DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRES INSISTENT DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA NÉCESSITÉ DE CRÉER UN CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME ET UNE COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX
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Assemblée générale
18e & 19 séances plénières
matin & après-midi
DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRES INSISTENT DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA NÉCESSITÉ DE CRÉER UN CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME ET UNE COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX
La réforme des Nations Unies, plus particulièrement celle du Conseil de sécurité ainsi que les projets de création d’un Conseil des droits de l’homme et d’une Commission de consolidation de la paix, a de nouveau été au nombre des sujets développés par les Ministres qui se sont exprimés aujourd’hui devant l’Assemblée générale, au cinquième jour du débat général de la 60e session.
Efficacité, transparence, démocratie, équité, représentativité sont autant de mots clefs qui caractérisent le projet d’élargissement du nombre des membres du Conseil de sécurité. Plusieurs pays africains, qui se sont alignés sur la position de l’Union africaine, ont, à l’instar du Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, Youssouf Ouédraogo, réclamé que justice soit rendue à l’Afrique. Pour son collègue égyptien, Ahmed Aboul Gheit, l’objectif est de permettre à l’Afrique en particulier, et aux pays en développement en général, d’être représentés de façon permanente et équilibrée. Ainsi, le continent africain doit disposer de deux sièges du Conseil de sécurité, a insisté le chef de la diplomatie ougandaise Sam Kutesa.
Le Pakistan, par la voix de son Ministre des affaires étrangères Khurshid Kasuri, n’a pas caché sa déception face aux tergiversations des États Membres à se pencher en priorité sur la réforme du Conseil de sécurité. Si cet organe essentiel devrait comprendre 10 sièges non permanents de plus afin de mieux refléter la composition de l’ONU, un élargissement à de nouveaux membres permanents ajouterait à l’inégalité actuelle, aliénerait de nombreux pays importants, diviserait les États Membres et affaiblirait l’Organisation, a-t-il observé, estimant à cet égard plus équitable, plus juste et plus démocratique la proposition de réforme faite par le groupe « Unis pour le consensus ».
Autre regret, celui exprimé par le Ministre canadien des affaires étrangères Pierre Pettigrew, pour qui les États Membres auraient dû manifester plus de courage lors de la rédaction le Document final du Sommet 2005 concernant la création du Conseil des droits de l’homme, appelé à remplacer l’actuelle Commission des droits de l’homme. Nous avons besoin de ce Conseil car il permettra d’examiner en profondeur des situations qui nous préoccupent, comme en Iran, a-t-il souligné. Il doit ainsi s’agir d’un organe permanent, avec des membres élus, à la majorité des deux tiers, sur la base de critères précis. Pour le Ministre tanzanien Abdulkader Shareef, le Conseil des droits de l´homme devrait permettre d’éviter que ne se reproduisent les tragédies du Rwanda et de la Bosnie. Ce Conseil contribuerait à combler le déficit en crédibilité observé jusque-là, a noté pour sa part le Ministre australien Alexander Downer, tout en annonçant une contribution de son pays de l'ordre de 650 000 dollars au Bureau du Haut Commissariat pour les droits de l'homme.
Le Canada a en outre jugé incomplet le travail devant mener à la création de la Commission de consolidation de la paix. Une relation séquentielle entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social pourrait être une solution à la question des relations entre la Commission et les organes existants, a-t-il observé. Son homologue pakistanais s’est, lui, félicité que ce projet ait émané du concept de « Comités mixtes et spéciaux » que son pays avait lui-même proposé en 2003.
Outre les orateurs cités, des Ministres de la Turquie, du Guyana, des Maldives, de la Mongolie, de la République tchèque, du Pakistan, du Chili, de la Roumanie, de Vanuatu, de la République dominicaine, de Myanmar, de Malte, du Népal, du Bélarus, de la Pologne, du Viet Nam, de l’Érythrée, de l’Afghanistan, du Cap-Vert, des Tonga, de République démocratique du Congo et d’Albanie ont également pris la parole.
Les représentants de la République de Chypre, du Zimbabwe, de la Serbie-et-Monténégro, de Cuba, de la République tchèque, de Cuba et de l’Albanie ont exercé leur droit de réponse.
Le débat général se poursuivra demain à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
M. ABDULLAH GÜL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a affirmé que les liens historiques et culturels entretenus par la Turquie avec les pays des régions voisines, de l’Eurasie au monde islamique, et le rôle qu’elle joue en tant que membre des institutions européennes, transatlantiques et méditerranéennes devraient avoir un effet positif sur la contribution d’Ankara dans les relations internationales au XXIe siècle. C’est dans ce contexte, que le Ministre a annoncé que son pays était candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2009-2010. M. Gül a en outre estimé que le retrait israélien de la bande de Gaza était encourageant et souhaité que cette même tendance se confirme en Cisjordanie. Il faut mettre un terme aux activités israéliennes de colonisation dans les territoires occupés, a-t-il ajouté, soulignant que la Feuille de route devait être revitalisée et mise en œuvre. De même, nous ne devons pas laisser la terreur et la violence dérailler le processus en cours, a-t-il dit.
La destinée de l’Iraq est importante pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient mais également au-delà de la région, a-t-il poursuivi. Selon lui, les différences ethniques et religieuses en Iraq ne doivent pas conduire à la division du pays mais doivent être au contraire une source de pluralisme culturel. La Turquie, en coopération avec les Nations Unies, a été au premier plan pour la réhabilitation politique et économique de l’Iraq, a-t-il dit. Il s’est néanmoins déclaré inquiet de la situation sécuritaire en Iraq, ce pays étant devenu un terrain d’entraînement pour les terroristes. Abordant la question de Chypre, il a indiqué que la vision de son pays était de créer un bassin de coopération, de stabilité et de prospérité entre Turquie, la Grèce et les deux peuples de l’île. Il a toutefois jugé regrettable qu’au moment où l’on débat de la réforme des Nations Unies et du renforcement de leur rôle, on assiste à des tentatives dont l’objectif est d’écarter l’Organisation du problème chypriote. Le plan Annan, adopté par une large majorité par les Chypriotes turcs, représentait la seule base pour régler ce problème, a-t-il affirmé. Or, le rejet du plan par les Chypriotes grecs, lors d’un référendum, a été un coup porté à la communauté internationale, a-t-il ajouté. Selon lui, l’administration chypriote grecque tente d’écarter les Nations Unies et de présenter la question devant d’autres instances. Il a appelé les acteurs internationaux à décourager ces efforts.
M. ALEXANDER DOWNER, Ministre des affaires étrangères de l'Australie, a d'abord reconnu que l'Organisation des Nations Unies avait adopté une démarche en matière de développement qui a toujours été celle de l'Australie -qu'une bonne gouvernance, des politiques économiques saines et raisonnables, des mesures de lutte contre la corruption,une libéralisation des échanges demeuraient des éléments vitaux dans la lutte contre la pauvreté et favorisaient la promotion d'économies et de communautés stables. Il a annoncé que son pays allait allouer 4 milliards de dollars australiens d'ici à 2010 pour l'aide au développement, s'accompagnant du versement d'une somme de 10 millions de dollars au Fonds pour la démocratie des Nations Unies et de 3 millions de dollars au Fonds de consolidation de la paix. Il a déclaré que l'Australie considérait le principe de l'élimination des tarifs, des subventions et autres obstacles comme une nécessité. Il a par contre regretté le manque de cohésion entre Membres qui s'est fait jour en ce qui a trait au contrôle des armements et de la non-prolifération, et a déploré que certains continuent d'adopter le principe de « deux poids, deux mesures » en matière de terrorisme, continuant à considérer les terroristes comme des « combattants de la liberté ».
En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, il a précisé que peu de progrès avait été réalisés, et que la création d'un nouveau Conseil des droits de l'homme servirait à combler le déficit en crédibilité qui avait été observé; il a annoncé que son pays apporterait une contribution de l'ordre de 650 000 dollars au Bureau du Haut Commissariat pour les droits de l'homme. Il s'est également félicité de la réforme entreprise en matière de gestion, ainsi que de la révision des systèmes d'audit et de contrôle et l'accent mis sur l'obligation redditionnelle. Il a également loué la possibilité de subordonner le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un État au besoin de protection collective, et appelé à un dialogue renouvelé et renforcé entre les diverses croyances et civilisations. Il a rappelé que son pays était signataire de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et qu'il était impératif d'accéder à la Convention contre le terrorisme, d'amorcer des négociations sur les matières fissiles, et d'accélérer l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires. Enfin, il a rappelé que si l'Organisation des Nations Unies ne pouvait pas résoudre tous les problèmes du monde, il n'en demeurait pas moins qu'elle avait un rôle à jouer, et qu'à ce titre, son intervention se devait d'être efficace et rapide.
M. AHMED ABOUL GHEIT, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a déclaré que les progrès à accomplir sur la question du développement requièrent une volonté politique forte et fidèle aux engagements pris au niveau international, en particulier l’augmentation de l’aide publique au développement, afin de permettre aux pays pauvres d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, à l’horizon 2015. Le Ministre a ensuite appelé tous les partenaires au développement du continent africain à jouer un rôle pilote dans la mise en œuvre des objectifs du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Seul un tel appui peut permettre une intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale, grâce à une bonne gouvernance aux niveaux national et international, a-t-il ajouté. En matière de paix et de sécurité, M. Ahmed Aboul Gheit a indiqué qu’il est impératif que dans la lutte contre le terrorisme, la communauté internationale s’attaque également aux causes profondes de ce phénomène. A cet égard, a-t-il poursuivi, l’Égypte a joué et continuera à jouer un rôle important dans la conclusion d’une Convention globale sur le terrorisme international et dans la mise en œuvre d’un plan d’action collectif sans pour autant remettre en cause la légitimité des luttes de libération nationale des peuples vivant sous occupation étrangère, qui leur est reconnue par le droit international.
Les efforts de la communauté internationale en faveur de la liberté des peuples doivent aussi concerner la question palestinienne, a par ailleurs affirmé le Ministre. Saluant le retrait israélien de la Bande de Gaza et de certaines colonies de peuplement du Nord de la Cisjordanie, il a appelé Israël à poursuivre le retrait de ses troupes de l’ensemble des territoires palestiniens, et à respecter tous les engagements figurant dans la Feuille de route, afin que soit atteint un objectif commun, à savoir l’établissement de deux États indépendants, la Palestine et Israël, coexistant dans la paix et la sécurité. Cependant, a-t-il souligné, tant que cet objectif n’est pas atteint, Israël doit cesser sa politique d’installation de nouvelles colonies en Cisjordanie, arrêter la construction du mur de séparation, améliorer la situation humanitaire des Palestiniens dans les territoires occupés, et lancer des négociations sur le statut final. Israël doit également se retirer des autres territoires arabes occupés depuis 1967, a-t-il ajouté.
Sur la question iraquienne, le Ministre a tenu à préciser qu’en dépit des nombreuses pertes en vie humaine et des pressions terroristes, l’Égypte continuera à ne ménager aucun effort pour permettre aux citoyens iraquiens de vivre en sécurité et de recouvrer l’indépendance et la souveraineté de leur pays. Enfin, en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, M. Ahmed Aboul Gheit a noté que son pays soutient la position commune africaine, telle que mentionnée par le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, dont l’objectif est de permettre à l’Afrique en particulier, et aux pays en développement en général, d’être représentés de façon permanente et équilibrée au sein de cet organe des Nations Unies qui doit devenir plus représentatif et plus transparent.
M. RODOLPHE INSANALLY, Ministre des affaires étrangères du Guyana, a annoncé que son pays avait multiplié les efforts en vue de la réalisation des OMD, notamment à travers une stratégie visionnaire de réduction de la pauvreté et d’allocation des ressources au secteur social. Par ailleurs, M. Insanally a déploré les effets de la politique agricole européenne visant à réduire le cours des exportations de sucre en provenance de l’Afrique, des Caraïbes et des États du Pacifique. En effet, le Ministre des affaires étrangères du Guyana a expliqué que cette décision annulait les effets de la remise de dette récemment consentie par le G-8. M.Insanally a précisé que si son pays préférait compter sur le commerce plutôt que sur l’aide internationale pour mener à bien son propre développement, le Guyana, en tant que petit pays, appréciait néanmoins les récentes initiatives américaine, britannique, brésilienne et française en la matière.
Regrettant l’écart croissant entre les pays riches et les pays pauvres, le Ministre a appelé à la remise en question de la théorie selon laquelle une augmentation de la prospérité dans le monde industrialisé bénéficierait à tous et a suggéré une refonte d’idées et l’instauration d’un Nouvel Ordre humain mondial par l’ONU. C’est la raison pour laquelle M. Insanally a apporté son soutien à la réforme de l’Organisation et au Fonds mondial pour la démocratie et à la création d’un Conseil des droits de l’homme, à une revitalisation de l’Assemblée générale et à un renforcement de l’ECOSOC qui constitue une tribune de choix pour les pays en développement. Enfin, M. Insanally a insisté pour que le Conseil de sécurité devienne un organe plus représentatif et transparent et pour qu’une Commission de consolidation de la paix qui garantirait la stabilité et encouragerait le développement voie effectivement le jour.
M. PIERRE PETTIGREW, Ministre des affaires étrangères du Canada, a rappelé que le 60e anniversaire des Nations Unies aura tout à la fois inspiré, inquiété et mobilisé la communauté internationale. Inquiété parce que les défis, loin de s’atténuer, n’ont cessé de croître; mobilisé, parce que tous les États Membres ont reconnu que l’ONU reste un instrument indispensable, parce que le besoin de réforme demeure entier. Nous n’avons pas le choix: nous devons aller de l’avant.
Il a estimé que le Document final entériné par les chefs d’État et de gouvernement la semaine dernière constituait une fondation sur laquelle, avec beaucoup de volonté politique de la part de tous les États Membres, on peut songer à revitaliser les Nations Unies. Nous disposons là d’un cadre de travail pour l’année à venir, a-t-il dit. Selon lui, si la déclaration donne des orientations claires et importantes sur la gestion de l’ONU, la transparence et l’imputabilité administrative, il convient d’aller bien plus loin dans ce sens. Le Ministre s’est ainsi déclaré déçu que les États Membres n’aient pas fait preuve de plus de courage concernant le Conseil des droits de l’homme. Nous avons besoin de ce Conseil car il permettra d’examiner en profondeur des situations qui nous préoccupent, comme en Iran, a-t-il souligné. Selon lui, il doit s’agir d’un organe permanent, les membres devant être élus, à la majorité des deux tiers, sur la base de critères précis. Il faut également un système d’examen par les pairs, en commençant par les pays qui siègeront au Conseil. S’agissant de la Commission de consolidation de la paix, il a jugé là aussi le travail incomplet. Une relation séquentielle entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social pourrait être une solution à la question des relations entre la Commission et les organes existants, a-t-il observé.
Concernant la question de l’environnement, le Ministre a rappelé que dans moins de deux mois se tiendrait à Montréal une conférence sur le changement climatique devant devenir un jalon important dans la réflexion commune et l’action internationale face à ce phénomène. Y seront évoqués les progrès dans la mise en œuvre du Protocole de Kyoto ainsi que les possibilités nouvelles d’intervention dans les années à venir, a-t-il précisé. Le Ministre a par ailleurs déploré qu’une déclaration des Nations Unies n’ait pas un paragraphe sur le désarmement et la non-prolifération alors que sont débattus actuellement les programmes nucléaires iranien et nord-coréen. De même, le Canada regrette l’absence de référence dans le Document final à la Cour pénale internationale ainsi que le silence sur les engagements pris pour mettre fin à l’impunité. Il a ainsi enjoint tous les États à signer et à ratifier le Statut de Rome.
M. AHMED SHAHEED, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a rappelé que le tsunami de l'océan Indien avait eu de graves répercussions sur son pays, avec la destruction d’activités qui génèrent 62% du PNB, le déplacement interne de 7% de la population, la fragilisation de plus du quart des infrastructures sociales et économiques et la destruction de 12 îles de l’archipel des Maldives peuplées. Tout en exprimant sa reconnaissance à la communauté internationale pour l'aide qu’elle a fournie aux Maldives, il a indiqué que le programme de relance du pays ne disposait pas encore des fonds adéquats, et que son économie, dont la croissance au cours des deux dernières décennies s'était située aux alentours de 8% par année, allait se contracter de 3%. La flambée des cours du pétrole, le gonflement non prévu des dépenses liées au tsunami, et une baisse des recettes du tourisme vont obliger les Maldives à avoir recours à l'aide des donateurs, a dit M. Shaheed. Il a ensuite déclaré qu'il fallait protéger l'environnement naturel, et que les petits États insulaires n'étaient plus les seuls à être menacés par la hausse du niveau des mers. La mise en œuvre du Protocole de Kyoto ainsi que celle de la Stratégie de Maurice sont plus que jamais une urgente nécessité, a dit le Ministre.
Au plan intérieur, il a indiqué que le pluralisme politique des Maldives avait été renforcé. Le multipartisme est une réalité aux Maldives où une réforme du système légal et de l'appareil judiciaire a également été menée, afin de les mettre au niveau des normes internationales. Une nouvelle constitution est en cours d'élaboration. Elle est particulièrement axée sur les libertés civiles et la protection des droits de l'homme, a dit M. Shaheed. À ce sujet, il a rappelé que son pays avait signé le Protocole facultatif de la Convention internationale contre la torture, et qu'il s'apprêtait à signer la Charte sur les droits civils, politiques et sociaux et la Convention sur les droits économiques, sociaux et culturels.
M. TSEND MUNKH-ORGIL, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a déclaré que son pays considérait le Document final du Sommet de la semaine dernière comme une nouvelle étape importante vers un consensus global sur la question du développement en dépit de toutes ses omissions. Il a estimé que la Mongolie était bien engagée sur la voie de la réalisation de plusieurs Objectifs du Millénaire pour 2015, concernant l’accès à l’éducation, la disparition des inégalités homme/femme et la réduction des mortalités infantile et maternelle. Il a rappelé que comme pour beaucoup de petits États vulnérables, aux économies dépendantes dans l’approvisionnement en matières premières, le développement de son pays était sévèrement entravé par la montée du cours du pétrole. Il a exhorté les institutions financières internationales et les pays producteurs de pétrole à apporter des réponses dans ce domaine. Le Ministre a également insisté sur les difficultés des pays enclavés à s’intégrer dans les systèmes multilatéraux de commerces, évoquant le poids des taxes de transit et d’assurance pour son pays avec ses voisins russes et chinois.
M. Munkh-Orgil a apporté par ailleurs son soutien à la recommandation du Secrétaire général d’accorder aux pays qui mettent en place des stratégies de développement claires et transparentes, une hausse considérable de l’aide. Il a toutefois rappelé que « le commerce et les investissements jouent un rôle central sur la voie d’un développement durable », réclamant des règles commerciales « plus favorables et plus justes » pour les pays en développement. Il a ensuite insisté sur le poids de la dette pour son pays, remerciant à cet égard la Fédération de Russie pour « sa solidarité et son pragmatisme économique et politique dans le règlement de cette question ». Enfin, le Ministre s’est prononcé pour une réforme globale du fonctionnement des Nations Unies, notamment en accordant au Secrétaire général des pouvoirs élargis et une plus grande autorité.
M. CYRIL SVOBODA, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a souligné le rôle joué par l’Union européenne dans le succès du Sommet Mondial de 2005, avant de déplorer que dans un monde qui traverse des transformations sans précédent et connaît une accumulation de richesses spectaculaires du fait de la mondialisation, le continent africain continue de faire face aux ravages de l’extrême pauvreté, des maladies et d’autres fléaux. Pourtant, nous vivons dans un monde interconnecté, a poursuivi le Ministre, plaidant pour un effort de toutes les nations afin que soit réduit le fossé entre riches et pauvres. M. Svoboda a mis en avant les menaces qui pèsent sur le monde, que ce soit le terrorisme ou les caprices de la nature tels que le Tsunami et les ouragans qui résultent le plus souvent des changements climatiques, soulignant que ces phénomènes sont le fait de l’homme. Nous devons tirer avantage de l’élan positif qui intervient à chaque fois que le monde est frappé par des actes de terrorisme ou des catastrophes naturelles, a poursuivi le Ministre, et bâtir sur cette générosité. Abordant la question de la réforme des Nations Unies, M. Svoboda a reconnu que le défi était considérable à la veille du Sommet, jugeant que les résultats étaient satisfaisants dans la mesure où, pour la première fois, les droits de l’homme avaient été placés au même rang sur l’échelle des priorités que le développement et la sécurité. Il a salué ensuite la création du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de la consolidation de la paix, de même que le consensus obtenu sur les notions de responsabilité de protéger et de sécurité humaine. Enfin, évoquant le rapport Volcker, le Ministre tchèque a appuyé les recommandations du Sommet relatives à une gestion plus transparente, plus efficace et plus responsable au sein des Nations Unies.
M. SAM KUTESA, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a déclaré que la communauté internationale avait l’obligation d’aider l’Afrique à sortir du sous-développement. M. Kutesa a ensuite expliqué que l’instabilité dans la région des Grands Lacs, qui remonte au tracé arbitraire des frontières lors de la Conférence de Berlin, y rendait difficile la mise en oeuvre de politiques pouvant soutenir la réalisation des OMD. Ancien carrefour des intrusions des puissances coloniales, cette région, ainsi que le territoire de la République démocratique du Congo (RDC) doivent également leur situation conflictuelle à la combinaison de nombreux facteurs, dont le manque de leadership, la primauté des intérêts d’une minorité, et la persistance de réalités africaines antérieures à l’ère industrielle, a dit M. Kutesa.
« Cela fait un certain temps que nous sommes à la recherche de la paix et de la stabilité dont a besoin le continent africain », a dit le Ministre. « Au moment où nos efforts commencent à porter des fruits, notamment dans la région des Grands lacs, au Soudan, au Burundi et en Somalie, nous avons appris un certain nombre de leçons », a-t-il poursuivi. Parmi celles-ci, a dit M. Kutesa, nous devons retenir que les problèmes politiques qui sont à l’origine des tensions nationales devraient d’abord être résolus par les citoyens du pays concerné en respectant les principes démocratiques et les dispositions d’un État de droit, qui donnent des droits égaux à tous les citoyens. Si les habitants du pays ne peuvent eux-mêmes résoudre le problème auquel ils font face, il appartient alors aux institutions régionales auxquelles appartient l’État concerné d’intervenir, a dit M. Kutesa. Dans le cas des conflits des Grands Lacs, la Communauté des États d’Afrique de l’Est, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) sont les mieux placés pour intervenir, a-t-il estimé en notant que le processus d’intervention devrait recevoir tout l’appui de l’Union africaine. Ce n’est qu’après la mise en place de ce cadre africain de résolution pacifique de crise que l’ONU et les autres instances internationales devraient s’impliquer dans le règlement de la question, a précisé M. Kutesa.
En ce qui concerne la réforme à mener aux Nations Unies, le Ministre des affaires étrangères ougandais a fait savoir que, par souci d’équité et de représentativité, son pays tenait à ce que deux sièges du Conseil de sécurité soient attribués au continent africain. M. Kutesa a ensuite apporté son soutien à la création d’un Fonds pour la démocratie et d’un Conseil des droits de l’homme, et a insisté sur l’importance qui doit être accordée au principe de « la responsabilité à protéger », afin de prévenir ou de mettre fin aux génocides et aux nettoyages ethniques.
M. KHURSHID M. KASURI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a déclaré que son pays soutenait le Document final adopté par la réunion plénière de haut niveau, tout en exprimant sa déception devant les tergiversations des États Membres de l’ONU à se pencher en priorité sur la réforme du Conseil de sécurité. Insistant sur l’importance des questions liées au développement, le Ministre pakistanais a exprimé sa satisfaction que la proposition de la création de la Commission de la paix ait émanée du concept de «Comité mixtes et spéciaux », que son pays avait lui-même proposé en 2003. Le Pakistan, a-t-il ajouté, une des principales cibles des attaques terroristes, est à l’avant-plan de la lutte internationale contre ce phénomène et a pris des mesures sur le court et le moyen terme pour mettre fin au terrorisme et à l’extrémisme, comme l’interdiction d’organisations extrémistes, la réforme des madrasas et la lutte contre l’analphabétisme et la pauvreté. La communauté internationale doit mettre en place une stratégie de lutte globale contre toute forme de terrorisme, qu’il soit perpétré par des individus, des groupes ou des États, tout en prenant en charge les causes profondes à l’origine de ce fléau, a-t-il estimé. Il est par ailleurs temps que l’ensemble de la communauté internationale, et non pas un groupe d’États autoproclamés agisse en faveur d’un nouveau consensus sur le désarmement et la non-prolifération, sur la base de négociations soit au sein de la Conférence sur le désarmement, soit par le biais d’une session spéciale de la Commission des Nations Unies sur le désarmement, a-t-il poursuivi.
Le Ministre s’est ensuite prononcé sur la réforme de l’ONU, affirmant qu’en sa qualité de président de l’ECOSOC, le Pakistan travaillera étroitement avec les autres États Membres pour mettre en œuvre les propositions de modernisation de cet organe contenu dans le Document final. Quant au Conseil de sécurité, il devrait à son avis être élargi de 10 sièges non permanents pour refléter la composition de l’ONU. Mais, a-t-il précisé, l’élargissement du Conseil de sécurité à de nouveaux membres permanents ajouterait à l’inégalité actuelle, aliénerait de nombreux pays importants, diviserait les États Membres et affaiblirait l’Organisation. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, la proposition de réforme faite par le groupe « Unis pour le consensus » lui semble la plus équitable, la plus juste et la plus démocratique. Revenant sur la stabilité régionale, M. Khurshid Kasuri a émis le vœu de voir les trois millions d’Afghans réfugiés au Pakistan regagner leur pays d’origine, tout en se félicitant de l’engagement de son pays en faveur de la paix, de la sécurité et du développement en Afghanistan. Il a enfin lancé un appel à la communauté internationale pour que le règlement du conflit frontalier indopakistanais sur le Jammu et Kashmir, dont il a salué les progrès accomplis ces derniers temps, ne se fasse pas au détriment des aspirations à l’autodétermination du peuple kashmiri.
M. IGNACIO WALKER, Ministre des affaires étrangères du Chili, a rappelé que par le biais de l'Organisation des Nations Unies, la collectivité mondiale disposait d'une opportunité exceptionnelle pour renforcer le multilatéralisme, en se fondant sur les principes de négociation et de consensus. Il a indiqué que la défense des droits de l'homme était un des aspects fondamentaux de la mondialisation ainsi qu'une préoccupation majeure et continue eu égard à l'histoire récente du Chili et de l'Amérique latine. Il a ajouté que l'examen de la situation des droits de l'homme ne représentait pas une ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat, mais bien plutôt l'exercice d'une responsabilité partagée. Il a également loué la création d'un Conseil des droits de l'homme.
Au niveau de son continent, il a apporté son soutien à la consolidation des capacités institutionnelles entreprise en coopération avec l'Organisation des États américains, la Charte démocratique interaméricaine et les directives énoncées lors de l'accord conclu par 108 pays en avril, à savoir « l'Engagement de Santiago: coopération et démocratie ». Il a indiqué qu'il avait été déçu du manque d'entente observé sur le désarmement et la non-prolifération et qu'il recommandait l'adoption de la Convention internationale contre le terrorisme. Il a rappelé que, conscient de son identité latino-américaine et des responsabilités qu'impose l'appartenance à une société mondialisée, son pays participait à la MINUSTAH. Enfin, il a rappelé que son pays avait adopté des mesures macroéconomiques appropriées et mis en œuvre des politiques axées sur les aspects sociaux -conformément aux Objectifs du Millénaire et au Consensus de Monterrey. Il a aussi rappelé que l'aide pour le développement devait être accordée aussi bien aux pays à revenu intermédiaire qu'aux pays très pauvres, et qu'à ce titre, le Gouvernement chilien avait autorisé le prélèvement d'une taxe de 2 dollars, à imputer sur les billets d'avion, afin d'alimenter le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida. Enfin, il a rappelé la nécessité d'une libéralisation des échanges en faveur des pays en développement et d'une refonte de l'architecture financière internationale afin de promouvoir un environnement international qui soit favorable à une croissance soutenue des pays en développement et permette l'éradication de la pauvreté.
M. TEODOR BACONSCHI, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Roumanie, a estimé que tout espoir de réussite et tout succès dans le domaine du développement étaient dépendants de la mise en place de relations de solidarité dans les relations économiques internationales. Le développement et l’élimination de la pauvreté ne peuvent plus uniquement être appréhendés en termes techniques, a-t-il dit, en précisant qu’une politique efficace devrait inclure, en dehors de l’assistance technique et financière, le soutien aux activités d’éducation, de culture et de bonne gouvernance; ainsi que la mise en place d’un état de droit et d’institutions démocratiques. C’est cette vision qui inspire la Roumanie dans ses relations bilatérales avec les pays en développement, a-t-il souligné. Il a ajouté que son pays avait régulièrement accru sa contribution aux efforts visant à résoudre les questions de développement au niveau mondial et que son adhésion à l’Union européenne ferait de lui un membre de la communauté des donateurs la plus importante au monde.
Le Ministre a par ailleurs souligné que la Roumanie était l’un des premiers pays à s’être engagés dans les efforts pris au niveau international et régional pour lutter contre le fléau du terrorisme. Il a ajouté que son pays avait progressé sur la voie du processus de ratification des 12 conventions internationales pertinentes adoptées dans ce domaine, et avait transposé une partie importante de leurs dispositions dans sa législation nationale. Il a informé l’Assemblée générale que le Président roumain avait signé le 14 septembre dernier la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, adoptée par l’Assemblée générale le 13 avril 2005. M. Baconschi a par ailleurs estimé que la politique d’établissement et de respect de normes au Kosovo menée par les Nations Unies avait amélioré la situation dans la région. Toutefois, le travail n’est pas terminé, a-t-il précisé, les Serbes et d’autres communautés ethniques craignant encore pour leur sécurité et ne pouvant encire mener une vie normale. Le Kosovo est un cas exemplaire de coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales telles que l’Union européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’OTAN, a-t-il souligné. Il a ensuite estimé que les pays de la région de la mer Noire avaient besoin de partenaires forts, et d’une vision stratégique et cohérente pour surmonter les défis auxquels ils sont confrontés.
M. SATO KILMAN, Ministre des affaires étrangères de Vanuatu, a tout d’abord estimé qu’en matière de réforme, la composition du Conseil de sécurité doit mieux refléter la diversité des États Membres. En outre, le Ministre a condamné le terrorisme, qui selon lui constitue avec la pauvreté et la maladie l’un des principaux fléaux de notre époque. Dans la lignée du Consensus de Monterrey, M. Kilman a demandé à ses partenaires d’honorer leurs engagements de financements de l’APD.
Soulignant le rôle essentiel du commerce en tant que moteur de croissance économique, le Ministre a ensuite précisé que le Gouvernement de Vanuatu se concentrait sur l’essor des secteurs productifs, afin notamment de permettre le développement des populations rurales. M. Kilman a également demandé une aide de la part des partenaires économiques, qui tiendrait compte de la spécificité des petits pays et faciliterait la mise en œuvre des OMD. Il a exhorté les États Membres à respecter et à ratifier le Protocole de Kyoto et a privilégié la voie de la prévention en matière de transports de matières radioactives et des déchets dangereux. Enfin, rappelant que le principe d’autodétermination était garanti par la Charte de l’ONU, M. Kilman a demandé un réexamen de l’affaire de Papouasie orientale et a demandé une levée de l’embargo économique sur Cuba.
M. CARLOS MORALES TRONCOSO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a déclaré que la 60e session de l’Assemblée générale marquera l’une des plus importantes sessions de l’histoire de l’Organisation des Nations Unies, tant en ce qui concerne les engagements en matière de développement que la réforme de l’ONU qui devrait lui permettre de garantir la liberté, le développement, la paix et la sécurité pour toutes les nations du monde. Pour des petits pays sans ressources naturelles comme la République dominicaine, a-t-il ajouté, aucune action politique n’est plus urgente que la lutte contre le sous-développement. Aussi, parce que l’extrême pauvreté conduit au désespoir, à la violence, à des tensions sociales et politiques, à l’effondrement des États, qu’elle n’est bonne ni pour les pays pauvres ni pour les pays riches, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement est aujourd’hui devenu une priorité collective, a-t-il affirmé. Le Ministre a par ailleurs dit ses craintes sur la crise pétrolière qu’il entrevoit pour l’horizon 2015, au moment où des efforts ont été faits pour garantir aux peuples du monde une vie digne et plus sûre. Une telle crise pourrait avoir des conséquences catastrophiques, a-t-il dit. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, l’ONU devrait établir une feuille de route afin de préparer les nations à une civilisation sans pétrole.
Mettant l’accent sur les difficultés économiques, politiques et sociales actuelles d’Haïti, M. Carlos Morales a appelé la communauté internationale à fournir plus d’efforts pour mettre fin à la déliquescence de cette île, voisine de la République dominicaine. Il a ainsi proposé que la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), avec le soutien de la communauté internationale, travaille à un accord inclusif, issu d’un dialogue national avec tous les acteurs politiques et la société civile d’Haïti. Il faut créer un climat de confiance et de réconciliation nationale, a-t-il ajouté, suggérant que certaines personnalités politiques étrangères, parmi lesquels Vicente Fox du Mexique, Leonel Fernandez, Président de la République dominicaine, et les anciens chefs d’État américain et sud-africain Bill Clinton et Nelson Mandela, soient observateurs des prochaines élections en Haïti.
M. YOUSSOUF OUÉDRAOGO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Burkina Faso, évoquant la réforme du Conseil de sécurité, a souligné que justice devait être rendue à l’Afrique. Le Burkina Faso s’est pleinement engagé aux côtés des autres États membres de l’Union africaine pour formuler une plateforme commune permettant au continent de revendiquer sans ambages sa légitime place dans les organes centraux de décision de l’ONU, a-t-il dit. Le Ministre a néanmoins estimé qu’il était impérieux qu’une priorité plus grande soit accordée aux questions de développement. Il a ajouté que son pays ne pouvait que s’associer à toutes actions allant dans le sens d’une réelle solidarité internationale, qu’il appuyait l’initiative de lutte contre la faim du Président brésilien Lula da Silva, le projet de contribution internationale de solidarité sur les billets d’avion du Président français Jacques Chirac, la facilité internationale de financement du Premier Ministre britannique Tony Blair, le Fonds pour le développement et l’assistance humanitaire du Qatar, et le Millenium Challenge Account (MCA) du Président américain George Bush.
Le Ministre burkinabé s’est également réjoui de la décision récente du G-8 d’annuler la dette multilatérale d’un certain nombre des pays en développement les plus pauvres, et a souhaité que cette mesure soit élargie à plus de bénéficiaires. Il a en outre indiqué que son pays continuait d’exiger la suppression des subventions injustes à la production et à l’exportation versées par les pays du Nord à leurs producteurs, notamment celles concernant le coton. Enfin, M. Ouédraogo a affirmé que le Burkina Faso militait ardemment en faveur de la démocratie, de la bonne gouvernance, de la protection des droits de l’homme, de la paix et du développement en Afrique et dans le monde.
M. NYAN WIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a appelé les États Membres à faire preuve de crédibilité dans l’adaptation de l’ONU aux réalités du XXIe siècle. La communauté internationale, a-t-il estimé, devrait s’abstenir d’introduire de nouveaux concepts qui ne sont ni dans la Charte ni dans le droit international et qui iraient à l’encontre du principe de non-ingérence, base du droit international. Le Ministre s’est ensuite félicité que le principe du non-recours à la force contenu dans le Document final de la Réunion plénière de haut niveau, ait été réaffirmé conformément à l’Article 51 de Charte. Cet article ne doit être ni réécrit ni réinterprété, a-t-il ajouté. M. Nyan Win a par ailleurs indiqué que son pays s’efforce de réprimer le trafic contre les femmes et les enfants, sur le plan national comme dans le cadre d’une coopération multilatérale. Condamnant fermement le terrorisme, qui doit être combattu en respectant les droits de l’homme, il a également prévenu qu’une telle lutte ne doit pas être utilisé comme prétexte à une ingérence étrangère.
Le Ministre a poursuivi en rappelant que bien que le problème des stupéfiants demeure un vestige amère de l’époque coloniale, son pays a fourni d’importants efforts dans ce domaine qui ont permis une réduction considérable de la production de la culture de l’opium, comme l’a souligné l’Office des Nations Unies contre la drogue. Il a enfin déploré le fait que le Myanmar, qui compte essentiellement sur ses propres ressources, n’ait aucune assistance des institutions financières internationales, subissant dans le même temps des pressions politiques extérieures non productives. M. Nyan Win a appelé la communauté internationale à soutenir son Gouvernement dans ses efforts pour édifier un État démocratique, moderne et prospère.
M. MICHAEL FRENDO, Ministre des affaires étrangères de Malte, après avoir rappelé la solidarité du Gouvernement et du peuple maltais à l’égard des populations éprouvées par le tsunami de l’océan Indien et l’ouragan du golfe du Mexique, a indiqué que nulle part ailleurs la confluence des catastrophes naturelles et des catastrophes dues à la main de l’homme était-elle aussi visible que dans le drame des flux migratoires non réglementés. Ce dernier problème ayant atteint des proportions considérables dans son pays, il a appelé à renforcer la lutte contre la traite des êtres humains –une activité hautement profitable pour la criminalité transnationale organisée et préjudiciable au développement économique et social des pays d’origine- et a salué la tenue prochaine en 2006 d’un dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement. Il a réaffirmé l’engagement de son pays en matière de coopération pour le développement et d’échanges multilatéraux, thèmes qui seront repris lors de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth qui se tiendra à Malte en novembre.
Il a accueilli avec intérêt la création d’un Conseil des droits de l’homme, et s’est félicité de l’adoption d’une nouvelle norme prescrivant une obligation collective internationale de protection ainsi que la création de la Commission de consolidation de la paix. Il a recommandé l’adhésion à une convention internationale contre le terrorisme, mais a souligné qu’il fallait en analyser et en examiner les causes profondes, et que les États -afin de contrer l’influence des idéologies terroristes- devaient être à mêmes de fournir un filet de protection sociale. Concernant la question du Moyen-Orient, il a émis le vœu que le processus de négociation reprenne, et a loué le courage et la détermination montrés par les dirigeants israéliens et palestiniens. Il a également noté qu’au sein de la région euro méditerranéenne, les questions d’intérêt primordial demeuraient les flux migratoires, la promotion des droits de l’homme, la démocratisation, la lutte contre la prolifération des armes et la lutte contre le terrorisme ainsi que l’accélération de l’intégration au marché économique. Enfin, il a accueilli avec intérêt
l’élargissement futur de l’Union européenne avec l’accession de la Bulgarie et de la Roumanie en 2007, ainsi que celle de la Croatie et de la Turquie à une date ultérieure, et a salué le rôle positif joué par l’Union au Moyen-Orient ainsi que son partenariat avec l’Union africaine. Enfin, il a rappelé que dans un monde d’interdépendance croissante et accélérée, une Organisation réformée devait s’acquitter de ses responsabilités avec efficacité.
M. RAMESH NATH PANDEY, Ministre des affaires étrangères du Népal, a indiqué que pour avoir été victime d’actes de terrorisme pendant plus d’une décennie, son pays condamnait fermement ce fléau, sur lequel le Document final du Sommet mondial de 2005 met un accent particulier. En vue de relancer le processus démocratique au Népal, M. Pandey a annoncé que se tiendraient prochainement des élections municipales et parlementaires, et a dit le souhait de sa délégation de voir des observateurs internationaux se rendre au Népal à cette occasion. Si la croissance économique, les mesures anticorruption et l’inclusion sociale figurent au rang des priorités que s’est fixées le Gouvernement népalais, a dit M. Pandey, l’assistance aux populations déplacées par la violence terroriste est aussi un des axes importants de sa politique. Désireux d’apporter sa contribution au désarmement, le Népal propose à la communauté internationale de faire de Katmandou le siège du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique, a-t-il poursuivi. À cet égard, M. Pandey s’est félicité que son pays soit à ce jour le cinquième plus grand fournisseur de contingents pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec actuellement plus de 3 500 Casques bleus népalais actuellement déployés travers le monde. Le Népal soutient la création de la Commission de consolidation de la paix et est candidat à un siège au Conseil de sécurité en 2007/2008, a d’autre part annoncé le Ministre des affaires étrangères.
M. SERGEI MARTYNOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a dénoncé le danger d’une tendance à faire dévier le but de la réforme de l’ONU pour faire de celle-ci un instrument de domination de certains États militairement et économiquement plus forts, citant le cas de la création d’une institution des droits de l’homme sur la base de critères subjectifs. Le Ministre a appelé à préserver les valeurs fondamentales de la Charte des Nations Unies, comme celle de la diversité des moyens de développement progressif. Doit-on adopter une approche sélective pour reconnaître le droit au développement aux seuls pays qui ont adopté des réformes économiques particulières? s’est-il interrogé.
Nous devons porter sur le monde un regard honnête, a poursuivi M. Martynov, notamment sur le problème du trafic d’êtres humains. À son avis, la protection des femmes et des enfants devrait être une priorité de l’Organisation. Il a rappelé par exemple qu’à ce jour, moins d’un tiers des États Membres de l’ONU avaient ratifié le Protocole visant à prévenir, réprimer et sanctionner le trafic de personnes, en particulier des femmes et des enfants. Abordant les problèmes résultant de la catastrophe de Tchernobyl, le Ministre a assuré que son Gouvernement avait fait tout son possible pour en atténuer les conséquences. Une conférence se tiendra à Minsk en avril 2006 pour évaluer l’efficacité de l’aide internationale dans ce domaine et prévoir les priorités pour travailler de concert dans l’avenir. Pour commémorer le 20e anniversaire de cette tragédie, M. Martyrnov a proposé de convoquer, le 26 avril 2006, une réunion spéciale de l’Assemblée générale.
M. ADAM DANIEL ROTFELD, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, dont le pays célèbre cette année le 25e anniversaire du Mouvement Solidarnosc, a placé son discours devant l’Assemblée générale sous le sceau de la solidarité. L’histoire de ce mouvement, a-t-il souligné, a ouvert la voie à la chute du Mur de Berlin et l’effondrement du Bloc communiste. Réitérant l’appel de la Pologne à la communauté internationale pour faire du 31 août une journée de célébration de la liberté et de la solidarité, le Ministre a indiqué que la solidarité globale devrait être perçue comme une valeur centrale et un concept clef de la poursuite des intérêts communs des États Membres de l’ONU. Ainsi, a-t-il poursuivi, pour la Pologne, qui est passée du statut de receveur de l’aide extérieure à celui de donateur aux pays en développement, le concept de solidarité responsable ne doit pas concerner seulement l’aide humanitaire, mais représente aussi un principe opérationnel qui engendre une attitude de solidarité envers les pays dans le besoin, y compris ceux qui ont été victimes d’attaques terroristes, de catastrophes naturelles ou encore de l’affaiblissement des structures étatiques. C’est grâce à la solidarité, a-t-il ajouté, que les divisions idéologiques et religieuses pourront être surmontées; grâce à elle que les héritages douloureux du passé pourront être surmontés.
En ce qui concerne la réforme de l’ONU, M. Rotfeld a invité la communauté internationale à considérer le Document final de la Réunion plénière de haut niveau, non pas comme la fin de la réforme, mais plutôt comme un point de départ et de référence à un long processus. Pour cela, a-t-il indiqué, il faut briser le cercle de l’inaction et assurer un suivi du Sommet, établi dans un esprit de coopération et de solidarité entre les États et les peuples du monde. Il a invité la communauté internationale à inventer à la fois un nouveau concept sur la sécurité et sur la souveraineté, qui mettrait au centre des relations internationales la sécurité humaine, afin de protéger les populations du génocide, des crimes de masses et des crimes contre l’humanité. Pour lutter efficacement contre la prolifération et le désarmement, a-t-il poursuivi, il faut également renforcer les trois piliers du régime international de contrôle de l’armement nucléaire, à savoir la non-prolifération, le désarmement et les usages pacifiques.
Se félicitant de la participation de la Pologne au Fonds des Nations Unies pour la démocratie, M. Rotfeld s’est également prononcé en faveur d’une promotion de la démocratie, par le biais de l’ONU, afin de protéger les droits de l’homme et les libertés démocratiques fondamentales. Enfin, en ce qui concerne la réforme institutionnelle de l’Organisation, il a salué la création d’une Commission de consolidation de la paix, le nouveau Conseil des droits de l’homme et le futur élargissement du Conseil de sécurité. Le Ministre a souhaité que toutes ces réformes puissent se faire de façon transparente et visant avant tout l’efficacité.
M. NGUYEN DY NIEN, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a rappelé que la paix, la sécurité, l’indépendance et la prospérité des nations étaient menacées par les guerres, la résurgence du terrorisme, les catastrophes naturelles, la pauvreté, la propagation d’épidémies et la montée de la criminalité transnationale organisée. Il a précisé que son pays s’était joint aux initiatives internationales de lutte contre le terrorisme, mais que la communauté mondiale –afin de remédier de manière sérieuse et adéquate au problème du terrorisme– devait s’attaquer à la pauvreté, à l’injustice et à l’inégalité. M. Nguyen Dy Nien s’est félicité du retrait israélien de la bande de Gaza, et a indiqué qu’un règlement pacifique des différends qui existent avec l’Iran et la République populaire démocratique de Corée dans le domaine du nucléaire était nécessaire. Il a déclaré que son pays demandait la levée de l’embargo imposé à Cuba. Parlant des catastrophes naturelles, il a dit que la mise en place d’un système d’alerte rapide pour en diminuer les effets négatifs se révélait indispensable.
Concernant la réforme de l’ONU, il a déclaré que l’autorité de l’Assemblée générale devait être renforcée et que les méthodes de travail du Conseil de sécurité devaient être améliorées, afin d’y garantir plus de démocratie et de transparence. Il a également préconisé un élargissement du Conseil -tant dans le nombre de ses membres permanents que dans celui des non permanents-, et a réitéré l’appui de son pays aux candidatures de l’Inde, du Japon et de l’Allemagne à des sièges de membres permanents. Il a indiqué que le Viet Nam avait accueilli avec intérêt l’engagement des pays développés de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement, et l’adoption de processus allégés pour l’accession des pays en développement à l’OMC. Il a plaidé en faveur du démantèlement des barrières tarifaires et des subventions que versent les pays riches à leurs producteurs et à leurs exportateurs agricoles. Concernant les Nations Unies, M. Nguyen Dy Nien a recommandé un examen en profondeur de la proposition concernant la création d’un Conseil des droits de l’homme ainsi que de celle ayant trait « au nouveau concept de responsabilité de protéger ». Enfin, il a rappelé que son pays participait à de multiples initiatives de coopération aux niveaux régional et mondial, et a annoncé que le Viet Nam serait candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité en 2008-2009.
M. BERHANE ABREHE, Ministre des finances de l’Érythrée, a concentré l’essentiel de son intervention sur la situation conflictuelle de son pays avec l’Éthiopie qui, a-t-il dit, a de graves ramifications sur la primauté du droit international et le maintien de la paix et de la sécurité régionales. Presque quatre ans après la décision de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie, de sombres nuages menacent à nouveau l’Érythrée annonçant la guerre, a-t-il assuré. La violation de l’Accord d’Alger n’est rien de moins qu’un manque de respect flagrant de l’intégrité territoriale et de la souveraineté d’un État Membre des Nations Unies, a-t-il souligné. Selon M. Abrehe, la situation à laquelle est actuellement confronté son pays n’est pas un différend insoluble de frontières exigeant la flexibilité des parties, mais d’une occupation illégale forcée du territoire de l’Érythrée, en violation flagrante de l’Article 2.4 de la Charte des Nations Unies. L’Éthiopie n’occupe pas seulement le village de Badme et d’autres territoires souverains, il continue également d’installer des colonies illégales dans ces régions, a-t-il précisé. L’attaque sans retenue contre l’état de droit et le caractère sacré des accords de traité aura non seulement de graves conséquences pour la région de la Corne de l’Afrique mais représente aussi un précédent fâcheux pour d’autres régions et la crédibilité des Nations Unies, a-t-il observé.
Le Ministre a souligné que les Nations Unies et l’Union africaine, parties au traité, avaient des obligations pour veiller à la mise en œuvre de l’accord sans condition préalable. L’Érythrée et l’Éthiopie ne veulent pas être entraînés dans une nouvelle phase de conflit armé, a déclaré le Ministre, estimant qu’il existait une chance pour une résolution pacifique si les Nations Unies honoraient leurs obligations découlant du traité. Si les Nations Unies ne changent pas cette occupation, elles seront tout aussi responsables que l’Éthiopie d’une reprise d’un conflit armé et de ses conséquences, a-t-il affirmé, déclarant que l’Érythrée était déterminée et avait le droit de se défendre et de préserver son intégrité territoriale par tous les moyens.
M. ABDULLAH ABDULLÂH, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, s’est félicité du succès des récentes élections législatives organisées dans son pays, marquant ainsi la fin de la période de transition, issue de l’accord de Bonn de décembre 2001 signé sous les auspices des Nations Unies. Malgré la menace et la pression terroristes, a-t-il souligné, des millions de femmes et d’hommes se sont rendus aux urnes pour exercer leur droit de vote. Remerciant, au nom du peuple et du Gouvernement afghans, les partenaires internationaux, notamment l’ONU, les forces conduites par l’Organisation du traité nord atlantique installés en Afghanistan (OTAN) et les forces de la Coalition, le Ministre a ensuite fait un bilan des progrès accomplis par son pays. Dans le secteur de la sécurité, outre la formation de l’Armée et de la Police nationales dans le but de garantir la sécurité et l’intégrité de l’ensemble du territoire, 60 000 anciens combattants ont été désarmés et démobilisés, a-t-il indiqué. En matière de droits de l’homme, a-t-il ajouté, la nouvelle Constitution afghane garantit la liberté d’expression et l’égalité des droits entre les hommes et les femmes et une Commission indépendante des droits de l’homme a été mise sur pied.
M. Abdullâh s’est également félicité que cinq millions d’enfants aient été inscrits dans les écoles et du rôle grandissant que joue les femmes dans la vie du pays. Le Ministre a par ailleurs souligné que la culture du pavot et la production de narcotiques demeurent une préoccupation du gouvernement, comme en témoignent la création d’un Ministère et d’un Tribunal chargés de réprimer et de lutter contre les narcotrafiquants ainsi que la création d’un Comité de lutte présidé par le chef de l’État, M. Karzaï. Bien qu’encouragé par la diminution de 21% de la culture du pavot comme l’a rapporté l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, le Ministre a cependant demandé que soient proposés aux communautés rurales un mode de vie alternatif. Dans le cadre de la réforme de l’ONU, il a salué la création d’une Commission de la consolidation de la paix, et invité la communauté internationale à maintenir son soutien au peuple afghan, toujours frappé par la pauvreté extrême. Si l’Afghanistan ne sert plus de base arrière à Al-Qaïda et aux Taliban, a-t-il remarqué, il fait toujours l’objet d’attaques terroristes issus d’infiltrations extérieures entravant ainsi la paix, le développement et la stabilité du pays.
M. VICTOR BORGES, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des communautés du Cap-Vert, a estimé, d’une part, que la réalisation des OMD requiert des ajustements profonds dans les politiques nationales de développement et des efforts accrus de réaménagement et de gestion des budgets. D’autre part, a-t-il poursuivi, l’émergence d’un nouveau leadership africain est une opportunité pour la communauté internationale, qui devrait accorder dans ce cadre un soutien plus cohérent à la réalisation des OMD. Il nous faut faire preuve de volonté politique au lieu de passer notre temps à faire des déclarations d’intention et des vœux pieux. Le Ministre a rappelé que dans le cadre des réformes proposées par le Secrétaire général, son pays a été choisi pour accueillir l’expérience novatrice de représentation conjointe (JOM) des programmes et institutions des Nations Unies. Il s’est dit convaincu que le JOM permettra de concentrer les ressources sur les défis prioritaires et les aspects les plus constitutifs du développement.
Rappelant également que son pays est sur le point de sortir de la liste des pays les moins avancés (PMA), le Ministre a souligné que le fait de rester soumis au critère de vulnérabilité économique, de loin le plus important, illustre les grandes fragilités dont souffre un petit État insulaire comme le Cap-Vert, dépourvu de ressources naturelles et affligé par la sécheresse. À la vulnérabilité économique, il faut ajouter les vulnérabilités alimentaires et environnementale aggravées par les chocs extérieurs, dont le prix du pétrole, a-t-il relevé. Il a donc argué que pour réussir à moyen et à long terme, la graduation de la liste des PMA doit être accompagnée de mesures adéquates susceptibles de garantir la continuité du processus de développement. Il est fondamental et urgent, a-t-il insisté, de définir les objectifs, la durée, les contours et les modalités pratiques d’une transition sans heurt. Le Ministre s’est dit convaincu que lorsque son pays quittera le groupe des PMA, en janvier 2008, il se sera mis d’accord avec ses partenaires de développement sur un cadre référentiel commun et mettant l’accent sur les questions commerciales et de financement du développement, y compris des instruments conformes aux besoins de croissance économique d’un pays gradué et très vulnérable. Le Ministre a conclu sur la question de la dette, en demandant qu’une attention soit dûment accordée à l’endettement des pays à revenu intermédiaire, « ceux dépourvus de ressources naturelles qui se sont endettés avec prudence et qui honorent le service de la dette dans un cadre structurel marqué par des contraintes budgétaires ».
M. SIOSIUA ’UTOIKAMANU, Ministre des finances des Tonga, a rappelé que le Document final du Sommet fournissait des solutions multilatérales aux problèmes de développement, de paix, de sécurité collective, de droits de l’homme, de primauté du droit et de renforcement du système des Nations Unies. Il a affirmé que le développement était la priorité absolue des petits États insulaires en développement, appuyant la proposition des pays développés de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement d’ici à 2015. Il a également recommandé une promotion soutenue des investissements directs, une amélioration de l’accès des pays pauvres aux échanges et l’établissement d’un partenariat efficace en matière de développement. Sur le plan intérieur, il a précisé que les Tonga avaient entrepris une modernisation de la gestion des finances, associée à une plus grande transparence, une remise à jour du secteur de l’emploi et des méthodes de rémunération, une plus grande responsabilité des entreprises publiques et le démarrage d’une révision du système d’imposition. Il a indiqué que la flambée des prix du pétrole rendait indispensable la recherche et le développement de sources alternatives d’énergie. Il a également reconnu l’importance des envois de fonds des expatriés des Tonga, et a déclaré que son pays attendait avec intérêt la tenue du dialogue sur les migrations internationales et le développement en 2006.
Il s’est également prononcé pour l’élargissement du Conseil de sécurité et pour l’admission du Japon à titre de membre permanent. Il s’est félicité en outre du rôle joué par le Forum du Pacifique en matière de coopération régionale et d’intégration dans les secteurs de la croissance économique, du développement social, de la sécurité et de la protection de l’environnement.
M. RAYMOND RAMAZANI BAYA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République démocratique du Congo (RDC), a estimé que l’élargissement envisagé et souhaitable du Conseil de sécurité s’avérait désormais être une exigence démocratique de premier ordre. Selon lui, la réforme du Conseil de sécurité ne doit pas occulter la nécessité de revisiter les autres organes, notamment le Conseil économique et social, le Secrétariat général et l’Assemblée générale en vue d’en renforcer les prérogatives et de permettre à son Président de jouer un rôle primordial dans la recherche des solutions aux problèmes internationaux. Il a souligné que son pays attendait particulièrement de voir à l’œuvre la nouvelle Commission de consolidation de la paix et la création du fonds permanent pluriannuel qui permettront aux pays en situation post-conflit de bénéficier d’apports réels et substantiels afin d’appuyer les efforts de réinsertion, de reconstruction et de les aider à jeter les bases d’un développement durable.
Le Ministre a par ailleurs exprimé la profonde gratitude de son pays à l’égard de la communauté internationale qui s’est fortement investie en fournissant un appui appréciable à travers la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). Selon lui, la RDC, avec la perspective de l’organisation d’élections pluralistes et transparentes, avance à grands pas vers le dénouement du processus de transition. L’adoption par référendum, à la fin de l’année, du projet de Constitution rendra ce processus irréversible, a-t-il assuré. Jugeant urgent que la situation sécuritaire soit rapidement stabilisée, il a mis l’accent sur la nécessité qu’il y a à soutenir les efforts de la RDC en vue de mettre fin à la présence des éléments armés à l’Est du territoire national et d’assurer leur rapatriement. Un appui conséquent à la formation et à l’équipement des forces armées de la RDC restructurées et intégrées ainsi qu’un engagement ferme de la MONUC seraient de nature à amener ces groupes à déposer les armes, a-t-il poursuivi.
M. BESNIK MUSTAFAJ, Ministre des affaires étrangères de l’Albanie, s’est prononcé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité qui viserait à améliorer les méthodes de travail et la transparence de cet organe, et un ajustement de ses processus de décision. En outre, M. Mustafaj a demandé que les rôles que jouent l’Assemblée générale et l’ECOSOC ne soient pas sous-estimés, leur potentiel n’ayant pas à ce jour été pleinement exploité. L’Albanie estime que la Commission de consolidation de la paix, dont la création a été approuvée, sera un instrument efficace de développement de stratégies cohérentes pour la reconstruction, le développement et la pacification durable des pays sortant de conflit, a-t-il estimé. M. Mustafaj a d’autre part apporté son soutien aux propositions visant à créer un Conseil des droits de l’homme et un Fonds pour la démocratie.
En ce qui concerne le terrorisme, le Ministre des affaires étrangères albanais a fait savoir que son pays appuyait la résolution 1624 récemment adoptée par le Conseil de sécurité lors du Sommet mondial de 2005, et qu’il encourageait la finalisation de la Convention générale contre le terrorisme au cours de cette session de l’Assemblée générale. Favorable à un renforcement du contrôle des armements, M. Mustafaj a annoncé qu’un programme mis en place par son Gouvernement avait permis de récupérer environ 200 000 armes légères des mains de civils albanais. Considérant la bonne gouvernance comme une condition nécessaire à la croissance économique durable et à l’éradication de la pauvreté, M. Mustafaj a annoncé que, tout en favorisant la libre concurrence et l’économie de marché, son pays avait redoublé d’efforts dans la lutte contre la corruption au cours de cette année. L’excellente coopération de l’Albanie avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale devrait permettre une amélioration prochaine de ses politiques macroéconomiques, et ainsi mener le pays sur la voie du développement durable, a ensuite déclaré M. Mustafaj. Il s’est par ailleurs félicité de la tenue, à Tirana, d’une réunion sur la promotion du dialogue entre les peuples et les cultures, organisée par le Gouvernement albanais et l’UNESCO en décembre 2004. Ayant déjà participé à des missions de paix en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan, l’Albanie espère qu’une entrée prochaine dans l’Union européenne et dans l’OTAN lui permettra de contribuer de manière accrue à la stabilité de l’Europe et à sa prospérité, a dit le Ministre. Enfin, M. Mustafaj a tenu à évoquer la question du Kosovo, où la paix ne pourra durablement s’établir sans une prise en compte de toutes les minorités, et en particulier des communautés serbes.
M. ABDULKADER SHAREF, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Tanzanie, a réaffirmé l’importance de la réforme de l’Organisation des Nations Unies. Le développement doit rester une priorité majeure et être soutenu par le commerce et les investissements. Les droits de l’homme doivent rester au centre des préoccupations des Nations Unies, a-t-il ajouté, et la création d’un Conseil des droits de l´homme doit permettre d’éviter que ne se reproduisent les tragédies du Rwanda et de la Bosnie. Le continent africain est souvent le théâtre de désastres naturels et humains et les réponses humanitaires ne sont pas toujours à la hauteur des besoins, notamment dans la protection des réfugiés et des personnes déplacées, et dans la prise en charge des maladies, telles que le VIH/sida, la malaria et la tuberculose. Le Vice-Ministre s’est déclaré encouragé par les mesures énoncées dans le Document final concernant cette question. Il a insisté sur la prévention des conflits armés, notamment en Afrique, et a appelé à la création rapide de la Commission de consolidation de la paix.
Droits de réponse
En réponse à la déclaration de la délégation turque, le Ministre des affaires étrangères de Chypre, a tenu à préciser qu’il n’y avait pas deux peuples à Chypre dans la mesure où, quelles que soient leur religion et leur ethnie, tous les habitants de l’île étaient chypriotes. Après avoir souligné que l’occupation d’une partie de Chypre par la Turquie était injustifiée, le Ministre a précisé qu’il n’y avait pas d’autre solution que de s’en remettre à l’ONU pour résoudre le problème chypriote.
Usant de son droit de réponse, le représentant du Zimbabwe a déclaré que le Ministre des affaires étrangères de la République tchèque avait fait des allégations sans fondements. Je ne sais pas de quelles préoccupations il parle, a affirmé le représentant zimbabwéen, faisant référence aux propos du Ministre selon lequel le Gouvernement de Harare n’a aucune préoccupation en matières de droits de l’homme. Nous espérons que la République tchèque aura le courage de vérifier, sans préjugé, ce qu’il dit, a-t-il poursuivi, ajoutant que la République tchèque essaye d’impressionner la communauté internationale. Le représentant zimbabwéen a enfin souhaité que le Ministre tchèque ne se serve pas du nom du Zimbabwe pour les intérêts personnels de son pays.
En réponse à la déclaration de la délégation albanaise, le représentant de la Serbie-et-Monténégro s’est dit surpris que l’Albanie ait changé sa politique à l’égard du Kosovo. « Cela ne répond pas à la coopération nécessaire entre Tirana et Belgrade, cela ne contribue pas à la stabilité internationale », a-t-il regretté. Il a souligné que la discussion entre les communautés était nécessaire.
Répondant à la déclaration de la délégation tchèque, le représentant de Cuba a affirmé que son pays résistait depuis plus de 30 ans à la plus grande puissance du monde. Il a fait valoir par ailleurs que les autorités tchèques faisaient de la discrimination à l’encontre des Roms depuis la Seconde Guerre mondiale. Il s’est plaint de l’attitude de la République tchèque qui, a-t-il déploré, s’en prend à son pays lors des assises annuelles de la Commission des droits de l’homme à Genève. Si le Conseil des droits de l’homme prévu par le Document final de la Réunion plénière de haut niveau, perpétue et répète le mensonge des grandes puissances, a-t-il poursuivi, la communauté internationale ne devra pas compter sur Cuba pour la soutenir.
Usant à son tour de son droit de réponse, la représentante de la République tchèque a déclaré que la double réaction excessive du Zimbabwe et de Cuba est le signe d’une nervosité et d’une culpabilité de leur part. Elle s’est par ailleurs dite prête à parler ouvertement de ce point et d’autres questions de fonds relatives aux droits de l’homme dans des instances internationales, y compris au sein du futur Conseil des droits de l’homme.
En réponse aux propos de la délégation tchèque, le représentant de Cuba a tenu à rappeler que la République tchèque s’était prêtée pendant des années à discréditer les réalisations de la révolution cubaine et à s’associer avec l’extrême droite terroriste et les États-Unis, notamment en participant à l’embargo sur l’île. « Notre peuple sous la direction de son parti et de son Gouvernement, choisit librement son régime et ne saurait tolérer l’ingérence d’une puissance étrangère », a-t-il conclu.
Le représentant de l’Albanie a déclaré que son pays se sent concerné par ce qui se passe au Kosovo, sans pour autant y intervenir. En cette période décisive où se prépare l’avenir du Kosovo, son pays ne peut rester indifférent car son avenir est lié à celui de l’enclave kosovare en cas de crise. Un telle attitude, conforme à l’engagement de la communauté internationale dans cette région, a-t-il poursuivi, ne doit pas faire l’objet de différends avec la Serbie, avec laquelle le Gouvernement de Tirana entretient des relations culturelles et économiques.
Le représentant du Zimbabwe, répondant à nouveau au représentant de la République tchèque, a déclaré que la réponse de ce dernier indiquait qu’il n’était pas prêt à discuter de façon ouverte sur cette question.
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