LE SECRETAIRE GENERAL SALUE LES CHEFS DE FILE HEROIQUES DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA ET DEMANDE INSTAMMENT DE RENFORCER LEURS MOYENS D’ACTION
Communiqué de presse SG/SM/9186 OBV/407 WOM/1442 |
SG/SM/9186
OBV/407
WOM/1442
9 mars 2004
Le Secretaire general salue les chefs de file heroiques de la lutte contre le VIH/sida et demande instamment de renforcer leurs moyens d’action
Les inégalités sociales exposent les femmes aux risques
d’infection de manière inique, intolérable et inacceptable, déclare-t-il
On trouvera ci-après le texte de l’intervention faite par le Secrétaire général, Kofi Annan, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, à New York.
Je suis ravi de voir réunis ici, aujourd’hui, parmi nous de si distingués invités. Je souhaite en particulier la bienvenue à S. M. la Reine Noor et au Dr. Lee, de l’Organisation mondiale de la santé, avec qui nous sommes en liaison vidéo depuis Genève.
Je saisis aussi cette occasion pour exprimer ma sincère gratitude à Angela King, qui célèbre aujourd’hui la Journée internationale de la femme pour la dernière fois avant son départ à la retraite, après presque 40 ans de service [à l’ONU]. Angela, pendant les sept années où vous avez été ma Conseillère spéciale pour la promotion de la femme et pendant bien des années auparavant, vous avez été une véritable pionnière défendant la cause des femmes au sein de l’Organisation et dans le monde entier. Quelle satisfaction cela doit être pour vous de mesurer le chemin parcouru depuis le jour où vous avez commencé à travailler avec nous, mais je sais que vous seriez également la première à dire qu’il reste encore beaucoup, oui beaucoup, à faire.
Cette année, comme vous le savez tous, la Journée internationale de la femme est consacrée à l’un des problèmes les plus graves de notre époque.
Nous sommes rassemblés ici pour appeler l’attention sur les conséquences dévastatrices que l’épidémie mondiale de VIH/sida impose aux femmes et sur le rôle décisif que ces dernières jouent dans la lutte contre ce fléau.
Au début, beaucoup de gens considéraient le sida comme une maladie frappant essentiellement les hommes. Il y a 10 ans encore, les statistiques indiquaient que les femmes étaient moins touchées.
Mais une tendance terrifiante a émergé depuis. Partout dans le monde, ce sont les femmes qui, de plus en plus, sont les premières victimes de l’épidémie.
Aujourd’hui, en Afrique subsaharienne, plus de la moitié des adultes vivant avec le VIH/sida sont des femmes. En Afrique, les taux d’infection sont bien plus élevés chez les jeunes femmes que chez les jeunes hommes.
Dans le monde entier, au moins la moitié des personnes récemment infectées sont des femmes. Chez les jeunes de moins de 24 ans, les filles et les jeunes femmes représentent maintenant près des deux tiers des sujets séropositifs.
Si ces taux d’infection se maintiennent, les femmes constitueront bientôt la majorité du nombre total de personnes infectées dans le monde.
Alors que le sida frappe les femmes, qui sont l’élément moteur de la société, nous entrons dans un cercle vicieux.
Le sida aggrave le manque de sécurité financière des femmes pauvres. Elles sont souvent privées du droit au logement, à la propriété ou à l’héritage ou même à des services de soins de santé appropriés.
Dans les zones rurales, le sida a provoqué l’effondrement des systèmes de survie, qui, durant des siècles, avaient aidé les femmes à nourrir leur famille pendant les périodes de sécheresse et de famine. Cette situation mène, à son tour, à la dissolution, au déplacement et à la migration des familles, et à l’aggravation des risques d’infection par le VIH.
Alors que le sida force les filles à abandonner l’école, qu’elles soient contraintes de soigner un parent malade, de s’occuper du foyer ou de contribuer au revenu de la famille, elles s’enfoncent encore plus profondément dans la pauvreté. Leurs propres enfants ont, à leur tour, moins de chances d’être scolarisés et courent des risques plus grands d’être infectés.
Ainsi, la société doit subir les conséquences dévastatrices du VIH/sida sur les femmes.
Pourquoi les femmes sont-elles davantage menacées que les hommes par l’infection, alors que, de manière générale, elles ont moins de partenaires sexuels hors mariage et qu’on ne compte pas davantage de toxicomanes par voie intraveineuse parmi elles?
La réponse est généralement la suivante : parce que les inégalités sociales les exposent aux risques d’infection de manière inique, intolérable et inacceptable.
Divers facteurs expliquent ce phénomène, notamment la pauvreté, la maltraitance et la violence, le manque d’information, la pression exercée par les hommes plus âgés, et le fait que les hommes ont plusieurs partenaires.
C’est pourquoi de nombreuses stratégies traditionnelles de prévention sont inadaptées, notamment celles fondées exclusivement sur l’abstinence, la fidélité et l’utilisation de préservatifs. Lorsque la violence sexuelle est généralisée, il n’est pas réaliste de demander aux femmes et aux filles de pratiquer l’abstinence et d’insister pour que leurs partenaires utilisent des préservatifs.
Le mariage n’est pas toujours la solution non plus. Dans de nombreuses régions en développement, la majorité des femmes sont mariées avant 20 ans et ont des taux d’infection par le VIH plus élevés que les femmes de leur âge célibataires et sexuellement actives, souvent parce que leur mari ont plusieurs partenaires et leur transmette le virus.
Un véritable changement s’impose, qui donnera aux femmes et aux filles davantage de pouvoir et de confiance en elles, et qui transformera les relations entre les femmes et les hommes, à tous les niveaux de la société.
Il faut renforcer la protection des droits de femmes en matière de propriété et d’héritage, et veiller à ce qu’elles aient pleinement accès aux moyens de prévention, notamment aux microbicides et aux préservatifs féminins.
Il faut que les hommes assument leurs responsabilités, en envoyant leurs filles à l’école; en s’abstenant de tout comportement sexuel mettant leurs partenaires en danger; en renonçant aux relations avec des jeunes filles et de très jeunes femmes; et en comprenant qu’en matière de violence à l’égard des femmes, il n’y a aucune excuse pour la tolérance et aucune excuse n’est tolérable.
C’est pourquoi, le mois dernier, ONUSIDA a lancé une Coalition mondiale sur les femmes et le sida, composée d’hommes et de femmes éminents et déterminés, de toutes conditions.
La Coalition mènera des actions spécifiques sur le terrain, au niveau local, pour améliorer la vie quotidienne des femmes et des filles. Elle renforcera également le rôle essentiel que les femmes jouent déjà dans la lutte contre le VIH/sida.
Parallèlement, j’espère que les récentes recommandations du Groupe de travail sur les femmes, les filles et le VIH/sida en Afrique australe, dont j’ai confié la direction à Carol Bellamy, inciteront les gouvernements et leurs partenaires à intensifier leur action dans les neuf pays les plus touchés.
Dans la plupart des pays et des communautés que nous avons visités dans le monde, Nane et moi avons vu des choses incroyables. Nous avons constaté que ce sont effectivement les femmes qui sont les militantes les plus actives et les plus efficaces dans la lutte contre le VIH/sida.
Partout où l’épidémie fait des ravages, il existe des groupes et des coopératives de femmes héroïques qui font un travail remarquable en matière de prévention et de soins.
Apporter notre soutien à ces femmes et encourager les autres à suivre leur exemple, telle doit être notre stratégie pour l’avenir.
C’est parmi elles, parmi ces femmes, que se trouvent les véritables héros de cette guerre. Il nous incombe de leur donner force, ressources et espoir.
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