PREMIÈRE COMMISSION: ELLE EST SAISIE D’UN PREMIER PROJET DE RÉSOLUTION SUR LES ARMES NUCLÉAIRES
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Première Commission
8eséance – après-midi
PREMIÈRE COMMISSION: ELLE EST SAISIE D’UN PREMIER PROJET DE RÉSOLUTION SUR LES ARMES NUCLÉAIRES
Les pays du monde doivent adhérer à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, plaide son Directeur général
Entamant la deuxième phase de leurs travaux de la Commission chargée des questions de désarmement et de la sécurité internationales, les délégations ont entendu, au cours de cette séance, la présentation d’un premier projet de résolution. Intitulé « Vers un monde exempt d'armes nucléaires ». Ce texte a été présenté par la représentante de l’Afrique du Sud au nom des États de la Coalition pour un Nouvel Agenda. Celle-ci a précisé que ce texte réaffirme que le désarmement nucléaire et le régime de non-prolifération doivent répondre aux défis actuels, en particulier dans un contexte international où l’utilisation d’armes nucléaires redevient possible. Se concentrant sur l’essentiel, à savoir que des progrès, un élan nouveau dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération sont à souhaiter, ce document réaffirme en outre l’importance du TNP et la nécessité impérieuse de parvenir à son universalité. Ce projet de résolution affirme aussi l’urgence de mettre en œuvre les engagements pris, notamment lors des Conférences d’examen de 1995 et de 2000 du TNP. Il réitère enfin la foi des États Membres dans le fait que non-prolifération et désarmement nucléaire sont des processus qui se renforcent mutuellement.
La Commission a également entendu aujourd’hui, dans le cadre de son débat thématique, une longue déclaration de Rogelio Pfirter, Directeur général de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Cette institution internationale a été fondée en 1997 par les pays qui ont adhéré à la Convention sur les armes chimiques pour s'assurer que la Convention est dûment appliquée et atteint les objectifs assignés. Elle vérifie la destruction des armes chimiques existantes et surveille certaines activités de l'industrie chimique pour limiter le risque d'usage industriel de certains produits chimiques commerciaux pour la fabrication d'armes. Elle offre également assistance aux pays membres en cas d'attaque ou de menace d'attaque à l'arme chimique -y compris par des terroristes-, et, enfin, elle encourage la coopération internationale en vue de l'utilisation pacifique de la chimie.
M. Pfirter a noté que, à ce jour, le nombre d’États parties à la Convention était de 174, ce qui indique que cet instrument est de tous les traités de désarmement en vigueur celui qui se renforce le plus vite. Évoquant les cas particuliers de la Fédération de Russie et des États-Unis -les deux pays possesseurs d’armes chimiques les plus importants- il s’est félicité des avancées importantes en matière d’élimination de leurs stocks nationaux. Il s’est ainsi déclaré confiant s’agissant de la réalisation de l’objectif d’élimination des stocks de ce type d’armes d’ici à 2012.
Plaidant ensuite pour une universalisation de la Convention, M. Pfirter a fait part de son inquiétude quant au fait que le Moyen-Orient et la péninsule coréenne n’ont toujours pas adhéré à cet instrument. Pour l’intervenant, l’universalité de la Convention est indispensable pour mener le plus efficacement possible ses activités de non-prolifération. C’est en ce sens que, dans un contexte marquée par la menace terroriste, M. Pfirter a tenu à réitérer l’importance du soutien à l’action de la Convention par les États Membres et l’industrie chimique, car, à la différence des armes biologiques et atomiques, la fabrication des armes chimiques est peu coûteuse et techniquement peu compliquée, a-t-il précisé. Ce fait attise le risque que des groupes terroristes ne parviennent à s’en procurer, a prévenu M. Pfirter.
La plupart des participants ont cet après-midi de nouveau fait part de leur déception au sujet de l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP. Ils se sont prononcés en faveur de la reprise des travaux pour la négociation d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles pour les armes nucléaires. Plusieurs ont insisté sur la nécessité qu’un tel instrument soit non discriminatoire et ont demandé qu’en attendant, un moratoire sur cette production soit strictement observé.
Les pays suivants ont pris la parole: Royaume-Uni, Chine, Japon, Bangladesh, Pakistan, Canada, Roumanie, Ouganda, Australie. Les représentants de l’Afrique du Sud et de l’Iraq sont également intervenus pour, respectivement, présenter un projet de résolution et annoncer l’intention de ce pays d’adhérer à l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.
La Première Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 11 octobre, à 15 heures.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR TOUTES LES QUESTIONS AINSI QUE L’INTRODUCTION ET L’EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS 85 À 105 DE L’ORDRE DU JOUR
Déclarations
M. JOHN FREEMAN (Royaume-Uni), au nom de l’Union européenne, a réaffirmé l’appui de l’Union à un régime de non-prolifération soutenu par un système de garanties solide et le TNP. L’Union considère que ce traité est le principal instrument du régime et est fondé sur trois piliers, la non-prolifération, le désarmement et les utilisations pacifiques. L’Union continuera à défendre l’intégrité du Traité. Elle regrette les occasions manquées à la Conférence du désarmement. Dans sa stratégie contre la prolifération, l’Union fonde son action sur les mécanismes multilatéraux. L’Union soutient les décisions prises aux conférences d’examen du TNP qui se sont tenues en 1995 et en 2000. Elle estime que le système de garanties de l’AIEA est essentiel pour la vérification du régime global de non-prolifération, et rappelle que la production de matières nucléaires ainsi que les technologies dans ce domaine doivent être observées de près, en raison de leur nature duale. L’Union reconnaît le droit inaliénable des parties au TNP à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Le programme nucléaire iranien est très préoccupant pour l’UE, qui travaille à trouver un accord. Le bon équilibre entre les obligations et les droits est essentiel. L’Iran doit répondre à nos inquiétudes. Si l’Iran donne des garanties qu’il ne cherche pas à se doter de capacités militaires, des négociations pourront reprendre. L’UE considère aussi que les programmes de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) sont une grave violation de ses engagements par rapport au TNP. L’UE attend une application rapide des engagements pris à Beijing et la mise en place d’arrangements de vérification efficaces. Les implications du retrait du TNP pour la paix internationale sont telles qu’il serait souhaitable que la RPDC revienne sur cette décision. L’UE s’est engagée à des contrôles à l’exportation et invite le comité Zangger à veiller à leur application. Il est nécessaire de coopérer sur le trafic illicite des matériaux nucléaires et connexes, l’UE est prête à des partages d’expérience. La ratification des amendements à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires est souhaitable. L’Union est pour une réduction générale des stocks, qui soit irréversible, surtout ceux des plus grands arsenaux. La transparence sera une mesure de confiance à l’appui, il est nécessaire de sortir de l’impasse et l’UE se félicite des nouvelles idées présentées à cette fin. L’UE approuve la mise au point d’un traité non discriminatoire sur l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armements, sans conditions. L’UE invite tous les États à déclarer un moratoire sur la production des matières fissiles.
M. ZHANG YAN (Chine) a déclaré que la Chine, en tant qu’État nucléaire, a toujours assumé ses obligations internationales en matière de désarmement nucléaire. Les États nucléaires ont des responsabilités particulières. Il est dépassé de penser en termes de guerre froide. La Chine honorera toutes ses obligations au titre du TNP et s’engage à promouvoir les trois objectifs du Traité. La Chine est favorable depuis le premier jour à l’interdiction totale des armes nucléaires. Elle s’est engagée à ne pas utiliser ces armes en premier, pendant et après la guerre froide. Cette politique ne changera pas. La Chine veut promouvoir plus avant le désarmement. Un instrument juridique doit être conclu rapidement, interdisant totalement les armes atomiques et prévoyant leur destruction. La Chine est pour un processus juste et raisonnable de réduction graduelle tendant vers un équilibre à la baisse. En la matière, une responsabilité particulière incombe aux deux puissances dotées des plus importants arsenaux nucléaires. Elles devraient se conformer aux traités déjà conclus et réduire leurs arsenaux de manière vérifiable et irréversible. Les États dotés de l’arme nucléaire devraient abandonner leurs doctrines de dissuasion. Ils doivent s’engager comme la Chine à ne pas utiliser ces armes en premier contre des zones dénucléarisées. Les mesures doivent respecter l’équilibre stratégique mondial, pour assurer le maintien de la sécurité pour tous.
La Conférence de Genève doit avancer. La prolifération des armes de destruction massive est une menace grave, leur démantèlement est urgent. Il faut une approche intégrée qui s’attaque à la fois aux causes et aux symptômes. La mise en place d’un environnement favorable, et le respect des intérêts de sécurité des uns et des autres élimineraient les motifs de la prolifération. Les problèmes doivent être réglés dans le cadre du droit existant. Le régime existant doit être renforcé à la lumière des développements technologiques mondiaux. Il faut garantir un système juste, raisonnable et non discriminatoire. La Chine est vigoureusement opposée à la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Elle s’acquitte rigoureusement de ses obligations et soutient les efforts des parties concernées en vue d’un règlement approprié des questions nucléaires dans la péninsule coréenne et en Iran. Sa participation est active au sein du Comité de la résolution 1540. Un séminaire est en préparation sur ces questions, la Chine en discute avec l’ONU. La maîtrise des exportations est importante, nous contrôlons nos exportations selon les normes internationales. Nous avons rejoint le groupe des fournisseurs nucléaires et souhaitons rejoindre le groupe sur les techniques missilières. La Chine n’épargnera aucun effort pour atteindre une paix durable.
M. YOSHIKI MINE (Japon) a estimé que tous les États, nucléaires et non nucléaires, devaient s’acquitter intégralement des obligations qui leur incombent en vertu du TNP. Les puissances nucléaires devaient prendre au sérieux l’engagement de la quasi-totalité des autres pays de renoncer à l’option de l’armement nucléaire dans le cadre du régime du TNP. Par ailleurs, les efforts de ces puissances pour réduire leurs arsenaux nucléaires devraient être appréciés. Le Japon, a ajouté M. Mine, souligne l’importance du Traité sur la réduction des armements stratégiques offensifs (SORT), un instrument qui devrait conduire à de nouvelles réductions des têtes nucléaires russes et américaines. Le Japon encourage la Fédération de Russie et les États-Unis à suivre cette voie, reconnaissant SORT non pas comme une fin en soi mais comme une base à partir de laquelle bâtir l’avenir. Le Japon appelle les puissances nucléaires à prendre des mesures franches de désarmement nucléaire qui tiennent compte des principes d’irréversibilité, de vérifiabilité et de transparence en vue de parvenir à une élimination totale. Les États qui ne sont toujours pas parties au TNP et qui développent des programmes nucléaires à risque sous-entendent qu’il y des bénéfices à demeurer en dehors du régime de non-prolifération, a déploré le représentant. C’est pourquoi, le Japon réitère ses appels à l’universalisation du TNP.
Pour le Japon, il importe au plus haut point de régler la question nucléaire en République populaire démocratique de Corée par la voie pacifique. Selon lui, il est important que les participants aux Pourparlers à Six mettent rapidement en œuvre l’accord auquel ils sont parvenus à Beijing. Le Japon fera tout son possible pour la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est et pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, et ce en privilégiant le dialogue entre toutes les parties concernées. Il apprécie le rôle de coordination joué par la Chine lors de la dernière série de pourparlers.
S’agissant du dossier iranien, M. Mine a exhorté la République islamique d’Iran de répondre à la résolution de l’Agence internationale de l’énergie atomique en suspendant son programme d’uranium enrichi et de retourner à la table des négociations prévues par l’Accord de Paris. Poursuivant, il a jugé que le moratoire sur les essais nucléaires devait être respecté tant que le TICE n’est pas entré en vigueur. Par ailleurs, les négociations sur le Traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles doivent débuter sans délai, un tel traité devant à terme contribuer à la prévention de la prolifération nucléaire à l’échelle globale. À cet égard, a précisé M. Mine, le Japon salue l’annonce des États-Unis d’appuyer le lancement des négociations sur le traité. Cependant, en l’étant, il convient de décider de la mise en place d’un moratoire de l’ensemble des États membres sur la production des missiles fissiles.
M. Mine en outre annoncé que son pays allait présenter un projet de résolution sur le désarmement nucléaire. Le Japon, seul pays à avoir souffert de la bombe atomique, a soumis chaque année depuis 1994 des projets de résolution sur cette question, a-t-il rappelé.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a réaffirmé la nécessité pour que la Conférence du désarmement reprenne ses travaux et délibérations. La conclusion de la Cour internationale de Justice est claire, qui fait obligation à la communauté internationale de mener en bonne foi des négociations devant conduire au désarmement nucléaire sous un strict contrôle international. À cette fin, nous devons convenir d’un programme de travail en vue de la session de fond de la Conférence du désarmement, a ajouté le représentant. Il a continué en regrettant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur. La mise en œuvre du Traité constituerait une avancée essentielle sur la voie de désarmement nucléaire complet et de la non-prolifération. M. Chowdhury a estimé que les États nucléaires devaient cesser de développer de nouveaux types d’armes atomiques et réduire leurs stocks de têtes nucléaires. Il a à cet égard condamné la logique voulant que si la possession d’armes nucléaires accroît le sentiment de sécurité, de plus en plus de pays vont vouloir posséder de tels arsenaux. L’intervenant a par ailleurs jugé que le désarmement régional pouvait jouer un rôle significatif aux fins de désarmement général et complet. C’est pourquoi, a-t-il dit, le Bangladesh salue les zones exemptes d’armes nucléaires existantes et appelle à la création de telles zones en Asie du Sud, au Moyen-Orient et partout ailleurs dans le monde.
M. MASOUD KHAN (Pakistan) a estimé qu’il fallait partir de la réalité d’aujourd’hui. Les mécanismes coercitifs ou ceux appliqués de façon discriminatoire témoignent de l’affaiblissement du système, a jugé l’orateur. Et l’érosion du consensus en la matière crée un vide dangereux. Il a rappelé que le Président Musharaff avait avancé une proposition en 11 points sur lesquels pourrait se faire le consensus. Il souhaite aboutir à un consensus avec tous les États membres, et pas seulement quelques-uns. Il s’agit notamment de: parvenir à une sécurité égale pour tous les États, dans le cadre multilatéral; comprendre les motifs sous-jacents qui poussent des États vers les armes nucléaires, que ce soit la menace d’armes supérieures, ou la comparaison avec des États plus puissants, dotés d’armes conventionnelles ou nucléaires. La prolifération peut être endiguée seulement par la destruction des armes de destruction massive, a estimé M. Khan. Cela implique de prendre en compte aussi les évolutions de ces armes. La Conférence du désarmement ou la Commission sont les forums adéquats pour traiter de ces questions. Le Pakistan a proposé des consultations officieuses à la Commission du désarment pour avancer. Si les pays tiennent à acquérir un potentiel nucléaire civil, cela doit se faire dans des conditions bien arrêtées. Si un traité est adopté sur la production de matières fissiles, que sera le régime de vérification? La réalité nucléaire, ce sont huit États dotés, de ces armes et non pas cinq.
M. PAUL MEYER (Canada) a indiqué que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) devait être ratifié, dans la mesure du possible, par les États constitutifs de régions de sorte de répondre aux objectifs communs des pays des régions troublées notamment. Il a noté que le régime de non-prolifération gagnerait à ce que les négociations sur le traité relatif à l'arrêt de la production de matières reprennent rapidement. Il s’agit d’une priorité en vue de parvenir au noble objectif de désarmement complet et irréversible. Le représentant a de nouveau déploré l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement qui, parce qu’elle n’a pas pu depuis plusieurs sessions à convenir d’un programme de travail, ne peut s’acquitter de son mandat. Nous continuons d’inviter les membres de la Conférence à faire preuve de souplesse afin de sortir au plus vite de cette impasse.
L’intervenant a demandé instamment aux Puissances nucléaires de démanteler leurs arsenaux dans la plus grande transparence, conformément aux accords internationaux en la matière. Si le TNP a connu son échec le plus retentissant lors de la dernière Conférence d’examen, il convient cependant d’encourager plus que jamais tous les États à y adhérer. La République islamique d’Iran en tant que partie, doit, dans ce contexte, se remettre en conformité avec le TNP en suspendant ses activités d’enrichissement d’uranium. De son côté, ajouté M. Meyer, la République populaire démocratique de Corée, doit s’engager, aux côtés des autres participants aux pourparlers de s’engager dans une série nouvelle de négociations en vue de réaliser rapidement la dénucléarisation de la péninsule coréenne. En conclusion, le représentant s’est félicité de l’attribution du prix Nobel de la paix à l’AIEA et à son directeur, le Docteur ElBaradei.
M. COSTEA (Roumanie) a indiqué qu’à l’instar d’autres États Membres, son pays regrette l’échec des efforts pour parvenir à un consensus sur les mesures à prendre pour contrer les menaces à la paix et à la sécurité. La Roumanie a rejoint l’initiative de la Norvège. Les mécanismes existants doivent être renforcés. La Roumanie est attachée à l’Initiative de sécurité contre la prolifération (PSI), et se félicite de l’ouverture à la signature de la Convention sur la répression des actes de terrorisme nucléaire. L’intervenant a salué les réductions des stocks d’armes stratégiques de la Fédération de Russie et des États-Unis. Mon pays a toujours été pour un processus graduel. Le plus urgent, c’est la relance de la Conférence du désarmement et l’élaboration d’un traité sur les matières fissiles. Nous invitons les États à observer un moratoire sur la production de ces matières.
M. DUNCAN MUHUMUZA (Ouganda) a déclaré que l’élimination totale des armes nucléaires était d’autant plus indispensable et urgente que le risque de voir des terroristes mettre la main sur ces arsenaux grandissait chaque jour. Il tombe sous le sens que la destruction des armes atomiques est le gage de prévention le plus sûr pour empêcher qu’un tel scénario catastrophe ne se produise. Le représentant a déploré le fait que la Côte de la Somalie soit devenue une véritable déchetterie nucléaire. Les États responsables de cette pollution devront répondre un jour de leurs actes. Cette déchetterie nucléaire, a encore dit l’intervenant, pourrait devenir une réserve d’armes pour les terroristes désireux de recycler ces stocks toxiques à des fins de destruction à grande échelle. Pour M. Muhumuza, dans un tel contexte pesant, la Conférence du désarmement doit reprendre ses travaux, ses membres ayant déjà perdu suffisamment de temps sur des questions de pure forme. À partir de ce revers temporaire, il nous faut rebondir avec une détermination renouvelée, car l’on sait trop le lien existant entre désarmement et développement.
M. CRAIGH MACLACHLAN (Australie) déclaré que son pays regrette le blocage du TNP. Il appuie une application universelle du système de garanties de l’AIEA et de son Protocole additionnel. Ce sera une condition de l’approvisionnement en uranium australien pour les États. Concernant la possibilité prévue au TNP que les États qui ont renoncé au nucléaire militaire s’approvisionnent librement en combustible nucléaire, le représentant a estimé qu’il faudrait un cadre nouveau pour limiter la propagation de technologies sensibles, avec des contrôles renforcés. L’Australie continue de demander le début de négociations sur les matières fissiles, ce qui empêcherait des fuites vers les terroristes. Les mesures contre la prolifération ne doivent pas être prises en otage par les autres questions du TNP, quelle que puisse être leur importance, a estimé M. MacLachlan. Il a réclamé des garanties permanentes de non-prolifération.
M. ROGELIO PFIRTER, Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), a déclaré que depuis son intervention l’année dernière, l’Organisation avait enregistré des progrès significatifs. Toutefois, a-t-il ajouté, des obstacles demeurent sur la voie de l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques et les retards freinent la mise en œuvre des mesures d’élimination au niveau national. M. Pfirter a noté que, à ce jour, le nombre d’États parties à la Convention était de 174, ce qui indique que cet instrument est le traité de désarmement qui se renforce le plus vite. L’intervenant a ensuite évoqué le cas particulier des deux États possesseurs d’armes chimiques les plus importants, la Fédération de Russie et les États-Unis. Pour le premier, sur le site de Gorny il a été effectué la destruction 1 000 tonnes de ces armes. Le représentant a fait savoir en outre qu’il avait reçu des autorités russes les garanties de leur détermination à accélérer le rythme d’élimination des stocks d’arme restants, et ce dans l’optique de parvenir, comme convenu, à l’élimination complète d’ici 2012. Les États-Unis, pour leur part, ont procédé à ce jour à la destruction de 32% de leurs stocks, ce qui constitue une marque de volonté politique forte crédibilisant l’action entreprise dans le cadre de la Convention.
L’intervenant a poursuivi en notant que la Libye avait transformé ses anciennes installations de production d’armes chimiques en des installations utilisées à des fins de production de vaccins et médicaments à destination du continent africain. L’OIAC voit là un exemple parlant d’effort de paix dont les répercussions positives vont bénéficier à l’ensemble des pays africains. L’Inde, a ajouté M. Pfirter, s’efforce de mener son programme d’élimination et se trouve aujourd’hui en avance sur les délais impartis. Nous travaillons actuellement à compléter avec les autorités de ce pays les moyens requis pour lancer la phase suivante de destruction.
L’intervenant s’est par ailleurs félicité de ce que la Convention continuait de recevoir des gages d’appui politique et financier, ce qui devrait nous permettre de poursuivre plus avant l’élimination elle-même des armes chimiques mais aussi de juguler le risque de prolifération, en particulier dans le contexte actuel marqué par la menace terroriste, a-t-il précisé. Dans ce cadre, le soutien des États Membres et de l’industrie chimique est indispensable pour la bonne conduite de nos activités de non-prolifération. En effet, à la différence des armes biologiques et atomiques, la fabrication des armes chimiques et peu coûteuse et techniquement peu compliquée.
Au plan national, l’intervenant a expliqué que, au cours des deux dernières années, plus de 100 parties à la Convention avaient reçu du Secrétariat technique et de plusieurs États membres l’appui nécessaire afin de les doter de capacités techniques autonomes. Les activités entreprises par les États dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité encouragent également la poursuite résolue des efforts de la Convention.
L’intervenant a en outre plaidé pour une promotion efficace des réseaux de développement régionaux en vue de consolider les installations de protection nationales et de d’accélérer l’universalité de la Convention dans toutes les régions du monde. Toujours au plan de l’universalisation de la Convention, M. Pfirter a indiqué que le fait que le Moyen-Orient et la péninsule coréenne n’aient toujours pas adhéré à la Convention était une source d’inquiétude constante. Il s’est félicité de ce que le Gouvernement de l’Iraq ait annoncé son intention d’adhérer à la Convention. Nous attendons avec impatience de coopérer pleinement avec les autorités de ce pays, dont certains officiels ont suivi une formation sur le fonctionnement de la Convention.
Pour M. Pfirter, la Convention est le bien de tous, tous les pays du monde étant concernés. Il ne s’agit pas d’un traité qui serait la propriété de quelques-uns, nommément ceux possédant des armes chimiques ou les capacités pour en produire. À travers ses activités de vérification, l’intensification de ses efforts pour renforcer la mise en œuvre des programmes nationaux et internationaux de coopération et d’assistance, l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques contribue de manière crédible et tangible à la paix et à la sécurité internationales, a conclu M. Pfirter.
La représentante de l’Afrique du Sud a présenté la résolution intitulée « Vers un monde exempte d’armes nucléaires ». Dans ce texte, nous disons que le désarmement nucléaire et le régime de non-prolifération doivent répondre aux défis actuels, en particulier dans un contexte international où l’utilisation d’armes nucléaires redevient possible. Les termes de la résolution coïncident avec le soixantième anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Ils tiennent également compte des résultats de la dernière Conférence d’examen du TNP et du récent Sommet mondial. Ce projet de résolution se concentre sur l’essentiel, à savoir que des progrès, un élan nouveau dans le domaine désarmement et non-prolifération sont à souhaiter. Il y est réaffirmé l’importance du TNP et la nécessité impérieuse de parvenir à son universalité. Ce projet de résolution affirme aussi l’importance de mettre en œuvre les engagements pris, notamment lors des Conférences d’examen de 1995 et de 2000 du TNP. Enfin, a ajouté la représentante, ce texte réaffirme notre foi dans le fait non-prolifération et désarmement nucléaires sont des processus qui se renforcent mutuellement.
M. GHALIB AL-ANBAKI (Iraq) a indiqué que son pays allait adhérer à l’OIAC et fait d’ores et déjà le nécessaire pour que ses techniciens soient prêts. Le représentant a rappelé que l’Iraq respectait les accords de non-prolifération et comptait se joindre à l’organisation. Nous avons participé en 2004 à la rencontre régionale pour l’Asie à Beijing, a-t-il précisé, puis comme observateur à la conférence de l’OIAC à La Haye. Des experts iraquiens sont aussi allés au séminaire organisé en juin 2005 à Chypre. Nous étions aussi à l’atelier de La Haye du 6 au 8 juillet 2005, et nous irons en Jordanie au prochain atelier. En vue de l’adhésion à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, un comité spécial étudie les mesures qui seront nécessaires pour adapter l’appareil législatif.
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