SG/SM/9627-AIDS/89

DANS UN DISCOURS À WALL STREET, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE SIDA, KOFI ANNAN INVITE LES ENTREPRISES À UNE ACTION EFFICACE CONTRE LA MALADIE

07/12/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9627
AIDS/89


DANS UN DISCOURS À WALL STREET, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE SIDA, KOFI ANNAN INVITE LES ENTREPRISES À UNE ACTION EFFICACE CONTRE LA MALADIE


Il souligne que les programmes d’entreprise destinés à éduquer

les employés peuvent devenir un pilier de la campagne mondiale de prévention


On trouvera ci-après le texte des observations que le Secrétaire général, Kofi Annan, a formulées aujourd’hui à Wall Street, New York, à l’occasion de la Journée mondiale contre le sida, le ler  décembre 2004.


Je suis très heureux d’être ici.  Permettez-moi tout d’abord de remercier les collègues des entreprises qui parrainent cet événement, en particulier Lance LaVergne de Goldman Sachs, et ont contribué à nous réunir.


J’apprécie vivement la possibilité qui m’est ainsi offerte de m’adresser à vous tous à l’occasion de cette Journée mondiale pour vous parler de la lutte contre le VIH/sida, du rôle que le secteur des services financiers peut y jouer, et des raisons pour lesquelles cela est dans votre propre intérêt, et pas seulement dans l’intérêt plus large du monde entier.


Le VIH/sida est un problème mondial qui revêt des proportions catastrophiques.  Les experts reconnaissent désormais qu’il s’agit de la pire épidémie que l’humanité ait jamais connue, épidémie qui s’est propagée, plus largement, plus rapidement et dont les effets à long terme ont été plus dévastateurs que toute autre maladie.


Dans de nombreux pays, cette maladie perpétue la spirale de la pauvreté, détruit les bases de communautés entières et entrave le progrès social et économique.  Dans l’économie mondiale d’aujourd’hui, le sida nous concerne tous.


Le sida est la plus destructrice des maladies pour l’économie, car il tue les personnes dans la fleur de l’âge.  Aux premiers stades en particulier, l’épidémie a tendance à frapper les centres urbains, les personnes éduquées, l’élite des responsables et les membres les plus productifs de la société.  Ces morts privent les entreprises et les économies de leurs bénéfices.


La perte de revenu de chaque soutien de famille réduit l’accès des dépendants aux soins de santé, à l’éducation et à la nutrition, les rendant à leur tour plus vulnérables à l’infection.  Il suffit que ce cycle se répète un petit nombre de fois pour que le sida détruise une communauté entière.


Comme vous le savez, l’Afrique a été frappée de façon disproportionnée, mais les ravages économiques du sida ne se limitent pas à l’Afrique. L’épidémie se propage à une allure inquiétante à travers le monde, en particulier en Asie de l’Est et en Europe orientale, régions dans lesquelles le nombre de personnes séropositives a fait un bond de 50% et de 40% respectivement au cours des deux dernières années.


On estime aujourd’hui que l’Inde compte plus de 5 millions de personnes vivant avec le VIH/sida – ce qui la place au deuxième rang après l’Afrique du Sud – et que le virus continue de s’y propager à une allure inquiétante.  Des régions telles que l’Andhra Pradesh, que beaucoup d’entre vous connaissent comme l’une des régions à la pointe de la technologie et comme un grand centre d’externalisation des entreprises en Inde, sont particulièrement touchées.


En Chine, où elle se propage rapidement, l’épidémie touche désormais la totalité des 31 provinces.  Sans un effort collectif de notre part pour l’enrayer, des millions de personnes seront touchées par la maladie dans ce vaste pays.


Les effets négatifs sur vos activités et celles de vos clients, y compris dans les pays du monde qui connaissent une rapide expansion économique, devraient être évidents.  Mais cela vous offre également l’occasion de contribuer à changer le cours de l’épidémie.


Quelle aide peut donc apporter le monde des affaires?  Pouvez-vous véritablement modifier la donne?  J’ai la certitude que cette question, la plupart d’entre vous vous l’êtes posée.


Tout d’abord, nous avons besoin de changer de mentalité.  Ainsi que le Directeur de la Bourse de Johannesburg l’a déclaré en 2001, le VIH/sida n’est plus un problème dont doivent s’occuper les seuls services des ressources humaines, c’est un problème qui a gagné les conseils d’administration.  Les directeurs doivent admettre les incidences possibles du VIH/sida sur les entreprises et y répondre de façon constructive.


On connaît déjà plusieurs exemples du poids considérable que l’action des entreprises peut représenter dans la lutte contre le VIH/sida, qu’il s’agisse du lieu de travail – l’un des endroits les plus propices à l’éducation et à la communication – ou des efforts menés à l’échelle mondiale, sous forme de plaidoyer, d’appui en nature, de partenariats et de dons directs.


Le moyen d’action le plus immédiat commence sur le lieu de travail.  Les entreprises peuvent élaborer une action efficace contre le sida en consultation avec leurs employés.  Les programmes d’entreprise visant à sensibiliser leurs employés au sida peuvent devenir l’un des piliers de la campagne mondiale de prévention.  Et lorsque les employés sont atteints du VIH/sida, les employeurs peuvent et doivent les aider ainsi que leurs familles en mettant à leur disposition des services volontaires et confidentiels de dépistage, de conseil et de traitement.


L’Organisation internationale du Travail a élaboré un recueil librement consenti de Directives pratiques sur le VIH/sida pour contribuer à créer des conditions d’emploi et une protection sociale appropriées face à l’épidémie.  Ce recueil contient des directives pratiques pouvant servir de point de départ pour une action à l’échelon de l’entreprise, de la collectivité et de la nation.  Il porte sur des domaines tels que la prévention, les soins et l’appui aux travailleurs infectés ou touchés par le VIH/sida, ainsi que l’élimination de l’ostracisme et de la discrimination.


Dans le monde en développement, le traitement était auparavant considéré comme d’un coût prohibitif, mais l’abaissement rapide des prix des médicaments utilisés pour le traitement du VIH est en train de transformer entièrement les perspectives sur les possibilités de traitement.


À mesure que les traitements antirétroviraux se généralisent, il devient plus rentable pour les entreprises de soigner leurs employés séropositifs que d’en recruter et d’en former de nouveaux lorsque leurs employés non soignés meurent.  En fait, une étude récemment réalisée en Afrique a montré que le traitement des travailleurs séropositifs était amorti jusqu’à 10 fois, et des études sur l’Amérique latine sont arrivées à la même conclusion.


Pour en savoir plus sur la lutte contre le sida sur le lieu de travail, les entreprises peuvent s’adresser à la Global Business Coalition on HIV/AIDS, collectif dans lequel les entreprises collaborent pour améliorer les pratiques sur le lieu de travail et encourager les chefs d’entreprise à se montrer responsables et novateurs dans la lutte pour enrayer la propagation de l’épidémie.  Permettez-moi de remercier Richard Holbrooke, ici présent, qui dirige cette coalition.


Bien évidemment, la contribution des entreprises à la lutte contre le sida s’étend bien au-delà du lieu de travail de chacun.  Les entreprises peuvent avoir une influence très étendue en plaidant en faveur du changement, en parlant ouvertement de l’épidémie du VIH/sida et de ce qui peut être fait pour l’enrayer.  Le silence et l’ostracisme occultent le virus et favorisent sa propagation.  En parler ouvertement contribue à l’arrêter.


Les entreprises peuvent utiliser leurs compétences et leurs acquis en matière de commercialisation et de communication par le biais du conditionnement des produits et de la publicité.  Vous pouvez contribuer à réunir les connaissances logistiques et les capacités nécessaires pour la diffusion des moyens de prévention et de soins.  Et vous pouvez utiliser la fidélisation à une marque pour renforcer la volonté de lutter contre le VIH/sida, en particulier parmi les jeunes.  Certaines des questions que j’ai mentionnées ne vous concernent pas directement, mais vous avez des clients que vous pouvez aussi encourager à s’y intéresser.


Vous pouvez mettre à profit vos compétences en matière d’affaires publiques, de ressources humaines et de planification stratégique des entreprises pour aider les organisations et les groupes communautaires qui s’occupent du sida et qui sont au premier rang dans lutte contre l’épidémie, et qui ont terriblement besoin de ces compétences.


Vous pouvez vous associer à d’autres dans le secteur financier et recruter de nouveaux alliés pour s’associer à votre initiative.


Vous pouvez vous adresser à vos clients dans le monde entier pour les encourager et les aider à jouer un rôle positif et dynamique dans la lutte contre le sida.


En dernier lieu, que vous soyez une entreprise, un particulier ou une fondation, vous pouvez participer en tant que donateurs en fournissant une aide financière au Fonds mondial de lutte contre le syndrome d’immunodéficience acquise, la tuberculose et le paludisme, qui a été créé il y a trois ans pour disposer d’un financement efficace permettant d’intensifier notre lutte collective.  Le secteur commercial privé est largement représenté au Conseil d’administration du Fonds mondial par McKinsey, mais les dons de ce secteur ne progressent toujours pas au même rythme que ceux des gouvernements et de certaines fondations privées.


Vous pouvez également faire des dons aux divers organismes des Nations Unies qui collaborent dans le cadre de l’ONUSIDA.  Vous pouvez travailler en partenariat avec une large gamme d’organisations non gouvernementales, dont de nombreuses ont acquis une expérience exceptionnelle dans les pays en développement, en travaillant en étroite collaboration avec les organismes des Nations Unies pour fournir les services et les traitements nécessaires dans bon nombre des collectivités où les entreprises mondiales qui sont vos clients puisent leur personnel.


Et vous pouvez aussi créer des partenariats avec les fondations, dont la Fondation des Nations Unies, qui jusqu’ici a investi quelque 50 millions de dollars dans des projets destinés à enrayer la propagation du sida.


Mesdames et Messieurs, seule une alliance vraiment mondiale permettra de venir à bout du sida.  Nous devons tous nous employer à trouver une solution car, d’une façon ou d’une autre, tôt ou tard, nous serons tous concernés par le problème.


Et dans ce domaine, il existe une convergence heureuse entre faire de bonnes affaires et faire le bien.


Le secteur financier est l’une des forces les plus puissantes dans le monde, mais il n’a pas encore été pleinement utilisé dans la lutte qui nous préoccupe ici.  Il est grand temps que nous exploitions pleinement vos atouts en vous recrutant pour cette lutte.


Je trouve encourageant le plan d’action que les six organisations qui parrainent cet événement se sont engagées à mettre en œuvre.  J’espère que vous saisirez cette occasion de faire de votre mieux et permettez-moi de tous vous remercier d’être ici aujourd’hui, et de remercier Monsieur l’Ambassadeur Holbrooke et la Global Business Coalition on HIV/AIDS du travail qu’ils ont accompli jusqu’ici.  Bien évidemment, ce n’est qu’un début.  Il nous reste encore beaucoup à faire et nous avons besoin d’autres partenaires, mais je suis très heureux de vous voir tous ici ce matin, et nous attendons beaucoup de notre collaboration avec vous à l’avenir.  Je vous adresse mes vifs remerciements.


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