SG/SM/9364

LE SECRETAIRE GÉNÉRAL DEMANDE À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE D’APPUYER LES GOUVERNEMENTS INTÉRIMAIRES EN IRAQ ET EN AFGHANISTAN

12/07/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9364


LE SECRETAIRE GÉNÉRAL DEMANDE À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE D’APPUYER LES GOUVERNEMENTS INTÉRIMAIRES EN IRAQ ET EN AFGHANISTAN


Il demande également aux membres de l’Organisation de la Conférence islamique d’amener les autorités soudanaises à désarmer les janjaweed


On trouvera ci-après le texte du message qui a été adressé à la Conférence ministérielle de l’Organisation de la Conférence islamique par Kofi Annan et dont lecture a été donnée par le Conseiller spécial, M. Lakhdar Brahimi, le 14 juin à Istanbul:


J’ai grand plaisir à adresser mes vœux à l’Organisation de la Conférence islamique, qui se réunit à un moment bien difficile pour la communauté internationale.  La sécurité collective est en jeu et il nous faut trouver un système de règles qui nous permette de faire face à toutes les difficultés actuelles et qui soit respecté par tous les pays.  La solidarité mondiale est en crise, et il nous faut redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.  Les préjugés et l’intolérance règnent, en particulier entre Musulmans, Chrétiens et Juifs.  Nous ne devons pas pour autant céder à la peur ou à la colère et traiter ceux qui ne partagent pas notre foi et notre culture en ennemis.  Il s’agit là de préoccupations communes à l’Organisation des Nations Unies et à l’Organisation de la Conférence islamique, et il nous faudra nous entraider si nous voulons instaurer un ordre mondial équitable fondé sur des principes établis, et faire œuvre utile dans les régions où ces problèmes prennent une intensité particulière.


Je pense bien sûr à l’Iraq.  Cela fait à peine quelques jours que le Conseil de sécurité a adopté la résolution sur la transition dans ce pays.  Marquant une nouvelle étape dans la transition politique, le gouvernement intérimaire mérite de se voir donner la chance de réussir.  Cela ne va bien sûr pas sans un élément d’incertitude. Mais l’Iraq n’est en aucune façon un État en faillite.  Bien au contraire, le peuple iraquien est industrieux et le pays dispose de ressources naturelles en abondance.  Par ailleurs, le gouvernement intérimaire, qui est à l’évidence compétent et de composition assez équilibrée, a de bonnes chances d’unifier le pays et de le prendre en charge au cours des sept prochains mois.


C’est le peuple iraquien qui jugera en fin de compte le gouvernement intérimaire sur ses actes et sur les résultats obtenus.  Il est dans votre intérêt à tous d’aider le pays à surmonter les nombreuses difficultés qui l’attendent, notamment à créer les conditions propices à la tenue d’élections, et à organiser la conférence nationale qui permettrait d’accroître la participation de la population à la transition politique.  Je vous demande instamment d’accéder à la demande d’aide du gouvernement intérimaire.  L’Organisation des Nations Unies continuera pour sa part d’aider au relèvement et au développement du pays et d’acheminer l’aide humanitaire, de l’intérieur ou de l’extérieur du pays, selon les circonstances.


La nécessité de plus en plus impérieuse de trouver un règlement juste et global au conflit israélo-palestinien entre également dans vos préoccupations. Israël a poursuivi les exécutions extrajudiciaires et les démonstrations de force disproportionnées dans des zones populeuses, ainsi que la construction de la barrière en Cisjordanie, le rasage des habitations dont on a pu voir l’ampleur ces dernières semaines à Rafah, et d’autres activités.  Nous condamnons ces actes et exhortons Israël à se garder de nouvelles atteintes au droit international et à s’acquitter des obligations qui lui incombent au titre de la Feuille de route, en particulier à mettre fin aux implantations de colonies de peuplement et à cesser d’user de la violence.


Pour ne pas être en reste, certains groupements Palestiniens continuent de commettre des attentats-suicides et d’autres attaques qui attisent la haine et la peur et nuisent à leurs aspirations nationales.  Nous devons tous condamner énergiquement les actes de terrorisme, quels que soient l’endroit ou le moment où ils sont perpétrés, car il n’est pas de cause qui puisse les justifier.  Nous engageons l’Autorité palestinienne à remplir les obligations auxquelles elle est tenue par la Feuille de route et à mettre fin à la violence et à la terreur par des mesures concrètes.


Dans ce tableau bien sombre, l’intention déclarée d’Israël de se retirer de la bande de Gaza apparaît comme un espoir de fin de la violence.  Le retrait de la bande de Gaza pourrait même être l’amorce de la reprise d’un réel processus de paix, à condition d’être total et mené en concertation avec l’Autorité palestinienne et en conformité avec la Feuille de route.  Il doit également être clairement axé sur la fin de l’occupation.


Tous les gouvernements doivent garder dans leurs préoccupations la nécessité de trouver un règlement global négocié au conflit arabo-israélien, y compris pour ce qui est des volets syrien et libanais.  Il faut également venir en aide aux Palestiniens dont la détresse humanitaire ne cesse de s’aggraver. L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient signifie la survie pour des millions de Palestiniens.  Toutefois les ressources dont il dispose ne sont pas à la hauteur des besoins auxquels il doit répondre, et il a le plus grand mal à maintenir la qualité de ses services.  Je vous engage vivement à aider l’Office à répondre aux besoins urgents du moment et je demande à Israël de le laisser mener à bien sa mission humanitaire en lui permettant notamment de toucher ceux qui en ont besoin.


Nous sommes à quelques mois de la tenue des élections qui marqueront la fin du gouvernement intérimaire en Afghanistan.  Nous devons pendant cette courte période faire face à des difficultés considérables.  L’Afghanistan ne vit pas encore en sécurité.  Le terrorisme, les factions et les réseaux criminels y sont aujourd’hui aussi actifs qu’il y a deux ans, et n’ont rien perdu de leur pouvoir de nuire à l’édification de l’État et au processus politique.  Les chefs de faction continuent de contrecarrer le processus de démobilisation, de désarmement et de réinsertion.  À tout cela s’ajoute le problème de la culture de plantes à stupéfiants.  Les Afghans ne peuvent pas assurer la sécurité sans l’aide internationale.  À l’heure où le processus de paix entre dans une phase critique, une présence internationale plus forte pourra décider de son issue.


Permettez-moi d’évoquer à présent la situation au Soudan.  Nous nous réjouissons tous de voir les grands pas accomplis dans le rétablissement de la paix dans le sud du pays après tant d’années de conflit.  Cependant dans la région du Darfour, de nombreux villages ont été brûlés et plus d’un million de musulmans ont été jetés hors de chez eux.  Il est de votre devoir à tous d’amener vos frères soudanais à neutraliser et à désarmer les féroces milices janjaweed, à permettre la livraison de l’aide humanitaire à la population sans plus tarder et à faire en sorte que les déplacés puissent retourner chez eux en toute sûreté.  De nouveaux retards pourraient coûter la vie à des centaines de milliers de personnes.  Je vous conjure de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour que cessent ces terribles souffrances et pour que le rythme des négociations politiques soit adapté à l’urgence qu’il y a à trouver une issue.


Nous sommes tous remplis d’espoir en voyant les relations s’améliorer entre l’Inde et le Pakistan.  Toutefois, je déplore, comme vous, que nous n’ayons pas réussi à venir à bout de la division de Chypre.  Les Chypriotes turcs se sont clairement prononcés en faveur de la réunification de l’île.  Plus nous avançons et plus nous devons nous employer à les conforter dans ce choix et à faire en sorte que rien ne les en détourne.


Pour conclure, j’aimerais évoquer l’important problème de santé publique qu’est l’éradication de la polio.  Quatre-vingt-quinze pour cent des personnes atteintes de cette maladie mortelle et aux séquelles effroyables résident dans les pays membres de l’Organisation de la Conférence islamique.  Vous avez adopté, lors de la réunion au sommet tenue en octobre dernier à Kuala Lumpur, une ferme résolution en faveur de l’éradication de la polio. La semaine dernière, les chefs d’État réunis au Sommet du G-8 se sont également engagés à aider au financement de l’éradication de la polio.  Il manque toutefois 100 millions de dollars. Au cours des prochains mois, une vaste campagne de vaccination sera lancée dans 21 pays d’Afrique.  J’espère voir ceux des pays de l’Organisation de la Conférence islamique qui seront en mesure de le faire participer au financement de cette campagne.  Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, l’Organisation mondiale de la santé et d’autres organismes sont disposés à épauler les États membres de l’OCI dans ce noble combat.


Je n’ai abordé que quelques-unes de vos préoccupations.  Soyez assurés que sur ces questions et d’autres, les organismes des Nations Unies et moi-même demeurerons votre partenaire fidèle.  C’est dans cet esprit que je vous présente mes meilleurs vœux de succès pour vos travaux.


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