TROIS ANS APRÈS MONTERREY, LE SOMMET DES DIRIGEANTS DU MONDE RÉFLÉCHIT À DE NOUVELLES FORMES DE MOBILISATION DE RESSOURCES POUR LE DÉVELOPPEMENT
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Assemblée générale
Réunion sur le financement du développement
3ème séance plénière – matin
TROIS ANS APRÈS MONTERREY, LE SOMMET DES DIRIGEANTS DU MONDE RÉFLÉCHIT À DE NOUVELLES FORMES DE MOBILISATION DE RESSOURCES POUR LE DÉVELOPPEMENT
« Ce dernier quart de siècle a été marqué par le recul le plus spectaculaire de l’extrême pauvreté », a déclaré ce matin le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, au cours de la Réunion distincte sur le financement du développement, organisée dans le cadre de la Réunion plénière de haut niveau marquant le soixantième anniversaire de l’Organisation.
Trois ans après la Conférence de Monterrey de mars 2002 sur le financement du développement, Kofi Annan a estimé qu’en dépit de certains efforts, la solidarité internationale était encore loin de répondre aux besoins, avant de lancer un appel en faveur d’un pacte pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, dans l’esprit du Consensus de Monterrey. En ce qui concerne la mobilisation des ressources, Kofi Annan s’est félicité des mesures prises par l’Union européenne pour porter progressivement à 0,7% la part de PNB de ses États membres consacrée à l’aide publique au développement d’ici à 2015, ainsi que de la mesure d’allègement substantiel de la dette de 18 pays pauvres très endettés prise par les membres du G-8 en juillet dernier lors du Sommet de Gleneagle. Le Secrétaire général a toutefois invité la communauté internationale à faire davantage pour appuyer les efforts des pays en développement par des réformes de grande envergure à l’échelle mondiale en améliorant et en augmentant l’aide; en adoptant des politiques commerciales qui donnent leur chance aux pays en développement, ou encore en investissant davantage dans les pays les plus pauvres.
Considérant à son tour que les esprits étaient aujourd'hui mûrs pour mettre en place de nouveaux mécanismes de financement du développement et de lutte contre l’extrême pauvreté, le Premier Ministre français, Dominique de Villepin, a jugé nécessaire de tirer parti des richesses engendrées par la mondialisation pour mobiliser des ressources stables et pérennes au profit des pays pauvres, ajoutant qu'il s'agissait là d'une exigence de justice, de solidarité et de paix. M. de Villepin a rappelé qu'avec l'Algérie, l'Allemagne, le Brésil, le Chili et l'Espagne, la France appelait la communauté internationale à aller de l'avant en établissant un premier prélèvement international de solidarité sur les billets d'avion, que son pays propose d'affecter en priorité à la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.
Les Présidents du Chili, Ricardo Lagos Escobar, et du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, saluant l’initiative française, se sont engagés à appliquer sans attendre cette mesure visant à imposer une surtaxe sur les billets d’avion. Soucieux de trouver de nouvelles sources de financement en faveur du développement, le Président brésilien a indiqué ensuite qu’il proposerait à l’Assemblée générale une mesure visant à alléger les frais d’envois sur les transferts de fonds privés vers les pays en développement. En 2004, ces envois de fonds de travailleurs expatriés originaires de pays en développement se sont élevés à plus de 100 milliards de dollars, soit un peu plus du double de l’aide publique au développement, a précisé le Président du Gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, partageant ainsi la position exprimée par le Président de l’Ouganda, Yoweri Kaguta Museveni, qui suggérait que cette source importante de fonds pouvant être mise au service du financement du développement soit mieux structurée.
Au-delà de ces mesures novatrices de mobilisation de ressources pour le financement du développement et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, plusieurs intervenants ont plaidé, à l’instar du Président nigérian Olusegun Obasanjo, qui intervenait au nom de l’Union africaine, ou du Président mexicain Vicente Fox, en faveur de la suppression des subventions agricoles par les pays développés et d’une plus grande ouverture des marchés des pays développés, ces éléments devant faire l’objet de décisions lors de la 6ème Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce en décembre prochain à Hong Kong. « Une augmentation de la participation des pays en développement de l’ordre de 1% au commerce mondial représenterait des flux financiers bien supérieurs aux 50 milliards de dollars d’aide publique au développement, a relevé le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui, faisant part de la disponibilité de l’Union européenne à soutenir l’intégration des pays en développement au commerce mondial sur une base équitable, a invité ces États à améliorer leurs cadres de gouvernance.
Déclarations
M. VICENTE FOX, Président des États-Unis du Mexique, Chef de la délégation du pays hôte de la Conférence internationale sur le financement du développement, s'est félicité de l'Accord de dernière heure obtenu en matière de réforme de l'Organisation des Nations Unies en saluant tout particulièrement l'accent mis sur le financement du développement et le développement humain. Rappelant les objectifs concrets de la Conférence sur le financement du développement qui s'est tenue à Monterrey en mars 2002, il a précisé que sept des douze objectifs qui y sont mentionnés avaient déjà été réalisés, quatre autres étant sur le point de l'être. Il a jugé qu'il était possible d'aller plus loin en matière de réduction de la pauvreté et de réduction des disparités entre hommes et femmes, ou encore en matière d'éducation. Cela serait possible si des objectifs clairs et quantifiables sont identifiés et si leur réalisation respecte une date butoir. M. Fox a estimé que le monde ne pouvait plus être constitué de petits îlots de prospérité au milieu des océans de misère dans lesquels vit la majorité de sa population. Il a souhaité que les mécanismes de coopération pour le développement conclus à Monterrey portent leurs fruits le plus rapidement possible. Il a déclaré qu’il était nécessaire d'améliorer l'efficacité de l'aide et de la consacrer prioritairement à la lutte contre la pauvreté, et a salué la décision du Groupe des huit d'annuler la dette des 18 pays les plus pauvres du monde. Notant l'importance des questions commerciales en matière de lutte contre la pauvreté, il a souhaité que les négociations de Doha se traduisent par des résultats concrets en matière d’amélioration de l'accès au marché. Nous ne pourrons pas éliminer les différentes menaces en matière de sécurité, a-t-il prévenu, tant que nous n’aurons pas progressé dans la mise en œuvre de nos engagements concernant le domaine du développement, a estimé le Président du Mexique.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a noté que ce dernier quart de siècle avait été marqué par le recul le plus spectaculaire de la pauvreté extrême que le monde ait jamais connu. Mais, a-t-il ensuite souligné, la solidarité internationale est encore loin de répondre aux besoins, en dépit de l’engagement pris en septembre 2000 dans la Déclaration du Millénaire. Rappelant l’objectif défini par les dirigeants réunis il y a trois ans à Monterrey pour le financement du développement en appui à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, M. Kofi Annan s’est félicité des mesures prises par l’Union européenne pour porter progressivement à 0,7% la part de PNB de ses États membres consacrée à l’aide publique au développement, ainsi que de la mesure d’allègement substantiel de la dette de plusieurs pays prise par les membres du G-8 en juillet dernier. De nouvelles idées prometteuses concernant le financement du développement sont à l’étude, a-t-il ensuite dit, en mentionnant, entre autres, la Facilité de financement internationale.
Le Secrétaire général a ensuite souligné que la qualité de la gouvernance s’améliorait rapidement dans la plupart des régions du monde en dépit d’une persistance de la misère accumulée. Aussi a-t-il lancé un appel en faveur d’un pacte pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et ce, dans l’esprit du Consensus de Monterrey. Invitant les États à améliorer la bonne gouvernance, le Secrétaire général a invité la communauté internationale à appuyer les efforts des pays en développement par des réformes de grande envergure à l’échelle mondiale en améliorant et en augmentant l’aide; en adoptant des politiques commerciales qui donnent leur chance aux pays en développement; et en investissant davantage dans les pays les plus pauvres. Soulignant le rôle clef de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social dans cette entreprise, M. Annan a jugé ensuite que si le document final du Sommet, adopté hier, ne répondait pas à tous les espoirs, le Sommet avait cependant joué un rôle de catalyseur. Le document final trace la voie vers un véritable partenariat mondial pour le développement, a-t-il estimé.
« L’occasion nous est donnée de sauver des dizaines de millions de vies dans les 10 ans qui viennent et d’arracher des centaines de millions de personnes à la misère, ne les décevons pas », a conclu le Secrétaire général.
M. PERVEZ MUSHARRAF, Président de la République islamique du Pakistan, a affirmé qu’il était possible d’insuffler un élan politique pour mettre fin à la pauvreté. En premier lieu, de bonnes politiques nationales et une gouvernance efficace sont indispensables, a-t-il souligné, rappelant à cette occasion que son pays avait atteint une stabilité macroéconomique et une croissance annuelle de 8,4% – l’une des plus rapides du continent asiatique. Mais le développement reste hors de portée sans un financement adéquat et à cet égard, la mobilisation des ressources nationales est capitale. Elle doit cependant être appuyée par un financement externe, dont l’aide publique au développement (APD) reste le plus important pour les pays pauvres. Il a salué sur ce point l’engagement de la plupart des pays développés à consacrer 0,7% de leurproduitnationalbrut (PNB) à l’APD, ainsi que la déclaration du G-8 de favoriser l’effacement de la dette des pays les plus pauvres. Le Président Musharraf a ensuite encouragé le recours à l’investissement direct à l'étranger dans de nombreux pays en développement, soulignant la nécessité d’instaurer un système commercial international ouvert et équitable pour assurer une croissance et un développement durables. Enfin, il a affirmé qu’une bonne gouvernance mondiale devait venir à l’appui de celle des États, ce qui implique une plus grande équité dans l’élaboration des politiques économiques.
M. PAUL WOLFOWITZ, Président de la Banque mondiale, a rappelé qu’il y a cinq ans, dans cette même salle, les dirigeants des pays riches comme ceux des pays pauvres avaient fait des promesses audacieuses destinées à lancer de manière historique la lutte contre la faim, la pauvreté et la maladie. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) constituent une mesure dont la responsabilité de la mise en œuvre nous incombe et nous devrons en rendre compte à l’humanité, a-t-il déclaré. Il a indiqué que si certains pays avaient progressé dans la réalisation des OMD, de nombreux pays pauvres, particulièrement en Afrique subsaharienne, n’atteindraient pas ces objectifs dans les temps impartis. Il a demandé à la communauté internationale d’établir des plans réalistes qui pourraient aider ces pays à se mettre sur la bonne voie. Le Président de la Banque mondiale a ensuite appelé les pays en développement à améliorer leurs performances économiques et a exhorté les nations développées à respecter leurs engagements concernant l’accroissement de l’aide publique au développement. Par ailleurs, il a demandé aux pays riches d’accélérer l’élimination de leurs barrières tarifaires et de mettre fin aux subventions agricoles qui faussent le fonctionnement des marchés et portent atteinte au commerce des pays en développement.
M. Wolfowitz a par ailleurs souhaité le renforcement du secteur privé dans le domaine économique et une plus grande participation de la société civile à la gouvernance. M. Wolfowitz a ensuite cité comme symbole du rêve de nombreux Africains l’histoire d’une Rwandaise, Béatrice Gakuba, qui a quitté une vie confortable en Occident pour lancer une entreprise d’horticulture dans son pays d’origine. Sa ferme fournit désormais des emplois à près de 200 femmes vivant en milieu rural, a-t-il indiqué, en soulignant ensuite qu’aujourd’hui le manque d’infrastructures représentait l’obstacle majeur à la création d’emplois dans les pays du Sud. Il a indiqué que le Rwanda avait été cité par la Banque mondiale comme un modèle pour l’Afrique en ce qui concerne la réforme du cadre des affaires et de l’investissement, ce qui entraîné une augmentation moyenne de sa croissance, qui a été de 6% par an au cours de ces sept dernières années. Soulignant que la responsabilité de faire plus ne pouvait reposer uniquement sur les pays en développement, il a déclaré que, la semaine dernière, la Banque mondiale avait discuté d’un Plan d’action pour l’Afrique afin d’y accélérer la croissance et d’aider les pays de ce continent à atteindre les OMD.
Le Président de la Banque mondiale a estimé que la direction que les pays choisissaient aujourd’hui pouvait aider des millions de personnes vivant dans une pauvreté extrême à en sortir.
M. RODRIGO DE RATO Y FIGAREDO, Directeur général du Fonds monétaire
international, a souligné l'importance de politiques dans les pays à faible revenu qui favorisent la croissance économique. Citant trois conditions indispensables au développement, il a insisté sur l'importance de la stabilité économique et financière, d'une politique structurelle qui aide le secteur privé à se développer, et d'un environnement extérieur favorable. Il a ajouté que l'aide du FMI se concentrait sur le développement d'institutions économiques fondamentales permettant au secteur privé de se développer. Il s'est dit conscient des conséquences néfastes des politiques protectionnistes des pays développés sur les agricultures des pays en développement. Il a précisé que le FMI défendait depuis longtemps l'augmentation de l'APD et la réduction de la dette. Tout en soulignant l'importance de l'aide, il a aussi reconnu indispensable que celle-ci soit prévisible et puisse correspondre aux réels besoins des pays. Le FMI, a-t-il ajouté, a pour objectif d'aider les pays en développement à améliorer leurs politiques macroéconomiques et leurs dépenses publiques. Enfin, il a déclaré que le bien-être et la sécurité de tous étaient liés, en estimant que nous devions faire honneur à nos engagements afin que les enfants de la planète puissent avoir un avenir plus lumineux.
M. PERCIVAL JAMES PATTERSON, Premier Ministre et Ministre de la défense de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que malgré les engagements des pays développés d’augmenter l’aide publique au développement (APD), de réduire ou d’éliminer la dette, d’ouvrir les marchés aux produits des pays en développement, et d’encourager l’investissement privé dans ces derniers, on constate que les transferts de ressources financières du Sud vers le Nord se poursuivent. Depuis le Sommet du Millénaire, les pays en développement ont effectué un transfert net de plus de 1174,3 milliards de dollars vers les pays développés, a-t-il précisé. Il a estimé que cette situation s’expliquait, entre autres, par le fait que les retombées des initiatives et des programmes en faveur des pays en développement étaient soit négligeables, soit bloquées dans des négociations, soit assorties de conditions trop strictes. Il a rappelé les efforts des pays en développement pour augmenter leurs ressources domestiques qui, au lieu d’être investies dans le développement, servent en fait à honorer le service de la dette. M. Patterson a regretté que jusqu’à récemment, les engagements du Consensus de Monterrey n’aient pas été mis en œuvre, notamment en ce qui concerne la mobilisation de ressources financières pour le développement. Toutefois, il s’est dit encouragé par les engagements récents promettant des augmentations substantielles de l’aide publique au développement (APD), et par la mise en place par l’Union européenne d’un calendrier ferme pour atteindre l’objectif de 0,7% d’APD. Il a cependant rappelé le lourd fardeau que constitue la dette pour les pays en développement ainsi que le manque de progrès dans les négociations de Doha. Il a estimé que l’obstacle le plus important dans la réalisation des OMD était le manque de financements, et qu’il fallait maintenant non seulement établir à cet égard des objectifs, mais aussi veiller à leur réalisation.
M. OLUSEGUN OBASANJO, Président de la République fédérale du Nigéria, intervenant en sa qualité de Président de l’Union africaine, a admis que la responsabilité première dans le domaine du développement de l’Afrique était avant tout celle des pays africains qui, avec le Nouveau partenariat économique pour le développement (NEPAD), disposent désormais d’un cadre leur permettant de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, grâce notamment à la mobilisation d’une épargne nationale. Saluant les diverses mesures prises depuis le Consensus de Monterrey de 2002 pour accroître l’aide publique au développement et les investissements étrangers directs, le Président nigérian s’est particulièrement félicité de la décision du G-8 d’alléger la dette de 18 pays pauvres, de même que de l’initiative britannique d’une Facilité de financement internationale ou de celle de la France de mobiliser des fonds supplémentaires par la création d’une taxe sur les billets d’avion. Il s’est félicité des mesures prises par certains pays développés, qui ont d’ores et déjà atteint l’objectif de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. Le Président Obasanjo a ensuite souhaité que les négociations commerciales qui se poursuivent dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce aboutissent, afin de parvenir à l’Agenda du développement de Doha et de lever les obstacles tarifaires et commerciaux qui bloquent le développement des pays du Sud. Il a, à cet égard, souhaité l’élimination des subventions agricoles et des barrières tarifaires et sanitaires qui faussent le fonctionnement des mécanismes du marché.
M. HILARY BENN, Secrétaire d'État au développement international du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, intervenant au nom de l’Union européenne, a rappelé que les pays de l'Union européenne avaient décidé d'ici 2015 de doubler leur assistance aux pays en développement. Il a rappelé que le G-8 et l'Union européenne étaient déterminés à annuler la dette des pays les plus pauvres. Néanmoins, il a souligné l'importance de nouvelles sources d'aide au développement en saluant l'exemple que constitue la Facilité de financement internationale mise en place l'année dernière, soit 4 milliards de dollars au fin de la vaccination ayant pour objectif de sauver 5 millions d'enfants. Il faut, a-t-il conclu, que nous réagissions concrètement et que nous traduisions en réalité nos engagements car nous avons une dette à l'égard de tous ceux qui n'ont pas les moyens d'aller à l'école et qui se couche le ventre creux.
M. MATHIEU KÉRÉKOU, Président de la République du Bénin, en sa qualité de Président du Bureau de coordination des pays les moins avancés, a déclaré que la Conférence de Monterrey constituait dans l’histoire des Nations Unies l’aboutissement d’une prise de conscience des problèmes de développement. Dans ce cadre, a-t-il dit, il est nécessaire d’y apporter des solutions en procurant aux pays, et aux pays les moins avancés (PMA) en particulier, les ressources financières adéquates dont le fondement solide est le partenariat entre pays riches et pauvres.
En adoptant le Programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2001-2010, la Communauté internationale avait renouvelé son engagement résolu à aider les PMA à s’attaquer aux mécanismes structurels dont l’engrenage renforce dangereusement leur pauvreté. Toutefois, malgré les sacrifices consentis, nos économies continuent d’être marginalisées et nos balances commerciales sont de plus en plus déficitaires. C’est pourquoi, il nous incombe, nous, pays les moins avancés, de poursuivre inlassablement nos efforts dans les domaines de la bonne gouvernance, de l’édification de l’état de droit, de la lutte contre la corruption et de la participation de nos populations dans les processus de décision à tous les niveaux.
M. Kérékou a par ailleurs exprimé le souhait que la mise en place de mécanismes novateurs de financement du développement ne détourne pas l’attention de la communauté internationale de la mise en œuvre des engagements pris lors de la Conférence de Monterrey. Il a également demandé qu’en vue de réduire de moitié, d’ici 2015, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, de nouvelles actions devaient être menées pour permettre un allègement supplémentaire de la dette aussi bien multilatérale que bilatérale de tous les PMA.
L’accès des pauvres aux services de financement est un outil puissant de lutte contre la pauvreté, a encore dit M. Kérékou. Le microfinancement est un élément important du secteur financier et doit être traité en tant que tel, a-t-il ainsi précisé. Le Président du Bénin a estimé qu’un large éventail de services de financement devrait permettre aux PMA d’investir dans des activités génératrices de revenus et contribuer à satisfaire des besoins vitaux dans des domaines tels que la santé, l’éducation et l’alimentation.
M. RAFAEL BIELSA, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, qui prenait la parole au nom du Groupe de Rio, a souligné que la démocratie était une condition essentielle au développement. Il a estimé que la situation dans laquelle se trouve en ce moment l’Amérique latine démontrait que la croissance économique ne servait pas le développement si ses fruits ne profitaient pas à tous et aggravaient les inégalités sociales. Il a dit qu’en raison des réalités de la mondialisation, le développement ne pouvait aujourd’hui être promu que si on parvenait à créer un environnement international favorable. Il a souhaité l’accélération de la réforme de l’architecture financière mondiale, le cadre actuel étant, selon lui, inefficace et dépassé. Les principes de transparence et de responsabilité constituent les piliers de l’établissement d’un système plus équitable et plus démocratique, a-t-il estimé. Insistant sur le rôle que devraient jouer des institutions internationales de financement, il a déploré le caractère des politiques préconisées par le Fonds monétaire international (FMI) qui, selon les membres du Groupe de Rio, ont aggravé la pauvreté dans les pays en développement. Parmi les autres obstacles au développement, il a cité les structures actuelles du commerce mondial, en soulignant les contradictions des pays riches, qui tout en vantant les mérites du libre marché protègent leurs marchés nationaux et subventionnent leurs propres secteurs de production. M. Bielsa a estimé que le poids de la dette entravait la réalisation des OMD et a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle applique les nombreux accords agréés au niveau mondial en indiquant que le financement pour le développement devait être perçu comme une priorité et non pas comme un geste de charité.
M. NAVINCHANDRA RAMGOOLAM, Premier Ministre de la République de Maurice, intervenant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (PEID), a rappelé les contraintes et la vulnérabilité auxquelles font face les PEID en matière de transports, d’enclavement, d’infrastructures, et de changements climatiques. Il a ensuite indiqué que les chances qu’avaient ces pays d’attirer des capitaux étrangers avaient souffert de la récente montée des cours du pétrole, qui ont eu un impact sévère sur leur économie.
Il a réitéré les appels lancés par les PEID lors de la Conférence de Monterrey, notamment en ce qui concerne l’augmentation de l’aide publique au développement, l’accroissement des investissements étrangers directs, l’ouverture des marchés internationaux, et la prise en compte de la vulnérabilité des PEID face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles. Il a rappelé que la réunion de Maurice, qui a eu lieu au début de 2005, et était consacrée au développement des PEID avait réitéré l’urgence de prêter une attention spéciale aux besoins de ces pays, notamment en matière d’accès aux marchés, dans la mesure où leurs économies ne reposent en général que sur un seul produit d’exportation. Le Premier Ministre de Maurice a ensuite demandé que les mécanismes de financement internationaux destinés à la protection de l’environnement donnent aux petits États insulaires les moyens qui leur permettraient de mieux anticiper les catastrophes naturelles et de faire face à leurs conséquences sur les économies qui sont déjà bien fragiles.
M. DENZIL DOUGLAS, Premier Ministre et Ministre des finances, du développement, de la planification et de la sécurité nationale de Saint-Kitts-et-Nevis, intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes, a déclaré que l'adoption du Consensus de Monterrey n'était pas considérée comme la panacée tout en reconnaissant qu'il s'agissait d'un vaste programme d'action qui allait au-delà des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Après trois ans, a-t-il regretté, la communauté internationale n'a pas été à la hauteur des attentes notamment par son incapacité à mobiliser les montants nécessaires en matière d'aide au développement. Il a estimé que le succès des petits pays en développement passait par la transformation et la reconstruction des petites économies.
S'agissant de la mobilisation des ressources nationales pour le financement du développement, a-t-il ajouté, nous savons qu'il est du devoir des États Membres d'assurer leur développement. À cet égard, il a précisé qu'en janvier 2006, la CARICOM instituera le marché unique de la CARICOM. Malheureusement, a-t-il regretté, notre effort pour développer notre potentiel humain a été entravé par les politiques de recrutement de certains pays développés. La Communauté des Caraïbes insiste sur la création d'un espace adéquat de politique permettant l'innovation. Il a souhaité un environnement propice aux IED avec un véritable cadre de politiques d'investissement, en insistant sur les contraintes que constituent les risques élevés des investissements dans les petits pays. Parmi les obstacles particuliers, il a notamment souligné l'impact des catastrophes naturelles, la chute des prix des produits de base ou encore le poids de la dette publique.
M. SOMSAVAT LENGSAVAD, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, qui s’exprimait au nom des pays en développement sans littoral, a dit que ces États n’avaient pas réussi à augmenter leurs ressources de développement malgré les efforts déployés. Il a demandé à la communauté internationale et notamment aux pays donateurs, de fournir une APD suffisante et de faciliter les flux d’investissements étrangers directs (IED) vers les pays enclavés. Il s’est félicité de la mise en place, par certains États ou groupes d’États, de calendriers pour atteindre l’objectif de verser 0,7% de leur PNB à l’APD. Citant à cet égard l’exemple de l’Union européenne, il a appelé les autres donateurs à faire de même. Indiquant que les pays enclavés étaient parmi les plus pauvres et restaient exclus des mécanismes du système commercial international, il a insisté sur le rôle du commerce comme moteur de l’économie et de la croissance. Il a ainsi souhaité un système multilatéral ouvert, non-discriminatoire, équitable et prévisible. Dans cette perspective, a-t-il poursuivi, nous soulignons l’importance de conclure les négociations du Cycle de Doha, de préférence d’ici à 2006. Il a demandé que les besoins spécifiques des pays en développement sans littoral y soient pris en compte, tel que cela est stipulé dans le Programme d’action d’Almaty. Il a estimé que l’objectif de ce Programme ne pourrait être atteint sans une assistance financière et technique adéquate de la part de la communauté internationale et a lancé un appel à tous les partenaires et aux donateurs afin qu’ils honorent les engagements auxquels ils ont souscrit dans le Programme d’action d’Almaty. Le suivi et la mise en œuvre de ce Programme doivent demeurer partie intégrante de la mise en œuvre globale des textes issus des conférences et sommets des Nations Unies, a-t-il estimé.
M. NORMAN JOSÉ CALDERA CARDENAL, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a soutenu l’idée qui sous-tend l’Accord de Monterrey, selon laquelle il est possible de faire face à la pauvreté généralisée sur la base d’une véritable alliance universelle pour la réalisation des programmes et décisions adoptées, non seulement à Monterrey, mais aussi lors des autres grandes conférences des Nations Unies en matière de développement. Il a insisté sur l’importance d’une solidarité plus grande entre les nations, afin de consolider le développement économique et social en tant qu’objectifs publics. Il a cité l’exemple de l’Amérique centrale, qui a adopté une stratégie régionale pour favoriser l’accomplissement des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment par la mise en place d’une Alliance pour le développement durable, ainsi que le développement d’un modèle de sécurité démocratique. Le Ministre a enfin reconnu la responsabilité des pays pauvres en ce qui concerne leur développement, tout en rappelant les obstacles qu’ils rencontrent en matière de croissance économique.
M. ALEJANDRO TOLEDO MANRIQUE, Président de la République du Pérou, a rappelé l’engagement de son pays à avancer vers les objectifs du Millénaire pour le développement. Il ne peut y avoir de démocratie solide ni d’équité dans nos sociétés quand des millions de personnes ne jouissent pas pleinement de leurs droits, de leurs libertés fondamentales et sont exclues du marché, a-t-il déclaré, soulignant que plus de 50% des Péruviens vivent avec moins de deux dollars par jour et que 21% vivent dans la pauvreté extrême. Eradiquer la pauvreté requiert deux conditions, a-t-il expliqué: une croissance économique soutenue permettant l’accroissement du revenu et la création d’emplois décents, ainsi que des programmes sociaux de redistribution des revenus pour combattre l’inégalité. La contrepartie aux efforts fournis par les pays en développement doit être l’ouverture de leurs marchés par les pays développés, ainsi que la mobilisation de ressources internes pour le développement et la suppression de la dette. M. Toledo a appelé à créer de nouveaux mécanismes financiers et à définir des formules imaginatives dans le cadre des programmes économiques déjà existants. Il a notamment évoqué l’expansion de l’investissement dans les infrastructures, qui ne devrait pas être considérée comme une dépense commune du budget public, ainsi que la nécessité d’un espace fiscal plus large qui permettrait de développer des projets bénéficiant aux populations. Les pays à revenu moyen doivent se montrer créatifs et développer de nouveaux mécanismes financiers, a-t-il recommandé, avant d’appeler les pays développés et les institutions financières internationales à soutenir les efforts de ces pays.
M. RICARDO LAGOS ESCOBAR, Président de la République du Chili, a jugé que le développement était indispensable pour construire un système démocratique et pacifique stable, et il a souhaité que les pays développés fassent tout pour permettre la mise en œuvre du Consensus de Monterrey vers le doublement de l’aide publique au développement afin de la porter à 100 milliards de dollars. L’aide publique aux pays pauvres doit se poursuivre, afin d’atteindre l’objectif de 0,7% du PNB des pays riches, et de leur côté, les pays en développement doivent promouvoir la bonne gouvernance, et montrer que les fonds sont bien utilisés, que leurs structures permettent d’absorber les investissements internationaux. Il a déploré le principe de l’antidumping qui défavorise les pays pauvres, mettant ce concept en relation avec la poursuite des subventions agricoles qui prive les pays en développement d’un revenu annuel de l’ordre de 130 milliards de dollars. Le Président chilien a soutenu le principe des droits de tirages spéciaux au niveau du Fonds monétaire international, jugeant également positives les récentes avancées consenties par les pays riches, notamment la proposition française de taxe sur les billets d’avion, déjà appliquée au niveau du Chili, ainsi que la réduction substantielle de la dette des pays riches décidée par les membres du G-8 à Gleneagle, en juillet dernier.
CHEIKH HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’État du Qatar, a salué les efforts de la majorité des États Membres dans le domaine de l’amélioration de la gouvernance. Il s’est félicité des mesures prises par le G-8 et de l'Union européenne pour annuler la dette des pays les plus pauvres. Il a mis l'accent sur l'initiative « intéressante » que constitue la taxe imposée sur les billets d'avion afin de soutenir la réalisation des OMD. L'État du Qatar, a-t-il ajouté, appuie les efforts de développement des pays défavorisés et une répartition plus équitable des produits de la croissance mondiale. Il a rappelé que son pays avait accueilli la quatrième réunion ministérielle de l'OMC qui a abouti à l'adoption du Programme de Doha. A quelques mois de la sixième Conférence ministérielle de l'OMC, qui se tiendra à Hong Kong en décembre 2005, il a exhorté les États Membres à tout mettre en œuvre pour permettre l'adoption des différentes mesures liées à ce programme. En outre, il a indiqué que son pays proposait d'organiser, à Doha, en 2007, la première conférence de suivi et d'examen de la mise en œuvre de la Conférence internationale sur le financement du développement qui s'était tenue à Monterrey en mars 2002.
M. STJEPAN MESIC, Président de la République de Croatie, a affirmé qu’on ne peut pas résoudre efficacement la question du terrorisme si on néglige les questions de développement. Il est convaincu que la pauvreté, la famine, les maladies et le défaut d’éducation de base crée un environnement qui favorise le recrutement de terroristes. Le sous-développement entraîne la dépendance politique et la vulnérabilité, dont découlent le désespoir et le terrorisme. Si la mondialisation est inévitable, il faut souhaiter que ses effets négatifs ne le soient pas. M. Mesic s’est enfin félicité des étapes que franchissent les pays développés, par eux-mêmes ou en coordination avec des pays sous-développés, en matière de financement du développement. Les Nations Unies ont un rôle important à jouer, a-t-il conclu, non seulement par la sensibilisation mais aussi en fournissant des solutions concrètes.
M. FESTUS G. MOGAE, Président de la République du Botswana, a rappelé que le Consensus de Monterrey avait reconnu la nécessité d’augmenter les flux d’aide au développement et de supprimer les barrières commerciales dans les pays du Nord pour que les pays en développement puissent atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a relevé que les progrès dans la réalisation de ces objectifs étaient limités, notamment sur le continent africain. Détaillant les maux accablant les populations africaines, il a estimé que les pays d’Afrique australe devaient continuer à réformer leurs politiques, notamment au travers d’initiatives telles que le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), aux niveaux national comme international. Tout en reconnaissant que les pays en développement avaient un rôle à jouer pour appliquer le Consensus de Monterrey en mobilisant leurs propres ressources, il a estimé que les pays développés devaient aussi agir davantage d’ici 2015, notamment en versant enfin 0,7 % de leur PNB à l’aide au développement. Il a tenu à saluer les récents efforts de suppression de la dette et d’amélioration de l’accès aux marchés des produits des pays en développement, remerciant notamment le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne. Il a ensuite appelé à effectuer des progrès dans le cadre du Programme de négociations commerciales de Doha pour le développement, afin que davantage de pays en développement puissent exporter leurs produits, et il a demandé l’annulation de la dette de tous les pays pauvres. Enfin il a attiré l’attention sur les pays à revenus moyens, qui ne doivent pas être laissés sans assistance dès lors qu’ils ont atteint ce stade par des mesures de bonne gouvernance.
M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, Président de la République d’Indonésie, réaffirmant que les États étaient les premiers responsables de leur développement, a estimé que les pays en développement devaient mobiliser leurs ressources financières vers cet objectif. Toutefois, il a indiqué que la coopération internationale était impérative pour le développement. Il a aussi souligné l’importance d’un véritable partenariat mondial pour le développement, expliquant que les efforts des pays en développement quant à la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption ou la croissance du secteur privé, ne pouvaient être utilisés comme des conditions. Il a estimé que le respect du Consensus de Monterrey permettrait une nette amélioration et a appelé les pays développés à établir des calendriers pour parvenir à atteindre le 0,7% du PNB consacré à l’APD. S’agissant de la dette, il a déclaré qu’il fallait l’alléger et la restructurer non seulement pour les pays les plus pauvres mais aussi pour ceux à revenu moyen. Il a ainsi recommandé l’adoption d’un mécanisme d’échange de la dette qui permettrait aux pays d’utiliser les ressources habituellement dédiées aux créditeurs. Enfin, il a souligné que le document final de la Réunion de haut niveau n’était pas équilibré et atténuait la capacité des pays en développement à générer des flux financiers pour leur développement. Selon lui, ce texte contient de trop nombreuses conditions pour que les pays en développement puissent obtenir ces flux, alors que les obligations des pays développés restent très vagues. Il a aussi estimé que le document final laissait de côté des questions essentielles concernant le commerce.
Reconnaissant les efforts des pays en développement en terme d’assistance au développement et de réduction de la dette, il a conclu en demandant un véritable partenariat mutuel afin de combattre la pauvreté.
M. HU JINTAO, Président de la République populaire de Chine, a reconnu que certains progrès avaient été accomplis en matière de réalisation des OMD tout en estimant que la coopération internationale en faveur du développement demeurait un long chemin ardu. Parmi les initiatives lancées par son pays, il a indiqué que la Chine avait décidé d'accorder un traitement tarifaire spécial aux 39 pays les plus démunis ayant des relations diplomatiques avec elle. Cette mesure couvre la plupart des exportations de ces pays vers la Chine. Il a également indiqué que son pays avait décidé de supprimer dans les deux années à venir toutes les dettes dues à la fin 2004 par les pays les plus endettés ayant des relations diplomatiques avec la Chine. Dans les trois années à venir, a-t-il ajouté, la Chine offrira des prêts à des conditions favorables pour améliorer les infrastructures des pays en développement. Il a mentionné des efforts qui se porteront vers l'assistance au développement des pays africains en leur fournissant des médicaments antipaludéens et autres produits pharmaceutiques. Il a précisé que son pays aidera notamment les pays d'Afrique à développer leurs infrastructures de santé et à former du personnel médical. Il a ajouté que la Chine s'était fixée comme objectif de former 30 000 personnes des pays en développement.
M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de la République d’Ouganda, a invité les participants à se poser un certain nombre de questions, la première étant de savoir si l’on a besoin de financement pour le développement. Si oui, pour quoi faire ? Et à partir de quelles sources de financement ? S’agissant de l’Ouganda et de l’Afrique, les besoins de financement sont considérables, a-t-il dit, pour créer des infrastructures scolaires et sanitaires, et d’autres types d’infrastructures, notamment routières. Le premier défi à relever est celui de l’investissement dans les ressources humaines, a-t-il dit, avant d’ajouter que selon lui, les Ougandais et les Africains ne connaissent pas vraiment le chômage, mais sont plutôt sous-employés, et qu’il faut à tout prix créer les conditions de leur implication dans le système de production. Cela contribuera à élargir l’assiette fiscale, a estimé le Président ougandais, et donc à mobiliser le capital national, seul à même d’encourager les investissement étrangers. M. Museveni a exhorté les participants à ce Sommet à engager un débat novateur sur les nouvelles sources de financement du développement, parmi lesquelles figurent la microfinance et la levée de l’épargne provenant des populations et des professionnels africains expatriés.
DATO’ SERI ABDULLAH AHMAD BADAWI, Premier Ministre de la Malaisie, a expliqué que les inégalités entre riches et pauvres pouvaient être une cause d’instabilité et que le développement de toutes les nations du monde constituait un des plus grands défis à relever par la Communauté internationale. Il a indiqué que, pour y parvenir, il fallait un financement adéquat, trouver les bonnes politiques et permettre l’établissement d’un environnement favorable au décollage économique. S’agissant du financement du développement, il a regretté que les promesses faites à Monterrey, en 2002, n’aient pas encore été tenues. Toutefois, il s’est félicité des récentes initiatives prises en faveur du financement du développement, notamment en ce qui concerne des sources novatrices de mobilisation des ressources. Il a ainsi appuyé la proposition de la France, qui serait d’appliquer une surcharge aux billets d’avion afin de disposer de moyens de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Par ailleurs, il s’est félicité des contributions des pays en développement sur plusieurs initiatives, comme celle du le Fonds mondial de solidarité, et a souhaité que cette tendance se poursuive. Notant qu’il fallait tenir compte de toutes les sources possibles de financement pour le développement, il a insisté sur le rôle fondamental des ressources tirées du commerce, qui peut, selon lui, assurer des solutions à long terme.
Il a ainsi demandé l’ouverture des marchés de pays du Nord aux produits dans la production desquelles les pays en développement bénéficient d’avantages comparatifs. Enfin, il a demandé à tous les pays d’honorer les engagements figurant dans le Consensus de Monterrey. Sans cela, a-t-il conclu, « la majorité d’entre nous ne peuvent parvenir à la réalisation des OMD ».
M. JAN PETER BALKENENDE, Premier Ministre du Royaume des Pays-Bas, s’exprimant également au nom du Danemark, du Luxembourg, de la Norvège et de la Suède, a rappelé que ces pays avaient consacré plus de ressources à l’aide publique au développement (APD) que le seuil minimal de 0,7% duproduitnationalbrut (PNB) fixé par les Nations Unies. Toutefois, il a estimé que cela était insuffisant pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015, en particulier en Afrique subsaharienne, qui souffre cruellement d’un manque de moyens. Pas moins de 60 milliards de dollars seront nécessaires chaque année pour atteindre les OMD, a souligné le Premier Ministre, qui a appelé d’autres donateurs importants à s’efforcer de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD afin d’assurer une cohérence aux décisions politiques de la communauté internationale. Sur ce point, les Pays-Bas et les autres pays se félicitent de la décision historique de l’Union européenne, prise en mai dernier, d’atteindre le seuil de 0,56% en 2010, puis de 0,7% en 2015, dont la moitié ira aux pays africains. Le Premier Ministre a par ailleurs déclaré qu’il fallait favoriser l’accès aux marchés, y compris aux services financiers, pour permettre aux pays en développement de retirer des bénéfices de leurs exportations. À cet égard, le problème des subventions aux exportations de produits tels que le coton et le sucre doit être pris en considération.
M. JOSE LUIS RODRIGUEZ ZAPATERO, Président du Gouvernement du Royaume d'Espagne, a dit que son pays avait fait de la coopération pour le développement un signe distinctif de sa politique. « Nous nous sommes engagés à doubler notre aide publique au développement (APD) avec comme objectif d'atteindre le chiffre de 0,7% de notre PNB en 2012 », a-t-il dit. Il a précisé que conformément au compromis de Monterrey, ce chiffre atteindra 0,5% en 2008. Si la quantité de notre aide augmente, a-t-il précisé, nous souhaitons aussi améliorer sa qualité. C'est pourquoi, a-t-il précisé, 15% de l'aide espagnole était destinée à des services de base comme la nutrition, la santé et l'éducation, alors que 20% allait vers les PMA. Si M. Zapatero a convenu que l'APD devait être la principale source de financement du développement, il a aussi souligné la nécessité de trouver des méthodes de financement complémentaires et novatrices. Il a mis l'accent sur l'importance des envois de fonds des travailleurs expatriés, qui représentent la deuxième source des capitaux de développement bien avant l'APD. Il a souhaité que l'on tire le meilleur avantage de ses envois en réduisant les coûts de transfert. Par ailleurs, il a souligné les opportunités que représente le microcrédit, qui peut permettre à des familles de lancer des initiatives et des projets économiques. Il a également déclaré que son pays souhaitait favoriser, en collaboration avec la Banque interaméricaine de développement, l'initiative d'échange de dettes en faveur de programmes d'éducation. En outre, il a indiqué que l’Espagne consacrerait 240 millions de dollars pour les 20 années à venir au projet d'Alliance mondiale dans le domaine de la vaccination et de l'immunisation.
M. LUIZ INACIO LULA DA SILVA, Président de la République fédérative du Brésil, citant José de Castro, a rappelé que la faim était un concept inventé par les hommes pour faire souffrir d’autres hommes et qu’elle était « l’expression biologique de certains maux de la société des hommes ». Rappelant qu’en juillet 2004, il avait organisé un sommet sur ce thème de la faim conjointement avec la France et d’autres pays, rencontre qui a réuni près de 60 chefs d’État à l’ONU à New York, M. Lula da Silva a estimé que ce débat s’inscrivait au cœur de celui relatif à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a appuyé l’initiative du Président Chirac de surtaxe sur les billets d’avion pour lever des fonds importants pour le financement du développement et lutter contre l’extrême pauvreté.
Il s’est engagé à appliquer cette mesure au Brésil. Le Président brésilien a ensuite déclaré qu’il proposerait à l’Assemblée générale une mesure visant à alléger les prélèvements sur les transferts internationaux afin d’encourager ces transferts de fonds vers les pays en développement. Plaidant ensuite pour la suppression des subventions agricoles qui sont six fois plus importantes que l’APD en valeur réelle et affectent le commerce des pays en développement, M. Lula da Silva a estimé que l’éradication de la pauvreté constituait une condition sine qua non de la stabilité et de la paix au niveau international.
M. THAKSIN SHINAWATRA, Premier Ministre du Royaume de Thaïlande, a salué les engagements en faveur de l’augmentation de l’aide au développement, et notamment ceux pris par le Groupe des Huit en vue d’annuler la dette des pays les plus pauvres. Il a toutefois affirmé que la dette n’était qu’une partie du problème et que si les pays ne mettaient pas en place des fondements économiques solides et ne parvenaient pas à augmenter leurs revenus intérieurs, ils retomberaient dans le cycle de la pauvreté et de la dette. Citant en exemple son propre pays, il a affirmé qu’il fallait utiliser au mieux le potentiel national pour donner plus de poids aux politiques économiques. Il a indiqué que les pays en développement faisaient actuellement face à deux grands obstacles: le manque d’investissements et la montée des coûts du pétrole. Sur ce dernier point, il a estimé que cette hausse était un signal d’alarme et qu’il fallait trouver des sources d’énergies nouvelles, tels les biocombustibles. Il a rappelé que depuis la crise de 1997, l’Asie avait appris qu’il fallait renforcer l’architecture financière internationale. Il a ainsi souligné le rôle de son pays joué par la Thaïlande dans la mise en place de mesures de prévention contre les vulnérabilités qui avaient permis cette crise financière, en citant la création d’un marché asiatique des titres boursiers, qui constitue un mécanisme de financement du développement et qui renforce la stabilité financière régionale. Enfin, il a souhaité que l’aide vienne autant des pays développés que des pays en développement les plus avancés, insistant sur l’importance de la coopération Sud-Sud.
M. DOMINIQUE DE VILLEPIN, Premier Ministre de la République française, a rappelé que la France et l'Europe s'étaient engagées sur un calendrier précis pour atteindre l'objectif de 0,7% de leur PNB. Il a reconnu que cet effort budgétaire était néanmoins insuffisant au regard de l'ampleur des besoins, en se félicitant que les esprits soient aujourd'hui mûrs pour mettre en place de nouveaux mécanismes. Il a estimé nécessaire de tirer partie des richesses engendrées par la mondialisation pour mobiliser des ressources stables et pérennes au profit des pays pauvres en ajoutant qu'il s'agissait d'une exigeance de justice, de solidarité et de paix. Il a rappelé qu'avec l'Algérie, l'Allemagne, le Brésil, le Chili et l'Espagne, la France appelait la communauté internationale à aller de l'avant en établissant un premier prélèvement international de solidarité sur les billets d'avion, que la France propose d'affecter en priorité à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Par ailleurs, le Premier Ministre a souligné la nécessité de conjurer le risque de pandémie de grippe aviaire. Il a estimé que l'ampleur de ce problème nous imposait de réagir pour enrayer la propagation de l'épizotie et atténuer le choc économique pour les pays pauvres, renforcer les capacités de détection, constituer un stock international d'urgence de médicaments antiviraux, ou encore accélérér la recherche et le développement d'un vaccin en quantité suffisante. En conclusion, il a mis l'accent sur la nécessité de cette double mobilisation contre la maladie et la pauvreté.
M. SAIFUR RAHMAN, Ministre des finances et de la planification du Bangladesh, s'est notamment inquiété de la volatilité des prix des produits alimentaires et du pétrole, qui réduit les capacités et les perspectives de croissance des pays les plus pauvres. Il a souligné toute la pertinence du rapport du Secrétaire général, en insistant sur le fait que les principales menaces à la paix et à la sécurité venaient aussi de la pauvreté, des maladies contagieuses et de la dégradation de l'environnement. Il a insisté sur la nécessité de procéder à une répartition juste et équitable de l'aide au développement en estimant que l'argent seul ne suffirait pas pour réaliser les OMD dont la concrétisation dépend de l'avènement d'une bonne gouvernance et de son utilisation au profit du développement. Faisant sienne le contenu de la récente « déclaration de Paris », il a mis l'accent sur la nécessité d'une aide prévisible et arrivant à temps. Une aide qui selon lui doit être dispensée en mettant l'accent sur le respect du pluralisme, de l'état de droit, de la bonne gouvernance, de la parité entre les sexes, ou encore de bonnes politiques pour encourager l'intervention du secteur privé. Il a ensuite mentionné les réussites de son pays dans le domaine de l'éducation, en déclarant que le Bangladesh était parvenu à un taux de scolarisation primaire de 74%.
M. AHMED ABOUL GHEIT, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a déclaré qu’il fallait intensifier et unifier les efforts afin de sortir les populations du cycle de la pauvreté et atteindre les OMD. Il a rappelé que de nombreux pays en développement ont déployé de réels efforts, notamment en mettant en place des réformes politiques, économiques et financières, afin de créer un environnement économique favorable. Par ailleurs, il s’est félicité des résultats du Sommet de Gleneagle ainsi que du document final du Sommet de 2005 qui démontrent que les pays sont prêts à mettre en œuvre les décisions prises à Monterrey. Il a insisté sur l’importance d’aborder les questions relatives au commerce, afin que celui-ci soit un véritable moteur pour le développement. Il a aussi mis en avant le besoin de s’accorder sur des sources de financement supplémentaires et novatrices ainsi que de trouver un règlement rapide du problème de la dette. Dans cette perspective, il a notamment rappelé la proposition de son pays d’effectuer des échanges de dette en faveur d’investissement de développement. Il a conclu en demandant que la plus haute priorité soit accordée au continent africain afin de l’aider à surmonter les défis auxquels il fait face.
M. ANDREW NATSIOS, Administrateur de l’Agence internationale de développement des États-Unis, a indiqué que l’aide publique au développement des États-Unis était passée de 10 milliards de dollars en 2000 à 19 milliards en 2004, soit 25% de l’APD globale. Cependant, a-t-il souligné, il faut que les pays en développement s’inscrivent dans des programmes de bonne gouvernance, de promotion du secteur privé national, de mobilisation de capitaux nationaux, afin de permettre une réelle absorption des fonds internationaux et une meilleure appropriation des programmes de développement. Le commerce est indissociable du développement, car il permet d’accroître l’assiette fiscale, a constaté M. Natsios, indiquant que dans le cadre de l’AGOA, les États-Unis avaient octroyé 921 millions de dollars au soutien à des initiatives commerciales avec des pays en développement d’Afrique.
Mme HEIDEMARIE WIEZCOREK-ZEUL, Ministre fédérale de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a rappelé que le plus grand défi de ce XXIe siècle consiste à traduire le lien inextricable qui lie développement, paix et droits de l’homme sous forme de politiques. Cette question ne pourra être résolue qu’au niveau international, et seules des Nations Unies sont capables d’agir, d’assurer le règne du droit, et de mettre un terme à la loi du plus fort, car elles constituent le seul forum universel, a-t-elle déclaré. Se réjouissant que les tentatives pour affaiblir l’Organisation aient échoué, elle s’est félicitée que le projet de document final du Sommet réaffirme les Objectifs du Millénaire pour le développement et qu’il prévoit la création d’une Commission de consolidation de la paix.
Elle a également souligné l’importance de la réforme en cours des Nations Unies. Mme Wiezcorek-Zeul a ensuite rappelé que la Déclaration du Millénaire et les sommets qui l’avaient suivie avaient posé de nouvelles bases pour un partenariat entre les pays en développement et développés, qui doivent travailler ensemble pour résoudre les problèmes mondiaux, en ayant chacun des responsabilités propres. Les concepts de bonne gouvernance et de soutien ciblé ont permis d’accomplir des progrès notables dans certains pays, mais des enfants continuent à mourir tous les jours de maladies curables, a-t-elle dénoncé, avant de souligner trois défis: une aide extérieure n’est efficace que si elle s’accompagne d’une bonne gouvernance de la part des pays en développement, tandis que les pays développés doivent réduire les barrières commerciales et les subventions à leurs exportations agricoles; le prix élevé du pétrole doit inciter à s’appuyer davantage sur les énergies renouvelables et le monde doit assurer une plus grande transparence des marchés du pétrole; enfin, de nouvelles voies de financement du développement doivent être explorées. Nous ne parviendrons à un monde juste et sécurisé que si nous travaillons ensemble, a-t-elle conclu.
M. NOBUTAKA MACHIMURA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a rappelé que son pays était fermement attaché aux OMD et a salué la tendance actuelle visant à augmenter l’APD. Il a aussi indiqué qu’en accord avec l’approche mise en avant dans le Consensus de Monterrey, le Japon, principal pays donateur depuis une décennie, s’attacherait à une expansion stratégique de son APD. Il a fait part de l’intention de son Gouvernement d’accroître le volume de son APD de 10 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, et de doubler son aide à l’Afrique lors des trois prochaines années. De plus, il a souligné l’importance de l’efficacité de l’aide par la mise en œuvre de la Déclaration de Paris. Par ailleurs, il a estimé que la réalisation des OMD devait s’accompagner d’efforts pour assurer une vie digne et libre à tous les êtres humains. Il a également insisté sur le rôle de la coopération Sud-Sud que son pays soutient. A ce titre, il a jugé que le Nouveau partenariat stratégique Asie-Afrique, adopté en avril dernier, était fondamental, et il a confirmé le soutien de son pays à cette initiative.
M. ALI RODRIGUEZ ARAQUE, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, s'est dit très déçu de la mise en œuvre des Objectifs de développement en notant que la faim et la pauvreté continuaient de se développer alors que chaque seconde un enfant mourait à cause de la pauvreté et de la faim. Soulignant les efforts de son pays, il a indiqué que le Venezuela avait engagé un processus de redressement économique dans le souci de contribuer à son propre développement mais aussi à celui des pays frères de la région notamment dans le domaine des énergies. En moins de deux années, s'est-il félicité, le Venezuela a alphabétisé 1 million de personnes et prodigué des soins médicaux à 17 millions de personnes qui n'avaient pas accès à ces soins avant.
M. JOSÉ MANUEL BARROSO, Président de la Commission européenne, a estimé que la communauté internationale disposait des ressources nécessaires pour gagner la guerre contre l’extrême pauvreté, soulignant que l’Union européenne contribuait déjà à hauteur de 55% au montant global de l’aide publique au développement. L’Union européenne a montré qu’elle était disposée à agir résolument dans le développement, a-t-il dit, plaidant pour un accès accru au marché international des pays en développement car, a-t-il dit, le commerce est une locomotive du développement. Prenant l’exemple de l’initiative européenne « Tout sauf des armes », M. Barroso a estimé que 1% de contribution complémentaire au commerce mondial pour les pays en développement entraînerait des gains financiers bien supérieurs aux flux d’aide publique au développement. Le Président de la Commission européenne a invité les pays en développement à consentir davantage d’efforts sur la voie de la bonne gouvernance afin de permettre que les efforts conjoints des pays développés et des pays en développement contribuent réellement à éradiquer l’extrême pauvreté.
M. KIPKORIR ALY AZAD RANA, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a déclaré que les possibilités qu’offre le commerce dans le financement du développement ne s’étaient pas encore concrétisées. Il a dit que le Cycle de Doha donnait l’occasion de rectifier le tir dans ce domaine, et de traduire les mots en actes. Rappelant que le Secrétaire général de l’ONU avait demandé à tous les pays de s’engager à conclure le cycle de négociations d’ici à 2006, il a regretté que le rythme trop lent des progrès ne permette de parvenir à cette échéance. S’agissant de la Conférence ministérielle de l’OMC prévue en décembre prochain à Hong Kong, il a déploré la persistance de nombreux problèmes. Quelques avancées ont été accomplies notamment en ce qui concerne l’accès aux marchés agricoles ou le traitement spécial et différencié, a-t-il dit, mais elles ne sont pas suffisantes et ne permettront pas de débloquer la négociation à Hong Kong. Il a estimé que l’absence de progrès majeur était due au manque de soutien politique. Il est essentiel de donner une nouvelle dynamique aux négociations dans les mois qui précèdent Hong Kong, a-t-il ajouté. Enfin, il a averti les pays en développement et le reste de la communauté internationale que tous les pays avaient beaucoup à perdre si le cycle de Doha échouait.
Mme LEONOR MAGTOLIS BRIONES, Social Watch and International Facilitating Group, prenant la parole au nom de la société civile, a déclaré que les ressources financières prévues par le Consensus de Monterrey n’ayant pas été affectées et les actions promises par les chefs d’État et de Gouvernement n’ayant pas été complètement mises en œuvre, les Objectifs du Millénaire pour le Développement ne seraient pas atteints d’ici 2015. Soulignant qu’il avait été demandé aux pays en voie de développement d’ouvrir leurs marchés aux capitaux étrangers pour financer leur développement économique, elle a indiqué que ceux-ci exigeaient en retour que les investisseurs fassent preuve de transparence et rendent des comptes aux pays dont ils exploitent les ressources naturelles. De même, compte tenu des douloureuses réformes structurelles mises en oeuvre, ces pays ont demandé à bénéficier de conditions d’échanges plus justes et que les pays qui s’y étaient engagés consacrent effectivement 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. Enfin, elle a pressé l’Assemblée générale de soutenir l’allègement de la dette pour les pays à revenu intermédiaire soumis aux conséquences d’une catastrophe naturelle, ainsi que pour les pays les moins avancés et ceux n’ayant plus les moyens de rembourser leur dette.
M. RAJAT KUMAR GUPTA, Partenaire principal, Worldwide of Mckinsey and Company, Inc., a souligné toute l'importance des partenariats public-privé. Il a estimé que sans ces partenariats, le monde des affaires perdait des opportunités et les gouvernements leur crédibilité, tout cela aux dépends de l’intérêt général de la société. Il a déclaré que le développement dépendait de l'énergie que peuvent déployer les mondes des affaires et du commerce, en notant que c'était toujours eux qui étaient à la source de la croissance en créant des emplois et des nouvelles compétences. Il a invité les entreprises à investir à long terme dans les ressources humaines en s'imposant comme des coartisans des stratégies de développement. Il a exhorté les entreprises à poursuivre cette démarche dans le souci d'aider à créer des communautés plus fortes qui seront à la fois leurs clients et leurs partenaires. Il a déclaré que c'était aux gouvernements de fixer les conditions permettant aux entreprises et aux sociétés de prospérer. Il a souligné la nécessité de protéger les travailleurs et la propriété intellectuelle. Il a estimé qu'un développement qui ne tirait pas partie des meilleures opportunités du secteur privé était un développement tiré vers le bas.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LA MISE EN OEUVRE ET LE SUIVI DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT (A/60/289)
Ce rapport actualise l’étude approfondie de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et réaffirme, entre autres, les principaux axes d’intervention figurant dans le rapport établi par le Secrétaire général en ce qui concerne le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, qui s’est tenu les 27 et 28 juin 2005. Ce rapport fait le point sur les initiatives et les engagements les plus récents et les plus importants pris par les gouvernements et les autres grands acteurs institutionnels et non institutionnels, comme la décision, en mai 2005, de l’Union européenne d’atteindre au plus tard en 2009 l’objectif qu’elle s’est fixée de consacrer de 0,5% de son PNB à l’aide publique au développement (APD) ou encore les engagements pris en faveur de l’amélioration de la qualité de l’aide dans la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, qui date de mars 2005.
Dans ce document, M. Kofi Annan relève les propositions d’allègement de la dette extérieure, telle que la proposition approuvée en juillet 2005 lors de la réunion du G-8 à Gleneagle visant une remise complète de leur dette extérieure aux pays pauvres très endettées (PPTE) qui ont atteint le point d’achèvement du Programme PPTE. Par ailleurs, le Secrétaire général insiste sur les progrès accomplis dans les négociations commerciales multilatérales du Cycle de Doha, dit « Cycle du développement ». Il souligne l’importance de la sixième Conférence ministérielle de l’OMC qui doit avoir lieu à Hong Kong en décembre 2005 et rappelle que ce cycle devrait se conclure en 2006. Enfin, le Secrétaire général aborde la question du renforcement de la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux en appui au développement, en estimant notamment que les ajustements opérés dans l’architecture financière internationale ne peuvent avoir d’effet si tous les pays membres ne sont pas des partenaires égaux, ou encore, qu’il faut améliorer la coopération et la coordination internationales afin de déterminer les actions à mener pour diminuer les déséquilibres mondiaux sans pour autant ralentir la croissance économique.
Liste des orateurs
Outre le Secrétaire général des Nations Unies ont pris part à ce débat les chefs d’État et de Gouvernement des pays suivants: Mexique; Pakistan; Jamaïque (au nom du Groupe des 77 et de la Chine); Nigéria (au nom de l’Union africaine); Bénin (au nom des Pays les moins avancées - PMA); Argentine (au nom du Groupe de Rio); Maurice (au nom de l’Alliance des petits états insulaires en développement - AOSIS); Saint-Kitts-et-Nevis (au nom de la Communauté des Caraïbes - CARICOM); Pérou; Chili; Qatar; Croatie; Botswana; Indonésie; Chine; Ouganda; Malaisie; Pays-Bas; Espagne; Brésil;Thaïlande; France.
Sont également intervenus des ministres des pays suivants: Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord (au nom de l’Union européenne); République démocratique populaire lao (au nom des pays en développement sans littoral); Nicaragua; Bangladesh; Allemagne; Japon; Venezuela.
Enfin ont également pris la parole le Président de la Banque mondiale; le Directeur général du Fonds monétaire international; l’Administrateur de l'Agency for International Development des États-Unis; le Président de la Commission européenne; le Directeur général adjoint de l'Organisation mondiale du commerce; la Directrice de Social Watch; et le Partenaire Principal de Worldwide of Mckinsey and Company, Inc.
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