En cours au Siège de l'ONU

AG/10337

LES PAYS DU SUD POSENT UN REGARD CRITIQUE SUR LES PROPOSITIONS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL VISANT À PERMETTRE À L’ONU DE RELEVER LES DÉFIS DU XXIe SIÈCLE

06/04/2005
Communiqué de presse
AG/10337

Assemblée générale

85e & 86e séances plénières – matin & après-midi


LES PAYS DU SUD POSENT UN REGARD CRITIQUE SUR LES PROPOSITIONS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL VISANT À PERMETTRE À L’ONU DE RELEVER LES DÉFIS DU XXIe SIÈCLE


Après le rapport du Groupe de haut niveau sur les défis, les menaces et le changement, et celui du « Projet du Millénaire », l’Assemblée générale a passé, aujourd’hui, sous sa loupe, le rapport du Secrétaire général de l’ONU* intitulé « Dans une liberté plus grande: développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous ».  Les propositions contenues dans le rapport visant à « guérir une Organisation malade », selon les mots de plusieurs intervenants, seront examinées dans le détail au sein de groupes thématiques qui, à partir du 19 avril, négocieront les recommandations à soumettre pour approbation au Sommet de septembre prochain, consacré à l’examen de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Lorsqu’il avait présenté son rapport, le 21 mars dernier, Kofi Annan avait affirmé que les OMD pouvaient être atteints à la seule condition que les États Membres de l’ONU soient prêts à adopter une série de mesures précises et concrètes.  « Mes propositions constituent un tout, une stratégie qui donne autant de poids aux trois grands objectifs de l’ONU: le développement, la sécurité et les droits de l’homme qui doivent tous reposer sur la primauté du droit », s’était-il alors expliqué.  Ce « tout », les quelque 83 délégations, inscrites au débat, n’hésiteront pas à le disséquer comme l’ont fait aujourd’hui les 20 premiers intervenants qui ont rivalisé de formules chocs pour en critiquer certains aspects.


« Le rapport n’est pas la thérapie attendue et encore moins la panacée que d’aucun souhaitait°» a, par exemple, estimé le représentant de l’Algérie, en résumant ainsi le sentiment général des pays du Sud.  « Manque d’ambition », a tranché le Groupe des 77 et de la Chine, par la voix, de son Président, qui a regretté l’absence d’un « Plan d’action » véritable sur la mise en œuvre des OMD.  Le représentant de la Jamaïque a, en effet, argué qu’aujourd’hui, l’urgence n’est pas tant de mobiliser de nouvelles ressources financières que de faire en sorte que les engagements pris, lors des conférences et sommets de l’ONU, se concrétisent enfin.  En écho, le représentant du Pakistan a prédit un échec cuisant au Sommet de septembre si des engagements concrets ne sont pas pris sur la création d’un commerce international orienté vers le développement; l’amélioration de la bonne gouvernance économique et financière internationale, la stabilisation des prix des produits de base, la promotion d’emplois productifs ou encore l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.  L’urgence d’inverser la tendance de l’aide publique au développement (APD) et de trouver une solution définitive au problème de la dette a, une nouvelle fois, été soulignée par les pays concernés qui se sont félicités des propositions du Secrétaire général en ce sens. 


C’est la réforme du domaine de la sécurité qui les a le plus préoccupés.  S’ils ont salué l’idée de créer une commission intergouvernementale de consolidation de  la paix, en demandant souvent des explications supplémentaires, les intervenants n’ont pas administré le même traitement à la philosophie qui sous-tend les propositions dans ce domaine.  Tel que conçu, ont argumenté certains pays, le concept de « sécurité collective » ouvre la voie à l’interventionnisme et à l’unilatéralisme plutôt qu’à la coopération, en ce sens qu’il concentre les pouvoirs entre les mains du Conseil de sécurité et légitime, en conséquence, l’inégalité persistante en matière de sécurité, de pouvoir et de richesses.  Les délégations se sont aussi attaquées avec vigueur à l’argumentation du Secrétaire général sur le recours à la force et sur la notion de « responsabilité de protéger » qui, selon elles, ressemble à s’y méprendre à « l’ingérence humanitaire » pourtant rejetée en son temps.  Les tragédies du Rwanda et de la Bosnie-Herzégovine étaient dues, non pas à une absence d’idéologie, mais bien à un manque de volonté politique, a jugé bon de souligner le représentant du Pakistan.  Le Fonds pour la démocratie a fait l’objet d’une opinion plutôt favorable contrairement à l’idée de créer un conseil des droits de l’homme qui apparaît dans le chapitre consacré aux réformes institutionnelles.  Le Secrétaire général y affirme, en effet, que l’aptitude de la Commission des droits de l’homme à s’acquitter de ses tâches souffre de plus en plus de l’effritement de sa crédibilité et de la baisse de son niveau de compétence professionnelle.  Un organe plus réduit serait une réponse maladroite à un problème complexe, ont rétorqué plusieurs délégations, en s’interrogeant, par exemple, sur sa relation avec la Troisième Commission de l’Assemblée générale (chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles).  Elles se sont également interrogées sur les mécanismes qui permettraient d’identifier les pays qui respectent les « standards élevés en matière de respect des droits de l’homme ».  La proposition de renforcer l’Assemblée générale et le Conseil économique et social a reçu l’aval des délégations de même que l’idée d’une structure plus cohérente pour traiter des défis croissants en matière d’environnement.  La question de la réforme du Conseil de sécurité a été plus polémique. 


L’opposition la plus ferme est venue du Groupe des États d’Europe orientale qui a rejeté son inclusion dans un ensemble « européen ».  La représentante de l’Estonie, au nom de ce Groupe, et celui de la République tchèque, ont argué que la disparition de leur Groupe constituerait non pas une mesure de réforme mais bien au contraire un recul.  Il faut prendre les mesures du Secrétaire général pour ce qu’elles sont, a conseillé le représentant de la Chine qui a rappelé qu’il ne s’agit en aucun cas de décisions que les États Membres n’auraient plus qu’à entériner mais plutôt de propositions négociables.  Le représentant chinois a, à ce propos, mis en garde contre toute précipitation qui mènerait au vote au détriment d’un consensus « essentiel » à la légitimité d’une décision concernant un organe aussi crucial pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a été appuyé par de très nombreuses délégations.


Invitant les délégations à poursuivre ces discussions demain, jeudi 7 avril à 10 heures, le Président de l’Assemblée générale, Jean Ping du Gabon, a rappelé que, pour l’aider à promouvoir le rapport dans son ensemble, le Secrétaire général de l’ONU a nommé comme Envoyés, MM. Ernesto Zedillo, ancien Président du Mexique, Joaquin Chissano, ancien Président du Mozambique, Dermot Ahern, Ministre des affaires étrangères de l’Irlande, et Ali Alatas, ancien Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie. 


Décédé le samedi 2 avril, sa Sainteté le Pape Jean-Paul II a reçu un hommage ému de la part des Présidents du Groupe des États africains, du Groupe des États d’Asie, du Groupe des États d’Europe orientale, du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, de l’Organisation de la Conférence islamique (OIC) et de l’Union européenne.  Les États-Unis se sont également exprimés, au nom du pays hôte, avant les représentants de la Pologne et de l’Italie.  À l’instar de l’Observateur du Saint-Siège, ces personnalités ont déploré la mort d’un défenseur des opprimés et d’un passionné de la liberté, de la solidarité et de la dignité humaine.  Mgr Celestino Migliore a rappelé que lors de son passage à New York, Jean-Paul II avait souligné l’importance du rôle de l’ONU en tant qu’enceinte chargée d’évaluer, de manière juste, tous les défis auxquels l’humanité est confrontée. 


Les mêmes personnalités ont ensuite rendu un hommage appuyé à Son Altesse Sérénissime Rainier III de Monaco, décédé ce matin.  Elles ont déploré, avec le représentant de cet État, Gilles Noghès, la mort d’un homme convaincu du rôle incontournable de l’ONU dans le maintien de la paix dans le monde.  Promoteur de la solidarité à l’égard des plus faibles, le Principe, a ajouté le représentant monégasque, doit son titre de « Prince bâtisseur » à l’édification de son pays sur les piliers du droit et de la justice.


*  Voir notre communiqué AG/10334: http://www.un.org/News/Press/docs/2005/AG_10334.doc.htm et le rapport publié sous la cote A/59/2005, disponible à l’adresse Internet suivante: http://www.un.org/french/largerfreedom/.


APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES; SUITE À DONNER AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/59/2005)


Déclarations


M. JEAN-MARC HOSCHEIT (Luxembourg), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a réaffirmé qu’« aucun État, si puissant soit-il, ne peut à lui seul assurer sa protection; qu’aucun pays, fort ou faible, ne peut prospérer sans les autres ».  L’Union européenne, a-t-il ajouté, se sent confortée dans sa ferme détermination à promouvoir et à poursuivre l’objectif d’un multilatéralisme efficace des Nations Unies en son centre –comme cela est souligné dans la Stratégie européenne de sécurité-, celui-ci représentant le moyen le plus efficace de répondre aux menaces et aux défis auxquels est confrontée la communauté internationale.


En ce qui concerne le chapitre « Vivre à l’abri du besoin », l’Union européenne réaffirme le rôle et les bénéfices du développement comme un pilier distinct et à part entière.  À cet égard, elle considère son engagement pour le développement durable comme une responsabilité partagée et souligne qu’un environnement durable est un élément clef en vue de réaliser tous les autres Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  L’Union européenne accepte pleinement sa part de la responsabilité partagée pour le développement et est fermement résolue à mettre en œuvre la Déclaration du Millénaire et les OMD et souligne le lien qui existe entre la réalisation de ces objectifs et la réaffirmation et la mise en œuvre des résultats des conférences et sommets organisés par les Nations Unies au niveau international.  L’Union européenne, au niveau des chefs d’État ou de gouvernement, a aussi pris acte des besoins particuliers de l’Afrique, un continent qui est frappé de manière disproportionnée par les menaces et les problèmes abordés dans le rapport du Secrétaire général, ainsi que des besoins de développement spécifiques dans d’autres parties du monde, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire et l’Union européenne continuera à y réagir. 


Tout en faisant des efforts en ce qui concerne l’aspect quantitatif du financement du développement, l’Union souligne qu’il convient d’améliorer parallèlement la quantité de l’APD et les pratiques des bailleurs de fonds.  Elle lance un appel aux États Membres qui sont en mesure de le faire, à respecter les niveaux d’APD décidés à l’échelon international, tant au plan quantitatif qu’au plan qualitatif.  Elle encourage également la mobilisation du commerce international en tant qu’outil de développement.  Les États Membres devraient s’engager à œuvrer pour une conclusion rapide et couronnée de succès du cycle de Doha pour le développement qui apporterait de véritables bénéfices aux plus démunis.  Dans l’esprit d’un développement véritablement durable, l’Union européenne se félicite de l’attention accordée par le Secrétaire général aux questions d’environnement, notamment les changements climatiques et la gouvernance internationale dans ce domaine.


L’Union européenne reconnaît qu’il y a lieu de développer davantage, puis de mettre en œuvre la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme que le Secrétaire général a lancée récemment à Madrid.  À cet égard, l’adoption d’une définition du terrorisme et ensuite d’une convention internationale globale sur le terrorisme constituent des éléments clefs.  L’Union européenne salue l’adoption par consensus du projet de convention internationale pour la suppression d’actes de terrorisme nucléaire.  Dans la lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et la criminalité transnationale organisée, l’Union soutient l’appel en faveur d’une plus large adhésion aux traités, conventions, protocoles et autres arrangements internationaux et de leur mise en œuvre à une plus grande échelle et en faveur d’un rôle renforcé du Conseil de sécurité.  L’Union européenne appelle également au renforcement des capacités des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de gestion des crises, notamment par une meilleure coordination sur le terrain et au Siège ainsi qu’entre le terrain et le Siège et par un renforcement  de la coopération avec les organisations et institutions régionales.  Elle souligne également l’importance de la prévention des conflits et appuie un renforcement du rôle du Secrétaire général en matière de diplomatie préventive.  Elle soutient en outre l’établissement d’une commission pour la consolidation de la paix, qui serait un moyen de combler le vide conceptuel et institutionnel entre la fin d’un conflit armé et la reprise des activités de développement.  L’Union se félicite de la place importante accordée aux droits de l’homme et à l’État de droit dans le rapport du Secrétaire général.  Tout en insistant sur la nécessité de préserver les aspects précieux de l’acquis du système en vigueur, l’Union européenne soutient l’appel en faveur du renforcement du Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et encourage le Haut Commissaire à présenter dans les meilleurs délais un plan d’action à cet effet.  En outre, l’Union européenne soutient fermement la réforme des Nations Unies, l’objectif étant de renforcer la capacité qu’a la communauté internationale de faire face à de nouvelles menaces et au large éventail des défis actuels.  Notre objectif commun est d’améliorer la crédibilité et la performance globale du système de l’ONU, a rappelé M. Hoscheit.  La réforme institutionnelle dans le domaine des droits de l’homme doit permettre de renforcer l’ensemble des mécanismes relatifs aux droits de l’homme des Nations Unies.  À cet égard, l’Union européenne se félicite de la proposition reflétant la primauté des droits de l’homme à travers la création d’un conseil des droits de l’homme.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou), au nom de la Communauté andine, a rendu hommage à sa Sainteté le Pape Jean-Paul II et également présenté ses condoléances à la principauté de Monaco après le décès du Prince Rainier III.  Il a expliqué que la Communauté andine, qui rassemble 120 millions de personnes, est l’expression contemporaine d’une identité andine, avec un politique extérieure commune.  Nous sommes engagés à participer au processus de négociations qui doit conduire au renforcement des Nations Unies et à l’amélioration de son efficacité, a-t-il affirmé.  Il a présenté des observations générales, assurant qu’il fera des remarques plus précises lors des prochaines consultations.  Il a souligné l’importance de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.  Sur la notion de propositions « qui forment un tout » présentée dans le rapport du Secrétaire général, il a relevé l’hétérogénéité des questions posées qui exigent un examen séparé à son avis.  Il s’est aussi déclaré favorable à un bon équilibre entre les questions de sécurité et de développement.  M. de Rivero a regretté que le Secrétaire général ne prête pas suffisamment attention à la situation des pays qui luttent pour atteindre un niveau de revenu intermédiaire, tout en maintenant un fort taux de pauvreté.  Si l’on ne s’attaque pas à cette question, il sera difficile de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il considéré.  Il a espéré que la réforme en cours permettra d’éliminer les inégalités existantes dans le commerce international, notamment de lever les barrières douanières qui pénalisent les pays en développement.  Favoriser un partenariat mondial pour le développement est un des objectifs du Sommet de septembre, a rappelé M. de Rivero.  Pour les pays andins, a-t-il poursuivi, l’élimination de la pauvreté figure au nombre des stratégies nationales, c’est pourquoi ils sont très engagés dans la mise en œuvre des OMD.  Les propositions en matière de développement contenues dans le rapport doivent être renforcées, a-t-il souligné.


M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a remercié le Secrétaire général d’avoir accompli le mandat qu’il avait reçu par la résolution de l’Assemblée générale 58/291 en préparant le rapport et en le soumettant dans les temps aux États Membres.  Les pays du Mouvement des non-alignés sont déterminés à coopérer pleinement pour réaliser les objectifs à atteindre à la Réunion plénière de haut niveau de septembre 2005, a-t-il assuré.  Il a souhaité que cette Réunion présente un certain équilibre entre les questions liées au développement et celles relatives à la paix et à la sécurité.  Le représentant a noté que nombreuses recommandations du Groupe de personnalités de haut niveau ont été incluses dans le rapport du Secrétaire général, mais a regretté que certaines vues des États Membres n’aient pas été suffisamment reflétées.  À cet égard, il a fait valoir que les idées et observations soumises par les membres du Mouvement des non-alignés, qui représentent presque les deux tiers des États Membres de l’ONU, n’ont pas en général été prises en compte dans le rapport.  À ce stade du processus préparatoire, a-t-il poursuivi, les pays qu’il représente ne sont pas en mesure de présenter une réflexion approfondie sur les propositions figurant au rapport.  En outre, a-t-il estimé, il est nécessaire de continuer à identifier les questions sur lesquelles les États Membres peuvent trouver une base commune.  Conscient de la responsabilité qui pèse sur les épaules du Secrétaire général, le représentant a assuré qu’il ferait tout son possible pour que la Réunion de haut niveau soit couronnée de succès et aboutisse à un résultat significatif.  En concluant, M. Isa a souhaité que les mesures concernant les principes fondamentaux de l’ONU et sa réforme fassent l’objet de décisions de la part des États Membres eux-mêmes. 


M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a, à l’instar du Secrétaire général, estimé que l’année 2005 est une occasion historique de faire face aux défis du XXIe siècle.  Tous les efforts, a-t-il déclaré, doivent viser à soutenir le multilatéralisme et à promouvoir le droit international.  Il nous faut une Organisation plus forte et un système institutionnel plus performant.  Après avoir émis des réserves sur l’ordre hiérarchique dans lequel le Secrétaire général présente ces quatre chapitres principaux, il a regretté que le rapport ne tienne pas compte de l’avis des pays du Sud.  Il a jugé nécessaire de faire face aux défis d’une manière globale avec pour objectif de combler le fossé entre les riches et les pauvres.  Il a salué les recommandations du Secrétaire général, en lui reprochant pourtant de ne pas avoir été assez loin.  En la matière, il a regretté le manque de propositions audacieuses sur la mobilisation des ressources, en particulier sur les moyens de faire en sorte que les engagements déjà pris soient tenus.  Le représentant a aussi souligné que le rapport n’aborde, de manière appropriée, les questions économiques, à savoir les obstacles au développement.  Il est nécessaire d’apporter des changements dans la gouvernance économique internationale, a-t-il poursuivi en appelant à des mesures concernant les institutions chargées des échanges commerciaux ou de la technologie.  Des dispositions plus inclusives doivent être prises pour faciliter des réactions plus adéquates aux besoins en développement, en particulier au sein des institutions de Bretton Woods. 


S'exprimant au nom du Groupe du Forum des îles du Pacifique, M. ALI'IOAIGA FETURI ELISAIA (Samoa) a tout d'abord demandé à ce que la Stratégie de Maurice, adoptée par la Réunion internationale pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade, en janvier dernier, soit reconnue à l'occasion du Sommet de septembre 2005 comme moyen pour les petits États insulaires en développement d'atteindre leurs Objectifs du Millénaire, ainsi que les besoins spécifiques de ces États.  Le représentant a ensuite appelé au renforcement du Conseil économique et social et de l'Assemblée générale, ainsi qu'à l'élargissement du Conseil de sécurité, qui devrait selon lui intégrer le Groupe des États d'Asie et du Pacifique, comme l'a proposé le Secrétaire général.  M. Feturi Elisaia a en outre salué la recommandation audacieuse de M. Annan de créer un conseil des droits de l’homme visant à remplacer l’actuelle Commission des droits de l’homme, tout en insistant sur la nécessité d’un examen approfondi de cette question.  Le représentant s'est également félicité de la volonté du Secrétaire général de soutenir davantage à l'avenir les organisations régionales qui constituent, selon lui, le lien entre les Nations Unies et certains de ses États Membres.


S'exprimant au nom du Groupe des États de l’Europe de l'Est, Mme TIINA INTELMANN (Estonie) a attiré l'attention sur la question de la réforme du Conseil de sécurité, dont les deux modèles d'élargissement proposés par le Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement dans son rapport, et repris par le Secrétaire général dans le sien, demeurent insatisfaisants.  À cet égard, la représentante a insisté sur la nécessité de maintenir les groupes régionaux existants.  Elle a estimé que toute augmentation du nombre des membres non permanents du Conseil de sécurité devrait se traduire par l'octroi d'au moins un siège supplémentaire au Groupe des États de l'Europe de l'Est, rappelant que le nombre de ces États avait doublé depuis 1991.


M. BROWN BESWICK CHIMPHAMBA (Malawi), au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dit fermement en faveur de l’objectif visant à renforcer la capacité de la communauté internationale à faire face aux nombreux défis du jour.  Le but ultime est de permettre aux Nations Unies de produire les résultats nécessaires, de renforcer le multilatéralisme, d’asseoir l’État de droit et de préserver les principes de la Charte de l’ONU.  Il a donc regretté que certaines des propositions de son Groupe n’aient pas été dûment incorporées dans le rapport du Secrétaire général.  Parmi les omissions, il a relevé le fait que les engagements de la communauté internationale concernant la dette, l’accès aux marchés, l’aide publique au développement, les investissements étrangers directs (IED) n’ont pas été réalisés.  Le rapport du Secrétaire général n’énonce pas de façon « fiable » les moyens de mettre ces engagements en œuvre.  Le rapport ne met pas non plus suffisamment l’accent sur le lien crucial entre la sécurité et la pauvreté, a aussi estimé le représentant.  Il s’est cependant dit heureux que le rapport insiste sur la question de l’égalité des sexes, y compris l’émancipation économique des femmes et la santé génésique. 


Il s’est dit convaincu que la stratégie proposée par le Secrétaire général pour lutter contre le VIH/sida exige des investissements importants, notamment des initiatives fondées sur le développement à long terme de l’Afrique.  Il a mis, par ailleurs, en garde contre de nouveaux paramètres dans les critères de bonne gouvernance.  Le représentant a aussi soulevé les questions de l’environnement et des migrations avant de demander des détails sur d’autres propositions telles que celle concernant la Facilité internationale de financement.  Il a conclu sur la question de la sécurité pour inviter ses homologues aux nouveaux concepts que le Secrétaire général a introduits dans son rapport.  La sécurité collective, a-t-il dit, ne peut être exclusivement définie par la responsabilité de protéger.  La protection des citoyens ne peut être utilisée pour violer l’intégrité territoriale des États, a-t-il déclaré, en jugeant important que les droits de l’homme incluent le droit au développement et celui de déterminer son propre système.  Il a réservé son dernier mot à la réforme du Conseil de sécurité en réclamant pour l’Afrique pas moins de deux sièges permanents, y compris le droit de veto, et cinq sièges non permanents.


M. WANG GUANGYA (Chine) a apprécié les bonnes intentions qui ont inspiré le rapport du Secrétaire général.  Tout en accélérant le processus de la réforme, il ne faut pas perdre de vue son aspect multisectoriel, a-t-il averti.  Il a souhaité que certains principes fondamentaux soient respectés au cours de ce processus, comme l’égalité des droits des États Membres à prendre part à la discussion, ou la prise en compte des intérêts de chacun, en particulier des pays en développement.  En ce qui concerne la santé publique, il a considéré que l’Assemblée générale devrait renforcer les mesures qu’elle a déjà prises dans ce domaine au cours de ses deux dernières sessions.  En matière de sécurité, il a rappelé le nouveau concept proposé par la Chine, qui met l’accent sur la confiance et le respect mutuels, ainsi que sur l’égalité et la coopération.  Des consultations sont encore nécessaires, a-t-il ajouté, pour arriver à un consensus sur des questions telles que la définition du terrorisme ou le critère de l’usage de la force.


Sur la question de la réforme du système des Nations Unies, M. Guangya s’est prononcé en faveur de mesures générales, ainsi qu’en faveur de la réforme des organes chargés des droits de l’homme.  Il a toutefois souhaité que la proposition visant à transformer la Commission des droits de l’homme en conseil des droits de l’homme soit examinée minutieusement pour éviter d’affaiblir la crédibilité d’un tel organe.  La création d’une commission pour la consolidation de la paix est une initiative à laquelle la Chine est également favorable, a déclaré son représentant.  En revanche, il a émis des réserves sur la proposition d’abolir le Comité d’état-major.  Abordant la question de la réforme du Conseil de sécurité, M. Guangya a approuvé l’élargissement de sa représentation avec une priorité donnée aux pays en développement.  De l’avis de sa délégation, il est essentiel que l’examen de cette question prenne en considération les intérêts de chaque groupe régional et respecte les principes démocratiques.  À cet égard, le représentant a proposé que l’on ne se contente pas des deux formules proposées par le Groupe des personnalités de haut niveau pour réformer le Conseil de sécurité.  Il ne faut pas non plus fixer un délai pour réaliser la réforme du Conseil de sécurité.  Cette réforme ne doit pas se fondre dans les autres réformes de l’ONU.


M. HYNEK KMONICEK (République tchèque) a soutenu la candidature de l’Allemagne et du Japon à des sièges permanents au Conseil de sécurité ainsi que celles de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine.  Concernant la catégorie des membres élus, le représentant a plaidé pour l’attribution d’un siège au Groupe des États d’Europe orientale.  Il s’est donc fermement opposé à l’élimination de ce Groupe, en arguant que cela compliquerait les élections dans les autres organes des Nations Unies.  Une telle proposition n’est pas une réforme, a-t-il dit, mais bien un pas en arrière.

Sir EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni), se ralliant à la déclaration de l’Union européenne, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la diplomatie multilatérale, depuis la création de l’ONU en 1945.  La raison en est que les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales, a-t-il expliqué.  Ensemble, a-t-il ajouté, nous sommes plus forts pour lutter contre des menaces comme le terrorisme, la dégradation de l’environnement et la pauvreté.  En ce qui concerne ces problèmes, le représentant a estimé qu’il n’y a pas de division bien claire pour déterminer qui est confronté à quoi, l’humanité entière devant faire face à tous les problèmes actuels.  Le représentant a poursuivi en rappelant qu’il ne peut y avoir de développement sans sécurité et respect des droits de l’homme.  Pour être à l’abri du besoin, a estimé le représentant, la communauté internationale doit accroître et changer la manière dont elle fournit son aide publique au développement.  Nos efforts seront vains si les ressources naturelles continuent de s’épuiser, a-t-il ensuite averti.  Le représentant a aussi appelé à l’adoption d’une stratégie globale pour traiter de la question du terrorisme.  Vivre dans la dignité est un autre objectif qui nécessite d’accroître le respect des droits de l’homme, tant économiques et sociaux que civils et politiques, a-t-il rappelé.5


Pour le Royaume-Uni, la manière dont le Secrétaire général a présenté la réforme de l’Organisation tient compte des préoccupations de tous les États.  De l’avis de Sir Jones Parry, la réforme est nécessaire, tant pour les institutions que pour les méthodes de travail.  Le Sommet de septembre prochain nous donnera l’occasion et les moyens de la mettre en œuvre, pour éviter notamment les doublons dans les travaux du Conseil économique et social, a-t-il jugé.  Le Royaume-Uni, a tenu à souligner son représentant, soutient pleinement les efforts du Secrétaire général.  Il a cependant insisté sur la nécessité de garantir plus de transparence pour le recrutement du personnel et des cadres de l’ONU.  Le Royaume-Uni, qui exerce actuellement la présidence du G-8, a lancé un programme en faveur de l’Afrique et des changements climatiques.  En juillet prochain, il assurera la présidence de l’Union européenne et entend, au nom de l’Union, apporter une contribution importante au Sommet de septembre.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est associé aux déclarations du représentant de la Malaisie au nom du Mouvement des pays non alignés et du représentant de la Jamaïque au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il a rappelé l’interdépendance qui existe entre la paix et le développement.  À ses yeux, le succès du Sommet de septembre 2005 dépendra des engagements qui seront pris sur les questions suivantes: création d’un système d’échanges commerciaux internationaux équitable et orienté vers le développement; changements dans la gouvernance internationale en matière financière et économique dans le même sens; recherche de solutions aux problèmes que posent les matières premières; promotion de la création d’emplois.  Dans le domaine de la paix et de la sécurité, le représentant a noté que le rapport du Secrétaire général a insisté sur le concept de sécurité collective en tant qu’instrument de coercition et d’intervention plutôt que de coopération.  S’agissant du critère subjectif de recours à la force défini dans le rapport, il a estimé qu’il risque d’être mal utilisé par les États les plus forts à l’encontre des plus faibles.  Abordant la question du terrorisme, M. Akram a considéré que les actes terroristes commis par des individus ne peuvent pas enlever la légitimité des mouvements de lutte pour l’autodétermination.  De l’avis de sa délégation, les recommandations sur les armes de destruction massive sont incomplètes.  En outre, la non-prolifération doit être encouragée parallèlement au désarmement.


Au titre des autres omissions du rapport, le représentant a cité notamment la question de l’accumulation d’armes conventionnelles et non conventionnelles de plus en plus mortelles, ainsi que les relations difficiles entre l’Islam et l’Occident.  Sur le thème de la réforme de l’ONU, il a estimé que l’autorité et le rôle de l’Assemblée générale doivent être restaurés, et qu’il faut avant tout inverser la tendance du Conseil de sécurité à empiéter sur les prérogatives de l’Assemblée.  Il s’est dit par ailleurs favorable à la création d’une commission pour la consolidation de la paix.  Quant à la proposition de créer un nouveau conseil des droits de l’homme, il lui a paru difficile de la mettre en œuvre, suggérant plutôt des solutions plus simples.  Sur la réforme du Conseil de sécurité, il a craint que les divergences de vues fassent dérailler l’ensemble du processus de réforme de l’Organisation.  Le représentant a enfin évoqué les changements nécessaires pour améliorer l’efficacité du Secrétariat de l’ONU, proposant notamment le recrutement de consultants.  Pour conclure, il a estimé qu’il fallait prendre le temps nécessaire pour être sûr d’arriver à un véritable consensus.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie), tout en souscrivant pleinement aux déclarations du Groupe africain et du Groupe des 77 et de la Chine, a fait remarquer que la proposition longtemps attendue d’établir un calendrier pour l’accroissement échelonné de l’aide publique au développement (APD) en vue d’atteindre en 2015 l’objectif de 0,7% du PNB profite surtout aux pays ayant adopté des stratégies à réalisation accélérée des Objectifs du Millénaire pour le développement et donc moins à ceux plus pauvres qui n’ont pas les moyens de réaliser leurs stratégies nationales de développement.  De la même manière, l’idée de lancer, dès 2005, un mécanisme international de financement basé sur l’APD est une bonne proposition encore faut-il qu’elle vienne en apport à l’APD et non comme substitut à celle-ci.  Enfin, la réalisation de « gains rapides » tels que suggérés par le rapport Sachs, peu onéreux et efficaces, est indéniablement une très bonne proposition que nous devons tous soutenir. 


Abordant la question du terrorisme, le représentant a jugé la proposition d’élaborer une stratégie globale contre cette menace fondée sur cinq piliers globalement acceptable.  Sa délégation considère cependant que les fondations du premier pilier « dissuader les populations de recourir au terrorisme ou de le soutenir » ne sont guère solides dans la mesure où le rapport du Secrétaire général a totalement occulté les causes sous-jacentes du terrorisme, c'est-à-dire les racines du mal, et donc la nécessité de les extirper.  Il conviendrait tout simplement d’apporter des réponses et des solutions à des problèmes bien réels comme l’occupation étrangère, la répression, l’injustice sociale, l’absence de liberté, l’extrême pauvreté ou l’extrémisme politique et religieux qui constituent le terreau d’où le terrorisme puise son énergie.  Le Groupe des personnalités éminentes, quoi qu’en dise le Secrétaire général, n’a pas proposé de définition ni encore moins tranché sur les questions du terrorisme d’État et de la lutte légitime des pays contre l’occupation étrangère, mais seulement des éléments pour une définition.  La nécessité d’une définition se ferait moins sentir si nous nous attaquions de manière résolue aux causes du terrorisme.


En ce qui concerne la question des sanctions, l’Algérie aurait voulu que le Secrétaire général fasse montre de plus de prudence.  Les sanctions ne peuvent être envisagées qu’en dernier ressort et après épuisement de tous les moyens pacifiques de règlement des différends, et que leurs objectifs doivent être clairement définis.  À la lumière de ce qui précède, le rapport du Secrétaire général ne fait aucune référence au cadre juridique et principes devant régir les sanctions, y compris ceux de la Charte, ni aux limites temporelles ni même aux conditions de leur levée.  La mise en œuvre de l’Article 50 de la Charte comme mécanisme d’assistance aux États tiers affectés par le régime de sanctions nous parait être une revendication légitime qu’il convient de promouvoir, a déclaré le représentant.  Pour ce qui est du recours à la force, le Secrétaire général se contente d’endosser le raisonnement du Groupe des personnalités éminentes relatif à l’interprétation de l’Article 51 de la Charte portant la légitime défense, a fait remarquer le représentant.  Sa délégation ne partage pas ce raisonnement car elle estime que le libellé de l’Article 51 est restrictif et, par conséquent, que le droit de légitime défense ne peut être invoqué et appliqué qu’en cas d’acte d’agression armée.  En ce qui concerne le recours à la force, nous sommes confrontés à une double difficulté, la première ayant trait à l’organe appelé à approuver ces principes et la deuxième à la mise en œuvre de ces principes.  Qui peut garantir que face à une situation donnée, les membres permanents du Conseil de sécurité s’entendront sur chacun des quatre critères et ne divergeront pas comme ils l’ont fait dans le cas de l’Iraq?  En d’autres termes, l’adoption de ces principes risque de ne rien régler puisque les appréciations politiques des situations peuvent conduire au même blocage que celui qu’on a connu en 2003.


Par ailleurs, le représentant a émis des doutes sur le rôle que peut jouer le Haut Commissaire des droits de l’homme au Conseil de sécurité, sur la faisabilité de la proposition de la création d’un fonds pour la démocratie, sur l’adoption de principes directeurs relatifs au déplacement de personnes car ils n’ont pas encore fait l’objet de négociations intergouvernementales et surtout sur la responsabilité de protéger, très difficile de distinguer de la notion d’ingérence humanitaire que les pays du Sud, avaient formellement rejetée en 1999.  À cet égard, a-t-il fait observer, il n’existe aucune base légale ni dans la Charte ni en droit international au droit devoir d’ingérence.  La proposition de création d’une commission de la consolidation de la paix dans l’Organisation est excellente, mais beaucoup de points obscurs demeurent qu’il importe de clarifier, a estimé M. Baali, qui souligne par ailleurs que le fait de couper la Commission des droits de l’homme de l’ECOSOC risque d’affaiblir davantage l’ECOSOC au moment où l’on prétend le renforcer.  Cela contribuerait ensuite et surtout à porter atteinte au principe de l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance de tous les droits de l’homme, le projet du Secrétaire général profitant aux seuls droits civils et politiques.  Enfin, l’Algérie défend le modèle B concernant la réforme du Conseil de sécurité parce qu’elle considérait qu’il était le plus démocratique et le plus à même de permettre une rotation équitable, a conclu son représentant.


M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) s’est félicité que, dans son rapport, le Secrétaire général établisse le lien entre le développement et la sécurité.  Il a donc attiré l’attention sur les efforts de développement déployés par l’Afrique, sur la base du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Commentant aussi les propositions relatives à la sécurité, le représentant a voulu que cette notion sur laquelle un accord est recherché soit universelle et tienne compte des différents contextes culturels et religieux.  Il a poursuivi en appelant à la prudence quant aux notions de « prévention » et de « préemption ».  Il a, en effet, souligné le risque de légitimer les actions unilatérales.  Il a aussi jugé que la notion de protection des civils doit être fondée sur des considérations telles que la sphère géographique et l’unification des critères.  Dans ce contexte, la question n’est pas d’ignorer le terrorisme d’État ou de parvenir à une définition agréée par tous du terrorisme.  Il s’agit plutôt, a-t-il dit, de parvenir à une convention contraignante imposant aux États parties des obligations internationales réciproques qui renforceraient la capacité de la communauté internationale de lutter contre le terrorisme et la violence.  Après avoir appelé à une approche équilibrée dans l’examen des questions liées aux armes conventionnelles et aux armes de destruction massive, le représentant est passé à la question de la promotion des droits de l’homme qui, a-t-il insisté, ne peuvent en aucun cas être imposés de l’extérieur.  Il a estimé que la notion de responsabilité de protéger deviendra une menace au principe de souveraineté nationale et laisserait libre cours à une nouvelle forme d’interventionniste dans les affaires internes.  Dans ce contexte, il a aussi estimé que le conseil des droits de l’homme proposé par le Secrétaire général ne contribuerait qu’à compromettre les responsabilités de la Commission des droits de l’homme et de la Troisième Commission.  Il a poursuivi en arguant que l’idée de créer la commission de consolidation de la paix ne serait valable que si l’Assemblée générale et le Conseil économique et social continuent à jouer leur propre rôle.


Mme MARIA ANGELA HOLGUIN CUELLAR (Colombie) a regretté le manque d'importance accordée au développement au sein des Nations Unies qui, selon elle, privilégient l'assistance et les solutions d'urgence comme réponses aux besoins des États Membres, au détriment de la volonté politique, déterminante dans l'éradication de la pauvreté.  À cet égard, une réforme du Conseil économique et social s'impose, a affirmé la représentante.  Elle a ensuite attiré l'attention sur la question de la situation des droits de l'homme qui appelle, selon elle, la création d'une commission universelle.  Par ailleurs, le manque de volonté politique ne peut constituer une excuse pour repousser un accord sur la définition du terrorisme, a estimé la Colombie, qui souligne que l'engagement des États Membres est indispensable à l'élaboration d'un cadre juridique de lutte contre le terrorisme.  S'agissant enfin de la réforme du Conseil de sécurité, Mme Holguín Cuellar a réitéré la position de son Gouvernement selon laquelle il est préférable de privilégier des décisions par consensus pour éviter les divisions et renforcer  l'Organisation.


M. MOHAMMED BENNOUNA (Maroc) a déclaré que la question centrale posée par le Secrétaire général dans son rapport portait sur la nécessité de renouveler le pacte de solidarité 60 ans après la fondation des Nations Unies.  Les volets de cette solidarité sont multiples, a-t-il poursuivi.  S'agissant du développement, le représentant a affirmé que le renforcement de l'État de droit était le seul moyen d'inspirer confiance aux investisseurs nationaux et étrangers et de garantir le développement durable.  En outre, en vue d'atteindre les objectifs à l'aide au développement fixés par le Secrétaire général, M. Bennouna a souligné l'importance d'une meilleure coopération à l'avenir entre les institutions de Bretton Woods, avec l'appui des États-Unis, et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Selon lui, les propositions de M. Annan à ce sujet sont insuffisantes et la fonction de coordination de l'ECOSOC devrait être renforcée.  M. Bennouna a ensuite estimé que la question de l'élargissement du Conseil de sécurité avait parfois occulté celle de parvenir à un équilibre entre cet organe et l'Assemblée générale.  Toujours en matière de sécurité, il s'est cependant réjoui de l'adoption par consensus du projet de convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, soulignant que la lutte en ce domaine devait être au centre des préoccupations de tous les organes des Nations Unies.  Sur le volet libertés et droits de l'homme, le Maroc qualifie de vague et d'indéterminée la proposition du Secrétaire général visant à remplacer la Commission des droits de l'homme par un conseil des droits de l’homme, dont la taille, le rôle et la place restent à préciser, a conclu le représentant.


M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a soutenu l’idée d’une réforme globale des Nations Unies, en respectant les valeurs de la Charte.  Aucune délégation ne sera satisfaite à 100%, mais il faut comprendre que cela fait partie des négociations, a-t-il expliqué.  Nous accordons une importance capitale au développement, a-t-il affirmé, sans lequel il n’y aura jamais de sécurité.  Le représentant a indiqué que son pays participe à l’initiative contre la faim et la pauvreté.  Sa délégation estime qu’il faut accroître le niveau actuel d’aide publique au développement.  Pour répondre aux besoins particuliers de l’Afrique, il faut renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, a-t-il poursuivi.  Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, nous devons redoubler d’efforts pour rapprocher nos positions, notamment pour trouver une définition du terrorisme acceptable par tous.  Les États devraient aussi ratifier les conventions internationales en matière de terrorisme et de criminalité transnationale organisée en vigueur, a préconisé le représentant chilien.  Abordant la question des droits de l’homme, il a estimé que la proposition de nommer un rapporteur spécial chargé d’examiner la conformité des mesures de lutte contre le terrorisme avec les normes internationales de protection des droits de l’homme mérite d’être étudiée plus avant.


Le représentant a estimé que la Charte des Nations Unies ne doit pas faire l’objet d’un amendement pour modifier la définition du recours à la force.  Sa délégation est d’avis que l’État de droit est renforcé grâce à la participation universelle aux conventions internationales.  Concernant la responsabilité internationale collective de faire face à une menace de génocide, il a souligné qu’il est préférable de prévenir l’éventualité d’un tel crime.  Abordant le sort de la Commission des droits de l’homme, il a estimé que beaucoup de pays mettent en cause son rôle pour échapper à ses critiques à leur égard.  En ce qui concerne la réforme de l’ONU, le représentant a souhaité que soit améliorée l’interaction entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, et entre l’Assemblée générale et la société civile.   Il s’est par ailleurs montré favorable aux mesures qui affecteraient le Conseil économique et social.  Pour régler les difficultés auxquelles est confronté le Secrétariat, les réformes sont nécessaires.  S’agissant du Conseil de sécurité, M. Muñoz s’est déclaré favorable à son élargissement, considérant que le Brésil devrait occuper un siège permanent.


Pour mettre l’humanité à l’abri du besoin, M. PETER MAURER (Suisse) a préconisé que des mesures sont nécessaires non seulement dans les domaines économique, commercial et social, mais aussi pour assurer la viabilité écologique pour prévenir les catastrophes naturelles, pour lutter contre les épidémies ou pour répondre aux besoins humanitaires.  Nous devons honorer nos engagements.  Pour les pays industrialisés, il s’agit d’accomplir leur part du travail en ce qui concerne la qualité et le volume de l’aide publique au développement, la mobilisation de ressources financières additionnelles et l’ouverture de leurs marchés aux pays en développement.  Mais il est tout aussi crucial que les pays en développement formulent et mettent en œuvre des stratégies propices à un développement durable et qu’ils mobilisent autant que possible les ressources locales.  En ce qui concerne la répartition de l’aide au développement, force est de constater que les récentes augmentations de l’aide publique au développement ont bénéficié avant tout à la reconstitution des ressources des institutions financières internationales et à la création de nouveaux fonds globaux.  Il est important de veiller aussi à ce que les fonds et programmes des Nations Unies soient dotés de ressources adéquates leur permettant d’assumer leurs tâches et responsabilités.


La Suisse tient à réaffirmer sa profonde conviction que les dispositions de la Charte de l’ONU régissant l’emploi de la force ne nécessitent aucune adaptation ou réinterprétation.  Le système de sécurité collective, tel qu’il est établi dans la Charte, est adéquat et suffisamment flexible pour répondre aux menaces et défis actuels.  Le représentant a indiqué que son Gouvernement a pris connaissance avec intérêt de la proposition du Secrétaire général selon laquelle le Conseil de sécurité formule des critères pour préciser dans quels cas une intervention militaire collective serait légitime.  Nous attendons du Conseil de sécurité qu’il associe l’ensemble des États Membres à l’élaboration de ces critères, a-t-il ajouté.  Une proposition particulièrement intéressante est celle d’établir une commission de consolidation de la paix, qui permettrait de combler le fossé qui existe souvent dans l’action internationale entre la phase du maintien de la paix et celle de la coopération au développement.  La Suisse plaide en faveur d’un double rattachement de cette commission à l’ECOSOC et au Conseil de sécurité.  De l’avis de la délégation suisse, la proposition de Secrétaire général d’établir une subordination séquentielle ne répond pas suffisamment à l’impératif d’une action coordonnée des deux Conseils dans le domaine de la consolidation de la paix; elle n’est pas adaptée non plus à la réalité multiforme des pays en transition.  La question de la subordination ainsi que le mandat de la commission méritent plus de réflexion et de travail.


Par ailleurs, la Suisse est d’avis que la lutte contre le terrorisme ne peut réussir de manière durable que si les droits fondamentaux de la personne humaine sont respectés.  Dans ce contexte, nous soutenons la proposition du Secrétaire général visant à ce que la Commission des droits de l’homme nomme un rapporteur spécial chargé d’examiner la conformité des mesures de lutte contre le terrorisme avec les normes internationales de protection des droits de l’homme.  En ce qui concerne le renforcement institutionnel des Nations Unies, la Suisse salue en particulier la proposition du Secrétaire général de remplacer l’actuelle Commission des droits de l’homme par un conseil des droits de l’homme, qui siègerait en plusieurs sessions tout au long de l’année.  La Suisse invite tous les États Membres à considérer positivement cette proposition et à en discuter les modalités.  Sur le plan institutionnel, la Suisse soutient aussi les propositions visant à revitaliser l’Assemblée générale ainsi que le Conseil économique et social.


M. GIAN NICOLA FILIPPI BALESTRA (Saint-Marin) a mis en garde contre toute précipitation dans l’adoption de décisions, en particulier en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité.  Il a rejeté les propositions relatives au recours à la force, disant craindre que cela ne rende le Conseil encore plus timide.  S’agissant des réformes institutionnelles, il a appuyé la revitalisation de l’Assemblée générale.  Une réduction importante des questions inscrites à l’ordre du jour constituerait une étape importante de ce processus.  Appuyant aussi le renforcement du Conseil économique et social, le représentant a ensuite réfléchi à la proposition de créer un conseil des droits de l’homme.  Il a voulu savoir ce qui permet au Secrétaire général de penser qu’un tel Conseil saura éviter les écueils de la Commission des droits de l’homme.  Il a conclu en soutenant toute proposition visant à renforcer la Cour internationale de Justice (CIJ) tout en regrettant que le Secrétaire général n’énumère aucune mesure concrète en ce sens.  


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a félicité le Secrétaire général et son équipe pour son rapport exceptionnel.  Pour affirmer la notion d’interdépendance entre les causes des problèmes mondiaux actuels, il a cité les propos du Président Lula à la dernière session de l’Assemblée générale: « la paix ne naîtra jamais de la pauvreté et de la faim ».  En ce qui concerne l’aide publique au développement, M. Mota Sardenberg a rappelé l’initiative du Brésil, du Chili, de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne pour trouver des sources de financement nouvelles, dont il est fait référence au rapport.  Il a ainsi soutenu l’idée de mettre en place une facilité financière internationale.  Le rapport a aussi fait état du rôle que joue le Brésil auprès d’autres pays en développement, dans le cadre de la coopération Sud-Sud, a-t-il ajouté.  En matière de développement, le représentant a aussi souligné le rôle clef des nouvelles technologies et de la coopération Sud-Sud pour la diffusion des connaissances.  La réduction de la dette est un des autres sujets qui touchent particulièrement le Brésil et les autres pays d’Amérique latine, qui sont des pays à revenus moyens, a-t-il indiqué, expliquant que le lourd fardeau de cette dette conduit parfois les pays à des graves crises.  Dans le domaine de la lutte contre la dégradation de l’environnement et la ratification des ressources naturelles, le représentant a assuré l’engagement de son pays dans la mise en œuvre du Protocole de Kyoto et de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique. 


Passant à la question des droits de l’homme, M. Mota Sardenberg a estimé que des améliorations seront les bienvenues.  Il a entre autres préconisé l’établissement d’un rapport annuel qui se baserait sur les informations objectives rassemblées par tous les organes des droits de l’homme.  En ce qui concerne les menaces à la paix et à la sécurité, il a considéré que le nouveau concept de sécurité peut permettre d’offrir les outils nécessaires pour faire face aux menaces contemporaines.  Dans la prévention, il faut inclure la lutte contre la pauvreté, a-t-il rappelé.  Le représentant a ensuite soutenu la création de la commission pour la consolidation de la paix.  Il a aussi soutenu les propositions du Secrétaire général visant à rétablir l’équilibre entre les différents organes de l’ONU.  La transparence doit être améliorée au Secrétariat et ses méthodes de travail rationalisées, a-t-il ajouté.  Pour ce qui est du Conseil de sécurité, il a reconnu qu’il existe un accord sur certains points, comme l’amélioration de sa transparence.  Sur la question de son élargissement, le représentant a indiqué que le Brésil appuie la formule qui, selon lui, garantira une meilleure représentativité au Conseil.  Avec l’Inde, l’Allemagne et le Japon, le Brésil attend de nouveaux échanges de vues pour aboutir à une décision avant septembre 2005, a espéré M. Sardenberg.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) s’est dit heureux que le rapport du Secrétaire général ait reconnu l’importance du développement comme pilier du système de sécurité collective.  À cette fin, il a rappelé la nécessité de réformer les institutions financières et commerciales internationales.  Il a souhaité que le Sommet de septembre se concentre sur les défis auxquels est confrontée l’Afrique.  Il a, à ce propos, prôné l’annulation de la dette, le transfert de technologies, l’accès aux marchés internationaux et l’augmentation des investissements étrangers directs (IED).  Il a invité la communauté internationale à soutenir le NEPAD dans ses efforts de développement durable.  Le représentant a ensuite félicité le Secrétaire général pour l’accent qu’il a mis sur le développement durable, en prônant une démarche globale.  Se prononçant favorablement à la création de la commission de consolidation de la paix, le représentant a demandé des détails sur cet organe qui pourrait jouer, selon lui, un rôle essentiel en faveur des pays sortant des conflits.  Il a conclu, à cet égard, sur la nécessité de renforcer le Conseil économique et social et de consolider ses liens avec le Conseil de sécurité. 


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