AG/DSI/3297

LES ZONES EXEMPTES D’ARMES NUCLÉAIRES AU SERVICE DU RÉGIME DE NON-PROLIFÉRATION ET DE DÉSARMEMENT NUCLEAIRES

05/10/2005
Assemblée généraleAG/DSI/3297
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

5eséance – matin


LES ZONES EXEMPTES D’ARMES NUCLÉAIRES AU SERVICE DU RÉGIME DE NON-PROLIFÉRATION ET DE DÉSARMEMENT NUCLEAIRES


Les petites armes, les mines terrestres, les dépenses militaires sont à la fois des problèmes humanitaires, de sécurité et de développement


Les zones exemptes d’armes nucléaires sont utiles en vue de réaliser l’objectif commun de désarmement nucléaire complet.  Cette vue de M. Baatar Choisuren, représentant de la Mongolie, a été partagée au cours des débats de ce matin par MM. Alisher Vohidov et Masood Khan, des délégations de l’Ouzbékistan et du Pakistan.  Pour ces pays, l’établissement de telles zones est nécessaire pour renforcer le régime de non-prolifération, garantir la paix et la stabilité des régions, contribuer donc à l’effort général de désarmement nucléaire et permettre aux pays concernés d’exercer leur droit à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.


Pour la Mongolie, la première Conférence des États parties des zones exemptes tenue à Mexico en avril dernier, a été l’occasion de consolider le statut des zones existantes et de promouvoir plus avant la création de zones nouvelles.  Le représentant de la Mongolie, État « exempt d’armes nucléaires » depuis 1992, a plaidé pour que l’utilisation pacifique de ladite énergie par les États non nucléaires ayant souscrit aux obligations du Traité de non-prolifération (TNP), puisse s’effectuer sous la stricte autorité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  « À cette fin, a-t-il dit, nous souhaitons que le Protocole additionnel de l’Agence devienne rapidement universel. » 


De son côté, l’Ouzbékistan a jugé que l’établissement en cours d’une zone de ce type en Asie centrale, par un traité dont l’élaboration a bénéficié de la participation de l’AIEA, impliquait de la part des pays de la région qu’ils donnent des garanties de non-prolifération et qu’ils trouvent ensemble des solutions aux nombreux problèmes écologiques hérités des activités nucléaires passées. 


Pour sa part, le représentant du Pakistan, à l’instar de plusieurs délégations, a jugé que, si tous les pays doivent respecter leurs obligations au titre des traités et conventions internationaux, chacun a également le droit de développer ses capacités technologiques à des fins pacifiques.  « Dans ce contexte, le Pakistan est opposé à l’usage de la force qui n’aboutirait qu’à déstabiliser davantage des régions déjà troublées. »  Il a par ailleurs fait savoir que le Pakistan et l’Inde avaient récemment réitéré leur engagement à assurer un règlement pacifique de toutes les questions en suspens portant sur le différend du Jammu-et-Cachemire.  M. Khan a fait savoir que les deux pays avaient signé un accord sur les tests de missiles balistiques et décidé de maintenir le moratoire sur les essais nucléaires et de ne pas acquérir ou déployer de système antibalistique. 


De nombreuses délégations ont d’autre part consacré leurs commentaires aux activités entreprises pour arrêter la circulation illicite des armes légères et débarrasser leur territoire des mines terrestres.  Les représentants du Sri Lanka, du Mozambique, du Togo et de la Mongolie ont ainsi rappelé que les armes légères et de petit calibre font des ravages, entretiennent l’insécurité et constituent un frein réel au développement.  C’est pourquoi ces pays ont salué la finalisation de l’instrument traitant du marquage et du traçage de ces armes.  Le Mozambique a fait savoir que la Commission établie dans le pays pour contrer le fléau de ces armes a besoin d’une assistance financière pour être pleinement opérationnelle.


Sri Lanka a présenté son programme global visant à déminer l’intégralité de son territoire.  En Libye, a affirmé le représentant de ce pays, des milliers de mines ont tué ou blessé des centaines de citoyens innocents et ont fait obstacle au développement de vastes régions.


Les pays suivants ont pris la parole: Jamahiriya arabe libyenne, Ouzbékistan, Trinité-et-Tobago, Bélarus, Australie, Sri Lanka, Indonésie, Pakistan, Mongolie, Fidji, Brésil, Mozambique, Togo et Nouvelle-Zélande.


La Première Commission poursuivra son débat général demain jeudi 6 octobre à 10 heures.



DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Déclarations


M. AMHED A. OWN (Jamahiriya arabe libyenne) a réaffirmé sa confiance dans la coopération de tous les peuples, et rappelé que la Libye avait décidé de son plein gré d’éliminer toutes les armes illicites qu’elle aurait pu produire.  Cette position va dans le sens de la paix et de la sécurité régionale, et il serait souhaitable que les pays de la région du Moyen-Orient, sans exception, prennent le même chemin.  Son pays demande à la communauté internationale et aux parties concernées de fournir les garanties nécessaires contre toute menace d’utilisation d’armes de destruction massive.  L’intervenant a demandé à tous de faire profiter son pays des retombées positives en matière de sciences et médecine de la technologie nucléaire civile.


Rappelant que le danger des armements demeure bien réel avec les milliers d’armes nucléaires en alerte maximale dans le monde, il a regretté qu’aucun progrès tangible n’ait eu lieu dans le domaine du désarmement nucléaire.  Les États non dotés d’armes nucléaires se sont engagés à ne pas chercher à en acquérir, en contrepartie de la promesse des États nucléaires de s’acquitter de bonne foi de leurs engagements.  La Libye est pour un traité non discriminatoire et vérifiable mutuellement.  Le représentant a redit sa foi dans les mécanismes de désarmement multilatéral et notamment dans la création de zones exemptes d’armes nucléaires qui ont un effet positif sur la sécurité internationale.  Au Moyen-Orient, la possession par Israël d’installations nucléaires et de centaines d’ogives nucléaires représente une menace grave pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient et au-delà en Asie.  Les États nucléaires sont tenus de prendre la mesure de leur entière responsabilité et d’exercer toutes les pressions nécessaires sur Israël pour l’obliger à se joindre au TNP et aux autres traités pertinents, et pour qu’Israël s’engage dans le système de garanties de l’AIEA.  C’est nécessaire si la communauté internationale veut combattre le terrorisme sous toutes ses formes, y compris nucléaire.


Des milliers de mines sur notre territoire ont tué ou blessé, laissant de nombreuses personnes handicapées parmi les civils innocents et empêché le développement de vastes régions.  Les pays qui ont posé ces mines doivent s’acquitter de leurs responsabilités en compensant les familles des victimes pour les dégâts subis, en apportant des compensations pour les pertes économiques sur ces terrains perdus, et fournir au plus vite toutes les cartes nécessaires aux activités de déminage.  La Libye souhaite faire du bassin méditerranéen une zone de paix, ce qui suppose de démanteler les bases étrangères et le respect de la souveraineté de chacun des pays qui la compose, sans menace de sanction.  La Libye rappelle qu’elle est opposée au terrorisme, y compris celui perpétré par des États.  Il faut prendre en compte toutes ses causes, y compris l’occupation étrangère, et tout ce qu’elle entraîne, a souligné l’orateur, ainsi que l’injustice politique et économique.  La Libye réaffirme le droit des peuples à combattre l’occupation étrangère.


M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a déclaré que, cette année, la communauté internationale s’était montrée incapable de saisir l’occasion qui lui a été offerte de réduire dramatiquement le rôle des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité.  Cela même, a ajouté le représentant, alors que les États Membres condamnent unanimement toutes les armes de destruction massive.  Nous avons également échoué à nous engager plus avant dans une réflexion de fond sur les origines, les causes de la prolifération des ADM.  Dans ce contexte, le représentant a estimé que la paix et la stabilité continuaient de dépendre de l’application scrupuleuse des engagements pris au titre des accords internationaux de désarmement.  Notre pays est préoccupé de voir s’élargir le marché noir des matières nucléaires, a-t-il dit.  Les groupes terroristes ne cachent pas leur intention de s’approprier ces équipements, ce qui fait redouter que le pire des scénarios ne devienne réalité.  Face à ces menaces, nous appelons à l’entrée en vigueur rapide de la Convention pour la répression du terrorisme nucléaire, et, dans le même temps, nous souhaitons qu’un système de garanties transparent soit mis en place. 


M. Vohidov a ensuite évoqué la création de zones exemptes d’armes nucléaires, un élément déterminant, à ses yeux, pour renforcer efficacement la sécurité collective à l’échelle régionale et lutter contre la montée du risque nucléaire.  La création d’une telle zone en Asie centrale implique de la part des États concernés que ceux-ci donnent des garanties de non-prolifération et qu’ils trouvent ensemble des solutions aux nombreux problèmes écologiques légués par les activités nucléaires passées.  D’autre part, en contrepartie, ces États doivent être en mesure d’exercer leur droit à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Pour le représentant, les zones exemptes d’armes nucléaires contribuent à renforcer le régime global de non-prolifération et, ce faisant, le TNP.  Il a tenu, à cet égard, à saluer la participation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à l’élaboration du texte du traité sur la zone d’Asie centrale.


M. PHILIP SEALY (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a d’abord reconnu que l’Assemblée générale a joué un rôle déterminant en enjoignant les États Membres à devenir parties à de multiples traités multilatéraux, tels que le Traité interdisant les essais nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace extra-atmosphérique et sous l’eau, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, et les Traités portant création de zones exemptes d’armes nucléaires.  Toutefois, au vu du danger posé par les armes de destruction massive et la menace d’actes de terrorisme radiologique ou nucléaire, il a rappelé la satisfaction exprimée par les États du CARICOM face à l’adoption récente de la Convention pour la prévention et la répression des actes de terrorisme, qui comble une lacune importante dans le dispositif de lutte contre le terrorisme international.


Il a déploré l’échec de la Conférence d’examen du TNP tenue en mai 2005 ainsi que le caractère timide des références sur le désarmement et la sécurité internationale contenues dans le Document final du Sommet mondial de 2005.  Il a recommandé une réduction draconienne des dépenses militaires qui ont avoisiné d’un billion de dollars en 2004, alors que des milliards de personnes survivent avec moins d’un dollar par jour, un arrêt du transport par voie maritime de déchets radioactifs, particulièrement dans la région des voies navigables des Caraïbes, la mise en place d’un régime de responsabilité et d’indemnisation pour les dommages liés au transport par mer de substances nocives et potentiellement dangereuses, la suppression du trafic illicite des armes légères et de petit calibre associée à l’établissement d’un instrument juridiquement contraignant permettant leur identification et leur traçage.  Enfin, il a exprimé l’espoir que le mécanisme de désarmement multilatéral des Nations Unies échapperait aux intérêts partisans de certains et que le processus de négociation serait marqué par un esprit de souplesse.


M. EVGENY YUSHKEVICH (Bélarus) a déclaré que le système de garanties de l’Agence de l’énergie atomique était mis à l’épreuve, et que les tendances négatives perçues dans le débat sur le désarmement sont désormais confirmées.  Il n’y a notamment pas de consensus sur le désarmement nucléaire.  Le Bélarus souhaiterait voir renforcer le rôle de l’AIEA, et il a décidé de signer le Protocole additionnel sur les garanties de l’Agence.  Conscient du risque que présente le nucléaire dans les mains des terroristes, le Bélarus a signé la nouvelle convention sur le terrorisme nucléaire; il juge important de lancer rapidement à la Conférence les négociations sur un traité concernant la production des matières fissiles.  Le Bélarus propose un projet de résolution sur l’interdiction de la production de nouveaux types et de nouveaux systèmes de destruction massive et demande le soutien des autres pays.


La seule solution envisageable pour le désarmement est multilatérale, a estimé M. Yushkevich.  Le Bélarus accorde une grande importance à la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes de petit calibre et se félicite que le document de nature politique, concernant le marquage ait été finalisé et soit soumis pour adoption.  Le Bélarus est d’accord sur la nécessité d’éliminer les mines antipersonnel et remercie les organisations qui l’aident à détruire ses stocks.  Beaucoup d’États lient leurs garanties de sécurité à leur participation dans les organisations régionales, cette approche est nécessaire et importante.  Cette année, le Bélarus présidait ainsi le forum de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Une priorité de la politique étrangère du pays est de renforcer les mesures de confiance pour mettre en place une ceinture de bon voisinage et de sécurité.  Cette approche doit s’inscrire dans le processus de désarmement global.  La Première Commission reste un forum efficace, son ordre du jour est valable et elle est capable de prendre des mesures en faveur de la communauté internationale toute entière.


M. JOHN DAUTH (Australie) a regretté que la communauté internationale ait échoué à renforcer les efforts visant à lutter contre la prolifération des armes de destruction massive, et le risque afférent de voir des groupes terroristes mettre la main sur de tels arsenaux.  Pour le représentant, le processus multilatéral de désarmement ne peut se permettre de gâcher les possibilités qui lui sont données de s’attaquer aux nouvelles menaces dans le domaine de la sécurité.  Les traités en vigueur tels que le TNP et des mesures comme la résolution 1540 du Conseil de sécurité sont fondamentaux pour les normes de non-prolifération des ADM et le désarmement.  C’est en ce sens, a précisé M. Dauth, que l’Australie s’est associée à la récente initiative de la Norvège pour relancer les mécanismes de non-prolifération.  De même, l’Australie est pleinement engagée, aux côtés d’une soixantaine d’autres pays, dans l'Initiative de sécurité contre la prolifération dont l’action vise à faire échec au transport des ADM.  En qualité de président du Groupe de l'Australie, nous nous efforçons également d’assurer un contrôle efficace des utilisations licites des agents chimiques et biologiques.  Le représentant a en outre évoqué l’adoption par consensus l’année dernière d’une résolution visant à prévenir le transfert et l’utilisation illicites des systèmes portatifs de défense aérienne (Manpads).  Nous représenterons une résolution sur ce point cette année, a-t-il fait savoir.


Mme SARALA FERNANDO (Sri Lanka) a rappelé que, suite à l’adoption de la résolution 1540 (2004), le Sri Lanka avait présenté en mai dernier au Conseil de sécurité son premier rapport détaillant les mesures prises par son pays pour éviter que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains d’acteurs non étatiques.  Par ailleurs, depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu avec les rebelles, en février 2002, le Gouvernement sri-lankais a entamé un programme global de lutte antimines avec pour objectif de parvenir à déminer l’intégralité de son territoire d’ici à 2006.  Une première étape importante a été prise en septembre 2004 lorsque le Sri Lanka a adhéré à la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques et à ses protocoles.


La délégation a ensuite souligné le danger particulier que présentaient les armes légères et de petit calibre dans les zones de guerre et de conflit.  Saluant les progrès faits cette année sur l’élaboration d’un instrument pour le marquage et le traçage de ce type d’armes, le Sri Lanka a rappelé qu’il était favorable à ce que seuls les gouvernements et les organismes internationaux habilités puissent s’en procurer.  Depuis son adoption en 2001, le pays est également engagé dans la mise en œuvre nationale du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères, a poursuivi Mme Fernando.  Ainsi, en octobre 2004, la Présidente du Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga, a officiellement établi une commission chargée de faire face à la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Sa première tâche sera de lancer une étude nationale, qui devrait contribuer à l’élaboration d’un plan national d’action, a conclu la représentante.


Mme ADIYATWIDI ADIWODO ASMADI (Indonésie) a noté que la dernière Conférence d’examen du TNP était condamnée dès le début pas des dissensions et discussions sans fin.  Elle a regretté l’absence de mention du désarmement dans la Déclaration finale du dernier Sommet de l’ONU.  Il est devenu plus difficile, a noté la représentante, de persuader d’autres États de renoncer au nucléaire tant que les États nucléaires insistent pour renforcer leurs propres armements.  Cela débouche sur une grave crise de la diplomatie multilatérale sur le désarmement.  L’Indonésie a renforcé la coopération en matière de sécurité entre l’Asie et l’Afrique à l’occasion du Sommet de Jakarta, qui s’est prononcé en avril dernier en faveur du multilatéralisme et d’un rôle accru des Nations Unies.  L’Indonésie a rejoint l’initiative pragmatique de la Norvège, et de six autres pays, qui proposent des solutions pratiques pour avancer en matière de désarmement et sortir de l’impasse actuelle.  La crise d’application des obligations du TNP, couplée au refus des États nucléaires de prendre des mesures concrètes, vérifiables et irréversibles sur leurs arsenaux, amplifie la crise de confiance envers le régime de non-prolifération.  Les négociations sans condition concernant un traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles, se concentrant sur les stocks et la production future de matériels à double usage, civil ou militaire, sont très pertinentes et doivent trouver rapidement une conclusion.  De l’avis de l’intervenante, face à la croissance des arsenaux nucléaires, la seule solution  crédible est leur abolition totale.


Il convient de renforcer le rôle de l’AIEA dans l’assistance aux pays en développement, pour les aider à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il faut garantir qu’il n’y aura pas de dissémination des matières nucléaires.  Nous invitons tous les États à renforcer encore le système de garanties de l’AIEA, a dit la représentante.  Concernant les systèmes régionaux de sécurité, elle a souligné que le Traité de Bangkok établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est a fait avancer la cause du désarmement.  Tout l’hémisphère Sud est devenu une vaste zone dénucléarisée et la délégation indonésienne se félicite des progrès faits par les cinq États d Asie centrale qui viennent de se mettre d’accord sur une telle zone.  Les pourparlers avec la République populaire démocratique de Corée sont aussi encourageants pour la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est.  La représentante indonésienne s’est enfin félicitée de l’adoption d’un document international régulant le commerce et le traçage des petites armes et des armes légères, le qualifiant de progrès très important.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a estimé que pour promouvoir un véritable désarmement, il est nécessaire de réfléchir aux motivations qui conduisent les États à acquérir des armes de destruction massive.  Ces armes sont certes dangereuses, a-t-il dit, mais leur prolifération ne peut être jugulée que si, en amont, un effort de désarmement significatif est mené.  C’est pourquoi, le Pakistan est d’avis qu’une détention discriminatoire et asymétrique n’est pas le meilleur moyen de parvenir à la stabilité régionale et mondiale.  De même, a estimé l’intervenant, l’approche reposant sur les restrictions en matière d’acquisition des technologies ne nous paraît pas efficace, à moins que l’on ne s’attaque clairement aux motifs de prolifération. 


Pour M. Khan, la lutte antiterroriste et le risque de voir des groupes terroristes s’approprier des ADM ne peuvent reposer uniquement sur la coercition.  Une approche collective doit prévaloir.  Le représentant a encore estimé qu’il fallait trouver un nouveau consensus dans le domaine de la sécurité, qui prenne en considération les défis émergents aux niveaux régional et international.  Cet objectif ne pourra être atteint qu’avec la réactivation des travaux de la Conférence du désarmement et si une nouvelle session de l’Assemblée générale consacrée au désarmement est convoquée.


S’agissant du désarmement nucléaire, le Pakistan, un État détenteur de la bombe, souscrit aux objectifs du TNP.  Sans y être partie, nous respectons les normes de non-prolifération qui figurent au Traité.  Toutefois, le Pakistan ne peut adhérer à cet instrument en tant qu’État non nucléaire.  Nous observons un moratoire unilatéral sur les essais à l’avenir et, par ailleurs, nous soutenons les négociations sur un traité d’interdiction de la production des matières fissiles.  Le représentant a poursuivi en disant que, tant que le désarmement nucléaire n’était pas achevé, les États nucléaires doivent continuer de donner toutes les garanties négatives de sécurité requises aux États non dotés de l’arme nucléaire.  Nous partageons l’opinion selon laquelle les instruments juridiques en place ne permettent pas de prévenir une course à l’armement de l’espace.  C’est pourquoi, il est nécessaire de renforcer le régime existant.  À cet égard, nous soutenons la proposition de la Fédération de Russie et la Chine de relancer l’effort de prévention d'une course aux armements dans l'espace en réactivant le Comité ad hoc de la Conférence du désarmement.


Le programme stratégique du Pakistan se base sur nos besoins en sécurité, a continué M. Khan.  Nous avons ainsi acquis l’arme nucléaire dans le contexte de prolifération de l’Asie du Sud-Est.  Notre unique but est de nous protéger des risques d’agression extérieure.  Nous n’attaquerons pas ou ne menacerons pas des États non dotés de l’arme nucléaire.  D’autre part, le Pakistan, par le biais de son Autorité de la régulation nucléaire, s’assure du déroulement en toute sécurité de ses activités nucléaires civiles.  Au plan régional, le représentant a indiqué que des efforts résolus étaient mis en œuvre pour atténuer les tensions.  D’autre part, a ajouté M. Khan, nous soutenons la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Tous les États doivent respecter leurs obligations au titre des traités et conventions internationaux, mais chaque pays a également le droit de développer ses capacités technologiques à des fins pacifiques, a-t-il ajouté.  Dans ce contexte, le Pakistan est opposé à l’usage de la force qui n’aboutirait qu’à déstabiliser davantage des régions déjà troublées. 


Le représentant a encore précisé que, en Asie du Sud, son pays et l’Inde cherchaient à promouvoir un régime de restriction stratégique nucléaire.  Depuis 2003, nous avons mené un dialogue basé sur la confiance avec l’Inde.  Le Président Musharraf et le Premier Ministre indien Manmohan Singh, lors de la réunion qui s’est tenue à New York le 14 septembre dernier, ont réitéré leur engagement à garantir un règlement pacifique de toutes les questions en suspens portant sur le différend du Jammu-et-Cachemire.  M. Khan a fait savoir que les deux pays ont, le 3 octobre, signé un accord sur les tests de missiles balistiques et que, dans le cadre de stratégie commune de restriction, il avait été réitéré, notamment, la nécessité de maintenir le moratoire sur les essais nucléaires et de ne pas acquérir ou déployer de système antibalistique.  Pour le représentant, la communauté internationale a intérêt à ce que la stabilité dans la région soit assurée et que la course à l’armement y soit la plus réduite possible. 


M. BAATAR CHOISUREN (Mongolie) a jugé que, pour dépasser l’impasse dans laquelle se trouve le régime de non-prolifération et de désarmement, il convenait de donner au désarmement et aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire toute la priorité que requièrent ces questions.  Dans ce cadre, le TNP doit recevoir de la part des puissances nucléaires toutes les garanties de réduction, sans équivoque, de leurs arsenaux, conformément aux engagements pris en la matière.  Le principe d’irréversibilité doit ici prévaloir.  C’est pourquoi, a poursuivi le représentant, les zones exemptes d’armes nucléaires sont utiles en vue de réaliser l’objectif commun de désarmement nucléaire complet.  En ce sens, nous saluons la tenue en avril dernier de la première Conférence des États parties des zones exemptes d’armes nucléaires de Mexico.  Cette conférence a été l’occasion de contribuer à la consolidation des zones existantes et de promouvoir l’établissement de zones nouvelles.  La Mongolie a également vu son statut renforcé, son rôle de contributeur ayant été reconnu dans la Déclaration de Tlatelolco.  Nous soulignons le droit inaliénable des États non nucléaires ayant souscrit pleinement aux obligations du TNP de pouvoir bénéficier des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, et ce sous le contrôle strict de l’autorité de l’AIEA.  À cette fin, nous souhaitons que le Protocole additionnel de l’Agence devienne rapidement universel.  Le représentant a par ailleurs émis le souhait que, en attendant l’entrée en vigueur du TICE, le moratoire sur les essais continue d’être observé.  Le système de vérification du TICE doit en outre pouvoir être utilisé à des fins civiles par les pays et nous sommes d’avis que les négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles doivent reprendre sans délais.  Poursuivant, M. Choisuren a indiqué que son pays dénonçait l’utilisation, la production, le stockage et le transfert de tous les types de mines terrestres antipersonnel.  Le programme d’action de notre gouvernement en la matière fixe comme objectif prioritaire aux États d’accéder à la Convention d’Ottawa et de fournir des informations sur le nombre et les types de mines terrestres stockés.     


M. ISIKIA SAVUA (Fidji) s’est félicité des liens faits désormais entre les questions de paix, de sécurité, de gouvernance et de développement.  Dans les pays en développement, un gros budget militaire grève le développement, en détournant des ressources qui auraient mieux servi à construire des infrastructures dont les populations ont besoin localement.  C’est particulièrement vrai dans une période ou des choix sont nécessaires alors que les moyens sont limités.  Il faut trouver le bon équilibre entre les dépenses de sécurité et les autres besoins de la société.  Le Sommet international de Madrid sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité a rappelé les Objectifs du Millénaire en les présentant comme une stratégie efficace aussi pour la sécurité.  C’est à la racine qu’il faut s’attaquer aux problèmes de terrorisme, notamment par des politiques économiques et sociales, notamment à travers l’aide au développement et l’assistance étrangère.


Fidji a accueilli un atelier régional de l’ONU sur les petites armes et les armes légères dans le Pacifique Sud.  Cela s’inscrivait dans la suite d’un programme mené avec le Forum des îles du Pacifique sur les approches régionales notamment du contrôle des armes, avec l’aide financière du Japon, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.  Le trafic illicite des petites armes et leur fabrication est un souci grave pour la région.  Nous avons besoin d’aide pour renforcer notre capacité de contrôle des frontières et améliorer nos méthodes de travail en la matière.


La poursuite du travail du centre régional pour la paix et le désarmement de l’ONU dans l’Asie/Pacifique est importante pour Fidji.  Le Centre a fait des progrès dans son approche des questions de sécurité et désarmement.  Fidji met l’accent sur les efforts régionaux, tant dans le Pacifique que dans le reste du monde.  Les questions de sécurité collective, les zones exemptes d’armes nucléaires, le transport par bateau des matériaux radioactifs et la coordination des législations de contrôle des armes relèvent aussi de l’échelon régional.  Fidji rappelle aussi qu’il a subi dans la chair de ses marins les conséquences des explosions nucléaires, en 1950 à la hauteur de l’île Christmas. Ces souffrances n’ont pas donné lieu à des compensations convenables jusqu’ici.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a affirmé que son pays fait de la poursuite du désarmement sa priorité fondamentale, compte tenu du risque de la prolifération nucléaire.  Pourtant, il ne veut pas non plus négliger l'importance de réduire et démanteler les arsenaux d'armes nucléaires existants.  Il faut donc travailler sans relâche au désarmement et en faveur de la non-prolifération.  En tant que pays fondateur du Traité de Tlatelolco, le Brésil a salué la célébration de la Conférence des États parties des zones exemptes d'armes nucléaires.  Il va soumettre avec la Nouvelle-Zélande un projet de résolution visant à libérer entièrement l'hémisphère Sud de ce type d’armes.  Lors de la Conférence d'examen du TNP, le Brésil a cherché à travailler sur les trois piliers du traité, le désarmement nucléaire, la non-prolifération et le droit de disposer de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Ces trois piliers vont dans le sens du but ultime, libérer le monde des armes atomiques. Cependant, aucun accord n'a pu être trouvé, comme en atteste le Document final.  Néanmoins, il conviendra lors de la prochaine conférence d’examen, et lors du processus préparatoire, qui commence en 2007, de reprendre complètement la mise en œuvre du document du TNP de 2000.


D'autre part, le Brésil a signé et ratifié le TICE, qui doit empêcher la prolifération en rendant impossible le développement et l'amélioration des armes nucléaires et stopper ainsi la mise au point d'armes plus sophistiquées.  Le Sommet de l'ONU n'est parvenu à rien sur ces sujets, mais il reste possible de renforcer le multilatéralisme, seul moyen de répondre aux attentes de l'humanité entière en matière de sécurité.  L'absence prolongée d'accord sur un programme de travail à la Conférence du désarmement, la difficulté de la Commission du désarmement des Nations Unies à fixer son calendrier, sont inacceptables.  Dans le cas de la Conférence, il apparaît clair qu'un programme équilibré devrait mettre l'accent sur quatre sujets: le désarmement nucléaire, le traité sur les matières fissiles, qui est prioritaire, la prévention de la course aux armements dans l'espace, et les garanties négatives de sécurité.  Ces quatre questions ne peuvent pas être éludées, et il n'est pas possible non plus de choisir l'une ou l'autre.


M. HENRIQUE BANZE (Mozambique) a exprimé sa déception au sujet des revers enregistrés lors de la conférence d’examen du TNP.  Seule l’adhésion rigoureuse au multilatéralisme permettra d’atteindre la confiance entre les États Membres, a-t-il souligné.  L’application des dispositions du TNP exige que tous les États partagent de bonne foi les responsabilités, a insisté le représentant, et de même, tous devraient s’engager sur la voie de la ratification du TICE, tout en acceptant le moratoire en cours.  Le gouvernement mozambicain est attaché à l’application du programme des Nations Unies sur les armes de petit calibre, source permanente de crimes qui affectent la croissance des pays en développement.  Le Mozambique a créé une commission, la COPRECAL, pour résorber le commerce illicite de ce type d’armes.  Il aurait besoin d’une assistance financière plus significative pour que la COPRECAL puisse être vraiment opérationnelle.  Le Mozambique appuie le marquage et le traçage des petites armes, il soutient aussi le Traité d’Ottawa, meilleur moyen de libérer le monde des mines antipersonnel.  La Conférence de Nairobi a été une contribution bienvenue à l’application du programme de lutte contre ce fléau. Au Mozambique, entre 1992 et 2004, 112 000 mines ont été détruites, 130 000 ont été démantelées, et 228 millions de mètres carrés ont été nettoyés.  Cependant, elles constituent toujours un danger pour le développement.  427 accidents de mines ont eu lieu depuis 10 ans, qui ont fait 655 victimes.  Cette année, huit personnes sont mortes du fait des mines au Mozambique.  Nous devons terminer avant 2009 le processus prévu par la Convention d’Ottawa, détruire les stocks existants, et créer des capacités locales pour traiter les dimensions économiques et humanitaires du problème.


M. ADOMAYAKPOR YAWO (Togo) a déclaré que la question des armes légères méritait une attention particulière en raison des ravages qu’elles causent au sein des populations, notamment en Afrique.  Il a ainsi espéré que la deuxième Conférence des Nations Unies, qui aura lieu en juillet 2006 pour examiner la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, permette de lutter contre l’accumulation et la diffusion déstabilisatrice de celles-ci.  Le représentant a en outre évoqué l’adoption prochaine par l’Assemblée générale d’un instrument international visant à permettre aux États de procéder à l’identification et au traçage rapide et fiable de ces armes.  Il a indiqué que la prolifération de ces types d’armes s’était développée à la faveur des conflits armés et des crises sociopolitiques.  On assiste ainsi à une augmentation de la criminalité transfrontalière et des vols à mains armées.  Au nombre des structures mises en place pour éradiquer, au niveau régional ce fléau, le représentant a cité le Programme communautaire d’assistance en matière de sécurité et de développement.  À ses yeux, il est à noter que les pays en développement ne peuvent efficacement relever le défi de la paix et de la stabilité seulement s’ils sont soutenus par des partenaires attentifs et disposés à leur apporter l’aide et l’assistance appropriées.  Le représentant a ainsi souligné la nécessaire coopération entre la communauté internationale et les pays en développement, notamment d’Afrique, et la complémentarité de nos initiatives dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité.  


Mme DEBORAH PANCKHURST (Nouvelle-Zélande) a déploré les résultats décevants de la Conférence d’examen du TNP qui s’est enlisée dans des problèmes de procédures de même que le manque de cohésion observé quant au langage à adopter sur le désarmement et la non-prolifération lors du Sommet de haut niveau, et l’incapacité où se trouvait la Conférence du désarmement de conclure un accord sur son programme de travail.


Elle a réaffirmé que la Nouvelle-Zélande s’était engagée, à allouer la somme de trois millions de dollars sur les quatre prochaines années au Partenariat mondial du G-8 contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes afin d’aider à protéger et à détruire celles de l’ex-Union soviétique non encore sécurisées.  La Nouvelle-Zélande avait déjà contribué 1,2 million de dollars à la destruction d’armes chimiques.  Elle appelle l’Iran à faire preuve de transparence et de coopération avec l’AIEA.  L’intervenante a rappelé que la première phase d’éradication et de destruction de mines antipersonnel venait à échéance en 2009, conformément à la Convention d’Ottawa.  Ensuite, elle a rappelé que l’accumulation excessive et la prolifération effrénée d’armes légères et de petit calibre illicites demeuraient une préoccupation majeure, contrebalancée, il est vrai, par le renforcement des contrôles au niveau international.  À ce sujet, elle a fait état de l’entrée en vigueur du Protocole relatif au contrôle des armes à feu, des munitions et autres matériels connexes, et de l’adoption de l’instrument international permettant aux États de procéder à l’identification et au traçage rapides et fiables des armes légères et de petit calibre.  Enfin, elle a émis l’avis qu’une stratégie optimale consisterait à assurer la mise en œuvre collective –tant sur le plan du désarmement que sur celui de la non-prolifération– du Traité de non-prolifération; du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et d’un Traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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