SG/SM/9116-AIDS/68

« DANS LE MONDE DU SIDA, LE SILENCE C’EST LA MORT », DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL LORS DU LANCEMENT DE L’INITIATIVE DES MEDIAS MONDIAUX CONTRE LE SIDA

15/01/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9116
AIDS/68


« DANS LE MONDE DU SIDA, LE SILENCE C’EST LA MORT », DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL LORS DU LANCEMENT DE L’INITIATIVE DES MEDIAS MONDIAUX CONTRE LE SIDA


On trouvera ci-dessous les remarques formulées par le Secrétaire général, Kofi Annan, lors du lancement par les Nations Unies de l’initiative des médias mondiaux contre le sida à New York, le 15 janvier :


Permettez-moi d’abord de vous souhaiter la bienvenue aux Nations Unies et de remercier chacun d’entre vous pour sa présence. Malgré votre emploi du temps très chargé, vous avez décidé de venir et nombre d’entre vous ont, pour ce faire, dû effectuer un long déplacement.


Permettez-moi également de vous souhaiter à tous une bonne année. J’espère qu’elle sera beaucoup plus stable, paisible et facile que l’année précédente. Nous ne sommes qu’au début 2004, mais je peux déjà dire que, pour moi, cette réunion sera l’une des plus importantes de cette année.


Chaque génération est confrontée à un défi d’importance. La lutte contre le VIH/sida est sans doute le nôtre. Ce n’est qu’en relevant ce défi que nous parviendrons à mener à bien les autres efforts que nous déployons pour parvenir à un monde humain, sain et équitable.


Nous ne pouvons pas nous passer du pouvoir sans égal dont vous, les médias, disposez. C’est pourquoi nous nous rencontrons aujourd’hui.


L’idée d’une alliance entre la famille des Nations Unies et les médias est née grâce au partenariat entre l’ONUSIDA et la Kaiser Family Foundation. Je me dois de les remercier de nous avoir réunis. Merci également à la Fondation Bill et Melinda Gates pour son soutien financier.


Aujourd’hui, nous entendrons d’abord le docteur Peter Piot de l’ONUSIDA, qui nous parlera du défi du VIH/sida, puis M. Drew Altman de la Fondation Kaiser, qui nous exposera les raisons pour lesquelles le rôle des médias est si important en la matière.


Peter, vous avez la parole. Je vous remercie.


[Exposé du docteur Piot et du docteur Altman. Le Secrétaire général reprend ensuite la parole :]


Merci Dr Altman et merci à vous Peter pour ces précieux exposés.


Comme Peter l’a clairement montré, les experts sont maintenant d’accord sur le fait que le VIH/sida est l’une des pires épidémies que l’humanité ait jamais connues. Elle s’est développée plus vite et a eu des conséquences à long terme plus catastrophiques que toute autre maladie. Son impact est devenu un obstacle catastrophique pour le développement.


Pourtant, dans le public en général, on constate encore un profond manque de connaissance et de sensibilisation vis-à-vis du VIH/sida – en particulier chez les jeunes. De récentes enquêtes menées dans plus de 40 pays montrent que plus de la moitié des adolescents et jeunes adultes ont des idées tout à fait erronées sur le VIH/sida et la façon dont le virus se transmet.


Nous devons et nous pouvons modifier cet état de choses. Heureusement, l’époque dans laquelle nous vivons nous offre des outils puissants qui devraient nous permettre d’améliorer ces statistiques lamentables et nous aider à inverser la tendance de cette épidémie. C’est là que chacun de vous intervient.


En tant que dirigeants des médias, vous avez le pouvoir et la possibilité de diffuser les informations dont chacun a besoin pour se protéger du VIH/sida. Nombre d’entre vous ont déjà contribué de façon extraordinaire à la lutte contre l’épidémie. Nous espérons que vous serez encore plus nombreux à l’avenir.


S’il est une chose que nous avons apprise au cours des deux décennies de cette épidémie, c’est que, dans le monde du sida, le silence c’est la mort. En tant que journalistes, vous pouvez faire sortir cette maladie de l’ombre et amener la population à en parler de façon ouverte et en connaissance de cause.


Vous pouvez créer un environnement favorable qui permette à chacun de découvrir librement la façon de se protéger et, si nécessaire, de modifier ses habitudes.


Comment précisément pouvez-vous y parvenir?


Vous pouvez faire de la lutte contre le VIH/sida une priorité de votre organisation. Ceci implique un engagement au plus haut niveau, lequel se traduira par une forte influence sur la programmation dans tous les secteurs.


Vous pouvez consacrer du temps d’antenne à des messages de service public. Vous pouvez accorder à l’épidémie une couverture importante permettant de veiller à ce qu’elle reste parmi les principaux sujets d’actualité, tant aux plan national que mondial. C’est exactement ce que nombre d’entre vous font et on ne peut que se réjouir de l’énorme couverture médiatique dont la Journée mondiale du sida a bénéficié le 1er décembre de l’année dernière. En faisant en sorte que l’épidémie continue à faire les grands titres, vous pouvez encourager les dirigeants du monde à reconnaître la gravité de la crise et à consacrer plus d’efforts – et plus de ressources – pour la combattre.


Vous pouvez vous charger de diffuser des programmes spéciaux d’éducation ou de sensibilisation. Nous avons constaté quelques exemples de journalistes qui, de façon continue, consacrent de l’espace à cette question. Beaucoup ont fait preuve d’une grande créativité dans leur programmation, en recourant à des documentaires, des concerts, des programmes artistiques, des concours ou des spectacles pour enfants.

Vous pouvez également aborder le VIH/sida dans la programmation grand public. L’éducation et les loisirs ne sont pas incompatibles. En confrontant par exemple un personnage connu d’une série télévisée populaire au VIH ou au sida, on parviendra à toucher des spectateurs ou des auditeurs qui ne regarderaient ou n’écouteraient peut-être pas une émission consacrée à l’épidémie. Dans plusieurs régions, on a eu recours à des feuilletons télévisés pour sensibiliser un plus large auditoire que celui qu’on aurait pu jamais espérer atteindre par des moyens classiques de promotion – qu’il s’agisse de la série « Des gens ordinaires » en Chine ou de celle intitulée « Coeur et âme » mise au point avec l’aide des Nations Unies en Afrique subsaharienne.


Dans ces pays, comme vous le savez, les films de télévision ont contribué au mouvement politico-artistique sur le sida qui, ces 20 dernières années, a aidé à inscrire l’histoire de cette maladie dans la conscience nationale. Ce mouvement est l’un des exemples les plus marquants d’une intervention artistique réussie en faveur du changement que l’on ait pu constater. Il n’existe pas, en la matière, d’exemple plus éloquent que l’adaptation pour la télévision de la pièce « Angels in America », qui a été diffusée le mois dernier.


De façon plus générale, vous pouvez vous réunir pour constituer des partenariats en tirant parti de la mise en commun des ressources et de l’audience, comme certains l’ont déjà fait. Vous pouvez atteindre d’autres organisations comme les services publics, les organisations non gouvernementales et les organisations de la société civile. Vous pouvez offrir des ressources et l’accès à un temps d’antenne, vos partenaires apportant leur compétence.


Nous sommes réunis aujourd’hui pour mettre en place les fondations d’une initiative des médias mondiaux contre le sida. Vous êtes les membres fondateurs. Ensemble, la famille des Nations Unies et les médias peuvent conclure une alliance pour un projet ambitieux : faire de l’information, de l’éducation et des loisirs un moyen de transmettre à la population les connaissances et stimulants dont elle a besoin pour se protéger contre le VIH/sida.


J’ai demandé à nos coprésidents d’aujourd’hui, l’ONUSIDA et la Kaiser Family Foundation, d’assurer en collaboration avec chacun d’entre vous la coordination de vos nouvelles initiatives ou du redoublement de vos efforts.


Je suis convaincu qu’il s’agit là d’une occasion unique qu’aucun d’entre nous ne souhaiterait manquer, et qu’elle aura l’impact le plus important là où c’est le plus nécessaire, c’est-à-dire parmi les jeunes. Si nous ne parvenons pas à faire des jeunes le fer de lance du mouvement pour le changement, nous ne viendrons pas à bout de la pandémie.


Je suis maintenant particulièrement impatient de passer aux discussions. Je vous remercie.


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