KOFI ANNAN DEMANDE AUX ÉTATS MEMBRES D’ADOPTER EN BLOC SES PROPOSITIONS POUR UNE RÉFORME DES NATIONS UNIES
Communiqué de presse AG/10334 |
Assemblée générale
83e séance plénière – matin
KOFI ANNAN DEMANDE AUX ÉTATS MEMBRES D’ADOPTER EN BLOC SES PROPOSITIONS POUR UNE RÉFORME DES NATIONS UNIES
Il souhaite un Conseil de sécurité
plus représentatif et la création d’un Conseil des droits de l’homme
Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, a présenté ce matin à l’Assemblée générale son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande »*, qui recense les progrès accomplis dans l’application de la Déclaration du Millénaire, adoptée en 2000. Divisé en quatre grandes sections, le document énonce une série de recommandations dans les trois domaines d’action prioritaire des Nations Unies: le développement, la sécurité et les droits de l’homme. Il offre également une réforme en profondeur de l’Organisation. En fin de séance, Jean Ping, Président de l’Assemblée générale, a annoncé le lancement, le 6 avril, de consultations thématiques sur les propositions du rapport.
Le Secrétaire général a estimé en préambule que les objectifs énoncés dans la Déclaration du Millénaire pouvaient être atteints, mais à la seule condition que les États Membres soient prêts à adopter dès cette année une série de mesures précises et concrètes. Il a espéré que ces décisions seraient adoptées en bloc par les chefs d’État et de gouvernement, lors de la réunion au sommet qui se tiendra à New York en septembre et a prévenu qu’il était impossible de considérer la liste des propositions qu’il énonce comme un menu à la carte dans lequel chacun sélectionnerait ses plats préférés. « Mes propositions constituent un tout », a-t-il affirmé, et accordent autant d’attention aux trois grands objectifs de l’ONU que sont le développement, la sécurité et les droits de l’homme qui, a-t-il assuré, doivent aller de pair. « Dans un monde où les menaces et les opportunités sont communes, il est dans l’intérêt de chaque pays de s’attaquer efficacement à chacun de ces défis », a-t-il affirmé.
Détaillant la première partie de son rapport consacrée au développement et intitulée « Vivre à l’abri du besoin », le Secrétaire général a demandé à chaque pays en développement d’adopter et de commencer à appliquer d’ici à l’an prochain une stratégie nationale d’ensemble audacieuse pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), de mieux lutter contre la corruption et de s’ouvrir davantage à la société civile et au secteur privé. Il a parallèlement demandé aux pays développés d’accroître leur aide au développement (en réalisant d’ici à 2015 l’objectif de consacrer 0,7% du revenu national brut à l’aide publique au développement), d’alléger la dette et de rééquilibrer le commerce mondial (en achevant d’ici à l’an prochain le cycle de négociations de Doha). Il a par ailleurs souhaité que soient envisagées, à plus long terme, d’autres sources de financement novatrices.
Insistant sur le fait que le développement devait être durable, M. Annan a prévenu que tous les efforts risquaient d’être réduits à néant par la détérioration de l’environnement et par l’épuisement des ressources naturelles. Il a salué l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto. Remarquant cependant que certains des principaux émetteurs de gaz à effet de serre n’y étaient toujours pas partie, il a souhaité que les progrès scientifiques et les innovations technologiques soient exploités dès maintenant pour atténuer les effets des changements climatiques. Citant l’exemple du tsunami de l’océan Indien, il a également proposé la création d’un fonds de contributions volontaires de 1 milliard de dollars pour faire face aux catastrophes soudaines, d’origine naturelle ou humaine.
Abordant la deuxième partie de son rapport, consacrée à la sécurité et intitulée « Vivre à l’abri de la peur », le Secrétaire général a demandé à tous les États Membres d’élaborer, de signer et de mettre en œuvre une convention globale contre le terrorisme, qui comporte une définition claire et commune du terrorisme ainsi que de mener à bien l’élaboration de celle contre le terrorisme nucléaire. Il a également proposé la création d’une commission de consolidation de la paix de l’ONU, pour aider les pays à réussir la transition de la guerre à une paix durable.
Concernant la troisième partie du rapport, consacrée aux droits de l’homme et intitulée « Vivre dans la dignité », M. Annan a demandé aux États Membres d’adhérer au principe de la « responsabilité de protéger » pour combattre le génocide, la purification ethnique et les crimes contre l’humanité. Si cette responsabilité incombe avant tout à chaque État, elle peut relever de la communauté internationale, a-t-il précisé, ajoutant que le Conseil de sécurité pouvait, en dernier recours, prendre des mesures coercitives en application de la Charte des Nations Unies. Il a également proposé la création à l’ONU d’un fonds pour la démocratie.
Évoquant la dernière partie du rapport intitulée « Renforcer l’Organisation des Nations Unies », il a proposé une revitalisation de l’Assemblée générale, dont il a reconnu qu’elle avait souffert d’une perte de prestige. Il a recommandé par ailleurs la coexistence de trois conseils chargés respectivement de la paix et de la sécurité internationales, des questions économiques et sociales et des droits de l’homme, priorités définies dans les trois premières parties du rapport.
Concernant le Conseil de sécurité, il a constaté que sa réforme était à l’étude depuis trop longtemps et il a instamment prié les États Membres de le rendre plus représentatif en s’accordant, si possible par consensus et dans tous les cas avant le sommet de septembre, sur l’une des options proposées par le Groupe de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement. Il a suggéré que le nouveau Conseil de sécurité établisse clairement, dans une résolution, les principes dont il entend s’inspirer lorsqu’il décidera d’autoriser ou de demander le recours à la force. Quant au Conseil économique et social, il a souhaité lui donner un rôle de premier plan dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de développement. Il a enfin proposé la création d’un nouveau conseil des droits de l’homme, qui remplacerait l’actuelle Commission des droits de l’homme, dont il a déploré le manque de crédibilité et le faible niveau de compétence professionnelle. Les membres de ce conseil seraient moins nombreux et élus directement par l’Assemblée générale à la majorité des deux tiers, a-t-il précisé. Il a par ailleurs proposé une réforme de grande envergure du Secrétariat, pour le rendre plus souple, transparent et comptable de ses actes.
M. Annan a indiqué avoir délibérément évité, dans sa présentation, toute envolée rhétorique, estimant que suffisamment de déclarations ronflantes avaient été entendues dans l’enceinte de l’Assemblée générale. « Il ne s’agit plus maintenant de faire des déclarations ou des promesses, mais d’agir pour tenir les engagements qui ont été pris », a-t-il conclu.
Intervenant après le Secrétaire général, le Président de l’Assemblée générale, Jean Ping, (Gabon), a indiqué que la présentation** de ce rapport ouvrait la deuxième phase préparatoire de la Réunion de haut niveau de septembre 2005. Soulignant que la somme d’idées et de propositions alimenterait dûment les débats sur l’adaptation de l’ONU aux défis du siècle, il a estimé que le Secrétaire général avait su répondre à une attente importante des États Membres et de la communauté internationale. Il incombe maintenant à l’Assemblée, a-t-il ajouté, d’examiner le rapport et de prendre les décisions urgentes qui s’imposent pour une avancée décisive vers la réalisation d’un monde libéré de la faim et de la peur, d’un monde plus sûr, plus libre et plus juste, fondé sur l’état de droit. Le temps est limité et il ne se passe pas un jour sans que des fléaux ne fassent de nouvelles victimes à travers le monde, a-t-il dit, estimant que ne pas agir soumettrait la responsabilité collective au jugement sans appel de l’histoire. Le temps d’une action coordonnée et conjointe a sonné, a-t-il déclaré, en indiquant que, dans les tous prochains jours, l’Assemblée allait définir les termes de référence des décisions qu’il faudra prendre en septembre 2005. Des consultations générales et thématiques sur le rapport seront lancées dès le 6 avril. Les consultations thématiques seront menées par 10 facilitateurs correspondant aux différents groupes de questions soulevées par le Secrétaire général. Un plan détaillé des consultations sera présenté aux États Membres dans les prochains jours, a encore annoncé le Président de l’Assemblée générale.
* Rapport publié sous la cote A/59/2005 et disponible à l’adresse Internet suivante: http://www.un.org/french/largerfreedom/.
** Déclaration intégrale publiée sous la cote SG/SM/9770 et disponible à l’adresse Internet http://www.un.org/News/fr-press/docs/2005/SGSM9770.doc.htm.
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