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SG/SM/9280-ENV/DEV/776

DES ORIENTATIONS COHERENTES DOIVENT ETRE DEFINIES POUR FAIRE PARTICIPER LES COLLECTIVITES LOCALES AUX QUESTIONS DE L’EAU, DE L’ASSAINISSEMENT ET DE L’HABITAT, DECLARE KOFI ANNAN

28/04/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9280
ENV/DEV/776


DES ORIENTATIONS COHERENTES DOIVENT ETRE DEFINIES POUR FAIRE PARTICIPER LES COLLECTIVITES LOCALES AUX QUESTIONS DE L’EAU, DE L’ASSAINISSEMENT ET DE L’HABITAT, DECLARE KOFI ANNAN


Vous trouverez ci-après le texte intégral de l’allocution faite aujourd’hui par le Secrétaire général, Kofi Annan, devant la Commission du développement durable à l’occasion de son débat de haut niveau:


Je tiens à remercier les nombreux ministres ici, ainsi que tous les autres intéressés venus participer à cette session. Il est encourageant de constater que des portefeuilles très divers, et non pas seulement ceux de l’environnement et du développement, sont représentés ici. Cette prise de conscience de l’existence de liens entre les questions d’intérêts communs est exactement ce dont nous avons besoin pour parvenir au développement durable.


Jusqu’ici, les progrès accomplis sur cette voie sont, au mieux, mitigés.


Sur le plan positif, des accords importants ont été adoptés, en particulier le Plan de mise en oeuvre de Johannesburg. De nouvelles conventions internationales contraignantes sont entrées en vigueur, par exemple celle sur les polluants organiques persistants et celle sur le commerce international de certains produits chimiques et pesticides dangereux. L’aide publique au développement s’est remise à augmenter après de longues années de déclin. Les partenariats se multiplient, de même que les initiatives d’entreprises citoyennes. Et on comprend aujourd’hui beaucoup mieux la notion de développement durable, en particulier le fait que ce type de développement repose sur trois piliers : non seulement la protection de l’environnement, mais aussi le progrès social et la croissance économique.


Pourtant, de graves problèmes subsistent. Les ressources naturelles sont assaillies de toutes parts. Les modes de consommation et de production non viables demeurent la norme. La déforestation et la perte de biodiversité ne ralentissent que de façon imperceptible. L’épidémie de sida représente un fardeau énorme qui, de plus, ne cesse de croître. Le système commercial mondial reste très nettement défavorable aux pays en développement et les empêche de se sortir de la pauvreté, sans compter que les subventions qui continuent d’être versées sont économiquement et écologiquement pernicieuses. Des menaces énormes pèsent sur les petits États insulaires, dont les plus vulnérables pourraient purement et simplement disparaître. Si les États-Unis et la Fédération de Russie ne ratifient pas le Protocole de Kyoto, nous ne pourrons véritablement nous attaquer au problème des changements climatiques.


Comme si tout cela ne suffisait pas, l’attention des dirigeants politiques a été détournée du développement durable par le terrorisme, les armes de destruction massive et la guerre en Iraq. On comprend tout à fait l’intérêt que suscitent ces questions; il n’empêche que nous ne pouvons plus perdre de temps, ni de terrain, dans le combat général pour le bien-être de l’humanité. Si le développement doit être équilibré, le programme d’action de la communauté internationale doit l’être lui aussi.


La présente session est axée sur certains des principaux volets de ce programme: l’eau, l’assainissement et les établissement humains. C’est peut-être dans ces secteurs du développement durable qu’apparaissent le mieux les relations qui rendent notre travail à la fois si compliqué et si potentiellement utile.


L’eau est intimement liée à l’éducation et à l’égalité des sexes. Les filles qui doivent passer des heures à aller chercher l’eau dont leur famille a besoin ne vont généralement pas à l’école. Et quand les écoles sont dotées d’équipements sanitaires, les enfants les fréquentent en plus grand nombre, surtout les filles.

L’eau est liée à la santé, puisque chaque année, des millions d’enfants contractent des maladies d’origine hydrique, souvent mortelles, et des millions d’autres sont victimes de l’absence de services d’assainissement et du manque d’hygiène.


L’eau est liée à la protection de l’environnement, puisqu’une mauvaise gestion de l’eau se traduit par la dégradation et le gaspillage de précieuses ressources.


L’eau est liée à l’urbanisation de la pauvreté, puisque la paupérisation des populations rurales, associée à des problèmes d’eau et d’occupation des terres, conduit les ruraux à migrer vers des villes déjà surpeuplées où, dans bien des cas, les taudis prennent de l’ampleur.


L’eau est parfois même source de conflits, au sein des pays ou entre eux, bien qu’elle offre aussi de réelles possibilités de coopération.


Les enjeux sont donc élevés. À défaut de démarche intégrée, nous pourrions nous retrouver face à un enchevêtrement de problèmes inextricables. Mais si nous adoptons ce type de démarche, nous pourrions déclencher des progrès en série. Souvenons-nous toutefois que si beaucoup peut être fait à l’échelon international, grâce à des apports d’aide et à des partenariats, par exemple, c’est finalement aux niveaux national et local que doivent avoir lieu les interventions relatives à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains : ce qu’il faut, c’est une administration publique efficace, un mode de gouvernance qui permette la participation des collectivités et un véritable souci d’équité.


Ces questions doivent bénéficier d’une attention accrue, sur les plans mondial et local. C’est dans cette optique que, le mois dernier, j’ai annoncé la création d’un Conseil consultatif pour l’eau et l’assainissement. Ce Conseil doit venir compléter les efforts déjà entrepris, non pas s’y substituer. Il est présidé par M. Hashimoto, ancien Premier Ministre du Japon, et si ses membres ne sont pas encore tous connus, ils comprennent en tout cas divers experts techniques et des hommes et des femmes éminents qui ont une vaste expérience des questions relatives à l’eau. Je leur ai demandé de faire connaître les problèmes qui se posent et d’aider à mobiliser des ressources en faveur de programmes mis en oeuvre dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Je suis sûr qu’à leur première séance, ils examineront les liens entre leurs activités et les vôtres.


Alors que le monde s’efforce de trouver une voie plus sûre et plus équitable vers le développement, vous avez plus d’un rôle à jouer. La Commission du développement durable doit être un observateur vigilant, à l’affût des menaces, qui n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme. Nous comptons sur vous pour définir des orientations cohérentes et utiles, et pour continuer de donner la parole à tous les intéressés, plutôt qu’aux seuls gouvernements. Nous devons tous tenir compte de ce que nous disent les scientifiques à propos de notre planète et de ce que nous disent les gens – les millions de personnes qui n’ont pas accès à des réseaux de distribution d’eau ou d’assainissement et toutes celles qui vivent dans des taudis – à propos de leurs conditions de vie. Nous devons surmonter les positions purement intéressées et la myopie économique qui entravent le progrès. Et nous devons donner suite d’urgence aux décisions qui ont déjà été prises d’un commun accord. Ensemble, nous pouvons mobiliser les bonnes volontés et favoriser les attitudes nécessaires à un changement de cap.


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