LE SECRETAIRE GENERAL PREND DES SANCTIONS SUITE AUX CONCLUSIONS DU GROUPE CHARGE D’EVALUER LES RESPONSABILITES POUR LA SECURITE AVANT L’ATTENTAT DE BAGDAD
Communiqué de presse SG/SM/9230 IK/425 |
LE SECRETAIRE GENERAL PREND DES SANCTIONS SUITE AUX CONCLUSIONS DU GROUPE CHARGE D’EVALUER LES RESPONSABILITES POUR LA SECURITE AVANT L’ATTENTAT DE BAGDAD
La déclaration suivante a été rendue publique, le 29 mars, par le porte-parole du Secrétaire général, Kofi Annan:
1. Le 10 novembre 2003, le Secrétaire général a créé le Groupe d’étude des responsabilités pour la sécurité en Iraq qui était chargé de procéder à un audit et une analyse des responsabilités en agissant de façon indépendante pour évaluer les responsabilités de toutes les personnes et de tous les organismes/bureaux/entités des Nations Unies concernés par la sécurité de l’opération des Nations Unies en Iraq. Le Groupe devait en particulier examiner les dispositions que le bureau des Nations Unies à Bagdad et son personnel auraient pu ou dû prendre pour prévenir l’attentat, atténuer ses conséquences ou limiter les pertes en vies humaines et les blessures subies par les agents de l’ONU.
2. Le Groupe d’étude était composé des personnalités suivantes : M. Gerald Walzer (Président), ancien Haut Commissaire adjoint des Nations Unies pour les réfugiés; M. Sinha Basnayake, ancien Directeur de la Division des questions juridiques générales du Bureau des affaires juridiques du Secrétariat de l’ONU; M. Kevin Carty, directeur adjoint de la police nationale irlandaise; et M. Stuart Groves, haut responsable de la sécurité et agent de liaison du siège pour les questions relatives à la sécurité au Haut Commissariat aux droits de l’homme. Il était secondé dans sa tâche par M. Bryan Deschamp, Conseiller spécial principal au HCR.
3. Le Groupe d’étude a remis son rapport au Secrétaire général le 3 mars 2004.
4. Le Groupe est parvenu à la conclusion qu’il n’y avait pas eu de confusion dans les chaînes hiérarchiques pertinentes, mais il a relevé les principaux manquements ci-après:
-- Contrairement aux pratiques et procédures en vigueur à l’Organisation, aucune mission préalable n’a été dépêchée en Iraq pour évaluer les conditions de sécurité avant le retour des premiers agents humanitaires à Bagdad le 1er mai 2003 ou avant que l’on ait décidé d’utiliser la voie terrestre au lieu de la voie aérienne pour le personnel qui devait se rendre d’Amman à Bagdad.
-- Au niveau de l’administration centrale à New York, le Groupe directeur pour l’Iraq n’a pas été suffisamment vigilant ou n’a pas pris toutes les précautions voulues lorsqu’il a organisé les préparatifs pour le retour à Bagdad. Il aurait dû poser des questions très précises sur les considérations qui avaient trait à la sécurité dans le plan de retour envisagé.
-- Le Groupe directeur pour l’Iraq a entériné un document imparfait que le responsable désigné lui avait présenté, avec l’aval du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité, sur la conception de l’opération. Il n’a pas exigé de précisions sur l’ampleur des risques auxquels le personnel serait exposé. Il n’a pas non plus insisté sur le respect, par toutes les entités concernées, des plafonds fixés pour les effectifs et des consignes établies pour les contrôles de sécurité, ce qui allait à l’encontre des pratiques et procédures en vigueur à l’Organisation.
-- Le dispositif de sécurité requis à l’hôtel Canal (où le bureau des Nations Unies était situé à Bagdad) n’a pas fait l’objet d’une analyse exhaustive et solidement étayée après le retour du personnel de l’ONU, le 1er mai.
-- Le Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité, le responsable désigné et l’Équipe chargée de la sécurité à Bagdad semblent avoir été aveuglés par la conviction que le personnel et les installations des Nations Unies ne seraient pas la cible d’une attaque, malgré des mises en garde explicites qui allaient dans le sens contraire.
-- Dans le même temps, les bulletins d’actualité sur la sécurité qui ont été établis et diffusés entre le 23 mai et le 19 août montraient que les conditions s’étaient détériorées durant cette période. Les informations reçues de sources onusiennes et de sources militaires des États-Unis étaient contradictoires sur la question de savoir si des fonctionnaires de rang supérieur des Nations Unies en poste à Bagdad avaient demandé que le personnel et le matériel militaires américains soient retirés de positions névralgiques situées autour de l’hôtel Canal avant l’attentat du 19 août.
-- Les critères de gestion de la sécurité appliqués à l’égard de l’hôtel Canal étaient très déficients et manquaient de cohérence. Cette déficience était encore aggravée par le soutien insuffisant que le Coordonnateur des mesures de sécurité sur le terrain a obtenu de la part des hauts responsables pour la sécurité à New York et du responsable désigné.
-- Le Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité n’a pas cherché à remédier aux difficultés que ses collaborateurs rencontraient à Bagdad pour faire face aux demandes de services de plus en plus nombreuses qui leur étaient adressées et à un stress croissant.
-- Le Chef de l’administration du Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les affaires humanitaires en Iraq et le Chef du Service de gestion des bâtiments de ce bureau n’ont pas démontré une réelle volonté d’acheter et d’installer des pellicules de protection contre l’impact d’explosions pour l’ensemble de l’hôtel Canal. Ces deux fonctionnaires ont fait preuve d’une grave incurie et d’ineptie dans leur façon de procéder pour donner suite à la demande d’installation de la pellicule. Leurs réactions conjuguées face à ce problème dénotent une léthargie déplorable et peut-être même une grossière négligence de leur part.
-- Étant donné que, dans les milieux compétents, tout le monde savait que les conditions de sécurité se détérioraient à Bagdad, on peut dire que le responsable désigné, le Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité et le Groupe directeur pour l’Iraq ont omis de prendre les mesures correctives voulues, soit en réduisant les effectifs, soit en organisant une action concertée pour renforcer les mesures de sécurité.
5. Compte tenu des manquements indiqués ci-dessus et après avoir analysé les constatations et conclusions du Groupe d’étude avec le concours de ses principaux conseillers qui n’étaient pas directement impliqués dans les questions examinées par le Groupe d’étude, le Secrétaire général a décidé de prendre les mesures suivantes:
a) De renvoyer l’affaire concernant le Chef de l’administration du Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les affaires humanitaires en Iraq et le Chef du Service des bâtiments de ce bureau au Bureau de la gestion des ressources humaines afin qu’il introduise une instance disciplinaire contre les deux fonctionnaires qui sont accusés de faute;
b) De muter immédiatement le Coordonnateur des mesures de sécurité sur le terrain du poste qu’il occupait sous la tutelle du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité à un autre poste approprié ne comportant pas d’attributions ayant trait à la sécurité;
c) D’adresser une lettre de réprimande à l’Équipe chargée de la sécurité en Iraq;
d) De demander que le Coordonnateur des opérations humanitaires/ responsable désigné se démette immédiatement des fonctions de sous-secrétaire général qu’il exerce actuellement à l’ONU et soit réintégré dans le poste D-2 qu’il occupait au PAM. Les missions qui lui seront confiées à l’avenir ne comporteront pas de responsabilités ayant trait à la sécurité;
e) De demander que le Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité se démette de ses fonctions à l’ONU;
f) D’adresser au directeur de chaque fonds ou programme des Nations Unies qui employait du personnel en Iraq au cours de la période allant du 1er mai au 19 août 2003 une lettre critiquant leur gestion et le non-respect des plafonds fixés pour les effectifs et des consignes établis pour les contrôles de sécurité (applicables en Iraq);
g) D’adresser à la Vice-Secrétaire générale, en sa qualité de Présidente du Groupe directeur pour l’Iraq, une lettre exprimant sa déception et ses regrets à l’égard de ceux des manquements relevés par le Groupe d’étude qui sont imputables au Groupe directeur. Cette lettre serait portée à la connaissance de tous les membres de l’organe en question.
6. Compte tenu des constatations et conclusions du Groupe d’étude telles qu’indiquées ci-dessus, la Vice-Secrétaire général a présenté sa démission au Secrétaire général. Compte tenu de la nature collective des manquements imputables au Groupe directeur pour l’Iraq dans son ensemble, le Secrétaire général a refusé d’accepter cette démission.
7. Le Secrétaire général a déploré les manquements relevés par le Groupe d’étude et s’est déclaré résolu à prendre toutes les mesures correctives qui relèvent de sa compétence pour renforcer la sûreté et la sécurité de tous les membres du personnel des Nations Unies, en particulier ceux qui sont déployés dans des zones de conflit dangereux. Il a rendu hommage aux fonctionnaires qui ont péri ou ont été blessés dans l’attentat perpétré contre l’ONU à Bagdad le 19 août 2003 et réitéré sa confiance dans le personnel des Nations Unies pour son zèle et son dévouement indéfectible à l’égard de l’Organisation.
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