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AG/PKO/184

LE COMITÉ DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EXAMINE LES PROPOSITIONS SUR LES RÉSERVES STRATÉGIQUES ET LES CAPACITÉS PERMANENTES DE POLICE CIVILE

01/02/2005
Communiqué de presse
AG/PKO/184


Comité spécial des opérations                              

de maintien de la paix                                     

182e & 183e séances – matin & après-midi


LE COMITÉ DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EXAMINE LES PROPOSITIONS SUR LES RÉSERVES STRATÉGIQUES ET LES CAPACITÉS PERMANENTES DE POLICE CIVILE


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a poursuivi aujourd’hui son débat général consacré à l’examen des propositions du Secrétaire général visant à combler les lacunes existantes dans les capacités de maintien de la paix de l’ONU.  Comme l’explique Kofi Annan dans son rapport*, la demande d’opérations de la paix et d’opérations connexes augmente en atteignant une ampleur et un degré de complexité sans précédent.


Avec le déploiement en 2004 de quatre opérations complexes au Burundi, en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et en Haïti et les perspectives d’une nouvelle mission au Soudan en 2005, les délégations ont convenu de la nécessité d’améliorer les capacités de planification et de déploiement de missions multidimensionnelles de l’Organisation.  Elles ont, dans ce contexte, accordé, dans une grande majorité, leur soutien à la proposition de créer une force de réserve stratégique pouvant être déployée rapidement.  Selon les plans actuels, est-il indiqué dans le rapport du Secrétaire général, cette réserve serait divisée en un certain nombre d’équipes spéciales d’environ 1 250 militaires.  Chaque équipe serait placée sous le commandement national d’un pays fournisseur de troupes et comprendrait des unités multiarmes, capables de mener des opérations soutenues.


De même, la mise en place d’une force de police civile en attente est également apparue pour certaines délégations comme une proposition de réforme indispensable à la réalisation de mandats qui vont au-delà du maintien de la paix traditionnel.  À l’heure actuelle, les effectifs de police civile sont passés d’un total de 4 476 en décembre 2003 à 6 772 répartis dans 12 missions en décembre 2004.  Les tâches prévues dans les mandats exigent un personnel qui soit en mesure de mettre en place des structures policières durables et d’établir un lien entre les activités de police et les stratégies plus large touchant à l’instauration de l’état de droit.


La perspective d’une mission au Soudan, qui bénéficiera d’une coopération renforcée avec l’Union africaine, a par ailleurs relancé le débat sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales comme le prévoit le Chapitre VIII de la Charte de l’Organisation.  Certaines délégations ont rappelé que la coopération régionale ne devait pas se substituer au rôle central des Nations Unies dans ce domaine.


La prochaine réunion du Comité sera annoncée dans le Journal.


Ce rapport, intitulé « Application des recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, est publié sous la cote A/59/608


Débat général


M. BISHNU RUDRA SHARMA (Népal) a fait sienne la déclaration faite par le représentant du Maroc hier au nom du Mouvement des pays non alignés.  En ce qui concerne l’efficacité de l’organisation du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), il a suggéré que celui-ci examine entre autres la question de l’équilibre régional et celle de nouveaux pays fournisseurs de contingents.  Il a aussi insisté sur une bonne coordination entre les différents Départements.  Il est impératif que le Conseil de sécurité et le Secrétariat tiennent plus régulièrement des consultations avec les pays fournisseurs de contingents, a-t-il ajouté.  Selon le représentant, le temps est venu d’aller au-delà de la recommandation du rapport Brahimi, considérant que la création d’une réserve stratégique serait opportune.  Il a aussi souligné l’importance de la formation en matière de maintien de la paix, avec notamment l’étude d’un code de conduite.  Pour lui, la politique de tolérance zéro doit être suivie pour les mauvais comportements du personnel des missions.  Enfin, il a estimé que les pays fournisseurs de contingents doivent avoir l’honneur de gérer les opérations de maintien de la paix.  Par ailleurs, il a noté que les pays comme le Népal ont besoin de temps pour respecter le calendrier de déploiement.  Il a aussi demandé que les pays développés fournissent un matériel spécialisé pour l’accomplissement des tâches fixées.  Le Népal s’est toujours engagé à servir le maintien de la paix de l’ONU et continuera à le faire, en particulier s’il dispose des ressources nécessaires.


M. ANDREA BAUM (Suisse) a estimé que les propositions du Secrétaire général exigent un effort supplémentaire de la part des États, qu’il s’agisse de ressources financières ou humaines, ou encore de matériel.  Ainsi, toute décision prise en la matière devra associer tous les États.  Le représentant a fait part de son soutien à la proposition visant à créer une capacité permanente dans le domaine de la police civile.  La Suisse est également favorable, en principe, à la mise en place d’une réserve stratégique pour le maintien de la paix de l’ONU selon les quatre options proposées dans le rapport.  Le représentant a insisté sur la nécessité de poursuivre le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Département des opérations de maintien de la paix, en favorisant la tenue de sessions de consultations et de débat plus interactif.  Le représentant a également accordé son soutien à la proposition visant à établir une commission de la consolidation de la paix, relevant la continuité du processus entre le maintien de la paix, la consolidation de la paix et les activités de développement. 


Le représentant a également dit soutenir les efforts en cours pour renforcer au sein des missions l’intégration de leurs différentes composantes.  Le financement des processus de démobilisation, de désarmement et de réinsertion mérite également une attention soutenue tout comme les activités de déminage.  M. Baum a aussi fait part du soutien de la Suisse à l’amélioration de la collaboration avec les organisations régionales et au renforcement des capacités de maintien de la paix de l’Union africaine.  Abordant la question des allégations d’abus sexuels qu’auraient commis des membres de la MONUC, il a encouragé le Comité spécial à demander un rapport complet sur cette question comme le recommande le Secrétaire général.


M. NIRUPAM SEN (Inde) s’est associé à la déclaration faite hier par le représentant du Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés.  Il a abordé la question des ressources des opérations de maintien de la paix en notant que les pays qui possèdent les capacités de s’y engager ont réduit de manière substantielle leur contribution en matière de troupes et de matériel depuis une décennie.  Il a exhorté les pays développés à partager avec les pays en développement la charge du maintien de la paix.  Concernant la question du déploiement rapide, il a fait remarquer que les gouvernements démocratiques ne peuvent pas prendre de décision arbitraire sur leur participation et doivent respecter les procédures de décision.  Sur la terminologie, le délégué a considéré que certaines opérations devraient être qualifiés d’opérations « de la paix », plutôt que « de maintien de la paix ».


En ce qui concerne l’intégration des opérations de maintien de la paix avec les organisations régionales, M. Sen a estimé que cela n’enlève pas aux Nations Unies leur responsabilité principale, car celles-ci sont les seules à avoir une vaste gamme de capacités.  Chaque opération est sui generis, selon lui, et il n’est pas favorable à ce qu’on partage les avoirs et le personnel d’une mission avec une autre mission de la même région.  Sur le problème de la conduite et de la discipline, il s’est gravement préoccupé par les allégations des abus sexuels commis par certains membres du personnel de la MONUC.  Il a souhaité qu’on prenne des mesures concrètes pour régler ce problème.  L’Inde a coopéré activement avec le Conseil de sécurité dans le domaine des opérations de maintien de la paix, a-t-il indiqué.  Avec le Secrétariat, les relations sont loin d’être optimales, a-t-il ajouté.  Sa délégation estime que les pays fournisseurs de contingents sont les mieux placés pour donner leur avis sur ces opérations.


M. GRAHAM MAITLAND (Afrique du Sud) a jugé essentiel que les discussions de la présente session conduisent à des décisions concrètes devant permettre à l’Organisation de faire face aux demandes croissantes dans le domaine du maintien de la paix.  Les opérations de maintien de la paix, a-t-il poursuivi, doivent être non seulement en mesure de réaliser leur mandat, mais doivent aussi avoir la capacité de le défendre en temps de crise.  Ceci, a-t-il ajouté, devrait inclure la capacité à répondre aux menaces posées par ceux qui, au cours des dernières années, ont manifesté leur faculté croissante et leur volonté de faire obstacle à la réalisation d’une paix durable dans des pays émergeant de la guerre.  Selon lui, la constitution d’une force de réserve stratégique représenterait un mécanisme potentiellement précieux pour corriger cette faiblesse.  Le représentant s’est en outre déclaré favorable à un renforcement des relations entre les Nations Unies et les organisations régionales et à une plus grande contribution de la part des organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité.  Par ailleurs, il partage les graves préoccupations du Secrétaire général concernant les informations récentes faisant état d’exploitation sexuelle et d’abus de la part de Casques bleus dans des situations de conflit.  De tels cas sapent gravement l’image et la crédibilité des Nations Unies, a-t-il dit, ajoutant qu’ils ne devaient pas être tolérés.


M. MOHAMMAD PERANG HAJI MUSA (Malaisie) a déclaré que son pays, qui estime que les opérations de maintien de la paix de l’ONU sont indispensables à la paix et à la sécurité entre certains États et à l’intérieur d’un certain nombre d’entre eux, a participé à 17 opérations de ce type depuis 1960.  Au vu de la demande croissante en ce qui concerne le déploiement de forces de police civile expérimentées, la Police royale malaisienne a déployé, au mois d’août 2003, une unité de 125 policiers dont le mandat est de servir de force de soutien à la Police nationale du Timor-Leste, a-t-il indiqué.  En ce moment, la Police royale de Malaisie a aussi 29 officiers servant dans quatre missions onusiennes déployées au Kosovo, en Sierra Leone, au Timor-Leste et au Soudan. 


La Malaisie soutient l’engagement et la contribution des organisations régionales dans les missions de la paix de l’ONU quand cela est possible dans le respect du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, a dit M. Musa. Cependant, a-t-il estimé, ce type de démarche ne devrait pas réduire la responsabilité et le rôle de l’Organisation elle-même.  La Malaisie pense que l’ONU et ses États Membres les plus puissants doivent fournir à ces opérations tout le soutien nécessaire, notamment en ce qui concerne les aspects logistiques et financiers, afin de donner aux initiatives régionales de meilleures capacités opérationnelles.  Il est aussi nécessaire de s’assurer que les missions lancées avec un soutien régional respectent les principes de base du maintien de la paix et les termes de la Charte.  En vue de s’assurer que les opérations de maintien de la paix sont bien menées, il faut que le Département dont elles dépendent soit renforcé et dispose de suffisamment de personnels et d’officiers militaires représentant toutes les composantes de l’Organisation, a dit le représentant.  Concernant les programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), que son pays soutient, M. Musa a estimé qu’il fallait qu’il y ait plus de consultation et de coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) et les autres départements du Secrétariat, afin de donner plus de chances de réussite au DDR.  Quant à la sécurité du personnel de l’ONU, il a déclaré qu’elle était prioritaire, et que sa délégation se réjouissait du haut niveau de coopération qui existe entre le DPKO et le nouveau Département de la sûreté et de la sécurité du personnel.  Néanmoins, a-t-il recommandé, l’ONU doit veiller au développement de cette coopération, afin de prévenir toute menace contre le Siège et contre le personnel sur le terrain.  La Cellule conjointe d’analyse des missions doit à cet égard avoir les moyens de renforcer la collecte des informations dont a besoin le DPKO, a dit M. Musa.


M. HARON HASSAN (Jordanie) a fait part de sa préoccupation quant au partage inéquitable du fardeau qui incombe aux États fournisseurs de troupes étant donné que le personnel militaire est issu d’un nombre limité d’États Membres.  Nous convenons avec le Secrétaire général qu’il faut faire plus pour encourager les capacités de maintien de la paix de tous les États, petits ou grands.  Nous sommes également intrigués par les propositions du Secrétaire général au sujet d’une force de réserve stratégique et nous sommes prêts à engager la discussion notamment sur les paragraphes 15 et 18 du rapport du Secrétaire général.  L’idée de mettre en place une capacité de police civile permanente mérite aussi notre attention.  Nous donnons notre accord de principe à cette proposition.  Le représentant a fait part de sa préoccupation quant au fait que certains États aient formulé des propositions tendant à fournir gratuitement du personnel civil aux opérations de maintien de la paix dans des disciplines spécialisées telles que le soutien médical.  Que signifie « gratuitement »? s’est demandé le représentant.  Le personnel civil sera-t-il prêté à titre gratuit?  Celui-ci a par ailleurs souhaité obtenir des clarifications au sujet des capacités du système des Nations Unies d’assurer la primauté du droit.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, la sécurité du personnel doit constituer une de nos priorités.  Les observateurs militaires devraient par exemple disposer d’une capacité de reconnaissance aérienne.  Au sujet des allégations d’abus sexuels commis par des membres de personnel de la MONUC, le représentant a souhaité que le Secrétaire général présente son rapport sur cette question le plus vite possible.


M. LARBI DJACTA (Algérie) a adhéré à la déclaration faite par le représentant du Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés.  Il a souligné que l’ONU se doit d’être à même de faire face avec efficacité aux défis liés à l’une de ses missions essentielles, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  De l’avis de sa délégation, le succès des missions doit toujours reposer sur le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Il a aussi cité d’autres facteurs essentiels, comme un mandat réaliste et clair et un financement solide, ainsi qu’une démarche intégrée par l’ensemble du système des Nations Unies.  Le représentant a constaté que l’application des recommandations du rapport Brahimi a permis de coordonner de mieux en mieux les opérations, mais a relevé que les missions souffrent d’un manque cruel de personnel militaire.  Il a appelé la communauté internationale à aider les pays disposés à fournir des contingents afin que ceux-ci puissent le faire dans les délais requis.  La coopération entre l’ONU et les organismes régionaux en la matière revêt une importance de premier ordre, a-t-il poursuivi.  Il s’est ainsi félicité de la publication du rapport sur le renforcement de la capacité de l’Afrique en matière de maintien de la paix et s’est dit prêt à en examiner de manière constructive les recommandations.  M. Djacta a souligné que les pays africains étaient disposés à assumer leurs responsabilités en s’attaquant aux causes sous-jacentes des conflits, en citant la mise en place du Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine.  La troisième Conférence de l’Union africaine a approuvé un cadre stratégique sur la création de la force africaine en attente, a-t-il précisé.  À cet égard, il a lancé un appel aux partenaires internationaux en vue de la mise en place de la force.  Enfin, sur la question de l’exploitation et de la violence sexuelles commises par certains membres du  personnel de la MONUC, le délégué a estimé impératif que toutes les mesures soient prises pour faire en sorte que les responsables répondent pleinement de ces actes.


M. BAYANI S. MERCADO (Philippines), rappelant que le maintien de la paix était entré dans une ère nouvelle, avec une sollicitation sans précédent des Nations Unies pour intervenir et déployer des Casques bleus dans différentes zones de conflits à travers le monde.  Il a souligné que son pays partageait l’avis du Secrétaire général selon lequel, pour répondre efficacement à cette demande croissante, l’ONU devait renforcer sa capacité à planifier et préparer des opérations, créer rapidement les forces requises et octroyer les bonnes ressources.  L’ONU doit également améliorer l’intégration des efforts de soutien à la paix à différents niveaux et bâtir des liens opérationnels avec des organisations régionales et sous-régionales, a-t-il ajouté.  Selon lui, l’ONU pourra s’acquitter de cette tâche si, et uniquement si, elle dispose du soutien véritable de tous les États Membres.  Que l’on ne s’attende pas à ce que les Nations Unies accomplissent des miracles avec des ressources limitées, a-t-il déclaré, précisant qu’il est de la responsabilité des États Membres de faire en sorte que les opérations de maintien de la paix soient menées avec des mandats clairs et des ressources adéquates.


M. BG LEONG YUE KHEONG (Singapour) a estimé que pour renforcer sa capacité à mener des opérations de maintien de la paix efficaces, les Nations Unies devaient être en mesure de produire les ressources appropriées pour l’ensemble des missions.  Les organisations régionales ont à cet égard la possibilité d’offrir aux Nations Unies un soutien complémentaire et unique, tandis que les Nations Unies auront besoin de renforcer leurs liens opérationnels et leur partenariat avec des organisations régionales, a-t-il souligné, précisant qu’un partenariat fort avec des organisations régionales dans des opérations de maintien de la paix de l’ONU aurait un impact positif sur l’utilisation optimale de ressources limitées.


Le représentant a en outre exhorté le Département des opérations de maintien de la paix à travailler étroitement avec les différents États Membres sur une assistance précise en faveur de l’Union africaine pour la formation, l’équipement et le soutien logistique.  Sans un soutien international, l’Union africaine ne sera pas en mesure de prendre la direction dans les initiatives de maintien de la paix africaines, a-t-il estimé.


M. PAUL GOA ZOUMANIGUI (Guinée) a dit appuyer l’esprit qui sous-tend les initiatives proposées dans le rapport du Secrétaire général comme la mise en place d’une force de réserve stratégique ainsi qu’une force de police civile permanente.  Ces initiatives devraient associer toutes les régions et obéir au principe de la parité entre les sexes.  Le représentant a fait sienne la préoccupation relative aux capacités de transport stratégique, de facilitation et de spécialisation.  Insistant sur la complexité qui sous-tend chaque conflit, le représentant s’est dit en faveur d’une approche multidimensionnelle et d’une stratégie globale intégrant le maintien de la paix, sa consolidation et des programmes d’aide au développement.  Le représentant a par ailleurs pris note de la création d’un groupe de travail interinstitutions chargé d’élaborer des politiques, directives et procédures claires et utilisables.  Cependant, en dépit de bonnes intentions, les ressources affectées à cette activité demeurent une source de préoccupation.


Le représentant a en outre appuyé la création du nouveau Département de la sûreté et de la sécurité du personnel.  Abordant la question de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, le représentant a précisé que celle-ci devait se poursuivre dans le strict respect de la Charte des Nations Unies.  Soutenant les propositions du Secrétaire général, le représentant a précisé que sept des missions de maintien de la paix se trouvent en Afrique.  Concernant les allégations d’exploitation et de violences sexuelles, M. Zoumanigui a également appuyé sans réserve les mesures disciplinaires prises et celles envisagées par le Secrétaire général, estimant que la circulaire sur les dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et la violence sexuelle serve de guide.


M. WILLEM RAMPANGILEI (Indonésie) s’est associé à la déclaration faite par le représentant du Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés.  Il a indiqué que son pays a beaucoup participé aux opérations de maintien de la paix, notant la complexité croissante de celles-ci.  Il s’est félicité de la proposition de créer une force de réserve stratégique pour les opérations de maintien de la paix.  Concernant la capacité de créer une police civile permanente, il a estimé que les réunions à venir vont apporter un éclairage nécessaire.  Il a préconisé une formation ciblée du personnel, afin de disposer de civils qualifiés.  Le représentant a abordé la question concernant les écarts de conduite des agents de maintien de la paix, en demandant que des mesures appropriées soient prises rapidement.  Pour lui, un travail constant doit aussi être fait en faveur de la protection du personnel des missions.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de la mise en place des programmes de démobilisation, désarmement et réinsertion dans les missions, ce qui favorise le succès des processus de paix, même si ces programmes varient d’une région à l’autre. 


M. ANDRIY BESHTA (Ukraine) a estimé que la demande de plus en plus forte d’opérations de maintien de la paix en 2004 continuera de s’accroître dans un avenir proche, relevant que cela pose un réel défi pour les Nations Unies.  Il a souligné à cet égard le besoin crucial de contributions financières et en termes de ressources humaines de la part des États Membres.  L’Ukraine est l’un des principaux pays fournisseurs de contingents depuis quatre ans, a-t-il expliqué, et est prête à rester un partenaire fiable pour l’ONU.  Le représentant s’est dit vivement préoccupé par l’augmentation des menaces qui pèsent sur le sécurité du personnel de maintien de la paix et s’est félicité de la création d’un système de gestion de la sécurité.  Il a appuyé les efforts destinés à renforcer le régime de la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé de 1994.  Le délégué ukrainien a ensuite appuyé la politique de tolérance zéro à l’égard des violences sexuelles qui auraient commises par certains membres du personnel de la MONUC et demandé l’élaboration d’un rapport sur la question.  Pour ce qui est du déploiement rapide, il a encouragé le Secrétariat à continuer à œuvrer avec les États Membres afin d’atteindre rapidement cet objectif.  M. Beshta a aussi considéré qu’une plus grande coopération avec les organisations régionales et sous-régionales aiderait les Nations Unies à faire face aux défis qui se posent dans le domaine des opérations de maintien de la paix.  Enfin, le représentant a encouragé le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents à poursuivre plus avant leur coopération, ainsi qu’avec le Conseil de sécurité.


M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a relevé que les Nations Unies faisaient face à une demande accrue en termes de maintien de la paix qui, dans la plupart des cas, exige un déploiement rapide et une capacité de réaction rapide.  Des propositions ont été formulées pour améliorer les capacités de réaction rapide de l’Organisation, notamment en renforçant la coopération avec les organisations régionales.  Toutefois, la contribution des organisations régionales au maintien de la paix ne doit pas être la solution.  La coopération régionale doit être complémentaire et ne doit pas se substituer au rôle central des Nations Unies dans ce domaine.  Dans ce cadre, nous insistons sur la nécessité d’améliorer la capacité de réaction rapide des Nations Unies et accueillons favorablement une discussion sur les concepts de force de réserve stratégique et d’une capacité de police permanente.  La question de la discipline et de la conduite du personnel de maintien de la paix est également d’une importance considérable, a ajouté le représentant.  Nous apprécions la politique de tolérance zéro du Secrétaire général mais estimons aussi que des mesures concrètes doivent être prises par le Département des opérations de maintien de la paix pour prévenir de tels actes.  La conduite des Casques bleus devrait également entrer en compte lors de l’évaluation des missions.  En sa qualité de pays contributeur de troupes, l’Iran soutient le renforcement des capacités de ces pays, notamment par le partage de l’expérience, la diffusion d’informations sur les meilleures pratiques ou encore la mise en place de centres de formation. 


M. FILIMONE KAU (Fidji) a regretté que dans le cadre du débat sur le maintien de la paix, l’accent soit mis sur les pays disposant de troupes et de matériel, ignorant dans le même temps ceux qui ne disposent pas des mêmes capacités de réaction.  Les pays en développement ont beaucoup à offrir.  Nous réitérons nos appels en faveur de partenariats et de modalités de coopération dans le maintien de la paix qui soient efficaces.  Le représentant a estimé que les rapports faisant état d’abus sexuels par des membres du personnel de maintien de la paix ont un impact négatif sur la capacité des Nations Unies à remplir leur mandat, qui est de promouvoir la paix.  Un accent particulier doit être mis sur la formation permettant de garantir l’application de pratiques normalisées.  Pour cela, nous demandons que les pays contributeurs de troupes disposent d’une aide financière et technique.  Le représentant a par ailleurs plaidé en faveur de la coopération régionale et sous-régionale, précisant que les opérations basées localement fournissent une occasion unique d’associer les acteurs locaux.  Le défi cependant sera d’intégrer de telles opérations au cadre du système des Nations Unies et du Conseil de sécurité et de garantir la normalisation des pratiques.  Abordant plus particulièrement les propositions du Secrétaire général, le représentant a accueilli favorablement la création d’une capacité permanente de police civile et d’une force de réserve stratégique.


M. BAKI ILKIN (Turquie) a adhéré à la déclaration du représentant de l’Union européenne.  Il a relevé que la complexité du maintien de la paix est de plus en plus grande, ce qui demande une adaptation constante à l’évolution des réalités.  Reconnaissant le rôle de chef de file que tient l’ONU dans ce domaine, il a estimé qu’il faut aussi prendre en compte les capacités des autres organisations internationales, en favorisant leur coopération avec les Nations Unies.  À cet égard, il a aussi considéré essentielle la réforme du Conseil de sécurité qui est l’acteur principal dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a indiqué que son pays est engagé dans le maintien de la paix depuis la guerre de Corée et a participé à 18 opérations depuis vingt ans.  En ce qui concerne la police civile, la Turquie est l’un des cinq pays contributeurs.  Le représentant a fait remarquer que son pays participe aussi aux missions de paix engagées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne.  C’est pour cette raison que sa délégation a proposé de tenir compte de ce type d’engagements lorsqu’on évalue la contribution d’un pays aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Illustrant l’engagement de la Turquie, M. Ilkin a évoqué le cas de l’Afghanistan où son pays assure la direction de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) et fournit une part importante du contingent militaire.  Enfin, le représentant a insisté sur l’importance de la formation du personnel, indiquant que la Turquie a créé un partenariat pour un centre de formation à la paix à Ankara en 1998.


M. BRUNO STAGNO UGARTE (Costa Rica) s’est associé à la déclaration du représentant de l’Argentine au nom du Groupe de Rio.  Il a indiqué que le Costa Rica accorde une importance particulière à la question du maintien de la paix.  Il a déploré les allégations de violences sexuelles et l’inefficacité des mécanismes pour empêcher ce genre de problème.  Pour lui, il faut s’attaquer énergiquement à ce problème, sur la base des recommandations qui seront formulées dans le rapport pertinent.  Il s’est déclaré prêt à coopérer avec les autres États à cette fin.  Sa délégation est préoccupée par le fait que les médias aient eu à informer de ces abus avant que l’ONU n’ait engagé une enquête.  C’est la pauvreté qui est à l’origine des relations de ces victimes avec le personnel de la MONUC, a-t-il déploré.  Les campements militaires doivent-ils être proches de la population civile? s’est-il interrogé.  Il a demandé instamment que les personnes soupçonnées d’avoir commis ces actes soient traduites en justice.  Le représentant a conclu en exprimant le souhait que l’image digne des personnes qui ont jusqu’à présent contribué au maintien de la paix, parfois au prix de leur vie, ne soit pas ternie par de tels abus.


M. ENRIQUE LOEDEL (Uruguay) a rappelé quelles étaient les trois composantes de chaque opération de maintien de la paix, à savoir des ressources financières, humaines et matérielles.  Nous regrettons dans ce cadre qu’aucun pays en développement ne fasse partie de la liste des 20 premiers pays contributeurs.  Il existe des désaccords sur la question du remboursement des pays contributeurs de troupes.  Il est également regrettable que deux ans après, le Groupe de travail chargé de cette question n’ait toujours pas été créé.  Nous sommes également au regret de rappeler que l’Organisation ne s’était toujours pas acquittée de sa dette envers l’Uruguay dans le cadre d’une opération au Cambodge qui s’est achevée il y a 10 ans.  Le représentant a également souhaité un plus grand degré de collaboration entre son pays et le Département des opérations de maintien de la paix, faisant valoir que l’Uruguay participe actuellement à un tiers des missions déployées.  La formation du personnel de maintien de la paix est également prioritaire, a souligné le représentant.  Tant que les opérations de maintien de la paix ne comportent pas d’aspects militaires, le personnel civil doit recevoir une formation adéquate lui permettant d’être opérationnel sur le terrain.  Le représentant a par ailleurs fait part de son appui à la politique de tolérance zéro envers les auteurs d’abus sexuels tout en faisant part de sa préoccupation quant au manque de ressources dont dispose l’Organisation pour rendre justice.


M. ROBERT TACHIE-MENSON (Ghana) a évoqué l’évolution des opérations de maintien de la paix depuis leur création il y a 40 ans, qui reflète le dynamisme de l’ONU.  La complexité de ces opérations s’est accompagnée de grands défis, a-t-il noté, et une politique intégrée est devenue la norme.  De l’avis de sa délégation, il faut faire plus d’efforts pour renforcer la capacité des forces de maintien de la paix, notamment des pays en développement.  Il a indiqué que le Ghana est fier d’accueillir un centre de formation pour le maintien de la paix.  L’idée de créer une force de réserves stratégiques a gagné du terrain, a-t-il poursuivi, mais il a estimé qu’il vaudrait mieux augmenter les contingents de l’ONU.  En ce qui concerne la politique de remboursement, il a espéré qu’un règlement amiable sera trouvé pour résoudre les problèmes des pays en développement à cet égard.  En Afrique, nous apprécions les efforts accomplis pour augmenter la capacité des pays fournisseurs de contingents, a-t-il indiqué.  Le représentant a estimé par ailleurs que le rôle des policiers civils et des officiers pénitentiaires ne doit pas être sous-estimé.  Il a demandé aux États Membres d’augmenter la représentation des femmes aux postes militaires et de responsabilité dans les missions.  Condamnant les scandales d’abus sexuels, le représentant a noté que le maintien de la paix ne peut être efficace que si la confiance des populations est entière.  Concernant les conséquences financières des opérations de maintien de la paix, M. Tachie-Menson a estimé que toutes les contributions au budget du maintien de la paix doivent être payées dans les temps et sans conditions.


Mme JANICE MILLER (Jamaïque) a estimé que si son pays comprenait les défis auxquels est confronté le Département des opérations de maintien de la paix en termes de planification, de déploiement, de soutien et de gestion des crises, les Nations Unies devraient, à ses yeux, continuer de diriger ce processus, lequel ne devrait pas pour des raisons d’opportunité ou de commodité être « sous-traité », comme il le fut, par d’autres entités.  La Jamaïque accueille avec satisfaction, a-t-elle également souligné, les propositions faites en liaison avec les besoins en formation des personnels à la fois civils et militaires.  En outre, elle s’est déclarée favorable à une approche intégrée du maintien de la paix, impliquant des aspects de construction de la paix et d’assistance en matière de développement.  Une approche intégrée pourrait également être salutaire concernant le désarmement, la démobilisation et la réintégration.  Selon la représentante, le rôle que doit jouer l’Afrique dans des opérations de maintien de la paix devrait être considéré comme complémentaire à celui de la communauté internationale.  Elle a par ailleurs assuré que sa délégation avait été particulièrement troublée par les informations faisant état d’exemples croissants d’abus sexuels commis par des Casques bleus.


M. KONSTANTIN K. DOLGOV (Fédération de Russie) a appuyé les propositions du Secrétaire général, notamment dans le domaine de la planification, du renforcement de la dimension civile, politique et militaire des opérations de maintien de la paix et de la sécurité des soldats de la paix.  Les recommandations du Groupe de personnalités de haut niveau donneront un élan à la capacité d’action des Nations Unies, a-t-il estimé.  Pour la première fois l’année dernière, quatre opérations complexes ont été lancées au Burundi, en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et en Haïti.  Bientôt, une mission verra le jour au Soudan qui bénéficiera d’une coopération renforcée avec l’Union africaine.  Dans ce contexte, il nous faut améliorer nos capacités de planification et de déploiement de missions multidimensionnelles.  La sécurité des soldats de la paix doit par ailleurs rester un des critères principaux dans la planification et la réalisation du maintien de la paix.  La réalisation de partenariats avec les organisations régionales et de coalitions d’États en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies est également indispensable.  La police civile prend de plus en plus d’importance.  Nous souhaiterions disposer davantage d’informations au sujet de la force de police civile permanente comme le propose le Secrétaire général.  La création d’une force de réserve stratégique appelle par ailleurs des questions comme celle de sa compatibilité avec les processus nationaux.


M. MASOOD KHALID (Pakistan) a fait sienne la déclaration du représentant du Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés.  Il a rappelé que les troupes pakistanaises ont servi 30 missions de maintien de la paix, parmi lesquelles figurent les plus difficiles et les plus dangereuses.  À ce jour, 84 pakistanais ont payé de leur vie au nom de la paix, a-t-il précisé.  S’agissant du problème des abus sexuels, le représentant a souligné la nécessité de traduire en justice les responsables, ajoutant que d’autres missions que la MONUC ont déjà connu ce genre de problème.  Nous espérons que le Comité spécial traitera la question de façon équilibrée afin d’améliorer les mécanismes d’enquête et de poursuite de tels crimes.  Abordant la question du nombre croissant d’opérations de maintien de la paix, le représentant a rappelé que sa délégation avait déjà soulevé le problème en mai 2004, alors qu’elle assurait la présidence du Conseil de sécurité.  Il a aussi espéré que le projet de résolution proposé par sa délégation recueillera le soutien des États Membres.  Pour ce qui est des mesures à prendre face à ce défi, il s’est dit favorable à la création d’une force stratégique de réserve.  Il a aussi demandé une meilleure coopération avec les organisations régionales et a encouragé la formation au maintien de la paix.  Quel est l’objectif de chaque opération de maintien de la paix? s’est-il ensuite interrogé.  Le représentant a ainsi souhaité que les mandats que donne le Conseil de sécurité soient clairs et réalisables, avec la provision des ressources nécessaires.  Il s’est dit en faveur de réunions privées du Conseil de sécurité avec les pays fournisseurs de contingents.  Enfin, le représentant a rappelé que son pays accueille une des opérations de maintien de la paix les plus anciennes, le Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies en Inde et au Pakistan, qui peut jouer, selon lui, un rôle important dans l’édification de la confiance dans la région.


M. ZULFIQUR RAHMAN (Bangladesh) a déclaré que son pays demeurait très confiant sur la façon admirable dont l’Organisation continuera à faire face aux demandes d’opérations de maintien de la paix.  Le maintien de la paix ne doit pas être toutefois considéré comme un substitut à la paix durable et au développement, dont l’absence est source de tous les conflits, a-t-il ajouté.  Selon lui, les opérations de maintien de la paix devraient strictement demeurer conformes aux buts et aux principes consacrés par la Charte des Nations Unies.  Il faudrait, a-t-il dit, s’en tenir aux principes fondamentaux, à savoir le consentement des parties, le non-recours à la force sauf dans les cas de légitime défense, et l’impartialité.  Le Bangladesh, a-t-il également souligné, se félicite du rôle complémentaire joué par les organisations régionales dans les opérations de maintien de la paix sous mandat de l’ONU.  Les Nations Unies ne doivent abandonner leur responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.


M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a estimé que la sécurité est de plus en plus mise à mal aussi bien au niveau mondial qu’au niveau régional.  Les mécanismes multilatéraux de maintien de la paix doivent être adaptés pour relever les défis actuels.  Nous sommes prêts à contribuer aux efforts de délibération de l’ONU sur le maintien de la paix.  Le représentant a rappelé que son pays compte parmi les premiers contributeurs de troupes et que sa présence est importante au sein des missions.  La participation à des missions de l’ONU s’accompagne de coûts financiers, politiques et humains.  Dans un contexte marqué par des mandats complexes et diversifiés, les pays contributeurs de troupes et les pays fournisseurs de ressources ainsi que les pays voisins des zones de conflit devraient avoir davantage de voix au chapitre.  La dimension régionale de certains confits armés saute aux yeux, a encore ajouté le représentant, d’où la nécessité d’engager les Nations Unies dans un processus de coopération régionale.  Depuis qu’elle préside le Comité directeur de la Brigade multinationale des forces en attente (SHIRBRIG), la Roumanie est disposée à renforcer la coopération entre le Secrétariat des Nations Unies et la Brigade.  Nous continuerons à développer des politiques et procédures afin de faire de la SHIRBRIG un outil qui a fait ses preuves en matière de déploiement rapide.


M. MARCOS FUENMAYOR-CONTRERAS (Venezuela) s’est dit préoccupé par la matrice utilisée pour la nouvelle génération des opérations de maintien de la paix, qui inclut les tâches civiles de reconstruction.  Pour lui, l’idée d’État déliquescent ou déchu n’a aucun fondement historique.  On semble vouloir dire que le peuple et le gouvernement souffrent de l’effondrement, a-t-il noté, alors que, selon son analyse, beaucoup d’États déliquescents le sont depuis le début et leur désintégration est la conséquence de leur caractère non viable.  C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, les opérations de maintien de la paix dont l’objectif est de reconstruire un État entravent l’exercice du droit du peuple à l’autodétermination.  De l’avis de la délégation vénézuélienne, ces opérations de maintien de la paix constituent seulement un outil pour la réalisation des objectifs de la Charte des Nations Unies et doivent respecter les principes comme celui de la non-ingérence.  S’agissant de l’élimination des causes profondes des conflits, il a estimé que les opérations de maintien de la paix ne peuvent pas régler ces problèmes.  Mentionnant l’opération en cours en Haïti, il a indiqué que son pays appuie uniquement l’aide humanitaire.  Il a enfin abordé la question de la responsabilité du Conseil de sécurité dans les décisions relatives aux opérations de maintien de la paix.  À ses yeux, tant qu’il y aura un droit de veto, il n’y aura pas une véritable démocratisation dans ces opérations et celles-ci auront du mal à devenir un outil efficace.


M. HECTOR ENRIQUE CELARIE COLATO (El Salvador) a appuyé la déclaration faite par la délégation de l’Argentine.  Le représentant a insisté dans un premier temps sur la formation et le perfectionnement des effectifs de maintien de la paix, tout en faisant valoir son expérience unique en matière de maintien de la paix.  El Salvador a en effet appliqué avec succès les accords de paix négociés sous l’égide des Nations Unies, a déclaré le représentant.  Nous souhaitons coopérer activement aux opérations déployées sur le terrain pour mettre notre expérience à disposition de la communauté internationale.  Tirant les enseignements du passé, nous avons identifié les ressources nécessaires à un système de force en attente conformément aux matrices du Département des opérations de maintien de la paix.  Nous disposons de la volonté politique et nous partageons l’intérêt des autres États Membres pour les questions liées au financement.  Nous disposons de capacités en matière par exemple d’administration de la justice mais il nous manque les ressources permettant de déployer les premières phases de la mission avec succès.  Nous soulignons également la nécessité de faire en sorte que les femmes participent aux processus de maintien et de consolidation de la paix.  Par ailleurs, pour éviter les délits disciplinaires, il fait que les pays procèdent à une meilleure sélection de leurs soldats.


M. STUART HOLLIDAY (États-Unis) a considéré que les deux dernières missions mises en place en Haïti et au Burundi sont des succès et créent un sentiment de sécurité pour les populations.  En ce qui concerne les missions qui voient leur mandat s’achever, notamment celles du Timor oriental et de la Sierra Leone, il a estimé que ce n’est pas pour autant la fin du rôle des Nations Unies ou de la communauté internationale dans ces deux pays.  M. Holliday a aussi mis l’accent sur les échecs concernant certaines opérations, comme le problème d’abus sexuels à la MONUC.  Ce genre de problème n’est pas nouveau, a-t-il noté, tout en engageant à poursuivre les efforts pour le résoudre.  De l’avis de sa délégation, une politique de tolérance zéro, sans punition, n’est pas suffisante.  Il a par ailleurs salué l’Unité des meilleures pratiques du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), en demandant qu’on tire les leçons de ses conclusions.  Il n’y a pas de taille unique pour les missions de maintien de la paix, a-t-il poursuivi, rappelant qu’il n’y a pas que les Casques bleus mais toutes sortes de composantes comme les experts, la police civile ou les conseillers pour la parité entre les sexes.  Nous devons faire la différence entre les phases relevant du DOMP et celles relevant d’autres institutions, comme le PNUD, a ajouté le représentant.  Il a ensuite jugé trop coûteuses les opérations de maintien de la paix, à moins que la stratégie de sortie ne soit expressément prévue.  Il s’est enfin félicité du concept de réserve stratégique et souhaite que les capacités de la police civile soient définies de manière plus précise. 


M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a appuyé lui aussi la déclaration faite par le représentant de l’Argentine au nom de 17 pays latino-américains.  Il a précisé que son pays avait décidé de renforcer sa participation aux opérations de maintien de la paix, notamment en Haïti.  L’envoi de contingents dans ce pays est la preuve de notre volonté de nous impliquer dans les efforts de paix.  Nous estimons qu’il est nécessaire d’encourager un nombre plus important de réformes en matière de maintien de la paix qui doivent être accompagnées de contributions importantes de la part des États Membres.  Le représentant a condamné dans les termes les plus forts l’exploitation sexuelle dont ont été victimes des femmes et fillettes en République démocratique du Congo.  Les personnels des opérations de maintien de la paix doivent être conscients de leurs droits et responsabilités ainsi que des conséquences de leurs actions.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a considéré essentiel de mener à bien les réformes nécessaires des opérations de maintien de la paix, pour améliorer la gestion, le déploiement rapide et la fourniture de moyens logistiques.  Pour cela, il a invité les États à montrer leur volonté politique, en mobilisant des ressources politiques, financières et humaines.  À ses yeux, il est important de continuer à suivre les principes de la Charte des Nations Unies et de mener ces opérations sous la houlette du Conseil de sécurité.  Par ailleurs, pour être en mesure de suivre le rythme des développements dans les nouvelles situations, il s’est dit favorable aux recommandations du rapport Brahimi, comme la formation du personnel en priorité pour les pays fournisseurs de contingents ou la création d’une réserve stratégique et d’une capacité de police civile.  En outre, la coordination entre les Nations Unies et les organisations régionales est nécessaire, a-t-il ajouté, souhaitant que l’on accorde un soutien particulier aux organisations africaines.  Enfin, le représentant a fait remarquer que son pays a contribué largement à la cause de la paix dans le monde.  Actuellement, il y a près de 1 000 soldats de la paix chinois dans 12 opérations de maintien de la paix, a-t-il précisé, et la Chine continuera à apporter sa contribution pour maintenir la paix et la sécurité internationales. 


M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan) a appuyé les mesures visant à renforcer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, les conflits prenant en effet un caractère de plus en plus complexe.  Le représentant a souligné que la protection et la sécurité du personnel de maintien de la paix consistait une priorité pour son  pays.  Il a annoncé l’intention de son Gouvernement de créer un centre d’étude sur le maintien de la paix et d’organiser un processus consultatif avec le Département des opérations de maintien de la paix à ce sujet.


M. PAK GIL YON (République populaire démocratique de Corée) a souhaité que les opérations de maintien de la paix soient menées dans le respect des principes de souveraineté des États et de non-ingérence dans les affaires intérieures.  Les opérations ne devraient pas s’écarter de ces principes, pour favoriser une des parties d’un conflit, a-t-il précisé.  Selon lui, on ne devrait pas non plus tolérer l’abus des opérations de maintien de la paix pour réaliser des objectifs politiques d’un pays particulier.  S’agissant du Commandement des Nations Unies en Corée du Sud, il a dénoncé une manœuvre des États-Unis qui abusent, selon lui, du nom de l’ONU.  Les Casques bleus sont toujours présents et ne sont pas isolés des troupes américaines, a-t-il rappelé, ce qui est contraire à la résolution adoptée par l’Assemblée générale en 1975.  Il a indiqué que pour maintenir la présence de leurs troupes en Corée du Sud pendant la guerre froide, les États-Unis avaient invoqué qu’ils voulaient empêcher l’invasion par l’URSS.  Cependant, comme ce prétexte, selon lui, n’a plus de raison d’être, il a analysé la présence des troupes américaines comme une hostilité à l’égard de son pays.  Le représentant a conclu en rappelant la nécessité de respecter le principe de souveraineté et demandé l’application de la résolution des Nations Unies sur le démantèlement du Commandement en Corée du Sud.


Mme ZINA KALAY-KLEITMAN (Israël) a convenu que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont en pleine évolution.  Pour la représentante, les activités de maintien de la paix des Nations Unies avaient dans le passé trait à la sécurité mondiale alors qu’elles doivent maintenant garantir la sécurité des personnes.  On parle désormais d’opérations destinées à stabiliser une région ou à administrer de manière transitoire un pays, ce qui montre que la composante civile est plus importante que la composante militaire.  Ce type d’opérations aura des conséquences importantes pour les pays qui ne sont pas fournisseurs de troupes en raison de contraintes constitutionnelle ou autres.  La formation du personnel dans ce contexte est également très importante.  Israël par exemple a été pionnier en matière de police communautaire dans un contexte multiculturel.  Une bonne formation préalable des effectifs civils permet de réduire considérablement les délais de déploiement et nous sommes prêts à partager notre expérience, a indiqué la représentante.  Nous avons l’expérience des missions, compte tenu du fait que nous avons accueilli l’ONUST et la FNUOD et avons des contacts étroits avec la FINUL.  La représentante a indiqué que sans la présence des Nations Unies dans la région, le conflit israélo-palestinien aurait tourné au chaos.


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