En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/3820

TROISIÈME COMMISSION: L’AUTONOMISATION DES FEMMES EST INDISSOCIABLE DE LA POURSUITE DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT

12/10/05
Assemblée généraleAG/SHC/3820
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Troisième Commission

11e et 12e séances – matin et après midi


TROISIÈME COMMISSION: L’AUTONOMISATION DES FEMMES EST INDISSOCIABLE DE LA POURSUITE DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT


Poursuivant les débats commencés mardi, les délégations de la Troisième Commission (Commission sociale, humanitaire et culturelle) ont estimé que compte tenu de la contribution des femmes à tous les aspects de la vie politique, économique et sociale, les efforts visant à garantir leur autonomisation économique étaient indissociables de la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Plusieurs délégations ont notamment modifié leur législation afin de promouvoir la participation des femmes dans l’ensemble des secteurs de la société.  La représentante du Kenya a par exemple indiqué que dans son pays, des mesures de discrimination positive avaient été prises dans les universités, et que la Constitution avait été modifiée afin que les différentes assemblées parlementaires nationales et locales soient composées d’au moins 30% de femmes.


La plupart des réformes évoquées par les participants visent à promouvoir l’accès des femmes à l’éducation -notamment en garantissant la gratuité de l’enseignement primaire-, à la santé, à l’emploi et aux mécanismes de financement.


En matière d’accès à l’emploi, plusieurs délégations ont mis en avant les mesures nécessaires afin de permettre aux femmes de conjuguer avec succès vie professionnelle et familiale.  La représentante de l’Estonie a par exemple mentionné la mise en place, depuis 2004, d’un système d’allocation parentale, qui compense la perte de revenus liée à l’éducation de l’enfant pendant la première année de sa vie et peut être sollicitée par le père, comme par la mère, au bout de six mois.


Concernant l’accès à la santé, de nombreux pays ont mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la santé maternelle et génésique.  La représentante des Emirats arabes unis a notamment expliqué que dans son pays, tous les accouchements faisaient désormais l’objet d’une surveillance médicale, ce qui avait permis de réduire les décès post-partum.


Les facilités de recours au microcrédit ont été désignées par plusieurs délégations comme un moyen de promouvoir l’autonomisation économique des femmes et leur contribution au développement de la collectivité, notamment dans les zones rurales.  À cet égard, le représentant de l’Organisation internationale du travail (OIT) a fait état des programmes visant à promouvoir le droit des femmes au travail dans le secteur agricole, notamment en favorisant la création d’emplois et de petites entreprises.  Des succès notables ont été enregistrés au Pakistan et au Viet Nam, a-t-il indiqué.


La plupart des réformes législatives évoquées au cours du débat s’inscrivent dans la mise en œuvre des dispositions du programme d’action de Beijing et de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).  Les délégations ont néanmoins reconnu que de nombreux défis demeuraient, notamment en matière de lutte contre la violence dont les femmes sont encore victimes.


A cet égard, la représentante du Nigéria a indiqué que son pays avait entrepris de nombreux efforts afin de rendre illégales une série de pratiques traditionnelles qui nuisent à la santé mentale et physique des femmes, comme l’interdiction du mariage précoce, et la lutte contre le trafic des femmes et des enfants et contre leur exploitation à des fins de prostitution.


Les représentants des pays suivants ont participé au débat général : Algérie, Bahreïn, Cuba, Guyane (au nom de la Communauté des Caraïbes), Islande, Israël, Kenya, République démocratique populaire lao, Liechtenstein, Malaisie (au nom de l’ANASE), Mexique, Mongolie, Philippines, Fédération de Russie, Soudan, Turquie, Émirats arabes unis, Uruguay (au nom du MERCOSUR), Azerbaïdjan, République démocratique populaire de Corée, Estonie, Éthiopie, Ghana, Indonésie, Japon, Maroc, Nigéria, Norvège, Paraguay, Pérou, Portugal, République de Corée, Sénégal, Sri Lanka, Thaïlande, Viet Nam.


Les représentants des organisations suivantes se sont également exprimés: Organisation internationale du travail (OIT), Fonds international pour le développement rural (FIDA), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).


En début de réunion, deux projets de résolutions ont été présentés à la Troisième Commission.  L’un portait sur la mise en oeuvre du Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées (point 62 de l’ordre du jour); l’autre, sur le rôle des coopératives dans le développement social (point 62 de l’ordre du jour).


La Commission poursuivra son débat général sur cette question demain jeudi 13 octobre à 10 heures.


DÉVELOPPEMENT SOCIAL, Y COMPRIS LES QUESTIONS RELATIVES À LA SITUATION DANS LE MONDE ET AUX JEUNES, AUX PERSONNES ÂGÉES, AUX HANDICAPÉS ET À LA FAMILLE


Présentation des projets de résolution


La représentante des Philippines a présenté le projet de résolution A/C.3/60/L.3 tel qu’amendé oralement, relatif à la mise en œuvre du Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées.  Rappelant qu’il y avait 600 millions de personnes handicapées dans le monde, elle a signalé que 80% d’entre elles vivaient dans les pays en développement.  Alors que les Nations Unies s’attèlent à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ce projet de résolution vise à s’assurer que les personnes handicapées ne seront pas oubliées dans mise en place des OMD.


Ce Programme d’action, qui a été rédigé en 1993, est toujours d’actualité, a-t-elle estimé, signalant qu’il souligne notamment le rôle que jouent les personnes handicapées dans le processus de développement.  Ce projet de résolution exhorte entre autres les gouvernements et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales à promouvoir des mesures efficaces de prévention des incapacités et de réadaptation des personnes handicapées.  La représentante a également plaidé pour une meilleure coopération interétatique à l’égard du transfert des technologies de l’information et de la communication.  La mise en œuvre de ce programme d’action aidera la communauté internationale à mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle conclu.


La représentante de la Mongolie a présenté, au nom d’un groupe de pays, un projet de résolution sur le rôle des coopératives dans le développement social (A/C.3/60/L.4).  Considérant que les coopératives contribuaient à l’éradication de la pauvreté, dans la mesure où elles permettent aux citoyens les plus pauvres de prendre leur destin en main par l’accès à des sources de revenus, source d’autonomisation et de meilleure cohésion sociale, elle a souligné que leur appui pouvait favoriser la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Le projet de résolution reprend à son compte les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport sur le rôle des coopératives dans le développement social et appelle les États Membres à adopter des réglementations promouvant la création de coopératives par la création d’un environnement socioéconomique favorable, afin qu’elles soient accessibles aux plus pauvres, notamment ceux vivant dans les zones rurales et les femmes.  Il appelle en outre les États Membres à renforcer les compétences de gestion des participants aux coopératives, par un meilleur accès aux nouvelles technologies.


La représentante a apporté par oral quelques amendements techniques au texte du projet de résolution.


PROMOTION DE LA FEMME


SUITE DONN ÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIÈME SIECLE »


Suite du débat général


M. CHEM WIDHYA (Cambodge) s’est associé aux remarques du représentant de l’Indonésie qui s’était exprimé au nom de l’ANASE.  Les femmes sont plus vulnérables à la pauvreté car elles souffrent d’inégalités dans de nombreux domaines, comme la distribution des revenus et l’accès au crédit, entre autres, a-t-il expliqué, signalant que le Cambodge avait adopté une approche proactive à cet égard en incluant une perspective sexospécifique dans son Plan national de développement stratégique.  Il a notamment indiqué que des mesures avaient été mises en place afin de réduire les disparités sexuelles et améliorer l’égalité des sexes dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’affirmation socioéconomique et politique et de la protection légale.  Le rôle joué par les femmes dans la vie politique du Cambodge s’est significativement accru au cours des dernières années, a-t-il également signalé.


M. Widhya a néanmoins rappelé que la pandémie du VIH/sida et l’accès à l’éducation faisaient partie des problèmes cruciaux auxquels son pays était actuellement confronté.  Concernant le VIH/sida, il a expliqué que la maladie touchait les populations à risque mais aussi les familles, dont les femmes et jeunes enfants sont les principales victimes.  Remerciant les pays donateurs de leurs efforts afin de réduire la propagation de la pandémie, il a néanmoins réitéré son appel à la communauté internationale à continuer d’aider les pays en développement, notamment en mettant adéquatement en œuvre le Programme d’action de Bruxelles destiné au pays les moins avancés.  Il a par ailleurs remarqué que la représentation des femmes dans l’éducation diminuait au fur et à mesure que le niveau d’éducation augmentait, et a plaidé pour l’élimination des barrières à l’accès à l’école, saluant notamment les actions figurant dans le rapport du Projet du Millénaire visant entre autres à mettre un terme aux frais d’inscription dans les écoles primaires.


M. MOHAMMED SAEED (Soudan) a déclaré que l’objectif de promotion de la femme, de la garantie de ses droits et de son autonomisation nécessitait une approche globale, qui prenne cependant également en compte les différences de culture et de tradition de chaque pays.  Tout en poursuivant les efforts en faveur de cet objectif, il a paru essentiel de ne pas négliger les spécificités et les valeurs qui constituent la conscience collective de tout pays.


Il a déclaré que malgré les progrès enregistrés depuis la Conférence de Beijing, il était nécessaire de redoubler d’efforts pour traiter les effets négatifs de la mondialisation sur les pays en voie de développement, dans lesquels les femmes sont parmi les catégories de la population les plus affectées.  Ceci nécessite de prendre des mesures au niveau international conduisant à intégrer ces pays dans l’économie mondiale.  Il a ainsi demandé que les prochains rapports relatifs à la promotion de la femme mettent davantage l’accent sur l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la violence, l’exploitation sexuelle et le trafic de femmes.


Le représentant a également considéré que la violence faite aux femmes, qui constitue une atteinte à leur dignité et à leurs droits fondamentaux, exigeait d’adopter une approche globale, qui traite ses causes profondes, afin d’assurer l’efficacité des méthodes employées pour la combattre.


Il a enfin souligné que le Soudan avait été un pays pionnier dans la promotion des droits des femmes, notamment en garantissant leur participation à la vie publique et il a annoncé l’intention de son Gouvernement de s’engager pleinement dans la mise en œuvre des objectifs assignés par la Conférence de Beijing et sa Conférence d’examen.


M. GEORGE TABLOT (Guyana), qui s’est exprimé au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé le rôle central qu’occupait la Convention sur l’élimination de la discrimination contre les femmes au sein de la stratégie mondiale pour l’affirmation des femmes ainsi que comme mécanisme de notification des progrès réalisés dans ce domaine.  Rappelant que l’élimination des inégalités sexuelles constituait une priorité pour la CARICOM, il a signalé que des progrès avaient été réalisés, notamment en matière de santé maternelle et infantile, de l’accès aux soins de santé et à l’éducation.  De nombreux défis demeurent cependant, a-t-il expliqué.


M. Talbot a notamment signalé que les efforts des gouvernements de la CARICOM afin d’aboutir au développement durable et d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont l’élimination des niveaux disproportionnés de pauvreté parmi les femmes, étaient fortement conditionnés par les conditions économiques actuelles.  Il a notamment indiqué que la libéralisation de l’industrie bananière avait eu un impact négatif sur le bien être économique des femmes dans les Caraïbes, et a exhorté la communauté internationale à se pencher sur les questions de l’éducation et de la santé des femmes tout en assurant un meilleur accès aux marchés pour les biens des pays en développement, l’allégement de la dette et un traitement différentiel à l’égard des petits pays insulaires en développement, entre autres.


Mme VILMA THOMAS (Cuba) a déclaré partager le point de vue des délégations qui se sont exprimées en faveur d’une nécessaire accélération des efforts visant à mettre un terme à toutes les formes de violence faites aux femmes.  Elle a cependant estimé que cette question devait être traitée de façon large, en prenant en compte non seulement la violence familiale, mais aussi le génocide, le terrorisme, l’occupation étrangère et les mesures coercitives unilatérales, qui doivent, selon elle, être condamnées unanimement par la communauté internationale. 


Elle a ajouté que toutes les stratégies prises au niveau mondial devaient donner la priorité à la pleine réalisation du Programme d’action de Beijing et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, en mettant l’accent sur l’égalité entre les sexes, l’élimination de toutes les formes de discrimination et la participation accrue des femmes à tous les niveaux de décision.  À cet égard, a-t-elle souligné, une volonté politique ferme des gouvernements est indispensable et doit se traduire par des mesures concrètes.


Elle a également souligné que depuis 1959, Cuba avait adopté des mesures de lutte contre la discrimination et la violence contre les femmes, ce qui lui avait permis d’atteindre très tôt les résultats fixés par la Conférence de Beijing.  Ainsi, 36% des foyers cubains sont dirigés par des femmes, celles-ci représentent 45% des travailleurs, tandis que le Parlement compte 35% de femmes et les femmes à des postes de responsabilité atteignent 35%.  Récemment, l’amendement de la loi sur la maternité de la femme travailleuse a en outre contribué à réduire les discriminations à l’égard des femmes en donnant la possibilité de partager le congé de maternité avec le père.


M. PATRICK RITTER (Liechtenstein) a rappelé que l’année dernière, la Troisième Commission avait adopté cinq résolutions sur cette question, dont trois concernaient des formes spécifiques de violence à l’égard des femmes.  Il en a dès lors conclu qu’il n’y avait donc pas encore eu d’accord sur une définition holistique du problème.  Il a dès lors salué l’étude du Secrétaire général sur la violence contre les femmes, qu’il a qualifiée de processus préparatoire qui pourrait permettre d’accroître significativement l’engagement politique visant à traiter la question de la violence contre les femmes sous toutes ses manifestations.  S’il a jugé nécessaire d’adopter une approche commune au niveau international afin d’éliminer la violence contre les femmes, il a néanmoins estimé que les manifestations de cette violence variaient souvent selon les régions, plaidant dès lors pour une approche régionale de cette question au sein de l’étude.  M. Ritter a signalé que le Liechtenstein avait pour sa part pris des mesures spécifiques afin de lutter contre la violence à l’égard des femmes dans le cadre du mariage et du partenariat, notamment au moyen de mesures de prévention via la sensibilisation des hommes à cette question, mais également au moyen de mesures coercitives, comme l’interdiction de revenir au foyer.


Mme HENOUDA (Algérie) a estimé que la pauvreté était souvent la cause et la conséquence de la dépendance économique des femmes, ce qui nécessitait de mettre l’accent sur leur formation et leur qualification, ainsi que sur des politiques novatrices en matière d’emploi.


Elle a souligné que la participation des femmes algériennes à la vie économique, sociale et politique, sans distinction par rapport aux hommes, avait été garantie, dès l’indépendance, par la Constitution.  L’éducation a en outre toujours été considérée comme un axe majeur d’autonomisation des femmes, a-t-elle ajouté, précisant que le taux de participation des femmes dans l’enseignement supérieur atteignait aujourd’hui 55,4%.  Celles-ci bénéficient également d’une égalité dans les domaines de la santé, de la sécurité sociale et de la retraite.  En matière d’emploi, les femmes ont investi tous les secteurs d’activité et perçoivent les mêmes rémunérations que les hommes, tandis qu’elles sont de plus en plus nombreuses à occuper les postes supérieurs de l’État.  L’ensemble de ces éléments, a-t-elle souligné, a conduit à réduire les stéréotypes dont souffrent les femmes.


La représentante a indiqué que son Gouvernement était malgré tout conscient que beaucoup restait à faire pour permettre aux femmes de jouer pleinement leur rôle dans la vie sociale, économique et politique du pays.  C’est dans ce but que l’Algérie a ratifié tous les instruments internationaux sur les droits de l’homme et les conventions relatives au renforcement des droits des femmes.  À la suite de la présentation du deuxième rapport sur la mise en œuvre des dispositions de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Comité a émis des préoccupations, dont certaines ont été prises en compte par les récents amendements apportés aux codes de la famille et de la nationalité, ce qui constitue, a-t-elle souligné, un prélude à la levée des réserves émises lors de la ratification de ladite convention.


Mme MEIRAV EILON SHAHAR (Israël) a signalé que l’égalité entre les sexes constituait une priorité pour Israël depuis sa création.  Les femmes israéliennes participent à la vie politique à tous les niveaux, et s’y attèlent à promouvoir les droits des femmes, ce qui a débouché sur de nombreuses lois.  Elle a notamment cité une loi récente visant à inclure des femmes dans tout groupe impliqué dans des négociations de paix et de résolution des conflits.  Près de 46% des juges sont des femmes, a-t-elle signalé, ajoutant que c’était également le cas de plus d’un tiers des juges de la Cour suprême.


Mme Shahar a par ailleurs indiqué que l’engagement d’Israël à l’égard de l’autodétermination des femmes ne se limitait pas à ses frontières.  Elle a notamment évoqué les travaux du Centre Golda Meir, qui se consacre au rôle des femmes dans la résolution des conflits.  La moitié des participantes à ce séminaire sont palestiniennes, a-t-elle signalé.  Le Centre pour la coopération internationale du Ministère des affaires étrangères (MASHAV) se concentre pour sa part sur la promotion du rôle de la femme dans les secteurs du développement et de l’entreprenariat. 


Mme HEBA HAMOUD ALJENAIBI (Émirats arabes unis) a déclaré qu’en 2004, son pays était devenu partie à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et aux neuf traités internationaux garantissant aux femmes un accès au travail et un salaire équivalents.


Elle a souligné que l’action du Gouvernement dans ce domaine était guidé par les valeurs émanant de la religion d’État, qui obligent à lutter contre la violence faite aux femmes et favorisant l’égalité des sexes.  Elle s’est inscrite en faux contre les propos négatifs qui sont généralement tenus sur la situation des femmes aux Émirats arabes unis, soulignant que leur sort était protégé, tant au sein de leur famille que dans l’ensemble de la société, par la protection de leurs droits de citoyenne.  Elle a indiqué que de nombreuses lois avaient été promulguées pour garantir le respect des droits humains des femmes.  Ainsi, des sanctions particulièrement sévères sont prévues dans le code pénal pour les auteurs de violences faites aux femmes, notamment de violences familiales, a-t-elle indiqué.  De plus, de nombreuses réglementations portent sur les droits des femmes à la sécurité sociale, à l’éducation, aux soins de santé et à l’aide juridique.


Mme ALJENAIBI a ensuite mentionné les avancées dont avaient bénéficié les femmes dans son pays: la forte augmentation de leur scolarisation dans le primaire (83% des fillettes sont scolarisées) et dans l’enseignement supérieur (62% des étudiants sont des femmes); la réduction des décès post-partum grâce à la surveillance médicale de tous les accouchements; l’accroissement de la participation des femmes à la vie active (elles occupent 66% des postes, dont 30% des postes à responsabilité).  En 2004, une femme a pour la première fois été nommée au poste de Ministre de l’économie, a-t-elle annoncé, ajoutant qu’un Conseil des femmes chefs d’entreprise avait été créé pour favoriser leur participation à la vie économique.


Mme JUDITH BAHEMUKA (Kenya) s’est associée aux déclarations de la Jamaïque au nom du Groupe des 77 et de la Chine et de la Namibie au nom du Groupe africain.  Elle a signalé que l’égalité entre hommes et femmes s’inscrivait pleinement dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Elle a expliqué que le Kenya avait mis en place de nombreuses mesures afin d’inclure la perspective sexospécifique dans l’ensemble de ses politiques, de ses programmes et de ses lois.  Elle a notamment évoqué les mesures de discrimination positive en vigueur dans les universités, ainsi que la modification de la Constitution afin que les différents parlements du pays soient composés d’au moins 30% de femmes.  Le gouvernement du Kenya s’est également attelé à faciliter l’accès des femmes au microcrédit ainsi qu’à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes en ce qui concerne les droits d’héritage.


Mme Bahemuka a par ailleurs signalé que l’accès des femmes à l’éducation s’était significativement amélioré depuis la gratuité de l’accès à l’éduction primaire mis en œuvre en 2003.  Le Kenya s’est également lancé dans un programme de réforme législative ambitieux afin de protéger les droits des femmes, a-t-elle ajouté.  Mme Bahemuka a néanmoins remarqué que malgré les nombreuses réalisations évoquées, le Kenya restait confronté à de nombreux défis.  L’accès accru des femmes au sein du secteur tertiaire, des universités et des gouvernements sera possible grâce à une meilleure éducation dans le domaine de la gestion et de la prise de décision, a-t-elle expliqué, invitant la communauté internationale à coopérer avec le Kenya dans la poursuite de ces objectifs.


Mme VIENGSAVANH SIPRASEUTH (République démocratique populaire lao) a déclaré que la pauvreté, en particulier dans les zones rurales, était la cause profonde des inégalités qui opposent les hommes et les femmes dans les pays en voie de développement.  C’est pour répondre à ce défi que le Gouvernement du Lao a engagé une réforme en profondeur sur les plans économique et politique, a-t-elle indiqué.  L’Union des femmes du Lao contribue, pour sa part, à l’égalité des sexes en encourageant la participation des femmes à la défense nationale et au développement socioéconomique, ainsi qu’en créant les conditions propices à leur accès à l’éducation, au système de santé, à la formation professionnelle et à l’emploi.


La représentante du Lao a indiqué que les femmes occupaient aujourd’hui des postes de responsabilité à tous les niveaux, tant national que local.  Le nombre de femmes députés est ainsi passé de 8 en 1992 à 25 en 2002, soit 23% du Parlement.  Le Gouvernement et l’Union des femmes du Lao ont aussi déployé de nombreux efforts pour sensibiliser la population aux droits et aux rôles des femmes, notamment en créant une Commission nationale pour la promotion de la femme, dont la mission est d’aider le gouvernement dans l’élaboration des lois, afin que la promotion des femmes dans tous les aspects de la société soit prise en compte.  Elle élabore actuellement une stratégie nationale pour 2005-2010, dont les cinq objectifs sont l’amélioration de la participation des femmes à la croissance économique et à la stratégie d’éradication de la pauvreté, la promotion de leur accès à l’éducation, à la santé et aux processus de décision, et le renforcement des organisations chargées de promouvoir les droits des femmes.


Mme JENNIFER FELLER (Mexique) a estimé que l’inclusion de la perspective sexospécifique était indissociable du développement durable.  Elle a rappelé le soutien de son pays à l’égard du Document final du Sommet mondial de l’Assemblée générale, estimant néanmoins que ce document ne contenait rien de nouveau par rapport aux dispositions du Programme d’action de Pékin ou des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il est primordial d’avancer dans le domaine de l’égalité des sexes au niveau international, a-t-elle expliqué, estimant que les différentes agences compétentes devaient collaborer dans cet effort afin d’être complémentaires et d’éviter tout double emploi.  Le Mexique a fait des contributions volontaires à ces organismes, a-t-elle signalé, invitant l’ensemble des pays qui peuvent se le permettre à faire de même.


La féminisation de la pauvreté est une violation des droits fondamentaux des femmes, a-t-elle estimé, signalant que des femmes mouraient en couche, qu’elles ne disposaient pas d’un accès égal à l’éducation, à l’emploi ou à un salaire égal.  Elle a également souligné la féminisation de la migration, qui constitue une discrimination supplémentaire.  La communauté internationale dispose de nombreux outils pour assurer un meilleur statut aux femmes, a-t-elle conclu, signalant que davantage de volonté politique était nécessaire.


Mme MARIE YVETTE BANZON (Philippines) a indiqué que lors des 10 dernières années, son pays avait adopté des mesures législatives contre le harcèlement sexuel, le viol, la traite des êtres humains et la violence familiale.  Il a en outre créé un Comité de coordination interinstitutions sur la violence faite aux femmes et renforcé les partenariats entre le Gouvernement et les ONG afin d’initier des réponses innovantes aux enjeux liés à la violence dont sont victimes les femmes.  Celles-ci se sont notamment traduites par la création de bureaux dédiés aux femmes dans les hôpitaux publics et les commissariats, par l’élaboration de formations abordant la dimension sexospécifique à l’attention des fonctionnaires de police, des assistants sociaux, des magistrats et des juges.


La représentante a par ailleurs indiqué que la place des femmes s’accroissait dans tous les secteurs, publics comme privés, notamment dans les postes à responsabilité, tandis que le Gouvernement a mis en place des mécanismes permettant de mieux prendre en compte les questions liées à la promotion de la femme.  Ainsi 5% du budget est consacré à des programmes favorisant l’égalité entre les sexes.


Elle a en outre estimé que la féminisation des migrations exigeait que la vulnérabilité des femmes dans ces situations soit mieux prise en compte.  De même, les catastrophes naturelles, telles que le tremblement de terre qui a récemment touché l’Asie du Sud, ont un impact énorme sur la vie des femmes et des enfants, qui représentent la majorité des victimes, c’est pourquoi les ONG et les gouvernements qui leur viennent en aide devraient intégrer la dimension sexospécifique dans leurs efforts de reconstruction et d’assistance aux victimes.


M. SERHAT AKSEN (Turquie) a estimé que la 49e session de la Commission de la condition de la femme avait été l’un des événements les plus importants de l’année.  La Turquie a participé activement à cette Commission, a-t-il indiqué, signalant que son pays avait fait des progrès dans la mise en œuvre du programme d’action de Pékin, notamment en mettant en place un cadre légal solide pour l’égalité des sexes et l’élimination des discriminations à l’égard des femmes.  L’adoption de lois sur l’éducation de base, la protection de la famille ainsi que de nouveaux Codes civil et pénal ont été cruciaux dans cette démarche, a-t-il expliqué.


La Turquie attache une grande importance à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, a indiqué son représentant, expliquant notamment que grâce au nouveau Code pénal, les « meurtres d’honneur » étaient désormais passibles des sentences les plus élevées.  Une Commission parlementaire a également été mise en place afin de se pencher sur ce type d’actes, a-t-il ajouté.


M. SHAARI BIN HASSAN (Malaisie) a indiqué, au nom de l’ANASE, que les États membres avaient adopté le Plan d’action de Hanoi, en décembre 1998, dont certains des objectifs concernent la promotion des femmes.  Par ce texte, les États membres entendent renforcer leur coopération en matière de lutte contre le trafic des femmes et les violences faites aux femmes.  La troisième réunion du Comité de l’ANASE sur les femmes, qui s’est tenue en novembre 2004, portait également sur ce sujet, de même que le Plan d’action, adopté en mars 2005, par les États de la sous-région du Mékong.


Le représentant a précisé que le Comité de l’ANASE sur les femmes permettait aux États membres de partager leur expérience dans la mise en œuvre des objectifs de la Déclaration de Beijing.  Le Comité coordonne l’exécution du programme d’action régional formulé en 2000 et élabore actuellement un plan sur l’égalité des sexes, portant sur les domaines prioritaires de l’intégration de la dimension sexospécifique, la recherche, la protection des femmes vulnérables, la promotion de l’emploi des femmes et leur préparation aux enjeux de la mondialisation.  Il a enfin annoncé que la quatrième réunion du Comité aurait lieu aux Philippines, du 22 au 24 novembre 2005, et qu’elle porterait sur l’autonomisation économique et sociale des femmes dans l’ANASE.  On envisage une réunion ministérielle au niveau de l’ANASE consacré aux femmes.


Mme DANIELA PI (Uruguay) a déclaré, au nom du MERCOSUR, que les États membres considéraient comme essentiel de prendre des mesures visant à intégrer la dimension sexospécifique dans leurs politiques publiques, pour renforcer la démocratie et l’égalité entre hommes et femmes.  Le MERCOSUR a en outre créé en son sein un forum, réunissant des femmes ministres et des autorités compétentes des différents États membres, afin de débattre des sujets relatifs à la promotion et à la protection des droits des femmes.  Parmi les politiques publiques élaborées dans cette perspective par les différents Gouvernements du MERCOSUR, la priorité est donnée à la violence domestique, a-t-elle souligné, ainsi qu’à des politiques de l’emploi axées sur les femmes, aux enjeux de la santé des femmes et à leur participation à la société civile.


Citant la féminisation du VIH, elle a par ailleurs insisté sur la nécessité cruciale de favoriser un accès universel à la santé reproductive et de mettre à disposition de tous, mais en particulier des femmes et des filles, les moyens de se protéger face aux risques sexuels.


Elle s’est réjouie que la promotion des femmes au niveau international ait permis de lancer dans les pays du MERCOSUR un débat public sur les stéréotypes, qui continuent de créer des injustices profondes et des discriminations, qui étaient jusque-là cachées, dans les familles comme dans la société.  Dans la mesure où les relations de pouvoir basées sur l’autorité patriarcale persistent, elle a estimé qu’il était essentiel que les États consacrent leurs efforts à une coexistence plus respectueuse entre les personnes, qui évite toute discrimination, quel que soit le secteur.


Mme NUJOOD YOUSIF MAHMOOD (Bahreïn) a rappelé que lors des dernières décennies, une attention accrue avait été portée, par de nombreux pays, à l’égard des droits de la femme.  Le Bahreïn fait partie de ces pays, a-t-elle expliqué, indiquant qu’il avait pris de nombreuses mesures afin que la femme puisse devenir l’égal de l’homme, dans la construction de l’État notamment.  L’égalité des sexes en matière d’accès à l’éducation et des soins de santé existe déjà au Bahreïn, a-t-elle signalé, indiquant qu’une stratégie nationale mise en place en 1999 permettait désormais aux femmes d’être élues et de se porter candidates.  Un prix a également été créé afin d’augmenter le nombre de femmes impliquées dans des postes à prise de décision.  Les statistiques démontrent clairement les progrès réalisés dans les domaines de la santé, de l’éducation, du travail et de la politique, a-t-elle signalé, indiquant notamment que le taux d’analphabétisme chez les femmes au Bahreïn, qui était de 76% en 1971, s’élevait à 17% en 2001.


M. BORIS CHERNENKO (Fédération de Russie) a salué le nouvel élan de la communauté internationale dans les domaines de la protection des droits de la femme et de la lutte contre les discriminations sexuelles.  Il a néanmoins remarqué que malgré les progrès réalisés lors des dernières années, la communauté internationale était encore confrontée à une série de problèmes persistants, comme la féminisation de la pauvreté, la discrimination sexuelle et la violence à l’égard des femmes.  Rappelant l’importance qu’attachait son pays à l’égard de l’égalité entre les hommes et les femmes, il a signalé que la Fédération de Russie souhaitait à nouveau présenter sa candidature à la Commission de la condition de la femme.  Il a également expliqué que son pays avait pris plusieurs mesures législatives afin de prévenir la violence contre les femmes, et avait récemment reçu, dans un objectif de transparence, la visite du Haut Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, Mme Arbour.


M. HJALMAR W. HANNESSON (Islande) s’est déclaré préoccupé des réserves que certains États ont émis sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et a appelé ces derniers à les surmonter, dans la mesure où ces réserves s’opposent aux objectifs de la Convention.  Il a salué la déclaration politique adoptée lors de la 49e session de la Commission de la condition de la femme, commission dont l’Islande est devenue membre.  Il a insisté sur l’importance de ces travaux et a souhaité contribuer à ces réflexions, ajoutant que le 50e anniversaire de la commission, qui sera célébré en 2006, constituera une bonne opportunité pour réfléchir aux résultats qu’elle est parvenue à atteindre jusqu’à présent.


M. Hannesson a par ailleurs souligné qu’il n’y avait pas de différence entre la nécessité de lutter contre la violence faite aux femmes et celle de promouvoir leurs droits.  Il s’est félicité des progrès qui avaient été enregistrés dans de nombreux pays dans le domaine de la violence sexuelle, dont les femmes sont victimes au quotidien, mais il a rappelé qu’une femme sur trois en souffrait encore et souligné l’importance de poursuivre les efforts visant à éliminer ce fléau.


Il a enfin indiqué que l’Islande participait depuis de longues années à la lutte contre la traite des êtres humains, dont les jeunes filles et les femmes sont particulièrement victimes, et a invité tous les pays, qu’ils soient terre d’origine, de transit ou d’accueil de ces trafics, à se consacrer également à l’éradication de cette nouvelle forme d’esclavage.


Mme FLORENCE CHENOWETH (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, FAO) a signalé que l’égalité des sexes était indissociable de la poursuite des autres Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Elle a notamment expliqué que la faim et la pauvreté nuisaient à l’établissement de la croissance nécessaire pour y parvenir.  Le travail de la FAO en matière d’égalité des sexes s’inscrit donc plus dans le cadre du premier Objectif qui vise à réduire de moitié la pauvreté et la faim d’ici à 2015, que du troisième, a-t-elle signalé, indiquant néanmoins que la FAO avait activement promu des mesures visant à renforcer l’égalité des sexes dans l’accès à la nourriture, aux ressources naturelles, au processus de décision et à l’emploi.

Mme Chenoweth a par ailleurs monté en épingle la question des lois et pratiques inégales en matière de propriété et de droits d’héritage, qu’elle a considéré comme le problème le plus important à traiter pour lutter contre l’inégalité des sexes, la pauvreté et les problèmes de sécurité alimentaires.  Dix ans après la Conférence de Beijing, elle a remarqué que la lutte pour l’égalité des sexes aurait pu être menée de manière plus efficace.  On remarque peu de changements dans les zones rurales des pays en développement, a-t-elle signalé, et certains progrès ont été annihilés par des problèmes comme la pauvreté chronique, la mauvaise gouvernance, la guerre civile et la pandémie du VIH/sida.  Cette

pandémie n’est pas seulement un problème de santé, a-t-elle poursuivi, expliquant que le VIH/sida se répandait rapidement des villes aux zones rurales, touchant ceux qui étaient les moins bien préparés à faire face à ses conséquences.  Des efforts sont encore nécessaires pour mener cette lutte à bien, mais davantage de ressources financières et humaines doivent y être consacrées, a-t-elle expliqué.


M. DJANKOU NDJONKOU, Représentant de l’Organisation mondiale du travail (OIT) a déclaré que l’égalité entre les sexes constituait l’un des axes phares du travail de l’OIT, qu’il s’agisse de promouvoir l’égalité au travail, de lutter contre la violence dont sont victimes les femmes au travail ou de combattre la traite des femmes.  L’approche suivie par l’OIT est fondée sur les droits de l’homme et le respect des normes internationales sur le travail, mais aussi sur les politiques nationales de lutte contre la violence faite aux femmes et contre la traite, la réduction de la pauvreté par l’accès à un travail décent, ainsi que sur les législations contre la discrimination et les mauvais traitements infligés aux travailleurs.


Il a en outre indiqué que le rapport de l’OIT consacré au travail forcé représentait l’analyse la plus approfondie sur les causes sous-jacentes à ce problème.  Le rapport conclut que si l’exploitation par le travail forcé, notamment dans l’agriculture, le bâtiment ou les ateliers de textile, est subie à peu près à égalité par les deux sexes, l’exploitation sexuelle forcée touche, quant à elle, davantage les femmes et les jeunes filles.  Le rapport indique en outre que le travail forcé ne peut être aboli que si les gouvernements et les organisations internationales élaborent et mettent en œuvre des politiques actives visant à son élimination.


Le représentant a également déclaré que l’élimination des discriminations à l’égard des femmes vivant dans les zones rurales passait notamment par une amélioration de l’accès des femmes aux mécanismes de crédit, tandis que l’éradication de la pauvreté exigeait de favoriser l’accès des femmes à un travail décent.  À cet égard, il a indiqué que l’OIT mettait en œuvre plusieurs programmes vivant à améliorer la condition des femmes dans les zones rurales, en promouvant leur droit au travail dans le secteur agricole, en favorisant la création d’emplois et de petites entreprises par l’accès à des formations et à des mécanismes financiers.  Des succès notables ont été enregistrés au Pakistan et au Vietnam.


Mme XENIA VON LILIEN-WALDAU, Représentante du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) à l’ONU, a déclaré que l’autonomisation économique des femmes vivant en zone rurale était d’autant plus nécessaire qu’elle favorisait l’éradication de la pauvreté dans ces communautés.  Cet enjeu prend par conséquent une place croissante dans la mission du FIDA, a-t-elle indiqué, ajoutant que le Fonds était convaincu que la pauvreté en zone rurale ne pourrait pas être éliminée si les femmes ne prenaient pas une part active à la vie économique.  Une telle participation a en effet pour conséquence d’améliorer la condition personnelle de ces femmes, mais aussi la situation sociale de leur famille et de la collectivité dans son ensemble.  En jouant leur rôle dans la vie de la communauté, elles contribuent à renforcer la sécurité alimentaire et à entraîner certaines transformations sociales, importantes pour les femmes en tant qu’individus, mais aussi en tant que membres d’une collectivité.


Mme Von Lilien-Waldau a souligné que la majorité des emprunteurs ayant recours aux microfinancements proposés par le FIDA étaient des femmes, ce qui leur permettait d’obtenir des sources de revenu.  Dans ce cadre, la constitution de groupes de femmes a contribué à générer des échanges sur les problèmes communs qu’elles rencontraient, à faire émerger des solutions et à échanger des expériences.  Non seulement ceci a engendré une transformation de la perception des rôles de chaque sexe, mais cela a, dans certains cas, fait reculer la violence familiale.


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a déclaré que le rapport que son pays venait de remettre sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, montrait que l’Indonésie avait enregistré de nombreux résultats dans ce domaine.


Ainsi, a-t-elle expliqué, la stratégie nationale de réduction de la pauvreté vise à favoriser l’autonomisation économique des femmes, en facilitant leur accès à des mécanismes de microcrédit et à l’acquisition de compétences technologiques et en mettant sur pied des filets de sécurité sociale pour les femmes.  Une approche participative a été retenue, permettant aux femmes de contribuer à lutter contre les inégalités dont elles sont victimes.  La promulgation, en 2004, d’une loi enjoignant les collectivités locales à intégrer la dimension sexospécifique dans leurs actions en matière de développement, vise au même but, a-t-elle indiqué.


Mme Asmady a en outre indiqué que l’Indonésie avait renforcé son arsenal juridique de protection contre la violence faite aux femmes par l’adoption de mesures administratives, la conclusion d’accords bilatéraux et régionaux, ainsi que par l’élaboration d’un Plan national contre la traite des femmes et des enfants et d’une loi sur les violences familiales.


Mme MIKIKO OTANI (Japon) a estimé que les catastrophes naturelles et les processus de reconstruction qui les accompagnaient constituaient deux fronts nouveaux où le rôle des femmes pourrait être accru.  Elle a également souligné l’importance du rôle que pouvaient jouer les femmes dans la prévention et la résolution des conflits, ainsi que lors du processus de reconstruction, signalant que leur contribution avait été reconnue dans le Document final du Sommet mondial de l’Assemblée générale.  Elle a néanmoins regretté que les femmes restent bien souvent en marge des processus formels de paix et de reconstruction.


Mme Otani a souhaité réitérer l’importance qu’accordait son pays à l’autonomisation des femmes, citant notamment la contribution du Japon à l’égard du projet du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme au sein de l’Afghanistan d’après-guerre, qui permet d’autonomiser les réfugiées et les déplacées internes.  Elle a également expliqué qu’au niveau national, le Japon avait pris des mesures concrètes en respect avec le Programme d’action de Beijing et la CEDAW afin de promouvoir l’égalité des sexes.  Afin d’accroître le rôle des femmes dans la prise de décisions, le gouvernement japonais a notamment défini des objectifs visant à obtenir au moins 30% de femmes au sein des secteurs à responsabilité d’ici à 2020.  Elle a également souligné l’importance de la collaboration des hommes à cet égard, expliquant notamment que le Japon encourageait la participation des hommes à l’éducation des enfants.


M. KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Tha ï lande) a regretté que, dix ans après la conférence de Pékin, la situation des femmes dans le monde soit toujours critique, et ce, en dépit de nombreuses avancées.  Après avoir parlé de féminisation de la pauvreté, il nous faut faire face à une féminisation du VIH/sida, a-t-il souligné.  En outre, du fait de la persistance de discriminations, le niveau de représentation des femmes dans les activités politiques demeure loin des objectifs fixés, a regretté M. Laohaphan.  Le représentant a ensuite affirmé que, compte tenu de la dimension multidimensionnelle des défis qui se présentaient, l’avancement des femmes devait être pensé dans une approche holistique.  Après avoir salué le fait que la perspective de genre soit promue au sein des Nations Unies, il a fait savoir que son pays avait récemment proposé une loi sur l’élimination de la violence domestique et crée des centres communautaires, une permanence d’écoute téléphonique ainsi que des foyers d’accueil pour prévenir et assister les victimes de ces abus.  D’ailleurs, sa délégation a souligné son intérêt particulier pour la recherche des causes et des conséquences de la violence contre les femmes afin que soient évaluées les pertes économiques et sociales de ce fléau.  En ce qui concerne le trafic d’êtres humains, le Gouvernement thaïlandais qui travaille en étroite collaboration avec les Nations Unies et les États de la région du Mékong, se félicite d’avoir pu récemment allouer 12,5 millions de dollars pour la réhabilitation des victimes.  Enfin, M. Laohaphan a précisé que s’il n’y avait que 10% de femmes à des postes de responsabilité dans le gouvernement thaïlandais, des mesures avaient été prises pour augmenter leur participation à tous les niveaux.


M. JANG HYUN-CHEOL (République de Corée) a affirmé que la communauté internationale devait faire de son mieux pour promouvoir l’autonomisation et la promotion des femmes et éliminer toutes les formes de discrimination et de violence dirigées contre elles.  Le représentant a indiqué que son pays avait fait des efforts pour combattre la violence contre les femmes.  La législation sur la violence domestique et la violence sexuelle est désormais en place, appuyée par un plan d’action complet et une plus grande sensibilisation du public à la gravité et à l’illégalité de la violence contre les femmes, a-t-il déclaré.  Le représentant a cité, parmi les progrès récents, la protection renforcée pour les enfants victimes de violence sexuelle.  La législation 2004 sur la traite des femmes a montré la détermination du Gouvernement coréen à lutter contre la violence liée à la prostitution et à protéger les femmes contre le trafic illégal et le travail forcé dans l’industrie du sexe, a-t-il poursuivi.  Le représentant a en outre souligné que son pays avait pris une mesure historique vers l’égalité entre les sexes en révisant son code civil marqué jusque-là par la domination masculine de la famille.


Mme FARAH ADJALOVA (Azerbaïdjan) a déclaré que l’égalité des sexes et le renforcement du pouvoir des femmes avaient été intégrés de façon constante dans les politiques de développement mises en place par son pays et que de nouvelles mesures étaient en cours d’identification dans les domaines tels que l’accès au marché du travail, l’éducation, la santé, la protection sociale et la réforme des pensions de retraites.

Elle a ensuite affirmé que l’une des politiques envisagées par les programmes de développement national était la mise au point de données appropriées qui prennent en compte la dimension sexospécifique dans l’exploration du problème de la pauvreté.  La représentante a annoncé qu’un projet de document avait été signé en févier 2005 par le gouvernement de son pays, l’Ambassade de Norvège et le Programme des Nations Unies pour le développement, dans le but de répondre aux besoins spécifiques des femmes azéries.


Saluant par ailleurs la partie du rapport du secrétaire général portant sur la nécessité d’améliorer la situation des femmes en zones rurales, elle a aussi exprimé le soutien de son pays à l’étude de fond que préparait le Secrétaire général concernant la violence sur les femmes.  La représentante a également mis l’accent sur la question du trafic d’être humains, en particulier de femmes et d’enfants, en rappelant que l’Azerbaïdjan avait adopté en août 2005 une loi nationale faisant suite au Plan d’action nationale de lutte contre ce trafic, lancé en 2004.  Elle a en outre indiqué que son pays devait faire face à la présence d’un million de réfugiés causée par le conflit avec le pays voisin, l’Arménie, et que des efforts devaient être fournis à tous les niveaux pour s’assurer que les besoins des femmes touchées par les conflits armés soient pris en compte dans les programmes humanitaires des agences spécialisées de l’ONU.  La représentante a enfin réitéré le soutien de son pays au Fonds des Nations Unies pour le développement des femmes.


M. PAUL BADGI (Sénégal) a remarqué que les femmes dans leur grande majorité continuaient de subir de façon disproportionnée les conséquences néfastes de la pauvreté et de l’analphabétisme.  Citant les violations dont elles restaient victimes, en matière de sexualité et de reproduction notamment, il a expliqué qu’elles étaient également les premières victimes de la pandémie du VIH/sida.  Parmi les nombreux problèmes graves auxquelles les femmes sont confrontées, il a estimé que c’était celui de la mortalité maternelle qui lui semblait le plus choquant.  L’accès aux soins de santé primaire doit être une priorité pour la plupart de nos pays, a-t-il affirmé.


M. Badgi a par ailleurs estimé que les questions de la promotion de la femme, de la croissance économique et du développement devaient être prises en compte dans toute stratégie de développement économique et social.  En élaborant une Stratégie nationale pour l’égalité de genre (SNEEG), le Sénégal a décidé d’intégrer les questions de genre dans les priorités de développement du pays, a-t-il expliqué.  Cette stratégie est articulée autour des domaines de la culture, des secteurs socioéconomiques et des mécanismes juridiques, politiques et institutionnels, a-t-il indiqué.  M. Badgi a enfin exhorté la communauté internationale à agir vigoureusement pour que la femme occupe sa véritable place, celle d’un agent actif de nos États et de la société.


Mme RACHEL KUMELA (Éthiopie) a déclaré que, malgré les progrès enregistrés dans la mise en œuvre des objectifs fixés par le Plan d’action de Beijing, ceux-ci étaient inégaux.  En particulier, les femmes de l’Afrique sub-saharienne continuent de vivre dans une pauvreté extrême, de souffrir de discriminations, de subir un taux de mortalité maternelle extrêmement élevé et d’avoir un accès réduit à l’éducation.  Si certaines lois discriminantes ont été abrogées et si de nouvelles lois garantissant l’égalité des droits ont été promulguées, il n’en demeure pas moins que leur mise en œuvre est lente et l’impact sur la vie quotidienne des femmes encore faible, a-t-elle souligné.  De même, malgré la mise en place d’institutions chargées de promouvoir l’égalité entre les sexes, le manque de ressources financières et humaines qui leur sont allouées empêche leur pleine efficacité.  La communauté internationale se doit de redoubler d’efforts en faveur des femmes qui vivent dans les pays d’Afrique subsaharienne, a-t-elle conclu.


Elle a en outre indiqué que les élections législatives, qui ont eu lieu en mai 2005, permettaient à l’Éthiopie de bénéficier de 116 femmes au Parlement et d’une femme au Sénat, la part des femmes parlementaires passant ainsi de 7,7% à 21%.  Le Gouvernement compte en outre 11% de femmes, dont deux ont été nommées à des postes traditionnellement tenus par des hommes: le Ministère de la justice et celui des mines et de l’énergie.  Mme Kumela a cependant regretté que les violences faites aux femmes constituent toujours un obstacle majeur à la mise en œuvre de l’égalité entre hommes et femmes, déplorant que les pratiques ancestrales de l’excision et des mariages précoces caractérisent encore le mode de vie de plusieurs communautés d’Ethiopie.  Si le Code pénal, révisé en 2005, sanctionne plus durement l’excision, le viol, le trafic d’êtres humains et l’exploitation commerciale des femmes, les coutumes sont difficiles à effacer, a-t-elle expliqué.  Elle s’est cependant réjouie que le taux de scolarisation se soit amélioré et atteigne désormais, dans le primaire, 60% des filles.


Mme GURO VIKOR (Norvège) a estimé qu’il était temps que les Nations Unies passent à leur tour à l’action en matière d’égalité des sexes.  Elle a donc exhorté les Nations Unies à intégrer un perspective de sexospécificité dans l’ensemble de ses stratégies, de ses programmes et de ses activités, créés afin d’aboutir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM).  Elle a également indiqué que les efforts visant à aboutir à l’égalité des sexes, à lutter contre le VIH/sida et à garantir la santé génésique devaient être placés au premier plan du programme de développement, invitant l’ONU à mettre en place des objectifs et des indicateurs tangibles afin d’améliorer le suivi des progrès réalisés dans ces secteurs.


La représentante a également estimé qu’il était désormais établi que la poursuite des ODM ne pouvait être effectuée qu’au moyen de l’autonomisation de la femme, tant en période de conflit qu’en temps de paix.  Soulignant l’importance du rôle des femmes dans l’obtention d’une paix durable, elle a demandé l’ONU d’inclure les femmes dans l’ensemble des étapes du processus de paix.


Mme ROMY TINCOPA (Pérou) a déclaré que depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing en 1995, son pays avait accompli de nombreux progrès en matière de droits politiques, civils, sociaux et économiques des femmes, notamment par la reconnaissance de leurs droits sexuels et reproductifs.  L’action du Gouvernement a permis de réduire les inégalités dans plusieurs domaines.


En matière d’éducation, une loi vise à éliminer toute discrimination à l’égard des filles basée sur la langue ou la race et encourage la scolarisation des adolescentes.  Dans le domaine de la santé, un Plan national de réduction de la mortalité maternelle et infantile a été élaboré.  Considérant par ailleurs la vulnérabilité particulière des femmes et des filles au VIH/sida, le Gouvernement a réduit le prix des traitements en vue d’améliorer la qualité de vie des malades. 


Du point de vue de la violence faite aux femmes, le Gouvernement a engagé une campagne de tolérance zéro à l’égard de toutes les formes de violence dans le Plan national qu’il a élaboré pour la période 2002-2007 et qui met l’accent sur les violences familiales et sexuelles.  En matière d’emploi, il a engagé des programmes spécifiques visant à promouvoir un égal accès des femmes aux ressources, à l’emploi, à la propriété, au marché et au crédit, tandis que dans le cadre du Fonds de coopération pour le développement social, chargé de lutter contre la pauvreté, un quota a été fixé pour la participation des femmes à la mise en œuvre des programmes communaux de développement.  Enfin, sur le plan de la participation politique, une loi oblige les partis à présenter 30% de femmes sur leurs listes de candidats.


Malgré ces progrès, Mme Tincopa a reconnu que beaucoup restait à faire, en particulier dans les régions rurales des Andes et de l’Amazonie, où les femmes ne jouissent pas de tous leurs droits.


Mme TIINA INTELMANN (Estonie) a estimé que l’un des résultats les plus importants de la Conférence de Beijing résidait dans la large publicité faite, dans la plupart des pays, sur la question de l’inégalité des femmes.  En Estonie, l’adoption, en 2004, de la loi sur l’égalité des sexes a constitué une étape importante, a-t-elle considéré, précisant que cette interdisait toutes les discriminations, qu’elles soient directes ou indirectes, et proposait des moyens de lutter contre celles-ci.  La loi oblige, en particulier, les entreprises à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes dans leur personnel.  L’objectif d’égalité entre les sexes a également été renforcé, selon Mme Intelmann, par l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2004, d’un système d’allocation parentale, qui compense la perte de revenus liée à l’éducation de l’enfant pendant la première année de sa vie et qui peut être sollicitée par le père, comme par la mère, au bout de six mois.


La représentante de l’Estonie a par ailleurs rappelé que la violence à l’égard des femmes constituait un obstacle majeur à l’atteinte d’une véritable égalité entre les sexes, les femmes en subissant les conséquences à la fois morales et physiques.  Elle a estimé qu’il était particulièrement urgent pour la communauté internationale d’intensifier sa lutte contre le trafic des femmes et des filles.  C’est ce à quoi s’emploie notamment le Groupe de travail des pays nordiques et de la mer baltique, soutenu en cela par le Gouvernement estonien.  À cet égard, Mme Intelmann a annoncé l’organisation d’une réunion de haut niveau à Bruxelles, les 19 et 20 octobre 2005, en collaboration avec l’Union européenne et le Royaume-Uni.  Elle a également indiqué que l’Estonie avait accueilli la troisième Conférence des femmes de la Mer baltique, qui portait sur « les femmes et la démocratie » et a donné lieu à des conférences, des sessions de formation et des campagnes de sensibilisation dans les pays de la région.  Mme Intelmann s’est déclarée convaincue que si les États Membres joignaient leurs efforts, l’objectif d’une véritable égalité entre les hommes et les femmes pourrait un jour être atteint.


M. SIN SONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a évoqué le cas de Mme Pak Yong Sim, une « fille à soldats » de l’armée japonaise, qui souffre encore de traumatismes mentaux et physiques à cause de ce système de « fille à soldats ».  Près de 200 000 femmes ont été victimes de ce traitement par l’armée japonaise, a-t-il expliqué, ce qui constitue un fait sans précédent: un gouvernement organisant l’enlèvement forcé de femmes d’autres pays pour les emmener sur les champs de bataille et les livrer à l’esclavage sexuel.  Signalant que le Rapporteur spécial sur la violence à l’égard des femmes avait qualifié en 1996 cette pratique de l’armée japonaise d’« esclavage sexuel militaire », M. Sin a néanmoins remarqué que malgré cette réalité, les autorités japonaises avaient nié jusqu’à l’existence de ces femmes.


Condamnant l’attitude du Japon à cet égard, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a signalé que son pays ne pouvait tolérer l’ambition japonaise d’occuper un siège de membre permanent du Conseil de sécurité.  Le Japon devrait d’abord se défaire de ses crimes passés avant de pouvoir clamer la paix et la sécurité, a-t-il conclu, rappelant que son pays n’épargnerait aucun effort afin d’éradiquer toute forme de discrimination ou de violence à l’égard des femmes dans le monde.


M. JUAN A. BUFFA (Paraguay) a déclaré que pour parvenir à une égalité entre les sexes, il fallait une coopération accrue entre tous les acteurs et secteurs concernés.  Il convenait aussi d’améliorer le taux de scolarisation des filles, d’assurer l’accès de toutes les femmes à la santé, notamment reproductive et sexuelle, de leur permettre de jouir du droit à percevoir un héritage, d’éliminer toute discrimination au travail, de lutter contre toutes les formes de violence et de renforcer la représentation politique des femmes.


Il a indiqué qu’un mécanisme national consacré à la question des femmes avait été mis sur pied par le Gouvernement, conformément aux dispositions de la CEDAW.  Un bureau de coordination pour l’application de la Convention a en outre été créé, qui veille à la consultation de la société civile.  Celui-ci a analysé les recommandations du Comité de la CEDAW et a élaboré les stratégies permettant d’y répondre.


Le Gouvernement considère que la pleine participation des femmes à la société passe tout d’abord par un accès égal à l’éducation et à la santé, a-t-elle indiqué.  Ainsi, le programme national pour l’égalité des chances inclut la dimension sexospécifique à tous les niveaux du système éducatif.  Un Plan pour la santé sexuelle et reproductive a en outre été élaboré et a notamment donné lieu à une campagne intitulée « Un accouchement sans risque », qui vise à réduire la moralité maternelle et infantile.


Il a par ailleurs rappelé que l’ampleur de la violence faite aux femmes était telle qu’il n’existait pas de solution spécifique, mais qu’une multiplicité de mesures devaient être prises dans tous les secteurs.  Sur ce sujet, il a indiqué que l’évaluation de la loi contre la violence familiale, menée avec l’appui de l’UNICEF, avait montré qu’il était utile de mettre en place un système de recensement des victimes de la violence.  Les juges de paix du Paraguay, au niveau décentralisé, ont ainsi été chargés de recueillir les dénonciations des violences familiales et de prendre toutes les mesures nécessaires pour en protéger les victimes.


M. Buffa a enfin réitéré le soutien de son pays à la revitalisation de l’Institutinternational de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW).


Mme DIVINA ADJOA SEANEDZU (Ghana) a déclaré que les questions sexospécifiques avaient pris une part croissante dans le débat public au Ghana, notamment du point de vue de la participation des femmes dans le développement du pays.  La création d’un Ministère de la femme et de l’enfant reflète, selon elle, la volonté politique sincère de son Gouvernement de porter la plus grande attention aux problèmes d’inégalité entre les sexes, afin de créer un environnement propice à la promotion des femmes.  Elle a fait part de sa satisfaction de voir la perception du rôle des femmes dans la société évoluer progressivement et de constater que les femmes prenaient part aujourd’hui à tous les secteurs, tant publics que privés, et que les petites filles étaient de plus en plus scolarisées. 


Dans la Constitution, adoptée en 1992, un certain nombre d’articles portent sur les droits des femmes, a-t-elle également indiqué, tandis que plusieurs lois actuellement en préparation visent à remettre en cause des dispositions contraires à la promotion des femmes.  Une loi sur la violence est, par exemple, à l’étude. 


Elle s’accompagne de la création d’une unité dédiée aux femmes et aux enfants au sein de la police afin de briser le silence sur ce sujet, ainsi que de l’élaboration de formations destinées à sensibiliser les fonctionnaires de la police, de la justice et du système pénitentiaire aux questions de la violence familiale.  En outre, a-t-elle ajouté, le Code pénal prévoit désormais la condamnation de la pratique ancestrale de l’excision des petites filles.


Sur le plan de l’emploi, le Gouvernement du Ghana tend à renforcer la sécurité économique des femmes en leur donnant accès à des mécanismes de microcrédit.  Le Fonds de développement des femmes a ainsi pu distribuer près de 20 millions de dollars à environ 200 000 Ghanéennes, a-t-elle indiqué.


M. PHAM HAI AHN (Viet Nam) s’est associé aux déclarations de la Jamaïque, au nom du Groupe des 77 et de la Chine et de la Malaisie, au nom de l’ANASE.  Il a estimé que les femmes ne devaient pas être considérées uniquement comme un groupe nécessitant une attention spéciale à cause de la marginalisation et des discriminations dont elles sont victimes.  De nombreux efforts ont été entrepris afin de remédier à ces problèmes, a-t-il signalé, remarquant néanmoins que les capacités et l’importance du rôle des femmes dans les efforts de paix et de développement devaient aussi être reconnues.


Le représentant a par ailleurs indiqué que dans son pays, les femmes représentaient 50,8% de la population et 48,2% de la force de travail, expliquant que leur contribution au développement socioéconomique du pays était pleinement reconnue.  Les dispositions de la CEDAW et du Programme d’action de Beijing se renforcent mutuellement, a-t-il remarqué, et sont, dès lors, mises en œuvre conjointement au Viet Nam.  Parmi les politiques et les programmes créés en ce sens, M. Pham a notamment évoqué la Stratégie nationale pour l’avancement des femmes d’ici à l’année 2010, qui définit 22 objectifs concrets dans les cinq domaines majeurs que sont l’accès des femmes au travail, l’égalité des sexes dans l’éducation, l’accès des femmes aux soins de santé, la participation des femmes à la prise de décision et la formation des femmes pour faciliter leur avancement.


M. ABDELFATTAH ELKADIRI (Maroc), a tout d’abord rappelé que son pays avait adopté un processus de réformes profondes dans de multiples secteurs de la vie publique et institutionnelle, visant au renforcement de l’autonomie de la femme, à l’amélioration de sa situation et à la lutte contre la discrimination à son égard.  Il a indiqué qu’un Secrétariat d’État chargé de la famille, de l’enfance et des personnes handicapées avait été créé, qu’il y avait une participation accrue des femmes à la gestion des affaires publiques et au processus décisionnel à tous les niveaux, associée à une présence de plus en plus affirmée dans les institutions législative, exécutive et judiciaire du pays, un fait étayé par l’élection de 35 femmes au Parlement lors des élections de septembre 2002 et la nomination de deux femmes ministres.


Il a évoqué l’adoption, à l’unanimité, par le Parlement marocain en janvier 2004 du nouveau Code de la famille, qui visait à consolider la cohésion de la famille, à garantir l’égalité entre l’homme et la femme et à préserver les intérêts de l’enfant, ainsi que l’établissement de Tribunaux de famille au sein de l’appareil judiciaire et une formation des cadres juridiques en matière de compétences.  Il a aussi indiqué que l’ajout de la décision royale en juillet 2005 de «conférer à l’enfant le droit d’obtenir la nationalité marocaine de sa mère» avait renforcé le statut de celle-ci.  Eu égard à la violence sexiste, il a précisé que des projets de réformes soumis au Parlement prévoyaient l’adoption d’un nouveau Code de travail visant à garantir l’intégrité physique et morale des femmes, et que des dispositions relevant du Code pénal érigeaient en infractions la violence domestique, le harcèlement sexuel et les formes multiples de violence sexiste.  Il a également mis l’accent sur l’organisation par son Gouvernement de plusieurs séminaires de sensibilisation en concertation avec la société civile.  Enfin, il a rappelé que la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes avait permis l’enclenchement d’un processus législatif positif et l’intégration d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans toutes les politiques de développement de son pays.


M. VADIVEL KRISHNAMOORTHY (Sri Lanka) a déclaré que son pays considérait l’accès égal des femmes au processus de décision et à l’emploi comme une priorité pour éradiquer la pauvreté.  Il a indiqué que les politiques sociales et de développement mises en œuvre par le Sri Lanka, depuis son accès à l’indépendance, lui avaient permis d’assurer un niveau de développement humain élevé, un taux de scolarisation fort et un taux de mortalité maternelle et infantile satisfaisant.  Il a par ailleurs fait état des initiatives prises par les communautés rurales en faveur de l’autonomisation économique des femmes vivant dans les zones rurales.


M. Krishnamoorthy a enfin considéré que le fait, pour les hommes et les femmes, de prendre conscience de leur contribution respective au sein de la famille et de favoriser une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle était essentiel pour améliorer la qualité de vie de l’ensemble de la société, en tirant parti des compétences de chacun.


Droits de réponse


Le représentant du Japon, répondant à la déclaration du représentant de la République populaire démocratique de Corée, a expliqué que le Premier Ministre, M. Koizumi, avait répété la position du Japon à l’égard de cette question le 15 août dernier.  Il a par ailleurs signalé que lors des Pourparlers à Six du 15 septembre dernier, les deux parties s’étaient engagées à régler leurs différends.  Il a enfin invité la République populaire démocratique de Corée à respecter les engagements de la Déclaration de Pyongyang, et a affirmé que le représentant avait évoqué dans son discours des chiffres non fondés pour donner davantage de poids à ses arguments.  Il a finalement indiqué que l’obtention par un pays d’un siège au Conseil de sécurité devait se faire sur la base de ses capacités à préserver la paix et la sécurité internationales.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a regretté de ne pas avoir entendu le Japon dire qu’il était prêt à remédier aux actes qu’il avait commis par le passé.  Concernant les questions en suspens au sujet de l’accord de Pyongyang, il a rappelé que son pays avait indiqué au Japon, l’année dernière, que la République populaire démocratique de Corée s’engageait à respecter ses obligations découlant de cette Déclaration, et qu’il ne jugeait pas nécessaire d’en répéter la teneur.


Le représentant du Japon a cité la déclaration de son Premier Ministre du 15 août dernier, disant que le Japon avait causé des souffrances immenses à d’autres nations, notamment en Asie, et exprimant son regret et ses excuses à leur égard.  Il faut par ailleurs que la République populaire démocratique de Corée s’engage à respecter la déclaration de Pyongyang, a-t-il affirmé, indiquant que les informations qu’elle donnait n’étaient pas suffisantes.  Il a enfin tenu à attirer l’attention sur le rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a expliqué que son pays ne voulait pas des remords mais des actes.  Il a expliqué que son pays avait entendu à de nombreuses reprises des excuses du Japon, mais que la République populaire démocratique de Corée voulait des excuses sincères et des mesures pratiques pour corriger le passé.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.