour sa part, mis l’accent sur le fait que les enfants étaient également particulièrement vulnérables aux conséquences de la pandémie du VIH/sida. Elle a souligné que la mise en œuvre du Plan d’action fixé par son Gouvernement en faveur des orphelins et des enfants vulnérables, bénéficiait grandement de l’appui de l’UNICEF, de la Banque mondiale, de la société civile et des pays donateurs.
La conclusion formulée par le représentant de l’Ordre militaire souverain de Malte est représentatif de l’état d’esprit qui a régné sur la plupart des interventions des délégations: estimant que les textes internationaux de protection des droits de l’enfant étaient désormais nombreux, il a appelé les institutions de l’ONU à rediriger leurs efforts vers l’application de ces normes sur le terrain.
La Troisième Commission engagera son étude sur les questions autochtones demain, mercredi 19 octobre, à 10 heures.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT
Fin du d ébat général
Mme MARIA ANGELA HOLHUIN CUELLAR (Colombie) a déclaré que la recherche de solutions pour répondre aux besoins des enfants nécessitait d’adopter une approche intégrée, associant les communautés, les familles, les États, le secteur privé, la société civile et les Nations Unies.
Pour lutter contre l’enrôlement des enfants dans les groupes armés, a-t-elle estimé, il est non seulement important de lutter contre la pauvreté (notamment en investissant dans les PME et en mettant en place des formations scolaires et techniques pour les parents), mais aussi d’imaginer des projets concrets, qui aient un impact direct sur la vie des communautés. Il s’agit ainsi, a-t-elle précisé, de garantir un système scolaire, qui maintienne les enfants dans les écoles, leur offre une alimentation quotidienne équilibrée, mais leur apporte aussi l’occasion de découvrir la musique ou le dessin et d’avoir des loisirs.
Elle a demandé que les Nations Unies, en particulier l’UNICEF et le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés ne se contentent pas de critiquer les pays où les conflits génèrent des enfants soldats, mais coopèrent avec les Gouvernements pour mettre en œuvre des programmes axés à la fois sur la prévention et sur la réintégration des mineurs démobilisés à la vie civile. Une telle stratégie serait, selon elle, le meilleur garant de résultats à long terme.
Mme MANAL YOUSSEF AL-MAHMOUD (Qatar) a indiqué que son pays a présenté son premier rapport sur la mise en œuvre de la Convention sur les droits de l’enfant et ses deux Protocoles facultatifs en janvier 2005. Le Qatar a également pris des mesures pour lutter contre les abus envers les enfants et les femmes. Une Fondation pour les orphelins et une Fondation pour la protection des femmes et des enfants ont été créées. Nous assurons également une coopération régionale. Sur la base de la Convention, nous coopérerons avec les institutions internationales, notamment le Haut Commissariat aux droits de l’homme et organisons dans ce cadre des ateliers de sensibilisation de la population aux dispositions de la Convention. Nous coopérerons aussi avec l’UNESCO pour assurer la promotion des droits de l’enfant dans le respect des préceptes de l’Islam. Nous avons promulgué une loi en mai 2005 qui interdit l’enrôlement des enfants dans des sports dangereux.
M. ZIAUR RAHMAN KHAN (Bangladesh) a déclaré que son pays mettait actuellement en oeuvre son troisième Plan d’actions sur les enfants, pour la période 2004-2009, dont les axes sont l’alimentation, la santé, l’éducation, l’autonomisation des petites filles et la protection contre les violences et l’exploitation des enfants. Il a indiqué qu’un Comité parlementaire de dix membres était chargé de veiller à la protection des droits de la femme et de l’enfant.
S’agissant du troisième objectif, le représentant du Bangladesh a indiqué que le 30 septembre était déclaré « Journée de la petite fille ». La campagne pour l’éducation des filles, qui est en cours, se traduit par l’exonération de droits de scolarité pour elles jusqu’en 12ème. Déjà, s’est-il félicité, la parité dans l’enseignement primaire et secondaire a été atteinte. Le taux de scolarisation est même de 97%, ce qui place le Bangladesh au premier rang des pays d’Asie du Sud.
En matière de santé des enfants, des progrès ont également été accomplis grâce à des programmes « alimentation contre éducation », des campagnes de nutrition, mettant l’accent sur la vitamine A et la réhydratation, et des campagnes de vaccination, qui ont permis de réduire la malnutrition et la mortalité infantile et d’améliorer la vie des enfants handicapés. Il a annoncé que son pays avait en outre conduit, en partenariat avec l’UNICEF, un « Projet de développement de la petite enfance (2001-2005) », qui a pour objectif de créer un environnement sain, sûr et propice au développement des enfants.
M. BAYANI MERCADO (Philippines) s’est dit encouragé par le rapport du Secrétaire général sur le suivi de la session extraordinaire de l’Assemblée générale « Un monde digne des enfants » au regard notamment des progrès réalisés dans la mise en œuvre de plans nationaux visant à promouvoir et protéger les droits des enfants. Notre Plan cadre entame sa cinquième année et l’un des objectifs phares porte sur le renforcement des capacités des enfants précoces. Le Gouvernement vient de lancer une campagne de sensibilisation du public et de renforcement des capacités en matière de lutte contre la violence, de promotion d’une alimentation équilibrée, de justice juvénile et de participation des enfants aux stratégies du développement.
À l’heure actuelle, a ajouté le représentant, nous examinons une nouvelle loi sur la justice juvénile qui mettra en place un bureau de surveillance, des centres communautaires et des centres de détention séparés pour mineurs. Nous redoublons d’efforts pour que les enfants en conflit avec la loi reçoivent les soins et l’attention appropriés. Mais les plans d’action ne sont pas suffisants pour créer un monde digne des enfants en raison de contraintes budgétaires et institutionnelles. Toutefois ces obstacles pourraient être surmontés par la coopération internationale.
M. MU’TAZ HYASSAT (Jordanie) a déclaré qu’un projet de loi sur les enfants était sur le point d’être approuvé par la Jordanie et que les multiples lois adoptées jusqu’à présent pour assurer la protection des droits des enfants, visaient en particulier à prévenir le travail des mineurs. Il a ajouté qu’un partenariat avait été engagé entre le Gouvernement, le secteur privé, la société civile et les ONG.
Il a en outre évoqué, le suivi de plans nationaux pour les enfants âgés de moins de huit ans, qui met l’accent sur l’épanouissement des enfants en matière de santé et d’éducation et prête une attention particulière aux enfants ayant des besoins spécifiques. Il a enfin fait état du Plan jordanien pour les enfants (2004-2008), qui constitue un cadre général visant à aider les responsables politiques et les institutions spécialisées dans les droits de l’enfant à élaborer des programmes détaillés pour chacune des catégories d’âge.
M. BORIS CHERNENKO (Fédération de Russie) a déclaré que les adultes devaient tout faire pour assurer le bien-être spirituel et physique des enfants. Les rapports périodiques concernant l’application de la Convention sur les droits des enfants constituent des instruments cruciaux de suivi des engagements internationaux. Lors de l’examen de son rapport par le Comité des droits de l’enfant, la Russie a initié un dialogue important avec les experts, qui servira de guide à son action future. Nous avons mis sur pied une politique nationale pour les enfants jusqu’en 2010 qui s’articule autour des priorités suivantes: l’amélioration de la santé des enfants, l’amélioration des services médicaux, l’accès à l’enseignement, l’amélioration des conditions de vie des enfants et une efficacité accrue de l’aide sociale fournie par l’État aux enfants dans des situations difficiles. Le Parlement est sur le point d’adopter un projet de loi prévoyant d’augmenter d’un tiers les allocations de naissance. La Fédération de Russie a lancé un vaste programme de réformes et elle a notamment créé un Commission pour les droits des mineurs.
Mme ELENA MOLARONI (Saint-Marin) a déclaré que son pays avait contribué à la rédaction et au vote de la résolution 1612 du Conseil de sécurité, visant à créer un mécanisme de surveillance relatif aux enfants dans les conflits armés. Elle a exprimé sa profonde préoccupation à la suite du rapport du Secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires et la coordination de l’assistance humanitaire, Jan Egeland, sur la situation des enfants dans les conflits armés, en particulier dans le nord de l’Ouganda. Depuis 17 années que dure le conflit entre l’ethnie Acholie et le Gouvernement ougandais, ce sont près de 20 000 enfants de 7 à 14 ans qui ont été recrutés par l’Armée de la résistance du seigneur (LRA), s’est-elle émue. Ces enfants sont obligés de porter de lourdes charges sur des distances très longues, de mutiler ou de tuer d’innocentes victimes, sont eux-mêmes battus, terrorisés, blessés ou abusés sexuellement. Saint-Marin espère que le Gouvernement ougandais et les armées rebelles trouveront, par le biais du dialogue, une solution négociée et oeuvreront de concert au bien-être des enfants de leur pays.
Mme Molaroni a en outre fait état des initiatives humanitaires que son pays avait prises en faveur des enfants, en particulier en Afrique. À ce titre, elle a mentionné le financement d’infrastructures en Ouganda permettant d’apporter une assistance à 1,2 million de réfugiés.
M. RENE NSEMI (Congo) a estimé que trois ans après la session de l’Assemblée générale extraordinaire « Un monde digne des enfants », beaucoup reste encore à faire. Il s’est félicité du fait que les chefs d’État ont réaffirmé leurs engagements en faveur des enfants lors du Sommet de haut niveau de l’Assemblée générale au mois de septembre dernier. Il a expliqué que sur le plan conceptuel, le gouvernement a lancé un plan de développement sanitaire et un plan d’action pour l’enfant qui tous deux traduisent les recommandations du Sommet mondial et de la session extraordinaire. Sur le plan de la santé, il a relevé que 7 décès sur 10 sont dus à des maladies comme le paludisme ou le sida. Pour y remédier, le Gouvernement met en place des campagnes de vaccinations et a ouvert des services de conseil psychosociologiques qui a permis au Congo d’éviter le pire.
En matière d’éducation, a précisé le représentant, nous nous employons à réhabiliter les infrastructures scolaires. En début de ce mois le Congo a adopté un plan d’action visant à améliorer le cadre juridique des mineurs et à harmoniser et réviser les textes de loi. La pandémie du VIH/sida demeure un frein au développement du Congo qui affecte les familles et les communautés. Nous avons mis en place un plan national de lutte contre le sida. Nous avons aussi fait de la lutte contre la pauvreté la pierre angulaire de notre politique de développement, mais la tâche est gigantesque. Nous comptons ainsi sur les efforts conjugués de nos partenaires au développement.
Mme CATHERINE BONARERI ONYONI-MOGAKA (Kenya) a déclaré que son pays avait ratifié la Convention des droits de l’enfant et ses deux Protocoles facultatifs. Ces textes ont été intégrés dans la Loi de 2002 sur l’enfant, qui définit les droits des enfants et prévoit des sanctions pour chacune des violations de ces droits. D’autres dispositions légales, a-t-elle ajouté, protègent les enfants contre les risques de traite, de vente et d’enlèvement.
La représente a également déclaré que sur les 50% de la population de son pays qui est âgée de moins de 18 ans, nombre de mineurs sont devenus particulièrement vulnérables du fait de la pauvreté ou des conséquences de la pandémie du VIH/sida. C’est pourquoi le Gouvernement kenyan a élaboré un Plan d’actions national dédié aux enfants orphelins et vulnérables, qui fixe un cadre d’intervention adapté à leur situation. Il permet notamment leur adoption et met en place un système de suivi visant à s’assurer de leur bien-être à long terme. À cet égard, elle a remercié l’UNICEF, la Banque mondiale, la société civile et les donateurs pour leurs contributions.
Elle a ajouté que les efforts que le Gouvernement consacrait à l’amélioration de l’éducation étaient actuellement orientés sur la scolarisation dans le primaire des orphelins, des enfants affectés par le VIH/sida ou l’extrême pauvreté, des enfants en situation de nomadisme et ceux auxquels des pratiques traditionnelles refusent une éducation.
M. MOSTAFA ALAIE (République islamique d’Iran) a rappelé que le deuxième rapport périodique du Comité des droits de l'enfant avait souligné son pays avait lancé de vastes réformes dans ce domaine et semblait animé de la volonté de faire tout son possible pour permettre aux enfants de jouir pleinement de leurs droits. Ainsi, le Gouvernement s’est employé à promouvoir l’éducation des filles, à combler le fossé des inégalités sexuelles, à renforcer l’éducation préscolaire, à garantir un soutien pré et postnatal, à réviser ou amender certaines lois relatives aux enfants, à encourager leur participation aux processus de prises de décision et enfin tenir à compte de leurs points de vue, a expliqué le représentant. Responsable de la planification des mesures nécessaires pour les soins de l’enfant, la vaccination et le contrôle des maladies infantiles, le Ministère de la santé et de la formation médicale est également chargé d’établir des politiques contre la malnutrition et pour la promotion de l’allaitement.
Par ailleurs, une « Commission islamique sur les droits de l’homme » supervise en toute indépendance les décisions prises par le Gouvernement dans le domaine des droits de l’homme, et par conséquent de la protection des enfants, au travers de ses différents mécanismes. Cet organe a en outre élaboré à l’intention des adultes, des parents, des tuteurs et des organismes concernés des campagnes de sensibilisation aux droits des enfants.
M. GILLES NOGHES (Monaco) a déclaré qu’au moment où l’ONU amorçait son renouvellement, la communauté internationale devait faire preuve de la volonté politique nécessaire pour veiller scrupuleusement à la protection des enfants. « Plus encore que toutes les formes de violence que nous condamnons vigoureusement au nom des principes de notre Charte, celles qui sont commises à l’égard des enfants sont les plus révoltantes », a-t-il déclaré tout en demandant que soient pleinement utilisés les instruments juridiques et politiques à la disposition des États, comme la Convention relative aux droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs, les résolutions adoptées ou les analyses menées au sein d’organes compétents. « Nous devons nous atteler à combattre les violences que les enfants subissent, sous toutes leurs formes, qu’ils s’agissent des situations de conflits armés, de la persistance de la légalité des châtiments corporels, des défaillances du système judiciaire pour mineurs, des pratiques traditionnelles dangereuses ou tout simplement des conditions sociales difficiles dans lesquelles un grand nombre d’enfants grandissent», a-t-il poursuivi.
M. Noghes a ensuite présenté les efforts de la Principauté de Monaco pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie des enfants. À l’étranger, le Gouvernement princier a répondu aux appels de l’OMS et de l’UNICEF en faveur des campagnes de vaccination contre la poliomyélite et la méningite et a fait construire et aménager des écoles dans certains pays d’Afrique. À Monaco, les enfants bénéficient d’un système de protection sociale efficace, a-t-il assuré, et des dispositions législatives permettent de poursuivre en justice quiconque a commis sur des mineurs des faits qualifiés de crimes ou de délits d’attentat à la pudeur ou d’attentat aux mœurs. Le Code de procédure pénale prévoit également que sera sanctionné quiconque aura organisé ou facilité l’exploitation sexuelle de mineurs sur le territoire ou hors du territoire monégasque. Le Représentant a conclu son intervention en exprimant sa satisfaction de constater que la question de la violence à l’encontre des enfants fasse l’objet d’une attention particulière du Conseil de l’Europe, tout en soulignant que son pays, qui en est membre, appuyait le lancement du Programme d’action triennal sur les enfants et la violence, dont la Conférence de lancement se tiendra à Monaco, en avril 2006.
M. ISAAC BIRUMA SEBULIME (Ouganda) a déclaré que l’éducation des enfants n’était pas seulement indispensable en soi, mais constituait aussi une des défenses clés contre la pandémie de VIH/sida. C’est la raison pour laquelle le Président ougandais a entrepris de lancer une initiative axée sur la prévention en direction des jeunes, qui coordonne l’ensemble des partenaires nationaux dans la lutte contre ce fléau. Une Commission de lutte contre le sida a également été créée, principalement pour permettre aux jeunes âgés de 10 à 24 ans d’être mieux informés pour se prémunir contre les pratiques à risque. Évoquant ensuite le dernier rapport en date du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, le représentant a estimé qu’il se contentait de reprendre les conclusions du précédent, établi par Olara Otunnu. Selon lui, ce rapport continue d’assimiler à tort les Forces de défense populaires de l'Ouganda et les Unités locales de défense aux individus responsables de violations des droits des enfants, comme le groupe terroriste « Armée de résistance du Seigneur (LRA) ». À cet égard, le Gouvernement ougandais se félicite du lancement, par la Cour pénale internationale (CPI), de mandats d’arrêt à l’encontre de cinq dirigeants de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), accusés de crimes contre l’humanité commis dans le nord du pays. Dans cette région précisément, le Gouvernement ougandais vient d’ouvrir un Fonds social d’action dans cette région, qui vise à combler les besoins les plus criants et dans le cadre duquel notamment les frais de scolarité de tous les enfants concernés sont pris en charge, a indiqué le représentant.
Mme LARA ROMANO (Croatie) a déclaré qu’au cours des dernières années, le pays a lancé un vaste programme de réformes juridiques entraînant l’adoption d’une nouvelle législation de lutte contre la violence familiale. Un ombudsman pour les enfants a été nommé en 2003. Le Gouvernement a également adopté récemment un programme de lutte contre la traite des enfants. Les objectifs principaux de la Stratégie de lutte contre la violence au foyer sont d’en venir à bout et d’en atténuer les conséquences; coordonner les actions entre les acteurs concernés par ce phénomène et promouvoir l’égalité entre les sexes. Sur la base des engagements pris en 1990 lors du Sommet sur les enfants, le Gouvernement a adopté en 1998 un Plan d’action national pour les enfants les plus vulnérables. Le Gouvernement coopère également avec l’UNICEF dans le cadre de projets spéciaux de prévention de la violence et un accord de coopération a été signé à cet effet en 2004. La campagne 2004 de l’UNICEF a réussi à sensibiliser le public à la question de la violence dans les écoles. La Croatie prépare actuellement son premier rapport national sur la mise en œuvre des deux Protocoles à la Convention sur les droits de l’enfant.
M. ALASSANE DIALLO (Mali) a déclaré que la lutte pour l’alphabétisation des populations défavorisées constituait un enjeu majeur du développement, mais a estimé que l’extrême pauvreté et le poids de la tradition représentaient pour le Mali des handicaps notables à la mise en œuvre de ses engagements à bâtir un monde digne des enfants.
Il a en particulier évoqué les progrès réalisés par son pays dans la promotion d’une existence plus saine pour les enfants, en mentionnant la création d’ouvrages d’assainissement de l’eau et de structures sanitaires dans les foyers et les écoles, l’introduction d’une éducation à l’hygiène dans l’enseignement primaire, la mise à disposition de moustiquaires dans le cadre de l’initiative « Faire reculer le paludisme » et la mise en œuvre d’un programme élargi de vaccination, en particulier contre la poliomyélite. Il a indiqué, à cet égard, que son pays bénéficiait de l’appui de plusieurs partenaires au développement et a salué le partenariat avec les organismes des Nations Unies, en particulier l’UNICEF, qu’il a qualifié de fécond et d’exemplaire.
M. MARIO DE AZEVEDO CONSTANTINO (Angola) a estimé que même si la Convention sur les droits de l’enfant est un des textes internationaux les plus ratifiés, il reste beaucoup à faire. La manière dont nous abordons cette question doit se faire cependant dans un cadre plus large qui tienne compte du fait que la paix et le développement des droits humains se complètent et se renforcent mutuellement. Des partenariats réussis à tous les niveaux avec les institutions des Nations Unies et la société civile nous ont permis de mener à bien trois initiatives majeures: la campagne contre la rougeole; la campagne de retour à l’école; la campagne stratégique de protection des enfants qui vise l’enregistrement des naissances, la réunification des familles et la restauration des services de santé de base.
La situation des enfants en Angola est loin d’être satisfaisante mais elle s’est améliorée. Nous avons lancé une stratégie de lutte contre la pauvreté et nous avons franchi des étapes comme la réduction de la mortalité infantile et l’accès à l’éducation primaire. En ratifiant la Convention et ses deux Protocoles facultatifs, nous nous sommes engagés à être responsables de nos engagements devant la communauté internationale. Par conséquent, les attentes de la population sont élevées, d’autant que les enfants constituent 60% de la population angolaise.
M. RAM BABU DHAKAL (Népal) a déclaré que la réalisation des engagements internationaux visant à réduire de moitié la pauvreté et à offrir un accès universel à l’éducation d’ici à 2015 nécessitait, pour les pays en développement, que la communauté internationale renforce son aide financière et technique. Il a précisé que la loi sur les enfants, adoptée en 1992, et la loi de 1999 sur l’interdiction du travail des enfants renforçaient les dispositions de la Constitution népalaise qui protège déjà les droits fondamentaux des enfants. Il a indiqué que son pays avait récemment accompli des progrès importants dans certains domaines, en termes de mortalité maternelle et infantile, de scolarisation des filles au niveau du primaire et de taux d’immunisation des enfants, qui atteint aujourd’hui 90%.
Par ailleurs, M. Dhakal a souligné que des défis majeurs demeuraient, compte tenu de la persistance de larges poches de pauvreté, et ce, alors même que la menace du terrorisme s’accroît et constitue un obstacle à la mise en œuvre des programmes de développement. Il a par conséquent exhorté la communauté internationale à approfondir ses efforts de coopération, afin de renforcer les moyens dont son pays dispose pour mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le développement et le Plan d’action adopté lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les enfants.
Mme ANA SAPINHO PIRES (Cap Vert) a déclaré que la faim, la pauvreté, les faiblesses des institutions et un système commercial injuste sont quelques unes des raisons empêchant les enfants à exercer leurs droits universels. Un milliard d’enfants dans le monde n’ont pas accès aux services de base leur permettant de réaliser leur droit à la survie et au développement. 1,2 million d’enfants sont victimes de la traite des être humains tandis qu’il y a 1,5 millions d’enfants sont orphelins du sida. Au sein des familles, les enfants subissent aussi de mauvais traitements. La plupart des pays en développement sont cependant freinés par des contraintes ne leur permettant pas d’atteindre les objectifs du Sommet de 2000 « Un monde digne des enfants ». Nous sommes conscients que les programmes d’ajustement structurel imposés par les instituons financières internationales ont limité la marche de manœuvre des pays pauvres. Pour le Gouvernement du Cap vert, investir dans les enfants est un premier pas vers l’élimination de la pauvreté et vers un monde meilleur. L’éducation est une de nos priorités et une de nos grandes réussites car nous avons réalisé l’accès universel à l’enseignement primaire. La mortalité infantile des enfants de moins de cinq ans a baissé mais nous devons cependant faire face au problème des grossesses précoces qui constituent un réel défi.
M. KIM IL-BUM (République de Corée) a estimé que, dans le prolongement du document final du Sommet mondial 2005 tenu le mois dernier à New York et au cours duquel les dirigeants de la planète ont réaffirmé leur engagement à protéger les droits des enfants, en particulier dans les zones de conflits, il importait de redoubler d’efforts pour garantir et protéger leurs droits. Il a salué ensuite les informations contenues dans le rapport de l’expert indépendant, Paulo Sérgio Pinheiro, jugeant que l’expert serait probablement en mesure de fournir des recommandations quant aux politiques à mettre en œuvre dans son rapport final. La sensibilisation du public sur les abus dont sont victimes les enfants a augmenté en Corée, a-t-il dit, ce, grâce à la mise en place de lois, politiques et programmes idoines, en particulier depuis l’introduction dans la législation, en 2001, de la notion d’abus commis sur les enfants. Le rapport annuel sur les abus commis sur les enfants fournit une analyse reposant sur des données rassemblées et permet au Gouvernement de modifier et d’adapter ses politiques et programmes. Pour les enfants victimes d’abus sexuels, des centres spécialisés, Sunflower Children’s Centers, ont été créés en 2004, a poursuivi le représentant, avant de se pencher sur le rapport du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés et de plaider pour la mise en œuvre de la campagne d’action proposée par le Représentant spécial. Il a invité toutes les parties à se joindre sans délais aux conventions et protocoles additionnels relatifs à la protection des enfants, notamment en situation de conflits armés, souhaitant qu’un projet de résolution distinct soit préparé sur ce thème. En conclusion, il a indiqué que son pays avait, au cours de l’année écoulée, adoptée une loi relative aux enfants disparus et décrété une semaine de l’Enfant, et il a invité les États membres à traduire les paroles en actes et à promouvoir un monde digne des enfants.
M. CESAR MAYORAL (Argentine), au nom du groupe de Rio, a déclaré que les pays du groupe de Rio accordaient « la plus haute priorité » à la situation des enfants et des adolescents et qu’ils avaient tous adopté ou adapté des plans nationaux relatifs à l’enfance afin d’atteindre les objectifs fixés en la matière en 2002 lors de la session extraordinaire sur l’enfance de l’Assemblée générale. Il a rappelé que la Convention des droits de l’enfant était la base fondamentale à cet égard et que l’éradication de la pauvreté et le développement économique s’accompagnaient de programmes éducatifs et de protection contre la violence, l’exploitation et la discrimination. « L’éducation est un objectif qui ne peut pas attendre », a-t-il ajouté, lançant un appel à la communauté internationale pour accentuer la lutte contre le travail des enfants.
Le représentant a exprimé sa préoccupation que la résolution sur les droits de l’enfant ait été l’objet de votes multiples et compliqués ces dernières années et a appelé la Commission à faire en sorte que le projet, tout en comportant des avancées sur les thèmes liés à l’enfance, soit, cette fois, adopté par consensus. Il a rappelé que cette année le projet de résolution mettait l’accent sur les conséquences du VIH/sida sur l’enfance, soulignant la nécessité de réduire les indices de transmission verticale du virus et mettant l’accent sur la situation des orphelins de la maladie. Il a également appelé la communauté internationale à soutenir les gouvernements nationaux du groupe de Rio dans leur lutte globale contre la violence, qui inclut à la fois la violence domestique, les abus de pouvoir policiers et les gangs. Enfin, il s’est déclaré favorable à l’extension du mandat du Bureau du Représentant Spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, et l’a appelé à travailler en étroite collaboration avec les États membres pour « la démobilisation , la réintégration et la réhabilitation » de ces enfants.
M. RAM BABU DHAKAL (Malaisie) a déclaré, au nom de l’ANASE, que la coopération régionale entre les États Membres s’était traduite par plusieurs plans d’actions axés sur la paix, la stabilité et la prospérité dans la région, d’abord le Plan d’actions de Hanoi en 1998, puis celui de Ventiane en 2004. L’engagement de la région à créer un environnement plus sûr et plus propice au bien-être des enfants s’est concrétisé par l’adoption de la déclaration de Bali, qui met l’accent sur le rôle de la communauté au sein de laquelle les enfants se développent, a-t-il ajouté.
Le représentant a également souligné que la survie des enfants restait entravée par le fait que les besoins de base que sont l’alimentation, l’habillement, un toit, la santé et l’éducation n’étaient pas assurés pour tous. Or, a-t-il souligné, aucun pays ne peut faire face seul à ces défis. C’est pourquoi l’ANASE a développé des programmes de coopération, à la fois entre ses États Membres, en particulier dans les domaines de la prostitution infantile, du travail des enfants et du trafic d’êtres humains, et avec les institutions internationales, en matière de lutte contre la violence à l’encontre des enfants et d’assistance aux enfants ayant des besoins spécifiques.
Il a également indiqué que l’ANASE avait engagé une coopération avec l’UNICEF, qui a débouché sur l’élaboration d’un plan de travail, reprenant la déclaration de l’ANASE en faveur des enfants d’août 2001, le Plan d’actions « Un monde digne des enfants » et la Convention des droits de l’enfant. Il a estimé que ce plan s’avérait utile pour toutes les initiatives orientées vers le bien-être des enfants et des jeunes gens à long terme.
M. IYA TIDJANI (Cameroun) a estimé que des progrès encourageants avaient été réalisés trois ans après la session extraordinaire de l’Assemblée générale mais que l’engagement de la communauté internationale ne devait pas se relâcher tant les défis demeuraient importants: les conflits, la pauvreté, la traite des enfants, le travail des enfants au mépris des conventions de l’OIT et le VIH/sida. Le nombre d’enfants maltraité dans le monde est estimé à 300 millions tandis que 2,2 millions d’autres étaient contaminés en 2004 par le VIH/sida.
Nous approuvons les recommandations du Secrétaire général pour une budgétisation adéquate des programmes destinés aux enfants, la collecte de données fiables, le renforcement des capacités des organismes nationaux chargés de l’enfance et la pleine implication des enfants. Le représentant a précisé que son pays avait adopté un Plan d’action national consacré au bien-être des enfants qui s’articule autour de l’accès aux soins de santé, de l’éducation, de la protection des enfants contre la maltraitance, l’exploitation et la violence.
M. ROBERT L. SHAFER, Ordre militaire souverain de Malte, a déclaré que le droit le plus fondamental de l’enfant était le droit à la vie. Indiquant que le rapport publié par l’UNICEF en septembre 2005 sur la vaccination montrait que 10,6 millions d’enfants mourraient encore de maladies qui pouvaient être évitées, il a souligné que le corps de volontaires de l’Ordre, Malteser International, continuerait, pour sa part, à contribuer aux programmes de vaccination partout dans le monde.
M. Shafer a également souligné que la famille constituait l’environnement naturel dans lequel tout enfant devait normalement se développer et s’épanouir. Or, a-t-il rappelé, non seulement le VIH/sida représente la pandémie la plus dévastatrice de l’histoire, en ce qu’elle a produit 16 millions d’enfants orphelins d’au moins un de leurs parents, mais la persistance des conflits, la violence, la pauvreté et le délabrement social conduisent un nombre significatif d’enfants à vivre séparés de leurs parents. Face à ce fléau, l’Ordre souverain de Malte a étendu son réseau d’écoles et d’orphelinats dans le monde, institutions qui veillent à prendre en compte les besoins spécifiques des enfants privés de soins parentaux.
Estimant que les textes internationaux de protection des droits de l’enfant étaient désormais nombreux, il a appelé les agences de l’ONU à rediriger leurs efforts vers l’application de ces normes sur le terrain. Au titre des contributions de l’Ordre militaire souverain de Malte, il a également annoncé que le Holy Family Hospital de Bethlehem en Palestine avait récemment célébré sa 30 000ème naissance en 15 ans et qu’il continuerait à travailler ainsi malgré les conséquences dévastatrices de la violence dans la région.
M. SHAHID HUSAIN, Organisation de la Conférence islamique, a déclaré que les enfants ont un droit naturel de vivre et de grandir dans un environnement familial stable. Les gouvernements ont le devoir de mettre en place un environnement leur permettant de réaliser ce droit divin. L’instauration d’un monde digne des enfants constituerait une étape majeure vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a précisé le représentant. L’Organisation de la Conférence islamique organisera en 2005, à Rabat, une conférence sur les enfants musulmans en coopération avec la Conférence islamique pour la science, l’éducation et la culture et l’UNICEF. La question de la protection des enfants dans les conflits armés a été consacrée dans le document final de la session extraordinaire de l’Assemblée générale « Un monde digne des enfants » et l’Organisation de la conférence islamique met également l’accent sur cette problématique. Dans le passé, ses membres ont lancé des appels pressants aux gouvernements pour qu’ils prennent des mesures efficaces de protection des enfants pris dans des situations de conflit.
M. VOLODYMYR PEKARCHUK (Ukraine) a déclaré que son pays était particulièrement préoccupé par la santé des enfants ukrainiens du fait des conséquences de la tragédie de Tchernobyl, mais aussi, depuis quelques années, par la pandémie du VIH/sida et le trafic des femmes et des enfants. Il a indiqué que son pays avait introduit un certain nombre de modifications dans son corpus législatif pour faire face à ces défis. Ainsi, un décret présidentiel relatif à la protection des enfants identifie les activités permettant d’assurer la protection des enfants orphelins et des enfants privés de soins parentaux, ces derniers représentant une priorité pour l’Ukraine, a-t-il insisté. Le Gouvernement considère en outre, actuellement, un projet portant sur la création de foyers pour orphelins et déploie des efforts particuliers pour soutenir les familles et leur permettre de garder leurs enfants dans leur foyer.
M. Pekarchuk a également fait état de la coopération que son Gouvernement avait engagée avec différents fonds et programmes des Nations Unies, tels que l’UNICEF, l’ONUSIDA ou le programme de lutte contre les trafics d’êtres humains de l’Organisation mondiale des migrations.
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