ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LE DIALOGUE DE HAUT NVIEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT DÉMONTRE LE LIEN ENTRE LE CONSENSUS DE MONTERREY ET LA DÉCLARATION DU MILLÉNAIRE
Communiqué de presse AG/10366 |
Assemblée générale
108e & 109e séances plénières – matin & après-midi
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LE DIALOGUE DE HAUT NVIEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT DÉMONTRE LE LIEN ENTRE LE CONSENSUS DE MONTERREY ET LA DÉCLARATION DU MILLÉNAIRE
L’Assemblée générale a, pour conclure son Dialogue de haut niveau sur le financement du développement entamé hier, invité les représentants des États Membres, des organismes du système des Nations Unies, des organisations régionales et internationales, des banques régionales, de la société civile et du secteur privé, à démontrer le lien entre financement du développement et réalisation des neufs Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) consacrés dans la Déclaration de 2002.
Pour illustrer l’importance du secteur privé dans la réalisation de ces objectifs, le « débat interactif » a commencé par un extrait de « Africa Open for Business », un documentaire qui, selon les mots du Président de l’Assemblée générale, Jean Ping du Gabon, montre que le continent possède des industries florissantes et des ressources humaines dynamiques capables de dégager des rendements sur des investissements particulièrement élevés. Il s’agit, a-t-il estimé, d’un témoignage réaliste de la situation du continent. Au cours de ce Dialogue de deux jours qui, outre le débat interactif et les quelque 90 interventions en plénière, a donné lieu à six tables rondes ministérielles, l’Afrique a été présentée comme la région où les progrès dans la réalisation des OMD se font le plus attendre.
Le Dialogue de haut niveau doit être interprété comme une contribution à la Réunion plénière de haut niveau de septembre prochain au cours de laquelle les chefs d’État et de gouvernement viendront évaluer la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire de 2000. Le Dialogue a dressé l’état des lieux de la matérialisation du Consensus de Monterrey, dégagé à l’issue de la Conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenu en mars 2002 dans la ville mexicaine.
Conformément au Consensus de Monterrey, le Dialogue de haut niveau et ses manifestations parallèles ont permis aux participants d’échanger leurs points de vues et de faire des propositions concrètes pour accélérer la mobilisation des ressources internes et externes, faciliter l’accès des pays du Sud aux pays du Nord, augmenter l’aide publique au développement (APD), atténuer le poids de la dette et améliorer la cohérence et la cohésion des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux.
Le Président de l’Assemblée générale a résumé en 10 points « particulièrement importants » ce qui est ressorti des échanges. Il est revenu, entre autres, sur la nécessité de renforcer le secteur privé; l’importance de conclure, en 2006, les négociations du Cycle de développement, lancé par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 à Doha; le besoin d’augmenter l’aide publique au développement (APD) ou encore, l’importance de tenir dûment compte du surendettement des pays à revenu faible et intermédiaire. Comme la majorité des intervenants à ce Dialogue, le Président s’est félicité, une nouvelle fois, de la décision de l’Union européenne de parvenir d’ici à 2015 à réaliser l’objectif de consacrer 0,7% du PNB à l’APD. Il a salué des mesures telles que le Fonds de solidarité au sein de l’ONU ou le Fonds de développement proposé par le Qatar.
Toujours au titre des sources novatrices de financement, il a rendu hommage au Royaume-Uni pour sa proposition de créer une facilité financière internationale, ainsi que la France pour son projet relatif à la contribution de solidarité sur les billets d’avion. Concernant la dette, il a rappelé la décision du G-8 d’annuler la totalité de la dette de 18 pays africains ayant atteint le point de décision de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).
Jean Ping a conclu par les mots prononcés hier, lors de l’ouverture du dialogue, par le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan: « Jamais, peut-être, quelques semaines n’ont été aussi importantes, pour les pauvres du monde, que vont l’être celles qui viennent ».
MISE EN ŒUVRE ET SUIVI DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT
Dialogue de haut niveau
Déclarations
Mme LEIRE PAJÍN IRAOLA, Secrétaire d’État pour la coopération internationale de l’Espagne, a souligné que les gouvernements devaient renforcer leurs efforts, en augmentant l’aide publique au développement (APD), en améliorant la qualité des investissements pour le développement et en assurant la cohérence des politiques gouvernementales qui affectent le développement. Elle a réaffirmé l’engagement de son pays de doubler l’APD au cours des quatre prochaines années afin d’atteindre l’objectif de 0,5% du PNB d’ici à 2008 puis de 0,7% d’ici à 2012. Par ailleurs, elle a expliqué que l’Espagne entend s’engager davantage en faveur des pays les moins avancés (PMA) et des pays d’Afrique subsaharienne, qui recevront au moins 20% de cette APD. Dans le cadre de la coopération internationale, l’Espagne est fermement engagée à améliorer les conditions de vie des pauvres des pays en développement. Le Plan de la coopération espagnole pour 2005 et 2008, a-t-elle précisé, envisage de consacrer au moins 20% de son APD aux secteurs sociaux de base. En ce qui concerne la dette, l’Espagne souhaite aller au-delà des conditions établies par les accords internationaux, notamment dans le cadre du Club de Paris ou de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Enfin, Mme Pajin a noté qu’il ne fallait pas oublier les pays à revenus moyens qui sont également confrontés à de graves problèmes de développement, soulignant le rôle important de la gouvernance, du fonctionnement adéquat des institutions, de la redistribution des richesses et de la réforme fiscale. La lutte contre la pauvreté est une obligation morale pour les gouvernements, a-t-elle conclu.
M. LYUBOMIR DATZOV, Ministre des finances de la Bulgarie, a déclaré que, outre l’aide publique au développement, de nouvelles sources de financement étaient à présent considérées par la communauté internationale, telles que la facilité de financement internationale. Pour le Ministre, le nombre d’initiatives ne doit pas faire oublier que l’important demeure la mise en œuvre des décisions et leur efficacité. Dans ce cadre, les engagements en matière d’ouverture de marché, de démocratisation et de bonne gouvernance sont d’une utilité cruciale.
Dans le cas de la Bulgarie, les mesures prises dans les domaines de la stabilisation des politiques macroéconomiques, de la dette extérieure et de la transparence politique ont prouvé leur efficacité. À l’échelle régionale, la Bulgarie croit fermement que ses efforts associés à ceux de ses voisins européens doit aller dans le sens de l’intégration en vue de servir plus efficacement la cause du développement. M. Datzov a finalement exprimé le souhait que le Sommet mondial de septembre qui se tiendra au Siège de l’ONU soit l’occasion de proposer de nouvelles mesures innovantes visant à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement auxquels les États Membres ont tous souscrits.
M. MAURICIO GOMEZ LACAYO, Vice-Ministre, chargé des relations économiques et de la coopération au Ministère des affaires étrangères du Nicaragua, a déclaré que son pays était prêt à modifier les modalités de coopération pour le développement en précisant qu’il accordait une attention particulière à la qualité de la coopération et à une meilleure utilisation des ressources pour qu’elles aient un impact direct sur le quotidien de ceux qui en ont vraiment besoin. Au cours des 25 dernières années, notre pays a reçu plus de 24 milliards de dollars ce qui est plus que ce que l’Europe a reçu dans le cadre du Plan Marshall, a-t-il dit.
Malheureusement, nous n’avons pas su mener la coopération pour le développement sur la bonne voie. Il faut désormais que la communauté internationale assume une responsabilité partagée en la matière. Revenant sur la situation de son pays, il a expliqué que le plan de développement repose sur les investissements dans le secteur social, ceci en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire mais aussi dans le secteur productif.
La coopération peut stimuler la croissance économique, a ajouté le Vice-Ministre. Nous nous félicitons de l’initiative récente du G-8 au sujet de l’annulation de la dette mais demandons des critères plus précis sur les procédures à suivre. Nous sommes surpris par le fait que la Banque interaméricaine de développement n’ait pas été incluse dans les institutions créditrices. Dans un monde globalisé, il est également essentiel d’améliorer les investissements publics et l’aide publique au développement (APD) et d’instaurer des règles plus équitables pour le commerce. Le renforcement des capacités locales et des institutions nationales est également indispensable. De même, l’accès aux services publics doit être considéré comme une question relevant des droits de l’homme.
M. PEDRAG BOSKOVIC, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Serbie-et-Monténégro, a rappelé que l’année 2005 devait être une année de mobilisation de la communauté internationale afin d’améliorer la qualité de la vie dans les pays en développement et d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a appelé à la mise en œuvre du programme de Doha pour le développement d’ici à 2006 et a demandé que le Fonds mondial de solidarité, établi par le Sommet mondial pour le développement durable, soit rendu plus efficace. Il a affirmé que la participation dans le commerce international ainsi que les flux d’investissements étrangers constituaient les clefs du développement. Comme précondition, il a insisté sur le développement des infrastructures, y compris les routes, les télécommunications, les hôpitaux ou encore les nouvelles technologies. Notant qu’il soutenait l’initiative du rapport Sachs pour renforcer la qualité de l’aide et en augmenter l’impact, il a déclaré que cette assistance devait d’abord s’adresser aux pays qui ont démontré leur volonté d’engager des réformes économiques et politiques.
Il a indiqué que son pays faisait partie des 68 États ayant enregistré des progrès dans la réalisation des OMD dès 2005. Il a expliqué que pour la Serbie-et-Monténégro, la réalisation des OMD se faisait sur la base de l’intégration à l’Union européenne ainsi que de l’harmonisation de ses lois avec les pays modernes, le renforcement du processus démocratique et l’intégration et le retour des réfugiés, entre autres. Enfin, il a précisé que son gouvernement avait défini des objectifs de développement et un programme de réformes économiques en accord avec sa stratégie de réduction de la pauvreté alors que le rapport sur l’application des OMD était en préparation.
Mme ANA HRASTOVIC, Vice-Ministre des finances de la Croatie, a indiqué que pour son pays la réalisation des Objectifs du Millénaire se confondait avec celle de certains des objectifs économiques nationaux qui devraient lui permettre d’adhérer à l’Union européenne. Dans ce cadre, a-t-elle poursuivi, nous croyons fermement que la mobilisation des ressources domestiques et une coopération des politiques communes en matière de développement sont la clef du succès pour un financement du développement efficace.
Notre programme économique de développement se concentre en premier lieu sur l’ajustement fiscal nécessaire pour limiter la vulnérabilité de notre économie vis-à-vis de l’extérieur et l’augmentation de notre dette. Dans le même temps, le Gouvernement croate s’efforce de renforcer la transparence et d’encourager les réformes structurelles, notamment en matière juridique, de santé et d’administration publique. Un tel programme devrait avoir des effets positifs sur l’environnement économique et ainsi faciliter l’intégration du secteur privé à l’activité.
La Vice-Ministre a demandé que les enceintes multilatérales permettent davantage aux pays en développement de faire entendre leur voix, en particulier ceux dont l’économie est aujourd’hui en transition et que les récentes discussions ont regrettablement négligés.
M. GEORGE GYAN BAFFOUR, Vice-Ministre des finances et de la planification économique du Ghana, a expliqué que les Objectifs du Millénaire pour le développement combinés au Consensus de Monterrey constituent l’essence même des stratégies de réduction de la pauvreté de son pays. Le Ghana a pris des mesures vigoureuses qui ont permis de faire passer le taux des personnes vivant sous le seuil de pauvreté de 52% en 1992 à 35% en 2003. L’accès aux services de base a été amélioré et 79,5% d’enfants sont désormais scolarisés contre 75% en 2000. Le taux de la population ayant accès à l’eau potable est passé de 37% en 2000 à 44% en 2002. Les taux de mortalité maternelle et infantile restent toutefois préoccupants avec un taux de mortalité infantile de 57 pour 1 000 naissances vivantes. Les taux de mortalité maternelle se situent entre 2 145 et 7 406 pour 100 000 naissances vivantes.
Afin de favoriser une croissance durable et réduire la pauvreté, le Gouvernement met l’accent sur la démocratie, la bonne gouvernance, la primauté du droit, le respect des droits de l’homme qui constituent la base même du développement durable. Nous nous sommes soumis au processus d’évaluation de l’Union africaine et nous nous attendons à un bon classement en termes de gouvernance. Nous avons également adopté des textes de lois permettant de créer un environnement propice aux investissements étrangers directs et au secteur privé. Le représentant s’est dit encouragé par la décision prise par certains pays développés d’accroître le niveau de l’aide publique au développement et par la décision de certains de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD. Il s’est aussi félicité de la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 pays africains, y compris le Ghana, et a souhaité que d’autres pays en bénéficient. Pour que le développement progresse, a-t-il encore dit, il faut que les pays développés et en développement lancent des actions communes complémentaires.
M. RUBÉN RAMIREZ, Vice-Ministre des relations économiques et de l’intégration, Ministère des affaires étrangères du Paraguay, a reconnu à nouveau, conformément au Consensus de Monterrey, la responsabilité principale des pays en développement de mobiliser leurs ressources nationales pour financer leur développement. Dans cette perspective, il a expliqué que son pays exécutait un programme visant au renforcement de la gouvernance, à la lutte contre la corruption et à la réorientation des ressources gouvernementales mais a jugé également indispensable de pouvoir compter sur l’assistance nécessaire, sans condition et en temps opportun, afin de renforcer cette mobilisation interne. Rappelant que la pauvreté dans la région Amérique latine et Caraïbes restait très élevée, 96 millions de personnes vivant dans une pauvreté extrême, il a déclaré que le fossé entre pays développés et en développement ne cessait de s’élargir. Il a insisté sur le rôle de l’APD, affirmant qu’elle devrait jouer un rôle plus décisif et s’est dit encouragé par les efforts de certains pays pour atteindre l’objectif de 0,7% de leur PNB.
M. Ramirez a indiqué que pour que le développement soit réellement durable, il était nécessaire d’assurer aux pays en développement un accès plus large et sans limitations aux marchés internationaux. Ceci nous donnera une source durable pour notre propre financement du développement, a-t-il ajouté, rappelant que le commerce avait été mis de l’avant à Monterrey comme l’instrument le plus important pour le développement mais que peu avait été effectué depuis pour la participation de ces économies en développement aux échanges. Il a notamment regretté les distorsions commerciales qui désavantagent les pays en développement, et particulièrement les pays en développement sans littoral, dont le coût pour exporter leurs marchandises est élevé. Il a noté que le Paraguay accueillerait la première réunion des ministres du commerce de ce groupe de pays en août prochain, et ce, en préparation de la prochaine Conférence ministérielle de l’OMC qui doit se tenir en décembre à Hong Kong.
M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao), au nom des pays en développement sans littoral, a jugé que le financement du développement était un facteur essentiel pour la croissance durable des économies en développement. Dans ce cadre, la mobilisation des ressources nationales, en dépit de certains progrès qu’elle a entraînés, n’est pas suffisante, en particulier s’agissant des pays enclavés. Cela s’explique par l’absence de croissance économique significative et par le déclin des investissements étrangers directs dans ces pays. Dans ces conditions, a poursuivi le représentant, pour les pays enclavés et connaissant les contraintes du manque de ressources humaines et financières, la voie vers le développement devrait être facilitée par un engagement accru et sans condition de la part de la communauté des donateurs. C’est pourquoi, nous demandons à cette communauté et aux organismes concernés d’augmenter leur aide officielle au développement et d’encourager l’investissement étranger vers les pays enclavés ou sans littoral.
Le représentant a également souhaité qu’émerge rapidement un système commercial multilatéral qui fasse office de moteur du développement économique mondial. À cet égard, nous réitérons que les engagements pris en commun dans le cadre du Cycle de Doha doivent être tenus par tous. Nous appelons aussi à une participation active des décideurs aux négociations qui se tiennent en ce moment au sein de l’Organisation mondiale du commerce, et qui portent notamment sur l’accès des produits agricoles et non agricoles aux marchés des pays enclavés ou sans littoral.
M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a estimé qu’il convenait de renforcer le multilatéralisme afin de parvenir à un monde plus juste. Ceci est particulièrement nécessaire dans le cas de l’Amérique latine où la disparité entre les revenus est la plus grande. Le Chili, dans ce cadre, participe activement aux travaux menés dans le cadre de l’Action contre la faim et la pauvreté aux côtés de la France et du Brésil. Nous avons, avec ces deux pays, mis en place un train de mesures incitatives à des financements supplémentaires de soutien au développement.
De l’avis de M. Muñoz, le versement de 0,7% du PNB à l’aide au développement n’est qu’une décision encourageante qui ne saurait être considérée comme la solution miracle pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015. À cet égard, il a plaidé pour une coopération accrue entre secteur privé et acteurs sociaux engagés à tous les niveaux dans l’activité économique au service du développement. Le représentant a jugé que le Cycle de Doha constituait le cadre multilatéral de référence à même de traduire en actes les négociations de l’OMC portant sur l’établissement d’un commerce mondial équitable dans un contexte de compétition plus juste.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré que, sans ressources financières, le développement était impossible et qu’il fallait maintenant renforcer la volonté politique par des partenariats et traduire les engagements en actions afin d’atteindre les objectifs de développement, notamment ceux fixés lors du Sommet du Millénaire. Il a estimé que la tâche la plus urgente était de répondre au manque financier dont souffrent les pays en développement, insistant particulièrement sur le « piège de la pauvreté » dans lequel les pays d’Afrique et les pays les moins avancés sont embourbés. Il s’est dit convaincu qu’une augmentation importante de l’aide internationale aiderait à revitaliser les pays en développement. Ainsi, il a souhaité que l’APD soit largement augmentée et, que dans ce domaine, d’autres pays suivent l’exemple de l’Union européenne. De plus, il a demandé que l’annulation et la réduction de la dette soient étendues et élargies. Il a aussi souligné le rôle de financements novateurs et s’est dit favorable à l’élaboration d’un mécanisme pour intensifier le suivi des actions concernant le financement du développement.
Pour financer le développement à long terme, M. Yishan a indiqué qu’il fallait renforcer la capacité des pays en développement à s’autofinancer, et ce, de manière diversifiée. La communauté internationale doit aider au renforcement des capacités institutionnelles dans les pays en développement et créer un environnement extérieur favorable, notamment par un système économique juste et équitable. Dans cette perspective, il a affirmé que les pays en développement devaient pouvoir choisir des politiques en accord avec leurs conditions nationales. Il a aussi souhaité que la coopération soit renforcée et qu’on encourage les investissements étrangers directs. De plus, il a insisté sur le rôle du commerce en tant que source de financement, soulignant entre autres l’importance d’adopter des mesures pour soutenir les exportations des pays en développement et de ne pas, pour certains pays, recourir au protectionnisme. Enfin, il a estimé que les pays en développement devaient avoir un rôle plus important dans le processus des décisions économiques internationales.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a évoqué le programme de lutte contre la faim conduit par son gouvernement, et dont ont bénéficié à ce jour des millions de personnes, a-t-il dit. Ce programme, a-t-il ajouté, touche également l’éducation, la santé, les installations sanitaires et le logement. Au plan international également, a poursuivi le représentant, le Brésil s’efforce de lutter activement contre la pauvreté. À cette fin, nous sommes d’avis que l’aide publique au développement constitue une priorité décisive, en particulier pour de nombreux pays en développement qui n’ont pas accès à d’autres sources de financement. Dans ce contexte, il est essentiel que les pays donateurs augmentent les ressources en appui aux efforts de développement pour qu’elles atteignent 0,7% de leur produit national brut.
Le Brésil attache en outre une grande importance à la coopération entre les pays en développement et a, à ce titre, lancé divers programmes avec des pays d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Afrique et avec le Timor-Leste. Ces projets sont réalisés dans divers secteurs tels que l’éducation, l’agriculture, la santé, l’environnement et la formation professionnelle. Dans le domaine de la santé, le Brésil a offert son aide technique au niveau international en matière de prévention et de traitement du VIH/sida.
Le représentant a encore souligné le caractère essentiel de la coopération Sud-Sud en vue de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. À son avis, cette coopération devrait être renforcée et assortie de nouvelles initiatives. Le représentant a finalement rappelé que le Consensus de Monterrey incitait l’ensemble des parties prenantes à la cause du développement –gouvernements, organisations internationales, ONG et acteurs du secteur privé– à mettre leurs efforts en commun en scellant de nouveaux partenariats. Il a demandé que ces parties prenantes maintiennent ces partenariats et redoublent d’efforts pour faire échec à la pauvreté.
M. ANDREY I. DENISOV (Fédération de Russie) a affirmé que ce dialogue devait contribuer à une meilleure coordination du travail des organisations et des États Membres pour renforcer la cohérence des politiques monétaires, commerciales et de développement afin d’éliminer la pauvreté et assurer une croissance économique et un développement durable. Il a affirmé qu’il fallait établir des mécanismes de financement du développement qui soient efficaces, réalistes et équilibrés, soulignant que les instruments existants, comme les investissements nationaux et étrangers, le commerce ou l’envoi de fonds des migrants, devaient être étudiés avec soin et plus largement utilisés. Il a estimé que l’allégement de la dette pour les pays pauvres très endettés, dans le cadre de l’Initiative PPTE du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale constituait une source importante de mobilisation des ressources. Il a rappelé que la Russie, avec ses partenaires du G-8, apportait une assistance multiple aux pays pauvres très endettés et a souligné son soutien à la récente initiative du G-8 d’annuler la dette de 18 pays. Reconnaissant les besoins spécifiques de l’Afrique, M. Denisov a annoncé l’intention de son pays d’annuler 2,2 milliards de dollars pour les États africains les plus pauvres dans le cadre de l’Initiative PPTE. Toutefois, il a expliqué que l’annulation de la dette, selon son pays, devait s’accompagner de politiques budgétaires efficaces, de réformes financières, du renforcement des institutions et de l’amélioration du climat d’investissement.
Concernant le financement du développement, le représentant a estimé qu’il faudrait explorer les sources novatrices de financement, souhaitant cependant que les initiatives comme le Mécanisme international financier (IFM) ou la taxation internationale se fassent uniquement sur une base volontaire. Par ailleurs, il a estimé qu’un marché commercial international plus équitable créerait des opportunités supplémentaires pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a soutenu la conclusion rapide des négociations du Cycle de Doha et a demandé qu’un accès stable et sans condition aux marchés soit établi pour tous les participants, y compris les pays en transition qui ne sont pas encore membres de l’OMC. Il a ainsi rappelé que son pays était candidat à l’adhésion à l’OMC et était prêt à répondre aux obligations qui sont celles des autres membres de cette organisation. Enfin, il a noté les avantages accordés par la Fédération de Russie aux pays les moins avancés, comme l’absence de restrictions quantitatives ou de mesures de protection, et a souhaité que d’autres pays suivent l’exemple.
M. ASIM ARAR, Chef du Département pour les questions économiques multilatérales au Ministère des affaires étrangères de la Turquie, a estimé que le Consensus de Monterrey constituait une réponse mondiale aux défis que pose le financement du développement. La mondialisation doit être perçue comme un processus inclusif. L’intégration à l’économie mondiale, renforcée par des politiques adéquates, contribuera non seulement à stimuler la croissance économique mais également à améliorer les conditions de vie des pauvres. La pauvreté fait obstacle à un ordre économique international juste. Dans ce cadre, la priorité des pays en développement est de créer une stratégie de développement qui s’attache à l’élimination de la pauvreté. Cette stratégie doit jeter les bases des mécanismes juridiques et financiers nécessaires à la mobilisation de ressources nationales pour le développement. Il est aussi de la responsabilité conjointe des pays en développement et des pays développés de mobiliser des ressources internationales. Pour cela, les pays développés devront mettre en place un système de financement international du développement permettant de garantir que les pays en développement bénéficieront du flux des investissements privés.
Le représentant a également jugé importante la collaboration entre les pays en développement et les institutions financières, ces dernières devant accorder une attention particulière au renforcement des capacités nationales et des ressources humaines. De même, la communauté internationale est en mesure de trouver une formule permettant de matérialiser l’annulation de la dette sans mettre en danger la stabilité des institutions financières internationales. Le commerce international a un rôle central à jouer en encourageant et en soutenant les activités de développement. La Turquie soutient la conclusion rapide des négociations en cours au sein de l’Organisation mondiale du commerce. La Conférence ministérielle de Hong Kong sera une étape historique du processus de Doha.
M. HAMAD HAREB-AL-ABSI (Émirats arabes unis) a regretté qu’en dépit des recommandations adoptées par les gouvernements lors de la Conférence de Monterrey en 2002, seule une faible augmentation de l’aide publique au développement a été constatée dans les pays en développement et les pays les plus pauvres. De plus, le problème de la dette extérieure et la baisse constante des produits intérieurs bruts n’ont fait que creuser le fossé technologique et socioéconomique entre les pays du Nord et ceux du Sud. Notre pays, qui a consacré 3,5% de son PNB à l’aide au développement, est alarmé par le fait que les engagements pris à Monterrey n’ont pas été totalement honorés. Dans ce cadre, nous attendons avec intérêt de connaître les résultats du Sommet du G-8 qui aura lieu en Écosse, le mois prochain.
Le représentant a plaidé en faveur d’une stratégie intégrée du financement du développement qui repose sur l’engagement des États de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement et d’en allouer de 0,15% à 0,20% aux pays les moins avancés. Il a également préconisé la mise en place d’un système de commerce multilatéral international qui vise l’ouverture des marchés internationaux aux produits des pays en développement, la promotion des flux d’investissements étrangers et des capitaux et le développement des technologies modernes à des fins pacifiques. Le représentant a aussi rappelé que la Conférence de Doha, qui s’est tenue récemment au Qatar, a appelé à la réforme des institutions sociales et financières et au renforcement de la coopération régionale.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a affirmé que le développement ne pouvait être atteint que sur la base du pluralisme, de la démocratie, de la bonne gouvernance, de l’état de droit et de l’égalité entre les sexes. Dans ce but, a-t-il poursuivi, le Bangladesh a entrepris une série de réformes à la fois dans les secteurs économique et social. Il a souligné le rôle des ressources intellectuelles dans le développement, insistant sur certaines idées nationales mises en œuvre au service du développement, comme le microcrédit ou l’éducation non institutionnalisée des femmes. Par ailleurs, il a indiqué que la stabilité macroéconomique de son pays était le résultat de politiques monétaires et fiscales prudentes et a expliqué que le Document de stratégie de réduction de la pauvreté avait été finalisé. Notant que les pays les moins avancés continuaient à être marginalisés, il a exhorté la communauté internationale à fournir sans délai un accès au marché, sans barrière et sans quotas, à toutes les exportations des PMA.
En ce qui concerne l’APD, il s’est félicité de l’initiative de l’Union européenne et a appelé tous les pays développés à y consacrer 0,7% de leur PNB. Il a estimé que des actions urgentes devaient être prises pour améliorer la qualité et la transparence de l’APD. Le représentant a plaidé pour la mise en place de mécanismes novateurs, appuyant notamment l’idée d’une facilité financière internationale. Il a demandé que toute assistance future soit sans condition et sans motivation politique. Par ailleurs, il a affirmé que les mesures d’allégement de la dette avaient pour l’instant été inefficaces et que les dettes des PMA devaient être effacées immédiatement. Enfin, il a souligné l’importance des capitaux privés ainsi que celle d’une meilleure cohérence entre les politiques de commerce, de la dette et de financement et d’une bonne coordination entre institutions internationales.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a estimé qu’il convenait de réaffirmer le partenariat entre le sud et le nord que représente le Consensus de Monterrey. Ce partenariat doit être approfondi en prenant des décisions concrètes dans le cadre de l’approche holistique, consacrée à Monterrey, dans les domaines de la finance, de la monnaie et du commerce. Ces décisions devraient avoir pour finalité de mobiliser le financement nécessaire afin de donner espoir à la grande partie de la population dans le monde qui vit dans le besoin et dans la pauvreté. À cet égard, a poursuivi le représentant, nous appuyons l’établissement d’un calendrier pour la réalisation de l’objectif de consacrer 0,7% du revenu national brut à l’aide publique au développement d’ici 2015. L’APD doit être en outre combinée avec l’allègement du fardeau de la dette. Nous soutenons à ce titre l’accélération de la mise en œuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) par le moyen d’une aide fournie intégralement sous forme de dons.
En matière de commerce, a poursuivi le représentant, nous estimons que seul un accès renforcé et prévisible aux marchés des pays développés pourrait injecter une nouvelle énergie et créer une nouvelle dynamique pour réussir une croissance économique durable et atteindre les Objectifs du Millénaire. À cet égard, nous appelons les pays développés à ouvrir leurs marchés aux exportations des pays en développement et à garantir l’accès libre et sans quotas à toutes les exportations des pays les moins avancés (PMA). Le Royaume du Maroc, pour sa part, offre aux PMA un accès libre et sans quotas à son marché.
Au sujet de la gouvernance internationale, M. Bennouna s’est montré d’avis qu’il fallait réaménager le processus de décision dans les grandes institutions économiques et financières internationales, de manière à associer et à responsabiliser les pays du Sud dans la régulation de la mondialisation. Il faut enfin veiller à la cohérence des politiques financières, monétaires et commerciales internationales avec les impératifs et les objectifs du développement, a-t-il ajouté.
M. CHOI YOUNG-JIN (République de Corée) a estimé que les pays développés comme les pays en développement devaient prendre des mesures supplémentaires pour mettre entièrement en œuvre les engagements pris à Monterrey. Quatre questions sont fondamentales: optimiser les ressources financières nationales, fournir une aide publique au développement suffisante, promouvoir le commerce et accroître la coopération régionale. Pour ce qui est d’accroître les ressources nationales, a ajouté le représentant, chaque pays en développement doit adopter des stratégies de développement nationales qui renforcent la bonne gouvernance tout en soutenant la croissance économique du secteur privé. Le partage des connaissances en matière de bonne gouvernance est également décisif. De même, l’APD vient en complément des ressources internes et nous sommes encouragés par son augmentation après une tendance à la baisse. Toutefois, le niveau de l’APD est encore bien en deçà des niveaux agréés, à savoir 0,7% du PNB pour chacun des pays développés. Nous accueillons positivement l’initiative du Secrétaire général de lancer une facilité de financement internationale. Il est également important de favoriser le commerce international ainsi que la coopération régionale, a ajouté le représentant qui a détaillé les initiatives régionales lancées par son pays.
Notant que le Consensus de Monterrey était essentiel pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a affirmé que son pays s’était attaché à promouvoir son essor économique et social. Il a notamment précisé qu’il avait été parmi les premiers États à présenter un rapport de suivi sur les OMD, malgré les problèmes liés aux ressources consacrées à la défense du pays. Il a expliqué que son pays s’efforçait d’augmenter les investissements nationaux afin de réaliser un développement durable, tout en créant un marché basé sur la concurrence. Il a également insisté sur les efforts de son pays afin d’augmenter les facteurs de production par la promotion des ressources humaines, la réforme de l’éducation, de la formation et de la recherche ainsi que du système administratif. Afin d’assurer une efficacité administrative, a-t-il ajouté, nous nous employons à lutter contre la corruption, à promouvoir la transparence et la participation de la société civile.
Bien que le commerce international ait été qualifié de moteur du développement par le Consensus de Monterrey, le représentant a estimé que des obstacles importants ne permettaient pas d’en tirer les revenus nécessaires pour financer le développement. Il s’est associé aux États qui ont lancé un appel pour que l’OMC facilite l’adhésion des pays en développement. Par ailleurs, il a salué l’Initiative de l’Union européenne visant à augmenter l’aide publique au développement et a invité les autres États à établir un calendrier pour augmenter cette assistance. De plus, il a soutenu la priorité donnée à l’Afrique dans ce domaine. Le représentant s’est félicité des efforts déployés en vue d’explorer des sources novatrices de financement, souhaitant cependant une volonté politique plus ferme pour permettre une participation active des pays en développement dans les processus de décisions.
Mme CARMEN MARIA GALLARDO (El Salvador) a plaidé pour un commerce international fondé su des règles équitables de fonctionnement et préconisé de repenser, entre autres, la politique des donateurs. La recherche de solutions durables en matière de développement doit reposer sur une coopération et une assistance technique et financière cohérente. Le renforcement de l’APD, une meilleure gestion de l’allégement de la dette et la mobilisation des ressources publiques et privées sont les clefs de la réussite pour redonner espoir, confiance et prospérité à nos concitoyens, a dit la représentante. C’est pourquoi, le Salvador encourage par le biais de programmes économiques incitatifs la création d’entreprises et d’emplois. Dans ce cadre, le recours croissant au microcrédit et l’amélioration des conditions de circulation des capitaux privés et provenant des investissement directs étrangers constituent un complément essentiel. La représentante a par ailleurs regretté que les pays à revenu moyen, comme le Salvador, soient souvent exclus de l’aide au développement et peu entendus dans les enceintes multilatérales. Il a demandé que ces pays soient considérés pour ce qu’ils sont, à savoir de vrais partenaires économiques et des alliés dans les stratégies mondiales de développement.
M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a annoncé que son pays augmentera au cours des trois prochaines années le volume de l’aide publique au développement aux pays en développement et à ceux en transition. Alors que nous sommes engagés sur la voie de la réforme de l’Organisation, davantage d’attention devrait être accordée aux donateurs émergents comme la Roumanie. Même si le passage du statut de récipiendaire de l’aide à celui de fournisseur de l’aide ne s’est pas fait sans difficultés, nous souhaitons partager notre expérience et générer une tendance similaire. De nombreux pays d’Europe de l’Est connaissent cette transition et sont déterminés à atteindre l’objectif fixé consistant à consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. La Roumanie pour sa part souhaite honorer ses engagements et est prête à prendre davantage de responsabilités dans la mesure de ses moyens. La Roumanie connaît une croissance économique depuis cinq années consécutives de 4,5% avec une pointe de 8,3% en 2004. Notre accession à l’Union européenne, qui est le plus grand donateur d’aide au développement, nous permettra de simplifier nos procédures opérationnelles et d’accroître la coordination de nos activités.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a insisté sur l’importance des dimensions régionale et interrégionale dans la mise en œuvre et le suivi des engagements pris à Monterrey, soulignant le rôle des banques régionales de développement et des commissions économiques régionales. Il a affirmé que la participation de bon nombre de pays en développement dans le commerce mondial demeurait marginale. Ainsi, il a souhaité la conclusion des négociations du Cycle de Doha en faveur des pays en développement ainsi que l’élimination des barrières tarifaires et des subventions aux exportations. Il a rappelé que plusieurs pays pauvres en développement n’atteindraient pas les OMD sans une APD plus importante et de meilleure qualité. M. Olhaye a ainsi demandé aux pays développés de respecter leur engagement de 0,7% d’APD, tout en saluant l’initiative de l’Union européenne ainsi que la suggestion d’une facilité de financement internationale. De plus, il a estimé qu’il était impératif que la communauté internationale demeure ouverte aux nouvelles propositions de financement. Notant que le financement était une question critique pour de nombreux domaines, dont le VIH/sida, les services sociaux, la bonne gouvernance ou la croissance économique, il a affirmé que ces sujets devaient être traités de manière intégrée, insistant sur la nécessité d’agir sans délai et de fournir des résultats.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que le développement ne pouvait progresser sans un financement adéquat. Le développement dans les pays les moins avancés sera difficile tant que les ressources nettes sortant de ces pays en direction des pays développés seront aussi importantes, à savoir, par exemple, quelque 312 milliards en 2003. Cette tendance doit être inversée. Dans ce contexte, l’aide au développement doit être envisagée sous l’angle de l’allégement prioritaire de la dette soutenu par la mise en place concomitante de moyens nouveaux de financement, ceci en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire.
Pour le représentant, les ressources financières sont d’ores et déjà disponibles, et ce qu’il est nécessaire de faire est de convenir de mécanismes capables d’assurer que ces liquidités sont plus équitablement réparties. Dans ce contexte, les investissements directs étrangers devraient pouvoir être réalisés plus facilement dans les pays en développement. Une telle manne pourrait en effet accélérer les transferts de technologies, créer des emplois, booster la productivité, intensifier la compétitivité et augmenter la croissance pour réduire rapidement la pauvreté. Ce sera l’une des initiatives à prendre lors du prochain Sommet mondial que prendre des mesures visant à générer à la fois des ressources domestiques et des investissements directs étrangers dans les pays à bas revenu.
M. Akram a par ailleurs estimé nécessaire l’établissement d’une gouvernance pertinente aux niveaux national et mondial. Cela suppose davantage d’équité dans les économies politiques conduites entre autres par le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cela suppose encore plus d’efforts concertés afin d’assurer l’élimination des transferts illégaux et le partage des ressources générées par la corruption et le crime. Dans ce contexte, les Nations Unies doivent s’engager plus activement à promouvoir une telle bonne gouvernance, par le biais notamment des travaux de son Conseil économique et social.
M. LOUIS MICHEL, Commissaire européen pour le développement et les affaires humanitaires, a estimé que le Consensus de Monterrey est une condition indispensable à l’élimination de la pauvreté qui n’est pas acceptable moralement. Un changement radical est nécessaire par solidarité mais aussi pour des raisons de sécurité. Les pays en développement doivent mettre en place des politiques audacieuses de lutte contre la pauvreté en s’imposant des exigences de gouvernance intègre. Toutefois, cela ne doit pas permettre à la communauté internationale de se soustraire à ses responsabilités. Elle doit faire plus, mieux et plus vite. Les 25 États de l’Union européenne se sont entendus pour augmenter de 20 milliards de dollars leur aide au développement d’ici à 2010, ce qui conforte la première place de l’Union dans ce domaine. Les engagements pris en 2002 à Monterrey seront respectés et même dépassés, notamment d’allouer 0,7% de leur PNB à l’APD, a affirmé M. Michel.
L’amélioration de la qualité et de l’efficacité de l’aide est une autre priorité. Pour cela, il nous faut revoir nos partenariats et adopter des approches basées sur les résultats. Il faut cesser d’imposer des exigences administratives qui n’ont que peu de lien avec la réalité. L’Union européenne s’efforcera de rendre l’aide plus prévisible et moins volatile. Il est indispensable de trouver des synergies appropriées qui apportent une plus-value additionnelle au développement. L’Union européenne a adopté une politique volontariste en faveur de l’Afrique subsaharienne et elle augmentera de 50% le niveau de son aide. Elle financera les grands réseaux transafricains de télécommunications, les infrastructures de désenclavement ou encore l’accès aux services de base. La communauté des bailleurs de fonds doit tenir ses promesses. Pour améliorer la qualité de notre aide, il nous faut aussi améliorer la coordination de cette aide.
M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a estimé que les partenaires au service du développement international devaient faire des efforts concrets pour respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB À l’APD, se félicitant de l’initiative de l’Union européenne dans ce domaine. Il a demandé une réduction de la dette pour les PPTE ainsi qu’une prise en compte des problèmes auxquels se heurtent les pays à bas revenus, problèmes trop importants pour être ignorés. Il a insisté sur le rôle du commerce comme source importante de financement et moteur du développement. Il a affirmé que ceci nécessitait un système équitable et réglementé et déploré que le système existant soit déséquilibré et non favorable à l’encontre des pays en développement et des pays en transition. Il a souligné la nécessité d’une cohérence dans les politiques de développement international ainsi que l’importance d’une coopération améliorée entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods et d’un rôle plus actif des organisations régionales et sous-régionales. Le représentant a expliqué que son pays avait obtenu des résultats tangibles grâce aux réformes économiques mises en œuvre mais que beaucoup restait à faire. Il a demandé que les besoins spécifiques des pays en développement sans littoral, comme le Kazakhstan, soient pris en compte dans la prise de décisions dans les secteurs du développement économique, du commerce international, et de la coopération interrégionale.
Mme LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) s’est déclarée convaincue que le commerce international demeurait la source première du financement pour le développement. Nous avons bon espoir que le Cycle de négociations de Doha sera assorti en 2006 des mesures indispensables visant à accroître l’accès aux marchés et à lutter contre l’élimination des subventions à l’exportation qui entravent les économies des pays en développement, en particulier s’agissant des produits agricoles.
La représentante s’est par ailleurs félicitée de l’augmentation des investissements Sud-Sud. Elle a informé les participants au dialogue de haut niveau qu’un plan de développement asiatique était en cours d’élaboration avec les partenaires régionaux de la Thaïlande. Il devrait aboutir à la création imminente d’un fonds qui aurait pour fonction de fournir des ressources et d’assurer la sauvegarde des économies régionales contre les fluctuations de change non prévisibles, a-t-elle précisé. L’APD, a poursuivi la représentante, joue un rôle important pour parvenir au Objectifs du Millénaire pour le développement. Mais cette aide elle doit être complétée par des ressources mobilisées au niveau national. En outre, il conviendrait de cesser rapidement d’assortir l’APD de conditions qui sapent le développement économique et social des pays les moins avancés.
M. SERGE CHAPATTE (Suisse) a estimé crucial dans le contexte de la Conférence de Monterrey, que les pays en développement formulent et mettent en œuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté effectives et efficaces. Il faut, a-t-il insisté, qu’ils créent des conditions cadres propices à un développement humain et écologiquement durables et qu’ils mobilisent pour ce faire autant que possible leurs ressources propres. Il a invité les pays industrialisés à accroître leur aide au développement et à améliorer la qualité et l’efficacité. Il s’est félicité de ce que de nombreux pays en développement se sont dotés au cours des dernières années de stratégies contre la pauvreté et procèdent actuellement à l’adaptation de leurs politiques économique, fiscale, sociale et environnementale. Il a estimé que l’avancement de ces réformes et de leurs effets concrets variaient d’un pays à l’autre et que beaucoup d’entre eux demeuraient très vulnérables à des chocs provoqués par des changements économiques externes.
Présentant les initiatives de la Suisse, il a indiqué que son pays, avec un taux de 0,41% de son produit national brut consacré à l’APD, était actuellement placé au huitième rang des pays de l’OCDE/CAD et figurait en outre parmi les 10 principaux donateurs de l’AID/BM, du Fonds africain de développement, du PNUD, du FNUAP, et de l’UNICEF. Malgré la mise en œuvre, décidée par le peuple suisse, d’un vaste plan d’assainissement des finances fédérales, l’APD suisse est l’une des seules rubriques budgétaires qui pourra augmenter, qui plus est d’environ 8%, sur la période 2006-2008. La Suisse poursuivra ses appuis directs dans les domaines cruciaux définis par le Consensus de Monterrey, en particulier le renforcement de la gouvernance et des capacités de gestion de ses partenaires bilatéraux dans des domaines tels que l’administration des finances, y compris la gestion de la dette, les services financiers, la microfinance, la promotion des exportations et des investissements privés. Nous porterons aussi une attention particulière, a-t-il ajouté, à l’établissement de partenariats avec le secteur privé afin d’augmenter l’impact positif de nos moyens de coopération au développement.
M. BRUCE MONTADOR, Vice-Président de l’Agence canadienne du développement international, a estimé que cette année marquera un tournant décisif dans la lutte contre la pauvreté dans la mesure où les Objectifs du Millénaire pour le développement sont au premier rang des priorités mondiales. Le développement du secteur privé est le moteur de la croissance économique. Il est donc crucial d’attirer les investisseurs pour multiplier les possibilités offertes aux entrepreneurs. M. Montador est revenu sur les efforts que déploie son pays afin d’établir une assise solide pour le développement durable des pays en développement et notamment sa décision de doubler l’aide canadienne d’ici à 2010. Toutefois, l’aide n’est pas le seul pilier du développement. Pour donner de meilleurs résultats, celle-ci doit s’inscrire dans un ensemble de politiques plus vaste et plus cohérent tel que décrit dans « L’Énoncé de politique internationale ». Ce document, a expliqué le Vice-Président de l’Agence canadienne du développement international, établit des liens plus clairs entre les programmes de développement, de diplomatie, de commerce et de sécurité.
Le Canada est favorable à la conclusion d’accords sur la protection des investissements étrangers ou de traités bilatéraux pour mieux gérer et atténuer les risques d’investissement, a affirmé M. Montador. En plus d’aller dans le sens de la primauté du droit, ces instruments favorisent l’équité, la transparence, la non-discrimination, la responsabilisation et la bonne gouvernance. Donner meilleur accès aux marchés et mettre fin aux subventions dans les pays industrialisés, a encore ajouté le représentant, n’est toutefois pas suffisant pour transformer complètement la façon de faire des affaires. Il faut aussi apporter de grandes améliorations à l’environnement institutionnel de ces pays, mais aussi à l’infrastructure économique, les transports et les communications. L’annulation entière de la dette des pays africains est une excellente mesure pour l’Afrique. Les nouvelles ressources consacrées à l’allègement de la dette permettront d’investir dans des services publics comme la santé et l’éducation
M. TENS C. KAPOMA (Zambie) a indiqué que son pays était, parmi le groupe des pays les moins avancés, un de ceux qui ont bénéficié de l’application concrète du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Rome. Il a annoncé que la Zambie était parvenue en avril 2005 à faire passer le montant de la dette de 7,1 milliards de dollars à 3,8 milliards. Lors du Sommet du G-8, la Zambie avait bénéficié de l’annulation de sa dette auprès des institutions de Bretton Woods, abaissant ainsi sa dette totale à moins de 2 milliards de dollars. Le représentant a expliqué que ceci contribuerait à augmenter les ressources en faveur des programmes sociaux.
Tout en reconnaissant la responsabilité nationale pour mobiliser des ressources, il a fait valoir que la fragilité de l’économie nationale ne permettrait pas d’atteindre ce but à court ou moyen terme, et que son pays ne pourrait y parvenir sans assistance des partenaires pour le développement. Il a ainsi demandé, entre autres, une aide sans conditionnalité, l’harmonisation des cadres de performance des différents donateurs et le renforcement des bureaux des donateurs dans les pays en développement. De plus, il a insisté sur l’importance du partage de l’information concernant l’aide et les programmes d’appui. Il a salué le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l’Allemagne, l’Union européenne et les pays nordiques, entre autres, pour leurs efforts afin d’augmenter leur volume d’APD en faveur des pays en développement.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a rappelé que beaucoup restait à faire pour appliquer les engagements pris à Monterrey. À cet égard, il a cité le renforcement de la cohérence des systèmes monétaire, financier et commercial internationaux dans le sens d’une ouverture et d’une réglementation permettant aux pays en développement d’en tirer le meilleur profit. Il a déclaré que les pays en développement ne s’étaient pas suffisamment appropriés leur propre développement tandis que les pays développés étaient loin d’avoir honoré leurs engagements en matière d’APD. Il a estimé que les pays en développement, en dépit de la faiblesse de leurs moyens et de leurs capacités, avaient toutefois fait des progrès méritoires sur le front des réformes en matière de gouvernance, de mise en place d’institutions et de pratiques démocratiques et des conditions cadre. Outre l’APD, qui est la source principale de financement du développement en provenance des pays développés et des institutions financières internationales et régionales, la communauté internationale doit faire un effort de promotion des investissements étrangers directs (IED) qui, malgré les garanties octroyées, restent à des niveaux dérisoires dans beaucoup de régions. Le transfert net des ressources à l’avantage du Nord est une anomalie persistante qu’il convient de corriger impérativement, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le représentant algérien a insisté sur le rôle moteur du commerce dans le développement, alors que la part des pays en développement dans les échanges mondiaux reste minime par rapport à leurs potentialités. Il a déclaré que la dette constituait une autre entrave pour les pays en développement, particulièrement les pays les plus endettés. Résoudre la crise de l’endettement, a-t-il également dit, libèrera des ressources importantes pour le développement. C’est pourquoi, il a salué la décision prise récemment par le groupe de huit (G-8) d’effacer 40 milliards de dettes de 18 pays en développement parmi les pays pauvres endettés en appelant à la mise en œuvre de cette décision le plus rapidement possible et en souhaitant qu’elle soit étendue à un plus grand nombre de pays.
M. TERUNEH ZENNA (Éthiopie) a exhorté la communauté internationale à entendre l’appel du Secrétaire général des Nations Unies demandant que soit accordé un accès en franchise et hors quota aux exportations des pays les moins avancés. La dépendance des PMA à l’égard de quelques produits à l’exportation les expose à un très grand risque d’instabilité en ce qui concerne leur balance des échanges et à une augmentation de leur ratio de solvabilité. Cette dépendance compromet les investissements.
L’aide publique au développement va continuer à jouer un rôle crucial pour compléter les ressources nécessaires au développement, en particulier concernant l’Afrique subsaharienne, a poursuivi M. Zenna. Il est impératif que, aux fins de réalisation des Objectifs du Millénaire, la communauté internationale s’accorde sur une augmentation substantielle de l’APD. Dans ce cadre, l’Éthiopie demande instamment aux pays qui ne l’ont pas encore fait de s’engager à verser 0,7% de leur PNB à l’effort de développement. Nous saluons en outre la proposition faite par le Royaume-Uni de mettre en place une facilité de financement internationale.
M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a indiqué que, conformément à l’idée que la responsabilité du développement repose en premier lieu sur les pays en développement, son pays avait mis en place les politiques macroéconomiques nécessaires par le biais d’un Plan d’action pour l’éradication de la pauvreté, plan en accord avec les OMD. Il a expliqué que le gouvernement a pris des mesures pour augmenter la productivité ou encore améliorer la gestion macroéconomique, les infrastructures, le droit et la sécurité notamment. Il a noté que son pays s’attachait également à créer des emplois et renforcer les secteurs de l’agriculture et de l’industrie ainsi qu’à encourager le microcrédit afin d’augmenter le niveau de vie des ménages, et donc, de faciliter la mobilisation des ressources nationales. Il a fait valoir qu’en dépit de résultats obtenus grâce à ces politiques macroéconomiques, l’Ouganda souffrait encore d’un fardeau de la dette qu’il ne peut supporter.
Notant que l’Ouganda était parmi les pays visés par l’annulation de la dette accordée décidée par le G-8, il a demandé que cette action soit soutenue par des mesures pour empêcher qu’ils ne retombent dans un cycle d’endettement. Il a ainsi appelé les donateurs qui ne l’ont pas encore fait à respecter leurs engagements en matière d’APD. Il a déclaré que malgré leurs efforts, certains pays, tels que l’Ouganda devaient faire face aux impacts négatifs de facteurs extérieurs et qu’il fallait maintenant agir pour résoudre les déséquilibres mondiaux en renforçant la cohérence des institutions internationales qui traitent des questions commerciales, monétaires et de financement, notamment par la participation des pays en développement.
Mme IMERIA NUÑEZ DE ODREMÁN (Venezuela) a rappelé que malgré les efforts déployés, il était évident que la communauté internationale perdait sa lutte contre la pauvreté et qu’à ce rythme, les OMD ne seraient pas atteints d’ici à 2015. Concernant le commerce, elle a expliqué que son pays avait souligné la nécessité d’examiner l’impact de l’accord de Marrakech sur les États Membres. L’ouverture des marchés aux produits des pays en développement ne doit pas être assortie de conditions, a-t-elle poursuivi. Rappelant qu’il fallait résoudre le problème de la dette, elle a sur les défis auxquels faisaient face des pays à bas et moyens revenus. Il est nécessaire d’adresser le problème de la dette en s’assurant qu’elle est supportable pour les sociétés concernées, a-t-elle ajouté. Elle a déclaré que le Venezuela soutenait le droit des pays en développement à mettre en place leur propre stratégie de développement et à rejeter l’imposition de conditions.
Elle a indiqué que son pays avait connu de grandes difficultés durant ces six dernières années mais avait quand même réussi à mobiliser des ressources pour le financement du développement. Notant que le Venezuela devait atteindre les OMD d’ici à 2015, elle a insisté sur la participation du peuple dans le processus de prise des décisions affectant le pays.
M. ISIKIA SAVUA (Fidji) a soutenu l’appel pour des partenariats efficaces et authentiques, avec l’appui des institutions financières multilatérales et internationales. Il a affirmé que les partenaires de développement devaient respecter les obligations auxquelles ils ont souscrit et répondre de manière proportionnelle aux efforts fournis par les pays en développement. Il a salué les initiatives actuelles pour augmenter le financement du développement, demandant toutefois que ces sources novatrices viennent s’ajouter à l’APD tel que convenu par le Consensus de Monterrey. Il a insisté sur le rôle du commerce pour Fidji et s’est dit préoccupé au sujet du Cycle de négociations de Doha, espérant qu’elles aboutiraient à un résultat favorable pour les pays en développement et les petites économies.
Le représentant a relancé un appel pour un accès amélioré au marché des produits du sud et pour le renforcement des capacités de production de ces pays afin d’améliorer la compétitivité de leurs exportations. Concernant les envois de fonds par les migrants, il a rappelé que ceux-ci étaient vitaux pour les petites économies et a souhaité que ce dialogue donne des directions claires pour le Sommet et le dialogue de haut niveau sur les migrations de 2006. Enfin, il a demandé une assistance technique et financière adéquate pour la pleine mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, soulignant la vulnérabilité des petits États insulaires en développement.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas) a souligné que l’allègement de la dette pouvait jouer un rôle clef en dégageant les ressources nécessaires à la réalisation des Objectifs du Millénaire. Nous appelons à cette fin à la mise en place de mesures supplémentaires. Dans ce contexte, nous saluons la proposition formulée lors du dernier Sommet du G-8 d’annuler 100% de la dette des pays endettés les plus pauvres. Le représentant a précisé que l’effort d’allègement de la dette devait se faire sans réduction des ressources dévolues aux autres pays en développement et sans compromettre la viabilité financière des institutions spécialisées.
Au plan des réformes, les Nations Unies, afin de pouvoir remplir leur mandat en matière de développement, doivent réaffirmer avec fermeté leurs engagements. Ce qui signifie l’établissement d’un partenariat bien défini avec la Banque mondiale, le Fonds mondial et les autres acteurs majeurs pertinents. Nous soutenons également la proposition du Secrétaire général dans son rapport « Dans une liberté plus grande » de confier au Conseil économique et social l’examen des possibilités de nouveaux financements. Concernant la microfinance, le représentant a estimé que cet outil était un moyen très probant en vue réduire la pauvreté et de contribuer à atteindre les Objectifs du Millénaire. Ainsi, les plateformes nationales de microfinance pourraient aider les gouvernements à mettre en œuvre les recommandations faites par la Banque mondiale en matière notamment d’investissements privés.
M. JIHAD ALWAZIR, Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, a affirmé que la situation troublée dans la région expliquait les piètres résultats économiques. Il a indiqué que la Palestine était l’un des plus importants bénéficiaires de l’aide internationale et avait entrepris, avec l’appui de la communauté internationale, des réformes à tous les échelons de la société. Il a précisé qu’au cours des trois dernières années, la Palestine avait mis en place des mesures importantes pour une réforme économique et politique afin de maintenir un système financier transparent et ouvert. Il a aussi souligné la volonté de fournir au peuple palestinien un système de gouvernance à la hauteur des normes internationales les plus élevées. De plus, il a déclaré que les réformes financières avaient démontré la capacité du Gouvernement à gérer les ressources de manière efficace, à élaborer et appliquer des politiques sûres de manière transparente. Toutefois, a-t-il poursuivi, malgré ces efforts et l’aide internationale, la situation humanitaire et économique des Palestiniens demeure difficile. Selon lui, l’assistance des donateurs ne peut parvenir à l’objectif visé tant qu’il y aura une occupation israélienne. Se disant convaincu de l’importance d’une croissance menée par le secteur privé, il a estimé que ceci nécessitait un environnement politique sûr et stable et un accès aux marchés régional et international. Il a conclu en déclarant que sans paix, il ne pouvait y avoir de véritables perspectives économiques et que le potentiel de la région serait toujours entravé sans une pleine mise en œuvre de la Feuille de route, la fin de l’occupation israélienne et l’établissement de deux États vivant côté à côte en paix et en sécurité.
M. ANDA FILIP, Observateur permanent de l’Union interparlementaire auprès des Nations Unies, a souligné le rôle important des parlements dans la réflexion sur les politiques de développement et de son financement. Il s’est félicité que de plus en plus de parlementaires se rendaient dans des pays en développement pour constater l’utilisation de l’aide au développement et la mise en œuvre de programmes d’assistance technique. De nombreux signes démontrent la prise de conscience croissante dans les pays industrialisés des besoins des pays en développement, a-t-il ajouté. Il a estimé que le rôle des parlements sera crucial dans les années à venir, afin que l’assistance au développement demeure parmi les priorités gouvernementales et que les pays développés soient en mesure de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement d’ici à 2015. Par ailleurs, il a déclaré que l’Union interparlementaire était engagée à promouvoir la démocratie au niveau national mais aussi sur la scène internationale. Il a tenu à rappeler que de nombreux parlements considéraient que le système commercial international était particulièrement inéquitable et qu’il était responsable d’une perte de revenus pour les pays en développement estimée à plusieurs centaines de milliards de dollars. C’est pourquoi, a-t-il insisté, le problème est politique avant d’être économique et il faut donc sensibiliser les parlementaires du monde entier à l’importance des négociations commerciales internationales à venir dans le cadre de la sixième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui se tiendra à Hong Kong au mois de décembre prochain.
M. IAIN LOGAN, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a déclaré que la Fédération agissait depuis de nombreuses années selon le principe que les activités humanitaires ne sont pas et ne doivent pas être dissociées de celles du développement mais qu’elles doivent agir toutes deux de concert pour soutenir les populations vulnérables. Nous avons investi des ressources humaines et matérielles dans l’établissement de solides capacités locales, faisant en sorte qu’une opération de secours sème les graines du développement durable, a-t-il déclaré.
Le représentant a ajouté que la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge continuait d’exhorter les gouvernements à soutenir les sociétés nationales dans les domaines humanitaires et du développement, et ce, afin de renforcer les moyens d’alerte et d’atténuation des risques de catastrophes et de maladies. Il a également mis l’accent sur le rôle important de la société civile dans la définition et la mise en place de programmes visant à répondre aux besoins des communautés touchées.
M. INDRAJIT COOMARASWAMY, Président du Secrétariat du Commonwealth, s’est félicité du fait que les problèmes de développement recevaient progressivement toute l’attention qu’ils méritent auprès des pays les plus puissants, comme l’a démontré le récent Sommet du G-8. Il faut agir sans délai en Afrique subsaharienne où le niveau de pauvreté est inacceptable alors que nous disposons des moyens d’éliminer la pauvreté. Dans ce contexte, il est impératif de mettre en place des politiques qui soient soutenues par un engagement de partenariat durable entre toutes les parties prenantes à l’effort de développement. Les bénéficiaires doivent en outre créer les conditions d’appropriation de leurs propres ressources, conformément à ce qui a été convenu à la Conférence de Monterrey et en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Dans ce cadre, le défi lancé aux pays riches est d’arrêter les dommages dont sont victimes les pauvres du fait de l’état actuel du commerce international. Lutter contre les séquelles sociales des ajustements économiques pratiqués par les gouvernements des pays en développement est une priorité absolue. À cette fin, il convient d’aider ces pays à se doter des capacités et des financements à même de leur permettre, entre autres, de fabriquer des biens concurrentiels et d’ouvrir leur économie aux investissements étrangers directs. C’est pourquoi, a préconisé le représentant, il faut doubler l’aide au développement et en améliorer le contenu.
M. WILLIAM JACKSON, Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (IUCN), a affirmé que les Objectifs du Millénaire pour le développement étaient interconnectés et ne pouvaient être atteints isolément ni de manière séquentielle. Investir dans la durabilité de l’environnement contribue à atteindre chacun des autres objectifs, a-t-il dit. La réalisation des Objectifs du Millénaire, a-t-il ajouté, nécessitera un accroissement de l’aide et un meilleur ciblage de celle-ci. Des efforts sont nécessaires, a-t-il dit, pour renforcer l’efficacité de l’aide, y compris en adoptant des cibles claires et des indicateurs, en permettant davantage aux pays du Sud de définir leurs propres propriétés de développement, et en améliorant la coordination des donateurs par une harmonisation accrue.
Mme KAZU SAKAI, Directeur général, Département des politiques et des stratégies à la Banque asiatique de développement, a déclaré que la région du Pacifique et des Caraïbes n’atteindra que certains des Objectifs du Millénaire. Il a expliqué que la croissance économique est un élément décisif de la réduction de la pauvreté tandis que le développement des infrastructures est nécessaire à la croissance économique durable dans de nombreux pays en développement. Le financement des infrastructures exige non seulement des fonds publics mais également privés. Une répartition efficace des ressources pour le développement et une mobilisation adéquate des fonds passent par un secteur privé dynamique, des bases fiscales saines et des partenariats réussis entre le secteur privé et le secteur public. Les gouvernements doivent créer des conditions favorables aux investissements étrangers qui sont indispensables à la croissance économique et au développement. Le représentant a précisé que l’APD demeurera indispensable pour les pays à faible revenu tandis que pour les pays à revenu intermédiaire, l’aide publique au développement continuera de jouer un rôle important.
Mme NDIORO NDIAYE, Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a souligné qu’il est urgent d’investir dans les forces productives des pays en développement pour réduire le fossé entre la qualité des services de santé et les fonds mobilisés. Parmi les enjeux principaux, elle a cité une meilleure gestion des services de santé, ce qui implique une redistribution géographique des ressources disponibles pour contrebalancer l’attraction de la capitale et des grands centres urbains; l’amélioration des plateaux techniques et de la formation des personnels nationaux de santé; et l’optimisation de la coordination des programmes intersectoriels. Elle a insisté sur la nécessité de valoriser les apports des migrants dans les programmes d’aide au développement. Elle a ajouté que l’éventail des compétences des migrants de la diaspora couvrait des domaines de spécialité dont les pays d’origine avaient un besoin criant, notamment dans les professions de santé, l’enseignement et les activités liées à la finance et aux investissements.
Mme Ndiaye a précisé que les travailleurs migrants transféraient plus de 100 milliards de dollars par an vers leur pays d’origine, qu’ils soient installés légalement ou non dans leur pays de résidence. Elle a estimé qu’avec la prise de mesures incitatives cohérentes, il serait raisonnable d’espérer que 15 à 20% de ces montants qui ne sont pas utilisés pour le soutien direct à la famille ou à la communauté d’origine seront investis dans la création d’entreprises ou la prise de participation dans des structures existantes, créant ainsi des emplois et des revenus. L’OIM, a-t-elle ajouté, plaide pour que les migrations ne soient plus abordées seulement sous l’angle du contrôle et de la répression, mais qu’elles puissent être perçues comme une solution à la problématique du développement durable, en intégrant les compétences et les ressources de la diaspora dans une logique de mobilité, d’échanges et d’investissements.
TABLES RONDES
« Mobilisation des ressources financières nationales pour le développement »
Le propos de cette table ronde n’est pas d’opposer l’aide publique au développement (APD) aux ressources nationales, a précisé d’emblée le Directeur d’USAID, John Wasielewski qui présidait la table ronde aux côtés du Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, Jozsef Berenyi. Le Coprésident répondait à la remarque du représentant du Cambodge qui a qualifié de « mythe » l’idée de pouvoir mobiliser des fonds nationaux sans des réformes macroéconomiques et structurelles dont les coûts ne pourraient être assurés sans l’APD. Le représentant de la Suisse a jugé la question de la mobilisation des ressources nationales tellement importante qu’il a regretté qu’elle n’apparaisse pas comme un objectif dans les documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP).
L’APD ayant été reconnue comme « force d’amorce » de la mobilisation des ressources nationales, les intervenants se sont penchés sur les moyens de renforcer leur première source, à savoir le secteur privé. Ils ont prôné l’instauration d’une véritable « culture d’entreprises » caractérisé par des régimes fiscaux harmonisés et des opportunités d’investissements rentables tant pour le secteur privé national que pour le secteur privé étranger. Comme l’a résumé le représentant du Canada, « l’investissement national attire l’investissement étranger ». Le représentant du Japon a insisté sur ce point en arguant qu’aujourd’hui en Afrique, la fuite des capitaux représente des sommes plus élevées que la dette extérieure du continent.
L’ampleur de ce phénomène a suscité de nombreux commentaires dont celui à contre-courant du représentant de l’African Business Roundtable, organisation créée par la Banque africaine de développement (BAD). Il a minimisé le phénomène en estimant que son ampleur supposée vient d’un refus d’inclure l’économie informelle dans les statistiques nationales. Lorsqu’un homme d’affaires peut rassembler en un week-end une somme de 2 millions d’euros sur un marché béninois, on ne peut plus parler d’économie informelle, a-t-il dit en conseillant de trouver une « formule plus adaptée aux réalités locales ».
En quoi un secteur privé dynamique contribuerait à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)? En raison de sa capacité à créer des vocations et des emplois, ont répondu les intervenants. La création de vocations, ont-ils prévenu, nécessite le développement d’institutions et de secteurs financiers nationaux, fondés sur une réglementation et un contrôle adéquats des établissements bancaires auxquels il faut faciliter l’accès. Un représentant du monde des affaires de l’Inde a prôné une décentralisation des créneaux d’accès aux fonds. Dans les pays en développement où la majorité des populations vit en dehors des villes, il faut favoriser l’accès des communautés rurales aux services bancaires. Les représentants de la Suisse et du Canada, rappelant que 2005 est l’Année internationale du microcrédit, ont mis l’accent sur la diversité des produits offerts par le microfinancement.
En matière de création d’emplois, la question a porté sur la capacité du secteur privé à contribuer à la lutte contre la fuite des cerveaux mais aussi sur celle de la population active à répondre aux offres de ce secteur. Sur ce dernier point, les intervenants ont pointé le doigt sur les pouvoirs publics. Ces derniers doivent constituer une assiette fiscale suffisante et des politiques budgétaires prévoyant des investissements adéquats dans le capital humain et ses corollaires que sont la santé, l’éducation, la protection sociale et les infrastructures. Le représentant du Japon a expliqué, en l’occurrence, que, dans le cadre de la coopération Sud-Sud, son pays a financé à hauteur de 1,2 milliard de dollars, sur une période de deux ans, une initiative sur le renforcement des capacités des communautés.
La question de la capacité des pouvoirs publics à faire des choix judicieux a été commentée par plusieurs intervenants dont la représentante de la Commission économique pour l’Europe qui a parlé de la manne pétrolière et gazière dont disposent aujourd’hui certains pays à économie en transition. Après avoir mis l’accent sur le rôle en la matière des institutions financières internationales, le représentant du Canada a fait part de la proposition de son Gouvernement de créer un conseil consultatif international pour conseiller les pays concernés sur leurs stratégies de développement. Parfois, les pays n’ont vraiment pas le choix, a estimé le représentant de la Syrie qui a souligné, compte tenu de la situation dans sa région, l’obligation de son pays d’affecter des ressources importantes à la défense de son territoire. Il a aussi fustigé le poids des sanctions sur les politiques nationales.
« Mobilisation des ressources internationales pour le développement – investissement étranger direct et autres apports de capitaux privés »
Face à l’insuffisance de l’aide publique au développement (APD), la table ronde sur la mobilisation des ressources internationales a été l’occasion pour de nombreux intervenants de mettre l’accent sur les opportunités que représentent d’autres sources potentielles de financement du développement. Coprésidée par le Ministre des finances et de la planification du développement du Botswana, M. Baledzi Gaolathe, et le Ministre au Département du Premier Ministre de la Malaisie, M. Datuk Mustapha Mohamed, cette table ronde a insisté, outre les investissements étrangers directs (IED) et la coopération Sud-Sud (qui a permis de mobiliser 40 milliards de dollars en 2004), sur les opportunités que représentent les envois de fonds de travailleurs migrants qui sont devenus une source croissante de devises pour nombre de pays en développement et peuvent jouer un rôle important dans le financement du développement.
La plupart de ces fonds, estimés à 124 milliards de dollars en 2004 par le représentant de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), proviennent des sommes épargnées par les travailleurs migrants, qui apportent un soutien financier à leurs familles dans les pays d’origine, et des initiatives ont été récemment lancées en vue d’améliorer leur incidence sur le développement. Ce dernier a présenté ces fonds comme une source inexploitée en matière de financement du développement, en ajoutant que 20 pays en développement ont reçu l’équivalent de plus de 10% de leur PIB en flux provenant des émigrés.
La représentante de l’Organisation internationale des migrations (OIM) qui a noté que 93 milliards de dollars avaient été envoyés à leurs familles par les travailleurs en 2003, contre 69 milliards devant être consacrés à l’APD, a suggéré la création d’un mécanisme de transferts qui soit plus bénéfique aux pays de destination, avec comme objectif la possibilité d’investir 15 à 20% des fonds consacrés au développement. En effet, certaines délégations ont relevé que les coûts de transaction élevés grèvent les fonds reçus par les familles et n’encouragent pas le recours aux filières officielles. Ces fonds restent, de ce fait, en dehors du système financier officiel. À cet égard, le représentant du secteur privé s’est particulièrement inquiété des insuffisances des services bancaires américains qui font que les travailleurs migrants ont recours à des services parallèles pour rapatrier leur argent dans leur pays d’origine. Ces transferts échappent, a-t-il prévenu, à tout contrôle en matière de blanchiment d’argent.
S’agissant des investissements étrangers directs (IED), les représentants de Cuba et du Pérou ont estimé que ces investissements étaient plus importants que l’APD dans la mesure où ils permettaient de créer des emplois. Le représentant du Pérou s’est notamment inquiété de ce que les pays d’Amérique du Sud soient obligés de se faire concurrence au mépris de la dignité humaine pour offrir les salaires les plus faibles dans le souci d’attirer les IED. Plusieurs délégations ont indiqué que la présence d’infrastructures était un préalable incontournable à l’arrivée de l’IED. À titre d’illustration, le représentant de la Hongrie a indiqué que son pays avait pu financer sa restructuration et la création d’emplois en s’appuyant sur 48 milliards d’IED grâce aux infrastructures physiques et au capital humain disponibles dans le pays.
Tous ont souligné la nécessité de créer un environnement propice à attirer les capitaux. Outre une bonne gouvernance, des délégations ont souligné l’importance d’adopter une politique de concurrence et de fiscalité pour attirer les investissements. À cet égard, le Ministre sénégalais en charge du NEPAD a souligné les nouveaux efforts des pays africains pour promouvoir au niveau régional un environnement propice à l’IED, après avoir axé trop longtemps les priorités de l’économie africaine sur la logique de l’APD.
S’ils ont tous invité les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD, beaucoup ont rejeté le bien fondé des conditionnalités de l’aide au développement, estimant qu’elles allaient à l’encontre de l’objectif de l’aide. Les représentants de la société civile ont souhaité la mise en place d’un cadre réglementant la mobilisation des IED, et de mécanismes de gestion des risques pour faire face à des bouleversements liés aux taux de change ou à la volatilité des prix des matières premières. Dans le même ordre d’idées, le représentant de la Turquie s’est d’abord inquiété des conséquences des soubresauts de l’économie mondiale sur les économies fragiles des pays en développement.
Le représentant du Fonds mondial contre le VIH/sida a déclaré que c’est parce que la réponse des gouvernements était insuffisante que le Fonds était amené à créer des partenariats avec le secteur privé. Il a indiqué que l’épidémie continuait de se développer et qu’il faudrait, selon les estimations d’ONUSIDA, 22 milliards de dollars en 2008 pour faire face à ce fléau.
Présentant la situation de la région de l’Asie et du Pacifique, le Secrétaire exécutif de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a indiqué que la région était le premier destinataire d’IED avec 100 milliards de dollars en 2003. Il a attiré l’attention sur la répartition inégale de cette aide, notant que 10% des pays de la région profitaient de 90% du montant de l’aide totale.
Par ailleurs, le représentant de la société civile d’Amérique du Sud a indiqué que malgré la croissance des exportations, le PIB des pays à revenu intermédiaire reste stable. C’est pourquoi, il a suggéré que plutôt qu’une course à la baisse des impôts, les pays d’Amérique du Sud devraient mettre en place un impôt plus juste reposant sur les revenus et non la consommation.
« Commerce international comme moteur du développement »
Comment éliminer les subventions agricoles dans les pays riches, les quotas ou les barrières douanières, notamment pour les produits de base, qui empêchent les pays pauvres ou en développement de bénéficier des avantages de la libéralisation des échanges? Les participants à la table ronde intitulée “Commerce international comme moteur du développement” se sont attachés à démontrer l’importance des liens existants entre le commerce, le développement et le financement, et d’un système commercial multilatéral ouvert, équitable, réglementé, prévisible et non discriminatoire pour exploiter les possibilités qu’offre le commerce en tant que source de financement du développement.
Dans le rapport intitulé « Le Consensus de Monterrey: bilan de mise en œuvre et travaux à prévoir » (A/59/822), et établi sur la base de consultations et d’une collaboration étroite avec les principales institutions qui participent au processus de suivi de la Conférence sur le financement du développement, le Secrétaire général propose que l’on s’attache à conclure, en 2006 au plus tard, le Cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha en donnant effet aux engagements pris en faveur du développement. Il convient de parvenir à un accord sur l’élimination des subventions à l’exportation et des subventions qui faussent les échanges commerciaux dans le secteur de l’agriculture, la réduction des crêtes tarifaires et de la progressivité des droits, la suppression des obstacles à l’entrée sur les marchés tels que les normes et réglementations relatives aux produits, et la libéralisation de la prestation temporaire de services de main-d’œuvre et du commerce international des services par le biais d’arrangements de sous-traitance et de délocalisation. Il met également l’accent sur la nécessité de fournir une aide spéciale aux pays tributaires de produits de base afin qu’ils puissent diversifier leurs exportations et de renforcer le Système global de préférences commerciales entre pays en développement.
Pour Mme Fayza Aboulnaga, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, qui coprésidait la réunion, si l’année 2005 est celle du 60e anniversaire de la Charte des Nations Unies, elle est aussi celle des 10 ans de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), créée pour assurer un commerce multilatéral juste et équitable. La contribution du commerce international au développement n’a pas donné sa pleine mesure, a-t-elle estimé, notant les difficultés des pays pauvres à faire face aux politiques de protection de l’agriculture des pays industrialisés et riches, en place depuis plus de 50 ans. Le Coprésident Fernando Canales, Ministre de l’économie du Mexique, a ainsi souligné l’importance que constituera, en décembre, la réunion ministérielle de Hong Kong destinée à faire aboutir le Cycle de Doha. Nous sommes ici pour lancer quelques idées en vue de renforcer le commerce en tant qu’outil de développement, a-t-il indiqué, précisant que ce qui serait dit ici contribuerait au développement dans chacun des pays.
Le Ministre de l’industrie et du commerce de la République-Unie de Tanzanie a jugé essentiel que les pays en développement participent à l’élaboration des normes pour le système commercial multilatéral. Les pays développés continuent d’imposer barrières commerciales, des subventions, des quotas, des normes environnementales qui sont de nouvelles formes d’obstacles au commerce, a-t-il expliqué. De même, il faut traiter la question des produits de base de manière plus concertée si nous voulons régler le problème de la pauvreté en Afrique.
La question des subventions agricoles a été débattue par de nombreux orateurs. Imposées par un petit nombre de pays, elles dénaturent les accès au marché, a ainsi souligné le représentant du secteur des entreprises. Selon celui du Commonwealth, elles sont un exemple des dégâts provoqués par le système multilatéral du commerce actuel. Ce système multilatéral est injuste à l’égard des pays en développement, a estimé une représentante de la société civile, qui a lancé un appel aux Ministres présents pour qu’ils œuvrent à établir des accords commerciaux et des partenariats transparents. Le libre-échange crée des dictatures, a-t-elle dit, proposant que la société civile surveille la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Pour que les avantages de la libéralisation des échanges soient bénéfiques à tous, il est nécessaire que les négociations de Doha aboutissent, que les pays en développement puissent accéder aux marchés et que leurs capacités soient renforcées, a dit le représentant de la Commission européenne. Le renforcement de la coopération Sud-Sud constituerait en outre, selon lui, la meilleure réponse au développement des pays pauvres. Ensemble, nous devons relever les ambitions de Doha, a déclaré le représentant de la Banque mondiale, qui, en ce sens, a jugé essentielle la réussite de la réunion de Hong Kong. Les pays en développement doivent obtenir de plus grandes concessions sur le plan tarifaire, mais, surtout, les pays donateurs doivent fournir plus d’assistance et investir dans les infrastructures, a-t-il affirmé.
« Augmentation de la coopération financière et technique internationale pour le développement »
Ouvrant cette table ronde, son Coprésident, Jean-Louis Schiltz, Ministre de la coopération pour le développement et de l’action humanitaire du Luxembourg, a rappelé que les pays de l’Union européenne avaient décidé le 24 mai dernier de consacrer d’ici 2010, 0,56% du PIB communautaire à l’APD et d’augmenter ce pourcentage à 0,7% en 2015. Le deuxième Coprésident, Aun Porn Moniroth, Secrétaire d’État, Ministère de l’économie et des finances du Cambodge, a, quant à lui, insisté sur la fourniture d’une aide de qualité. Citant le cas de son pays, il a regretté le fait que le montant de l’APD dont il est destinataire a diminué parce que la Banque asiatique de développement et la Banque mondiale avaient utilisé des systèmes de quotas défavorisant les pays ayant un rendement moins bon que les autres. Des systèmes de quotas qui, selon lui, entravent les politiques de développement et handicapent les pauvres parmi les pauvres. S’agissant de l’efficacité de l’aide, il a insisté sur la nécessité d’éviter le double emploi et bien la cibler.
Le représentant de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a estimé que le montant total de l’APD atteindra 110 milliards de dollars en 2010. Il a cité deux événements majeurs qui marqueront la coopération financière: tout d’abord le tsunami qui a eu une conséquence décisive en matière de flux financiers en direction de la région touchée et, ensuite, la radiation de la dette de l’Iraq et de celle du Nigéria qui auront un impact sur la composition de l’aide. Enfin, il a cité en exemple le forum de haut niveau sur l’harmonisation et le renforcement de l’efficacité de l’aide qui a eu lieu à Paris au mois de février et qui a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des indicateurs et des activités de contrôle.
Les représentants du Brésil, de l’Allemagne et de la France ont rappelé qu’avec le Chili, ils avaient suggéré la mise en place d’une contribution de solidarité sur les billets d’avion. La France a rappelé qu’elle s’était engagée à atteindre le chiffre de 0,7% en matière d’APD d’ici à 2012 et qu’avec une contribution de 150 millions de dollars par an, elle était devenue le deuxième bilatéral au Fonds de lutte contre le sida. Cette contribution sera doublée d’ici à 2007. L’Allemagne a insisté sur les opportunités que représentant les droits de tirages spéciaux, ou encore le projet de taxation des transactions financières.
Le Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire a soutenu la proposition d’un prélèvement volontaire sur les billets d’avion en suggérant aussi d’utiliser les amendes payées par les entreprises sanctionnées pour des comportements anti-trusts ou encore la mise en place d’une taxe sur les transactions en armement qui représentent un marché annuel de plus de 1 000 milliards de dollars. S’agissant de l’efficacité de l’aide, il a insisté sur la réduction des dépenses administratives, la duplication des efforts et une complémentarité de l’aide entre les donateurs. Il s’est dit favorable à l’appui budgétaire soutenant les priorités nationales en matière de santé et d’éducation notamment.
L’Uruguay s’est fait l’écho des difficultés des pays à revenu intermédiaire qui souffrent de graves injustices sociales. Le Royaume-Uni a souhaité une évaluation réaliste des agrégats des flux tandis qu’une représentante du monde des entreprises a relevé le problème du manque d’expertise et d’infrastructures qui fait obstacle à l’absorption de l’APD et aux investissements privés. Le Nicaragua a estimé qu’il fallait travailler sur la qualité des ressources existantes et a défini le coût élevé des transactions financières comme un frein à l’efficacité de l’aide.
Le représentant des trois agences alimentaires des Nations Unies basées à Rome (FAO, PAM, FIDA) a estimé que l’agriculture devait être le premier secteur destinataire de l’aide au développement, puisque 75% des pauvres vivent dans les zones rurales. Il a souhaité que l’on évalue la perte économique liée à la malnutrition des enfants de moins de cinq ans et par conséquent les avantages économiques du soutien des secteurs agricoles des pays en développement. Les Etats-Unis ont loué l’annonce de l’augmentation de l’aide par l’Union européenne et le Japon en précisant que les États-Unis avait l’intention d’accorder 20 milliards de dollars au titre de l’APD en 2005 doublant ainsi le chiffre de l’an 2000. Il a également indiqué que 28 milliards de dollars avaient été transférés vers le tiers monde par les migrants eux-mêmes travaillant aux États-Unis. Il a estimé que l’efficacité dépendait de la durabilité de l’aide et de la capacité d’associer cette dernière à la contribution du secteur privé.
La Slovénie a présenté la suppression des barrières tarifaires comme le meilleur moyen d’assurer l’égalité entre les pays développés et ceux en développement. Si la représentante de l’Autriche a souligné les conséquences et impacts des changements climatiques, celui de l’Italie a mis l’accent sur les opportunités de création d’emplois et de développement dans les secteurs ruraux et manufacturiers grâce à l’IED. Ce dernier a également souligné l’effet multiplicateur potentiel des fonds envoyés par les travailleurs migrants à condition de la rationalisation des services et de la réduction des coûts d’acheminement.
Le représentant de la société civile africaine a dénoncé les contradictions de certains pays donateurs qui exigent des critères de bonne gouvernance pour dispenser une aide à certains pays alors qu’ils soutiennent des régimes corrompus. Il a souhaité des sanctions à l’égard des pays développés qui soutiennent des régimes corrompus ou totalitaires et que l’on cesse toute aide aux pays non démocratiques. Le Bangladesh a souhaité que l’APD soit corrélée avec l’amélioration de la qualité de vie, en soulignant que depuis trop longtemps les PMA avaient connu le choix difficile entre le remboursement de la dette et le bien-être de leurs populations. Il a souhaité une assistance technique dans le domaine du renforcement des capacités.
« Dette extérieure »
L’annonce par les pays riches du G-8 d’annuler 100% de la dette de 18 pays pauvres pour un montant estimé à 40 milliards de dollars a été au cœur de la table ronde sur la dette extérieure. Plusieurs participants à ce dialogue interactif, que présidaient conjointement le Ministre de l’économie et des finances d’Antigua-et-Barbuda, M. Errol Cort, le Directeur pour les relations internationales de la Belgique, M. Francis Gotds, ont souligné que la dette faisait peser des charges insupportables sur un grand nombre de pays.
L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), lancée en 1996 et renforcée en 1999, a récemment été prolongée pour permettre aux pays qui répondent aux critères fixés de bénéficier d’un allègement de la dette au titre de cette initiative. À ce jour, 27 pays pauvres très endettés ont bénéficié d’un allègement, 18 ont atteint le point d’achèvement et 9 se trouvent au stade de la prise de décisions.
Dans son rapport intitulé “Le Consensus de Monterrey: bilan de mise en œuvre et travaux à prévoir” (A/59/822), et établi sur la base de consultations et d’une collaboration étroite avec les principales institutions qui participent au processus de suivi de la Conférence sur le financement du développement, le Secrétaire général souligne que, malgré le succès de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, la dette continue d’imposer des charges insupportables à un grand nombre de pays à revenu faible ou intermédiaire.
Les créanciers sont ainsi appelés à s’entendre sur une approche commune pour alléger davantage la dette des pays pauvres très endettés et des pays qui ne bénéficient que de l’aide de l’Association internationale de développement avant la Réunion plénière de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra en septembre 2005. Il convient en outre de renforcer les capacités des pays en développement en matière de gestion de la dette, d’intégrer systématiquement la viabilité de la dette dans les stratégies globales de développement et de continuer de rechercher un accord sur un mécanisme de restructuration de la dette en vue d’assurer un partage efficace et équitable des charges et d’appliquer ce mécanisme.
Pour la représentante de la société civile, si l’on annule toute la dette maintenant, les Objectifs du Millénaire pour le développement pourront être atteints en 2015. Il faut adopter une approche globale, pluridimensionnelle, a-t-elle expliqué. Toutefois, selon elle, il ne faut pas se contenter d’annuler la dette extérieure. Il est nécessaire également d’établir un nouvel ordre international et de favoriser l’insertion des pays endettés dans l’économie mondiale. Ce qu’il nous faut, ici, c’est une véritable réforme financière internationale, a-t-elle déclaré.
Le représentant du Ghana a quant à lui mis l’accent sur la nécessité de faire preuve d’éclectisme avant d’accepter les prêts, afin de déterminer si ceux-ci peuvent constituer une véritable valeur ajoutée. Le fardeau de la dette est en effet un problème si les ressources ne sont pas utilisées avec efficacité ou à bon escient pour augmenter le PNB, a-t-il affirmé.
De l’avis de la représentante des États-Unis, il n’est pas nécessaire de lier le concept de fardeau de la dette aux autres Objectifs du Millénaire pour le développement. Il faut que les pays endettés procèdent à leur propre autocritique, a-t-elle dit. Les contrats doivent être respectés, a-t-elle ajouté, précisant qu’un pays ne devrait pas s’endetter s’il savait qu’il ne pourrait pas rembourser sa dette. Selon elle, le secteur privé devrait également être une source de financement, ce qui contribuerait à améliorer le développement des pays pauvres. Si on utilise avec efficacité les prêts, on peut mobiliser de plus amples ressources, a déclaré pour sa part le représentant du Japon. Par ailleurs, le représentant de la Guinée a observé que le problème de la dette ne pourra être réglé tant que les pays pauvres ne pourront faire face aux contraintes de développement. Il a également jugé important de réaliser des efforts en matière de bonne gouvernance. Le représentant de l’Irlande a estimé que l’annulation de la dette devait s’accompagner de ressources supplémentaires de la part des pays donateurs. L’objectif de l’annulation de la dette est la réduction de la pauvreté, a-t-il dit, ajoutant que les flux d’aide aux pays bénéficiant d’une remise de la dette devaient être maintenus ou augmentés, mais en aucun cas être réduits.
« Questions systémiques – amélioration de la cohérence et de la cohésion des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux au service du développement »
Quelles politiques pour assurer le développement? Comment améliorer la gouvernance, y compris par le biais des actions des donateurs? Coprésidée par Hilde Johnson, Ministre du développement international de la Norvège, et Ana Hrastovic, Vice-Ministre des finances de la Croatie, la table ronde sur le règlement des problèmes systémiques a été l’occasion de démontrer la nécessité de créer un environnement international adapté pour les réformes que les pays en développement cherchent à mettre en œuvre en vue de mobiliser des ressources nationales.
Dans le rapport intitulé « Le Consensus de Monterrey: bilan de mise en œuvre et travaux à prévoir » et établi sur la base de consultations et d’une collaboration étroite avec les principales institutions qui participent au processus de suivi de la Conférence sur le financement du développement, le Secrétaire général propose de faire le nécessaire pour parvenir à corriger les déséquilibres importants et croissants observés entre les régions sans porter atteinte aux stratégies nationales de développement. Il propose en outre d’encourager les pays à tenir compte des incidences que leurs politiques macroéconomiques ont sur tous les acteurs de l’économie internationale et de continuer à renforcer la cohérence et la comptabilité des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux.
De nombreux orateurs ont préconisé des changements de gouvernance au sein des institutions mondiales financières afin de restaurer leur crédibilité. De leur côté, les représentants des institutions financières ont assuré que des changements avaient déjà été réalisés dans leurs méthodes de travail au cours des cinq dernières années. Il existe entre elles une meilleure coordination et une plus grande cohérence et harmonisation des programmes, tandis que la transparence s’est accrue.
Sur le règlement des questions systémiques, plusieurs représentants ont appelé à un recalibrage de l’architecture financière en faveur des pays en développement. Certains ont plaidé pour une coordination plus étroite entre les institutions financières et le Conseil économique et social (ECOSOC), en accord avec les principes démocratiques guidant la restructuration, la mise en œuvre et la gouvernance.
La nécessité de restaurer la crédibilité de la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a été, par ailleurs, à plusieurs reprises soulignée, de même que la nécessité de faire de l’ECOSOC le centre de la coordination pour les activités de développement.
Dialogue interactif informel
M. JOSÉ OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a évoqué sept domaines dans lesquels des progrès sont cruciaux. Il a d’abord cité la mobilisation de l’épargne et des investissements nationaux qui exige des secteurs financiers forts. Il a aussi cité, dans ce cadre, l’importance qu’il y à mobiliser les ressources humaines par des investissements lourds dans le capital humain et la multiplication des possibilités d’emplois. L’emploi est une donnée essentielle de l’épargne et des investissements nationaux, a-t-il insisté. Le Secrétaire général adjoint s’est ensuite attardé sur le domaine du commerce pour souhaiter une conclusion, en 2006, du Cycle de Doha, lancé par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a attiré l’attention sur des questions qui ne sont pas couvertes par l’agenda de Doha comme celles des pays tributaires des produits de base. Ces derniers doivent être appuyés dans leurs efforts pour diversifier leurs exportations et accroître leur capacité de production. Des financements compensatoires officiels doivent leur être accordés pour atténuer la baisse des prix de leurs exportations.
En troisième lieu, le Secrétaire général adjoint a parlé de l’aide publique au développement (APD). Il est revenu sur la décision récente de la Commission européenne relative à l’objectif de 0,7% du PNB pour l’APD et sur la nécessité d’améliorer l’efficacité de l’aide par une mise en œuvre rapide de la Déclaration de Paris. En la matière, il a jugé que les efforts doivent se fonder sur trois critères à savoir l’appropriation nationale des stratégies de développement, l’alignement de donateurs sur ces stratégies et le recours accru aux processus budgétaires par les pays récipiendaires. Les banques de développement multilatérales ont un rôle clef à jouer en la matière même si pour contrer les effets anticycliques, le FMI reste le premier acteur. Le Secrétaire général a aussi mis l’accent sur les sources novatrices de financement comme la facilité financière internationale, les différentes contributions volontaires et les taxes, les droits de tirage spéciaux et un meilleur usage des envois de fonds des immigrants.
Le Secrétaire général adjoint a cité en quatrième lieu, les sources privées de financement dont la stabilité pourrait être assurée par des instruments tels que les obligations, par la transformation des banques de développement multilatérales en véritables « faiseurs de marchés » pour ces nouvelles formes de financement, ou encore l’adaptation des réglementations relatives aux comptes de capitaux. En cinquième lieu, il a évoqué la question de la dette en se félicitant d’abord de la décision récente du G-8. Il a néanmoins attiré l’attention sur le surendettement des pays qui ne sont pas membres de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) et les pays à revenu intermédiaire. Il a donc souligné la pertinence de nouveaux mécanismes tels que l’approche d’Evian du Club de Paris. En la matière, il a souligné l’urgence de s’entendre sur une définition commune de la dette viable.
Il a cité avant de conclure la coopération Sud-Sud en se félicitant de la décision du Sommet du Sud de créer un fonds spécial pour le développement. Les mécanismes d’intégration commerciale sont tout aussi importants, a-t-il dit, en encourageant les négociations sur le système global de préférences commerciales entre pays en développement. Le Secrétaire général adjoint a conclu sur la nécessité de faire participer davantage les pays en développement aux processus internationaux de prises de décisions et d’élaboration de normes. S’il a reconnu que le débat avait commencé au sein des institutions de Bretton Woods, il a dénoncé le fait que les pays en développement sont tenus à l’écart d’organisations aussi importantes que le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire ou encore au Forum de la stabilité financière.
Un huitième domaine a été ajouté par le représentant de la Tunisie, celui du transfert des technologies, compte tenu de leur impact dans la nouvelle économie du savoir. L’intervention du Secrétaire général adjoint a suscité de nombreux commentaires. Concernant la mobilisation des ressources nationales et le rôle du secteur privé, un représentant de ce secteur a encouragé l’avènement d’une véritable « révolution culturelle » pour sensibiliser ses pairs aux exigences du développement. Pour le représentant du Japon comme pour d’autres délégations, il ne s’agit pas tant de mobiliser le secteur privé que de créer un environnement qui lui est favorable compte tenu de son rôle dans une croissance économique génératrice d’emplois et donc susceptible de réduire la pauvreté. La garantie d’un tel environnement ne peut venir que de la volonté des pouvoirs publics de placer la croissance économique au centre de leurs stratégies de développement. De nombreuses interventions ont également porté sur la question de l’aide publique au développement (APD). Le représentant des États-Unis s’est appesanti sur l’efficacité de cette aide en énumérant quelques conditions. Pour lui, l’efficacité de l’aide dépend d’abord de la capacité des donateurs à s’adapter aux réalités du pays hôte. Cela veut dire, a-t-il prévenu, qu’il faut plusieurs mécanismes. L’objectif doit être l’harmonisation et en aucun cas l’homogénéisation, a-t-il résumé avant d’ajouter qu’une aide plus efficace dépend aussi de la viabilité et de la durabilité des efforts de développement. Les promesses sociales que les pays récipiendaires font aujourd’hui pourraient-elles être tenues à long terme? s’est-il demandé. Pour lui, la clé réside dans le renforcement des capacités, lequel est un domaine qui exige plus que des ressources mais une bonne connaissance des infrastructures requises. Enfin, a conclu le représentant américain, l’efficacité de l’aide dépend d’une bonne exploitation des ressources financières privées internes et externes. Lorsque l’on parle d’efficacité de l’aide dans des régions comme l’Afrique, s’est-il encore autorisé, il faut aussi tenir compte des facteurs qui menacent la survie même du continent comme le VIH/Sida, le paludisme et la famine.
Cette dernière a été particulièrement appuyée par le Ministre des finances du Botswana. Résumant le point de nombreuses délégations, le représentant de la Jamaïque a jugé que l’efficacité de l’aide viendra d’abord et avant tout de la simplification des procédures d’octroi de l’aide. Il a plaidé pour la suppression des conditionnalités politiques, perçus par plusieurs intervenants, comme de véritables obstacles à l’acheminement de l’aide. Enfin, le représentant a rejeté toute tentative d’inclure les envois de fonds des immigrants comme une source de financement du développement. Il s’agit, a-t-il précisé, de fonds servant à la consommation dont les frais de transfert devraient d’ailleurs être réduits.
Concernant la dette, des délégations comme le Japon ont prévenu que, pour les pays en développement, l’enjeu n’est pas l’allègement ou l’annulation mais bien la gestion durable de la dette. Modérant ses propos, un représentant du secteur privé kenyan a voulu les fonds provenant des programmes d’allègement de la dette investis dans le renforcement du secteur privé, créateur de richesses. Tout en se félicitant de l’accord du G-8, il a douté que les coûts des conditionnalités politiques aient évalués à leur juste valeur.
Plusieurs interventions ont porté sur la nécessité de développer la coopération Sud-Sud ainsi que la cohérence entre les systèmes monétaires, financiers et commerciaux. Le représentant de l’Afrique du Sud a estimé que le travail consistant à rendre ces systèmes plus favorables au développement doit se faire non pas entre les institutions de Bretton Woods et l’ONU mais bien au niveau des capitales. Les 18 recommandations de l’ONG « New Rules for Global Finance Coalition » ont suscité un grand intérêt parmi les participants au débat.
Déclaration de clôture du Président de l’Assemblée générale
M. JEAN PING, Président de l’Assemblée générale, a dressé une liste de 10 points particulièrement importants issus des échanges qui ont eu lieu au cours de ces deux derniers jours. Il a d’abord cité le sentiment d’urgence parmi les intervenants qui ont convenu qu’il faut à tout prix se donner les moyens d’atteindre les OMD; l’Afrique étant apparue au centre des préoccupations. Il y urgence à respecter, voire à dépasser les engagements en matière d’aide, d’accès au commerce international et de réduction de la dette.
Le Président a aussi notée la reconnaissance de la responsabilité partagée dans l’accomplissement des engagements du Consensus de Monterrey. Il a poursuivi sur le rôle primordial des capacités nationales dans les pays en développement qui exige des investissements en capital humain et en infrastructures. L’appropriation nationale des politiques de développement et les stratégies nationales ont été perçues comme très importantes.
Après avoir relevé l’importance du développement du secteur privé, le Président a souligné le rôle crucial joué par le commerce international et, en l’occurrence l’importance de la réussite du programme de travail de Doha. Le Président a aussi noté les appels à l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) en soulignant les initiatives de la Commission européenne de parvenir à l’objectif de 0,7% du PNB pour l’APD d’ici à 2015 et d’autres comme celles visant la création du Fonds de solidarité au sein des Nations Unies et le Fonds de développement proposé par le Qatar. Le Président a aussi salué les propositions relatives aux sources novatrices de financement comme celle du Royaume-Uni et sa facilité financière internationale ou encore le projet présenté par la France sur une contribution de solidarité sur les billets d’avion. Soulignant pour finir l’importance pour le développement d’une approche régionale et les avancées significatives en matière de dette, il a attiré l’attention sur les préoccupations des pays à revenu bas et intermédiaire. Il a conclu sur le besoin impérieux d’assurer plus de cohérence et de synergies entre les Nations Unies, le FMI, la Banque mondiale et l’OMC. Les appels à la cohérence ont également concernés, a-t-il ajouté, les États, les politiques commerciales, d’aide, et des décisions financières. Il a relayé les appels à la participation des pays en développement au processus internationaux de prise de décision et d’élaboration des normes.
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