« ENSEMBLE NOUS POUVONS RENVOYER LA PAUVRETÉ AU PASSÉ », DÉCLARE KOFI ANNAN À LA CLÔTURE DES AUDITIONS ENTRE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET LA SOCIÉTÉ CIVILE
Communiqué de presse AG/10361 |
Assemblée générale
Sessions des auditions informelles interactives
« ENSEMBLE NOUS POUVONS RENVOYER LA PAUVRETÉ AU PASSÉ », DÉCLARE KOFI ANNAN À
LA CLÔTURE DES AUDITIONS ENTRE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET LA SOCIÉTÉ CIVILE
Le Président de l’Assemblée générale, Jean Ping,
invite les États à tenir compte des vues exprimées par la société civile
L’Assemblée générale a achevé ce soir un débat unique dans son histoire avec près de 200 représentants d’organisations non gouvernementales, de la société civile et du monde des affaires, débat qui alimentera les discussions du Sommet mondial qui aura lieu en septembre prochain. Reconnaissant que ces « Auditions » constituent une nouvelle étape dans la manière dont l’Organisation travaille avec la société civile, le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a lancé à l’intention des participants « Ensemble nous pouvons renvoyer la pauvreté au passé ».
Ces Auditions avaient pour but de recueillir les vues de la société civile sur de nombreuses questions qu’il s’agisse des questions de développement, de sécurité humaine et de droits de l’homme afin d’alimenter le débat de haut niveau de l’Assemblée générale du 14 au 16 septembre prochain. Votre message est clair, a encore relevé le Secrétaire général, pour bâtir un monde plus prospère, plus juste et plus pacifique, les États Membres devront prendre des mesures audacieuses en septembre. Kofi Annan a souhaité que ce format de réunion soit reconduit dans le cadre des efforts que déploie l’Assemblée générale pour s’ouvrir aux acteurs non étatiques. Que l’on parle de la lutte contre la pauvreté, contre le VIH/sida, de la responsabilité de protéger les populations des conflits armés ou de les prévenir, les Nations Unies auront toujours besoin de travailler en étroit partenariat avec les représentants de la société civile, a-t-il insisté.
Le Président de l’Assemblée générale, Jean Ping, qui répondait à certains commentaires formulés au sujet du projet de document final devant être adopté en septembre et établi sur la base de consultations avec les États Membres, a expliqué que si certaines questions évoquées durant ces auditions n’apparaissaient pas dans le texte, il ne fallait pas déduire qu’elles sont de moindre importance.
Elles font tout de même l’objet actuellement de consultations dans différents mécanismes et structures de négociations multilatérales, en particulier au sein des Nations Unies. M. Ping a invité les États Membres à considérer toutes les propositions faites lors des auditions afin de parvenir à l’accord le plus large possible. Un résumé des auditions paraîtra comme un document officiel de l’Assemblée générale et sera consultable par les États Membres en vue de la préparation du Sommet de septembre.
Aujourd’hui, les deux sessions ont été consacrées au thème: « Vivre à l’abri de la peur », couvrant la prévention des conflits ainsi que la paix et la sécurité; ainsi qu’à celui « Renforcer l’Organisation ». Hier, les participants s’étaient penchés sur les moyens pour « Vivre dans la dignité »; et « Vivre à l’abri du besoin ».
AUDITIONS INFORMELLES INTERACTIVES DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE AVEC DES REPRÉSENTANTS D’ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES, D’ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET DU SECTEUR PRIVÉ
« VIVRE À L’ABRI DE LA PEUR »: PRÉVENTION DES CONFLITS
Exposés
Mme CATHERINE BARNES, du Partenariat mondial pour la prévention des conflits armés (Royaume-Uni), a estimé que la sécurité durable des États était la seule base possible pour la sécurité des peuples. C’est pourquoi nous sommes d’avis, à l’instar du Secrétaire général, que développement, sécurité et droits de l’homme doivent être traités de manière égale et simultanée. À cette fin, les peuples eux-mêmes doivent être impliqués dans les processus de décisions touchant aux besoins en matière de sécurité. Dans ce cadre, les Gouvernements ont une responsabilité particulière qui est de protéger leurs citoyens et d’empêcher que la violence ne se manifeste. Prévention et consolidation de la paix sont les priorités qui nécessitent un plein engagement des acteurs de la société civile, des gouvernements, des Nations Unies et de l’ensemble des organisations régionales, locales et internationales. Toutefois, nous souhaitons que l’Assemblée générale reconnaisse davantage l’importance du rôle particulier joué par la société civile dans la prévention et la consolidation de la paix, et que cette reconnaissance soit reflétée dans les politiques et activités de l’ONU. Prévention et consolidation de la paix, a poursuivi la représentante, requièrent l’établissement d’un système intégré s’appuyant sur des capacités institutionnelles aux niveaux national, régional et international. Elle a également appelé de ses vœux la création d’une culture de la prévention visant à empêcher l’émergence de conflits. Une telle initiative nécessite plus de moyens financiers et une participation accrue des acteurs de la société civile.
M. EMMANUEL BOMBANDE, West Africa Network for Peacebuilding (WANEP), a déclaré que, selon son organisation, une Afrique sous-développée et sujette aux conflits ne sera jamais en mesure de réaliser les objectifs pour le développement qu’elle s’est fixée. Il a noté que le coût de la prévention des conflits était sur la longue durée moins important que celui dévolu à la gestion des guerres et de leurs conséquences. C’est pourquoi, a-t-il dit, des ressources supplémentaires devraient être affectées aux efforts de démocratisation des pays et aux activités de consolidation de la paix. Dans ce cadre, nous sommes d’avis que ce sont les causes profondes des conflits, telles que la pauvreté, le poids de la dette, les questions de gouvernance, qui doivent recevoir toute l’attention qu’elles méritent en vue de rendre possible le succès de la culture de la paix que nous appelons de nos vœux. M. Bombande a jugé qu’à cette fin, les Nations Unies et la communauté internationale devaient reconnaître la pertinence et la légitimité des institutions africaines et renforcer les partenariats entre toutes les parties prenantes aux conflits.
Mme VINA NADJIBULLA, de la Fédération mondiale des églises méthodistes, a émis le souhait que le document final de septembre aille au-delà de mots condamnant la violence. Les auteurs de crimes contre les femmes doivent être poursuivis, a-t-elle dit. Pour la représentante, les femmes, victimes parmi les plus vulnérables des conflits, doivent participer activement à la prévention des conflits et faire valoir le rôle qui leur revient dans les efforts de consolidation de la paix. C’est pourquoi, nous pensons que la paix durable n’est possible que lorsque cesse la violence envers les femmes, cet arrêt étant
essentiel à l’édification d’un État de droit viable et crédible, a estimé la représentante. Elle a demandé que les politiques de consolidation de la paix s’appuient davantage sur la participation des femmes et bénéficient des ressources financières adaptées à leurs objectifs, en particulier s’agissant de la mise en place d’une commission de consolidation de la paix souhaitée par le Secrétaire général dans son rapport.
M. SAMUEL RIZK, du Partenariat mondial pour la prévention des conflits armés (Liban), a demandé quel pouvait être le poids de l’action des participants à la présente réunion quand des hommes qui s’expriment publiquement sont assassinés tous les jours, comme c’est actuellement le cas au Liban ou en Iraq. Des communautés entières vivent sous le poids terrible de la peur, a-t-il fait remarquer. Une prévention efficace des conflits devrait dans ce contexte reposer sur les principes d’une paix juste obtenue par des moyens pacifiques, de promotion de la culture de la paix, et sur une participation accrue des ONG à la prévention et à la consolidation de la paix. Les Nations Unies doivent à cette fin poursuivre la mise en œuvre de politiques de paix à l’échelle régionale, au plus près du terrain et en coopération avec l’ensemble des parties prenantes aux différentes crises. Une politique de prévention plutôt qu’une politique de réaction, voilà ce à quoi souscrit notre groupe, a dit M. Rizk.
Échange de vues
Dans le cadre du débat, d’autres membres d’ONG ont reconnu le rôle de relais vital des acteurs de la société civile entre les situations de terrain, l’opinion mondiale et les institutions internationales. Il a été convenu que la société civile envoie très tôt des signaux d’avertissement d’apparition de situations de crise. C’est dans cet esprit que les participants au débat ont soutenu de concert les principes de coopération internationale devant prévaloir dans un souci constant de favoriser les conditions réelles du développement économique dans les pays pauvres ou affectés par des conflits armés.
Les cas spécifiques des personnes les plus vulnérables ont également fait l’objet de nombreuses interventions. Les représentants d’ONG ont stigmatisé le sort fait aux personnes handicapées, aux femmes et aux enfants, qui subissent plus que d’autres groupes humains les effets de la guerre. Ils vivent dans un état de terreur permanent d’être abandonnés à leur sort, abusés sexuellement, enrôlés de force dans des conflits qu’ils n’ont pas déclenchés, a-t-il été souligné. Ils redoutent la faim et la maladie, ont encore dit les participants à la réunion. Tous ont admis que ces traitements constituaient un frein puissant à la consolidation de la paix et à ses aboutissements, la paix et le développement durables.
Pour inverser la tendance, des associations de jeunes et de défense des femmes ont évoqué la nécessité de voir ces groupes impliqués plus activement dans la recherche de solutions aux conflits, en collaboration avec l’ensemble des parties prenantes, à savoir les institutions des Nations Unies, les gouvernements, les acteurs de la société civile et du secteur privé, les ONG et les organisations régionales. Cette question a en premier lieu concerné les conditions de participation à la future commission de consolidation de la paix dont la création est recommandée par le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport « Dans une liberté plus grande ».
Un autre thème saillant des discussions a été les moyens à trouver pour établir, par la voie du dialogue, de la non-violence et de l’application du droit international, une paix et une sécurité internationales durables. De nombreux représentants d’ONG ont demandé aux puissances nucléaires d’éliminer leurs arsenaux, et, aux Nations Unies de renforcer les moyens de lutte existants pour mettre fin au trafic d’armes légères; des armes considérées par beaucoup comme de véritables armes de destruction massive dans le contexte des conflits africains. Enfin, a été défendue l’idée qu’il serait plus utile de reverser les budgets militaires à l’indispensable effort de développement à poursuivre dans les pays les moins avancés.
Les représentant des ONG ont été soutenus par les représentants du Brésil, de l’Égypte et de l’Afrique du Sud qui, tous, ont souhaité que leur rôle soit accru au sein des activités de consolidation de la paix. Ce rôle accru devrait passer par un renforcement du partenariat entre ONG, acteurs de la société civile et ONU, et ce aux fins d’amélioration de la diffusion d’informations sur la nature des conflits et de définition des objectifs, en particulier en matière de désarmement et de réinsertion des ex-combattant€s. Enfin, la société civile et les ONG ont été présentées comme les premiers promoteurs et traducteurs en actes de la culture de la paix.
PAIX ET SÉCURITÉ
Exposés
M. LAURENCE KONMLA BROPLEH, de la Commission des églises pour les affaires internationales du Conseil œcuménique des églises, a déclaré que suite à la Deuxième Guerre mondiale, la communauté internationale avait recherché des moyens pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, comment éliminer les armes nucléaires. Aujourd’hui, la donne a changé, les pays les moins avancés étant submergés par les conséquences terribles de l’épidémie de VIH/sida, la prolifération d’armes de destruction massive, l’enrôlement massif des enfants soldats ou encore les famines. Comment, dans un tel contexte, a demandé le représentant, oser parler de sécurité? La question est de savoir comment la communauté internationale va pouvoir s’organiser afin de promouvoir efficacement un programme commun dédié à la paix et à la réalisation d’un monde libéré de la peur. Pour le représentant, la solution passe d’abord par une lutte volontaire contre la prolifération des armes légères, dont l’existence freine le développement. Dans ce cadre, il nous faut sortir au plus vite de l’impasse dans laquelle se trouve le désarmement général et complet, en vue d’établir un monde libre où les enfants seraient enfin débarrassés de cette peur qui paralyse leur épanouissement.
Mme BERNICE GONZALEZ-ROMERO, d’Oxfam International, a regretté que partout où les crises humanitaires s’aggravent, les réponses offertes se résument finalement à des mots et des déclarations d’intention. Le pire, a-t-elle dit, est que l’intervention de l’engagement international se traduit parfois sur le terrain par un afflux incontrôlé d’armes, ce qui complique encore davantage les situations de conflit. Les populations civiles sont celles qui, dans des cas comme le Darfour, subissent le plus durement cette chronicité des conflits. Pour lutter contre cet état de faits, nous pensons que les Nations Unies devraient faire de la protection des civils une priorité absolue. Pour cela, il apparaît indispensable d’éliminer au plus vite les stocks d’armes de petits calibre et de réformer en profondeur le commerce des armements. Les ONG ont, à cette fin, mis en place un réseau d’action pour lutter contre la prolifération. Il ne tient qu’à la communauté internationale de se joindre à cet effort pour que les progrès et les changements fassent à cour terme la différence sur le terrain.
M. JOHN MARESCA, Business Humanitarian Forum Council, a insisté sur la nécessité de l’investissement privé dans les pays sortants d’un conflit. Ce type d’investissement a prouvé son efficacité en matière de reconstruction et de création d’emplois, a-t-il dit. Poursuivant, le représentant a estimé que les Nations Unies devaient faire l’apprentissage d’une utilisation plus efficace de la manne financière générée par le secteur privé. L’ONU doit encore favoriser les conditions d’implantation des PME dont les activités sont parmi celles qui facilitent le plus rapidement la transition économique de pays en crise en marche vers la paix, le développement durable et la prospérité. Dans ce contexte, nous préconisons la mise en place de séminaires entre les représentants des instituions rattachées au système des Nations Unies et les acteurs du secteur privé présents ou pas sur le terrain. Il conviendrait également que de nouveaux vecteurs soient définis en vue de renforcer l’appui financier rapide à destination notamment des pays en situation post-conflit et les moins avancés.
Mme MERLIE MENDOZA, Indigenous People, a déclaré que les peuples autochtones étaient, de par le monde, les plus pauvres et les plus marginalisés. Elle a stigmatisé le fait que les plus vulnérables des autochtones étaient souvent recrutés ensuite dans des rebellions armées. Il nous incombe d’empêcher que les jeunes rallient de tels groupes dont l’action belliqueuse remet en cause l’effort international en faveur de la paix. Les injustices frappant les populations autochtones les tiennent également éloignés de leur droit à l’autodétermination, ce qui a pour conséquence de les déposséder des ressources naturelles dont ils dépendent et qu’elles ne sont pas en mesure de défendre légitimement. C’est pourquoi, nous sommes venus ici demander à l’Assemblée générale de donner à ces populations le droit au développement qu’elles méritent. À cette fin, les ONG, le secteur privé et les gouvernements doivent s’engager de concert en faveur de la paix en substituant aux conflits et aux différends, la démocratie et la coopération à tous les niveaux.
Mme TERESA COLOMBA ULLOA, Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd, a indiqué que les sévices dont étaient victimes les femmes étaient souvent perpétrés par les belligérants, les armées régulières, voire les personnels de la paix. Les pratiques traditionnelles sont également des vecteurs de discrimination qui constituent un frein à l’épanouissement des femmes. Le droit à l’intégrité de ce groupe de population vulnérable est quotidiennement bafoué, souvent même à l’intérieur des États et en toute impunité, sans que les gouvernements concernés n’y trouvent rien à redire. Or, a dit la représentante, il n’est pas de sécurité collective sans sécurité préalable des femmes et des filles. Nous sommes par ailleurs régulièrement désolées de constater que même au sein des enceintes internationales, les règles de parité ne sont pas respectées.
Échange de vues
Dans le cadre du débat interactif, des intervenants ont souligné le fait que les femmes et les filles étaient non seulement des victimes des conflits, mais qu’elles formaient l’essentiel des contingents de personnes déplacées et de réfugiés. Il a été demandé qu’aucune négociation de paix ne tolère quelque impunité qui soit concernant les auteurs de crimes de guerre envers les femmes et les filles. La question des femmes a encore été abordée sous l’aspect du renforcement de la lutte contre l’existence de trafics, de l’assistance aux victimes du VIH/sida et de la réintégration des ex-combattantes dans la société civile. Il a été demandé dans ce cadre que les Nations Unies se saisissent de ces problèmes, l’accent devant être mis sur la mise en place de stratégies associant l’ensemble des parties prenantes à la recherche de solutions pacifiques et favorables au développement.
Le débat a par ailleurs porté sur la définition précise des causes profondes des conflits. Ce sont la pauvreté, le manque d’éducation et la corruption qui font le lit des violences et favorisent l’émergence des conflits, ont admis en substance de nombreux représentants d’ONG. Tous ont émis le souhait que les acteurs de la société civile aient un rôle futur prépondérant dans les mécanismes de prise de décisions internationales.
Il a en outre été convenu que les pays exportateurs d’armes sapaient l’engagement pour la paix et la sécurité internationales ainsi que la cause des droits de l’homme. Des représentants d’États Membres ont préconisé l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant destiné à réguler le commerce des armes sur la base des recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport « Dans une liberté plus grande ». Là encore, les activités de protection des populations par les acteurs de la société civile durant un conflit s’avèrent aussi importantes que la participation d’institutions financières dans les pays sortants d’un conflit, ont dit de nombreux intervenants.
RENFORCER L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES
Mme MARY RACELIS, Université Ateneo de Manille, Modérateur des auditions sur ce thème, a loué cette initiative prise par le Président de l’Assemblée générale. Le fait que les ONG du sud soient largement représentées est fondamental. En Asie comme en Afrique, nous avons parfois l’impression d’être coupés de ces activités. Elle a précisé que la société civile place l’être humain au centre de ses activités. Mais après tout, les peuples du monde constituent l’assise des Nations Unies également. Cette approche centrée sur les peuples qui a été énoncée à la création des Nations Unies et qui est incarnée dans la Charte doit être réaffirmée. La question que nous devons tous nous poser est la suivante: comment le fait de renforcer les Nations Unies permettra de renforcer la sécurité humaine, les droits de l’homme et le développement pour tous?
Exposés
Mme LYDIA ALPIZAR, Association for Women’s Rights in Development, a estimé qu’il était fondamental de renforcer l’ECOSOC qui doit être plus qu’une simple enceinte de discussions mais un endroit où les institutions financières internationales rendent des comptes. Il faut par ailleurs démocratiser le Conseil de sécurité en élargissant sa composition et en éliminant le droit de veto. Il est également important d’améliorer les droits de l’homme en renforçant les mandats des rapporteurs spéciaux dont l’indépendance doit être garantie. Un conseil des droits de l’homme doit être représentatif des États Membres et non pas des seules puissances dominantes. Il faut que les États Membres de ce conseil aient ratifié les principales conventions des Nations Unies et coopèrent de façon active à tous les mécanismes spéciaux des droits de l’homme. La représentante a réitéré qu’il n’y aura pas de développement et de sécurité tant que les femmes ne jouiront pas de droits égaux. Sans la participation des représentants de la société civile, a-t-elle ajouté, l’ONU n’est qu’une coquille vide d’où la nécessité d’intégrer la société civile aux mécanismes de l’Organisation. Dans le cadre du Sommet de 2005, il faudra tomber d’accord sur de nouveaux mécanismes participatifs de la société civile. L’Assemblée générale doit ouvrir ses débats à la participation active de la société civile.
M. ROBERTO EGHRARI, Communauté internationale Baha’ie, a indiqué que la promotion du rôle des femmes est essentiel aux renforcement des mécanismes de l’ONU. Il faut dans ce cadre intégrer une démarche sexospécifique dans toutes les activités et programmes de l’Organisation. Le représentant s’est dit en faveur de la création d’un conseil des droits de l’homme dont l’adhésion serait soumise à des critères stricts. Toutefois, les procédures spéciales et le rôle des ONG doivent être préservés. Nous sommes également en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité qui souffre d’un déficit démocratique. Le financement du système des Nations Unies est également une question fondamentale. Des approches plus vigoureuses doivent être mises en place pour générer des financements sûrs.
Mme GAY MCDOUGALL, Global Rights Partners for Justice, a évoqué les progrès considérables acquis dans le domaine des droits de l’homme, au cours des dernières décennies qui doivent être consolidés dans le cadre de la réforme. Le renforcement des mécanismes des droits de l’homme exigera plus que des changements structurels mais également la volonté des États Membres qui ont été bien souvent à l’origine de la perte de crédibilité de la Commission des droits de l’homme. Les membres du conseil des droits de l’homme envisagé devraient être élus par un vote des deux tiers de l’Assemblée générale. Il sera important d’éviter de suivre le principe de la répartition géographique équitable. Les pays occidentaux en particulier doivent prendre des mesures permettant d’examiner et de critiquer leurs activités. Personne ne doit être au-dessus de toute critique. De même, le conseil devrait établir une présence à New York qui ne devra pas se substituer à celle du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme. La représentante a souhaité que les ONG disposent d’un siège au sein de ce conseil.
Mme CHRISTIANE OVERKAMP, Coopération internationale pour le développement et la solidarité, a estimé que le Sommet de 2005 offre une occasion unique de modifier les relations entre pays riches et pays pauvres. Elle a affirmé que les Nations Unies ont un rôle vital à joue en la matière. Les Nations Unies sont non seulement un gardien du droit au développement mais des autres droits comme le droit à un traitement équitable quelle que soit le sexe de la personne concernée. La réforme simultanée des organes des droits de l’homme et des structures de gouvernance doit être l’occasion de garantir que les politiques économiques, commerciales et financières élaborées sont conformes à la réalisation des droits de l’homme pour tous. L’Assemblée générale a un rôle important à jouer, notamment en tant qu’organe de suivi des conférences internationales sur le financement du développement. Les questions comme la réduction de la dette, qui sont entre les mains des institutions financières internationales doivent également être du ressort de l’Assemblée générale. La représentante a demandé que des mesures plus concrètes soient prises pour garantir davantage d’interaction avec la société civile tout en regrettant que celle-ci ne soit pas autorisée à présenter ses vues lors du Sommet de 2005.
M. WILLIAM PACE, World Federalist Movement - Institute for Global Policy, a rappelé que la sécurité humaine doit rester l’objectif principal des Nations Unies. Au lieu de cela, a–t-il regretté, le plus grand producteur d’armes du monde dirige le Conseil de sécurité tandis que les pays comptant au rang des dictatures immobilisent les négociations au sein des organes des droits de l’homme et dans d’autres enceintes. L’élargissement du Conseil de sécurité est un objectif important pour que cet organe devienne plus démocratique, responsable et transparent. La réforme la plus importante doit être celle des modalités de travail du Conseil de sécurité. Il est aussi indispensable de permettre aux ONG de participer à un processus consultatif lors de la mise en place d’un conseil des droits de l’homme.
M. RASHED AL MAHNUD TITUMIR, Innovators Centre for Research and Action on Development, a donné un point de vue sur la situation par rapport aux pays les moins avancés (PMA) en précisant que si la tendance actuelle se poursuit, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté passera de 334 millions de personnes en 2000 à 471 millions de personnes en 2015. Le rapport du Secrétaire général reconnaît que les évènements des dernières années ont mené à une perte de confiance du public dans les Nations Unies, a-t-il poursuivi. Mais il continue à défendre une augmentation des membres du Conseil de sécurité sur la base de la contribution financière, militaire et diplomatique, ce qui revient à marginaliser le sixième de l’humanité que représentent les PMA. Le représentant a regretté le peu d’influence du Conseil économique et social sur des institutions de Bretton Woods que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. À un moment où le Secrétaire général lance des appels en faveur de l’obligation de reddition, de la justice et des droits de l’homme, ces institutions jumelles FMI/Banque mondiale ont exercé des pressions pour que les gouvernements leur accordent une immunité générale.
M. PAUL TENNASSEE, Confédération mondiale du travail, a estimé qu’un neuvième objectif devait être ajouté aux Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir l’accès à un travail décent. Malheureusement, cette question n’a pas été prise en compte dans le document final du Président. Le représentant a demandé que le Conseil économique et social soit davantage impliqué dans les questions liées à la sécurité humaine tout comme le Conseil de sécurité traite de paix et de sécurité. Au cours des années, les institutions des Nations Unies ont perdu du terrain au profit des institutions financières internationales. Les Nations Unies ne sont plus l’enceinte où se décide les politiques. Pour rectifier cette tendance, nous recommandons la mise en place d’un mémorandum d’accord qui assure le suivi des politiques des institutions financières internationales pour garantir qu’elles ne violent pas les principes des Nations Unies.
Échange de vues
Le dialogue avec les États Membres a conduit de nombreux intervenants à s’attarder sur l’appel que le Secrétaire général de l’ONU lance dans son rapport « Dans une liberté plus grande » lorsqu’il prône une plus grande implication des ONG et de la société civile aux débats intergouvernementaux de l’ONU. Une ONG s’est ainsi étonnée que cet appel ne figure pas dans le projet de document final destiné à la Réunion plénière de haut niveau. Son représentant a exhorté les États Membres à faire réellement participer la société civile aux débats de l’Assemblée générale et à ceux du Conseil de sécurité grâce à des mécanismes ad hoc. Par ailleurs, il a demandé que, compte tenu de leur impact sur l’avenir de l’humanité, au moins un jeune figure dans les délégations envoyées au Sommet mondial.
Ces propos ont été loués par une jeune Sénégalaise de 17 ans qui a fustigé la situation de ses pairs, en dénonçant, en particulier, le travail des enfants, leur enrôlement dans les groupes armés, le manque d’accès à l’école, surtout pour les filles, ou encore l’absence d’infrastructures de santé, au moment où le VIH/sida sévit parmi les jeunes. « Organisons-nous, soyons solidaires et soyons intelligents dans nos actions », a-t-elle dit aux jeunes avant de se tourner vers les adultes et de déclarer « Respectez les jeunes et honorez vos promesses, en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ». Le rôle et l’importance des autorités et des communautés locales dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont aussi été défendus par une autre représentante de la société civile.
Ces propositions ne visent qu’à assurer à l’ONU un caractère entièrement démocratique et véritablement transparent, se sont expliqués plusieurs intervenants avant que l’un d’entre eux ne suggère que le processus d’accréditation des ONG et de la société soit coordonné par un des organes de l’Assemblée générale. Il a aussi rappelé l’idée de créer un fonds pour aider la société civile des pays en développement à participer aux grandes conférences. Il y va de la légitimité des décisions prises par les Nations Unies, a estimé un représentant de la société civile.
Les intervenants sont ensuite passés à l’examen des réformes proposées pour les organes de l’ONU. Celles relatives au Conseil de sécurité ont conduit à de nombreuses remarques. Les orateurs ont plaidé pour que toutes les régions, pays moyens ou petits, y soient représentées et qu’elles soient dotées du droit de veto. Ce sont néanmoins les propositions relatives à la réforme des organes des droits de l’homme de l’ONU qui ont suscité le plus de commentaires. Les partisans du conseil des droits de l’homme qu’il est proposé de créer ont voulu qu’il soit un organe permanent mis sur un pied égalité avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social. Un tel conseil impulserait le changement de dynamique tant attendu, ont renchéri des intervenants.
La représentante de Human Rights Watch a recommandé que le conseil soit également doté du mandat de traiter des situations exigeant une attention spéciale. Sa composition, a-t-elle poursuivi, ne devrait pas être exclusive; chaque État devant avoir la possibilité d’en devenir membre. La représentante a tout de même posé une condition: l’attachement des pays-candidats à la protection et à la promotion des droits de l’homme. Pour ce faire, elle a suggéré que leur situation en la matière soit examinée pendant la première année de leur présence au conseil. L’unanimité n’a pas prévalu sur cette question. La représentante d’une ONG s’est inquiétée de ce qu’il adviendrait d’organes comme les sous-commissions ainsi que du rôle des représentants spéciaux, du système d’établissement des rapports, du lien avec le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme ou encore des questions dites marginales comme les droits à la santé, à l’alimentation, au logement ou à l’emploi.
Un autre intervenant a mis en doute, compte tenu de son histoire, la capacité de l’ONU, à mettre en place un organe qui ne serait contrôlé par aucun pays. En effet, a renchéri, un représentant cubain de la société civile, le problème n’est pas un problème de structure mais bien d’éthique et de la nécessité de s’écarter de la politique de deux poids deux mesures, de la sélectivité voire du chantage. Il a porté son choix sur une commission réformée capable de répondre aux principes consacrés dans la Charte des Nations Unies. Il a ainsi regretté que, dans son rapport, le Secrétaire général fasse peu de cas de principes tels que la souveraineté des États, l’égalité entre eux et la non-ingérence dans leurs affaires internes. Il a dénoncé la défense de concepts nouveaux tels que la « responsabilité de protéger » qui serait une menace de plus pour les nations pauvres. Protéger qui, de quoi et comment, s’est interrogé l’orateur. Voulant rassurer ces intervenants, la représentante du Mexique a souligné qu’à ce jour, aucun accord n’était intervenu sur la création d’un conseil des droits de l’homme.
Quelques commentaires ont également été réservés à la question du resserrement des liens entre les institutions financières internationales et les Nations Unies ou plus précisément aux moyens de contrôle dont dispose l’ONU pour s’assurer que les activités de ces institutions sont conformes aux intérêts du développement. Un représentant de la société civile a même proposé la convocation d’une conférence internationale sur ces institutions qui rechercherait les modalités de garantir à l’ONU un accès à la manne financière de ces institutions. Des questions spécifiques ont enfin été abordées telles que l’appui au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les besoins des pays lusophones, la place du secteur privé dans la commission de consolidation de la paix qu’il est proposé de créer, la préservation du statut lié à la fonction publique internationale, dont la sécurité de l’emploi, ou encore l’insuffisance des ressources humaines et financières affectées aux institutions s’occupant des femmes.
Se félicitant, avec ses homologues dont ceux de la Norvège et de la Suède, de l’apport des ONG et de la société civile, le représentant du Timor-Leste a rappelé le rôle de plaidoyer qu’ils ont joué dans l’accession de son pays à l’indépendance. Si nous continuons sur cette voie, a-t-il dit en parlant des Auditions, nous ferons réellement des Nations Unies une « organisation des peuples ». Les peuples des Nations Unies, a dit en écho le représentant du Pérou, sont venus nous rappeler à notre obligation de tenir les promesses que nous avons faites. Également satisfait, le représentant du Brésil a même proposé à l’Assemblée générale de convoquer, tous les ans et avant chaque nouvelle session, des auditions interactives de ce genre, conformément aux recommandations contenues dans le rapport Cardoso. Accueillant avec gratitude, le « service » que la société civile a rendu aujourd’hui aux États Membres, le représentant de l’Allemagne a jugé qu’à l’issue de sa réforme, le Conseil économique et social doit être un organe véritablement ouvert à la société civile et aux ONG. Lui aussi a plaidé pour que le Sommet mondial trouve les moyens de s’ouvrir aux ONG et à la société civile. Cette requête a suscité une réaction de la part du Président de l’Assemblée générale qui a rappelé que les modalités du Sommet mondial avaient déjà été établies dans une résolution adoptée à l’unanimité par l’Assemblée.
En attendant, le représentant de la France a salué ce rendez-vous des « idéalistes réalistes ». Un gros travail a déjà été fait sur les propositions de réforme de l’ONU, a-t-il poursuivi en jugeant très utile qu’au moment où les délégations s’approchent de la dernière étape, la société civile puisse être entendue. Le représentant s’est déclaré tout à fait disposé à tenir compte des recommandations faites par elle. Il a promis une lutte acharnée pour la mise en place d’une commission de consolidation de la paix, d’un conseil des droits de l’homme qui préserve les prérogatives des ONG, et pour un Secrétariat de l’ONU qui, rendu plus moderne, aurait les moyens de travailler efficacement.
Mme PERA WELLS, Rapporteur de ce débat sur le renforcement des Nations Unies, a estimé qu’une vision importante s’était dégagée. Elle s’articule autour de trois piliers: le Conseil économique et social, le Conseil de sécurité et un conseil des droits de l’homme. Il faut pour cela éliminer le droit de veto au Conseil de sécurité et faire en sorte que l’ECOSOC soit une enceinte de développement de haut niveau. De nombreuses propositions ont également été faites au sujet de la création d’un conseil des droits de l’homme. La mise en place efficace de modalités de participation de la société civile aux travaux de l’Assemblée générale a également été demandée. Il a été relevé qu’un point manque dans le projet de document final, à savoir les inégalités structurelles dans la gouvernance mondiale. Il faut que les institutions de Bretton Woods rendent des comptes et reviennent dans le giron des Nations Unies.
Clôture
Mme PEGGY HICKS, Rapporteuse du débat sur le thème « Vivre dans la dignité » et membre de Human Rights Watch, a estimé que le moment était venu de donner aux droits de l’homme, et surtout ceux des femmes, une place importante. La session a fait ressortir qu’il fallait maintenant passer de la rhétorique à des actions concrètes, il faut accorder plus d’importance aux autochtones, aux personnes âgées, aux malades du VIH sida. Les trois propositions qui sont ressorties des auditions sont: que le Bureau du Commissaire aux droits de l’homme soit renforcé et notamment que son budget soit doublé; qu’un conseil des droits de l’homme avec notamment un large accès accordé aux ONG soit créé; que davantage d’efforts soient fournis pour mettre en œuvre les décisions prises, les recommandations émises et les procédures spéciales..
Mme SHANNON KOWALKSKI, Rapporteur de la session sur le thème « Vivre à l’abri du besoin » et membre de Family Care International, a fait ressortir le fait que les gouvernements doivent réaffirmer leurs engagements pour mettre en œuvre les décisions internationales. L’égalité entre les sexes, l’accès universel aux services de santé, notamment ceux de la santé reproductive, la lutte contre la violence faite aux femmes doivent être des priorités. Il faut également que les gouvernements accroissent les ressources destinées à la lutte contre le sida, mais aussi qu’ils prennent conscience que le développement durable est essentiel et notamment qu’ils œuvrent pour que les forets soient préservées et pour assurer l’accès universel à l’éducation primaire notamment pour les fillettes mais aussi secondaire et tertiaire pour tous. Une autre priorité évoquée a été la nécessité de combler le fossé numérique, car il faut investir en la jeunesse. Il a également été dit que les personnes handicapées doivent avoir accès à l’éducation. Les auditions ont également montré que l’aide internationale au développement ne doit pas être liée à un modèle unique mais adaptée au cas par cas. Il faut également que l’énergie et les ressources allouées aux opérations militaires et à la guerre aillent à la lutte contre la pauvreté et la faim. Les participants ont également fait ressortir que le secteur privé doit être pris en compte. Mme Kowalkski a conclu en estimant que le moment d’agir était venu, et qu’une volonté politique collective était nécessaire pour atteindre les OMD d’ici à 2015.
Mme ESTER AGUILERA, Association nationale des économistes et comptables de Cuba, résumant la table ronde sur « Vivre à l’abri du besoin », a déclaré que la défense des droits de l’homme a été reconnue comme le cadre même du développement. Nous avons abordé le concept même du développement mais également le rôle de la femme dans la réalisation des Objectifs du Millénaire. Nous avons aussi réitéré le besoin d’éliminer la pratique des subventions dans les pays développés tout en soulignant que la libéralisation du commerce accroissait les inégalités. Nous avons demandé l’élimination de la dette pour que les ressources ainsi libérées aillent au développement. L’aide est soumise à des conditions inacceptables et elle est devenue un outil de pression des pays développés. Divers participants se sont également référés au fossé entre promesses et réalités sur le terrain. Il a été recommandé que les Institutions de Bretton Woods travaillent sous supervision des Nations Unies. La situation des jeunes et des enfants a également été une source de préoccupation.
M. RIK PANGANIBAN, Réseau des ONG Millénaire + Cinq, résumant le débat sur « Vivre à l’abris de la peur », consacré plus particulièrement à la prévention des conflits, a indiqué qu’un soutien fort s’était dégagé au sujet de la proposition du Secrétaire général de créer une commission pour la consolidation de la paix, relevant que cet organe devra être un partenaire actif des représentants de la société civile. Des appels ont également été lancés pour que l’on passe d’une logique de réaction à une logique de prévention. De même la contribution des acteurs de la société civile et des femmes dans la résolution des conflits a été soulignée.
Mme DORIS MPOUMOU, Women’s Environment and Development Organization, résumant la table ronde sur « Vivre à l’abri de la peur », consacrée aux questions relatives à la paix et à la sécurité, a indiqué que le débat avait consacré l’indivisibilité et l’universalité des droits de la personne. Il ne doit pas y avoir de hiérarchie des droits. Dans leurs interventions, les hommes comme les femmes ont rejeté la guerre. Ils ont souhaité que le Sommet de septembre soit l’occasion de proposer des stratégies et de prendre des mesures concrètes permettant de nous libérer de la peur de la pauvreté qui est de plus en plus féminisée, de la peur du sida, de la peur de la violence en tant de guerre comme de paix, de la peur du terrorisme et du commerce des armes de toutes sortes. Il a été réaffirmé que la menace nucléaire est contraire au droit international et que tout accord de non-prolifération et de désarmement devrait être respecté. Les gouvernements doivent recourir à la force comme dernière option et ils ont la responsabilité primordiale de protéger les droits humains de leurs populations et de mettre fin à l’impunité pour les crimes commis notamment envers les femmes et les enfants. La consolidation de la paix doit s’appuyer sur le rôle actif et primordial des communautés locales.
Mme PERA WELLS, Rapporteur de la session sur le thème « Renforcer l’Organisation des Nations Unies » et membre de la Fédération mondiale des associations des Nations Unies, a retenu que les participants ont insisté sur l’importance d’un processus participatif qui prenne vraiment en compte les vues des ONG. Les ONG souhaitent pouvoir apporter leur pierre à l’édifice dans le cadre de l’Assemblée générale, mais aussi du Conseil de sécurité et de l’ECOSOC. Mme Wells a également rappelé que les ONG s’étaient prononcées pour la création d’un conseil des droits de l’homme et qu’elles souhaitent être associées à la mise en place d’un tel conseil. Enfin, elle a lancé un appel aux chefs d’État et de gouvernement qui se réuniront en septembre, leur demandant de travailler en partenariat avec l’IFI et les Nations Unies. Il faut que le Secrétariat des Nations Unies soit renforcé, a conclu Mme Wells.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a relevé que les représentants de la société civile avaient au cours de ces deux jours soulevé bien des questions qu’il s’agisse des questions liées à l’égalité entre les sexes, de la prévention des conflits, du commerce, de la dette ou de l’environnement. Vous avez exprimé votre soutien à la création d’un conseil des droits de l’homme et d’une commission pour la consolidation de la paix et avez milité pour que les pays développés allouent 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. Vous avez également parlé de la nécessité d’élaborer de véritables stratégies environnementales et avez demandé qu’une attention plus importante soit accordée à l’égalité entre les hommes et les femmes. Vous avez aussi souhaité que le projet de déclaration du Sommet de 2005 soit plus fort. Votre message est clair: pour bâtir un monde plus prospère, plus juste et plus pacifique, les États Membres devront prendre des mesures audacieuses en septembre.
Ces auditions représentent une étape nouvelle dans la manière de travailler des Nations Unies avec la société civile. Je souhaite, a ajouté le Secrétaire général, que ce format de réunion soit reconduit dans le cadre des efforts que déploie l’Assemblée générale pour s’ouvrir aux acteurs non étatiques. Que l’on parle de la lutte contre la pauvreté, contre le VIH/sida, de la responsabilité de protéger les populations des conflits armés ou de les prévenir, les Nations Unies auront toujours besoin de travailler en étroit partenariat avec les représentants de la société civile. Ensemble, nous pouvons renvoyer la pauvreté au passé.
M. JEAN PING, Président de l’Assemblée générale, a conclu les auditions en estimant que ces dernières marquaient une nouvelle étape dans les relations entre les États Membres et l’ensemble des organisations non gouvernementales, des membres de la société civile et du secteur privé. M. Ping a salué la forte participation des différentes organisations, ce qui, selon lui, a montré à quel point les enjeux étaient importants. Il a rappelé que si certaines questions évoquées lors des tables rondes n’apparaissaient pas dans le document final de préparation du Sommet de septembre, présenté à l’Assemblée générale le 3 juin dernier, il ne faut pas déduire qu’elles sont de moindre importance. Elles font tout de même l’objet actuellement de consultations dans différents mécanismes et structures de négociations multilatérales, en particulier au sein des Nations Unies.
M. Ping a invité les États Membres à considérer toutes les propositions faites lors des auditions afin de parvenir à l’accord le plus large possible. Il a rappelé qu’il allait préparer un résumé des auditions qui paraîtra comme un document officiel de l’Assemblée générale consultable par les États Membres en vue de la préparation du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de septembre. Il a fait part de sa conviction que le temps était venu de prendre à bras le corps les menaces et défis auxquels l’humanité doit faire face afin de bâtir un monde plus juste et plus solidaire. « Nous y réussirons avec d’autant plus de succès que les États Membres et les organisations non gouvernementales, la société civile et le secteur privé sauront travailler de concert dans un véritable esprit de partenariat ».
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