ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LE CLIVAGE SE PRÉCISE ENTRE LES OPINIONS DES PAYS DU NORD ET DES PAYS DU SUD SUR LE RAPPORT DE KOFI ANNAN RELATIF À LA RÉFORME DE L’ONU
Communiqué de presse AG/10338 |
Assemblée générale
87e & 88e séances plénières – matin & après-midi
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LE CLIVAGE SE PRÉCISE ENTRE LES OPINIONS DES PAYS DU NORD ET DES PAYS DU SUD SUR LE RAPPORT DE KOFI ANNAN RELATIF À LA RÉFORME DE L’ONU
Au deuxième jour du débat sur le rapport du Secrétaire général intitulé « Dans une liberté plus grande: développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous », les interventions des 52 délégations, qui se sont exprimées jusqu’ici, semblent préciser le clivage entre les opinions des pays développés et des pays en développement sur un document qui vise à rendre l’ONU capable de relever les défis du XXIe siècle dans les domaines du développement, de la sécurité internationale et des droits de l’homme. Là où les pays du Sud ont continué de relever des aspects « dénués d’ambition, imprécis, maladroits » voire « énigmatiques », les pays du Nord ont salué des propositions « pertinentes, cohérentes et claires », selon les mots du représentant de la France, repris par des pays comme le Danemark, la Norvège ou encore les États-Unis. « Ces propositions, nous pouvons les améliorer, les préciser ou les concrétiser mais c’est sur cette base que nous devons travailler », a insisté le représentant français.
À l’issue de cette première lecture qui devrait s’achever demain, les membres de l’Assemblée se réuniront, à partir du 19 avril, au sein de groupes thématiques pour négocier les recommandations qui seront soumises au Sommet de septembre 2005, consacré à l’examen de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les recommandations se fonderont également sur l’analyse du rapport relatif à la sécurité internationale produit par le Groupe de haut niveau sur les défis, les menaces et le changement et sur celui du Projet du Millénaire, portant sur les moyens d’accélérer la mise en œuvre des OMD.
Après avoir regretté que, dans son rapport, le Secrétaire général n’ait pas dûment tenu compte des besoins particuliers des pays à économie en transition, des petits États insulaires en développement, des pays les moins avancés (PMA) ou encore des pays en développement sans littoral, ces derniers, rejoints par la grande majorité des délégations, ont adhéré aux propositions relatives au développement, en particulier du calendrier assorti à la réalisation des objectifs fixés en matière d’aide publique au développement (APD), des appels lancés à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour une conclusion en 2006 des négociations du cycle de Doha sur l’ouverture des marchés ou encore des recommandations sur l’allègement de la dette. Concernant cette dernière question, un bémol a été apporté par la représentante des États-Unis qui a rappelé le lien entre dette et remboursement et, à l’instar du Secrétaire général, l’obligation faite aux pays en développement de promouvoir la bonne gouvernance pour mobiliser des ressources aux fins du développement.
La polémique s’est poursuivie aujourd’hui sur les propositions relatives à la sécurité internationale même si la recommandation de créer une commission de la consolidation de la paix a plutôt recueilli un avis favorable. Ce sont surtout les mesures de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive (ADM) qui ont mis à jour la divergence des points de vue. Aussi, le représentant de la Fédération de Russie a-t-il dénoncé la tendance à mettre sur un pied d’égalité les actes terroristes et les mesures antiterroristes prises par les États. S’agissant de la lutte contre la prolifération des ADM, le représentant de la République islamique d’Iran a estimé que la nouvelle distinction, proposée dans le rapport, sur l’accès aux technologies nucléaires pacifiques risque d’aggraver le fossé entre les pays dotés de l’arme nucléaire et ceux qui ne le sont pas. Le rapport fait référence aux questions de non-prolifération, en évitant pourtant l’objectif du multilatéralisme fixé par l’Assemblée générale dans sa résolution 59/69, a-t-il aussi noté.
Les mesures liées aux droits de l’homme ont continué d’entretenir le débat avec des avis tranchés sur l’opportunité de consacrer le principe de « responsabilité de protéger », perçu par de nombreuses délégations comme une atteinte à leur souveraineté nationale, ou de remplacer la Commission des droits de l’homme par un conseil plus restreint. Les propositions du Secrétaire général sur la réforme du Conseil de sécurité lui ont valu une autre critique du représentant de la République islamique d’Iran qui lui a reproché d’avoir ignoré la tendance actuelle où la coercition est privilégiée au détriment de la coopération. Commentant ainsi la proposition du Secrétaire général sur le « recours à la force », le représentant iranien a été rejoint par son homologue du Japon qui a défendu, une nouvelle fois, le concept de sécurité humaine comme meilleur moyen de prévenir les conflits.
Candidat à un siège permanent au Conseil de sécurité, le Japon, par la voix de son représentant, a été un des seuls pays avec l’Allemagne à considérer favorablement l’assertion du Secrétaire général selon laquelle le manque de consensus sur la réforme du Conseil ne saurait être un prétexte à l’inaction. Rappelant que cela fait 12 ans que la question est inscrite à l’ordre du jour, le représentant japonais a fermement appuyé la date butoir de septembre prochain. Prétendre qu’un vote diviserait ou serait antidémocratique participe d’une compréhension « étrange » de la démocratie, a renchéri l’autre candidat à un siège permanent, l’Allemagne. Le représentant de ce pays a annoncé la mise aux voix, au mois de mai ou juin, d’un texte relatif à cette réforme de même que celui du Japon qui a annoncé la présentation, au cours de l’été, d’une « résolution-cadre » sur les actions à suivre.
La date butoir fixée à septembre prochain a été rejetée par toutes les autres délégations dont certaines ont voulu, comme la représentante des États-Unis, qu’au cours du Sommet de septembre, la réforme institutionnelle de l’ONU ne vole pas la vedette à la question essentielle de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Compte tenu de la complexité de la tâche, il serait irréaliste de vouloir adopter en bloc les deux types de propositions, ont admis de nombreuses délégations, en prônant une démarche progressive plus favorable au consensus.
L’Assemblée se réunira de nouveau demain, vendredi 8 avril à 10 heures, pour entendre les 35 délégations qui sont encore inscrits au débat.
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES; SUITE À DONNER AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/59/2005)
Déclarations
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a espéré que chaque pays suivra l’élan donné par le Secrétaire général vers une « liberté plus grande », comme cela s’est fait au moment de la décolonisation. Sa délégation est d’avis qu’il faut consacrer davantage de ressources à la paix. Concernant la partie du rapport du Secrétaire général intitulée « vivre à l’abri du besoin », il s’est dit favorable aux recommandations du rapport du Secrétaire général qui visent un accès libre aux marchés des pays développés pour les pays en développement. Pour régler la question de la pauvreté, il a souhaité que l’aide apportée aux pays en développement aboutisse à régler les problèmes particuliers mis en évidence dans les Objectifs du Millénaire pour le développement. S’agissant du thème « vivre à l’abri de la peur », le représentant a souligné l’importance de la primauté du droit. Les questions de droit sont cependant en évolution constante, a-t-il noté. Il nous faut avant tout définir des règles claires pour prévenir les plus grands crimes, a-t-il précisé. En matière de démocratie, il a rappelé que l’application universelle du droit est un des moyens permettant d’aboutir à une liberté plus grande. La démocratie signifie davantage de transparence de la part du Gouvernement qui est responsable devant son peuple, a-t-il indiqué. De l’avis de M. Menon, pour éviter tout excès de pouvoir, il faut que l’État renforce ses institutions législatives. Passant à la question de la réforme des Nations Unies, le représentant a considéré qu’il est faut s’y atteler tout de suite. Il faut avant tout garantir la transparence au niveau du Secrétaire général et des postes de direction.
M. MICHEL DUCLOS (France) a qualifié le rapport que le Secrétaire général a présenté le 21 mars dernier de remarquable. Il s’agit sans aucun doute de l’un des documents importants de l’histoire de notre Organisation, a-t-il précisé, car il nous fournit la vision d’ensemble et les propositions indispensables à la réussite du Sommet. Nous devons reconnaître et saluer le fait que le Secrétaire général est parvenu à nous présenter des propositions qui sont pertinentes, cohérentes, et à la fois ambitieuses et réalisables, a rappelé le représentant. De l’ensemble d’idées et d’analyses présentées par le Groupe des personnalités éminentes et du Projet du Millénaire, je crois que le rapport a su retenir les questions essentielles qui appellent une décision des chefs d’État et de gouvernement, a estimé M. Duclos. Il a également noté l’équilibre des thèmes abordés comme le développement, qui est désormais à la place qui lui revient tout en conservant l’ambition du rapport Sachs, ou encore les droits de l’homme, l’environnement et l’action humanitaire. De la même manière, certains des organes centraux de l’Organisation, qui risquaient d’être négligés, en particulier à l’ECOSOC, sont beaucoup mieux pris en compte. Le Secrétaire général propose des mesures concrètes, qui soient à la fois ambitieuses et réalisables. Naturellement, nous aurons besoin de précisions, d’ajustements ou de compléments. Certaines des propositions appellent d’ailleurs par elles-mêmes des développements et la France fera pour sa part, avec l’Union européenne, des suggestions. Mais nous devons en même temps, tout au long de ces discussions, ne pas perdre de vue l’essentiel, a insisté le représentant.
Le financement du développement me parait constituer une dimension essentielle de l’équilibre d’ensemble, a dit M. Duclos, convaincu que les engagements que les États Membres prendront, détermineront très largement la réalisation ou non des Objectifs du Millénaire. Il faut donc tout faire pour respecter le calendrier précis d’augmentation de l’APD vers les 0,7%, améliorer la qualité de l’aide, et assurer une dette viable et des ressources innovantes indispensables à la couverture des besoins. Sur ce dernier point, la France, avec d’autres, travaillera à préciser les propositions du Secrétaire général, que nous soutenons pleinement, a-t-il assuré. Au-delà des décisions de principe, nous devons en particulier préparer le lancement de projets pilotes, comme un prélèvement sur les transports aériens au bénéfice de la lutte contre le sida. La lutte contre le terrorisme appelle des réponses sans ambiguïté. Il faut pouvoir le nommer et le combattre ensemble. La Stratégie présentée par le Secrétaire général à Madrid fournit les fondements de cette action commune. L’adoption, il y a quelques jours, du projet de convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire montre que la volonté de surmonter nos différences existe et c’est pourquoi nous devons continuer à aller de l’avant. La mise en place d’une commission de consolidation de la paix fait désormais partie, me semble-t-il, des résultats attendus au Sommet, a dit le représentant, estimant que le mandat et les fonctions proposées par le Secrétaire général sont judicieux et en ligne avec l’orientation générale des premiers débats sur ce sujet. Reconnaissant que la Commission des droits de l’homme rencontre désormais des difficultés, la France souscrit à l’idée d’un rehaussement de son statut, complémentaire d’un renforcement de la Haut-Commissaire pour la rendre plus légitime, crédible et efficace.
M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie) a déclaré que son gouvernement appuyait l'idée d'une réforme du Conseil économique et social (ECOSOC), estimant toutefois que les propositions de réforme faites par le Secrétaire général dans son rapport pouvaient parfaitement être mises en œuvre dans le cadre existant de cet organe. Il a également exprimé son soutien sur le fond à l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité sur les principes de l'usage de la force, ainsi qu'à la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme présentée par le Secrétaire général à Madrid en mars dernier. La délégation a cependant observé sur ce dernier point que les éléments proposés pour définir le terrorisme étaient moins juridiques que politiques. La Fédération de Russie a estimé important pour sa part d'éviter de faire un amalgame entre les actes terroristes criminels et les efforts déployés par les États pour y mettre fin. Après avoir reconnu la nécessité d'intégrer la protection des droits de l'homme à la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, M. Denisov a affirmé que le travail de la Commission des droits de l'homme était affaibli par la politisation excessive de ses enjeux, les profondes divergences entre les délégations et la politique des « deux poids, deux mesures ». La Fédération de Russie a enfin souligné l'importance d'une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre mieux représentatif, estimant indispensable de poursuivre les efforts vers le plus large consensus possible, faute de quoi l'avenir des Nations Unies pourrait être menacé.
M. BAKI ILKIN (Turquie) a invité tous les États Membres à faire d’une ouverture d’esprit pour parvenir à un résultat cohérent et durable. Face aux défis du jour, il serait contre-productif de reconstruire l’Organisation de manière sélective. Reconnaissant que la question la plus polémique sera celle de la réforme du Conseil de sécurité, il a appelé à la recherche de bonne foi d’un commun dénominateur. Les propositions du Secrétaire général ne sont pas des solutions à prendre ou à laisser, a-t-il insisté, en soulignant leur caractère négociable. Pourquoi, s’est-il demandé, réduire les groupes régionaux? Il a aussi qualifié d’irréaliste le mécanisme d’examen prévu pour 2020. Il a ensuite appelé à un équilibre réel entre les rôles du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Il a, par ailleurs, jugé que les critères d’admission au Conseil de sécurité sont par trop exclusifs tout comme ceux liés aux opérations de maintien de la paix. Il a fait une distinction nette entre les opérations menées par les Nations Unies et celles menées par les organisations régionales, en prônant un recours plus fréquent à ces dernières. Venant à la lutte contre le terrorisme, il a salué la stratégie proposée par le Secrétaire général avant de passer à la question des sanctions et du recours à la force. Il a, par la suite, partagé la vision du Secrétaire général concernant le développement, en se félicitant en particulier de l’accent mis sur l’Afrique. Il a indiqué à ce propos que son pays a fait de cette année, l’Année de l’Afrique. Dans le même ordre d’idées, il a applaudi les propositions de renforcer le Conseil économique et social. Le représentant a conclu en disant qu’il était disposé à discuter, de manière approfondie, à la proposition de créer un Conseil des droits de l’homme et à celles concernant les autres réformes institutionnelles.
Mme ELLEN MARGARETHE LØJ (Danemark) a estimé que le rapport du Secrétaire général constitue une bonne base pour faire face aux défis dans les domaines du développement, de la sécurité et des droits de l’homme. Comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport, ces questions sont liées entre elles. Au Sommet de septembre 2005, les chefs d’État et de gouvernement devront s’entendre sur la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en mettant l’accent plus particulièrement sur l’Afrique. Le Danemark est favorable à l’idée de mettre en place une commission de consolidation de la paix, a indiqué la représentante, qui a souligné la nécessité pour l’ONU de renforcer ses efforts dans la lutte contre les armes de destruction massive, a-t-elle préconisé, ainsi qu’en matière de droits de l’homme et de primauté du droit. Il en est de même, à son avis, pour les problèmes résultant des changements climatiques. S’agissant de la santé génésique, la représentante a souhaité qu’on insiste sur les liens entre les OMD et la santé, en renforçant aussi la lutte contre le VIH/sida. Abordant la question de la réforme des Nations Unies, elle a encouragé le Secrétaire général à poursuivre la modernisation des institutions. Elle a fait sienne la proposition visant la création d’un conseil des droits de l’homme, estimant que la balle est dans le camp des États Membres pour avancer dans la voie ouverte par le Secrétaire général.
M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay) a relevé des zones d’ombre dans le rapport du Secrétaire général, en doutant que l’Assemblée générale puisse adopter les propositions en bloc. Il faut laisser une porte ouverte et permettre un travail progressif, a-t-il voulu, en jugeant qu’il faut aussi faire attention à la manière d’adopter et de mettre en œuvre les mesures. Si le consensus n’existe pas, il ne faudra pas s’entêter, a-t-il conseillé en prônant le consensus pour assurer la légitimité de « mesures très importantes ». Il a aussi reproché au Secrétaire général de ne prévoir aucune mesure d’évaluation de la mise en œuvre des mesures préconisées. Ses propositions sur le développement pêchent par un caractère trop général, a-t-il poursuivi, en regrettant le manque d’orientations plus concrètes. Quant au chapitre sur la sécurité internationale, il s’est dit inquiet des propositions concernant le Conseil de sécurité dont la notion de recours à la force. Il faut éviter la répétition et le radotage de principales et viser à énoncer des critères clairs dont le Conseil doit tenir compte à l’heure d’autoriser le recours à la force. Comment peut-on penser que le Conseil va recourir aux forces armées sans définir au préalable la gravité de la menace et les possibilités de réussite. Il a aussi relevé des ambiguïtés dans les recommandations relatives à la Cour internationale de Justice (CIJ). Que veut dire le Secrétaire général lorsqu’il parle de renforcer la Cour qui est pourtant admise par tous comme l’organe judiciaire principal de l’ONU? Le représentant a aussi estimé que les réformes proposées de l’Assemblée générale ne suffiront pas à faire en sorte qu’elle récupère son autorité. Commentant aussi la proposition de créer un conseil des droits de l’homme, il a douté qu’un tel organe puisse se prémunir du risque de politisation. Il a qualifié d’« énigmatiques » les critères retenus pour l’admission à cet organe.
M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a loué les efforts du Secrétaire général dans l’élaboration de son rapport, souhaitant que chaque pays le traduise en actions. Il a expliqué que l’objectif des décisions qui seront prises dans le cadre du Sommet de septembre prochain est de rendre plus efficace le système mis en place. De l’avis de la délégation, un consensus large est la seule manière de garantir la légitimité des mesures qui seront prises. Pour la première fois, a estimé le représentant, la communauté internationale dispose de connaissances nécessaires pour permettre au monde de vivre à l’abri du besoin. Il a indiqué que la République de Corée a intensifié ses efforts pour accroître son aide publique au développement dans la mesure de ses moyens. Son pays soutient une série d’initiatives en matière de développement, qui devra être cordonnée avec des plans de développement mondiaux à long terme. Abordant la question de la santé, il est important à ses yeux d’établir le lien entre la sécurité, le développement et la santé. Le problème des changements climatiques est aussi une priorité. En tant qu’État partie à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto, son Gouvernement a participé activement aux efforts pour réduire les effets de serre, a-t-il indiqué.
Pour faire face à la prolifération des armes de destruction massive, nous devons unir davantage nos efforts, a souligné le représentant. Il faut que les capacités de vérification de l’AIEA soient renforcées, a-t-il aussi demandé. Le représentant s’est félicité de l’adoption récente de la Convention internationale pour la répression du terrorisme nucléaire et a espéré qu’un accord sur la définition du terrorisme sera bientôt trouvé pour parachever le projet de convention générale sur le terrorisme. Il a par ailleurs approuvé la création d’une commission pour la consolidation de la paix, mais a souhaité que son mandat et les options de son financement fassent l’objet d’un débat en profondeur. Par ailleurs, il a apprécié l’initiative de renforcer les institutions relatives aux droits de l’homme. Nous devons envisager différentes manières de réagir aux violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, a-t-il ajouté. Il a considéré que chaque pays doit s’acquitter de ses responsabilités pour éviter des catastrophes humaines massives. Les États Membres doivent, a-t-il rappelé, coopérer avec la Cour pénale internationale dans ce domaine.
Le Gouvernement coréen soutient une réforme globale des Nations Unies, en faveur de l’élargissement du Conseil de sécurité dans la version B du rapport, a poursuivi M. Sam-hoon. Les membres du Conseil ont le plus souvent défendu leurs intérêts nationaux, a-t-il jugé, et il faut que la réforme remédie à ce défaut. Il n’est pas en faveur d’une décision hâtive, mais a préféré qu’on arrive à un consensus large. Sur le conseil des droits de l’homme, il a indiqué que la question est toujours à l’étude par son Gouvernement qui fera des commentaires précis plus tard. Sur la revitalisation du Secrétariat, il a enfin déclaré attendre les propositions en ce sens.
M. SIMEON A. ADEKANYE (Nigéria) a qualifié le rapport du Secrétaire général d’une vision bienvenue d’une Organisation forte et efficace. Il s’est particulièrement félicité de l’accent mis sur les besoins de l’Afrique et sur la nécessité de soutenir le NEPAD. Le représentant a salué les propositions visant à revitaliser l’Assemblée générale et le Conseil économique et social. Il a toutefois émis des réserves quant à la proposition de rendre biannuel le segment de haut niveau du Conseil. Venant au Conseil de sécurité, il a appuyé son élargissement, notamment à l’Afrique avant de recommander d’examiner avec prudence le remplacement de la Commission des droits de l’homme par un conseil des droits de l’homme. Il a conclu, en soulignant que la réforme de l’ONU ne saurait être complète si les États Membres ne prennent pas des mesures audacieuses pour appuyer la cohérence, la consistance et la coordination au niveau du système. Il s’est dit convaincu que les opérations des Nations Unies et de ses institutions doivent se fonder sur les principes de gouvernance démocratique, de responsabilité et de transparence. Il a rappelé que les pays en développement ont, à maintes reprises, défendue cette position, en particulier en ce qui concerne les institutions financières et commerciales internationales.
M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a espéré que le Sommet de septembre 2005 aboutira à une réforme équilibrée, tout en notant que le rapport ne tenait pas compte de la position exprimée par la majorité des États Membres, notamment le Mouvement des non-alignés, de l’Organisation de la conférence islamique (OIC) et du Groupe des 77. Le rapport fait le diagnostic des différentes menaces dans le monde, a-t-il relevé, mais, selon lui, l’interprétation de ces menaces suit toujours une des perspectives mondiales dominantes. La cause des maux actuels n’est pas reflétée dans le rapport, à son avis, se ralliant à cet égard aux déclarations faites par les représentants du Mouvement des pays non alignés et du Groupe des 77.
Le représentant a ensuite abordé la question de l’Article 51 de la Charte de l’ONU, qui porte sur droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l'objet d'une agression armée. Il ressort du rapport qu’il existe un consensus sur le fait que l’Article 51 ne devrait pas être réécrit ou réinterprété, a relevé M. Zarif. À cet égard, il a cité la jurisprudence de la Cour internationale de Justice qui a jugé que mesures de légitime défense ne sont égales que lorsqu’elles ont été prises après une attaque armée. Dans aucun cas, de l’avis de M. Zarif, on ne peut appliquer l’Article 51 dans le cas d’une attaque imminente. Nous risquons d’ouvrir la porte à la violence dans l’arène internationale, sous prétexte de légitime défense, a-t-il averti.
Abordant la question du désarmement et de la non-prolifération, le représentant a rappelé l’existence de menaces actuelles à la paix et à la sécurité internationales constituées par les milliers d’armes dans les arsenaux nucléaires. Il a regretté que le rapport ne couvre pas le développement de nouvelles armes nucléaires. S’agissant de la nouvelle distinction proposée par le rapport sur l’accès aux technologies nucléaires pacifiques, il a estimé qu’elle risque d’aggraver le fossé entre les pays dotés de l’arme nucléaire et ceux qui ne le sont pas conformément au Traité de non-prolifération. Le rapport fait aussi référence aux questions de non-prolifération, a relevé le représentant, mais il ne tient pas compte de l’objectif politique de l’Assemblée générale qui évoquait la « promotion du multilatéralisme » dans sa résolution 59/69.
Concernant la question de la lutte contre le terrorisme, M. Zarif a émis l’avis que l’on doit changer les mentalités et les moyens de coercition. Selon lui, l’approche qui se concentre uniquement sur la force n’est pas suffisante. Il a estimé qu’il faut s’attaquer aux causes mêmes de ce fléau et pas seulement à ses symptômes. Dans la lutte contre le terrorisme, les droits de l’homme doivent être respectés, a-t-il insisté. L’idée de la création d’un conseil de droits de l’homme est une bonne initiative selon lui. Il a relevé par ailleurs que le trafic de drogue n’est pas pris en compte par le rapport alors qu’il s’agit d’une grave menace. Il a aussi regretté que la question du dialogue entre les civilisations soit passée sous silence dans le rapport. Le concept vague de l’obligation de protéger, a estimé M. Zarif, peut conduire à tous les abus de la part de certains pays. Il a aussi considéré que la définition de la souveraineté est trop étroite. La Commission des droits de l’homme a illustré la manipulation politique, et c’est pourquoi, il faut rétablir sa crédibilité en adoptant des approches sélectives, a souligné le représentant iranien. Sa délégation, a-t-il ajouté, s’oppose cependant à la création d’un conseil des droits de l’homme pour remplacer l’actuelle Commission, car cela risquerait de marginaliser davantage certains pays en développement. L’état de droit dans les pays émergeant de conflits doit être respecté par tous les acteurs, à commencer par l’ONU, a-t-il insisté.
Concernant les questions d’environnement, le rapport est insuffisant, notamment sur l’exportation de technologies polluantes des pays riches vers les pays pauvres, a noté le représentant, qui a appelé les grands pays pollueurs à devenir parties du Protocole de Kyoto. Abordant la réforme de l’ECOSOC, M. Zarif a souhaité que le Conseil se consacre davantage au développement. Son renforcement ne devrait pas entraîner la modification de son mandat. Sur le Conseil de sécurité, il a noté que le rapport a prudemment évité de préconiser un modèle plutôt qu’un autre. Ce silence n’est pas justifié, a-t-il estimé. La réforme de l’Assemblée générale doit être un processus en pleine évolution pour améliorer ses méthodes de travail. Il est impératif de rétablir ses pouvoirs dans la mesure où c’est l’instance la plus démocratique au sein de l’Organisation, a-t-il conclu.
M. PETER BURIAN (Slovaquie) s’est associé aux déclarations faites hier par le représentant de l’Union européenne et celui du Groupe des États de l’Europe orientale. Il a apprécié l’articulation du rapport du Secrétaire général autour de trois piliers, sécurité, développement et droits de l’homme, considérant que son pays constitue un exemple d’interaction entre ces trois domaines. En effet, a-t-il expliqué, des progrès notables dans un de ces domaines ne peuvent être réalisés que si des étapes importantes sont également franchies dans les deux autres. Il a fait sienne l’affirmation contenue dans le rapport selon laquelle chaque pays est responsable de son propre développement. La Slovaquie, a rappelé le représentant, est progressivement passée d’un pays récipiendaire d’une aide extérieure au début des années 1990, à un pays aujourd’hui donateur qui fournit une aide publique au développement à 14 États partenaires dans les Balkans, en Asie et en Afrique. En tant que membre de l’Union européenne, la Slovaquie est également ouverte à l’exportation des pays les moins développés, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la question des droits de l’homme, M. Burian a soutenu la recommandation concernant le renforcement du système des Nations Unies, afin d’augmenter la crédibilité des institutions pertinentes. Il a également souhaité une meilleure interaction entre le Haut Commissariat aux droits de l’homme et le Conseil de sécurité. De l’avis de M. Burian, l’idée de créer un conseil des droits de l’homme, dont les membres devraient être élus à la majorité des deux tiers par l’Assemblée générale, doit être examinée plus avant. Sur la réforme d’ensemble de l’ONU, le représentant s’est prononcé en faveur de la création d’une commission de consolidation de la paix. Il a également soutenu la réforme du Conseil de sécurité, estimant que l’Allemagne et le Japon devraient en être membres permanents. Il a aussi jugé que tous les groupes régionaux devraient pouvoir désigner des candidats pour un Conseil élargi.
Mme SHIRIN TAHIR KHELI (États-Unis) a salué l’accent mis par le Secrétaire général sur l’importance qu’il y a à promouvoir la liberté et le respect des droits de l’homme, la démocratie et le renforcement de l’état de droit. Elle a appuyé la création d’un fonds pour la démocratie qui permettra, comme l’a dit le Président Bush, de jeter les bases de la démocratie en instituant l’état de droit, l’indépendance du pouvoir judiciaire, la liberté de la presse, le multipartisme et la liberté syndicale. Elle a aussi appuyé la proposition visant à créer une commission de consolidation de la paix. Elle a reconnu, à cet égard, que sa structure et son organisation doivent aller au-delà du Conseil de sécurité tant il est crucial qu’un tel organe inclut tous les pays concernés. La représentante a aussi appuyé la proposition de remplacer la Commission des droits de l’home par un conseil des droits de l’homme plus réduit et plus efficace qui aurait à faire directement rapport à l’Assemblée générale. Saluant ensuite les propositions du Secrétaire général sur la lutte contre le terrorisme, elle a néanmoins dit sa conviction que la définition du terrorisme doit exclure les opérations militaires des États. Elle s’est félicitée, par ailleurs, des propositions relatives aux armes conventionnelles et aux armes de destruction massive (ADM), en qualifiant de mauvais postulat l’avis selon lequel les États nucléaires doivent assumer la plus grande charge en ce qui concerne les défis liés à la prolifération et au désarmement.
Venant au recours à la force, Mme Tahir Kheli a appuyé le Secrétaire général lorsqu’il estime que l’Article 51 de la Charte de l’ONU ne doit pas être modifié. Elle a ajouté que les actions préventives sont un élément inhérent au droit à la légitime défense consacré par la Charte. Ce droit doit être compris et appliqué dans le contexte des nouvelles menaces posées par le terrorisme et les ADM. Elle a aussi commenté la question du développement pour rappeler les pays en développement à leurs obligations de promouvoir la bonne gouvernance et des politiques économiquement saines comme éléments essentiels de l’augmentation de l’aide au développement et des investissements nationaux et étrangers. Les États-Unis, a-t-elle rappelé, ont promis d’augmenter leur aide de 50% d’ici à 2006. Elle a aussi rappelé la création du compte des défis du Millénaire, en arguant que cette approche intégrée est bien plus efficace qu’une augmentation simple de l’aide publique au développement. À propos de l’Afrique, elle a attiré l’attention sur l’« Africa Growth and Opportunity Act » et les engagements que son pays a pris en matière de lutte contre le VIH/sida. Elle a aussi appelé les membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à achever les négociations du cycle de Doha en 2006, en prévenant que la recherche d’une structure commerciale ouverte et bien plus importante que le respect d’un calendrier artificiel. Émettant des réserves sur les propositions relatives à la dette, la représentante a souligné que toute dette n’est appropriée que s’il existe un espoir fondé d’être remboursé. Elle a enfin appuyé la réforme du Conseil de sécurité avant de se rallier à l’avis général sur la nécessité d’examiner les propositions de manière progressive et pragmatique pour le but ultime de dégager un consensus.
M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a fait sienne la déclaration du représentant de l’Union européenne et de celui du Groupe des pays d’Europe orientale. Il a félicité le Secrétaire général pour la qualité de son rapport qui constitue, selon lui, une plateforme permettant d’arriver à un consensus en septembre prochain. Il a apprécié le fait que le rapport réaffirme le lien entre la sécurité, le développement et les droits de l’homme. Le représentant s’est par ailleurs déclaré en faveur d’un système d’alerte précoce en cas de catastrophe naturelle. Nous devons examiner les propositions figurant au rapport de manière efficace, a-t-il poursuivi. Dans quelle mesure le cadre institutionnel actuel peut-il promouvoir ces objectifs? s’est-il interrogé. En ce qui concerne l’Assemblée générale, qui est l’organe central de l’ONU, il a souhaité que l’on parvienne à une meilleure organisation. Des opinions importantes qui avaient été émises par certaines délégations n’ont pas été intégrées dans le rapport, a-t-il regretté, faisant remarquer par ailleurs qu’aucun des envoyés spéciaux du Secrétaire général chargés de promouvoir la réforme n’est originaire de l’Europe orientale. Le représentant a aussi regretté que parmi les 16 personnalités de haut niveau nommées par le Secrétaire général, une seulement soit issue de sa région. Il a ainsi souhaité rappeler qu’il existe cinq et non quatre groupes régionaux et que l’Europe orientale doit faire partie intégrante de toute prise de décisions.
En ce qui concerne le Conseil de sécurité, M. Motoc a exprimé que les attentes de la Roumanie sont minimes, mais l’élargissement de ses membres la rapprocherait un peu du processus de décision. Il a souligné qu’un conseil élargi devra prendre en compte tous les États Membres. La Roumanie est en faveur d’une plus grande prévention du terrorisme, a-t-il poursuivi, qui doit être mise en relation avec la question des armes de destruction massive. Le représentant s’est aussi déclaré en faveur de la coopération entre l’ONU et les régions pour régler les conflits. La contribution des groupes régionaux devrait aussi être reconnue en termes de consolidation de la paix, a-t-il ajouté.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a qualifié d’audacieuses et de concrètes les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général. Commentant d’abord les propositions relatives au développement, il a souhaité que la réalisation des OMD demeure le but ultime, en particulier le renforcement des capacités. S’agissant du financement du développement, il a estimé que la mobilisation des ressources doit non seulement concerner l’aide publique au développement mais aussi les recettes commerciales, les investissements et l’épargne domestique. Il a, à cet égard, prôné une coopération renforcée avec les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Appuyant ensuite les propositions du Secrétaire général relative à la sécurité, le représentant s’est attardé sur la question des droits de l’homme en estimant que le moment est venu d’analyser des concepts tels que « la responsabilité de protéger ». Il a souligné, à cet égard, l’attachement de son pays à la sécurité humaine qui met l’accent sur la protection et l’émancipation des individus comme pilier de la prévention et de la consolidation de la paix. Son pays, a-t-il ensuite dit, est disposé de discuter plus avant de la proposition de créer un conseil des droits de l’homme. Le représentant a conclu en appuyant l’élargissement du Conseil de sécurité et l’amélioration de ses méthodes de travail. Il a enfin appuyé le renforcement du Conseil économique et social et les réformes proposées pour le Secrétariat de l’ONU.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) s’est associé à la déclaration du représentant du Mouvement des pays non alignés. Il a indiqué que beaucoup de pays qui ont une économie de transition continuent d’être confrontés à de sérieuses difficultés dans la mise en œuvre des réformes économiques et pour atteindre une croissance économique leur permettant de s’intégrer dans l’économie mondiale. Ces difficultés font obstacle à la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il fait remarquer. Il a donc appelé à un soutien international et a espéré que les pays que l’on aide aujourd’hui seront les donateurs de demain. Pour améliorer l’efficacité du système des Nations Unies, il a jugé urgent de commencer par accroître la capacité de réponse aux catastrophes humanitaires. Quant à la question de l’élargissement du Conseil de sécurité, le représentant a jugé inacceptable d’évincer les pays du Groupe d’Europe orientale. Le Bélarus soutient même l’idée d’attribuer un siège non permanent à ce Groupe, a indiqué son représentant. C’est l’équité qui doit inspirer le choix de la formule d’élargissement, a-t-il conclu.
M. CESAR MAYORAL (Argentine), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a apprécié les efforts du Secrétaire général pour les préparatifs du Sommet de septembre 2005. Au vu des recommandations contenues dans le rapport, il a considéré qu’il faudrait développer les thèmes sociaux et de développement, en mettant l’accent sur les conférences internationales et les sommets des Nations Unies qui ont eu ces thèmes comme préoccupation. De l’avis de sa délégation, il faut tenir davantage compte de la dette extérieure dans la recherche de solutions en matière de développement. Il a aussi invité à approfondir les relations entre développement, démocratie, droits de l’homme et sécurité. Pour le Groupe de Rio, la démocratie représente une valeur universelle et il est essentiel de la défendre pour garantir, entre autres, la justice, la paix et le développement durable.
Pour être plus efficace, la Commission des droits de l’homme doit faire l’objet d’une réforme, a estimé M. Mayoral, précisant que, par ailleurs, le Groupe de Rio souhaite participer à la réforme sur le recours à la force. Quant à la lutte contre le terrorisme, il a estimé qu’il conviendrait de trouver rapidement une définition du terrorisme afin de finaliser le projet de convention générale. Il s’est dit aussi préoccupé par le problème du trafic illégal de drogue qui affecte la sécurité des États. Pour la réforme du Secrétariat de l’ONU, le représentant a invité à privilégier une excellence éthique et professionnelle dans le recrutement.
M. JOHN DAUTH (Australie) a fermement appuyé les propositions du Secrétaire général. Il s’est dit heureux de l’orientation très claire qu’il donne. Il faut saisir cette occasion pour adopter des réformes importantes pour l’ONU au risque de porter un coup dur aux intérêts de la coopération internationale, a-t-il prévenu. Le rapport reconnaît les besoins particuliers de l’Afrique mais il faut faire en sorte que le Sommet reconnaisse aussi les besoins de la région d’Asie-Pacifique et des petits États insulaires en développement, a-t-il insisté. La croissance économique et la libéralisation commerciale sont un moteur important du développement, a-t-il prescrit, avant de saluer les propositions du Secrétaire général concernant la prolifération des armes conventionnelles et des armes de destruction massive (ADM). Il a aussi salué la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme et a dit attendre plus de détails sur la création d’une commission de consolidation de la paix. Commentant favorablement le concept de « responsabilité de protéger », le représentant a aussi perçu favorablement la création d’un fonds pour la démocratie et le renforcement des organes de traités. En l’occurrence, il a dit attendre avec impatience la poursuite des discussions sur le sujet des droits de l’homme. Le représentant a conclu sur l’élargissement du Conseil de sécurité en appuyant l’inclusion du Japon et de l’Allemagne, et un pays d’Afrique et d’Asie. Il a réservé son dernier mot aux réformes proposées pour le Secrétariat de l’ONU, en adhérant à la direction donnée par le Secrétaire général.
M. STUART BECK (Palaos) a affirmé que son pays souffrait de son isolement géographique et de l'échec des Nations Unies à maintenir une présence à l'intérieur de l'île. Selon lui, l'établissement de centres régionaux est insuffisant. Il a plutôt suggéré que chaque État du monde bénéficie de la présence permanente d'au moins un fonctionnaire des Nations Unies pour orienter les populations locales. Seule l'ouverture d'un bureau permanent dans chaque État Membre pourrait en effet améliorer l'accès aux institutions multilatérales que le Secrétaire général a appelé de ses vœux, a-t-il estimé.
M. IVAN NIMAC (Croatie) a déclaré que les Objectifs du Millénaire pour le développement étaient des obligations pour la communauté internationale et qu'il importait de réaffirmer tous les engagements pris dans le cadre des conférences des Nations Unies. Il a ensuite indiqué que son Gouvernement participerait au dialogue sur les mesures relatives au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. La délégation s’est par ailleurs félicitée de la proposition de créer une commission de consolidation de la paix, notant toutefois que la possibilité d'y adhérer serait limitée pour les petits États Membres. La Croatie soutient en outre l'élargissement du nombre de membres permanents et de membres non permanents, en souhaitant l'octroi d'un siège non permanent au Groupe des États d'Europe orientale. Le Conseil de sécurité n'est pas le seul organe des Nations Unies qui exige une réforme, a estimé le représentant de la Croatie, soulignant que la rationalisation du travail de l'Assemblée générale et du Conseil économique et social est indispensable.
M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a regretté que les propositions du Secrétaire général en matière de sécurité aient été privilégiées au détriment de celles portant sur le développement. C'est pour cette raison que l'Ouganda soutient l'idée d'une réforme du Conseil économique et social (ECOSOC) pour qu'il joue le rôle défini par la Charte des Nations Unies. La délégation a ensuite exprimé sa satisfaction devant l'attention particulière accordée aux besoins de l'Afrique, appelant toutefois à une action rapide des pays développés qui doivent respecter leurs engagements vis-à-vis du continent et faire preuve de bonne volonté politique. M. Butagira a en outre salué la création d'une commission de consolidation de la paix, qui devra effectuer ses travaux indépendamment du Conseil de sécurité. Enfin, l'Ouganda estime que la Commission des droits de l'homme, qui, en dépit de ses imperfections, jouit d'une adhésion universelle, ne devrait pas être remplacée par un organe plus petit, élu par l’Assemblée générale à la majorité des deux tiers. La délégation ougandaise propose plutôt de définir des directives en matière de démocratie et de droits de l'homme auxquels devraient adhérer les États qui aspirent à siéger à la Commission.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a approuvé le concept de paix et sécurité internationales qui repose sur trois piliers, à savoir la sécurité, le développement et les droits de l’homme. En ce qui concerne le chapitre du rapport intitulé « à l’abri du besoin », le représentant a déclaré être favorable aux recommandations formulées par le Secrétaire général, en particulier celles qui insistent sur l’adoption de stratégies de réduction de la pauvreté, transparentes et profondes. Sur la question du VIH/sida, il a estimé fondamental que le Sommet de septembre se concentre à la fois sur la prévention et sur le traitement de la maladie. La Nouvelle-Zélande est également favorable à l’action proposée pour réduire davantage les émissions de gaz et à effet de serre, ainsi que pour atténuer les changements climatiques. Le représentant a ensuite demandé que les besoins particuliers des petits États insulaires en développement soient bien pris en compte dans les enjeux du Sommet.
En matière de désarmement et de non-prolifération des armes nucléaires, M. MacKay a apprécié les propositions concrètes concernant la négociation d’un traité sur l’élimination des matériaux fissiles, et concernant le renforcement des pouvoirs de vérification de l’Agence internationale pour l’énergie atomique. Sur la définition du terrorisme, il a estimé qu’elle doit viser les actes qui ont pour objectif de blesser gravement les civils ou les non-combattants, dans le but d’intimider la population ou de forcer un gouvernement ou une organisation internationale à faire ou ne pas faire quelque chose. Le représentant a poursuivi en déclarant que la responsabilité de protéger s’impose pour prévenir les crimes de génocide. Sa délégation soutient la création d’une commission de consolidation de la paix et attend des propositions sur sa structure. Le manque de crédibilité de la Commission des droits de l’homme incite, a estimé le représentant, à créer un conseil des droits de l’homme pour la remplacer. Son pays, a-t-il poursuivi, appuie la réforme du Conseil de sécurité et espère qu’une décision sera prise avant septembre 2005. La contribution du Japon devrait être reconnue dans l’élargissement du Conseil, a-t-il conclu.
M. ENELE SOSENE SOPOAGA (Tuvalu) a déclaré, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), que ces États apprécient l’attention qui est portée dans le rapport du Secrétaire général sur la nécessité d’une mise en œuvre rapide de programmes qui tiennent compte de leur vulnérabilité. Il s’est félicité aussi que le Secrétaire général mentionne les petits pays insulaires en développement dans la partie de son rapport intitulé « vivre à l’abri du besoin » et qu’il y fasse référence au commerce mondial et au changement climatique. Cependant, a-t-il poursuivi, l’AOSIS demande que l’on ne fasse pas d’amalgames en mettant dans un seul panier plusieurs catégories de pays. Si les OMD sont destinés à répondre aux besoins des PMA, des pays sans littoral et des petits États insulaires en développement, il ne faudrait pas mettre ces pays dans un seul groupe et prétendre leur appliquer une recette unique sous prétexte de régler leurs problèmes, qui sont différents, a fait remarquer le représentant. L’Alliance souligne la nécessité d’aider les petits États insulaires dans leur développement et dans le renforcement de leurs capacités à faire face aux risques et aux catastrophes naturelles en leur donnant plus de moyens de secours d’urgence, de réhabilitation et de reconstruction. Les membres de l’AOSIS sont déçus que la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme de la Barbade ne soit pas mentionnée dans les recommandations du Secrétaire général, a indiqué le représentant.
M. COLIN BECK (Îles Salomon) a regretté que le rapport du Secrétaire général ait omis de mentionner clairement les besoins particuliers des petits États insulaires en développement. Il a demandé aux institutions de l’ONU d’adopter un calendrier précis pour la mise en œuvre des recommandations des conférences et sommets de l’ONU. En cela, il a applaudi la proposition de créer un mécanisme financier international. Il a ensuite regretté que, dans ses recommandations, le Secrétaire général ne tienne pas compte des différences économiques et politiques des pays. Il a en revanche salué la proposition de mettre en place un système d’alerte rapide pour prévenir les catastrophes naturelles. Il a conclu sur la réforme institutionnelle, en appelant notamment l’ONU à revoir ses procédures de recrutement afin de faciliter ceux des ressortissants des pays du Sud.
M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a estimé que le développement, les droits de l’homme et la sécurité étaient intimement liés. Il n’y aura pas de paix sans développement, a-t-il ajouté, ni développement sans paix et il est indispensable de renforcer les capacités des organisations régionales, en particulier en matière de capacités de prévention. Il a invité la communauté internationale à s’entendre sur une approche plus cohérente de la construction de la paix en déclarant que la création d’une commission de consolidation de la paix comme une étape dans ce sens. Dans ce contexte, il a proposé la création d’un bureau de soutien à la consolidation de la paix dont l’objectif serait de s’assurer de la cohérence des capacités opérationnelles et de planification en matière de consolidation de la paix des Nations Unies. Il a également soutenu l’idée de créer un fonds pour la consolidation de la paix. Il a également soutenu la recommandation visant à adopter le principe de la responsabilité de protéger. Par ailleurs, il a souligné la nécessité d’une réforme dans le souci d’assurer l’autorité, la légitimité et l’efficacité du Conseil de sécurité et d’améliorer le système de réponse humanitaire. Il a estimé plus judicieux de s’appuyer sur des structures existantes comme le Fonds central autorenouvelable d'urgence, dont les moyens sont disponibles immédiatement, plutôt que de lancer de nouvelles initiatives.
S’agissant de la réalisation des OMD, tout en reconnaissant la nécessité de respecter les engagements de Monterrey sur le financement du développement, le représentant a souligné l’importance de stratégies de développement nationales qui s’appuient sur les principes de la bonne gouvernance, la primauté du droit, des mesures pour combattre la corruption et assurer la mobilisation de ressources. Des domaines qui gagneraient tous, a-t-il insisté, à la participation de la société civile. Il a également encouragé les donateurs à assurer des contributions pluriannuelles prévisibles dans l’intérêt du caractère prévisible de ces contributions. Il s’est félicité de ce que le Secrétaire général ait mis l’accent sur la parité entre les sexes et du rôle des femmes dans la promotion de la paix et le règlement des conflits en soulignant l’importance d’atteindre l’objectif de l’accès universel au service de santé génésique et reproductive d’ici à 2015. C’est un objectif qu’il a estimé essentiel pour améliorer la santé maternelle et lutter contre le VIH/sida. Il a souhaité que les délégations puissent prendre les mesures nécessaires au cours des prochaines sessions de la Cinquième Commission pour éviter que ces projets de réformes ne restent pas lettre morte.
M. ALOUNKÈO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a mis l’accent sur l'un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui prévoit de mettre en place un partenariat mondial pour le développement. C’est un des objectifs les plus importants pour les pays en développement sans littoral, dont il représente le Groupe en tant que Président, a-t-il expliqué. Il a regretté que le rapport ne traite pas de ce problème de façon complète, faisant valoir que de ce fait, les intérêts de ces pays, des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement ne sont pas pris en compte. La communauté internationale a déployé des efforts considérables pour identifier les besoins spéciaux de ces pays, a-t-il noté, avec notamment l’organisation de conférences internationales. La mise en oeuvre des OMD devrait donc être menée en coordination avec ces efforts au niveau international, a-t-il considéré.
En ce qui concerne en particulier les pays en développement sans littoral, le représentant a expliqué que le programme d’action d’Almaty et les résolutions récentes de l’Assemblée générale reconnaissent que le fait de ne pas avoir accès à la mer entraîne une lourde dépendance pour les transits et donc l’exiguïté des marchés. Le programme d’action d’Almaty prévoit un accès de ces pays à la mer et lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle leur offre une assistance technique, a-t-il ajouté. De l’avis du représentant, la question des pays sans littoral en développement demeure incomplète dans la préparation du Sommet de septembre. Les OMD ne seront réalisés que si les besoins urgents des pays les plus vulnérables sont satisfaits, a-t-il averti. Concernant l’accès aux marchés, il s’est félicité de la recommandation du Secrétaire général en vue de conclure les négociations du cycle de Doha en 2006 au plus tard et de donner immédiatement accès au marché sans taxes et sans quotas pour les exportations des pays les moins avancés. Il a aussi apprécié la résolution de l’Assemblée générale A/59/486 du 22 décembre 2004 qui demande que le programme de travail de Doha examine la situation des pays sans littoral dans la catégorie des petites économies. Le représentant a conclu en émettant l’espoir qu’en application de cette résolution, les besoins des pays qu’il représente seront largement pris en compte lors du prochain Sommet.
M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a appuyé les propositions du Secrétaire général concernant le développement ainsi que celles relatives à la promotion des droits de l’homme. Concernant la réforme du Conseil de sécurité, il a appelé ses homologues à se rendre à l’évidence et à reconnaître que sur une question aussi complexe, le consensus n’est pas possible. Il a adhéré aux propos du Secrétaire général selon lesquels l’absence de consensus ne saurait être un prétexte à l’inaction. Prétendre qu’un vote diviserait les membres de l’Assemblée générale ou serait antidémocratique participe d’une compréhension « étrange » de la démocratie puisque la mise aux voix est le travail quotidien de tout parlement démocratique. Il a appuyé la date butoir du mois de septembre et a annoncé que sa délégation travaillera à une résolution qui sera mise aux voix en mai ou en juin. L’Allemagne demeure ouverte aux idées mais elle ne fera aucun compromis pour accommoder les intérêts spécifiques de certains pays, a prévenu le représentant.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souligné que le document du Sommet de septembre devrait inclure une réaffirmation du Consensus de Monterrey, des conclusions de Johannesburg et des engagements pris au Sommet du Millénaire. Les pays développés, comme les pays en développement, doivent s'efforcer de remplir leurs responsabilités respectives. Le représentant a affirmé que seule une avancée audacieuse en 2005 pourrait permettre à la communauté internationale de renforcer la sécurité mondiale et de sauver des millions de vies. Le représentant a par ailleurs approuvé l'appel lancé en faveur d'un nouveau consensus sur la sécurité. Le Sommet devra reconnaître la diversité et l'interdépendance de toutes les menaces qui pèsent sur la sécurité, ainsi que le principe d’une responsabilité partagée pour assurer leur sécurité mutuelle.
M. Wenaweser a affirmé que face à l'évolution des menaces au cours des 60 dernières années, la Charte et le droit international continuaient d'être les seuls cadres existants de sécurité collective. Il a donc appelé à une mise en œuvre immédiate des Objectifs du Millénaire pour le développement et à une revitalisation du cadre juridique en matière de non-prolifération et de désarmement. La délégation a également soutenu la proposition d'une stratégie de lutte contre le terrorisme et d'une approche globale qui intégrerait la protection des droits de l'homme. En outre, face aux atrocités de masse et aux génocides, le Liechtenstein s'est dit favorable à l'usage de la force.
M. Wenaweser a également estimé que le Sommet de septembre devait être non seulement l'occasion, pour les États Membres, de réaffirmer leur engagement à l'égard du droit international, mais aussi, à cet effet, de réformer les principaux organes des Nations Unies. Cette réforme, a estimé le représentant, ne peut être complète sans une refonte majeure de l’Assemblée générale qui, selon lui, doit retrouver la place qui lui revient.
M. HJALMAR HANNESSON (Islande) a déclaré que sa délégation soutenait pleinement les constats du Secrétaire général selon lesquels le développement, la sécurité et les droits de l’homme sont étroitement liés. Concernant le concept de liberté face à la pauvreté, il a indiqué que le développement est une responsabilité qui doit être partagée entre pays riches et pauvres. L’Islande se félicite de l’accent que met le Secrétaire général sur les besoins de l’Afrique, a dit M. Hannesson, en précisant que son pays entend doubler le montant de son aide au développement d’ici à 2009 en accordant l’essentiel de cette aide à l’Afrique. Dans le même temps, l’Islande soutient un accroissement des efforts visant à créer un système commercial ouvert, équitable et qui permette aux pays en développement de participer à l’économie mondialisée. M. Hannesson a ensuite indiqué que son pays soutenait la proposition du Secrétaire général allant en faveur d’une définition du terrorisme. Cette définition faciliterait la lutte contre cette menace mondiale, a estimé le représentant. Ensuite, l’Islande soutient l’attention portée au rôle que doit jouer l’aspect « considération de la dignité humaine » à travers les droits de l’homme, la démocratie et la primauté du droit. À cet égard, l’Islande appuie la notion de la responsabilité de protéger ceux qui sont menacés, y compris à travers des mécanismes juridiques comme la Cour pénale internationale.
M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine) a estimé que le rapport du Secrétaire général est une bonne base pour la poursuite d’actions ciblées. Il a regretté qu’il ne tienne pas pleinement compte des vues et des préoccupations des pays du GUUAM, en particulier les économies en transition et le trafic des êtres humains. Il a adhéré à la nouvelle vision de la sécurité collective avant de soutenir également les propositions sur le contrôle des armes, le désarmement et la non-prolifération. Il a argué qu’en la matière, le rôle du Conseil de sécurité est essentiel. Il a poursuivi en estimant que le recours à la force est une composante essentielle de tout système de sécurité collective efficace. Il a néanmoins souligné que les mesures en ce sens ne peuvent être prises qu’en dernier recours. Concernant la promotion des droits de l’homme, le représentant a estimé que les propositions du Secrétaire général constituent un bon point de départ pour la recherche de mesures novatrices. Concluant sur la réforme du Conseil de sécurité, il a prévenu que le GUUAM n’appuierait aucune proposition qui ne prévoirait pas l’attribution au moins d’un autre siège non permanent au Groupe des États d’Europe orientale. Il a aussi exprimé son appui à la revitalisation de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social ainsi qu’à la création d’une commission de consolidation de la paix. Il a salué le Secrétaire général pour sa position sur le règlement des conflits larvés.
M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré s’associer aux déclarations des représentants du Groupe des 77 et de la Chine, du Mouvement des pays non alignés et du Groupe des États d’Afrique. Il a reconnu que la priorité doit être donnée aux stratégies d’action nationales pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Des défis différents se posent pour les pays les moins développés, les pays sans littoral en développement et les pays les moins développés, a-t-il noté. Il existe des cadres de coopération internationale, mais ils ne sont pas mis en place efficacement. En outre, il a rappelé que le fardeau de la dette extérieure est insupportable pour l’Afrique en particulier. Par ailleurs, selon le représentant, il faut arriver à un nouveau consensus international sur l’avenir de la sécurité collective, mais il reste encore beaucoup à faire pour surmonter les faiblesses des institutions lorsqu’il s’agit de traiter de telles questions.
Concernant la réforme des institutions de l’ONU, M. Gaspar Marins a approuvé la recommandation sur la revitalisation de l’Assemblée générale. L’idée de créer un conseil des droits de l’homme mérite un examen plus approfondi, a-t-il estimé, préconisant de maintenir le système des experts et du Rapporteur spécial des droits de l’homme qu’il juge efficace. La création d’une commission de consolidation de la paix est souhaitable, a-t-il dit. Enfin, s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a rappelé que les pays africains l’attendent depuis longtemps afin qu’il soit plus représentatif. Cependant, si un consensus ne peut être atteint dans ce domaine, il a espéré que cela ne donnera pas lieu à un ajournement de l’examen en septembre des questions sur lesquelles un accord est atteint.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a déploré que le rapport ne reconnaisse pas suffisamment les opinions des membres du Mouvement des pays non alignés et du Groupe des 77 et de la Chine. Une place plus importante, s’est-il expliqué, aurait dû être accordée au développement. Présenter ces préoccupations dans un cadre sécuritaire porte à croire que la sécurité devient une question prioritaire. Ceci dit, n’attacher de l’importance qu’aux Objectifs du Millénaire pour le développement n’est pas non plus la démarche à suivre. Il faut, a estimé le représentant, une vue d’ensemble et une architecture financière favorable au développement, conformément aux engagements pris. En l’occurrence, il a ironisé sur les appels lancés aux pays du Sud pour qu’ils assument une plus grande responsabilité dans leur développement comme s’ils étaient immunisés contre l’impact des décisions internationales. Quant à la mobilisation des ressources internes, elle dépendra, a souligné le représentant, de la nature des plans formulés pour mettre en œuvre les OMD, en particulier en ce qui concerne l’allègement de la dette et la libéralisation commerciale. Victime récente du tsunami, l’Indonésie, a-t-il poursuivi, appuie les propositions du Secrétaire général concernant la mise en place d’un système d’alerte rapide pour les catastrophes naturelles.
S’agissant de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive (ADM), le représentant a jugé difficile de comprendre pourquoi la définition de la prolifération nucléaire se concentre sur la prolifération générale des ADM tout en évitant soigneusement la question plus critique de la prolifération verticale et du développement qualitatif. De même pour le terrorisme, il a dénoncé une définition qui ignore la lutte légitime des peuples soumis à la colonisation ou à l’occupation étrangère. S’agissant de la « responsabilité de protéger », il a estimé que ce concept soulève des questions politiques et juridiques qui méritent d’être soigneusement examinées. Il a invoqué les mêmes arguments en ce qui concerne le « recours à la force ». Il a aussi commenté les réformes institutionnelles en souhaitant que l’on sauve le Conseil économique et social du rôle passif dans lequel on l’a confiné ces derniers temps par opposition aux rôles vigoureux de institutions de Bretton Woods et de l’OMC. Il a, en outre, dit attendre des explications supplémentaires sur le remplacement de la Commission des droits de l’homme par un conseil des droits de l’homme, organe plus réduit. À son tour, il s’est opposé à l’imposition d’un délai artificiel pour l’examen du rapport du Secrétaire général.
M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV (Kazakhstan) a affirmé que le développement économique et social constituait un élément déterminant d'une approche préventive en matière de sécurité collective. Par ailleurs, favorable à l'initiative d'une stratégie de lutte contre le terrorisme, le Kazakhstan a appelé à un accord rapide sur le projet de convention générale contre le terrorisme international en vue de mettre en place des mécanismes juridiques dans ce domaine. Le représentant a également salué la recommandation concernant la création d'une commission de consolidation de la paix, qui devrait avoir pour tâche d'éviter l'escalade des conflits. L'usage de la force pour garantir la paix et la sécurité internationales, a-t-il rappelé, ne devrait être invoqué qu’en dernier recours. Enfin, le représentant a estimé que la proposition de remplacer la Commission des droits de l'homme par un conseil des droits de l'homme, plus réduit et composé de membres élus à la majorité des deux tiers par l’Assemblée générale, devait être réexaminée.
M. TERUNEH ZENNA (Éthiopie) s’est associé aux déclarations des représentants du Groupe des 77 et de la Chine, du Mouvement des pays non alignés et du Groupe des États d’Afrique. Le rapport du Secrétaire général est une bonne base pour l’examen complet des progrès réalisés du point de vue du respect des engagements pris lors de la Déclaration du Millénaire, a-t-il considéré. Il a trouvé intéressante l’idée de lancer une facilité financière internationale. S’agissant des conditions particulières de l’Afrique et des pays les moins avancés, elles n’ont pas été vraiment prises en compte dans le rapport. Le représentant s’est déclaré d’avis que les menaces à la sécurité sont liées les unes aux autres. Pour renforcer la sécurité collective, il a suggéré notamment la mise en place d’un système d’alerte rapide. M. Zenna a ensuite soutenu la recommandation d’appuyer l’Union africaine dans ses efforts de mettre en place une force en attente. La coopération avec l’Union africaine, a-t-il souligné, doit être renforcée. Pour ce qui est de la réforme institutionnelle, il a espéré que les questions de la transparence et de l’efficacité du Conseil de sécurité seront examinées plus avant. Il a toutefois fait remarquer que les recommandations concernant le Conseil économique et social (ECOSOC) ne sont pas satisfaisantes. Il a espéré que, par la réforme, on pourra rétablir l’Assemblée générale dans son rôle et renforcer l’ECOSOC. Enfin, il a souhaité voir une synergie entre les principaux organes de l’ONU pour garantir le succès des réformes. Il a également souhaité un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.
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