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SG/SM/9362

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LA SOCIÉTÉ CIVILE À S’ENGAGER DAVANTAGE DANS LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DU MILLÉNAIRE

18/06/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9362


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LA SOCIÉTÉ CIVILE À S’ENGAGER DAVANTAGE DANS LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DU MILLÉNAIRE


On trouvera ci-après les remarques prononcées le 13 juin, par le Secrétaire général, Kofi Annan, à un forum de la société civile tenu à Sao Paulo (Brésil):


Quand j’arrive à une grande conférence des Nations Unies, j’attends toujours avec intérêt le forum de la société civile. C’est souvent le meilleur moment. Et c’est encore le cas cette fois-ci.


      À vous regarder, je vois de la passion et une énergie illimitée. Je vois des gens qui ne se contentent pas de rester chez eux, de critiquer sans rien faire ou de laisser le plus dur aux autres. Je vois des gens qui veulent s’impliquer, souvent au prix de sacrifices personnels considérables, et même parfois de certains risques. Je vois des hommes et des femmes qui nouent le dialogue par-delà les fossés qui les séparent

– fossés identitaires géographiques, sociaux et culturels pour trouver des objectifs communs et la force du nombre.


Plus que toute initiative nationale, plus que toute percée scientifique, ce sont des gens mobilisés comme vous l’êtes qui peuvent faire tomber les obstacles à un monde meilleur. De campagnes mondiales en initiatives locales; de manifestations pacifiques en services vitaux; d’activités courantes en interventions humanitaires, le mouvement de la société civile ne cesse de croître et d’imprimer sa marque.


Vous êtes venus à Sao Paulo pour orienter le débat sur cette question cruciale qu’est le rapport entre commerce et développement. Une question qui mobilise organisations non gouvernementales, groupes confessionnels, syndicats et autres associations soucieux de faire en sorte que les pauvres ne soient pas les victimes, mais les bénéficiaires, du commerce international et de la mondialisation.


Je partage votre inquiétude face aux subventions agricoles et autres subsides accordés dans le monde développé, qui créent une concurrence déloyale, face aux difficultés qu’ont les pays en développement à exporter sur les marchés des pays riches.


Comme vous, j’ai demandé aux gouvernements de se rappeler que les pays pauvres ont besoin d’une aide plus importante et plus efficace. Comme vous, j’essaie de défendre la diversité culturelle et je demande que les pays en développement soient associés de plus près aux décisions économiques et financières qui ont des incidences sur la vie de leurs populations.


En dernière analyse, le défi qui nous rassemble tous est le combat contre la pauvreté. Un impératif moral est certes à l’œuvre ici. Mais si la pauvreté est l’affaire de tous, c’est aussi pour des raisons concrètes, parce qu’elle est associée à la dégradation de l’environnement, aux conflits et à d’autres maux, non pas qu’elle en soit la cause directe, bien entendu, mais elle est un des maillons de divers cercles vicieux que nous essayons de briser.


La pauvreté a aussi un coût d’opportunité énorme, car elle prive le monde des contributions que tant d’hommes et de femmes de talent pourraient apporter à la croissance et au bien-être de leurs sociétés. Comme le disait Thomas Gray il y a près de 300 ans, « l’accablante pénurie réprima leur bien noble rage ». Le fait que ce soit encore vrai au XXIe siècle est une honte.


Grâce en grande partie à vos efforts, la recherche d’un développement équilibré, équitable, durable a pris un tournant décisif avec l’adoption des objectifs du Millénaire en matière de développement. Les organisations de la société civile ont fait énormément pour obtenir ces engagements des gouvernements. Certains groupes, je le sais, ont dit qu’il faudrait plutôt parler d’objectifs « minimum » de développement. Et bien sûr, même si ces objectifs étaient atteints, la pauvreté demeurerait extrêmement répandue. Mais j’en suis persuadé, ces objectifs sont complètement différents des autres engagements pris ces 50 dernières années, qui n’ont jamais été honorés.


Ces objectifs sont mesurables. Nous pouvons constater les progrès, les échecs et les retards. Ils bénéficient d’un appui politique sans précédent. Tous les dirigeants du monde y ont souscrit. Les principales institutions internationales ont fait de même. Et surtout, ils sont réalisables, même dans le temps relativement bref qui nous reste.


Mais nous devons agir dès aujourd’hui. Vous faites énormément en liant vos campagnes actuelles aux sept premiers objectifs, qui concernent la pauvreté, la faim, la santé, l’éducation, les femmes, le sida et l’environnement. Mais les perspectives de réalisation de ces objectifs dépendent au plus haut point de nos progrès concernant le huitième, la création d’un partenariat mondial pour le développement. Les objectifs constituent un accord. On ne peut pas dire que chacun des pays en développement ait fait des progrès suffisants mais, dans son ensemble, le monde en développement fait sa part. On ne peut pas encore en dire autant des pays les plus prospères et les plus puissants, surtout pour ce qui est de créer un système commercial international plus équitable et un environnement économique mondial propice au développement.


Aussi faut-il que vous fassiez d’urgence ce que vous savez faire le mieux. Nous savons tous ce qu’il faut pour atteindre ces objectifs : des ressources, du savoir-faire, de la volonté. Mais la volonté politique n’évolue que si les gens se mobilisent, aux niveaux national et local, et si les dirigeants sont tenus de rendre des comptes. Les appels lancés par les organisations internationales sont une chose. Mais ce qui changerait vraiment la donne, ce serait qu’à l’échelon local, les objectifs aient l’appui d’une masse critique d’individus, voire qu’ils interviennent dans le choix des électeurs. Vous pouvez, vous devez aider à ce que cela arrive. Sinon, des millions de personnes mourront, prématurément et inutilement. Cette réalité et la présente conférence devraient être des appels à l’action.


Les contacts entre nous se sont beaucoup développés ces 10 dernières années, ce qui a enrichi et dynamisé nos travaux, mais aussi provoqué des tensions que tous vous connaissez bien.


La semaine prochaine, je publierai le rapport du groupe de personnalités, présidé par l’ancien Président Cardoza, à qui j’ai demandé de me conseiller sur la façon d’exploiter au mieux la multiplication de nos liens et partenariats. Vous constaterez avec satisfaction, je crois, que ce rapport met l’accent sur le fait que l’ONU doit jouer un rôle rassembleur et réunir tous les acteurs – gouvernementaux et autres – capables d’aider à résoudre les problèmes les plus difficiles. Je suis sûr que vous approuverez également les idées avancées pour que les groupes de la société civile des pays du Sud puissent apporter une contribution plus importante pour que, dans le système des Nations Unies, les organes délibérants se rapprochent des entités opérationnelles.


Quand il s’agira d’appliquer ces propositions, j’espère qu’au moins une chose sera bien claire pour vous : je suis personnellement résolu à vous ouvrir les portes de l’Organisation des Nations Unies, à vous et à tous les partenaires.


Vous êtes de plus en plus présents dans vos propres sociétés et sur la scène mondiale. Libérés par le progrès de la démocratie, unis par des intérêts partagés et reliés par l’Internet, usant avec toujours plus d’efficacité de vos pouvoirs de consommateur et d’électeur, vous avez le poids qu’il faut pour faire pencher la balance. Alors, s’il vous plait, maintenez la pression!


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