En cours au Siège de l'ONU

AG/10386

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE A OUVERT LE DÉBAT DE SA SOIXANTIÈME SESSION SUR UN PROGRAMME DE TRAVAIL AMBITIEUX VISANT À FINALISER LES ACCORDS OBTENUS AU SOMMET DE 2005

17/09/2005
Assemblée généraleAG/10386
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

9e & 10e séances plénières – matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE A OUVERT LE DÉBAT DE SA SOIXANTIÈME SESSION SUR UN PROGRAMME DE TRAVAIL AMBITIEUX VISANT À FINALISER LES ACCORDS OBTENUS AU SOMMET DE 2005


Le Président de l’Iran déclare que le niveau de ses négociations avec la troïka européenne dépendra des exigences de sa coopération avec l’AIEA sur l’utilisation pacifique du nucléaire


Le débat de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui se tient chaque année au Siège de l’Organisation à New York s’est ouvert ce matin sur un programme de travail des plus ambitieux centré sur la finalisation des négociations et des accords conclus à la Réunion plénière de haut niveau du Sommet mondial de 2005.  Le Sommet, qui s’est achevé hier au terme d’une semaine intense de débats et de négociations auxquelles ont pris part plus de 150 chefs d’États et de gouvernement, a jeté les bases d’une nouvelle responsabilité collective pour assurer la paix et la sécurité mondiales et le développement de tous les peuples.


«  Jamais, au cours des 60 ans d’histoire de l’Organisation, des progrès n’auront été accomplis en même temps sur un front aussi large », a déclaré ce matin le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan.  « Le Document final du Sommet impose de nouvelles responsabilités individuelles à chacun de nous, et à nous tous, en tant que collectivité », a souligné le Secrétaire général, en ajoutant que l’examen de nombreux points inscrits à l’ordre du jour du Sommet doit maintenant être complété au cours de la soixantième session de l’Assemblée générale.


Parmi les objectifs atteints, le Document final du Sommet de 2005 a donné le feu vert à des réformes en profondeur de la gestion, qui une fois menées, devront rendre le Secrétariat plus efficace et plus responsable.   Les États devront aussi, au cours des semaines qui viennent, reprendre leurs négociations sur la création d’un Conseil des droits de l’homme en se basant sur les textes détaillés élaborés au cours de la préparation du Sommet et dont le contenu a reçu l’appui de la grande majorité des États Membres. 


Les États devront également mener à terme les négociations engagées sur la rédaction d’une convention générale contre le terrorisme.  Ils devront finaliser le processus de mise en place et de fonctionnement de la Commission de consolidation de la paix, dont la création a été approuvée.  Concernant les questions économiques et commerciales, qui étaient inscrites à l’ordre du jour du Sommet sous l’angle du développement et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, les États devront dégager50 milliards de dollars supplémentaires en faveur du financement du développement et faire progresser le cycle des négociations commerciales de Doha afin de créer un système commercial multilatéral plus universel, inclusif et équitable.


Dans son intervention ce matin, la Secrétaire d’État des États-Unis, Mme Condoleezza Rice, a approuvé la création de la Commission de consolidation de la paix et s’est dit satisfaite de l’intérêt accordé à la création d’un Conseil des droits de l’homme.  Elle a déclaré que les États-Unis soutenaient l’octroi d’un siège de membre permanent au Japon au Conseil de sécurité et une représentation plus équitable des pays en développement au sein de cet organe.  Le Conseil devrait intervenir avec énergie et efficacité face à des menaces comme celle de la prolifération nucléaire, a dit Mme Rice, en demandant à l’Iran de reprendre les négociations engagées avec trois pays de l’Union européenne sur cette question, et à renoncer à ses activités nucléaires sensibles. 


Répondant aux critiques et aux interrogations que suscite le programme nucléaire de son pays, le Président de la République islamique d’Iran, M. Mahmoud Ahmadinejad, a indiqué cet après-midi que l’Iran poursuivrait sa coopération technique et juridique avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Le type et le niveau des négociations de l’Iran avec les trois États membres de l’Union européenne dépendront des exigences et des modalités de sa coopération avec l’AIEA, qui se situe dans le cadre des clauses du Traité de non-prolifération ayant trait à l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles pacifiques, a souligné M. Ahmadinejad.


Au cours des débats de cette première journée des travaux de la soixantième session de l’Assemblée, l’Afrique du Sud et le Paraguay, dont les déclarations reflétaient l’opinion de la très grande majorité des pays en développement, ont constaté que l’écart entre les riches et les pauvres ne cessait de s’accroître et que le fléau de la guerre, loin de s’éloigner comme on l’avait espéré après la création de l’ONU, était plus que jamais une réalité.  S’il en est ainsi, a estimé le Président de l’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, c’est parce que l’ONU n’a pas eu la volonté de tenir les engagements que ses Membres avaient pris lors de sa création.  Les actions de l’ONU n’ont pas été à la hauteur de la vision contenue dans sa Charte, a déploré M. Mbeki.  Dénonçant les inégalités croissantes entre les différentes parties du monde, M. Nicanor Duarte Frutos, Président du Paraguay, s’est élevé contre la paupérisation de nombreux pays du Sud.  « Sans défense, nous voyons les pays nantis ériger sans cesse de nouvelles barrières commerciales qui affectent durement nos économies, et dans le même temps, les mêmes nations riches, à quelques très rares exceptions, refusent d’honorer les promesses qu’elles avaient faites de verser 0,7% de leur PNB à l’aide au développement », a déploré le Président Duarte.


Concernant les questions de développement, le Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Nobutaka Machimura a noté que son pays versait 20% du montant mondial de l’aide publique au développement, et que le Japon était déterminé à soutenir les pays défavorisés, notamment ceux d’Afrique, à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le Japon va doubler son aide en faveur de l’Afrique au cours des trois prochaines années, a dit M. Machimura, en annonçant que son pays accueillerait en 2008 la IVe Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD IV).  


L’Assemblée générale poursuivra son débat demain dimanche 18 septembre à 10 heures.


DÉBAT GÉNÉRAL


Présentation du rapport annuel de l’Organisation


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, présentant son rapport annuel sur les activités de l’Organisation, a déclaré que ce débat se tenait alors que s’achève une semaine historique aux Nations Unies.  Jamais, au cours des 60 ans d’histoire de l’Organisation, des progrès n’auront été accomplis en même temps sur un front aussi large.  Les dirigeants du monde entier se sont réunis pour interdire l’incitation au terrorisme, s’engager à financer la démocratie et examiner la menace du VIH/sida, du paludisme et de la grippe aviaire. 


Mais c’est au Sommet mondial lui-même qu’ont été enregistrés les résultats de loin les plus importants.  Nous n’avons pas tout réalisé, a convenu Kofi Annan, après tout, nous étions ambitieux et nous avions placé la barre très haut.  L’adoption de stratégies de lutte contre la pauvreté et la maladie, la création d’un nouveau mécanisme pour remporter la paix dans les pays ravagés par la guerre et l’engagement à agir collectivement pour empêcher le génocide font partie des avancées réalisées au Sommet.  Des progrès tangibles ont aussi été accomplis en matière de terrorisme, de droits de l’homme, de démocratie, de gestion du Secrétariat, de maintien de la paix et d’interventions humanitaires.  Et la voie a été ouverte à d’autres interventions dans les domaines de la santé publique mondiale, du réchauffement planétaire et de la médiation.


Le Secrétaire général a estimé qu’il fallait maintenant passer à une nouvelle tâche et donner effet à ce qui a été décidé, en continuant de chercher à surmonter les différends qui subsistent.  Le Document final du Sommet nous impose de nouvelles responsabilités à chacun de nous, individuellement, et à nous tous, collectivement.  De nombreux points doivent être complétés au cours de la soixantième session de l’Assemblée générale.  Il a proposé aux États Membres de s’engager dans le cadre d’un contrat mutuel où chacun s’engage à s’acquitter de ce que le Document final du Sommet attend de lui.


Le Secrétaire général a ensuite évoqué la réforme de la gestion des Nations Unies.  Le Document final du Sommet donne le feu vert à de vastes réformes de gestion qui doivent rendre le Secrétariat plus efficace et plus responsable.  Dès lundi, a ajouté Kofi Annan, je diligenterai ce programme de réformes.  Il a annoncé qu’il comptait formuler des recommandations pour aider les États Membres à examiner tous les mandats en cours convenus au cours des 55 premières années de l’Organisation.  Il procédera également à une évaluation détaillée des règlements en matière de budget et de ressources humaines et recommandera des aménagements de façon que le Secrétariat soit géré de la manière la plus moderne possible. 


S’agissant du renforcement des mécanismes dans le domaine des droits de l’homme, le Secrétaire général a expliqué que le Haut Commissaire aux droits de l’homme poursuivra l’exécution de son plan d’action en précisant que les États s’étaient engagés à l’aider à renforcer ses services et à doubler son budget.  Les États ont aussi convenus de renforcer les organismes créés en vertu d’instruments relatifs aux droits de l’homme.  Surtout, a insisté Kofi Annan, vous avez décidé de créer un conseil des droits de l’homme.  Les négociations devraient donc reprendre sur la base des textes détaillés élaborés au cours de la préparation du Sommet et qui ont été appuyés par une écrasante majorité d’États Membres.


Le Secrétaire général a rappelé que pour la pour la première fois, une condamnation sans nuance du terrorisme, « sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, les lieux et les buts », a été prononcée au Sommet par tous les États Membres.  Comme vous en êtes convenus, vous devez partir de cette proposition simple et vous en servir pour achever une convention générale contre le terrorisme dans l’année à venir et forger une stratégie mondiale de lutte antiterroriste.  Nous le pouvons, et nous le devons.


Pour Kofi Annan, il faut également mettre en place et faire fonctionner la Commission de consolidation de la paix dont presque toutes les modalités essentielles sont maintenant arrêtées.  Il faut également honorer les engagements relatifs au développement.  C’est une année historique pour le développement que celle qui vient de s’écouler: nous nous trouvons avec l’ambitieux engagement de dégager 50 milliards de dollars supplémentaires par an pour la bataille du développement, en l’espace de cinq ans. 


De plus, certains signes donnent à espérer qu’il est possible de progresser vers le système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, non discriminatoire et équitable qui est envisagé dans le Document du Sommet.  Mettons cette promesse à profit pour aller de l’avant et faire progresser le Cycle des négociations commerciales de Doha.


Le Secrétaire général a estimé nécessaire de continuer à travailler à la réforme du Conseil de sécurité qui est un élément central de la réforme générale de l’Organisation.  Rappelant la nécessité de commencer d’urgence à rectifier des erreurs regrettables en matière de non-prolifération et de désarmement nucléaires, le Secrétaire général a appelé les États à renforcer les trois piliers du régime: non-prolifération, désarmement et utilisations pacifiques.  En conclusion, le Secrétaire général a déclaré « attelons-nous à la tâche, avec confiance et détermination.  Si nous tenons les promesses que nous avons faites cette semaine, nous aiderons à sauver des millions de vies et donnerons espoir à des milliards de gens ». (Pour lire la version intégrale du discours, voir le communiqué de presse SG/SM/10104)


Déclaration d’ouverture


M. JAN ELIASSON, Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, a lui aussi dressé le bilan du Sommet de haut niveau au cours duquel il est apparu que les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire en matière de développement ont été insuffisants.  Le coût se compte en un nombre incalculable de vies humaines.  Au cours du Sommet toutefois, les États ont convenu de la voie à suivre, notamment de la nécessité pour les pays en développement de jouer un rôle important dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015.  Les récents progrès réalisés pour ce qui est du montant de l’aide et de la réduction de la dette ont été applaudis.  Par ailleurs, il a été clairement dit à plusieurs reprises que la réunion ministérielle de l’OMC qui aura lieu à Hong Kong ne peut pas être un échec.  Le Président a aussi rappelé que les dirigeants du monde s’étaient engagés à poursuivre leur coopération avec les Nations Unies et à adhérer à sa Charte.


M. Eliasson a estimé que le Document final du Sommet constituait des bases solides et substantielles pour le travail et la gestion de l’Organisation ainsi que les activités liées au développement, à la sécurité et aux droits de l’homme.  Certains estiment qu’il s’agit là du programme de réforme le plus ambitieux qu’ait connu l’Organisation, d’autres estiment qu’il sera à l’origine de peu de changement.  D’autres sont frustrés par le fait que les questions qui leur sont importantes ne sont pas reprises dans le document ou qu’elles ne sont pas clairement énoncées.  Qui a raison, s’est demandé Jan Eliasson?  La réponse dépend de nous.  Le suivi et la mise en œuvre des résultats du Sommet constituent les thèmes majeurs de cette Assemblée générale.  Votre contribution aux questions qui restent en suspens –la Commission de consolidation de la paix, le Conseil des droits de l’homme, le terrorisme, le Conseil de sécurité et la réforme de la gestion des Nations Unies– revêtira un intérêt particulier. (Pour lire la version intégrale en anglais, voir le communiqué de presse GA/SM/358)


Déclarations


M. CELSO LUIZ NUNES AMORIM, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a estimé que le Document final adopté hier était en dessous des espérances de son pays mais fixait les grandes lignes des tâches qu’il restait à accomplir.  Il a notamment affirmé que le Conseil Economique et Social devait redevenir un organisme dynamique et influent qui permette  de trouver des points de convergence entre les différents pays concernant le commerce, la finance et le développement « sans préjugés et sans dogmatisme ».  Le Ministre a appuyé la création du Conseil des droits de l’homme qui permettra à ses yeux « de renforcer la crédibilité » des Nations Unies dans ce domaine.  Il a réaffirmé que le principe de non-intervention dans les affaires intérieures d’un pays devait être associé avec l’idée de « non-indifférence » et a estimé que le combat contre les violations des droits de l’homme ne devait pas être mené uniquement par l’usage de la force militaire mais aussi par la diplomatie et la persuasion.  « Les Nations Unies n’ont pas été créées  pour répandre l’idée que l’ordre doit être imposé par la force » a-t-il déclaré.


Rappelant que l’immense majorité des États Membres s’étaient prononcés pour un Conseil de Sécurité réformé, « plus représentatif et plus démocratique », il a ajouté qu’il était aujourd’hui inacceptable pour son pays « de voir se perpétuer des déséquilibres qui sont contraires à la notion même de multilatéralisme ».  Le Ministre a demandé l’attribution de sièges permanents et non permanents à des pays africains, sud-américains et asiatiques.  « Nous sommes loin d’atteindre les Objectifs du Millénaire », a-t-il ensuite déclaré, estimant qu’il fallait continuer à chercher des sources supplémentaires de financement pour le développement.  « La guerre contre la faim et la pauvreté est la seule dans laquelle nous soyons engagés » a-t-il ajouté.  Condamnant fermement tout acte terroriste, il a néanmoins affirmé que « le combat contre le terrorisme ne peut pas se réduire à la répression policière ».  Il s’est aussi inquiété des menaces que représentent la prolifération nucléaire, la progression du VIH/sida et les changements climatiques.  Le Ministre a rappelé les efforts de son pays pour développer le commerce à la fois avec ses voisins sud-américains mais aussi au sein du G-20, dans un souci de libéralisation des échanges et de la justice sociale.  Il a également évoqué un rapprochement économique et une collaboration accrue avec les différents groupes régionaux et en particulier la ligue arabe.


Mme CONDOLEEZZA RICE, Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré qu’aujourd’hui, le terrain sur lequel reposaient les relations internationales était devenu très instable et que le moment était donc venu de réformer les Nations Unies.  Ainsi, la nécessité d’assurer la sécurité et la paix internationales, l’un des principaux objectifs de l’ONU, dépend désormais étroitement de questions de développement et si en 1945, le danger venait d’États forts, il émane aujourd’hui de pays faibles et mal gouvernés et de menaces transnationales comme le terrorisme, la prolifération des armes, les pandémies et le trafic d’êtres humains.  Face aux réalités d’un monde nouveau, il faut réinventer l’Organisation et renforcer la lutte contre les terroristes apatrides, a insisté Mme Rice, qui a appelé les nations du monde à ratifier la Convention globale contre le terrorisme.  Par ailleurs, tout en reconnaissant la nécessité pour les pays donateurs d’aider les pays en développement, elle a encouragé ces derniers à s’efforcer de prendre des mesures pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La Secrétaire d’État s’est félicitée de la création d’un Fonds pour la démocratie, proposé en 2004 par le Président Bush, saluant tout particulièrement l’Inde pour avoir été le premier pays à y contribuer avec un versement de 10 millions de dollars. 


En matière de démocratie, Mme Rice a d’ailleurs reconnu que les États-Unis devaient faire preuve d’humilité, car c’est seulement au siècle précédent qu’ils ont accordé le droit de vote à tous leurs citoyens.  Elle a ensuite estimé que l’Organisation devait s’adapter aux réalités du Millénaire en mettant en œuvre les réformes vitales qui lui permettront de répondre aux nouveaux défis.  Sur ce point, elle s’est félicitée de l’établissement d’une Commission de consolidation de la paix et de l’intérêt accordé à la création d’un Conseil des droits de l’homme.  Celui-ci ne devrait jamais permettre à l’avenir à des dictatures brutales d’y siéger.  Par ailleurs, la délégation américaine soutient l’octroi d’un siège au Japon et une représentation plus équitable des pays en développement au sein du Conseil de sécurité.  Selon elle, lorsque les moyens diplomatiques s’avèrent insuffisants, le Conseil devrait intervenir, en particulier face à des menaces comme la prolifération nucléaire, que fait peser un pays comme l’Iran.  Elle a appelé ce dernier à reprendre les négociations et à renoncer à ses activités nucléaires.  Enfin, les États-Unis ont invité les Nations Unies à mieux se conformer aux principes élevés qu’elle érige pour le reste du monde, notamment en assainissant sa gestion, en adoptant des règles plus strictes et en effectuant des contrôles internes plus rigoureux.  Une évaluation périodique des résultats obtenus par tous les programmes et agences du système devrait être initiée, a suggéré Condoleezza Rice en conclusion.


M. OLUSEGUN OBASANJO, Président de la République fédérale du Nigéria et Président en exercice de l’Union africaine, a souligné que la soixantième session de l’Assemblée générale, outre le fait qu’elle constitue une étape décisive dans le processus de réforme des Nations Unies, est également l’occasion d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, adopté il y a dix ans dans le cadre de la quatrième Conférence sur les femmes, ainsi que dans le suivi du Sommet mondial sur le développement social, tenu en 1995 à Copenhague.  Les Nations Unies doivent continuer de jouer un rôle pivot dans la réalisation des objectifs définis en matière de développement humain et social, a dit le Président nigérian, avant d’insister également sur les questions de paix, de sécurité, de promotion et de protection des droits de l’homme, qui doivent être au cœur des préoccupation de l’Organisation dans ses efforts de modernisation.  Poursuivant sur la coopération entre les Nations Unies, l’Union africaine, et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le Président Obasanjo a souligné son importance dans le règlement de la situation au Soudan en général, et au Darfour en particulier.  Le cinquième round de négociations intersoudanaises est en cours depuis juin 2005 à Abuja, au Nigéria, a poursuivi le Président, saluant la détermination du dirigeant sudiste John Garang dans la recherche d’une solution pacifique au conflit et saluant sa mémoire.  M. Obasanjo a rendu hommage à la communauté internationale pour le soutien apporté aux efforts déployés par l’Union africaine et les autres organisations sous-régionales en faveur du retour à la paix au Soudan et en Somalie.


Abordant la situation en Côte d’Ivoire, le Président Obasanjo a estimé qu’à la lumière du rapport présenté par le Médiateur sud-africain, Thabo Mbeki, dans lequel il estime que les élections ne pourront se tenir fin Octobre 2005 comme prévu, il importait que l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) procèdent à une réévaluation du processus de paix en Côte d’Ivoire, ce en étroite consultation avec le Conseil de sécurité et le Secrétaire général des Nations Unies.  Il a invité ensuite la communauté internationale à apporter son appui au redressement socioéconomique de deux pays, le Togo et la Guinée-Bissau, qui viennent d’organiser des élections démocratiques, de même qu’au Burundi qui vient d’achever un processus électoral, au terme d’une crise de plus de 10 ans.  Passant en revue d’autres régions de l’Afrique où les Nations Unies sont impliquées, notamment la région des Grands Lacs, le Libéria, la Sierra Leone, le Président Obasanjo a estimé que la coopération entre l’ONU, l’Union africaine et les autres organisations sous-régionales ne pouvait que s’intensifier.  Il a salué ensuite, l’accord intervenu en juin 2005 sur la mise en place d’un mécanisme permettant aux États d’assurer un meilleur traçage des armes légères et de petit calibre afin de lutter contre leur commerce et leur circulation illicites.  Il a également appuyé la création d’un Conseil permanent des droits de l’homme, avant de plaider pour un appui de la communauté internationale au Nouveau partenariat africain pour le développement (NEPAD), mécanisme novateur initié par l’Union africaine afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici 2015.  Il a en outre insisté, s’agissant de l’élargissement du Conseil de sécurité, sur la représentation de l’Afrique au sein de cet organe, conformément au Consensus d’Ezulwini qui a résulté des consultations au sein de l’Union africaine.


M. MARTÍN TORRIJOS, Président du Panama, a estimé que la communauté internationale avait progressé sur la voie d’un monde plus juste grâce aux Nations Unies.  Des institutions et des instruments efficaces qui favorisent l’équité entre les pays développés et les pays en développement ont été créés.  Nous comprenons cependant combien il est nécessaire d’adapter les Nations Unies aux défis de notre temps ce qui exige une plus grande participation des États et leur pleine égalité juridique.  Il faut un changement radical des règles qui régissent les relations économiques entre États.  Les catastrophes, les épidémies, l’augmentation du prix du pétrole, qui est un produit de base, les impacts négatifs des économies creusent les inégalités dans le village mondial.  Le prix du combustible a augmenté de manière à causer des ravages qui menacent l’équilibre de certains pays.  Les grands flux migratoires voient les pays en développement se vider de leur masse productive.  Le fossé technologique croissant maintient les inégalités entre les niveaux de vie.  Il est aussi indispensable de briser le quasi monopole des société pharmaceutiques ce qui permettrait de fournir des médicaments à des prix abordables.


Quarante pourcent de la population du Panama vit en dessous du seuil de pauvreté mais cette réalité humaine n’est pas prise en compte, a regretté le Président qui a expliqué que son pays, étant classé parmi les pays à revenu moyen, ne bénéficiait pas d’aide extérieure.  Il a ajouté qu’on ne pourrait pas demander à un pays en développement de remédier à cette série de problème sans bénéficier du flux de capitaux étrangers et d’activités génératrices de croissance.  Nous demandons que les règles du jeu s’appliquent de manière équitable a—t-il insisté en s’insurgeant contre les marchés des pays développement qui sont protégés par des barrières tarifaires.  Nous nous félicitons donc que le Président des États-Unis ait annoncé l’intention de son pays d’éliminer les subventions.


M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président du Ghana, s’est inquiété de la persistance du terrorisme qui entrave la détermination collective des nations qui doivent chercher ensemble à résoudre les problèmes qui en découlent.  Dans cette perspective, il a estimé qu’il fallait condamner sans réserve le manque de progrès dans le domaine du désarmement nucléaire, le futur incertain du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), l’impasse de la Conférence sur le désarmement et la prolifération des petites armes.  Plus que jamais, a-t-il poursuivi, il est essentiel de trouver une approche concertée, dans le cadre du multilatéralisme.  Le Président du Ghana a constaté que les pays africains faisaient aujourd’hui preuve d’une grande détermination sur mettre fin aux conflits du continent, notamment par l’établissement du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il s’est félicité du soutien international qu’avait reçu  cette initiative. 


Par ailleurs, il a appelé la communauté internationale à s’engager plus fortement face aux programmes du NEPAD afin d’encourager les efforts de développement du continent, facteur de stabilisation pour parvenir à la paix et la sécurité.  Afin d’encourager la croissance économique et surmonter la pauvreté, il a souligné l’importance des partenariats, des investissements étrangers directs (IED) et du transferts des expertises.  M. Kufuor s’est aussi dit convaincu des bénéfices que pourraient apporter la mise en application de l’agenda du Cycle de Doha de l’OMC.  Enfin, il a insisté sur le rôle des Nations Unies qui offrent des opportunités de progrès et de développement tout en protégeant les plus faibles.  Il a conclu en déclarant que son pays était prêt à contribuer au débat sur la réforme de l’Organisation, particulièrement afin de renforcer les institutions de l’ONU à tous les niveaux.


M. KURMANBEK BAKIEV, Président du Kirghizistan, s’est prononcé pour une réforme des Nations Unies qui en fasse « le reflet plus fidèle de la volonté, des droits fondamentaux et des intérêts de tous les États Membres et de tous les peuples ».  Il a exprimé sa conviction que cette réforme devait être basée sur les principes d’universalité et d’une répartition géographique élargie, et qu’elle devait s’accompagner d’une réforme plus globale, de l’Assemblée générale au Conseil Economique et Social.  Le Président a rappelé la candidature de son pays à un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité pour la période 2012-2013, assurant que le Kirghizistan sera un partenaire actif et fiable.  « Les Nations Unies sont plus engagées sur le terrain du développement que sur celui de la sécurité », a t-il ajouté, demandant que les fonctions de l’Organisation liées au maintien de la sécurité soient considérablement renforcées.  Il a toutefois estimé qu’il n’était pas anodin que « les conflits régionaux les plus importants apparaissent dans les régions les plus pauvres du monde ».  Pour atteindre à la fois les objectifs de sécurité et de développement, la communauté internationale doit engager des politiques plus équilibrées, a t-il déclaré, se prononçant pour une participation accrue des pays du Sud dans la prise de décision sur les problèmes d’ordre global.


Il a estimé que le succès vers un développement durable passait, pour son pays, par la coopération régionale et internationale, et a réclamé une plus grande implication des Nations Unies à ses côtés.  « Nous considérons qu’il est temps pour les pays donateurs de passer des déclarations d’intention à des actions concrètes », a-t-il ajouté.  M. Bakiev a rappelé que son pays était un état montagneux produisant peu de pollution et qui était une réserve d’eau pour toute la région, mais caractérisé par des conditions géoclimatiques difficiles.  Il a proposé de faire du Kirghizistan une région pilote de la recherche sur la prévention et la gestion des conséquences des catastrophes naturelles.  Il a également réclamé l’aide des Nations Unies pour gérer les déchets radioactifs laissés dans un ancien complexe militaro-industriel datant de la période soviétique, estimant le coup de ce type d’opérations trop élevé pour le Kirghizistan.  Rappelant l’engagement de son pays dans de nombreuses missions des Nations Unies et en faveur du retour à la paix en Afghanistan, il s’est dit convaincu que faire de l’Asie centrale une zone dénucléarisée permettra de renforcer la sécurité et la stabilité dans la région.


M. ÁLVARO URIBE VÉLEZ, Président de la Colombie, a affirmé que le principe de démocratie était étroitement lié à la sécurité, particulièrement dans son pays, où son absence a longtemps découlé de l’incapacité de l’État à faire face aux criminels.  Depuis trois ans toutefois, la criminalité a chuté en Colombie.  La guerre contre le terrorisme et la production et le trafic de stupéfiants n’a pas encore été gagnée, a reconnu le Président, mais pour remporter la victoire, il a estimé indispensable le soutien de la communauté internationale.  Il a ensuite assuré que le respect des droits de l’homme et de la libre expression de l’opposition politique était garanti en Colombie grâce à l’adoption d’un principe appelé « sécurité démocratique ».  Dans ce cadre, une action a été engagée par son Gouvernement contre les tenants de la terreur, assortie d’une politique de réinsertion généreuse à l’égard de tous les individus qui décident de renoncer à la lutte armée.  Ces mesures ont permis ainsi la démobilisation et la réinsertion dans la société civile de 20 000 terroristes sur les 50 000 qui menacent aujourd’hui le pays.  Intitulé « Justice et paix », un dispositif juridique a par ailleurs été mis en place contre tous les groupes terroristes et il se situe largement au-dessus des normes précédentes et de celles en vigueur dans de nombreux autres pays, en terme de justice comme de réparation. 


M. Vélez a ensuite détaillé certains des aspects de sa politique sociale, élaborée en fonction des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD): la « Révolution éducative », qui ouvre la voie à l’égalité et à la mobilité sociale; « Un pays de propriétaires », qui assure le financement de petites et moyennes entreprises pour les aider à surmonter les difficultés d’accès au crédit; enfin, la « Protection sociale intégrale », qui, d’ici à trois ans, devrait permettre à toutes les personnes vivant dans la pauvreté de bénéficier notamment d’une assurance médicale.  Parallèlement, le Gouvernement s’efforce de soutenir les efforts pour trouver des alternatives à la culture et à la production de drogues illicites.  À travers ces programmes, la communauté internationale dispose aujourd’hui d’une opportunité unique de concrétiser le principe de responsabilité partagée, a conclu le Président.


M. JAMES PATTERSON, Premier Ministre de la Jamaïque, intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine et rappelant que plus du cinquième de l’humanité vivait avec moins d’un dollar par jour, a insisté quant à l’urgence de parvenir à de réelle avancées dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les ressources limitées, le fardeau de la dette, l’accès inégal aux marchés internationaux sont autant d’obstacles qui menacent la réalisation de ces objectifs d’ici à 2015 et risquent de les retarder pendant des décennies.  Pourtant, a-t-il fait valoir, personne ne peut vivre en sécurité dans un oasis de bonheur et de prospérité entourée par un monde où sévissent l’extrême pauvreté et la pandémie du VIH/sida.  Le Premier Ministre de la Jamaïque a souligné que, pour leur part, les pays en développement avaient accompli une bonne part de leurs obligations contenues dans les textes relatifs au financement du développement, jugeant que les pays développés devaient également s’acquitter de leurs engagements.  À ce titre, il a salué la décision prise par le G-8 d’alléger la dette des pays les plus pauvres, avant de plaider pour un renforcement de la coopération Sud-Sud, en particulier en matière énergétique. 


S’agissant de la détérioration des termes de l’échange pour les produits de base, le Premier Ministre jamaïcain a souhaité que les prochaines négociations de l’Organisation mondiale du commerce, en décembre 2005 à Hong Kong, permettent de réparer l’injustice faite aux pays en développement et de finaliser la mise en œuvre de l’agenda du Cycle de Doha pour le développement.  Une attention particulière doit être prêtée aux problèmes rencontrés par les pays les moins avancés, les pays sans littoraux et les petits États insulaires en développement, a déclaré M. Patterson, insistant quant à la nécessité de mettre en œuvre les programmes d’action conclus ces dernières années concernant ces pays.  S’inquiétant ensuite de la lente mise en œuvre de l’agenda de Johannesburg pour le développement durable, le Premier Ministre de la Jamaïque a demandé aux institutions de Bretton Woods de procéder sans plus tarder aux réformes exigées dans le Consensus de Monterrey sur le financement du développement.  Il a enfin exprimé tout son appui à la poursuite des réformes du système des Nations Unies, plus particulièrement à la revitalisation du Conseil économique et social.


M. JACK STRAW, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé que lors du massacre de Srebrenica, la communauté internationale avait prononcé de bonnes paroles mais n’avait pas su agir.  Il a constaté que ce massacre et l’horreur du Rwanda, un an plus tôt, avait montré la nécessité de trouver de meilleurs moyens pour une action collective.  Déclarant que les Nations Unies, comme l’Union européenne, avaient su tirer les enseignements de cette dernière décennie, il s’est félicité des mesures supplémentaires convenues lors du Sommet 2005 pour rendre l’Organisation plus efficace.  Parmi elles, a-t-il poursuivi, la plus importante est la responsabilité de protéger; si nous nous en acquittons, le génocide, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité ne pourront plus survenir sans que nous agissions.  Par ailleurs, M. Straw a jugé que dans un monde ou les barrières de la distance et du temps s’atténuaient, toutes les populations partageaient les mêmes menaces et responsabilités, les mêmes opportunités et intérêts.  Il a déclaré que pour la première fois, l’humanité avait la capacité de réaliser le potentiel de tous les individus par l’échange ouvert des biens, des investissements, des technologies et, surtout, des idées. 


Il a rappelé le calendrier que s’était fixé l’Union européenne pour atteindre une aide publique au développement (APD) de 0,7% du PNB d’ici à 2015.  Outre les nations d’Afrique sub-saharienne, il a aussi fait valoir les lacunes de développement de nombreux pays arabes.  Il a néanmoins signalé que l’Islam et l’Occident n’étaient pas fondamentalement différents.  L’Indonésie et la Turquie sont deux excellents exemples de pays à populations majoritairement musulmanes modernes et démocratiques, a-t-il remarqué.  Le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni a souligné le rôle de chef de file de l’Union européenne en ce qui concerne les inquiétudes internationales à l’égard du programme nucléaire de l’Iran.  Au sujet du Moyen-Orient, il a réitéré son soutien aux efforts du Quatuor et a rendu hommage à la décision courageuse d’Ariel Sharon de se retirer de la bande de Gaza ainsi qu’au travail de Mahmoud Abbas afin de construire un État palestinien.  Rappelant que Londres avait été touchée par le fléau du terrorisme en juillet dernier, il a estimé que cette menace exigeait une réponse internationale.  Ce danger est accentué par le fait que les armes sont facilement accessibles, a-t-il ajouté, appelant l’ONU à faire sienne l’idée d’un Traité international sur le commerce des armes.  Enfin, rappelant la contribution de l’Union européenne au budget des Nations Unies, il a indiqué qu’il était de la responsabilité de tous les États d’assurer que l’Organisation disposait des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs. 


Mme CHANDRIKA BANDARANAIKE KUMARATUNGA, Présidente du Sri Lanka, a indiqué que son pays a régulièrement contribué au consensus dans les négociations menées au sein de l’ONU, dans des domaines allant du droit de la mer au désarmement, en passant par les droits de l’homme et le terrorisme.  Nous continuons à croire que la force morale de l’Organisation est indispensable au maintien de la sécurité et de la paix dans le monde, a-t-elle poursuivi.  La Présidente a ensuite exprimé sa profonde gratitude à l’égard des gouvernements, des Nations Unies et des autres organisations internationales, ainsi que de la société civile pour les gestes remarquables de solidarité humaine manifestés après le tsunami qui a touché son pays en décembre 2004.  Elle a aussi rappelé que, le mois dernier, le Sri Lanka avait connu la terreur avec l’assassinat de son Ministre des affaires étrangères, Lakshman Kadirgamar, un homme qui avait oeuvré sans relâche à combattre les idéologies racistes et extrémistes.


Depuis plus de deux décennies, a poursuivi la Présidente du Sri Lanka, notre pays est victime d’un groupe armé, le Tigres tamouls (LTTE) qui commet de nombreux actes de violence et de terrorisme, et se livre au recrutement d’enfants soldats.  Elle a estimé que des sanctions ciblées telles que celles proposées par le Secrétaire général devraient être appliquées à de tels groupes.  Le Sri Lanka a engagé le dialogue à de nombreuses reprises avec les Tigres tamouls, aboutissant en 2002 à la signature d’un accord de cessez-le-feu, mais ces agréments ne sont pas toujours respectés, a déploré Mme Kumaratunga.  La restauration de la démocratie et la promotion des droits de l’homme dans les zones affectées du Nord et de l’Est du pays sont essentielles pour parvenir à un processus de paix au Sri Lanka, a dit Mme Kamaratunga.  Elle a sollicité à cet égard l’appui de la communauté internationale, afin de donner une chance à la recherche d’une solution politique.  Le Sri Lanka a signé et ratifié toutes les conventions des Nations Unies contre le terrorisme, a poursuivi la Présidente, qui a ensuite émis l’espoir que les négociations de projet de convention générale contre le terrorisme international aboutiraient lors de cette session de l’Assemblée.  À ce sujet, elle a rappelé que le Comité spécial créé sur cette question est présidé par le Sri Lanka.


Abordant la question des Objectifs du Millénaire pour le développement, la Présidente a signalé que son pays avait déjà atteint ceux fixés en matière d’éducation primaire et de réduction de la mortalité infantile et maternelle.  L’éradication de la pauvreté demeure un défi important qui fait l’objet de programmes économiques et sociaux, a-t-elle poursuivi.  S’agissant des maladies souvent associées à la pauvreté, comme le VIH/sida ou le paludisme, elle a appelé à faire bénéficier les populations exposées des avancées technologiques actuellement disponibles. 


M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a estimé que seul le respect de la justice et de la spiritualité pouvait apporter la paix.  Malheureusement, le monde est caractérisé par les discriminations et la pauvreté, qui sont source de haine, de guerre et de terrorisme.  Si certains tentent grâce à leur supériorité militaire et à leur pouvoir économique de s’arroger davantage de droits et de privilèges, ils ne rendront pas hommage à la cause de la paix, a estimé M. Ahmadinejad.  Le Président iranien a ensuite déclaré que le République islamique d’Iran constituait une manifestation pure de démocratie ayant renversé une dictature au service de forces extérieures.  Quant au régime de Saddam Hussein, il a imposé pendant huit ans une guerre d’agression et d’occupation contre le peuple iranien, utilisant à cette fin des armes de destruction massive, a-t-il relevé.  Le Président iranien a par ailleurs ajouté que le développement de stocks d’armement dans divers endroits du monde et de programmes permettant une sophistication de plus en plus grande de ces armes ont créé une nouvelle atmosphère mondiale lourde d’esprit d’agressivité et de répression.  Ironiquement, ceux qui ont eu recours aux armes nucléaires continuent de mener des essais et de développer de nouvelles générations d’armes de ce type.  Ils ont utilisé encore récemment de l’uranium appauvri contre des centaines d’Iraquiens, de Koweitiens et même contre leurs propres troupes et les soldats de leurs alliés, ceci en violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Ces mêmes États refusent de signer le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et ont armé le régime d’occupation sioniste.  Mais, curieusement, ils refusent à certains pays le droit d’avoir recours à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, s’est inquiété M. Ahmadinejad.  Le Président a ensuite suggéré à l’Assemblée générale de nommer un comité ad hoc qui compilerait des données sur les armements et lui soumettrait un rapport complet sur les mécanismes et les mesures pratiques de désarmement qui s’imposent.


Le Président a réitéré sa position selon laquelle son pays reconnaît que l’acquisition d’armes de destruction massive est interdite conformément aux principes religieux de l’Islam.  Nous estimons nécessaire, a–t-il ajouté, de revitaliser le TNP.  Techniquement, a-t-il ajouté, le cycle de combustion nucléaire iranien est similaire à de celui des pays ayant recours à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  De ce fait, par souci de transparence et comme mesure d’édification de la confiance, l’Iran est prêt à engager de réels partenariats avec les secteurs privés et publics d’autres pays disposant de programmes d’enrichissement d’uranium.  De même, la poursuite de la coopération technique et juridique avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sera au cœur de la politique nucléaire iranienne.  Le lancement et la poursuite de négociations avec les autres États de la communauté internationale ne seront menés que dans le cadre du partenariat entre l’Iran et l’Agence, a annoncé le Président.  Il a précisé que l’approche en matière nucléaire de son pays repose sur plusieurs considérations.  Les précédents internationaux montrent que les contrats pour la fourniture de combustibles nucléaires ne sont pas fiables car ils ne sont pas juridiquement contraignants.  Il est donc légitime pour l’Iran de vouloir recevoir des garanties objectives lui permettant la mise en place d’un programme d’enrichissement d’uranium dans le cycle du combustible nucléaire.  La poursuite de la coopération de l’Iran avec les trois États membres de l’Union européenne dépendra des exigences de sa coopération avec l’AIEA concernant le non-détournement du processus d’enrichissement de l’uranium à des fins qui ne seraient pas pacifiques, ceci dans le respect du cadre tracé par le TNP, a dit M. Ahmadinejad.  L’Iran, a-t-il poursuivi, apprécie la contribution positive de l’Afrique du Sud et du Président Mbeki dans la recherche d’une solution à la question du nucléaire.  Reconnaissant le rôle actif de l’Afrique du Sud au sein du Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, l’Iran souhaite que ce pays participe activement aux négociations sur le nucléaire iranien et aimerait que ces discussions accordent la priorité aux droits qu’ont les États à développer le nucléaire civil dans le cadre du TNP.  L’Iran rejette l’angle discriminatoire sous lequel ont été jusqu’à maintenant abordés les négociations sur ses droits à se doter de l’énergie nucléaire, a conclu le Président iranien.


M. THABO MBEKI, Président de l’Afrique du Sud, a affirmé que l’on assistait à l’érosion continue de l’autorité et du prestige des Nations Unies, remarquant que l’Organisation se voyait progressivement marginalisée dans sa capacité à jouer le rôle que lui assignait sa Charte.  M. Mbeki a signalé que l’ONU devrait disposer de davantage de pouvoirs pour faire face efficacement aux défis qui se présentent à l’humanité, et a estimé que la 60e session de l’Assemblée générale était confrontée à la lourde responsabilité de réaliser la vision contenue dans la Charte.  Remarquant que 60 ans après la création de l’ONU, le monde demeurait gangrené par les problèmes du racisme et de la guerre, il a estimé que l’Organisation avait la tâche urgente de garantir une paix durable en Côte d’Ivoire, au Darfour, au Proche-Orient et en Iraq notamment.


Rappelant que le terrorisme international constituait une menace commune qui nécessitait une réponse multilatérale, M. Mbeki a signalé que la communauté internationale n’avait toujours pas abouti à une définition commune de cette menace, ainsi qu’à une identification de ses causes fondamentales.  Il a également déploré que les questions de désarmement et de non-prolifération d’armes de destruction massive n’aient pas été évoquées dans le Document final adopté vendredi soir.  À cet égard, il a estimé que les négociations avec l’Iran devaient reprendre et que la question devait être réglée avec la complète participation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Le Président de l’Afrique du Sud a enfin remarqué que l’écart entre les riches et les pauvres ne cessait de croître et que le fléau de la guerre était toujours une réalité.  S’il en est ainsi, c’est parce que l’ONU n’a pas eu la volonté de tenir les engagements qu’elle avait pris lors de sa création, a-t-il affirmé, indiquant que l’Organisation devait être réformée afin de mieux refléter les nouvelles réalités du monde actuel.


SULTAN HAJI HASSANAL BOLKIAH MU’IZZADDIN WADDAULAH, Sultan et Yang Di-Pertuan de Negara de Brunéi Darussalam, a déclaré que le terrorisme ne représente rien de moins qu’une attaque contre un ordre mondial qui a lui-même besoin d’être redéfini.  Il a indiqué que les violences que connaît actuellement le monde ne sont pas cependant dues au seul terrorisme, mais aussi aux multiples aspects et impacts de la mondialisation, de la criminalité transnationale organisée, des nouvelles technologies, de l’effritement social et culturel, de la dégradation rapide de l’environnement, ainsi que de la propagation de nouvelles maladies effroyables.  Il a rappelé que lors de la mise au point des Objectifs du Millénaire pour le développement, les États Membres s’étaient accordés à s’attaquer aux racines de la colère, du désespoir, de l’injustice et de la haine, et que les solutions à ces problèmes ne sauraient être imposées; il a ajouté que des questions aussi graves que la prolifération, tant des armes nucléaires que des armes conventionnelles,  la mondialisation, la dégradation de l’environnement, et les injustices sociales, doivent être résolues au niveau international, par le biais du dialogue et de la négociation.  Il a ensuite abordé la question de la réforme des structures de l’Organisation ainsi que de celles du Conseil de sécurité et a réitéré le soutien indéfectible que son pays apporterait au principe de consensus.  Enfin, il a rappelé que contrairement au consensus atteint au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, dont l’objectif était de maintenir la paix, le nouveau consensus devrait se donner pour tâche de créer une infrastructure universelle visant à instaurer une paix juste et durable.


M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, a estimé indispensable le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et pour trouver des réponses mondiales aux problèmes globaux.  Soutenant le processus de réforme en cours, il a partagé la notion de sécurité collective mettant l’accent sur les liens entre la paix, le développement, les droits de l’homme et la primauté du droit.  Il a souscrit à la citation du Secrétaire général qui a déclaré: «  Nous n’aurons pas de développement sans sécurité, nous n’aurons pas de sécurité sans développement, et nous n’aurons ni l’un ni l’autre sans le respect des droits de l’homme ».  Il a salué le consensus sur le renforcement de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social et sur les relations entre l’ONU et les organisations régionales.  Notant l’importance de la protection de l’environnement pour la réalisation des OMD, il s’est félicité du processus en cours pour définir les éléments d’une gouvernance écologique internationale.


Par ailleurs, il a invité le Secrétaire général à étudier la possibilité de la mise en place d’un instrument juridique pour le contrôle international des armes conventionnelles.  Il s’est dit favorable à la mise en place de capacités militaires stratégiques de maintien de la paix et à la création d’une Commission de consolidation de la paix d’ici au 31 décembre 2005.  S’agissant de la situation dans sa région, le Président du Kenya s’est notamment félicité des récents efforts de médiation au Soudan et en Somalie, que son pays a présidé sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il a salué les efforts de la communauté internationale qui se sont traduits par la conférence de contributions d’Oslo pour la reconstruction du Sud Soudan, en estimant qu’il était urgent d’adopter le même type de démarche pour soutenir le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie.  Pour ce qui est de la réforme du Conseil de sécurité, il a souhaité que cet organe soit géographiquement plus représentatif, qu’il tienne mieux compte des réalités du monde actuel, et puisse conduire ses travaux de manière plus transparente.  Il a déclaré que la mise en place du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, et la création d’une Force d’intervention prévue en 2009 étaient des mesures de nature à faire progresser la stabilité en Afrique, afin de favoriser son développement économique.  À cet égard, il s’est félicité des initiatives d’appui prises par l’Union européenne au Burundi et au Darfour. 


M. NICANOR DUARTE FRUTOS, Président du Paraguay, a déclaré que la réforme de l’Organisation était essentielle pour lui permettre d’apporter un meilleur appui à la réalisation d’un développement économique équitable.  La mondialisation doit être gouvernée par des règles et des normes juridiques adoptées par consensus, et à travers des organismes bénéficiant de légitimité et disposant de l’autorité nécessaire, a estimé M. Duarte Frutos, en mettant en garde contre le pouvoir de l’argent, qui ne doit pas l’emporter sur celui de la justice et ne doit pas vider de tout sens la noble mission de l’Organisation des Nations Unies. 


Le Président du Paraguay a dénoncé les barrières commerciales qui s’érigent constamment aux dépends des pays en développement et a regretté que les promesses faites par les nations les plus riches de verser 0,7% de leur PNB à l’aide au développement ne soient pas, à quelques rares exceptions, honorées.  Il est encourageant que les États-Unis se soient déclarés prêts à éliminer toutes leurs subventions à la production et à l’exportation si les autres pays riches en font autant. 


Après avoir dénoncé l’égoïsme persistant de la majorité des pays du Nord, le Président a indiqué que le Paraguay avait atteint une certaine stabilité économique et travaillait à la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance.  « Nous ne sommes pas liés à un dogme politique ou économique quel qu’il soit », a-t-il ajouté.  Plaidant en faveur des pays en développement sans littoral comme le sien, il a demandé que les nouvelles technologies qui pourraient permettre à ces pays de mieux s’intégrer au reste du monde soient mises à leur disposition.  M. Duarte Frutos a ensuite fait part de son inquiétude face à l’augmentation du prix du pétrole qui a un impact négatif sur la croissance économique et la réduction de la pauvreté, ce qui prive l’État de ressources qu’il pourrait investir dans le secteur social.  Le Président a ensuite mis en garde certains pays puissants, qu’il a accusés de dépouiller, à travers des accords injustes, les peuples des pays à économie en développement, de leurs avoirs. 


M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a rappelé son investiture récente en qualité de Président, en même temps que la célébration des 15 ans d’indépendance de son pays.  La naissance de la nation namibienne est directement liée à l’ONU, a-t-il ajouté, puisque la lutte de la population pour l’indépendance avait été soutenue par une résolution du Conseil de sécurité en 1978. Il a ainsi exprimé sa gratitude envers les hommes et les femmes composant la famille des Nations Unies.  Abordant la réforme de l’Organisation, il a insisté sur le respect des principes de démocratie, d’égalité et de justice pour tous.  En ce qui concerne le Conseil de sécurité, le Président a émis le souhait de voir tous les États Membres dotés des mêmes privilèges, y compris le droit de veto s’il est maintenu.  La Namibie, comme elle l’a soutenu lors du Sommet de l’Union africaine en août dernier, considère que le continent africain mérite deux sièges permanents avec droit de veto et cinq sièges non permanents.  Pour ce qui est de l’Assemblée générale, le Président Pohamba a espéré que son autorité sera réaffirmée, pour parvenir au point où ses résolutions et décisions auront force obligatoire.


Pour beaucoup de pays en développement, la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement est sérieusement entravée par le manque de ressources nécessaires, sans compter les maladies telles que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, ainsi que les autres difficultés socioéconomiques.  De l’avis du Président namibien, le Conseil économique et social de l’ONU doit être renforcé afin de diriger la mise en place de programmes nationaux centrés sur les besoins humains.  Il a affirmé que les gouvernements des pays en développement ont la responsabilité de travailler ensemble et d’encourager la participation active du secteur privé et de la société civile.  Parallèlement, les pays les plus avancés doivent offrir un réel partenariat en fournissant des ressources nouvelles.  Enfin, le Président Pohamba a plaidé la cause des peuples de la Palestine et du Sahara occidental, appelant à l’indépendance immédiate et sans condition du premier et à la mise en œuvre du Plan de règlement de l’ONU pour le second.  Enfin, il a demandé à la communauté internationale d’exiger la levée inconditionnelle de l’embargo qui affecte Cuba.


M. IVAN GASPAROVIC, Président de la Slovaquie, a fait remarquer que l’Organisation des Nations Unies, dans sa forme actuelle, ne sera pas en mesure de faire face aux défis qui se présenteront à elle au cours de ce XXIe siècle.  Il a dès lors estimé qu’il fallait davantage revitaliser l’Assemblée générale ainsi que réformer le Conseil économique et social afin de le rendre capable de mettre en œuvre le programme de développement des Nations Unies avec efficacité.  Il a également indiqué qu’il était favorable à un accroissement de l’autorité du Secrétaire général, jugeant qu’il fallait, en parallèle, renforcer l’indépendance et les pouvoirs des organes internes de supervision, afin de garantir davantage de transparence au sein de l’Organisation.  Le Président de la Slovaquie a affirmé que la communauté internationale avait besoin d’un Conseil de sécurité plus démocratique et plus représentatif, et a plaidé pour un élargissement du Conseil dans ses deux catégories de membres.  Il a signalé que son pays était candidat à l’obtention d’un siège de membre non permanent pour les années 2006 et 2007.


Sans une mise en œuvre efficace des engagements qu’ils contiennent, les documents les plus ambitieux et les plus visionnaires ne sont que des bouts de papier rangés sur une étagère, a dit M. Gasparovic en invitant l’Assemblée générale à s’atteler à mettre en œuvre de la meilleure manière les dispositions contenues dans le Document final du Sommet de 2005, plutôt que de se lamenter sur les lacunes du document.  Il a signalé que malgré des moyens limités, la Slovaquie avait multiplié les efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  M. Gasparovic s’est par ailleurs félicité que le Document final dénonce le terrorisme, mais a regretté qu’une définition claire de ce dernier n’ait pas pu être proposée.  Il a également constaté qu’en matière de prolifération d’armes de destruction massive, le Document final laisse plus de questions en suspens qu’il n’offre de réponses.  Il s’est par contre félicité des avancées qu’allait permettre le texte, notamment en ce qui concerne le Conseil des droits de l’homme, le principe de la responsabilité de protéger et la Commission de consolidation de la paix, trois aspects que la Slovaquie avait soutenus.


M. ABDULLAHI YUSUF AHMED, Président du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie, a rappelé que concernant la réforme de l’Organisation des Nations Unies, la Somalie a adopté la position commune prise par l’Union africaine à Syrte.  Il a ensuite évoqué le rôle essentiel joué par l’Organisation lors des 15 années de guerre civile qui ont ravagé son pays.  L’intervention humanitaire onusienne a englobé les points suivants : aide aux populations démunies, création de zones de sécurité, lutte efficace contre la famine, règlement durable et intégré de la crise politique et établissement du Gouvernement fédéral de transition actuel, a indiqué M. Yusuf Ahmed.  Après avoir noté la réinstallation réussie du Gouvernement fédéral de transition de Nairobi en Somalie, il a énuméré les succès et les résultats issus du processus de réconciliation, à savoir: le recrutement et la formation d’une petite force de sécurité dans l’ensemble des régions, la consolidation de l’autorité de l’État sur le territoire, le soutien recueilli auprès des dirigeants au niveau régional et auprès de la population somalienne en général, le recours à une gouvernance responsable, et une dynamique politique axée sur la réalisation d’une paix durable en Somalie.


Le Président somalien a ensuite indiqué que son pays avait besoin d’une aide rapide dans un certain nombre de domaines, dont notamment l’aménagement des infrastructures; le renforcement de la sécurité avec le recrutement d’une force nationale de police; et la mise en œuvre de programmes de pacification et de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.  Il a appelé à la levée de l’embargo sur la fourniture d’armes à la Somalie et a demandé la prise de sanctions ciblées à l’égard de certains individus et groupes, dont les profiteurs de guerre et les terroristes.  Enfin, il a demandé à la communauté internationale de respecter ses engagements envers son pays de manière opportune et décisive.


M. TABARÉ VÁZQUEZ, Président de l’Uruguay, a réitéré les principes qui dictent la politique étrangère de l’Uruguay à savoir le rejet ferme de toute forme de terrorisme, de violence et de discrimination; un engagement solide en faveur de la paix, de la souveraineté, de la démocratie et de la solidarité; le droit inaliénable de tous les États à des frontières stables et sûres; le respect du droit international, la non-intervention dans les affaires internes des pays; l’adhésion au multilatéralisme comme moyen de renforcer le droit international et l’indivisibilité de tous les droits humains.  Le Président Vázquez a estimé nécessaire de renouveler les engagements en faveur des Objectifs du Millénaire en matière de développement dont la mise en œuvre, en Uruguay, constitue une politique sociale intégrée.  Il a réitéré la détermination de son pays à participer aux opérations de maintien de la paix et a offert l’appui de l’Uruguay à l’initiative de créer une commission de consolidation de la paix.  Il est impératif de rejeter la violence et de s’attaquer à ses causes, a-t-il recommandé.  Notant que tous êtres humains veulent vivre dans la dignité, M. Vázquez a mis en garde contre la promotion de type de sociétés où de plus en plus l’opulence d’une minorité contraste avec la pauvreté de la majorité dont les droits fondamentaux se trouvent ainsi bafoués.


M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a déclaré que l'ONU devait être investie de l'autorité nécessaire pour imposer la paix, l'ordre et la stabilité dans le monde.  Il a appuyé la création d'un Conseil des droits de l'homme en souhaitant qu'il suive de très près la situation dans chaque pays et qu'il puisse disposer de compétences pertinentes pour aider les pays à appliquer les recommandations du Conseil économique et social (ECOSOC).  Plutôt que l'application de sanctions, il a estimé nécessaire d'aider les États à assimiler les concepts démocratiques en tenant compte de leurs réalités politiques et socioculturelles.  Il a déclaré que le Conseil de sécurité devait être le premier à agir selon des principes démocratiques et à les respecter.  S'agissant de sa réforme, il a ajouté, qu'il ne s'agissait pas tant d'augmenter le nombre de ses membres que de repenser son fonctionnement.  Il a suggéré d'examiner les raisons des différents échecs du Conseil depuis sa création en 1945.  À cet égard, il a demandé la suppression du droit de veto qui ne sert qu'à bloquer la volonté de la majorité des États Membres et de leurs peuples au profit des intérêts de quelques nations privilégiées.  Si ce droit devait être maintenu, a-t-il ajouté, le continent africain devrait lui aussi pouvoir en disposer. 


Abordant la question de la criminalité transnationale et du terrorisme, il a regretté qu'aucune mesure n'ait été prise à l'encontre des terroristes qui le 6 mars 2004 ont essayé de renverser le gouvernement constitutionnel de son pays, en dépit du fait que les nationalités de ces personnes aient été clairement établies.  Il a souhaité que l'ONU parvienne à une définition claire du terrorisme faisant l'économie de toute interprétation tendant à justifier la violence.  Il a demandé que la criminalité transnationale organisée, comme le terrorisme et le mercenariat, fasse l'objet d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale.  Par ailleurs, il a assuré de la plus grande attention que porte son gouvernement à l'intégration de la femme dans tous les processus du développement.  Il a rappelé la responsabilité de chaque pays en matière de développement durable, en indiquant que l'aide internationale et bilatérale devait seulement venir compléter les efforts nationaux.  Enfin, il a précisé que son pays avait souscrit à l'Initiative de transparence dans l'exploitation des ressources minérales, promue par le Royaume-Uni, et a souhaité la création d'un organisme international de contrôle qui superviserait l'action des gouvernements et des opérateurs économiques. 


Mme KHALEDA ZIA, Première Ministre du Bangladesh, a réaffirmé le rôle central des Nations Unies dans la gestion des problèmes du monde, qualifiant l’Organisation de « bastion de la paix, de la justice et du développement ».  La réforme de l’ONU est nécessaire afin de renforcer son efficacité, a-t-elle ajouté.  Évoquant les récents attentats terroristes de Londres et du Caire, Mme Zia a rappelé que son pays a accédé à toutes les conventions antiterroristes des Nations Unies.  Elle a émis le souhait de voir rapidement conclu le projet de convention générale dans ce domaine.  Retraçant l’aventure démocratique du Bangladesh, débutée en 1975, la Première Ministre a indiqué que les élections de 2001 y ont connu un taux de participation de 70% de l’électorat, avec un nombre élevé de femmes.


Dans le domaine du développement, le Bangladesh a mis en place une série de mesures pour réduire la pauvreté, notamment en promouvant des programmes économiques créateurs d’emplois.  La Première Ministre a précisé que le pays a atteint deux des Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir l’élimination de la disparité entre garçons et filles scolarisés dans les écoles primaires et secondaires, et l’accès à l’eau potable. Pour lutter contre la pauvreté, Mme Zia a mis l’accent sur l’aide au développement, se montrant favorable à des initiatives de financement innovantes.  Passant à la question de la consolidation de la paix, Mme Zia a soutenu le projet d’une Commission des Nations Unies sur la question, rappelant l’importante participation de son pays dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, elle a exprimé son soutien à la cause de la Palestine et a souhaité voir la situation qui prévaut en Iraq résolue dans le respect des intérêts des Iraquiens.


M. JEAN-PAUL PROUST, Premier Ministre de la Principauté de Monaco, a estimé que la création du Conseil des droits de l’homme et l’établissement d’une Commission de consolidation de la paix marqueront un tournant important dans l’histoire de l’Organisation des Nations Unies.  En conformité avec le Document final adopté vendredi, l’Assemblée générale devra renforcer le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme, établir le Bureau d’assistance juridique au sein du Secrétariat et engager un travail constructif afin que le concept naissant de responsabilité de protéger devienne le plus rapidement possible du droit positif, a-t-il ajouté.  M. Proust a également rappelé le devoir de mettre fin à l’impunité des crimes commis contre les enfants, citant les différentes démarches entreprises par la Principauté de Monaco afin de défendre les droits et les intérêts des enfants.  Il a par ailleurs plaidé pour la création d’une Organisation des Nations Unies pour l’environnement, estimant que l’adoption de nombreuses conventions, protocoles et accords faisaient que le Programme des Nations Unies pour l’environnement ne constituait plus le cadre idéal pour coordonner les actions et s’assurer de leur efficacité.


Confirmant que la Principauté de Monaco donnait son plein accord au Document final, M. Proust a indiqué que la sécurité collective, le respect des droits de l’homme et la lutte contre la pauvreté et la maladie passaient par une organisation administrative plus efficiente, par une meilleure représentation de la communauté internationale, notamment au Conseil de sécurité, et par l’accomplissement des Objectifs du Millénaire pour le développement.  À cet égard, il a signalé que son gouvernement avait réorienté sa politique de coopération internationale afin de contribuer plus efficacement aux OMD.  Remarquant que l’aide publique monégasque au développement avait été quintuplée lors des 10 dernières années, il a expliqué qu’elle devrait continuer d’augmenter afin d’atteindre rapidement le taux de 0,7% du Produit intérieur brut (PIB).


M. IBRAHIM AL-JAAFARI, Premier Ministre de l'Iraq, a rappelé que son pays venait de sortir de 35 années de dictature, durant lesquelles le monde n'avait pas conscience des crimes qui y étaient commis.  Il a déclaré que depuis la fin de la dictature, l’Iraq avait franchi beaucoup d’obstacles, avec la tenue d'élections en janvier 2005, la formation d'un gouvernement représentatif le 3 mai 2005, et la rédaction d'une constitution qui doit être présentée au peuple iraquien en octobre.  Cette constitution, a-t-il dit, assurera l'égalité de tous les citoyens, restaurera les droits des femmes, garantira la liberté de religion, de pensée et d'expression ainsi que l'autonomie régionale.  Il a affirmé que son pays, malgré les difficultés, progressait vers la stabilité et la prospérité économique.  Il a précisé que le nombre d'attentats-suicide à la voiture piégée était passé de 61 à 9 entre les mois de juillet et d’août, et que le nombre d’assassinats était passé de 255 à 9.  Il a précisé que les forces iraquiennes continuaient de s'entraîner pour prendre en charge progressivement tous les domaines de sécurité assumés par les forces multinationales.  Soulignant les progrès réalisés par son pays, il a exhorté les pays créditeurs à annuler les dettes accumulées par le précédent régime.  Saluant le rôle constructif des Nations Unies et sa contribution à la réussite des élections par le biais de la MANUI, il a exhorté l'ONU à rouvrir ses bureaux en Iraq pour y soutenir le processus de reconstruction.  Il a ensuite invité la communauté internationale à adopter un programme de sauvegarde du patrimoine archéologique iraquien, dont la valeur est inestimable.


Par ailleurs, il a déclaré que l'Iraq continuait de payer le prix des attentats terroristes commis par des nostalgies de l’ancien régime de Saddam Hussein.  Il a appelé le monde a soutenir la lutte des Iraquiens contre le terrorisme contemporain, né le 11 septembre 2001, et il a exhorté la communauté internationale à combattre toutes les manifestations du terrorisme et leurs auteurs et inspirateurs.


Mme LAILA FREIVALDS, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a d’abord évoqué l’image d’un petit garçon de la région du Darfour, victime de la peur, de la souffrance, de la faim et de la violence absurde, et a constaté que les efforts de l’Organisation, qui dispose des instruments permettant de prévenir les conflits, de mettre fin à l’oppression, de réduire la pauvreté, de protéger l’environnement et de vaincre des maladies mortelles, avaient fait cruellement défaut aux pauvres et aux opprimés du monde.  Elle a souligné qu’un nouvel ordre international, fondé sur le droit et applicable à toutes les nations, était nécessaire.  Elle a ensuite passé en revue les divers défis qui doivent être relevés.  Elle a à cet égard mentionné la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, à travers laquelle avec laquelle pourrait s’opérer l’éradication de la pauvreté; l’allocation par les pays développés de 0,7% de leur PNB à l’aide au développement d’ ici 2015; la lutte contre la mortalité infantile et maternelle; l’accès des femmes à la santé génésique; l’amélioration de l’accès des pauvres aux biens et aux services; la disparition progressive des subventions agricoles; la lutte contre les changements climatiques et la mise en œuvre du Protocole de Kyoto et de la Convention des Nations Unies afférente.  Poursuivant cette énumération, la Ministre a évoqué la lutte contre le terrorisme, qui doit être associée au respect des normes relatives aux droits de l’homme.  Elle a souhaité que l’ONU soutienne une promotion améliorée des droits de l’homme avec la création d’un Conseil des droits de l’homme, et un engagement contre les actes de génocide, de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.  L’ONU devrait aussi mieux contrôler la prolifération des armes de destruction massive, à travers un renforcement de ses processus de vérification.  La Suède soutient la mise en place rapide d’une Commission de consolidation de la paix, et une réforme du Conseil de sécurité avec un recours limité au droit de veto, a dit la Ministre.


M. NOBUTAKA MACHIMURA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a fermement approuvé le Document final adopté lors du Sommet de haut niveau, qui vient de s’achever.  Les Nations Unies doivent disposer d’une meilleure capacité de consolidation de la paix, et nous espérons que la Commission créée à cet effet le permettra.  Dans la bande de Gaza, a–t-il ajouté, le Japon a engagé plus de 110 millions de dollars depuis le début de l’année dans l’espoir de voir redémarrer le processus de la Feuille de route.  Le Ministre a aussi expliqué que son pays est le plus grand donateur au Fonds de contributions volontaires pour la reconstruction de l’Iraq, et a pris la tête des efforts des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion dans ce pays.


Passant au désarmement et à la non-prolifération des armes nucléaires, le Ministre a indiqué que le Japon présentera cette année, une fois de plus, une résolution présentant un véritable programme permettant de renforcer le désarmement et la non-prolifération.  Il a trouvé regrettable que la Conférence d’examen du TNP de 2005 se soit achevée sans qu’un document de fond ait été adopté, et que le Document final du Sommet n’ait pas dégagé de consensus sur cette question.  Le Programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée constitue un défi de taille au régime de non-prolifération international et une menace directe à la paix et la stabilité en Asie du Sud-Est, a-t-il estimé.  Nous déploierons tous les efforts pour que la question nucléaire, les missiles et la question des disparitions de personnes trouvent une solution qui soit conforme à la Déclaration de Pyongyang, a dit M. Machimura.  Le Ministre a par ailleurs estimé que la question iranienne devait être réglée par des moyens pacifiques et il a demandé instamment à ce pays de suspendre ses activités de conversion d’uranium et de revenir à la table des négociations avec l’Union européenne.


Passant aux questions de développement, le Ministre a indiqué que le Japon verse un cinquième du montant total mondial de l’aide publique au développement.  Nous sommes déterminés à maintenir notre soutien pour aider les pays à atteindre les Objectifs du Millénaire en matière de développement, a dit M. Machimura.  Mais pour cela, il sera indispensable de trouver des solutions aux problèmes de l’Afrique.  Le Japon doublera le montant de l’APD en faveur de l’Afrique au cours des trois prochaines années et il accueillera en 2008 la IVe Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), a indiqué le Ministre.  Le Japon s’est également engagé à verser 500 millions de dollars au Fonds mondial contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, et contribuera 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années à l’Initiative de développement de la santé.  


Liste des orateurs


Outre le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan et le Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, Jan Eliasson (Suède), ont pris part à cette première journée de débat général les chefs d’État et de gouvernement des pays suivants: Nigéria, Panama, Ghana, Kirghizistan, Colombie, Jamaïque, Sri Lanka, République islamique d’Iran, Afrique du Sud, Brunéi Darussalam, Kenya, Paraguay, Namibie, Slovaquie, Somalie, Uruguay, Guinée équatoriale, Bangladesh, Monaco et Iraq. 


Ont également pris la parole la Secrétaire d’État des États-Unis et les Ministres des affaires étrangères du Royaume-Uni, du Brésil, de la Suède et du Japon. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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