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AG/10389

LES PARTICIPANTS AU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE REVIENNENT SUR LES QUESTIONS DE LA RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITÉ ET DE LA NON-PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE

18/09/2005
Assemblée généraleAG/10389
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

11e & 12e séances plénières – matin & après-midi


LES PARTICIPANTS AU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE REVIENNENT SUR LES QUESTIONS DE LA RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITÉ ET DE LA NON-PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE


La réforme du Conseil de sécurité, la non-prolifération nucléaire et la lutte contre le terrorisme ont été placées au cœur du débat général qui ouvre traditionnellement une nouvelle session de l’Assemblée générale de l’ONU.  À l’occasion du soixantième anniversaire de l’ONU, le débat a été exceptionnellement précédé d’un Sommet mondial à l’issue duquel les chefs d’État et de gouvernement ont adopté un « Document final » sur le développement, la paix et la sécurité collective, les droits de l’homme et l’état de droit, et le renforcement de l’ONU.


Aujourd’hui, au deuxième jour du débat général, le Document final, et ses dispositions relatives à la réforme du Conseil de sécurité, ont continué d’être commentés.  Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Italie a reconnu qu’aucune des trois propositions dont l’Assemblée générale est saisie ne mobilise suffisamment de voix.  Gianfranco Fini, dont le pays est coauteur d’une proposition présentée par le Groupe «Unis pour le consensus», a encouragé ses homologues à rechercher de nouvelles formules consensuelles tout en prévenant que son pays s’opposera à toute formule susceptible de créer des divisions et des marginalisations nouvelles.


Les divisions et marginalisations actuelles ont, quant à elles, été dénoncées par le Président du Zimbabwe, Robert Mugabe, qui a accusé le Royaume-Uni d’avoir abusé de ses prérogatives de membre permanent du Conseil de sécurité pour ajouter des éléments politiques dans son contentieux avec le Zimbabwe.  À l’initiative du Royaume-Uni, le Conseil de sécurité avait examiné, le 27 juillet dernier, le rapport de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général sur les questions d’établissements humains au Zimbabwe.  Le Conseil de sécurité a été beaucoup cité aujourd’hui dans les interventions, entre autres, du Ministre des affaires étrangères de la France qui l’a évoqué concernant l’Iran.  Philippe Douste-Blazy n’a pas exclu de saisir le Conseil, « pour renforcer l’autorité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)», au cas où l’Iran n’offrirait pas de garanties positives sur la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire.


La question de la non-prolifération nucléaire est revenue dans la déclaration du Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée.  Ban Ki-Moon a rendu compte de l’état d’avancement des Pourparlers à Six, qui ont repris la semaine dernière.  Il a signalé que, pour faciliter un accord, son pays avait offert de fournir 2 millions de kWh d’électricité à la République populaire démocratique de Corée.  Un accord, a-t-il ajouté, pourrait par la suite donner lieu à des discussions sur un plan d’action visant à résoudre de manière pacifique la question nucléaire en Corée du Nord.


D’autres processus de paix ont été évoqués aujourd’hui.  Le Président de Chypre a assuré que les Chypriotes grecs n’ont ni renoncé à la réunification ni à la mission de bons offices du Secrétaire général.  Tassos Papadopoulos a néanmoins précisé que seul un accord agréé par les dirigeants des deux communautés, grecque et turque, peut être soumis à un nouveau référendum.  Soulignant qu’il ne saurait y avoir de dates butoirs dans un processus qui est dicté par des éléments exogènes, il a averti que tout progrès exige la réconciliation de la Turquie avec l’idée qu’un règlement est synonyme d’une République de Chypre unique et réunifié.  Dans le cadre du référendum du 24 avril 2004, les Chypriotes grecs avaient rejeté, par 75,83% des voix, l’Accord de fondation de Chypre réunifiée. 


« Sans la coopération de bonne foi et l’esprit de responsabilité de toutes les parties, l’action de la communauté internationale ne portera aucun fruit », a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la France à propos d’Haïti et de la Côte d’Ivoire.  À Abidjan comme à Bouaké, chacun doit œuvrer en faveur des élections, a-t-il dit en jugeant qu’aucune autre solution n’est possible.  Philippe Douste-Blazy a exhorté les parties ivoiriennes « à comprendre qu’elles ne sauraient impunément faire obstacle aux efforts de paix par une attitude d’obstruction, des discours de haine ou une remise en cause des règles démocratiques ».  Si elles persistent dans cette voie, le Conseil de sécurité prendra ses responsabilités, a-t-il prévenu.  La responsabilité du Conseil dans la lutte contre le terrorisme a été soulignée par le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie.  Sergey Lavrov a estimé qu’il n’était plus possible de retarder la rédaction d’une liste de toutes les organisations terroristes et des terroristes, qu’ils soient ou non associés à Al-Qaida. 


Le Ministre russe est allé plus loin.  Il a demandé l’élaboration de critères autorisant le recours à la force.  Sergey Lavrov a souligné l’importance de l’exercice par les États de leur droit à la légitime défense individuelle et collective, y compris la légitime défense en cas d’attaque terroriste ou de menace imminente d’une telle attaque.  « La force ne doit pas être opposée au droit car elle peut constituer un outil efficace pour garantir l’état de droit dans des situations de crise ».  La responsabilité de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité, consacrée dans le Document final, a été saluée par le Ministre des affaires étrangères du Rwanda.  Charles Murigande a voulu que cette responsabilité incombe directement à la communauté internationale.  Il a dénoncé les pays qui, tout en proclamant leur attachement à la Charte des Nations Unies, aux droits de l’homme et au droit international, continuent d’offrir l’asile à des personnes présumées responsables d’avoir participé au génocide de 1994.


DÉBAT GÉNÉRAL


Déclarations


M. ALFREDO PALACIO, Président de l’Équateur, a déclaré que le second millénaire devait faire face à la dure réalité de la pauvreté croissante, de la pénurie d’eau salubre, de la dégradation de la couche d’ozone et de la biodiversité. Le Président équatorien a ensuite noté que son pays, une petite nation d’Amérique du Sud, faisait partie de la région du monde la plus riche en réserve d’eau douce, en énergie, en ressources minérales et alimentaires.  Pourtant, a-t-il ajouté, cette région est également le royaume de l’injustice sociale.  Stigmatisant le caractère inhumain du nouvel ordre mondial, il a plaidé pour que les domaines de l’économie, du droit international et de la biodiversité reçoivent à l’avenir toute l’attention qu’ils méritent, et sur la base d’une approche nouvelle.  À cet égard, M. Palacio a réitéré l’adhésion de son pays aux principes de la Charte de San Francisco relatifs à l’autodétermination des peuples et au rejet de toutes les formes de colonialisme et de discrimination.  Dans ce cadre, a continué le Président, notre pays est d’avis que l’Organisation des Nations Unies doit être renforcée dans le sens d’une plus grande démocratisation de ses mécanismes.  Il a par ailleurs estimé que le poids de la dette extérieure des pays pauvres devait être allégée en vue de permettre à ces derniers de développer, notamment leurs systèmes de santé et d’éducation et d’assurer leur sécurité.  Le bien-être social de tous nécessite une prise de conscience collective, a-t-il jugé. 


Le respect et la préservation de la biodiversité doivent amener les nations du monde à réfléchir à de nouveaux outils éthiques et juridiques internationaux, a encore dit M. Palacio.  Nous sommes fermement convaincus qu’une plus efficace régulation éthique permettra de préserver plus sûrement l’héritage biologique de la planète.  Liant la question des migrations au développement, le Président équatorien a ensuite appelé l’ensemble des États Membres à œuvrer de concert aux fins d’un respect universel des droits humains, notamment pour les sans-papiers.  C’est dans ce contexte qu’il a indiqué que le Gouvernement de l’Équateur a approuvé une réforme de son Code pénal afin de lutter contre l’exploitation sexuelle des mineurs et le trafic des personnes.  Il a émis le souhait que le XXIe siècle ne soit pas marqué par une exacerbation des inégalités fondées sur des caractéristiques ethniques.


M. LUGWIG SCOTTY, Président de Nauru, a expliqué que le Document final du Sommet devait être le fil conducteur pour l’amélioration de la destinée des peuples du monde et s’est donc félicité de la réforme entreprise pour la gestion des Nations Unies dans la mesure ou celle-ci permettra d’améliorer la réalisation de « services mondiaux » que l’organisation est censée fournir.  M. Scotty s’est ainsi prononcé en faveur d’un élargissement de la composition du Conseil de sécurité. 


Pour des raisons de mauvaise gestion politique et de corruption, Nauru a la position peu enviable d’avoir perdu son statut de pays donateur, a-t-il ensuite regretté.  Du fait de cette expérience, nous sommes très attachés à la décision relative aux réformes structurelles de l’Organisation, notamment aux fins d’assurer la transparence et d’obliger à rendre des comptes, d’autant plus que le Gouvernement de Nauru s’est astreint au même type de réforme, a alors précisé M. Scotty.


Il a ensuite souligné que l’agenda de développement des pays en voie de développement devait être déterminé par les pays eux-mêmes et non par des entités externes ayant des préoccupations différentes.  Par ailleurs, M. Scotty a exhorté les pays développés à respecter leurs engagements d’aide publique au développement à hauteur de 0,7% du PNB en vue de la réalisation des OMD d’ici à 2015.  Enfin, le Président de Nauru a plaidé pour une représentation de Taiwan à l’ONU alors que 23 millions de Taïwanais se voient refuser le droit à la reconnaissance et à la protection par l’Organisation et alors que la stabilité dans la région Asie-Pacifique en dépend.


M. ROBERT G. MUGABE, Président du Zimbabwe, a déclaré que si la précédente session de l’Assemblée générale avait commencé avec un ordre du jour très lourd, des accords ont néanmoins pu être obtenus sur un certain nombre de questions importantes liées au développement.  Il a en revanche constaté que les questions liées à l’élargissement du Conseil de sécurité ou à la composition du Conseil des droits de l’homme demeuraient en suspens.  Il a formé l’espoir que le Conseil de sécurité, dans sa forme actuelle, ou quelle que soit la composition qu’il aura, se limitera, comme tous les autres organes des Nations Unies, à son mandat.  Le Président du Zimbabwe a ajouté qu’il ne souscrivait pas à la suggestion selon laquelle tous les problèmes sociaux, culturels, économiques et de santé soient nécessairement considérés comme des menaces à la paix et à la sécurité et soient ainsi renvoyés devant le Conseil de sécurité.  Il a ainsi affirmé que le Royaume-Uni avait récemment abusé de ses privilèges et agit de façon malhonnête en tant que membre du Conseil de sécurité en ajoutant des éléments politiques dans son contentieux avec le Zimbabwe.  Selon lui, il s’agit là d’une manipulation de bas étage de la politique et d’une tentative quasiment colonialiste de s’ingérer de façon patente dans les affaires intérieures du Zimbabwe.  Le Royaume-Uni, sous le régime de Tony Blair, a cessé de respecter la Charte des Nations Unies, a-t-il poursuivi.  Faisant allusion à l’Iraq, il a estimé que tout État ou groupe d’États qui commet des agressions sur un autre État en les justifiant par des raisons fausses se rendait coupable de terrorisme d’État. 


M. Mugabe a déclaré que le Royaume-Uni et ses alliés anglo-saxons s’étaient lancés dans une campagne vicieuse visant à ternir l’image du pays.  Toutefois, ces pays ont gardé le silence sur le désastre tragique de la côte du Golfe aux États-Unis où des populations ont été abandonnées comme des moutons sacrifiés aux ravages de l’ouragan Katrina, a-t-il ajouté, précisant que la plupart des victimes étaient noires.  Les Noirs n’ont-ils pas assez souffert du déracinement et de l’esclavage pour tomber, en cette époque d’éthique humanitaire, comme des victimes d’une négligence raciale et odieuse? a-t-il interrogé.  Selon lui, les Noirs continuent d’être traités comme des êtres inférieurs aux autres.  S’agissant de ce qu’il a qualifié de frustrante question de la réforme du Conseil de sécurité, il a souligné que l’Afrique cherchait à être considérée comme un partenaire égal dans la communauté des nations.  La promotion des droits de l’homme est un des principaux objectifs de l’Organisation, a-t-il ajouté, estimant que les Nations Unies devaient tout mettre en œuvre pour promouvoir et protéger les droits de l’homme, en particulier le droit au développement.  Le Président du Zimbabwe a dénoncé une hiérarchie, selon lui, biaisée des droits de l’homme, laquelle, a-t-il précisé, vise à réduire l’importance des droits sociaux, économiques et culturels.  On recherche toujours les « criminels » dans les pays en développement, a-t-il observé, jugeant que le discours sur les droits de l’homme devait être débarrassé de la sélectivité et de la politique de deux poids deux mesures.  M. Mugabe a appuyé la création d’un Conseil des droits de l’homme relevant de l’autorité de l’Assemblée générale, à condition qu’il soit d’une taille correcte et qu’il affiche une représentation géographique équitable.  Il a jugé curieux et anormal que le Gouvernement du Zimbabwe soit condamné pour avoir ramené l’état de droit dans des zones municipales.  Le Président du Zimbabwe a souhaité « lancer un message simple » à ceux qu’il qualifie de détracteurs de son pays, leur indiquant que celui-ci était passé d’une lutte de guérilla prolongée à une nation libre et souveraine.  Cette liberté et cette indépendance sont chères à notre cœur, a–t-il dit, concluant qu’aucune coercition politique ou autre ne saurait faire régresser le pays à un statut de colonie.


M. ALEJANDRO TOLEDO MANRIQUE, Président du Pérou, a noté que si chaque pays était le premier responsable de son propre développement, il était nécessaire que les obstacles persistants soient surmontés par de nouveaux partenariats établis sur le plan international.  Cela doit conduire à dépasser la logique d’assistanat qui prévaut pour une large part dans l’acheminement de l’aide au développement.  Pour inverser cette tendance, les pays en développement, appuyés par leurs partenaires, doivent prendre les mesures requises visant, entre autres, à faire face à la rigidité des normes en matière de propriété intellectuelle, au manque d’investissements étrangers et au poids de la dette.


En vue de réduire durablement la pauvreté, a fait remarquer le Président péruvien, ce n’est pas d’assistance dont il est besoin mais d’un nouveau type d’association pour le développement axée sur la création d’emplois et de richesses.  La réussite d’une telle association dépend de la mise en œuvre des engagements pris en vertu du Consensus de Monterrey.  C’est pourquoi, il est vital que le Cycle de négociations de Doha soit achevé l’année prochaine.  M. Toledo a par ailleurs indiqué que la communauté internationale devait renforcer la sécurité collective pour répondre aux menaces que font peser sur l’effort de développement le terrorisme, la prolifération nucléaire ou encore la criminalité transnationale organisée.  À cette fin, le Pérou demande à l’Assemblée générale de l’ONU d’adopter sans plus tarder une convention générale sur le terrorisme international, a lancé M. Toledo.  Le Président péruvien a également souhaité que les États fassent preuve de davantage de coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales.  À cet égard, il a fait savoir que son pays appuyait l’établissement d’une zone de paix et de coopération en Amérique du Sud et d’une zone de paix andine, deux projets qui ont été reconnus par plusieurs résolutions de l’Assemblée générale.  Il a finalement remercié les États Membres ayant soutenu la candidature du Pérou à un siège non permanent du Conseil de sécurité, pour la période 2006-2007. 


M. LEVY PATRICK MWANAWASA, Président de la Zambie, a déclaré que son pays demande que l’Afrique obtienne deux sièges permanents au Conseil de sécurité, avec droit de veto.  L’Afrique est opposée au droit de veto, fondamentalement non démocratique, mais doit tenir compte du fait que les membres permanents actuels se sont pas enclins à l’abandonner.  L’Afrique considère que la réforme de l’Organisation offre une chance de corriger une injustice historique en ce qui concerne le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.  La Zambie soutient l’entrée au Conseil de quatre pays importants pour la paix et la sécurité internationale, le Brésil, l’Allemagne, l’Inde et le Japon, comme membres permanents, avec droit de veto.  La Réunion plénière de haut niveau était une occasion de partager les expériences sur la mise en place de l’agenda du développement, en renforçant la coopération internationale et la coordination pour parvenir à un développement économique longtemps attendu, a poursuivi le Président.  Le Document final ne contient pas tous les points souhaitables, a-t-il estimé, mais c’est une base de dialogue importante.


Depuis 2001, l’Afrique met en œuvre le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a rappelé le Président.  La Zambie remercie la communauté internationale de son appui, mais ce soutien s’est révélé insuffisant.  L’aide publique au développement est une manière de réaliser les Objectifs du Millénaire, mais le commerce viendrait renforcer les gains obtenus.  Le Président appelle donc toutes les parties prenantes à rapidement conclure le cycle de Doha.  Le problème de la dette, récurrent, est encore aggravé par les prix des marchés, spécialement défavorables pour l’agriculture et les matières premières.


Située au coeur de l’Afrique des Grands Lacs, la Zambie s’associe aux progrès remarquables qui continuent à être réalisés dans le domaine de la paix et de la sécurité dans la sous-région, depuis le rapport du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité de 2003, rapport qui traitait des préparatifs d’une conférence internationale sur la région.  Des développements positifs ont déjà été enregistrés dans le processus de réappropriation régionale et partenariat international.  Le Président zambien a conclu sur la corruption, que combat son gouvernement.  Le pays tout entier a pris conscience que l’économie se porterait mieux si les ressources disponibles avaient été utilisées à bon escient.  La corruption ronge les revenus des ménages et des entreprises, et va à l’encontre des efforts pour réduire la pauvreté.  La Zambie a mis en place un groupe de travail destiné à renforcer la capacité à utiliser les ressources publiques, afin qu’elles bénéficient à toute la Nation.


M. TASSOS PAPADOPOULOS, Président de la République de Chypre, a estimé que l’évaluation de l’état actuel du monde que présente le Secrétaire général dans son rapport annuel sur l’activité de l’Organisation, conduit automatiquement à la conclusion que les conflits de longue date demeurent une source importante de préoccupation pour la communauté internationale.  La faculté de ces conflits d’influer sur l’évolution de régions entières ainsi que sur la stabilité et la sécurité mondiales témoigne de la nécessité de surveiller de près les situations superficiellement calmes.  Dix huit mois se sont écoulés depuis les référendums d’avril 2004 à Chypre, a poursuivi le Président qui a souligné qu’en rejetant ce Plan, les Chypriotes grecs n’ont ni rejeté la recherche d’une solution qui réunifierait Chypre ni nié l’urgence de parvenir à une telle solution.  Ils ont rejeté ce Plan parce qu’il ne visait pas véritablement la réunification du pays, de la société, de l’économie et des institutions. 


Les Chypriotes grecs n’ont ni renoncé à la réunification ni à la mission de bons offices du Secrétaire général qui n’est pas suspendue mais est passée à une nouvelle phase, a insisté le Président.  Les Chypriotes, a-t-il affirmé, attendent de la mission qu’elle trouve un accord négocié sans arbitrage.  En l’occurrence, la contribution de l’Union européenne serait un catalyseur.  Seul, a-t-il précisé, un accord agréé par les dirigeants des deux communautés peut être soumis au référendum et en l’occurrence, il ne saurait y avoir de dates butoirs dans un processus qui est dicté par des éléments exogènes.  Nous demeurons engagés à tenir négociations sous les auspices des Nations Unies, a insisté le Président, en espérant que la coopération accrue entre les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs conduira à des progrès dans les différents aspects du problème de Chypre, en particulier les éléments constitutifs de sa dimension humanitaire tels que le sort des personnes disparues et le bien-être des populations enclavées. 


Tout règlement doit être se fonder sur les préoccupations et les attentes du peuple de Chypre, a-t-il prévenu, en mettant en garde contre la tentation de vouloir répondre aux intérêts d’une puissance étrangère.  Le problème de Chypre est à un tournant et nous ne pouvons plus nous permettre l’échec, a-t-il aussi averti, en soulignant que la relance des pourparlers exigeait une préparation minutieuse et une bonne évaluation des perspectives de succès.  Pour cela, il faut que soient confirmés les changements des aspirations politiques turques et la réconciliation de la Turquie avec l’idée qu’un règlement est synonyme d’un État unique et réunifié.  Nous avons toujours espéré que l’accession de la Turquie à l’Union européenne changerait radicalement sa mentalité, ce qui serait une perspective qui marquerait l’évolution la plus déterminante depuis des décennies, a dit le Président.  Il a estimé que les obligations accompagnant l’adhésion de la Turquie à l’UE faciliteraient un accord sur le problème de Chypre.  Parallèlement, a-t-il dit, le fait qu’il existe un cadre onusien de négociations ne doit pas servir de prétexte à la Turquie pour reporter ou refuser le respect de ces obligations.  La partie chypriote grecque demeure en faveur d’un État de Chypre fédéral, bicommunal et bizonal, a poursuivi le Président, en invitant la communauté internationale à mettre à part la procédure et à réaliser que les progrès demeureront difficiles tant que n’auront cessé l’occupation militaire, les violations massives des droits de l’homme et les colonies de peuplement.  Il faut aussi régler le sort des réfugiés, a-t-il ajouté, en jugeant aussi important de combattre toutes les tentatives sécessionnistes. 


Malheureusement, on est bien loin de ces impératifs, a regretté le Président, en arguant que, bien au contraire, l’on reste dans une situation de faits accomplis.  En créant des structures constitutionnelles et institutionnelles, a-t-il aussi prévenu, il faudra éviter des artifices qui exigeront une période de transition anormalement longue pour les populations et les institutions.  De même, maintenant que Chypre consolide sa place au sein de l’Union européenne, un règlement devrait précipiter l’intégration dans la zone occupée des caractéristiques d’une société européenne. 


M. FRADIQUE DE MENEZES, Président de Sao-Tomé-et-Principe, a exhorté les États Membres à s’impliquer en vue de l’instauration d’un ordre mondial basé sur la paix, la sécurité et la coopération.  Il a rappelé que lors de la Réunion internationale de Maurice, les petits États insulaires avaient réaffirmé leur engagement à promouvoir le développement durable, notamment à travers une mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade.  M. Menezes a précisé que des décisions  et des recommandations avaient été adoptées sur les changements climatiques, les catastrophes naturelles, les ressources hydrauliques, le tourisme, l’énergie, les transports, la biodiversité la marine et les ressources côtières.  Le Président de Sao-Tomé-et-Principe a ensuite souligné qu’en Afrique, les ravages causés par la pandémie du sida et le virus Ebola ainsi que le paludisme freinaient le développement tout en ravageant des sociétés entières.  En tant que pays d’Afrique centrale, Sao-Tomé-et-Principe ne peut se tirer seul de cette situation et appelle donc l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à renforcer les capacités des pays de la sous-région et à organiser des séminaires et des programmes de formation, a-t-il ensuite déclaré.


En matière de sécurité, M. Menezes a regretté que Sao-Tomé-et-Principe ait atteint des niveaux de violence extrême caractérisés par des enlèvements, des assassinats sommaires, des trafics d’armes et de stupéfiants et l’utilisation de mines antipersonnel.  Quant au terrorisme, M. Menezes a estimé que les Nations Unies doivent prendre des mesures supplémentaires pour assister des pays, comme le sien, à s’acquitter de leurs obligations en vertu de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité.   Nous avons besoin de ressources qui contribueront à améliorer notre sécurité, le contrôle de nos frontières et de nos eaux territoriales, a-t-il précisé.  En tant que Président d’un pays lusophone, M. Menezes a tenu à saluer le bon déroulement de la transition en Guinée-Bissau.  En outre, partisan d’une représentation de Taiwan au sein de l’ONU, M. Menezes s’est déclaré préoccupé par la Loi contre la sécession promulguée récemment par le Gouvernement de la République populaire de Chine et a appelé l’ONU à maintenir la paix dans cette région.  Nous devons infuser plus de dynamisme, de rationalité et d’action et moins de bureaucratie dans l’Organisation, a-t-il conclu.


M. KASSYMZHORMAT TOKAEV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a tout d’abord rappelé que son pays est favorable à l’amélioration de la collaboration des Nations Unies avec les organisations régionales.  Au Kazakhstan, a-t-il dit, nous sommes convaincus que la consolidation de la paix et de la sécurité est de plus en plus tributaire d’un dialogue et d’une interaction entre les peuples de religions et croyances différentes.  En ce qui concerne les Objectifs du Millénaire, le pays est proche de sa cible dans plusieurs domaines.  Il se place au premier rang pour les indices macroéconomiques de tous les pays de l’espace postsoviétique.  Le Gouvernement met en place un vaste programme de développement, orienté sur les questions sociales, en donnant la priorité à la lutte contre la pauvreté, aux femmes, aux enfants, au développement des petites et moyennes entreprises, à la santé et à l’environnement.


Le Kazakhstan a remercié l’ONU et ses institutions pour leur aide dans le traitement des problèmes écologiques de la mer d’Aral et de la région de Semipalatinsk, dont l’impact sur l’habitat et la vie des peuples est à l’échelle mondiale.  Le Kazakhstan demande le soutien de tous à son projet de résolution sur la question de Semipalatinsk.  Le pays cherche à adhérer à l’OMC, c’est un objectif prioritaire et un élément clef de sa stratégie globale de développement.  Il appelle particulièrement l’attention du forum sur les besoins spécifiques des pays enclavés en développement, comme le prévoit le programme d’action d’Almaty.


Attaché à la coopération avec tous les États d Asie centrale, le Kazakhstan poursuit sa politique de démilitarisation et de désarmement nucléaire.  Il y a 10 ans que toutes les charges nucléaires laissées par l’Union soviétique sur son territoire ont été retirées.  Mais le Ministre a estimé que le système global de sécurité est en crise.  Alors que la Conférence sur le TNP 2005 a échoué, l’absence de recommandations claires sur la non-prolifération et l’élimination complète des armes nucléaires dans le Document final du Sommet sont inquiétantes.


À l’encontre des pays qui violent le TNP et le régime de non-prolifération, le Kazakhstan demande la mise en place d’un mécanisme de sanctions internationales.  Il est en faveur d’un renforcement des contrôles sur les matériels nucléaires, chimiques et biologiques, pour empêcher que des terroristes ne mettent la main sur des armes dévastatrices.  L’activité du pays est conforme aux normes de l’AIEA et sous son contrôle, et le Ministre a suggéré d’établir des corps de contrôle similaires pour les armes chimiques et biologiques.  La communauté internationale ne doit pas ralentir non plus ses efforts sur les armes légères de petit calibre.  Elles font des centaines de millions de morts année après année et violent les droits de l’homme, a souligné le Ministre.


En matière de terrorisme, M. Tokaev est d’avis qu’il faut mettre l’accent sur la prévention du recrutement, et il s’est félicité de la coopération en matière de drogue et de crime.  Cependant, il a souhaité que la lutte contre le terrorisme puisse se faire dans le strict respect des normes internationales.  Dans le même esprit, alors que les opérations de maintien de la paix sont des instruments efficaces, il manque des mécanismes pour s’attaquer préventivement aux causes des conflits.


M. BORIS TARASYUK, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a estimé que la crédibilité et la démocratie, ou plus exactement la crédibilité fondée sur la démocratie, constituaient les éléments clefs indispensables pour l’activité de suivi des Nations Unies et le succès de leurs efforts en faveur de la paix mondiale.  La crédibilité des Nations Unies est essentielle à l’accomplissement des missions du nouveau millénaire.  Efficacité, capacité, riposte rapide, financement du développement et tout le reste passent par la crédibilité, a-t-il précisé.  S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, l’Ukraine estime qu’il ne faut pas renoncer à l’espoir et qu’il convient de persévérer dans la recherche du consensus.  Il a ajouté que son pays appuyait sans réserve la courageuse initiative du Secrétaire général de réformer l’Organisation.  Évoquant la succession, en 2006, de M. Kofi Annan, il a souligné qu’au cours de ses 60 ans d’existence, l’ONU n’avait jamais vu à sa tête un représentant du groupe des pays de l’Europe de l’Est.  Ce groupe devrait avoir la priorité dans la désignation du candidat au poste de Secrétaire général, a-t-il ajouté. 


Rappelant que son pays avait cruellement souffert sous le stalinisme, le Ministre ukrainien a affirmé que son pays demeurait attentif aux négociations liées aux concepts d’alerte précoce, de prévention et de réponse rapide.  À part les cas de légitime défense, seul le Conseil de sécurité peut prendre des décisions légitimes sur l’usage de la force, a-t-il également rappelé.  Le Ministre a également appuyé la création d’un Conseil des droits de l’homme et s’est prononcé en faveur de la création du Fonds pour la démocratie.  Il s’est déclaré convaincu que l’établissement de la Commission de consolidation de la paix contribuera à accroître la crédibilité des Nations Unies.


M. ELIAS ANTONIO SACA, Président d’El Salvador, a réaffirmé l’engagement de son Gouvernement à contribuer à la réforme de l’ONU.  Le processus historique d’El Salvador, a-t-il dit, a démontré qu’il ne peut y avoir de paix et de démocratie sans le respect des droits de l’homme et le développement.  Soulignant alors que son Gouvernement œuvre parallèlement au développement économique et au développement social, le Président a stigmatisé l’impact négatif de la flambée du cours du pétrole sur les efforts de développement.  Il a dénoncé le manque d’attention dont font l’objet les pays à revenu intermédiaire, avant d’appeler les Nations Unies à examiner ces problèmes avec le sérieux qu’ils méritent afin de trouver des solutions conjointes et solidaires pour pallier à la crise à laquelle ces pays sont confrontés.  Le Président a aussi appelé l’ONU et la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) à effectuer une étude sur l’impact des prix du pétrole sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La coopération Sud-Sud est importante, a-t-il poursuivi, mais la coopération Nord-Sud doit être renforcée par la création d’une Alliance mondiale pour le développement.  Le Président a jugé fondamental, dans le cadre de la réforme de l’ONU, d’encourager l’efficacité des fonds et programmes et de créer un système commercial juste et équitable. 


EL Salvador s’engage à atteindre les OMD malgré les facteurs exogènes qui limitent les capacités d’investissements dans le développement.  Il a, dans ce cadre, appelé à la réduction du fossé numérique, en se félicitant de la tenue prochaine de la deuxième partie du Sommet sur la société de l’information.  S’attardant aussi sur le fléau du VIH/sida, le Président a annoncé la tenue, dans son pays, de plusieurs conférences régionales.  Il a aussi évoqué la question des migrations internationales pour demander, compte tenu de leur impact sur le développement des pays d’origine, de transit et de destination, de renforcer la coopération régionale et sous-régionale pour élaborer des politiques conjointes, en particulier dans la lutte contre le trafic des personnes et l’immigration illégale.  Le Président a ensuite souligné la gravité de la criminalité nationale et transnationale organisée, en voyant comme solution le renforcement de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Il a aussi commenté la réforme institutionnelle de l’ONU dans le domaine des droits de l’homme, en se prononçant en faveur d’un mécanisme objectif, transparent, non discriminatoire et non politisé.  Le Président a enfin abordé les questions de la paix et de la sécurité, la situation du Moyen-Orient ou encore l’exclusion de Taiwan de l’ONU.


M. EDUARDO RODRIGUEZ VELZE, Président de la Bolivie, a rappelé que son pays, situé au cœur de l’Amérique latine, avait surmonté une grave crise politique et ouvert une période de transition.  Nous devons rétablir la foi des citoyens en un gouvernement et un parlement élus librement, a-t-il expliqué.  Depuis longtemps, les pays d’Amérique latine ont uni leurs efforts et cherchent à ce que les pays en conflit résolvent leurs différends.  Il a rappelé que la Bolivie, pays sans littoral, avait besoin de négocier une solution à ce problème, en tenant compte des intérêts réciproques des pays en cause.  Nous devons aboutir à une solution définitive pour que la Bolivie puisse réintégrer à la Côte Pacifique, a-t-il insisté.  Il a ensuite indiqué que son pays poursuivait ses efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, et qu’il avait besoin d’indicateurs pour mesurer le progrès social.  Il a cependant reconnu que de profondes inégalités subsistaient au sein de la société bolivienne, et qu’un effort universel était nécessaire pour éliminer la pauvreté.  Les indicateurs boliviens s’améliorent mais la communauté internationale doit prêter attention au pays, a-t-il déclaré, avant de condamner fermement le terrorisme. 


Les Nations Unies, a ensuite expliqué le Président de la Bolivie, représentent les pays du monde entier et ont permis de créer une coopération en faveur de la lutte contre la pauvreté.  La coopération n’est pas qu’une manifestation de solidarité, mais également un pilier de la paix, a-t-il souligné, prévenant que les inégalités étaient sources de tensions dangereuses.  Nous ne devons pas nous contenter de créer une stabilité économique, mais veiller à créer des conditions de vie plus confortables.  La Bolivie réaffirme son attachement aux Nations Unies, organisation suprême qui gère les relations universelles, et ses institutions doivent être réformées.  La relation entre développement, sécurité et droits de l’homme montrent l’interdépendance qui règne aujourd’hui dans le monde.  Nous devons promouvoir le progrès social ensemble et améliorer les conditions de vie, dans un concept plus large de la notion de liberté.  La Bolivie souhaite intégrer la démocratie en tant que principe directeur pouvant toujours être amélioré, a-t-il conclu.


M. TUILA’EPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a rappelé que malgré les progrès effectués dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, beaucoup reste encore à faire. Pour atteindre les objectifs contenus dans le Document final du Sommet mondial, les engagements politiques et la mobilisation des ressources doivent faire l’objet d’efforts soutenus. Samoa accomplit des progrès significatifs dans la réalisation des OMD, grâce à la conclusion de partenariats entre la communauté des bailleurs de fonds et la société civile. Le Premier Ministre a réaffirmé le soutien de son pays pour la modernisation et le renforcement des Nations Unies. Samoa est en faveur d’un Conseil de sécurité transparent, démocratique et élargi à la fois pour inclure des membres permanents et des membres non permanents. Il a salué les efforts d’Israël et de l’Autorité palestinienne en faveur d’une paix durable. Néanmoins, la situation en Iraq reste préoccupante. Samoa condamne le terrorisme sous toutes ses formes et continuera de soutenir les efforts de la communauté internationale pour venir à bout de ce fléau. Samoa, a rappelé le Premier Ministre, soutient les efforts des Nations Unies en faveur du maintien de la paix et de la sécurité.  Son pays, a-t-il précisé, fournit des contingents de police aux missions de maintien de la paix au Timor oriental et au Libéria et soutient la Mission d’assistance dans les îles Salomon.


M. Malielegaoi, notant que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale recueillera bientôt la centième ratification, a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à cet instrument.  La Cour, qui est compétente pour connaître des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, est une institution judiciaire importante pour faire respecter les normes de droit international et garantir la protection des droits de l’homme. Samoa reste très préoccupé par la prolifération des armes nucléaires, a souligné.  M. Malielegaoi, qui a regretté que la Conférence d’examen, tenue en mai dernier sur le Traité de non-prolifération, n’ait pas réussi à renforcer le régime de non-prolifération. À cet égard, il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité instituant une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Pacifique Sud.  En outre, les armes légères et de petit calibre restent une grande préoccupation et Samoa soutient la Conférence d’examen sur les armes de petit calibre qui doit se tenir l’année prochaine. En particulier, Samoa soutient la conclusion d’un traité destiné à contrôler le commerce des armes de petit calibre, notamment vers les zones de conflit.


Rappelant que le Samoa assure actuellement la présidence du Forum des îles du Pacifique, le Premier Ministre a passé en revue les développements positifs intervenus dans la région.  Il a notamment insisté sur le Plan du Pacifique, une feuille de route destinée à renforcer la coopération régionale et l’intégration, qui devrait être approuvé par les dirigeants du Forum des îles du Pacifique en octobre prochain. Ce Plan devrait renforcer les capacités des pays du Pacifique dans leur mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement. La situation particulière et les vulnérabilités particulières des petits États insulaires en développement devraient être prises davantage en compte par nos partenaires pour la réalisation de la Stratégie de Maurice, a déclaré M. Malielegaoi.


M. GIANFRANCO FINI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a estimé que les derniers évènements rappellent, parfois de manière tragique, combien il est important de pouvoir compter sur un système multilatéral solidement structuré et capable de répondre rapidement et efficacement aux nombreux défis que les différents membres de la communauté internationale, en agissant isolément, ne pourraient gérer avec succès.  Parmi les résultats positifs les plus significatifs du Sommet du Millénaire, le Vice-Premier Ministre a retenu celui a favorisé le consensus sur une vision innovatrice et intégrée de la sécurité collective et celui qui a mis en exergue les principaux phénomènes qui menacent notre sécurité. 


Les propositions de réforme, s’est-il réjoui en conséquence, mettent à la disposition de la communauté internationale de nouveaux outils au potentiel précieux qu’elle doit s’engager à mettre en valeur.  Le Vice-Premier Ministre a néanmoins regretté qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un accord sur le sujet «plutôt controversé» de la réforme du Conseil de sécurité.  Il a rappelé la proposition de son Groupe, «Unis pour le consensus», qui est conçue sous le signe de la large inclusion, de la plus grande efficacité, d’une participation démocratique accrue, d’une vaste représentation géographique et régionale.  Il a souhaité que les États Membres se convainquent que la réforme du Conseil ne peut pas être le résultat d’épreuves de force, de conditions inacceptables, de précipitation et de l’octroi de nouveaux privilèges. 


Comme les évènements récents ont démontré qu’aucune des propositions ne mobilise les voix nécessaires, le Vice-Premier Ministre s’est dit convaincu de la nécessité de tourner la page et d’unir les efforts dans la recherche de nouvelles formules consensuelles aussi bien dans la substance que dans la méthode.  Cette recherche ne pourra pas durer à l’infini et l’Italie est prête à examiner toute hypothèse autour de laquelle le plus grand consensus est possible.  Mais, a-t-il prévenu, l’Italie continuera à s’opposer à toute formule susceptible de créer des divisions et des marginalisations nouvelles.


M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé que l’ONU était l’institution internationale détenant un mandat universel le plus représentatif.  Son succès est le nôtre, ses échecs sont nos échecs, mais son bilan est clairement positif, a-t-il déclaré.  L’opposition entre Est et Ouest a laissé place à des crises qui sont restées longtemps latentes, dont certaines sont devenues sources de terrorisme international.  La communauté internationale doit s’appuyer sur le potentiel positif des Nations Unies et mener des efforts concertés pour contrer ces menaces, a-t-il soutenu.  Des Nations Unies plus fortes sont donc essentielles pour construire un système international plus sûr, et il n’existe aucune alternative.  Il a ensuite évoqué la prévention de la course à l’armement dans l’espace, et a salué la résolution 1624 (2005) du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme, qui doit également mettre un terme à la justification de ces actes dans les médias.  M. Lavrov a souligné que si des sanctions étaient toujours en vigueur contre les Taliban ou Al-Qaida, un nombre considérable d’armes et de matériel continuaient à être livrées à la guérilla.  L’étendue géographique de ses activités ne cesse de croître, se faisant ressentir sur le territoire de nombreux pays, dont la Russie.  Les extrémistes qui ne sont pas directement liés à Al-Qaida renforcent leurs activités dans le monde, ce qui doit conduire les États à renforcer leur coopération. 


M. Lavrov a alors affirmé qu’il n’était plus possible de retarder la rédaction d’une liste de toutes les organisations terroristes et des terroristes, qu’ils soient associés ou non à Al-Qaida.  Il a également jugé qu’il fallait élaborer de manière urgente les critères autorisant le recours à la force conformément à la Charte des Nations Unies, sachant que chaque cas continuera à être examiné individuellement, sans aucun automatisme.  De même, il a souligné l’importance de l’exercice par les États, toujours conformément à la Charte, de leur droit à la légitime défense individuelle et collective, y compris la légitime défense en cas d’attaque terroriste ou de menace imminente d’une telle attaque.  La Russie et d’autres États sont devenus la cible d’attaques terroristes initiées au-delà de leurs frontières, et ils n’ont pas le droit d’échouer puisqu’ils se sont vus confier la sécurité de leurs citoyens.  La force ne doit pas être opposée au droit, a-t-il insisté, car elle peut constituer un outil efficace pour garantir l’état de droit dans des situations de crise.  Il a déploré que ces questions n’aient pas été inscrites à l’ordre du jour du Sommet mondial, et a indiqué qu’elles devaient désormais constituer une priorité.  Il a ensuite affirmé l’attachement de son pays aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les événements dramatiques de ces derniers mois ont montré à quel point la réforme du Conseil de sécurité était sensible.  La Russie est prête à étudier des modifications sur la base d’une décision mutuellement acceptable, a-t-il affirmé, avant d’estimer que la poursuite des négociations constituait une sage décision.  L’ONU n’est pas une institution parfaite mais elle est la meilleure qui existe, a-t-il estimé en conclusion.


M. BAN KI-MOON, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a annoncé que son pays travaillait actuellement avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) à la création d’un centre de formation sur les technologies de l’information et de la communication de la région Asie-Pacifique.  Doté d’un budget initial de 10 millions de dollars, a-t-il indiqué, ce centre aura pour but de faire profiter la région de l’expertise et des ressources de la République de Corée et de favoriser ainsi la coopération et le développement régional.


Il a également fait part de l’établissement prochain d’un centre de bonne gouvernance basé à Séoul.  Ce projet, conduit en partenariat avec le Secrétariat des Nations Unies, est considéré comme un moyen permettant de contribuer au développement des pays de la région, a-t-il souligné.


Par ailleurs, M. Ki-Moon a rendu compte de l’état d’avancement des Pourparlers à Six, qui ont repris la semaine précédente.  À ce sujet, il a indiqué que les États parties s’étaient entendus sur l’objectif et les principes d’une dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a signalé que, pour faciliter un accord, la République de Corée avait offert de fournir 2 millions de kWh d’électricité à la République populaire démocratique de Corée, qui fait actuellement face à de graves difficultés dans ce domaine.  Un accord pourrait, par la suite, donner lieu à des discussions sur un plan d’action visant à résoudre de manière pacifique la question nucléaire en Corée du Nord.  Il a déclaré que la décision par la Corée du Nord de démanteler son programme nucléaire serait accompagnée par une assistance économique et énergétique, ainsi que par des assurances sur le plan de sa sécurité.  Il l’a enfin enjointe à renouer avec le Traité de non-prolifération nucléaire et à se plier à l’ensemble des garanties de l’AIEA, seule manière pour elle, a-t-il souligné, de restaurer la confiance de la communauté internationale.


M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Ministre des affaires étrangères de la France, a souligné l’importance qu’attache la France au système multilatéral.  Le Document final du Sommet mondial, a-t-il estimé, marque une étape importante même s’il ne répond pas à toutes les attentes.  Mais, a prévenu le Ministre, ne sous-estimons pas l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir comme la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération, la réforme du Conseil de sécurité ou encore l’aide au développement.  Le Ministre a souligné que l’ONU est fondée sur la règle de droit et la promotion de normes universelles qui impliquent le respect scrupuleux des droits de la personne humaine.  La communauté internationale dispose de la légitimité pour assumer sa responsabilité de protéger, s’est ensuite réjoui le Ministre avant de prévenir ceux qui comptent sur l’inaction de la communauté internationale pour commettre leurs crimes, qu’ils devront rendre des comptes.  Aucune cause, aucune religion, aucun ordre moral ne justifie que l’on s’attaque à des vies innocentes, a ajouté le Ministre avant d’appeler à une définition rapide des actes terroristes. 


S’agissant de la prolifération des armes de destruction massive, le Ministre a rappelé que son pays a proposé à l’Iran une démarche constructive pour ouvrir la voie à une nouvelle relation entre ce pays et la communauté internationale.  Il a donc demandé à l’Iraq d’offrir des garanties positives sur la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire.  La saisine du Conseil reste à l’ordre du jour pour renforcer l’autorité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a aussi prévenu le Ministre.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, réduire la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Rendant hommage aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, il a jugé essentiel qu’au sortir des crises, les pays concernés continuent de bénéficier de l’aide de la communauté internationale.  Il s’est donc félicité de la création prochaine de la commission de consolidation de la paix.  Pour Haïti comme pour la Côte d’Ivoire, a-t-il poursuivi, l’action de la communauté internationale ne portera aucun fruit sans la coopération de bonne foi et l’esprit de responsabilité de toutes les parties.  À Abidjan comme à Bouaké, chacun doit œuvrer aux élections.  Aucune autre solution n’est possible, a tranché le Ministre en exhortant les parties ivoiriennes à comprendre qu’elles ne sauraient impunément faire obstacle à la paix par une attitude d’obstruction, des discours de haine, ou une remise en cause des règles démocratiques.  Si elles persistent dans ce sens, le Conseil de sécurité prendra ses responsabilités.


Passant au Liban, le Ministre a estimé que l’ONU doit aider le Gouvernement à recouvrer sa souveraineté et à exercer son autorité sur l’ensemble du territoire.  L’ONU doit aussi appuyer la Commission d’enquête sur l’assassinat de Rafik Hariri.  Saluant ensuite la dynamique d’espoir qui découle du retrait israélien de Gaza et de certaines parties de la Cisjordanie, le Ministre a indiqué que son pays, avec ses partenaires européens, se tient aux côtés des Palestiniens pour la reconstruction de leur territoire.  Il faut aussi relancer la mise en œuvre de la Feuille de route, a-t-il dit en incitant les Palestiniens à travailler à la sécurité et les Israéliens à mettre fin à la colonisation et au non-respect des droits de l’homme dans leur lutte pour la sécurité.  Commentant aussi la situation en Iraq, le Ministre a appelé à la mise en place d’institutions dans lesquelles tous les Iraquiens pourront se reconnaître.  Il faut éviter une politique exclusivement sécuritaire qui ne peut conduire qu’à un repli communautaire mettant en péril la cohésion de la société iraquienne et l’unité du pays.  À l’horizon, a-t-il ajouté, doit se dessiner la souveraineté recouvrée du peuple iraquien. 


Le Ministre a terminé en souhaitant une réforme du Conseil de sécurité qui soit équitable pour tous les continents et en appuyant les propositions de réforme du Secrétaire général relatives à la gestion du Secrétariat.  Pour combattre l’arme de destruction massive qu’est la faim dans le monde, le Ministre a réitéré la proposition de son pays de mettre en place une force humanitaire internationale.  Il a aussi attiré l’attention sur le projet pilote de contributions sur les billets d’avion.  Il a annoncé, à cet égard, la tenue d’une conférence ministérielle en février prochain.  Sur le VIH/sida, il a prévenu qu’un accès universel aux traitements d’ici à 2010 exigera de la souplesse dans la mise en œuvre des accords sur les droits de propriété intellectuelle.  Pour sa part, la France a décidé de doubler sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida et de la porter à 300 millions d’euros d’ici à 2007.  Concernant l’environnement, il a une nouvelle fois défendu l’idée de la France de créer, à partir du Programme des Nations Unies pour l’environnement, une institution spécialisée pour coordonner l’action internationale.


M. KANTATHI SUPHAMONGKHON, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a affirmé que la tâche de la soixantième session de l’Assemblée générale est tout aussi cruciale que celle de la précédente.  Tout en saluant l’esprit de solidarité et de responsabilité commune qui a permis à la communauté internationale de venir en aide aux victimes du tsunami en Asie du Sud-Est et celles de l’Ouragan Katrina aux États-Unis, le Ministre a souhaité qu’un tel esprit puisse toujours s’imposer par la suite pour pouvoir faire face aux défis anciens et nouveaux auxquels notre monde globalisé doit faire face.  Bien que 50 000 personnes continuent de mourir chaque jour, victimes de la faim et de la pauvreté et que 30 000 enfants dans le monde meurent avant l’âge de cinq ans, a-t-il cependant déploré, les sommes d’argent mises à contribution pour l’achat d’armes surpassent de loin celles destinées au maintien des vies humaines.


Le Ministre thaïlandais des affaires étrangères a par ailleurs affirmé que l’Organisation des Nations Unies doit être aujourd’hui à même d’agir avec efficacité pour servir les peuples du monde.  Saluant l’adoption du Document final à l’issue de la Réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, il s’est dit préoccupé par le fait qu’il serait sans aucun doute encore plus difficile de traduire en actes les mesures contenues dans ce document, de la même manière qu’il fut difficile d’atteindre un consensus lors des consultations entre les États Membres. « Le chemin qui nous attend ne sera pas facile à suivre », a-t-il noté demandant que la communauté internationale se tienne prête pour aller de l’avant et faire face aux défis présents et à venir.


M. Suphamongkhon a affirmé que la Thaïlande soutient totalement le Document final adopté par les chefs d’État et de gouvernement.  Son pays trouve du mérite à l’idée de responsabilité collective de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.  La Thaïlande appuie également avec fermeté la création de la commission de consolidation de la paix, en tant que mécanisme devant assister les États en situation post-conflit et leur assurer un développement durable.  Les enjeux de notre époque sont de mettre à la portée de tous, la paix, la prospérité et la dignité, a-t-il ajouté se disant par ailleurs heureux que l’être humain ait pu être mis au cœur de cette réforme.  Il a demandé que la communauté internationale puisse soutenir les capacités nationales des pays en développement et faire en sorte que ceux-ci puissent disposer d’une assistance technique le plus rapidement possible. Grâce à cette assistance et à une gestion adéquate, les pays en développement peuvent faire des progrès importants.


Au niveau international, a-t-il soutenu prenant l’exemple de la Thaïlande, les pays en développement doivent également miser sur la coopération régionale et Sud-Sud.  La communauté internationale doit soutenir davantage financièrement les pays en développement et favoriser un commerce équitable, a insisté le Ministre, qui s’est félicité que l’on ait préservé l’esprit de partenariat résultant du Consensus de Monterrey pour éviter aux pays récipiendaires le piège de la dépendance.  De même, a-t-il relevé, il est nécessaire que l’ONU soit en mesure de promouvoir une politique énergétique mondiale équitable pour permettre aux pays en développement de ne pas subir les contrecoups financiers de la production énergétique mondiale.  Le Ministre a insisté sur le fait que les Nations Unies doivent soutenir un partenariat trilatéral, la coopération régionale et la coopération Sud-Sud pour lutter contre le sous-développement. La Thaïlande, a-t-il précisé, a fait de cette coopération un aspect important de son propre développement et de celui d’autres pays du Sud.  Les identités culturelles et religieuses doivent être respectés a enfin souligné le ministre thaïlandais, qui a par ailleurs insisté sur le fait que la communauté internationale doit condamner fermement le terrorisme.


M. VARTAN OSKANIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a estimé que les Objectifs du Millénaire pour le développement étaient impératifs, et qu’ils signifiaient que le développement était égal à la liberté.  Nous mettons aujourd’hui l’accent sur la sécurité internationale mais nous ne devons pas oublier que celle-ci passe par le développement.  Si l’Arménie dispose de ressources limitées, son peuple ne manque pas de bonne volonté, ce qui a permis au pays d’enregistrer une croissance économique à deux chiffres au cours de ces dernières années.  Nous devons maintenant traduire cette croissance en progrès social et développement humain, a indiqué le Ministre faisant observer que l’Arménie occupe la 84e place, loin devant les pays voisins.  Nous devons cependant accélérer nos efforts pour réduire le niveau de pauvreté, a-t-il reconnu, soulignant que le développement économique doit être global et bénéficier aux zones rurales.  Les pays d’une même région doivent forger des partenariats et la démocratie doit aussi être un outil de développement, ce qui nécessite des institutions transparentes et solides pour créer des règles du jeu égales pour l’ensemble de la population. 


M. Oskanian a ensuite souligné que l’Arménie occupait une bonne place dans le bulletin sur le développement humain en dépit de son histoire, de sa géographie et de son isolement dans la région.  L’Arménie n’a pas de littoral, ni de ressources naturelles comme les pays voisins, sa ressource la plus précieuse étant sa population.  Si nous disposions de ces ressources, nous utiliserions leurs recettes pour doubler le budget consacré à l’éducation.  Si nous disposions de ressources pétrolières comme d’autres pays de la région, nous les utiliserions pour notre développement tout en protégeant l’environnement.  En aucun cas, nous ne viserions à doubler notre budget militaire, et nous ne créerions pas d’ennemis imaginaires pour justifier nos échecs intérieurs et économiques, a-t-il déclaré.  Militer en faveur de l’option militaire prouve qu’on ne comprend pas le concept de démocratie ni de droits de l’homme, a-t-il poursuivi.  L’autodétermination est un droit humain et les peuples du Haut-Karabakh y aspirent et le méritent, alors qu’ils doivent faire face à l’agression d’un gouvernement qu’ils n’ont pas choisi, et c’est pourquoi ils se battent.  Ils souhaitent ce dont nous disposons tous: vivre sur leurs terres dans la dignité et la sécurité.  Le peuple du Haut-Karabakh a su organiser lui-même démocratie et élections, a-t-il souligné.  Il a ensuite estimé que les perspectives de réforme des Nations Unies ne constituaient que le début d’une promesse.  Même si nous n’arrivons pas à dégager suffisamment d’éléments communs dans nos positions, nous devrons tout de même le faire plus tard.  Nous ne pouvons ignorer que le monde a changé depuis 1945, même s’il est encourageant que les principes de la Charte des Nations Unies continuent à être d’actualité.  Le forum que constitue l’Organisation a fonctionné jusqu’à présent, mais nous devons désormais le refondre.  Nous devons démocratiser les institutions internationales, ce qui nécessite une représentation juste et méritée.  Les pays respectueux des droits de l’homme et du progrès social doivent être représentés.  Si nous ne réalisons pas les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015, alors même que le monde n’a jamais été aussi riche, que dirons-nous à nos enfants? s’est-il interrogé.  Nous devons pouvoir leur répondre en unissant nos ressources, et les Nations Unies sont cette réponse, a-t-il conclu.


M. ELMAR MAHRRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangère de l’Azerbaïdjan, a souligné que l’ONU est, dans son pays, symbole d’espoir et de libération des territoires occupés par l’Arménie.  Les résolutions du Conseil de sécurité continuent de faire espérer que le conflit pourra être réglé par des moyens pacifiques.  L’examen de la question par l’Assemblée générale a également été un élément déterminant.  Faisant preuve d’un optimisme prudent, le Ministre a souhaité que la partie arménienne adopte une approche constructive et saisisse les chances de règlement qui s’offriront à elle.  Seule la restitution de tous les territoires occupés permettra de restaurer la confiance dans l’Arménie.  Une telle étape permettrait au Gouvernement arménien de mettre fin à son statut d’occupant.  Le Ministre a assuré que son Gouvernement était prêt à offrir des garanties de sécurité aux populations d’ascendance arménienne.  Une fois l’accord conclu, les garanties politiques et juridiques approuvées, l’Azerbaïdjan demandera le déploiement d’une force internationale.  Abordant la question de la communication avec l’Arménie, il a suggéré la construction d’une route de la paix dont la sécurité serait assurée par la force internationale.  A la lumière de la récente rencontre entre les Présidents des deux pays, le Ministre a exhorté la partie arménienne à saisir aujourd’hui cette chance. 


En matière de développement, le Ministre s’est dit convaincu que le Sommet mondial a insufflé un sentiment d’urgence dont a besoin la communauté internationale pour rendre le commerce international plus équitable.  Les difficultés que les pays enclavés rencontrent doivent être prises en compte.  Expliquant les efforts que son pays déploie dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a argué, qu’en ce qui concerne les situations humanitaires graves, un partage du fardeau doit se faire entre les autorités nationales et les acteurs internationaux.  L’Azerbaïdjan demeurera attaché aux idéaux de l’ONU, a conclu le Ministre.


Rappelant le passé douloureux de son pays en matière de droits de l’homme, M. RAFAEL ANTONIO BIELSA, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte d’Argentine, a indiqué le soutien de son pays à la création d’un conseil des droits de l’homme en tant qu’organe essentiel des Nations Unies.  Il a également souligné le soutien inconditionnel de l’Argentine à la Cour pénale internationale, se réjouissant de la résolution 1593 récemment adoptée par le Conseil de sécurité, qui a permis de déférer à la CPI la situation du Darfour.  M. Bielsa a en outre indiqué qu’en ratifiant cette année la Convention pour la répression du financement du terrorisme, l’Argentine était devenue État partie aux douze conventions internationales de lutte contre le terrorisme.  Il a également signalé que son pays venait de signer la Convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et qu’il suivait avec espoir les avancées en faveur de la finalisation d’une convention internationale sur le terrorisme.


Par ailleurs, M. Bielsa a insisté sur l’importance d’un système de commerce international plus juste, permettant de favoriser le développement économique et social de tous les pays.  Il doit conduire à ouvrir les marchés des pays développés aux produits agricoles des pays en développement, notamment par la suppression des subventions à l’agriculture, les barrières non tarifaires et l’adoption de normes arbitraires, a-t-il plaidé.  Il a en outre souligné que la notion de « dette tolérable » devait être révisée pour prendre en compte les responsabilités premières des États en matière d’éducation, de santé et de promotion de l’emploi.  Les pays de niveau de développement intermédiaire devraient pouvoir bénéficier d’une attention particulière avant qu’ils ne passent du côté des pays les moins avancés et voient leur dette annulée, a-t-il insisté.  Enfin, le Ministre argentin a renouvelé le souhait de son pays de reprendre les négociations avec le Royaume-Uni sur la question des Îles Malvinas.


M. RABBIE L. NAMALIU, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a estimé que les Nations Unies continuaient avec raison à se concentrer sur la paix et la sécurité internationales, même si depuis la création de l’Organisation,  ces questions avaient pris une nouvelle dimension, incluant la question du terrorisme mondial.  Le processus de réforme de l’Organisation doit tenir compte des mutations et des réalités sur la scène internationale et les membres du Conseil de sécurité, permanents et non permanents, doivent être plus nombreux pour assurer une représentation équitable des pays en développement.  La mise en œuvre des réformes figurant dans le Document final du Sommet doit commencer immédiatement, a demandé le Ministre qui a souhaité que l’on trouve une solution rapide à toutes les questions en suspens, y compris celles des droits de l’homme et du désarmement.


Il a ensuite expliqué que la Papouasie-Nouvelle-Guinée avait encore beaucoup à faire pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), même si des mécanismes importants sont actuellement mis en place et si les OMD ont été liés aux programmes de développement.  Il a ensuite exprimé l’inquiétude de son pays quant à la propagation du virus du VIH/sida, et insisté sur la nécessité de coordonner de façon efficace les efforts des partenaires de développement en la matière.  L’Aide publique au développement (APD) doit être mesurée à l’aune des avancées dans  la réalisation des priorités nationales en matière de développement, a-t-il poursuivi, avant de souligner que les remboursements de la dette représentaient un fardeau considérable pour son pays.  Tout en se félicitant de l’assistance prodiguée par l’Union européenne aux pays pauvres très endettés (PPTE), il a appelé à prendre aussi en compte les pays qui, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, se situent en dehors de cette initiative.  Une assistance pour le remboursement de la dette doit leur être octroyée. 


M. Namaliu a ensuite souligné que le commerce constituait le moteur de la croissance économique et du développement, et s’est déclaré encouragé que certains dirigeants de grands pays aient évoqué des engagements fermes pour prendre en compte les distorsions du commerce international.  La série de négociations de Doha doit mettre davantage l’accent sur le développement et prendre en compte les besoins des petits États insulaires en développement, a-t-il insisté, avant d’assurer que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, jeune démocratie, était prête à combattre la corruption.  Il a ensuite évoqué le danger représenté par le trafic des armes légères et de petit calibre, remerciant ceux qui avaient permis de mettre un terme au conflit de Bougainville, où des élections libres se sont tenues.  La communauté internationale doit maintenant appuyer les efforts de développement sur l’île, a-t-il déclaré, estimant que la création d’une Commission de consolidation de la paix contribuerait à ces efforts.  M. Namaliu a ensuite mentionné les catastrophes naturelles qui affligent son pays, appuyant la mise en place de systèmes d’alerte avancée.  De même, il a évoqué la gestion des ressources naturelles et la nécessité d’engagements mondiaux relatifs au changement climatique, au moment où le lien entre environnement et pauvreté devient de plus en plus clair.  La destruction des forêts naturelles est souvent le préalable au développement d’activités économiques telles que l’agriculture, a-t-il expliqué.  Cette destruction génère du gaz carbonique et il faut donc créer de nouveaux marchés pour contribuer à la durabilité de l’environnement.  Il a ensuite évoqué l’importance de l’océan et de la pêche pour son pays, et appelé la communauté internationale à reconnaître les besoins des petits États insulaires en développement.  Enfin, il a estimé que les seize territoires non autonomes, y compris la Nouvelle-Calédonie, devaient pouvoir exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination d’ici 2010, et il s’est félicité de l’évolution positive survenue dans les Tokélaou.


M. CHARLES MURIGANDE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Rwanda, a déclaré qu’en adoptant le Document final de la Réunion plénière de haut niveau, nous nous sommes engagés notamment à travailler collectivement et de façon concertée en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), d’assurer la paix et la sécurité aux peuples du mondes afin qu’ils vivent dans la dignité et dans une liberté plus grande.  Insistant sur la nécessité de prendre des mesures fortes de toute urgence, il a souligné par ailleurs que si les tendances actuelles persistent, de nombreux pays africains n’atteindraient pas les OMD d’ici à 2015, d’autant que certains ont même régressé depuis l’an 2000 en ce qui concerne la pauvreté, la faim, la maladie, rendant les perspectives de relèvement difficiles dans les pays en situation de conflit.  Pour renverser cette tendance, il faudrait un engagement plus grand des pays développés, a estimé M. Murigande, particulièrement en ce qui concerne l’augmentation de l’aide publique au développement, devant atteindre 0,7% ou plus de leur PNB, conformément aux engagements qu’ils ont pris il y a plus de quarante ans et respectés aujourd’hui seulement par cinq pays.


La pauvreté, les privations et la faim en Afrique subsaharienne sont néfastes pour la paix et à la sécurité de l’ensemble des 191 Etats Membres de l’ONU, a mis en garde le Ministre rwandais, précisant par ailleurs qu’en admettant l’interdépendance des menaces à la sécurité collective, les Etats Membres reconnaissent aussi bien leur responsabilité et obligations communes pour y faire face que les profits et avantages collectifs d’une telle lutte.  Prenant l’exemple de son pays, dont la minorité tutsie a été victime de génocide en 1959 et en 1994, M. Murigande a invité l’Organisation des Nations Unies, qui n’est pas intervenue au moment opportun lors de ces évènements tragiques, à tirer des enseignements de ses erreurs passées.  À cet égard, il a souligné que le Rwanda est certainement le pays qui a le plus grand intérêt à voir aboutir la réforme de l’ONU, souhaitant ramener à son retour à Kigali un message d’espoir au peuple rwandais.   Le Gouvernement rwandais soutient, a-t-il ajouté, l’engagement de responsabilité de protéger, contenu dans le Document final du Sommet mondial, engagement incluant à la fois la responsabilité dans la prévention du génocide, des crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique, ainsi que la responsabilité dans la prévention de l’incitation à de tels crimes.  Lorsqu’un État ne peut protéger son peuple, a insisté le Ministre rwandais, comme au Rwanda en 1994, une telle responsabilité doit en fait revenir immédiatement à la communauté internationale.  Mais il faut que tous les États traduisent en justice les auteurs de génocide, a-t-il relevé, déplorant que certains de ceux qui se disent attachés à la Charte des Nations Unies abritent toujours des personnes en fuite qui devraient être jugées.


M. Murigande a également affirmé que le Rwanda appuie la création d’une commission de consolidation de la paix, tout en soutenant que cet organe ne doit pas être coupé des réalités du pays et mener des consultations étroites avec les pays concernés sortis des conflits.


Le processus de réforme du Conseil de sécurité soutenu par le Rwanda, a-t-il ajouté, devrait permettre de rendre le Conseil plus transparent, plus responsable et plus légitime. Le Rwanda se félicite aussi des efforts en vue de la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international, tout en précisant que ce qui importe, c’est moins la signature d’une convention qu’un engagement ferme de la communauté internationale dans la lutte contre ce fléau.


Se félicitant et appuyant les progrès accomplis dans la région des Grands Lacs, notamment en République démocratique du Congo et au Burundi, le Ministre rwandais a noté que le gouvernement attend avec intérêt le prochain Sommet des chefs d’État, à Nairobi en décembre 2005 qui devraient prendre des mesures importantes visant à lutter contre les milices susceptibles de favoriser les génocides. Il a par ailleurs remercié les États-Unis pour son implication et son aide en faveur de la paix et de la sécurité durable dans la région.


M. ARTIS PABRIKS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a déclaré que même si les principes de souveraineté nationale, de non-intervention et d’autodétermination sont à la base des relations entre les États Membres, ces derniers doivent également reconnaître la responsabilité collective qui leur incombe de protéger les populations contre le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.  Il a encouragé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et à soutenir l’action de celle-ci.  M. Pabriks a rappelé que la Présidente lettonne faisait partie des envoyés spéciaux qui avaient été chargés par le Secrétaire général de promouvoir, au cours des six derniers mois, le programme de réformes des Nations Unies.  Dans ce cadre, il s’est réjoui de la décision de créer une commission de consolidation de la paix.  Il a souhaité que les États Membres parviennent rapidement à s’entendre sur les réformes touchant d’autres domaines.  La Lettonie soutient fermement la décision d’établir un conseil des droits de l’homme, a-t-il poursuivi.  Elle encourage donc les délégations à agir fermement pour assurer un passage ordonné de la Commission au conseil.  De même, elle soutient la décision d’augmenter le budget du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.


La Lettonie est en faveur d’un Conseil de sécurité plus efficace et représentatif.  Pour ce faire, M. Pabriks s’est prononcé pour l’élargissement du Conseil à de nouveaux membres permanents sans droit de veto.  Selon la Lettonie, les membres permanents ne devraient pas utiliser leur droit de veto lorsqu’ils doivent se prononcer sur une action touchant des crimes de guerre, le nettoyage ethnique ou des crimes contre l’humanité.


S’agissant des questions de développement et de sécurité, M. Pabriks s’est prononcé en faveur de la mise en oeuvre des engagements pris par le G8 au Sommet de Gleneagles de juillet dernier pour aider l’Afrique à éradiquer l’extrême pauvreté sur le continent.  Il a rappelé l’importance à porter à l’égalité des sexes et à la réalisation des objectifs du Caire, notamment s’agissant de l’accès universel à l’information et aux services de santé reproductive d’ici à 2015.  Il a affirmé que son pays était prêt à partager son expérience en matière de bonne gouvernance et de passage à la démocratie.  Il a accueilli favorablement l’établissement d’un fonds pour la démocratie chargé d’aider les pays à consolider leurs systèmes politiques démocratiques.  Le Ministre a enfin souligné la nécessité d’adopter une convention sur le terrorisme international et de progresser dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération des armes de destruction massive.


Liste des orateurs


Les Chefs d’État et de gouvernement des pays suivants ont pris la parole: Équateur, Nauru, Zimbabwe, Pérou, Zambie, Chypre, Sao-Tomé-et-Principe, El Salvador, Bolivia et Samoa. 


Se sont également exprimés les Ministre des affaires étrangères des pays suivants: Kazakhstan, Ukraine, Italie, Fédération de Russie, République de Corée, France, Thaïlande, Arménie, Azerbaïdjan, Argentine, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Ukraine, Rwanda et Lettonie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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