SG/SM/9424-SC/8154

POUR STABILISER LES PAYS DÉCHIRÉS PAR LA GUERRE, L’ONU A CRUELLEMENT BESOIN DE LA CONTRIBUTION DES ORGANISATIONS REGIONALES, DÉCLARE KOFI ANNAN AU CONSEIL

20/07/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9424
SC/8154


POUR STABILISER LES PAYS DÉCHIRÉS PAR LA GUERRE, L’ONU A CRUELLEMENT BESOIN DE LA CONTRIBUTION DES ORGANISATIONS REGIONALES, DÉCLARE KOFI ANNAN AU CONSEIL


On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite par le Secrétaire général, Kofi Annan, ce matin devant le Conseil de sécurité à l’occasion du débat consacré à la “coopération entre l’ONU et les organisations régionales dans les processus de stabilisation”:


Je vous remercie d’avoir organisé cet important débat du Conseil de sécurité. De plus, il est bon de vous accueillir à New York. Ce n’est pas tous les jours qu’un premier ministre préside une séance du Conseil de sécurité.


En avril 2003, la dernière fois que le Conseil s’est réuni pour débattre du rôle des organisations régionales face aux nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales, j’avais expliqué que nous devions nous orienter vers la création d’un réseau de mécanismes efficaces et complémentaires – régionaux et mondiaux – qui soient souples et qui répondent à la réalité complexe d’aujourd’hui.


À cette occasion, plusieurs participants avaient fait des suggestions quant aux mesures à prendre pour renforcer la coopération et édifier un tel réseau. En faisait partie la proposition de poursuivre, à intervalles réguliers, un dialogue de haut niveau entre le Conseil et les organisations régionales afin d’améliorer l’échange d’informations et de promouvoir une coordination rapide. La présente séance est la preuve, à mon sens, que nous sommes déterminés à mettre en œuvre ces propositions.


Aujourd’hui, l’ONU entretient des liens de coopération avec les organisations régionales dans les processus de stabilisation dans un grand nombre de pays. Au Libéria et en Côte d’Ivoire, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a joué un rôle déterminant sur le terrain avant de donner le relais à l’ONU. Le Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest et le secrétariat de la CEDEAO ont décidé de renforcer leur coopération afin de promouvoir la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest et d’élaborer des stratégies régionales de prévention des conflits, tel que prôné par le Conseil de sécurité.


En République démocratique du Congo, l’Union africaine a prêté un concours essentiel à travers l’Opération Artémis. Au Burundi, l’Union africaine a déployé une mission chargée de surveiller et de consolider l’accord de cessez-le-feu conclu en décembre 2003, d’asseoir la stabilité et de faciliter l’application générale de l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi. En mai de cette année, le Conseil a autorisé l’Opération des Nations Unies au Burundi et le transfert immédiat du commandement de la Mission africaine au Burundi.


Au Soudan, nous nous sommes employés, aux côtés de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, à faciliter la conclusion d’un accord de paix et nous avons soutenu le déploiement d’observateurs de l’Union africaine chargés de contrôler le cessez-le-feu.


En Haïti, le Conseil de sécurité a souligné l’importance de la coopération entre la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, l’Organisation des États américains et la Communauté des Caraïbes. L’ONU travaille en étroite collaboration avec ces organisations régionales, surtout dans la planification des élections prévues pour 2005.


Au Kosovo, l’ONU, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe continuent d’unir leurs efforts et de coopérer avec la force internationale de sécurité placée sous le commandement de l’OTAN.


En Afghanistan, la mission des Nations Unies intervient aux côtés des forces de coalition et de la Force internationale d’assistance à la sécurité pour étendre l’autorité gouvernementale dans tout le pays et mettre en œuvre le processus de Bonn, notamment en ce qui concerne les élections nationales.


Nous constatons que, très souvent, les organisations régionales sont capables d’arriver sur le terrain bien plus vite que l’ONU. De fait, l’OTAN, l’Union européenne et l’Union africaine ont créé ou sont en train de mettre en place des mécanismes d’intervention rapide destinés aux opérations de maintien de la paix. L’ONU salue, et même soutient, ces efforts. Cependant, toutes les organisations régionales ne sont pas en mesure de rester déployées sur une longue période et la légitimité émanant des opérations des Nations Unies s’avère souvent nécessaire pour une plus grande durabilité.


Tous nos efforts de coopération avec les organisations régionales ne sont pas sans rencontrer de problèmes. Au Kosovo, par exemple, depuis la recrudescence inattendue des violences au début de l’année, nous étudions la manière dont nous pouvons agir avec une plus grande efficacité. De toute évidence, le fait que plusieurs organisations soient impliquées peut présenter des risques et être pénalisant lorsqu’il s’agit de gérer des situations complexes. L’intégration totale n’est pas toujours aisée, du fait de la diversité des mandats, des cultures institutionnelles et des rôles de direction.


Par conséquent, tout en renforçant notre coopération, nous devons examiner de plus près les avantages comparatifs des différentes organisations, qu’elles soient internationales, régionales ou sous-régionales, et nous diriger vers la création de partenariats stratégiques permettant de faire face aux problèmes d’aujourd’hui et de demain.


Notre coopération avec les organisations régionales touche un large éventail d’activités, mais elle est souvent établie en fonction des circonstances. Je pense que la multiplication des voies institutionnelles de coopération permettrait d’obtenir une plus grande efficacité et de meilleurs résultats et même de réaliser, peut-être, des économies d’échelle.


À cette fin, mon prédécesseur et moi-même nous sommes livrés à des échanges de vues réguliers avec les dirigeants des organisations régionales autour des questions d’intérêt commun, de la prévention des conflits et la consolidation de la paix au terrorisme international. Par ailleurs, nous collaborons avec un grand nombre d’organisations régionales dans le domaine électoral.


Les deux dernières réunions entre l’ONU et les organisations régionales ont été l’occasion de poser des bases essentielles pour la coopération. La quatrième réunion, consacrée à la consolidation de la paix, qui s’est tenue en février 2001 et s’est conclue par une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité (S/PRST/2001/5), a constitué un précédent utile pour une meilleure interaction et coopération. À la cinquième séance, en juillet 2003, les participants ont défini un cadre de coopération pour faire face aux nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales, dont le terrorisme international.


Nous étudierons prochainement avec nos homologues régionaux des mécanismes de coopération destinés à surveiller la protection des civils dans les conflits armés, à assurer le suivi des mesures concrètes visant à instaurer la tolérance et à promouvoir le dialogue entre les civilisations, et à contrôler les leçons tirées des expériences sur le terrain, notamment dans les domaines de la coopération militaro-civile, de la police, de la mise en place d’institutions et des mesures de confiance. Je ne manquerai pas de tenir le Conseil de sécurité pleinement informé des progrès accomplis.


Je suis résolu à mettre en œuvre les points spécifiques des cadres qui ont été posés. La prochaine réunion de haut niveau est programmée pour le milieu de l’année 2005 et, bien évidemment, le Président du Conseil de sécurité y participera, comme par le passé. Ce sera une occasion importante de faire le point sur nos avancées dans la mise en œuvre des décisions prises lors des réunions précédentes. De plus, nous envisageons de tenir à intervalles plus réguliers les réunions de haut niveau – peut-être une fois par an – de façon que nous puissions nous concentrer sur la coopération autour de questions clefs et en assurer plus efficacement le suivi. Je suis d’avis que cela permettra de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, sans parler de la coopération entre le Secrétariat et le Conseil de sécurité.


Pour stabiliser les pays déchirés par la guerre, comme dans bien d’autres domaines de la paix et de la sécurité, l’ONU a cruellement besoin de la contribution des organisations régionales. Par conséquent, appelant de mes vœux une discussion fructueuse entre les participants, j’espère que le Conseil restera engagé dans cette question vitale.


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