En cours au Siège de l'ONU

AG/DSI/3301

LA PREMIÈRE COMMISSION SAISIE DE CINQ PROJETS DE RÉSOLUTION PORTANT SUR LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE

11/10/2005
Assemblée généraleAG/DSI/3301
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

9e séance – après-midi


LA PREMIÈRE COMMISSION SAISIE DE CINQ PROJETS DE RÉSOLUTION PORTANT SUR LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE


« Dans les années à venir, le développement et l’entretien du système du régime de vérification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) seront nos priorités, et ce aux fins de garantir que notre mode opératoire nous permet bien de détecter les explosions nucléaires partout dans le monde, conformément au mandat afférent prévu par le Traité ».  C’est ainsi que le Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité, M. Tibor Toth, a expliqué les avancées dans l’action menée en vue d’établir un système de surveillance et de préparer l’entrée en vigueur du Traité.  Il intervenait devant la Première Commission qui, depuis hier, consacre ses travaux à un débat sur les armes nucléaires et à la présentation de projets de texte* par les délégations auteurs de ces derniers.


La Malaisie a ainsi présenté un projet de résolution portant sur le suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi des armes nucléaires.  Pour le représentant, l’avis rendu par la Cour le 8 juillet 1996 conserve toute son autorité légale sur la voie du désarmement nucléaire complet et irréversible.  La conclusion unanime de la Cour, selon laquelle il convient de poursuivre des négociations de bonne foi devant conduire au désarmement nucléaire sous tous ses aspects, est reprise, comme les années précédentes, dans le projet de résolution, a précisé le représentant.  Selon lui, les défis auxquels fait face la communauté internationale en matière de désarmement nucléaire requièrent de la part de tous les pays leur engagement sans équivoque.  C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il n’est plus possible de tolérer la perpétuation d’arsenaux nucléaires, qui sape l’effort de désarmement nucléaire.  Dans ce cadre, la vitalité des instruments multilatéraux doit être réaffirmé, a-t-il dit en substance.


L’Inde, de son côté, a présenté deux projets de résolution, sur une Convention interdisant l’usage des armes nucléaires et sur la réduction du danger nucléaire.  L’usage des armes nucléaires est le plus grand danger pour l’humanité, comme l’ont rappelé les pays non alignés au Sommet de Kuala Lumpur en 2003, a ainsi déclaré le représentant.  Ce dernier a expliqué que le projet de résolution demandait que des mesures soient prises en vue d’établir un instrument contraignant interdisant l’emploi des armes nucléaires, ce qui, à ses yeux, contribuerait à entraîner des changements dans les doctrines de sécurité des pays.  Pour ce qui est de la réduction du danger nucléaire, les coauteurs du projet de résolution plaident pour une révision des doctrines nucléaires et la réduction résolue des risques d’accidents.  À cette fin, le projet de résolution mentionne une conférence internationale identifiant les moyens d’éliminer les dangers nucléaires devrait se tenir dans les meilleurs délais. 


La République islamique d’Iran, pour sa part, a présenté un projet de décision et un projet de résolution.  Le projet de résolution, a-t-il été précisé, porte sur le respect des engagements pris par les États parties lors des Conférences d’examen du Traité de non-prolifération (TNP) de 1995 et 2000, et vise à accélérer l’application des obligations auxquelles ils ont souscrit. « De sérieuses inquiétudes demeurent, notamment, quant au fait que les puissances nucléaires ont peu avancé dans le processus d’élimination de leurs arsenaux atomiques », a indiqué le représentant.  Il a par ailleurs justifié ce projet de résolution par les inquiétudes persistant face au développement de nouveaux types d’armes nucléaires, un fait qui contrevient aux garanties données par les puissances nucléaires au moment de la conclusion du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), a-t-il dit.


Le cinquième projet de résolution dont la Commission a été saisie, a été présenté par la Nouvelle-Zélande.  Portant sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans l’hémisphère Sud, elle contribuerait, selon l’intervenante, à rejeter l’option nucléaire et à renforcer du même coup les efforts de non-prolifération.  Évoquant l’opposition à ce texte, lors des sessions précédentes, de pays inquiets de ce que la navigation en haute mer pourrait être entravée par les obligations afférentes à l’établissement de la zone, la Nouvelle-Zélande a indiqué que le projet de résolution reconnaissait le droit de la mer et les obligations y relatives.   


Le Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais ainsi que les pays suivants ont pris la parole: Uruguay, République de Corée, République populaire démocratique de Corée, Fédération de Russie, Norvège, Emirats arabes unis, Maroc, Indonésie et Mexique.


L’Inde, la République islamique d’Iran, la Malaisie et la Nouvelle-Zélande ont présenté des projets de texte, au nom des coauteurs.


La Commission poursuivra ses travaux demain mercredi 12 octobre, à 15 heures.


*     Ces textes seront publiés à une date ultérieure.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR TOUTES LES QUESTIONS AINSI QUE L’INTRODUCTION ET L’EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS 85 À 105 DE L’ORDRE DU JOUR


Déclarations


M. TIBOR TOTH, Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a indiqué que depuis l’adoption du Traité en 1996 par l’Assemblée générale, des progrès substantiels avaient été réalisés au double plan de l’universalité et de la vérifiabilité du Traité.  176 États ont signé le TICE et 125 l’ont ratifié, ces chiffres impressionnants témoignent de l’engagement croissant de la communauté internationale à l’égard de cet instrument.  Sur les 44 pays devant ratifier le Traité pour que ce dernier entre en vigueur, 33 l’ont fait.  Cette évolution est une marque de confiance qui est pour l’Organisation une source de motivation.  L’intervenant est ensuite revenu sur la dernière Conférence sur la mise en œuvre du Traité, qui, à ses yeux, a été l’occasion de mesurer combien la communauté internationale s’investit dans la promotion de l’entrée en vigueur du TICE.  En ce qui concerne le système de vérification du Traité, M. Toth a estimé que celui-ci était désormais crédible, fonctionnel et rentable.  Dans les années à venir, a annoncé l’intervenant,  le développement et l’entretien du système seront nos priorités, et ce aux fins de garantir que notre mode opératoire nous permet bien de détecter les explosions nucléaires partout dans le monde, conformément au mandat afférent prévu par le Traité. 


S’agissant des stations de surveillance, M. Toth a indiqué que 217 sur 321 étaient aujourd’hui opérationnelles.  L’action principale de ces unités consiste à collecter, analyser et transmettre des données aux États.  Dans ce cadre, a ajouté le Secrétaire exécutif, il revient in fine aux États de décider des mesures à prendre en fonction du contenu des données reçues par eux.  C’est pourquoi nous invitons l’ensemble des États à participer activement à ces travaux de vérification en vue de pouvoir bénéficier de leurs retombées positives en matière de développement scientifique et de sécurité civile.  Enfin, M. Toth a salué le soutien politique et financier des États signataires ayant permis l’élaboration du système de vérification du TICE.   


M. ENRIQUE LOEDEL (Uruguay), au nom du Marché commun du Sud de l’Amérique (Mercosur), a rappelé que les pays membres du Mercosur ont renoncé à l’option nucléaire et appartiennent à la première zone exempte d’armes nucléaires de la planète.  À ce titre, le Mercosur est fermement engagé en faveur du maintien de l’équilibre délicat entre droits et devoirs des États parties au TNP.  Pour les pays du Mercosur, et les États associés, sans un processus multilatéral transparent, vérifiable et irréversible de désarmement complet, il ne sera pas possible d’échapper aux dangers de la prolifération.  L’interdiction et l’élimination totale des armes atomiques sont les seules garanties certaines qu’elles ne tomberont pas entre les mains de terroristes.  Il est de la plus grande importance que les États concernés appliquent strictement toutes leurs obligations au titre du TNP, et notamment les 13 étapes du désarmement convenues en 2000.  Le Mercosur est attaché au 3ème pilier du TNP, l’article 4 qui prévoit un droit inaliénable de tous les États à effectuer des recherches, à produire et à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Ils pourront aussi bénéficier de transferts de matériels, d’équipements et d’informations scientifiques et technologiques à ce sujet.  Le Mercosur regrette l’absence de résultats de la 7ème Conférence de révision du TNP.  Pour ces pays, seule une conception systématique qui comprend le désarmement, la vérification, l’assistance et la coopération garantira l’élimination des armes nucléaires.


Une fois entré en vigueur, le TICE serait un instrument important pour prolonger le TNP.  Nous allons dans le bon sens avec 175 signatures et 125 ratifications.  Notre volonté de poursuivre pour accélérer l’entrée en vigueur du Traité est intacte, et nous invitons les pays dont la ratification est indispensable à prendre rapidement des décisions.  Le système ne peut pas fonctionner si le cadre juridique du système de vérification n’est pas en place.  Nous approuvons le moratoire sur les explosions expérimentales actuellement en cours.


M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a déclaré que son pays saluait les efforts significatifs réalisés dans la réduction des arsenaux nucléaires, dans le cadre notamment du Traité de Moscou.  Toutefois, nous notons que le nombre de têtes nucléaires est à peu près le même qu’au moment de l’entrée en vigueur du TNP en 1970.  De nouveaux accords devraient être signés pour accélérer la réduction des arsenaux les plus importants et limiter la recherche militaire.  Pour le représentant, le désarmement nucléaire est ralenti par les différences de vues qui persistent entre Puissances nucléaires et pays non dotés de la bombe atomique.  Réduire un tel écart redonnerait une autorité morale et une légitimité politique aux puissances nucléaires, en renforçant notamment les normes de non-prolifération.  L’intervenant a par ailleurs réaffirmé l’importance de l’entrée en vigueur du TICE et a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité, en particulier les États dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur effective du Traité.  Pour l’heure, a-t-il dit, le moratoire sur les essais doit être maintenu.  Dans l’attente d’une reprise des négociations dans le cadre de la Conférence du désarmement sur la création du Traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles, le représentant a souhaité qu’un moratoire sur la production de ces matières soit décidé.  C’est en ce sens qu’il a émis le souhait que ladite Conférence soit réactivée par le biais de mesures prises au cours des travaux de la présente session de la Première Commission.


Le représentant a également salué la déclaration commune des six parties engagées dans les pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Le Gouvernement de mon pays continuera à engager tous les efforts diplomatiques requis pour parvenir à une solution pacifique et acceptable par toutes les parties, a-t-il dit. 


M. RI JANG GON (République populaire démocratique de Corée) a noté que les arsenaux nucléaires continuent de grandir.  Regardons quels États ont le plus d’armes nucléaires, y compris celles à l’étranger, a invité le représentant, et voyons qui opte pour des doctrines fondées sur la prévention.  Certains demandent la non-prolifération sans se préoccuper des tensions que cause le risque de première frappe.  Il faut nous demander pourquoi les superpuissances pointent du doigt les activités nucléaires pacifiques de certains petits pays.  Il est temps de prendre des mesures pratiques pour que le monde soit à l’abri des armes nucléaires.  La non-prolifération est un écran qui obscurcit la réalité, il faudrait plutôt s’attaquer à la cause profonde, les armes mêmes.  La communauté internationale devrait mettre au point un instrument qui vise la destruction totale des armes nucléaires.  La première mesure à prendre est de s’engager sans conditions à ne pas recourir en premier à la menace ou à l’emploi d’armes nucléaires, et cela dans le cadre d’un instrument contraignant.  Plus spécifiquement dans la péninsule coréenne, nous sommes sous la menace constante des États-Unis.  Nos armes ne menacent personne de façon permanente, nous n’avons pas besoin de les garder si nos relations avec les États-Unis sont normalisées, et si ces derniers mettent fin à leur menace nucléaire et à leur menace de renversement de notre régime.


M. ANTON VASILIEV (Fédération de Russie) a encouragé l’ensemble des États Membres à privilégier une action progressive en vue d’atteindre le but de « désarmement nucléaire complet que nous nous sommes fixés ».  Cela doit être accompli en respectant la stabilité stratégique et le principe de sécurité égale de tous les États.  L’intervenant a expliqué que les stocks d’armes nucléaires de son pays avaient été divisés par 5 depuis 1991, le nombre d’armes nucléaires non stratégiques l’ayant été, elles, par 3 au cours de la même période.  1 328 rampes de lancement de missiles balistiques intercontinentaux, 45 sous-marins nucléaires et 66 bombardiers lourds ont également été désactivés.  Dans le cadre du Traité de Moscou, le Président Putine s’est engagé à réduire les arsenaux nucléaires jusqu'à un niveau inférieur à celui prévu par le Traité. 


En ce qui concerne le TICE, le représentant a salué les travaux accomplis dans son cadre en matière de vérification.  Selon lui, le Traité pourra empêcher le perfectionnement qualitatif des armes nucléaires.  Il sera en outre un outil de poids pour l’équilibre du système de sécurité internationale et la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive.  C’est pourquoi, a ajouté M. Vasiliev, nous demandons aux 11 États dont la ratification est requise pour l’entrée en vigueur de TICE de prendre des mesures en ce sens. 


Le représentant a poursuivi en évoquant la réalisation en cours du programme de retraitement des déchets nucléaires de son pays.  Les stocks d’uranium hautement enrichi, tiré des armes nucléaires, ont été éliminés à hauteur de 250 tonnes, ce qui équivaut à des dizaines de milliers de têtes nucléaires retraitées en uranium faiblement enrichi.  Nous espérons parvenir à l’élimination de 500 tonnes d’ici 2013.  Le représentant a appuyé la tenue de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins militaires, ce qui nécessite la réactivation sans délai de la Conférence du désarmement.  


Le représentant a encore dit que la totalité des armes nucléaires de la Fédération de Russie étaient concentrées dans les limites du territoire national.  Il a en outre estimé que la dernière Conférence d’examen du TNP n’avait pas abouti à l’arrêt de mort du Traité.  Même si des divergences de vues sur les modalités d’application des obligations du Traité persistent, personne n’a considéré que le TNP était obsolète.  Sa durabilité et sa valeur ont été confirmées comme base de régime de non-prolifération des armes nucléaires. 


M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a indiqué que son pays est encouragé par le large soutien que reçoit son initiative.  Il est urgent de consolider le régime international de désarmement et de non-prolifération, nous devons continuer à chercher un consensus, a dit M. Lovald.  L’entrée en vigueur rapide du TICE serait cruciale à cet égard.  Il faut consolider le moratoire sur les essais et consolider encore le système de surveillance international.  Il faut trouver un accord sur le programme de travail de la Conférence du désarmement.  Un traité sur les matières fissiles interdisant toute production à des fins militaires à l’avenir, devrait tenir compte des stocks existants, comme cela a été envisagé à Shannon.  En attendant, nous exhortons tous les États nucléaires à placer leurs matières fissiles, qui ne sont plus nécessaires à leurs besoins militaires, sous le régime de garanties de l’Agence internationale dE l’énergie atomique (AIEA).  La Norvège encourage les États-Unis et la Fédération de Russie à réaliser des réductions supérieures aux chiffres annoncés, dans la transparence et de manière vérifiable.  Les mécanismes de contrôle de l’AIEA ont un rôle crucial et bien défini.  Ce programme est un gage pour entretenir la confiance, et le Protocole additionnel lui donne une base plus large.  Il devrait être considéré comme une norme de vérification.  La résolution 1540 du Conseil de sécurité doit être mise pleinement en œuvre pour empêcher les acteurs non étatiques d’acquérir des armes nucléaires.  La Convention sur la répression des actes de terrorisme nucléaire doit aussi entrer en vigueur le plus rapidement possible.  Par ailleurs, les États qui s’abstiennent d’enrichir l’uranium ou de retraiter le plutonium verront leur approvisionnement assuré, dit le texte.  Ces accords doivent être volontaires.  À long terme, il conviendra d’interdire l’utilisation de l’uranium hautement enrichi pour réduire les risques de prolifération.


M. HAMAD OBAID I. AL ZAABI (Emirats arabes unis) a jugé que la présence toujours excessive d’armes nucléaires demeurait un danger sérieux pour la paix et la stabilité internationales.  Dans ce cadre, nous encourageons les États non nucléaires à ne pas céder à la tentation de développer à leur tour programmes nucléaires officiels ou officieux.  Aujourd’hui, le péril majeur est de voir des armes nucléaires ou des matières connexes aussi dangereuses tomber dans des mains échappant à tout contrôle.  De nouvelles mesures de confiance, plus fermes, doivent être prises par les pays, de façon, notamment, à relancer les activités de la Conférence du désarmement à Genève.


Pour l’intervenant, les objectifs internationaux de paix et de sécurité reposent en premier lieu sur la volonté politique dont sont prêts à faire montre les puissances nucléaires.  Ces derniers doivent donner suite à leurs engagements en matière de réduction de leurs arsenaux, conformément à l’article 6 du TNP.  Le représentant a par ailleurs souhaité que la Première Commission soit, cette année, l’occasion de réaffirmer le caractère global et universel des traités de désarmement, en particulier le TNP, et les documents émanant de l’AEIA.  Il a plaidé pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et pour le respect du droit inaliénable des pays en développement d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins civiles. 


Mme SIHAM MOURABIT (Maroc) a souhaité le renforcement de l’état de droit et la mise en œuvre des différents traités de désarmement.  La fin du monde bipolaire n’a pas permis d’instaurer la paix et la confiance escomptées. Le risque de prolifération et de voir des terroristes acquérir des armes trouve une réponse dans la résolution 1540 du Conseil de sécurité.  Le blocage des différents organes concernés ne doit pas nous dissuader d’explorer des voies et moyens consensuels de relancer les travaux de la Conférence du désarmement.  Le fait que le TICE, parmi d’autres traités, ne soit pas entré en vigueur est regrettable.  Un seul pays empêche que le Moyen-Orient devienne une zone exempte d’armes nucléaires, a rappelé le représentant, Israël, en refusant de se soumettre au système de garanties de l’AIEA.  La sécurité internationale est fortement tributaire du choix qui sera fait ou pas de privilégier le développement de la course aux armements.  Le Maroc appelle enfin à la conclusion d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires.


Mme RATU SILVY GAYATRI (Indonésie) a demandé instamment que les engagements et obligations pris dans le cadre des Conférences d’examen du TNP de 1995 et 2000 soient dûment respectés par tous les États parties.  Saluant l’action de l’AIEA dans le domaine de la non-prolifération, la représentante a formé le souhait que l’Agence puisse bénéficier des moyens requis pour la réalisation de son mandat de vérification.  L’action de l’AIEA a permis récemment d’obtenir de la Libye qu’elle renonce à ses aspirations nucléaires.  S’agissant toujours du désarmement nucléaire, la représentante a déploré que les doctrines de sécurité en vigueur soient équivoques dans leur volet préventif, ce qui a pour effet d’entretenir le risque d’une relance de la course aux armements.  Dans ce contexte, a plaidé la représentante, le Traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles à des fins militaires constitue la prochaine étape importante dans le désarmement multilatéral.  D’autant plus, a-t-elle précisé, que le Traité de Moscou de 2002 n’engage à détruire que les armes déployées. 


M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) a dit sa frustration face à l’absence de progrès lors des négociations de la dernière Conférence d’examen du TNP, c’est une occasion ratée, comme l’ont été celles de la Conférence du désarmement.  Ces échecs s’ajoutent à une mauvaise interprétation du terme « consensus ».  C’est un exercice que les États ont entrepris dans l’espoir d’arriver à des engagements, ce n’est pas un moyen de parvenir au plus petit dénominateur commun, il faut trouver un accord qui convienne à la majorité.  Au cours de notre réunion au Mexique, nous avons fait mieux que cela, démontrant que nous pouvons négocier des instruments de fond entre gouvernements, mais aussi en coopération avec la société civile.  La majorité est en faveur de l’élimination des armes nucléaires, quelques-uns ne doivent pas venir nous dire que ce n’est pas pratique ou réaliste.  Il y a des options pour éliminer ces armes, le statu quo n’est pas acceptable.  Les efforts du Mexique sur les ZEAN ont été soutenus par des États Membres, et notamment par le docteur ElBaradei.  Les efforts déployés en vue de progresser doivent être transparents, inclusifs et hors du champ de l’affrontement.


Présentation de projets de texte


M. HAMIDON ALI (Malaisie) a présenté un projet de résolution portant sur le suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires.  Pour le représentant, l’avis rendu par la Cour le 8 juillet 1996 demeure une décision de valeur historique et qui conserve toute son autorité légale sur la voie du désarmement nucléaire complet et irréversible.  La conclusion unanime de la Cour, selon laquelle il convient de poursuivre des négociations de bonne foi devant conduire au désarmement nucléaire sous tous ses aspects, est reprise une nouvelle foi dans le paragraphe 1 du projet de résolution.  C’est en ce sens que les coauteurs de ce document estiment que la décision de la Cour doit être assortie d’actions concrètes de la part de tous les États Membres des Nations Unies.  Pour l’intervenant, les défis auxquels fait face la communauté internationale en matière de désarmement nucléaire requièrent de la part de tous les pays leur engagement sans équivoque.  Dans ce cadre, nous ne pouvons nous permettre de continuer d’autoriser la perpétuation d’arsenaux nucléaires, qui sape l’effort de désarmement nucléaire.  Dans ce contexte, a ajouté le représentant, les gouvernements doivent appuyer avec force les efforts multilatéraux qui cherchent à établir un monde débarrassé de la bombe atomique.  La vitalité du multilatéralisme dans le domaine de désarmement et de la sécurité internationales doit être préservée et renforcée à cette fin.


M. SURESH KURUP (Inde) a présenté deux projets de résolution.  La première, au nom d’un groupe de 30 pays, s’intitule « Convention interdisant l’usage des armes nucléaires ».  L’usage des armes nucléaires est le plus grand danger pour l’humanité, comme l’ont rappelé les pays non alignés au Sommet de Kuala Lumpur en 2003.  Il persistera tant que certains États insisteront sur leur droit exclusif à posséder de telles armes.  Les États devraient réorienter leur doctrine et adhérer aux principes de la non-utilisation en premier et de la non-utilisation dans le cadre d’un engagement juridique contraignant.  La Cour internationale de Justice a dit, par une décision historique en 1996, que le droit humanitaire s’applique aux affaires nucléaires.  Les parrains du projet demandent des mesures pour appuyer un instrument contraignant interdisant l’emploi et la menace d’armes nucléaires, et estiment que cela contribuera à des changements dans les doctrines, les politiques et les institutions.  Le projet de résolution réitère l’appel à la Conférence du désarmement pour qu’elle entame des négociations en vue d’un instrument international interdisant la menace ou l’emploi d’armes nucléaires.


Le deuxième projet de résolution « Réduction du danger nucléaire » est parrainé par 20 pays.  Il faut prendre des mesures modestes, pragmatiques et immédiates pour réduire les dangers des armes nucléaires, estiment les auteurs. Une révision des doctrines nucléaires et des étapes immédiates pour réduire les risques d’accidents est suggérée.  Plusieurs experts ont identifié nos mesures comme viables, a souligné l’orateur, notamment la possibilité de réduire l’état d’alerte des forces nucléaires.  Des mesures efficaces de prévention sont depuis 10 ans une priorité.  Depuis 10 ans, la destruction mutuelle est jugée insoutenable par tous les États.  Personne ne gagnera une guerre nucléaire.  Des mesures efficaces de réduction des risques des armes nucléaires sont donc un préalable pour sauvegarder les intérêts communs.  Le texte se réfère aux sept recommandations du Groupe d’experts sur le désarmement réuni en 2001.  Ils préconisent d’encourager le dialogue sur la sécurité collective, de déconnecter les systèmes mettant en alerte les vecteurs nucléaires, de réexaminer les doctrines nucléaires, de réduire encore plus le nombre de ces armes tactiques, d’augmenter la transparence, de créer un climat favorable au désarmement en favorisant la formation et les programmes d’entraînement.  Tout cela devrait déboucher sur une conférence internationale identifiant les moyens d’éliminer les dangers nucléaires.


La représentante de la Nouvelle-Zélande, Mme CHARLOTTE DARLOW, a présenté un projet de résolution portant sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans l’hémisphère Sud.  Une telle zone contribuerait à rejeter l’option nucléaire et à renforcer du même coup les efforts de non-prolifération, a-t-elle dit.  Ce projet adopté par une majorité écrasante ces dernières années continue de recevoir l’opposition de pays craignant que la navigation en haute mer soit entravée par les obligations afférentes à l’établissement de la zone.  Or ce texte est conforme au droit de la mer et les obligations y relatives.  


M. REZA NAJAFI (République islamique d’Iran) a présenté un projet de décision et un projet de résolution.  S’agissant du premier, portant sur les missiles, le représentant a reconnu que la question était d’une complexité telle que le projet de décision contenait dans son paragraphe 3 une suggestion d’établir un troisième groupe d’experts gouvernementaux.  Ce groupe aurait pour mandat d’explorer plus avant la question des missiles sous tous ses aspects, en mettant notamment l’accent sur les moyens à trouver pour qu’un consensus soit atteint.


Le projet de résolution porte, lui, sur le respect des obligations prises par les États parties lors des Conférences d’examen du Traité de non-prolifération (TNP) de 1995 et 2000.  À ce propos, le représentant a noté que lesdites obligations dans le domaine du désarmement nucléaire n’étaient toujours pas pleinement appliquées.  De sérieuses inquiétudes demeurent, notamment, quant au fait que les puissances nucléaires ont peu avancé dans le processus d’élimination de leurs arsenaux atomiques, a-t-il précisé.  De même, a ajouté l’intervenant, de sérieuses inquiétudes persistent face au développement de nouveaux types d’armes nucléaires, un fait qui contrevient aux garanties données par les puissances nucléaires au moment de la conclusion du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Pour l’Iran, ce projet de résolution est présenté dans la foulée des échecs successifs de la dernière Conférence d’examen du TNP et du Sommet mondial.  Dans ce contexte, a-t-il ajouté, nous sommes convaincus que les Nations Unies doivent poursuivre la mise en œuvre de toutes les obligations convenues en matière de désarmement nucléaire. 


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.