L’AFGHANISTAN, DIT KOFI ANNAN A LA CONFERENCE DE BERLIN, AURA BESOIN D’UNE ASSISTANCE INTERNATIONALE CONTINUE JUSQU’A LA FIN DE LA PERIODE DE TRANSITION
Communiqué de presse SG/SM/9236 AFG/252 |
L’Afghanistan, dit KOFI ANNAN à la ConfErence de Berlin, aura besoin d’une assistance internationale continue jusqu’A la fin de la pEriode de transition
On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général, Kofi Annan, à la Conférence internationale sur l’Afghanistan, dont le Conseiller spécial du Secrétaire général, Lakhdar Brahimi, a donné lecture aujourd’hui à Berlin:
Vous vous réunissez à un moment où règne un optimisme prudent: en effet, depuis la Conférence de Bonn, il y a près de deux ans et demi, l’Afghanistan a fait de remarquables progrès, grâce avant tout à la détermination du peuple afghan qui ne veut pas voir le pays sombrer de nouveau dans la guerre civile.
Par deux Loya Jirgas et, maintenant, par la préparation des élections, le peuple afghan montre, dans la meilleure tradition du pays, sa volonté de travailler de concert et d’aller de l’avant. Il a fait preuve d’une remarquable patience tandis que le nouvel État, qu’il tient tant à voir bien fonctionner, est mieux équipé de jour en jour pour combattre l’insécurité et accroître la reconstruction.
Un autre facteur crucial a été le partenariat solide établi entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale, partenariat qui a prospéré depuis la signature de l’Accord de Bonn et la première Conférence des donateurs réunie à Tokyo en 2002 et qui a montré au peuple afghan qu’il n’était pas seul dans sa lutte pour mettre définitivement fin à des décennies de conflit, ce qui a renforcé son espoir d’arriver à ses fins.
Le processus de Bonn doit maintenant relever l’un de ses plus grands défis en organisant des élections libres et honnêtes. Jusqu’à présent, le processus d’inscription montre que les Afghans de toutes les régions et de toutes les conditions sociales sont manifestement désireux de participer au processus politique. Le résultat escompté, à savoir un gouvernement pleinement représentatif, marquera sans aucun doute une avancée décisive dans la transition vers la démocratie et contribuera donc sensiblement à la consolidation de la paix.
Organiser ces élections est néanmoins une tâche énorme. Des objectifs que nous avons vainement essayé d’atteindre pendant deux ans doivent maintenant être réalisés en très peu de temps, notamment:
– Assurer une plus grande sécurité pour que l’inscription sur les listes électorales et le vote lui-même puissent avoir lieu partout de manière équilibrée;
– Ménager des libertés politiques plus grandes à tous les partis et aux candidats concurrents, y compris la possibilité de s’organiser ouvertement et en toute sécurité, avec accès aux médias; et
– Organiser la démobilisation et la réintégration qui, depuis la signature de l’Accord de Bonn, sont l’exigence la plus pressante du peuple afghan, quelle que soit l’appartenance politique ou ethnique. En prévision des élections, ce sera un élément essentiel pour débarrasser la scène politique de toutes les factions et permettre aux partis politiques de mener leurs activités en conformité avec la nouvelle constitution.
Ce n’est qu’avec la réalisation de ces objectifs que l’élection remplira sa fonction en tant qu’instrument de l’édification de l’État et de la réconciliation nationale.
Ce dessein ambitieux mettra tout le monde à l’épreuve, Afghans et communauté internationale, et tout particulièrement, peut-être, dans le domaine de la sécurité. Votre conférence offre au Gouvernement afghan et à la communauté internationale une occasion inestimable de s’entendre sur les critères à respecter pour que les élections soient crédibles. L’assistance en matière de sécurité reste l’une des contributions les plus importantes, sinon la plus importante, que puisse apporter la communauté internationale.
La récente explosion de violence à Hérat, qui a entraîné la mort du Ministre de l’aviation et du tourisme et, peut-être, d’une centaine d’autres personnes est un exemple déplorable du terrible impact que peuvent avoir les rivalités entre les factions, dont l’Afghanistan est la proie. Le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, les réformes de la sécurité nationale et l’assistance internationale en matière de sécurité sont tous des éléments vitaux pour mettre fin au système des factions et instituer une stabilité durable fondée sur des institutions véritablement nationales.
Le peuple afghan, après une longue guerre, subit toujours l’insécurité continue que font régner le terrorisme, les factions et le non-respect de la loi et craint toujours une reprise possible du conflit. Je suis sûr que vous saisirez l’occasion offerte par la Conférence pour lui donner les fermes assurances à long terme qu’il recherche.
Une élection bien menée serait le couronnement approprié des efforts consentis au cours des deux dernières années pour asseoir la sécurité et la bonne gouvernance en Afghanistan ainsi que la reconstruction du pays. L’autorité et la légitimité d’un gouvernement élu mettrait l’État d’Afghanistan mieux à même de s’atteler à la solution des problèmes non réglés, parmi lesquels le redoutable problème de la drogue. Mais ce ne serait pas encore la fin du processus entamé à Bonn. Il resterait encore l’essentiel à faire pour établir un État pleinement fonctionnel. Mettre en place les instruments de l’état de droit n’est pas une entreprise à court terme. Comme je l’ai dit dans le rapport que j’ai présenté en mars 2002 au Conseil de sécurité, il faudra plus de 36 mois pour panser les blessures laissées par 23 années de guerre.
L’Afghanistan a une constitution qui a été approuvée à l’unanimité par une Loya Jirga et il disposera d’institutions mises en place à l’issue d’élections. Pour achever sa transition vers la paix et la démocratie, il lui faudra toutefois aussi bénéficier de l’assistance continue de la communauté internationale. Le partenariat forgé à Bonn et renforcé par d’innombrables initiatives dans les 24 derniers mois, doit se poursuivre jusqu’à ce que la transition soit terminée, jusqu’à ce que l’État d’Afghanistan soit capable d’agir de façon autonome, équipé de forces de sécurité efficaces et impartiales, respectueuses des droits de l’homme, d’une administration civile professionnelle et d’un système de justice fonctionnel, et soit capable de répondre aux besoins fondamentaux de son peuple.
Votre conférence offrira au Gouvernement une occasion unique de réaffirmer sa volonté de respecter ces orientations et à la communauté internationale de donner encore une fois au peuple afghan l’assurance catégorique qu’elle demeurera à ses côtés. C’est dans cet esprit que je vous souhaite plein succès dans vos délibérations.
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