LE DÉVELOPPEMENT DOIT ÊTRE PRIORITAIRE DANS LA MISE EN ŒUVRE DU DOCUMENT FINAL DU SOMMET MONDIAL, SOULIGNENT LES DÉLÉGATIONS DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
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Assemblée générale
24e & 25e séances plénières
matin & après-midi
LE DÉVELOPPEMENT DOIT ÊTRE PRIORITAIRE DANS LA MISE EN ŒUVRE DU DOCUMENT FINAL DU SOMMET MONDIAL, SOULIGNENT LES DÉLÉGATIONS DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
L’Assemblée générale a pris note aujourd’hui du neuvième rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation*. Au cours du débat, de nombreuses délégations ont estimé que la communauté internationale devait accorder sinon la priorité, du moins plus d’attention, à un agenda pour le développement plus vaste.
Dans ce rapport, présenté, comme chaque année, au début du débat général, le Secrétaire général mesure notamment en quoi l’Organisation des Nations Unies a atteint les buts que la Charte lui a assignés, à savoir maintenir la paix et la sécurité internationales, développer entre les nations des relations amicales et réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes d’ordre économique, social, intellectuel humanitaire et en encourageant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous.
Dans la mise en œuvre du Document final du Sommet mondial 2005, des priorités doivent être établies, a jugé le représentant de la Chine, pour qui, à l’instar de nombreux autres intervenants, le développement doit occuper une position centrale et fondamentale. La communauté internationale doit garder la dynamique initiée par la Réunion de haut niveau des chefs d’État et de gouvernement en matière de développement, a également insisté son homologue de l’Afrique du Sud.
Pour le représentant de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la tâche la plus urgente devait être la mise en œuvre des engagements pris, à travers un renforcement du partenariat mondial pour le développement, la lutte contre les inégalités du système commercial international qui constituaient un frein au développement et la promotion d’une meilleure participation démocratique de tous les États dans les instances de décision du système économique mondial.
Le représentant du Brésil a souligné pour sa part la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud, qui, a-t-il observé, ne doit pas être un substitut aux formes traditionnelles de la coopération Nord-Sud mais plutôt un complément.
Le Document final du Sommet mondial 2005 marque le début et non la fin du processus de réforme de l’ONU, a souligné le représentant du Pakistan qui a proposé quatre étapes, à savoir l’identification des décisions à suivre, la soumission et la circulation des propositions, les négociations des résultats par consensus et l’examen du statut de mise en œuvre. L’examen de ces questions devrait avoir lieu entre décembre 2005 et septembre 2006.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Jamaïque (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Pakistan, Islande, Royaume-Uni (au nom de l’Union européenne), Colombie, Fédération de Russie, Pérou, Afrique du Sud, Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Bélarus, Inde, Nigéria, Canada (au nom également de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande), Haïti, Kazakhstan, Chine, Brésil, Turquie, Népal, Venezuela et Cameroun.
La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal.
* Rapport publié sous la cote A/60/1 et présenté dans le communiqué de presse AG/10386 du 17 septembre 2005.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION
Déclarations
M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qu’en plus des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la communauté internationale devait accorder plus d’attention à un agenda pour le développement plus vaste, en particulier sur le commerce, la finance, les affaires monétaires et les transferts de technologies, comme l’a souligné le rapport annuel du Secrétaire général sur les activités de l’Organisation. À cet égard, a-t-il ajouté, dans l’immédiat, la tâche la plus urgente devait être la mise en œuvre des engagements pris, à travers un renforcement du partenariat global pour le développement, la lutte contre les inégalités du système commercial international qui constituaient un frein au développement et la promotion d’une meilleure participation démocratique de tous les États dans les instances de décision du système économique mondial. Il faut donc que l’Organisation des Nations Unies soit préparée à jouer le rôle qui lui incombe dans la mise en œuvre des engagements de la communauté internationale, notamment grâce à l’action de coordination de l’ECOSOC, a insisté le représentant de la Jamaïque. Il a par ailleurs précisé qu’il fallait renforcer les capacités des pays en développement, grâce à une meilleure assistance dans la mise en œuvre de leurs projets de développement.
M. Neil a ensuite affirmé que les révélations d’irrégularité dans le fonctionnement de l’administration de l’ONU justifiaient l’augmentation des mesures de contrôle et d’amélioration de la gestion préconisées par le Secrétaire général. Il a cependant précisé qu’il ne fallait pas céder à la pression des médias et prendre des décisions qui devaient répondre avant tout aux plus hautes normes d’efficacité. Souscrivant aux dispositions prises pour la protection du personnel des Nations Unies, il a également indiqué que ces dispositions devaient se faire sur la base de certains principes sans affecter la capacité de travail du personnel sur le terrain. Enfin, M. Neil a demandé que dans la promotion du partenariat avec la société civile, il fallait veiller à ce que le caractère intergouvernemental des Nations Unies soit pleinement respecté et il a souhaité que dans la mise en œuvre de ses mandats, le Secrétariat travaille toujours de façon neutre et transparente.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré apprécier particulièrement l’initiative du Secrétaire général en vue de lancer le processus de réforme des Nations Unies. Le Sommet mondial 2005 a affirmé que les Nations Unies devaient recevoir la capacité de jouer un rôle central pour faire face aux défis multiples et étroitement liés entre eux qui menacent le monde, a-t-il ajouté. Le représentant s’est toutefois dit déçu des résultats obtenus lors du Sommet mondial. Davantage de succès auraient été réalisés si l’ordre du jour n’avait pas été aussi vaste, si la réforme du Conseil de sécurité n’avait pas sapé toute l’énergie lors du processus préparatoire, et si les négociations sur le Document final avaient commencé plus tôt comme le Pakistan l’avait suggéré, a-t-il ajouté.
Le représentant a également estimé que le Document final du Sommet mondial 2005 marquait le début et non la fin du processus de réforme de l’ONU. La mise en œuvre des décisions et des engagements doit être équilibrée, a-t-il affirmé, notant que la priorité devait être donnée au développement. Selon lui, le processus de mise en œuvre devrait se faire en quatre étapes: identification des décisions à suivre, soumission et circulation des propositions, négociations des résultats par consensus -le vote devant être évité car il ouvrirait la boîte de Pandore aux divisions-, examen du statut de mise en œuvre; l’examen de ces questions devrait se tenir se tenir entre décembre 2005 et septembre 2006, juste avant la prochaine session de l’Assemblée générale. Le Pakistan, a-t-il assuré, appuiera les efforts en vue de décisions concernant le Conseil des droits de l’homme, la Commission de consolidation de la paix, l’élaboration d’une stratégie et d’une convention générale sur le terrorisme international et une réforme de la gestion. Mais l’action doit se faire sur le développement, a-t-il insisté. Il est, selon lui, essentiel de mettre en place un mécanisme efficace pour promouvoir et suivre la mise en œuvre par les États, les partenaires pour le développement et les institutions concernées des objectifs et des accords de développement. Le Conseil économique et social (ECOSOC) devrait jouer un rôle pour promouvoir et contrôler la mise en œuvre des objectifs de développement, a-t-il ajouté. La réforme du Conseil de sécurité ne devrait pas détourner l’attention sur les autres domaines, a-t-il par ailleurs observé, précisant que la date limite de septembre avait précipité l’affrontement sur cette question. Des efforts devraient être entrepris grâce à des consultations constructives afin d’examiner les moyens éventuels d’aboutir à un consensus.
M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande) a déclaré qu’il revenait à la communauté internationale de tout faire pour mettre en œuvre les recommandations et décisions du Sommet mondial et de veiller à ce qu’elles deviennent un succès. Saluant les progrès réalisés dans les domaines du maintien et de la consolidation de la paix, le représentant islandais a insisté sur la nécessité de parvenir ensemble à une définition du terrorisme et des moyens de lutter efficacement contre ce phénomène, notamment grâce à la conclusion d’une convention globale d’ici à la fin de la 60e session de l’Assemblée générale. Tout en insistant sur la responsabilité première des pays du Sud dans leur propre développement, M. Hannesson a par ailleurs assuré que le Gouvernement islandais fournirait des efforts pour les soutenir dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a également appelé à la promotion d’un système commercial multilatéral plus équitable. Enfin, saluant la création du futur Conseil des droits de l’homme, qui devrait être établi, a-t-il insisté, avant la fin de la 60e session, le représentant a estimé qu’il était du ressort de la communauté des nations de s’assurer que le Secrétaire général puisse disposer de suffisamment de moyens pour lui permettre de s’acquitter efficacement de ses tâches de plus en plus nombreuses.
M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a déclaré qu’il n’était pas possible d’œuvrer au développement sans garantir une meilleure coordination internationale pour régler les conflits et lutter contre le terrorisme. M. Jones Parry a par ailleurs salué la proposition visant à mettre en place une Commission de consolidation de la paix d’ici à la fin de l’année et à élaborer une convention générale sur le terrorisme international. En revanche, l’Union européenne regrette l’incapacité du Sommet mondial à adopter un accord sur la non-prolifération et le désarmement. En matière de développement, M. Jones Parry s’est félicité de l’engagement des pays membres de l’Union européenne à élever le niveau de l’aide publique au développement (APD) à hauteur de 0,56% de leur PNB d’ici à 2010 et de l’appui au G-8 en vue d’éliminer la dette de certains pays pauvres. Le représentant a à cet égard précisé que 50% de l’aide publique au développement serait destinée à l’Afrique subsaharienne où les crises alimentaires et sanitaires ne cessent de s’aggraver. L’Union européenne aspire également à ce que cette aide soit utilisée à bon escient, a-t-il précisé, appuyant à cet égard toutes les mesures visant à renforcer la bonne gouvernance et à promouvoir la croissance économique. C’est dans ce contexte que nous soutenons les initiatives du NEPAD et de l’Union africaine a-t-il ajouté. En matière de commerce, le représentant britannique a pleinement soutenu les négociations du Cycle de Doha, convaincu qu’une libéralisation des échanges combinée à l’édiction de règles et de mesures d’assistance pourrait bénéficier à tous les partenaires, en particulier aux pays en développement. En ce qui concerne l’environnement, l’Union européenne appelle à l’adoption de mesures concrètes pour atténuer le changement climatique au sein des Nations Unies.
De plus, l’Union européenne tient à ce que l’architecture internationale d’assistance humanitaire soit révisée, notamment par la modernisation du Fonds central d’urgence et l’amélioration de la prévisibilité des catastrophes humanitaires. Abordant la question de l’ordre juridique international et des droits de l’homme, M. Jones Parry s’est félicité de la reconnaissance sans précédent de la responsabilité de la communauté internationale de protéger les populations des génocides, crimes de guerre, nettoyage ethnique ou crimes contre l’humanité. L’Union européenne, a-t-il assuré, œuvrera avec le Président de l’Assemblée générale et les autres délégations intéressées à définir les modalités permettant de mettre en place le Conseil des droits de l’homme. M. Jones Parry a réaffirmé le ferme appui de l’Union européenne à la Cour pénale internationale et a émis l’espoir que la coopération de l’ONU en facilitera le fonctionnement. Par ailleurs, il a souligné l’importance de la cohérence et de l’efficacité de l’ensemble du système des Nations Unies. Engagée à mettre à la disposition des Nations Unies des ressources adéquates, l’Union européenne souhaite que soit adopté un budget adéquat pour l’exercice biennal 2006-2007 qui permettra aux Nations Unies de s’acquitter efficacement de leur mandat, y compris en ce qui concerne ce qui a été approuvé par le Sommet mondial.
Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN CUELLAR (Colombie) a d'abord rappelé que des progrès notables ont été réalisés en matière de lutte contre la violence en Colombie, qui se manifeste sous des formes multiples: séquestrations, massacres, prises d'otages. Elle a ensuite fait observer que les paragraphes 27, 149 et 156 du rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation contiennent des inexactitudes concernant la question des personnes déplacées; la Colombie est parvenue à ramener le nombre à 1,5 million de personnes, et non pas deux millions comme l’indique le rapport. Elle a précisé que la politique des retours est effectuée à titre volontaire et dans des conditions visant à assurer la sécurité et la dignité. Le Gouvernement colombien, a-t-elle rappelé, a consacré 400 millions de dollars l'année dernière à l'aide aux populations déplacées. La Colombie fait partie d'un groupe restreint de pays ayant incorporé les principes directeurs du retour des personnes déplacées dans sa législation nationale. En ce qui concerne l'augmentation des actes de violence à l'encontre des populations autochtones dont fait état le rapport, elle l'a infirmée, déclarant qu'il y avait eu une diminution de 59% de ces infractions entre 2003 et 2004 et de 55% entre 2004 et 2005. Enfin, elle a demandé à ce que le rapport révise les paragraphes précités et reconnaisse les progrès accomplis par son pays sur cette question.
La représentante a ensuite fait état des progrès accomplis en matière de lutte contre le trafic des stupéfiants en Colombie et en Amérique du Sud, en rappelant que la superficie des terres consacrées à la culture des plants de coca a été réduite pour la troisième année consécutive, que des efforts de coopération ont été renforcés aux niveau régional et bilatéral, que les saisies de stupéfiants et la détention des trafiquants ont augmenté, et a déploré que le rapport ne mentionne pas ces avancées. Elle a souligné les liens existants entre le trafic des stupéfiants, la criminalité transnationale organisée et le financement du terrorisme. Elle a loué l'aide apportée par le Bureau des Nations Unies de lutte contre la drogue et le crime, qui coopère avec les États Membres, afin de lutter contre le blanchiment de l'argent et le financement du terrorisme et qui apporte une assistance non négligeable aux programmes de cultures alternatives qui permettront de donner une solution définitive et durable à ce problème.
M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie) a déclaré que le Document final du Sommet mondial 2005, malgré la difficulté des négociations, avait confirmé la convergence d’avis des États Membres sur les problèmes clefs de l’heure. Les États ont manifesté la volonté d’assurer la sécurité internationale sur une démarche collective globale, en stricte conformité avec la Charte des Nations Unies, a-t-il dit. Selon lui, le Document final a jeté une base de consensus concernant la poursuite du travail collectif visant à réformer l’ONU. Le représentant a cependant estimé qu’il restait beaucoup à faire pour contribuer au développement durable, à l’élimination de l’extrême pauvreté, de la faim et des épidémies. Il a jugé très important de placer les activités liées à la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement dans le cadre d’un ordre du jour plus vaste du développement et a indiqué que son pays appuyait les mesures prises en la matière dans le cadre de l’ECOSOC.
La Fédération de Russie partage les conclusions du Secrétaire général sur la nécessité d’intensifier les efforts de l’Organisation en matière de lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté, l’ONU devant selon lui constituer un véritable état-major. La Fédération de Russie, a-t-il ajouté, s’associe à l’appel du Secrétaire général de n’épargner aucun effort pour parvenir à un consensus sur le projet de convention générale sur le terrorisme international. Le représentant a par ailleurs jugé essentiel de mettre en œuvre l’initiative de plusieurs pays, dont la Fédération de Russie, de créer un groupe de travail à composition non limitée concernant l’établissement d’un Conseil des droits de l’homme. Les mécanismes multilatéraux de l’ONU doivent jouer un rôle essentiel pour la non-prolifération et le désarmement des armes de destruction massive, a-t-il également souligné. Il a indiqué que son pays attachait une importance considérable à l’amélioration de la gestion de l’Organisation. Il a déclaré vouloir attendre du Secrétaire général des propositions concrètes pour créer un système responsable au sein du Secrétariat.
M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a rappelé que les résultats du Sommet mondial avaient été quelque peu décevants, et que si une mondialisation croissante pouvait être observée par le biais des échanges, des flux financiers et de la révolution numérique, il n'en demeurait pas moins qu'il existait une fragmentation culturelle par rapport à la question de la sécurité internationale, que certains considèrent soit comme une stratégie militaire, une question d’aspect socioéconomique ou encore un problème relevant du nouveau concept de sécurité humaine. C’est un développement dont certains pensent qu'il suffit de réduire la pauvreté extrême de moitié au moyen de l'aide internationale, ou pour lequel d'autres prônent l'augmentation des échanges ou encore estiment qu'il passe par une révolution scientifique et technologique. Concernant les rapports entre droits de l'homme et État, il a fait remarquer que ces rapports sont définis par certains comme étant de nature civile et politique, alors que d'autres les considèrent comme des droits fondamentaux qui sont essentiellement économiques, sociaux et culturels. Enfin, il a rappelé que les conceptions par rapport au rôle de l'État diffèrent aussi, puisque pour certains, l'État est l'organe suprême alors que pour d'autres il doit servir les citoyens. Quant au rôle de la religion, il a rappelé les schismes qui se sont faits jour à propos de la séparation ou non entre l'Église et l'État.
Le représentant a indiqué que quelques réformes avaient survécu et offraient peu de substance, comme la responsabilité collective de protection, ou étaient peu controversées, comme la Commission de consolidation de la paix ou le Fonds pour la démocratie. Les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il regretté, n’ont pas été atteints alors qu'ils visaient à réduire la pauvreté extrême, à faire appel à une révolution technologique, à créer une classe moyenne et à établir la primauté du droit. S’agissant de la réforme de l'Organisation des Nations Unies, il a souligné qu’elle doit se faire de manière prudente, réaliste et progressive. L’ONU, a-t-il rappelé, demeure le seul lieu -en dépit de la fragmentation observée- où une lutte mondiale peut être menée contre les grands défis que constituent les maladies infectieuses, l'effondrement des États, le terrorisme et les changements climatiques.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré que le défi majeur de la 60e session de l’Assemblée générale devait être le suivi et la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial de 2005. La communauté internationale doit garder la dynamique initiée par la Réunion de haut niveau des chefs d’État et de gouvernement en matière de développement, a-t-il ajouté. Se félicitant de la reconnaissance collective des besoins spécifiques de l’Afrique, M. Kumalo a regretté que le Sommet mondial n’ait pas davantage engagé les dirigeants de la planète à appliquer en totalité toutes les conclusions des conférences et sommets passés, en particulier la Conférence mondiale sur le développement durable, la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, la Conférence mondiale contre le racisme et la Déclaration de Beijing sur les femmes. Il a cependant salué les engagements du Document final sur la mise en œuvre du Programme d’action de Copenhague, réaffirmant en particulier l’éradication de la pauvreté et la promotion du plein emploi, et souhaité que les engagements de Copenhague et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, dont la promotion de la femme constitue un élément central, soient considérées comme des mesures se renforçant mutuellement.
Le représentant sud-africain, qui a invité les États Membres à œuvrer ensemble pour faciliter la mise en place de la Commission de la consolidation de la paix dans les meilleurs délais, a également estimé que l’échec du Document final sur le désarmement et la non-prolifération ne devait pas servir de prétexte pour abandonner les engagements communs pris dans le passé au cours d’importantes conférences. Il a par ailleurs salué le rôle des organisations régionales, telles que l’Union africaine (UA), qui avaient fait la preuve de leur volonté de résoudre les conflits régionaux, en dépit de manque de capacités logistiques. M. Kumalo a cependant précisé que le rôle accru des organisations régionales ne devait pas empêcher l’ONU de jouer pleinement son rôle dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Enfin, le représentant a insisté sur le fait que les États Membres ne pouvaient s’attendre à une bonne réforme de l’Organisation s’ils ne payaient pas, en temps opportun et sans condition, leurs contributions afin de lui permettre de faire face efficacement aux nombreux défis auxquels elle est confrontée.
Mme LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a déclaré que la communauté internationale a de bonnes raisons de se féliciter pour les succès accomplis cette année, en particulier la fin du conflit nord-sud au Soudan, les élections démocratiques en Afghanistan et en Iran, et les récentes mesures prises entre autres par l’Union européenne et le G-8 pour l’annulation de la dette des pays pauvres et l’augmentation de l’aide au développement. Mais, a-t-elle reconnu, de nombreuses questions n’ont pas été réglées, comme le VIH/sida, le terrorisme, les catastrophes naturelles affectant à la fois les pays du Nord et du Sud. Rappelant ce qu’elle avait déjà dit à cette même tribune l’année dernière, Mme Laohaphan a demandé que plus de moyens soient accordés à l’ONU pour lui permettre de s’acquitter de sa tâche considérable. Il faut donc, a-t-elle insisté, que les États payent leurs contributions financières dans les délais et les augmentent, si possible sans conditions.
La représentante de la Thaïlande, dont le pays a été victime du meurtrier raz-de-marée de décembre 2004, est par ailleurs longuement revenue sur le nombre très élevé de personnes touchées par les catastrophes naturelles; 246 000 entre avril 2004 et avril 2005, a-t-elle noté, soulignant qu’il fallait renforcer les mesures préventives et améliorer les programmes d’assistance aux pays après les catastrophes. Mme Laohaphan a enfin estimé que la 60e session de l’Assemblée générale s’annonçait très active pour le suivi des décisions prises au Sommet, en particulier avec l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme internationale, la mise en place de la Commission de la consolidation de la paix et du Conseil des droits de l’homme, ainsi que la réforme de la gestion au sein du Secrétariat.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a déclaré que la communauté internationale doit rester fortement mobilisée pour faire face aux problèmes mondiaux. La fréquence des catastrophes est un domaine sur lequel il faut se pencher sérieusement, a-t-il dit, exprimant sa vive reconnaissance à la communauté internationale pour l’aide apportée à son pays à la suite du violent raz-de-marée de décembre 2004. À cet égard, il a affirmé que son pays comptait beaucoup sur le rôle de Bill Clinton, Envoyé spécial du Secrétaire général, qui devra maintenir une assistance soutenue de la coopération internationale dans la reconstruction et la réhabilitation des pays frappés par cette catastrophe. Invitant tous les pays à ratifier le Protocole de Kyoto, M. Jenie a également exprimé sa préoccupation de voir que l’objectif de fournir des médicaments anti-rétroviraux à trois millions de personnes atteint du VIH/sida dans les pays en développement et à revenus intermédiaires ne pourra être atteint d’ici à la fin de l’année 2005.
Le représentant a rappelé par ailleurs que son Gouvernement avait œuvré en faveur de la paix en établissant avec le Timor-Leste une Commission vérité et amitié, chargée depuis août dernier de faire la lumière sur la violation des droits de l’homme avant et après la consultation électorale populaire de 1999 au Timor oriental, dans l’objectif de favoriser la réconciliation et de consolider la paix entre les deux pays. Il a également indiqué que le mois dernier, le Gouvernement indien avait signé un accord de paix définitif avec les rebelles du Mouvement pour un Aceh libre. Enfin, dans la lutte contre le terrorisme, M. Jenie a recommandé que soit mis à contribution le dialogue entre les religions ainsi qu’une coopération internationale prenant en compte les causes profondes de ce fléau.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a prévenu qu’en suivant le rythme actuel, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne seraient atteints qu’en 2147, au lieu de 2015. À ses yeux, les plus grands défis sont l’élimination de la pauvreté et le financement du développement. À cet égard, la Malaisie se félicite de l’adoption, par l’Union européenne, d’un échéancier clair pour atteindre l’objectif de 0,7% du PNB consacré à l’aide publique au développement. S’agissant de la situation des pays de l’Asie de l’Est qui ont connu une crise financière il y a huit ans, il a estimé injuste que les pauvres subissent les conséquences des instabilités de la production.
Abordant le sujet des opérations de maintien de la paix, le représentant a appelé les États Membres à s’engager financièrement toujours plus, pour le succès de ces missions. Il a soutenu la création de la Commission de la consolidation de la paix qui devrait, selon lui, jouer un rôle important dans l’aide aux pays émergeant de conflits. En ce qui concerne la création d’un État palestinien indépendant et souverain, M. Ali a souhaité que les Nations Unies poursuivent leurs efforts en ce sens. Faisant référence au terrorisme, le représentant a réaffirmé que son pays le condamnait dans toutes ses formes et toutes ses manifestations, tout en établissant une distinction claire entre les actes de terrorisme et le droit des peuples à la lutte pour l’autodétermination. Enfin, il a attiré l’attention sur la nécessité d’aborder de façon équilibrée la question de désarmement nucléaire, non-prolifération et utilisation pacifique de la technologie nucléaire.
M. YUSHKEVICH (Bélarus) s’est penché sur le problème de l’esclavage que constitue, selon lui, le trafic des personnes. Le représentant a proposé de faire l’inventaire des sources de ce fléau ainsi que des mécanismes pour l’éliminer. Insistant sur la nécessité de tenir pénalement responsables les consommateurs, il a préconisé la mise en place d’un partenariat mondial contre le trafic des personnes. Le représentant a également souligné que son pays était disposé à s’associer au partenariat mondial lancé par les États-Unis pour réagir contre la grippe aviaire. Le représentant a par ailleurs affirmé que les pays souhaitant suivre leur propre voie de développement à orientation sociale se voyaient la cible de calomnies et étaient traités de voyous.
Le représentant du Bélarus, jugeant l’année écoulée comme extrêmement tendue pour l’activité de l’Organisation, a en outre dénoncé la politisation, selon lui, de nombreuses activités de l’ONU, en particulier dans le contexte des droits de l’homme. La Commission des droits de l’homme est devenue, a-t-il dit, un instrument politique de pression sur des États souverains. Il faut qu’une attention prioritaire soit accordée à la thématique mondiale des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ou du terrorisme, a-t-il dit. Néanmoins, la création d’un Conseil des droits de l’homme sous la forme d’un club élitiste ne fera que renforcer la politique des « deux poids, deux mesures » et ne renforcera pas la coopération en faveur des droits de l’homme, a-t-il assuré.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a considéré, en se référant au Document final, qu’une transparence accrue devait permettre de réunir le plus large consensus possible. « On ne peut pas à la fois promouvoir l’annulation de la dette, réduire le budget du FMI et exiger un recyclage de l’aide et de la dette », a déploré le représentant indien. Le développement durable requiert un transfert des ressources et un transfert technologique, a-t-il souligné avant de préciser que le Cycle de Doha, avec son principe de traitement différentiel, visait à faciliter la mise en œuvre des ODM. Des accords entre le Groupe des 77 et l’Union européenne demeurent à cet égard une nécessité vitale, a-t-il ajouté. En outre, le représentant indien a expliqué que la Commission sur le développement du FMI et de la Banque mondiale d’une part faisait écho au Document final en demandant aux pays industrialisés de remplir leurs engagements de financement de l’APD à hauteur de 0,7% de leurs PNB afin de faciliter la réalisation des OMD et d’autre part considérait « le renforcement de la voix des pays en développement comme une priorité pour nos institutions ».
Le représentant de l’Inde s’est félicité de son programme bilatéral avec l’Afrique, celui-ci attribuant des aides financières et des prêts pour le développement des domaines essentiels des infrastructures et de la santé publique. Nous souhaitons mobiliser davantage de ressources et mettre en place des missions de bonne volonté, en particulier dans les petits États insulaires en développement comme le préconise la Stratégie de Maurice, a-t-il ensuite déclaré. Par ailleurs, il a salué l’impulsion donnée à la lutte contre le terrorisme par le Document final et par la Stratégie lancée par le Secrétaire général en début d’année à Madrid. Il s’est ensuite prononcé en faveur de l’adoption d’une nouvelle législation pénale qui faciliterait la coopération judiciaire, l’assistance mutuelle et les extraditions en optant pour un renforcement du pouvoir décisionnel du Conseil de sécurité ou bien en faisant adopter par l’Assemblée générale un instrument multilatéral. Quant au Conseil de sécurité, au centre du projet de réforme, le représentant indien a appelé les États Membres à travailler à la mise en place d’une Commission de consolidation de la paix et d’un Conseil aux droits de l’homme. Il a souligné également la nécessité de mettre un terme à la marginalisation des pays en développement, notamment par l’augmentation du nombre de membres permanents et non permanents au Conseil de sécurité.
M. AMINU B. WALI (Nigéria) s'est d'abord félicité qu’au niveau du continent africain, la coopération s'est établie entre l'Organisation des Nations Unies et l'Union africaine, la CEDEAO et l'IGAD en matière de maintien de la paix, de consolidation de la paix et de diplomatie préventive, particulièrement en Côte d'Ivoire et dans la région du Darfour au Soudan. Il a indiqué que son pays demeurait engagé à la lutte contre le terrorisme par le biais des initiatives bilatérales et multilatérales, appuyait la stratégie en cinq points élaborée au cours du Sommet international sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité, ainsi que l'élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international. Il a évoqué le problème du trafic illicite des armes légères et de petit calibre, en tant que facteur de conflit et de déstabilisation. Il s'est montré déçu du non-respect des engagements de non-prolifération nucléaire ainsi que ceux, ambivalents, en matière de désarmement. Il a loué les initiatives ainsi que les contributions de la communauté internationale en matière de lutte contre le fléau du VIH/sida.
Concernant la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, le représentant a rappelé que son pays soutenait l'intégration sociale, la prise en compte des répercussions différentielles de la mondialisation et la participation croissante des pays en développement à la gouvernance économique mondiale. Il a indiqué que son pays réaffirmait son appui aux mesures spécifiques visant à assurer la sécurité et la sûreté du système des Nations Unies. Le Nigéria a pris note de réformes constructives concernant un programme budgétaire révisé pour 2004-2005, un cycle de planification et de budgétisation plus efficace pour l’exercice biennal 2006-2007, une réduction de la quantité de rapports et de réunions, ainsi qu'une intégration de la composante droits de l'homme dans les tâches menées par les équipes de pays. Il a rappelé le soutien de son pays au renforcement du Secrétariat par le biais d'une performance améliorée de l'encadrement, d'une surveillance et d'une obligation redditionnelle accrues ainsi qu'à la transparence. Enfin, il a noté que la primauté du droit était un concept de plus en plus accepté et que les États avaient recours de manière croissante aux instruments juridiques multilatéraux pour régler les différends et harmoniser leurs relations.
M. GILBERT LAURIN (Canada), qui s’exprimait également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, s’est félicité de la réaffirmation des valeurs et principes fondamentaux, du Consensus de Monterrey ainsi que des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). M. Laurin a d’autre part apporté son soutien à l’établissement d’une Commission de consolidation de la paix et de la création d’un Conseil des droits de l’homme qui engagerait la responsabilité à protéger des crimes de guerre, des génocides et des crimes contre l’humanité. Le représentant canadien a toutefois regretté l’absence d’accord sur le désarmement et la non-prolifération, sur la Cour pénale internationale ainsi que le manque de volonté au sujet des droits de la femme et l’égalité. Le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande apportent leur soutien à la réforme de l’ONU, insistant sur l’urgence d’une refonte des ressources humaines, des politiques budgétaires et sur l’examen des mandats à long terme. M. Laurin a par ailleurs souligné la nécessité de renforcer la conduite éthique, la surveillance indépendante et la capacité à rendre des comptes, considérant que de telles mesures permettront de renforcer la confiance du public à l’égard de l’Organisation.
M. Laurin a ensuite exhorté l’Assemblée générale et son Président à multiplier leurs efforts en vue de mettre en place d’une Commission de consolidation de la paix avant le 1er janvier 2006. De même, il s’est prononcé en faveur de la création d’un Conseil des droits de l’homme efficace et qui permettrait aux groupes de la société civile de participer concrètement. M. Laurin a souligné que ces innovations institutionnelles devraient se faire « simultanément, afin qu’aucune initiative ne progresse au détriment d’une autre ». Enfin, M. Laurin a conclu son intervention en précisant que le Groupe CANZ tenait à ce que « les ententes dont fait état le Document final servent de fondement à notre travail, et que les tentatives de réexaminer ou de renégocier les décisions prises au Sommet soient rejetées ».
M. LÉO MÉRORÈS (Haïti) a estimé que le rapport d’ensemble du Secrétaire général s’inscrivait en droite ligne dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et la promotion d’une croissance soutenue et du développement durable. Il a également noté certaines avancées dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Il a, à cet égard, souligné le travail important que réalise la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) qui, de concert avec la police nationale, œuvre à créer un environnement sûr et stable dans le pays, lequel permet aux processus constitutionnel et politique d’aller de l’avant. Le représentant a assuré que le Gouvernement provisoire haïtien mettrait tout en œuvre avec l’aide de la communauté internationale et de la MINUSTAH pour que les élections présidentielles et législatives, qui doivent se tenir d’ici à la fin de l’année 2005, se déroulent dans la plus parfaite transparence et dans des conditions de sécurité optimale. Le 7 février 2006, un gouvernement démocratiquement élu assumera la magistrature suprême de l’État, a-t-il assuré. Haïti continuera de compter sur l’appui de la communauté internationale pour le renforcement des institutions démocratiques, car, a-t-il dit, c’est précisément le déficit dans ce domaine qui nous a valu tous nos déboires des deux dernières années.
Le représentant a par ailleurs estimé que l’objectif de réduire l’extrême pauvreté relevait d’une responsabilité partagée. D’un côté, les pays en développement se doivent d’arrêter des stratégies nationales visant à atteindre les cibles énoncées par les Objectifs du Millénaire pour le développement, et, de l’autre, les pays développés doivent honorer leurs engagements, a-t-il poursuivi. Selon lui, un véritable partenariat mondial sera bénéfique pour les pays en développement et de nature à promouvoir le développement à l’échelle mondiale.
M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV (Kazakhstan) a souligné qu'il était urgent de remédier aux défis mondiaux que représentent le désarmement et la non-prolifération, en particulier en vue de l'échec de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire de 2005 et du manque de recommandations précises contenues dans le Document final du Sommet mondial de 2005. Il a en outre indiqué que son pays avait signé la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire. Il a ensuite rappelé que son pays avait organisé la réunion du Comité contre le terrorisme en janvier 2005, sa région étant particulièrement affectée par les trafics de stupéfiants, d'armes et de personnes. Il a par ailleurs souligné que son pays soutenait l'établissement d'une Commission de consolidation de la paix et qu'il se félicitait des activités de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), qui portent principalement sur des échanges de vues sur les problèmes de sécurité en Asie.
Concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement, le représentant a indiqué que son pays avait atteint les objectifs fixés en matière d'éducation universelle, d'éradication de la pauvreté et de promotion de la femme. Il s'est félicité du soutien apporté par l'Organisation des Nations Unies en matière d'assistance à la suite de catastrophes environnementales dans les régions de la mer d'Aral et de Semipalatinsk. Il a précisé que les besoins spécifiques des pays sans littoral devaient être pris en compte -en particulier les problèmes liés à l'établissement d'un système de transport en transit efficace-, et a mis en lumière l'importance des questions de coopération régionale. Enfin, il a émis le souhait que la réforme des institutions des droits de l'homme tienne compte des principes de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays et d'égalité souveraine des États. Il a précisé que l'Assemblée générale devait demeurer le principal organe de décision et que le Conseil de sécurité devait être élargi sur la base d'une représentation géographique équitable et des contributions des États en matière de développement de l'économie et de la sécurité sur le plan international. Enfin, il s'est prononcé pour l'établissement d'un Comité permanent sur les organisations régionales, et a émis le vœu qu'un dialogue interconfessionnel ait lieu afin de promouvoir une culture de paix et un dialogue entre les civilisations.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré que la mise en œuvre du Document final du Sommet mondial 2005 constituait un défi énorme, exigeant la coopération de toutes les parties. Des priorités doivent être établies, a-t-il estimé, précisant que le développement devait occuper une position centrale et fondamentale. La Chine appuie la création rapide de la Commission de consolidation de la paix, a ajouté le représentant. Il s’agit là, selon lui, d’un acquis important du Sommet mondial. Il a souligné que son pays soutenait en outre un achèvement rapide des travaux sur une convention générale sur le terrorisme international. La Chine, a-t-il poursuivi, attend en outre le rapport présenté par le Secrétaire général sur la réforme du Secrétariat. Des mesures de réformes devraient viser à améliorer la capacité de gestion du Secrétariat et faire en sorte que les intérêts des États Membres soient sauvegardés, a-t-il observé.
Le représentant a également noté qu’il subsiste de profondes divergences sur la création d’un Conseil des droits de l’homme, et ce, en raison de la politisation des droits de l’homme et la politique des « deux poids, deux mesures ». Des divergences sur des questions de principes ne pourront pas être réglées rapidement, a-t-il observé, précisant qu’elles exigeaient des négociations patientes. Selon le représentant, les opérations de la paix ont pris une importance considérable et les pays développés devraient fournir un appui plus ferme aux Nations Unies. Évoquant le développement, il a estimé qu’il n’y avait plus d’excuse réelle pour que plus d’un milliard d’êtres humains vivent dans la pauvreté. Il est nécessaire, a-t-il dit, de créer pour les pays en développement un bon environnement commercial et économique, notamment en réduisant le fardeau de leur dette. Les pays en développement devraient renforcer la coopération Sud-Sud et améliorer leur situation désavantageuse sur le plan économique, a-t-il poursuivi.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a affirmé qu’en termes de développement, la communauté internationale avait reconnu que ses efforts déployés à ce jour avaient été insuffisants et qu’il était nécessaire de les redoubler pour atteindre, d’ici à 2015, les Objectifs du Millénaire pour le développement. Une augmentation substantielle de l’aide publique au développement est essentielle, de même que des sources novatrices de financement du développement, a-t-il dit, citant le Président brésilien da Silva qui, lors de son intervention à l’Assemblée générale, avait mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures immédiates et courageuses. Il faut faire davantage pour promouvoir et rendre possible la coopération entre les pays en développement. La coopération Sud-Sud ne constitue pas un substitut aux formes traditionnelles de la coopération Nord-Sud, a-t-il observé. Elle les complète, a-t-il précisé, notant que son pays envisageait d’organiser un forum Brésil-Afrique, ouvert à la participation des gouvernements, de la société civile, du secteur privé et des institutions financières, dans le but de promouvoir des projets de coopération dans les domaines de la science, de la technologie et de l’éducation.
S’agissant de la réforme des Nations Unies, et en particulier de la création d’un Conseil des droits de l’homme, le représentant a indiqué que celui-ci devait obéir aux principes d’universalité, de dialogue et de non-sélectivité. Le Brésil est intéressé par le processus de revitalisation de l’Assemblée générale, a-t-il également souligné. Quant à l’ECOSOC, il doit pouvoir retrouver son dynamisme et son influence. Une réforme du Conseil de sécurité est essentielle, celui-ci devant être plus représentatif et plus démocratique, a ajouté le représentant.
M. BAKI ILKIN (Turquie), se ralliant à la déclaration de l’Union européenne, a indiqué qu’il limiterait son intervention à la question du terrorisme. Il a tenu à souligner que les attaques ciblées et les meurtres délibérés de civils, de non-combattants mais aussi de personnels militaires ne pouvaient être ni justifiés ni légitimés par aucune cause. Le représentant turc a réaffirmé que le terrorisme constituait une violation flagrante des droits de l’homme, et en particulier du droit à la vie avant de demander à l’Assemblée de le condamner fermement, et ce, quels que soient les motifs invoqués. En tant que pays victime du terrorisme, la Turquie a depuis longtemps alarmé la communauté internationale contre ce fléau qui frappe sans distinction. À cet égard, M. Ilkin a salué la Stratégie pour la lutte contre le terrorisme comportant cinq éléments principaux, lancée par le Secrétaire général à Madrid en mars dernier, ainsi que la condamnation ferme de ce fléau qui a été faite dans le Document final du Sommet mondial. « Nous sommes prêts à travailler avec les autres États Membres en vue de finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international », a-t-il conclu.
M. MADHU RAMAN ACHARYA (Népal) a rappelé que la communauté internationale devait apporter un soutien continu aux pays ayant des besoins spécifiques, en particulier les pays les moins avancés et les pays sans littoral afin de les aider à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. En ce qui concerne le terrorisme, il a indiqué que son pays -qui n'ignorait rien de ce phénomène- soutenait fermement la lutte contre ce fléau. Il a fait remarquer que les références faites par le Secrétaire général dans son rapport sur le droit constitutionnel au Népal étaient inexactes, rappelant que le Roi est le garant de la Constitution du Népal en date de 1990, et que la Constitution est toujours en vigueur. Il a précisé que les mesures prises par le Roi après le 1er février avaient été inspirées par le désir d'assurer la sécurité et l'intégrité du pays et de créer un environnement qui facilite une relance de la démocratie multipartite et l'instauration de la primauté du droit, qui avaient été battues en brèche par la violence, le terrorisme et la corruption.
Le représentant a aussi rappelé que le Népal réaffirmait son attachement à la mise en œuvre des instruments de défense des droits de l'homme et du droit international humanitaire, et qu'il accueillait avec satisfaction l'aide humanitaire internationale en faveur des personnes déplacées au Népal. Enfin, il s’est félicité de l'établissement d'une Commission de consolidation de la paix, tout en espérant que sa composition tiendrait compte du principe de représentation équitable et en particulier des fournisseurs de contingents. Il a également insisté sur une définition claire de ses méthodes de travail.
M. FERMIN TORO JIMENEZ (Venezuela) a rappelé que son pays croyait fermement dans l’Organisation des Nations Unies en tant qu’entité centrale, démocratique, s’attachant au développement socioéconomique et au multilatéralisme, et porteuse d’un monde divers, interdépendant, solidaire et pacifique. Il a ensuite indiqué que l’action de son pays était principalement axée sur la promotion de la coopération internationale visant au renforcement de la coopération Sud-Sud, dont l’objectif fondamental est de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale qui constituent de graves obstacles à l’autodétermination des peuples ainsi qu’une menace grave à la stabilité démocratique des États.
Le Venezuela, a rappelé son représentant, avait entrepris une lutte ambitieuse contre la pauvreté, en dépit des menées subversives à son encontre. Il a précisé que son pays ne reconnaissait pas la manière dont étaient établis les indicateurs ni le maniement des multiples statistiques servant à évaluer le progrès des Objectifs du Millénaire pour le développement, et qui ne permettaient pas de rendre compte des réalités sociopolitiques spécifiques et concrètes du Venezuela ou de tout autre pays. Il a ensuite cité le cas de son pays, où le coup d’État d’avril 2002, associé à la déroute du coup pétrolier de 2003, avaient constitué un élément fondamental qui avaient inversé les tendances positives observées dans la réalisation des OMD en 2001. À cet égard, il a demandé si la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique, après le tsunami de l’année dernière, ne serait pas obligée –elle aussi– de faire référence à cette réalité historique dans son prochain rapport, compte tenu des répercussions que cet événement aurait sur la croissance sociale et économique des pays affectés. Enfin, il a émis l’avis que l’établissement d’un Conseil des droits de l’homme ne résoudrait pas les problèmes existants, parce qu’il ne s’agissait pas d’un problème de sémantique, de nombre, de structures ou de procédures -sinon de changements profonds à caractère politique- et d’élargissement du nombre des États Membres.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) s’est félicité de l’assistance électorale apportée par l’ONU à l’Afrique, par le truchement d’envoyés spéciaux, de missions ou en partenariat avec les organisations régionales. Comme le fait remarquer le Secrétaire général, a-t-il rappelé, la tenue d’élections crédibles est devenue un élément essentiel du rétablissement et de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits. Le Cameroun engage l’ONU à persévérer dans cette voie et continuera de soutenir l’inclusion de l’appui électoral dans le mandat des opérations de maintien de la paix et des accords politiques conclus dans les pays en conflit ou sortant de conflit et en transition politique. Réaffirmant l’attachement de son pays au principe de l’indivisibilité de la paix et de son maintien, M. Belinga Eboutou a souligné que le renforcement des capacités africaines doit s’entendre aussi bien par la formation des troupes africaines que par l’amélioration de leur capacité d’action rapide autonome sur les théâtres d’opération. « L’autonomie de l’Afrique dans le maintien de la paix est une nécessité », a-t-il ainsi précisé.
En matière de développement, le représentant a souhaité que le NEPAD devienne un moteur puissant de développement pour le continent africain, à condition que la dette soit allégée, voire annulée et que l’aide augmente considérablement. À cet égard, il a salué l’annulation de la dette multilatérale des pays pauvres très endettés (PPTE). Concernant la prévention des conflits et le rétablissement de la paix, le M. Belinga-Eboutou a réitéré la nécessité d’informer exhaustivement les États Membres, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de l’état d’exécution des décisions rendues par la Cour internationale de Justice (CIJ). Le Cameroun, a-t-il dit, estime que le Secrétaire général de l’ONU devrait régulièrement informer dans le détail le Conseil de sécurité de l’état d’exécution des arrêts rendus par la CIJ et en rendre aussi compte aux États Membres dans son rapport sur l’activité de l’Organisation à l’Assemblée générale, que l’Organisation soit impliquée ou non aux processus de leur mise en œuvre.
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