SG/SM/9150-AFR/828-DEV/2462

KOFI ANNAN CITE LES TROIS DOMAINES PRIORITAIRES DE LA RECONSTRUCTION DU LIBERIA : LA SECURITE, L’ETAT DE DROIT ET LA SITUATION HUMANITAIRE

06/02/04
Communiqué de presse
SG/SM/9150
AFR/828
DEV/2462


KOFI ANNAN CITE LES TROIS DOMAINES PRIORITAIRES DE LA RECONSTRUCTION DU LIBERIA : LA SECURITE, L’ETAT DE DROIT ET LA SITUATION HUMANITAIRE


On trouvera ci-après les remarques liminaires que le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a faites à la Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria :


C’est un plaisir pour moi de vous souhaiter à tous la bienvenue à cette importante conférence internationale sur l’avenir du Libéria. Je voudrais remercier le Gouvernement des États-Unis et la Banque mondiale de s’être joints à l’Organisation des Nations Unies pour coparrainer cette manifestation. Je voudrais également remercier le Président en exercice de la CEDEAO, et les États membres de la CEDEAO, du rôle crucial qu’ils ont joué dans le processus de paix au Libéria. Et je souhaite tout particulièrement la bienvenue au Gouvernement national de transition du Libéria et remercie le Président Bryant d’être venu jusqu’à New York en cette période difficile.


Pendant la majeure partie des 14 dernières années, le Libéria a été en proie à un conflit tragique et à une gestion chaotique qui ont entraîné sa ruine. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et des centaines de milliers chassées de leurs foyers. La majeure partie de l’infrastructure, déjà sommaire, a été détruite. La peur et la méfiance restent très répandues, tout comme le scepticisme quant à la durabilité de la paix, ce qui se comprend vu les nombreux espoirs qui ont été anéantis dans le passé.


Et pourtant – grâce à la capacité de la population à rebondir, à la volonté des principaux adversaires de rechercher enfin un règlement pacifique de leurs différends, et aux bons offices de la communauté internationale – le Libéria est aujourd’hui en droit d’espérer.


L’Accord général de paix signé en août dernier à Accra a ouvert un processus politique qui offre au pays la meilleure chance depuis de nombreuses années de reprendre le chemin d’un développement pacifique. Le Gouvernement de transition et l’Assemblée législative sont maintenant en place. La Mission des Nations Unies au Libéria fait oeuvre utile, avec plus de 10 000 militaires et civils maintenant sur le terrain pour restaurer la stabilité, faciliter l’application de l’Accord de paix, et aider les Libériens à préparer la tenue d’ici à l’an prochain d’élections libres et équitables. Le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement d’une opération solide et polyvalente, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire en sorte qu’elle s’acquitte de son mandat de façon efficace et intégrée.


La Conférence pour la reconstruction du Libéria apporte la preuve qu’en ce moment décisif, la communauté internationale est solidaire de ce pays. Un rapport d’évaluation des besoins vous a été soumis. Établi par le Groupe des Nations Unies pour le développement et la Banque mondiale, il reflète le rôle moteur assumé par le Gouvernement de transition, et est un modèle, non seulement de collaboration mais aussi de prise en main par le pays de son destin. Cette attitude – c’est-à-dire la conscience que les dirigeants et le peuple libériens ont d’être au premier chef responsables de leur avenir – augure bien du résultat des efforts de relèvement et de reconstruction.


La toute première préoccupation, au fur et à mesure que nous avancerons, sera la sécurité –  préoccupation qui en fait porte sur plusieurs plans :


•     Il faut d’urgence consolider le périmètre de sécurité et l’étendre au-delà de la capitale dans les zones rurales;


•     Les forces armées libériennes doivent être totalement restructurées et doivent réapprendre la cohésion et la discipline;


•     Quelque 53 000 anciens combattants, dont des enfants-soldats marqués par leur expérience, doivent être démobilisés dans les règles et réinsérés dans la société, et pour ce faire il faut qu’ils aient les capacités et la possibilité de gagner leur vie;


•     Et il faut absolument arrêter l’afflux inquiétant et persistant de mercenaires et d’armes illicites. À cet égard, des organisations sous-régionales comme la CEDEAO et l’Union du fleuve Mano peuvent jouer un rôle important.


            En fait, il est largement reconnu que la reconstruction du Libéria est aussi une question régionale. Si la démobilisation n’est pas effective, cela pourrait avoir des effets déstabilisateurs sur la Côte d’Ivoire, la Guinée et la Sierra Leone. La dimension régionale s’étend aussi au rapatriement des combattants non libériens, et à la réinstallation de 300 000 Libériens partis chercher refuge dans des pays voisins et des réfugiés de ces pays qui se trouvent actuellement au Libéria.


Les besoins du Libéria sont également criants dans d’autres domaines. Moins de 10 % des Libériens ont accès à des soins de santé. Les institutions publiques doivent être soutenues, et le Gouvernement de transition doit étendre son autorité jusqu’aux campagnes. Le progrès sera aussi fonction de la mesure dans laquelle les Libériens parviendront à combler le déficit démocratique dont le pays souffre de longue date, en mettant fin à l’impunité, à la mauvaise gouvernance et aux violations massives des droits de l’homme les plus élémentaires et du droit international humanitaire que connaît le pays depuis bien trop longtemps. L’Organisation des Nations Unies est résolue à travailler en étroite coopération avec tous les Libériens pour instaurer l’état de droit, mettre en place une magistrature indépendante, promouvoir la transparence et faire en sorte que les auteurs des crimes et exactions qui ont été commis soient traduits en justice.


Enfin, alors que nous sommes réunis aujourd’hui pour obtenir des fonds pour la reconstruction, je me dois de vous rappeler que les récents appels humanitaires en faveur du Libéria sont en grande partie restés sans réponse. Même si la reconstruction sur le long terme et l’aide humanitaire sur le court terme sont des notions distinctes et ne sont pas financées de la même façon, elles sont au bout du compte étroitement liées. Il sera difficile, sinon impossible, pour les Libériens de commencer à reconstruire leur pays tant que les besoins les plus élémentaires d’un grand nombre de victimes de la guerre ne seront pas satisfaits.


C’est avant tout au peuple libérien qu’il incombe de tourner le dos à la violence et de faire avancer le processus de paix. Leurs dirigeants en particulier doivent d’urgence surmonter leurs différends et progresser sur la voie de la réconciliation nationale. Mais la communauté internationale continuera d’être un partenaire indispensable. Dans cet esprit, je vous demande de fournir les ressources nécessaires à la reconstruction du Libéria. Je lance également un appel à la CEDEAO et, en particulier aux pays de l’Union du fleuve Mano voisins du Libéria, pour qu’ils continuent à appuyer activement le processus de paix.


Nous devons tous saisir cette occasion de mettre fin à un cauchemar qui dure depuis bien trop longtemps et dont l’humanité ne peut qu’avoir honte. Nous devons consolider la paix et rendre le processus de paix irréversible.


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