POP/896

POPULATION: POUR LE DIRECTEUR DE L’OIM LA PERCEPTION DES MIGRATIONS DOIT EVOLUER ET LEUR GESTION DOIT ETRE RENFORCEE

23/03/2004
Communiqué de presse
POP/896


Commission de la population

et du développement

3ème et 4ème séances – matin & après-midi


POPULATION: POUR LE DIRECTEUR DE L’OIM LA PERCEPTION DES MIGRATIONS DOIT EVOLUER ET LEUR GESTION DOIT ETRE RENFORCEE


Le renforcement des capacités institutionnelles est identifié comme un moyen de compenser l’impact de la croissance démographique sur le développement


Si l’on veut empêcher que les migrants ne deviennent les boucs émissaires de la mondialisation, il faut admettre que la migration est un phénomène naturel, durable et potentiellement favorable autant pour les migrants que pour leur pays d’origine et les pays d’accueil.  C’est le constat qu’a dressé le Directeur général de l’Organisation mondiale pour les migrations (OIM), M. Brunson McKinley, qui est venu présenter aujourd’hui aux participants de la 37e session de la Commission de la population et du développement, les grands traits d’une stratégie globale de gestion des migrations.


Pour M. McKinley, qui a observé que dans le monde actuel une personne sur 35 est un migrant, soit 175 millions ou 3% de la population mondiale, la communauté internationale doit combler le différentiel entre la réalité et les outils et politiques à sa disposition pour gérer les phénomènes migratoires.  Notant que dans un environnement économique de plus en plus intégré, aux plans régional et international, les migrations étaient plus que jamais une caractéristique inhérente de la vie moderne, il a appelé les Etats à sortir des « débats stériles » pour élaborer une approche globale de gestion des migrations, sur la base de la connaissance de leur nature, causes et conséquences, et avec la collaboration de toutes les parties prenantes aux niveaux national et international.  Il a ajouté que l’objectif à poursuivre était de répondre aux différents aspects des migrations ainsi qu’aux besoins des migrants tout au long de leur cycle de vie, du départ au retour potentiel en passant par la question de leurs droits dans les pays d’accueil.  A cet égard, M. McKinley a mis en garde contre les dérives xénophobes et racistes et a exhorté les Etats Membres à coopérer et à mener des campagnes d’information mettant en avant les bénéfices de la migration.


Lors d’un débat interactif avec les délégations, M. McKinley a illustré les bénéfices des migrations en rappelant que les transferts de fonds opérés par les migrants vers leur pays d’origine dépassaient actuellement le montant de l’aide publique au développement.  Il n’existe pas d’instrument juridique international global couvrant tous les aspects des migrations, a-t-il indiqué, encourageant les Etats à mettre en application les différentes normes existantes en matière de droits des migrants. 


Au cours du débat général, les délégations ont mis en évidence les liens entre les évolutions démographiques et le développement durable.  Le représentant de l’Ouganda a par exemple illustré ce lien en expliquant que l’ampleur de la croissance démographique avait renversé les résultats significatifs enregistrés par son pays du fait de la mise en place de politiques sociales conformes au Programme d’action du Caire.  Fort de ce constat, il est ainsi apparu indispensable de redoubler d’efforts pour renforcer les capacités nationales en matière de collecte de données statistiques, de suivi et d’évaluation des politiques sociales et les capacités institutionnelles.  Faisant écho aux préoccupations exprimées par les Etats en développement quant au cercle vicieux de la pauvreté et son impact sur le développement social, le Président du service de la population de la Commission économique pour l’Europe a dénoncé la tendance actuelle à réduire les budgets de recherche fondamentale.  « La société actuelle est celle du savoir », a-t-il noté, interpellant les Etats Membres sur l’opportunité d’investir dans le développement et le transfert des connaissances. 


Les délégations dans leur majorité, y compris la représentante de la Banque mondiale, ont reconnu que le succès du Programme d’action du Caire dépendait largement de l’engagement de partenariats aux plans régional et international, incluant toutes les parties prenantes.  Toutefois, le représentant de Cuba a particulièrement insisté sur le caractère impératif de la mise en place d’un environnement économique favorable au développement et à la réduction des inégalités croissantes.  Parallèlement, le représentant de l’Equateur a expliqué que le fardeau de la dette et les contraintes liées au système commercial international mettaient en péril les efforts de son gouvernement en matière social, et ce alors que le budget social de son pays était passé de 19% à 30% ces 10 dernières années, dont 45% est consacré à l’éducation.  Le représentant du Bangladesh a également mis l’accent sur l’importance de l’éducation dans le développement social, et notamment en matière d’éducation sexuelle et de prévention des pandémies du type VIH/sida. 


Se félicitant de la reconnaissance du caractère central de la santé dans l’amélioration des conditions de vie et du développement, la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a expliqué que la stratégie poursuivie par l’agence reflétait les trois aspects de la mise en œuvre du Programme d’action, à savoir la disponibilité de ressources financières et humaines, le renforcement des capacités institutionnelles, et les partenariats entre les gouvernements, les organisations de la société civile et la communauté internationale.  A cette fin, l’OMS intensifiera ses programmes d’assistance technique en vue du renforcement des capacités des systèmes de santé, notamment par le soutien à la recherche, le développement de normes et d’outils statistiques, de suivi et d’évaluation et enfin par le plaidoyer dans le domaine de la santé génésique et sexuelle.  Ce dernier appelle en particulier des efforts en matière d’accès aux traitements des victimes du sida et la promotion de comportements sexuels responsables.  Sur ce point, le représentant de l’Egypte a appelé à résister à la tentation de reformuler le Programme d’action, adopté consensuellement au Caire en 1994.  Il a également plaidé pour la préservation de la cellule familiale et de son rôle primordial, en respectant les caractéristiques et traditions spécifiques à chaque pays.


La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 24 mars, à partir de 10 heures.


suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement


Déclarations


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que les gouvernements des pays en développements ont fait tout leur possible pour adopter une approche intégrée des politiques de planification familiale et de santé génésique, notamment en impliquant le secteur privé.  Il a regretté que les progrès enregistrés soient en deçà des objectifs du Programme d’action du Caire et a insisté sur la nécessité pour les partenaires du développement d’engager des ressources supplémentaires afin de respecter leur engagement de contribuer à un tiers des coûts de mise en œuvre du dit Programme.  Il a évoqué la situation critique des pays les moins avancés et a souligné le lien entre la pauvreté et le taux de croissance de la population.  Au-delà des programmes visant à améliorer l’accès aux services de santé de base pour les enfants, les femmes et les plus vulnérables, ainsi qu’au planning familial, M. Chowdhury a souligné l’importance d’investir dans l’éducation afin de faciliter la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Il a insisté sur la nécessité pour toutes les parties prenantes au développement de mobiliser davantage de ressources pour réaliser ces objectifs.  Il est aussi impératif, selon lui, d’allouer aux organismes concernés, notamment au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) les ressources requises à cette fin.


M. MOHAMED ELFARANAWANY (Egypte) a rappelé que son pays avait eu l’honneur d’être le pays hôte de la Conférence de 1994.  Le dixième anniversaire offre une bonne occasion de faire le bilan et à cet égard il est important de considérer les spécificités culturelles de chaque pays. La Conférence du Caire avait offert un cadre d’ensemble pour assurer la réalisation des objectifs.  Il est essentiel que les pays donateurs fournissent des ressources et mettent en place une coordination.  La réduction de la mortalité infantile, et l’éducation pour tous doivent demeurer des priorités.  L’Egypte continue de mettre en œuvre des mesures pour maîtriser l’augmentation de sa population, consciente que cette augmentation est une menace pour sa croissance économique.


Des débats sont en cours à l’heure actuelle au sein de la Cinquième Commission, qui touchent à la famille, a indiqué le représentant de l’Egypte.  Lors de la rédaction du Programme du Caire, un compromis a été nécessaire pour parvenir à une formulation consensuelle.  Depuis ces négociations, tous les débats tendant à modifier ces termes ont échoué, car il est extrêmement difficile de parvenir à une reformulation.  En matière de famille, il est inacceptable qu’une société quelconque essaie d’imposer sa propre vision sur les autres.  L’Egypte, malgré son ouverture, est donc préoccupée par cette tentative d’imposer une vision sociale différente.  Tout fait accompli sera extrêmement dangereux, s’il ne correspond pas à la volonté des Etats Membres.  L’Egypte n’épargnera aucun effort en vue d’assurer le succès des travaux de la cinquième.


M. Easton WILLIAMS (Jamaïque) a indiqué qu’il approuvait la position du Groupe des 77.  Il a indiqué que la mention, dans le rapport de l’UNFPA, du fait que « le recours à des méthodes traditionnelles dans les régions développées était deux fois plus importantes que dans les régions non développées » paraissait surprenante.


M. TALADRID (Cuba) a souligné qu’en dépit des progrès enregistrés dans l’application du Programme d’action du Caire le temps n’était pas à la complaisance compte tenu des problèmes aigus dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, des épidémies et de l’urbanisation croissante notamment.  Il a exhorté les Etats à renouveler leurs engagements à l’égard du Programme d’action du Caire.  Il a souligné les disparités en matière de données sur la population et a dénoncé la tendance visant à généraliser les progrès obtenus au niveau mondial, notamment en matière d’espérance de vie, de mortalité infantile et d’accès aux soins.  Appelant à prendre en compte la situation des pays en développement et des pays les moins avancés, le représentant de Cuba a insisté sur la nécessité de mettre en place un système économique international plus juste et plus équitable.  Il s’est opposé à l’idée selon laquelle la réduction de la croissance démographique est la solution pour assurer un développement durable et a insisté sur la nécessité d’adopter des politiques holistiques et d’engager des partenariats.  Il a soutenu les appels à l’augmentation de l’aide publique au développement et son affectation prioritaire aux questions de population sans oublier le rôle important des agences de développement dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Le représentant est d’avis que le débat sur la sexualité et la santé génésique devait être le plus ouvert possible compte tenu de l’importance de ce qui est en jeu.  Evoquant l’incidence directe des migrations sur la pyramide démographique des pays, il a également mis en avant le lien grandissant entre migrations et développement.  Il s’est dit préoccupé par le durcissement des politiques d’immigration et a estimé qu’il fallait mettre en avant les points positifs des migrations pour les pays d’accueil. 


Mme SAAD (Malaisie) a rappelé que la récente conférence régionale qui s’était tenue en Asie du Sud-Est avait porté notamment sur les questions de la migration, du vieillissement, de la santé en matière de reproduction et du VIH/sida.  Les participants ont réitéré leur ferme soutien aux objectifs du Programme d’action.  Les politiques de population doivent être pleinement intégrées dans les programmes de développement, et ce, sur une base volontaire.  Le partage des ressources et la participation des organisations non gouvernementales se sont avérés très importante dans la mise en œuvre de ces politiques en Malaisie.


M. CLAUDIO ROJAS (Chili) a réitéré son appui à la Conférence du Caire dont les objectifs sont universels.  Les droits mentionnés sont au centre de toute politique en matière de population.  Les droits humains, et les droits de la femme en font intégralement partie.  Ces dernières années, des progrès notables ont été réalisés au Chili, notamment pour réduire la pauvreté, en particulier grâce à l’appui économique aux femmes.  Des efforts ont été faits pour les intégrer à l’activité économique, tout en leur épargnant certains secteurs pénibles.  Par ailleurs, le Chili a pris des mesures pour réduire les grossesses précoces, celles-ci ayant un impact important sur l’avenir des adolescentes concernées qui sortent souvent des circuits éducatifs.  Une sexualité responsable est promue auprès des adolescents.  En matière juridique, des mesures ont été prises pour promouvoir l’égalité entre hommes et femmes, en matière de filiation par exemple.  Le Chili participe aux efforts mondiaux pour prévenir le VIH/sida.


M. ZIRAREMA (Ouganda) a indiqué que son pays était encore caractérisé par des résultats insuffisants en matière de politiques de population, comme le montrent notamment des niveaux élevés de mortalité infantile et de mortalité maternelle ainsi que de prévalence du VIH/sida, et ce en dépit d’avancées notables.  Il a expliqué que la stratégie de réduction de la pauvreté de son pays visait à établir un environnement favorable à l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble de la population et a indiqué que, malgré les efforts entrepris, le


pourcentage des personnes vivant sous le seuil de pauvreté ne cessait d’augmenter en raison de la croissance démographique.  Le Gouvernement, a-t-il poursuivi, promeut la parité entre les sexes, notamment en matière d’accès à l’enseignement primaire et secondaire.  Il a indiqué qu’un des problèmes cruciaux est le financement du secteur social qui représente 29% du budget total et a salué l’aide que son pays reçoit de la part de diverses institutions internationales et de plusieurs pays.


Mme Elizabeth Lule (Banque mondiale) a rappelé que les progrès réalisés demeuraient inégaux.  Certains pays continueront de voir leur population croître, tandis qu’une croissance négative se poursuivra dans certains pays développés.  Ces changements auront des conséquences graves sur l’épargne et l’investissement, l’offre d’emplois, les retraites et les successions.  La demande de services de santé en matière de procréation est appelée à croître, alors que les populations jeunes sont les plus vulnérables à l’infection du VIH/sida.  La limitation des ressources rend d’autant plus difficile leur mobilisation pour la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Le soutien des donateurs se modifie, notamment par le recours à des approches sectorielles, et à des processus de réduction de la pauvreté plus globaux.  La Banque mondiale dispose à l’heure actuelle d’un portefeuille de 78 projets en matière de population et de santé génésique, pour un montant de 1,1 milliard de dollars.  La Banque est aussi engagée dans des projets à 10-15 ans en vue de réduire la diffusion du VIH/sida, et d’atténuer l’impact de la pandémie.  Elle fournit des subventions à cet effet dans les pays membres de l’Association internationale de développement.  Le montant de ses crédits totaux pour la santé, la nutrition et la population a connu une croissance, pour atteindre 1,7 milliard de dollars en 2003, pour passer à 2 milliards de dollars en 2004.  Le soutien à l’éducation, grâce à l’initiative Education pour tous, notamment en faveur des filles, s’est aussi développé.  Compte tenu des éléments multisectoriels qui caractérisent les objectifs du Programme d’action du Caire et des Objectifs de développement du Millénaire, il est essentiel d’établir un programme d’intervention bien coordonné afin d’obtenir des progrès rapides et efficaces.  Les efforts des donateurs comme des pays bénéficiaires sont indispensables, et il est important que ces derniers établissent des projections de financement dans ce domaine dans leurs Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté.


M. MIROSLAV MACURA, Unité de la population de la Commission sur la population et le développement de la Commission économique pour l’Europe, a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités nationales de collecte et d’analyse de données et l’élaboration de politiques d’évaluation et de suivi.  Il a dénoncé l’insuffisance des ressources allouées à des activités de recherche de base, les dépenses en recherche fondamentale ayant été réduites de 50% depuis la Conférence du Caire en 1994.  Il a estimé que les revers dans le financement de la recherche devaient être abordés dans les meilleurs délais.  La communauté internationale devrait s’interroger sur les méthodes d’évaluation des résultats.  Evoquant les conclusions du Forum européen sur la population qui s’est tenu cette année, il a souligné que si la connaissance ne progressait pas, il n’y aurait pas de progrès sur le terrain.  La société actuelle est fondée sur la connaissance et les meilleurs investissements sont ceux qui la font progresser, a-t-il conclu. 


Mme JANE COTTINGHAM, Département de la santé reproductive et de recherche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné le caractère crucial des problématiques liées aux questions de population, au Programme d’action du Caire et au Programme de Beijing dans la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.  Il a indiqué que l’OMS s’était employée depuis 1994 à aider les Etats Membres à développer leur programme de santé génésique et sexuelle.  A cet égard, elle a expliqué qu’en dépit des progrès enregistrés, beaucoup restait à faire notamment en matière de mortalité maternelle et infantile, d’utilisation de contraceptifs, de qualité des soins, en particulier en cas d’avortement, de lutte contre le sida et contre le cancer et de politique d’éducation sexuelle ciblant les adolescents.  La stratégie de l’OMS, a-t-elle dit, comprend le renforcement des capacités des systèmes de santé, l’information, le plaidoyer en vue de la mobilisation politique, l’amélioration des capacités de suivi et d’évaluation.  A cette fin, l’OMS intensifiera ses programmes d’assistance technique aux pays, notamment en matière de soutien à la recherche, de développement de normes et de plaidoyer dans le domaine de la santé sexuelle et génésique.  L’OMS, a-t-elle ajouté, encouragera, dans le cadre du Programme visant à fournir d’ici à 2005 un traitement à 3 millions de personnes infectées, le renforcement des systèmes de santé reproductive et génésique en tant que base pour la prévention et du traitement du VIH/sida.  A cet égard, l’OMS encourage le planning familial, les services de santé pré et postnatale, la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, la promotion de la contraception et de la protection des rapports sexuels.  Concluant, elle a souligné le fait que la stratégie de l’OMS reflétait les trois aspects de la mise en œuvre du Programme d’action, à savoir la disponibilité de ressources financières et humaines, le renforcement des capacités institutionnelles, et les partenariats entre les gouvernements, les organisations de la société civile et la communauté internationale.


M. LARRY Heligman, Chef du Service des études démographiques, Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, a indiqué que le nombre d’interventions était en soi une marque de la détermination et du soutien aux objectifs du Programme d’action.  De nombreuses interventions ont marqué l’importance de la collecte de données dans le domaine de la population, ainsi que du renforcement des capacités nationales, a noté M. Heligman.  M. FRANÇOIS Farah, Service de la population et du développement, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a rendu hommage à tous les délégués qui ont apporté leur soutien au Programme d’action.  Cela montre que les délégués continuent de considérer les objectifs comme pertinents et réalisables, si les ressources sont fournies à cet effet, en particulier dans les pays où les besoins sont les plus pressants.


Le Directeur général de l’Organisation mondiale pour les migrations (OMI), M. BRUNSON MCKINLEY, a insisté sur la nécessité de mieux gérer les mouvements de population.  Il a souligné que la population migrante s’élevait à 175 millions soit 3% de la population mondiale ou une personne sur 35.  Rappelant que le Programme d’action du Caire avait posé les premiers jalons de la gestion au niveau mondial des migrations, en s’attaquant aux droits des migrations, la gestion des mouvements migratoires, la réduction des migrations involontaires ou illégales, et la coopération entre les pays parties prenantes dans les migrations.  Il a estimé

que la mauvaise compréhension du phénomène migratoire était à l’origine de l’anxiété qui y est associée.  M. Mc Kinley a précisé qu’il y avait un important différentiel entre les réalités des migrations et les moyens et les stratégies dont dispose la communauté internationale pour répondre aux défis qu’elle engendre.  Or, a-t-il souligné, l’intégration économique croissante porte en elle les migrations qui sont une caractéristique inhérente de la vie moderne.  L’heure n’est donc pas au débat stérile mais à l’élaboration de politiques de migration, a déclaré M. McKinley. 


Pour ce faire, a-t-il poursuivi, il faut connaître la nature des migrations, leurs causes et conséquences, leurs bénéfices et les enjeux qu’elles comportent.  Le représentant a évoqué les bénéfices économiques des migrations pour les pays d’accueil, l’impact négatif que celles-ci ont sur les pays de départ, les risques de tensions sociales et les possibilités d’édification de la nation ainsi que les bénéfices de la diversité culturelle.  En second lieu, a ajouté M. McKinley, il convient d’identifier, de définir et de répondre aux questions que soulèvent les migrations, à savoir la question de la souveraineté, de la sécurité, de l’intégration économique et des mouvements de travailleurs, de l’identité nationale, de l’évolution sociale et enfin des droits et des responsabilités.  Par ailleurs, la communauté internationale doit élaborer une approche globale de gestion des migrations afin de répondre aux enjeux du développement, du contrôle et de l’encouragement des migrations et des migrations forcées, et ce en impliquant toutes les parties prenantes au niveau national et international.  Ces politiques doivent répondre aux différents aspects et besoins au cours du cycle de vie des migrants.  Le renforcement des capacités institutionnelles est crucial si l’on prend en compte que pour nombre de pays la gestion des migrations est un nouveau domaine administratif.  Il est donc nécessaire de développer des systèmes de suivi et de contrôle des mouvements de population.  Au-delà des cadres nationaux, il est nécessaire de mettre en application les différentes normes existantes en matière de droits des migrants. 


Enfin, a conclu le Directeur exécutif de l’OMI, il faut promouvoir le dialogue et la consultation au niveau régional et au niveau des organisations internationales afin de dégager des solutions communes et engager un débat public afin d’améliorer la perception des migrations et combattre la xénophobie et le racisme.  Pour que les migrants ne deviennent pas les boucs émissaires de la mondialisation et du changement social, il est indispensable de faire réaliser au plus grand nombre que la migration est un phénomène naturel, durable et potentiellement favorable autant pour les migrants que pour la société. 


Répondant à une série de questions posées par les délégations, notamment sur la nécessité de créer une organisation similaire à l’Organisation mondiale du commerce, en matière de migration, M. McKinley a indiqué que de plus en plus de gouvernements étaient intéressés par l’élaboration de normes dans ce domaine.  Il serait logique d’avoir un seul point focal, a-t-il indiqué, mais une organisation mondiale des migrations ne serait pas similaire à l’OMC, qui est un organe permanent qui édicte des règles obligatoires.  En matière d’immigration, il n’est pas probable que les Etats soient disposés à voir réglementer la matière par une organisation mondiale.  Ceci dit, certaines organisations peuvent avoir un intérêt à une politique en ce sens.  Interrogé sur la nécessité et la possibilité de parvenir à une codification des règles et à l’établissement de règles contraignantes, M. McKinley a déclaré que des initiatives étaient prises au niveau régional, mais qu’un instrument global ne semblait pas près de voir le jour.  L’initiative de Berne paraît être un premier pas, dans le recensement des règles mondiales en la matière.


Sur la question du mouvement des envois de fonds dérivés de l’immigration et sur la tenue d’une conférence internationale sur l’immigration, M. McKinley a indiqué que tous les pays pourraient profiter, de diverses manières, de ces flux financiers, qui devraient faire l’objet d’un soutien accru, notamment par la réduction des coûts de transfert.  Souvent les migrants dépensent des sommes considérables pour ces transferts de fonds, dont le montant dépasse celui de l’Aide publique au développement (APD).  Ils dépassent aussi les montants des prêts publics et de l’investissement direct.  Il existe des bénéfices très importants aux migrations, des deux côtés de la chaîne.  Les pays du Nord sont probablement prêts à l’heure actuelle pour une politique de gestion en la matière.  Sur l’immigration des femmes, M. McKinley a noté qu’il était encourageant de noter que la migration n’est plus un phénomène uniquement réservé aux hommes seuls, et que les familles ne sont plus systématiquement séparées.


expérience des pays dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement


Déclarations


M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué qu’au cours des 10 dernières années, la Russie avait fait face à une situation très difficile, avec une natalité très faible et une mortalité très élevée.  Un programme de développement démocratique a été mis en place, en vue de favoriser la natalité et d’améliorer la santé.  En particulier, il s’agit de favoriser la naissance d’enfants désirés et en bonne santé.  On assiste ces dernières années à une stabilité de l’indicateur de la santé des nouveau-nés.  Les efforts pour remédier à la crise démographique visent surtout à stabiliser la population, car la tendance actuelle reste à la dépopulation et à son vieillissement.  Le Gouvernement a l’intention de continuer à œuvrer pour améliorer aussi la qualité de vie physique et morale de la population.


M. BRUNBORG (Norvège) a réaffirmé la pertinence du Programme d’action du Caire, même dans un pays comme la Norvège qui est considéré comme très avancé en matière de politique de population.  Il a indiqué qu’une proposition avait été soumise au Parlement norvégien afin d’intégrer la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes et de son Protocole facultatif dans la législation.  Le représentant de la Norvège a par ailleurs expliqué que grâce à l’adoption d’un train de mesures visant à réconcilier famille et travail, le taux d’activité des femmes norvégienne est élevé, autour de 1,9.  S’agissant du droit des femmes, il a également évoqué l’adoption récente d’un Plan d’action de lutte contre la violence à leur égard.  Afin de prendre en compte l’évolution de l’immigration, et notamment de l’ampleur que prend le phénomène de la traite des femmes et des enfants, la Norvège s’emploie à élaborer une série de mesures devenues indispensables, a-t-il ajouté.  Pour ce qui est de l’interdiction des mutilations génitales, qui a été proclamée en 1995, le Ministère de la santé a fait une proposition visant à augmenter la prise de conscience de la population et sa participation au débat.  Il a par ailleurs évoqué la politique de lutte contre le VIH/sida, qui est menée en collaboration avec les organisations de la société civile, et centrée sur la prévention, la sensibilisation, l’éducation et l’accès aux soins.  En conclusion, le représentant de la Norvège a insisté sur le fait que le succès du Programme d’action du Caire dépendait de l’engagement de bons partenariats entre toutes les parties prenantes.


M. Jin Xiaotao (Chine) a déclaré que l’action du Gouvernement chinois avait été centrée sur le développement du niveau de vie, dans tous les domaines, à la ville comme dans les campagnes.  Le nouveau Gouvernement a redéfini le développement comme un développement à visage humain et de caractère durable.  C’est une évolution à la fois quantitative et qualitative, a-t-il dit.  La Chine a signé un grand nombre de conventions internationales au cours des 20 dernières années, en matière de droits fondamentaux, de droits des femmes et des enfants. Des lois ont été adoptées pour protéger ces derniers et promouvoir la parité entre les sexes.  En matière de planification familiale, a indiqué le représentant, l’objectif est d’assurer le bonheur et le développement socioéconomique, en garantissant la qualité des services.  La Chine a intégré la mise en œuvre du Programme d’action dans la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire et un programme pilote a été mis en place pour aider les couples qui mettent en place une planification familiale et pour promouvoir un projet intitulé « prendre soin des filles » afin de remédier à la disparité des pourcentages garçons-filles à la naissance.  En outre, a-t-il ajouté, la Chine a mis en place une série de mesures contre le VIH/sida.  Ainsi, il a été récemment décidé de fournir des traitements gratuits aux personnes atteintes.  En outre, un vaste réseau communautaire a été mis sur pied.  D’autres mesures ont été adoptées en matière de santé, notamment pour favoriser les accouchements à l’hôpital.  On a également assisté à une réduction de la mortalité infantile.  L’espérance de vie est passée de 66,77 en 1981 à 72.88 en 2002.  La douloureuse expérience du SARS a conduit le Gouvernement à prendre de nouvelles mesures de santé publique, a conclu le représentant, en affirmant toutefois que son pays continuait de faire face à de grandes difficultés en matière de fécondité, de pauvreté, de carence en matière d’éducation et de santé.


M. ALFRED M. DUBE (Botswana) a indiqué que le recensement de la population et du logement effectué en 2001 avait révélé que les objectifs du Programme d’action du Caire avaient été atteints, voire dépassés dans son pays.  Cependant, a-t-il regretté, il faut savoir que le VIH/sida est désormais le principal obstacle s’opposant à la mise en œuvre durable des politiques sociales et que la pandémie du sida a renversé les bons résultats du Botswana, faisant baisser l’espérance de vie de 65,3 ans en 1991 à 55,7 en 2001.  Cette tendance étant accompagnée d’une baisse de la fécondité et d’une augmentation du taux de mortalité, qui est passé de 11,5 en 1991 à 12,4 en 2001, a-t-il ajouté.  Pour faire face à cet état de fait, le Botswana, a-t-il poursuivi, a adopté des programmes centrés sur la prévention, le traitement, le soin et le soutien aux personnes infectées.  Le représentant a indiqué par ailleurs qu’en dépit d’une croissance soutenue du produit national brut ces dernières années, la pauvreté et l’emploi des jeunes sont des problèmes majeurs au Botswana.  Le Botswana, a-t-il expliqué, s’est employé à mettre en application le Programme d’action du Caire dans les domaines de la santé génésique et sexuelle, notamment en créant des services de planification familiale, des centres de santé maternelle, et des services de santé, en vue de garantir leur accès universel.  Le Botswana, a-t-il poursuivi, reconnaît le rôle des organisations non gouvernementales comme partenaires du développement et a soutenu des programmes à destination des groupes les plus vulnérables, personnes handicapées, jeunes, populations rurales, et victimes du VIH/sida.


Mme SALDEN (Pays-Bas) a rappelé que le Programme avait été adopté par près de 180 pays, et qu’il avait reçu un soutien réitéré.  Les Pays-Bas continuent d’affecter 0,8% de leur PNB à l’aide publique au développement, et c’est le premier contributeur au FNUAP.  Les Pays-Bas appellent les autres pays à honorer leurs engagements.  Au niveau politique, ils mettront à profit la présidence de l’Union européenne en 2004 pour favoriser la mobilisation des ressources dans ce but.  Les efforts des organisations non gouvernementales sont essentiels.  L’année dernière, les Pays-Bas ont organisé une réunion des ONG, à l’issue de laquelle a été adopté un document intitulé Déclaration d’Amsterdam.  L’objectif est de modifier les attitudes en matière d’appréhension des droits de la reproduction, tout en respectant les spécificités culturelles.  Il ne peut y avoir de politique de planification familiale sans équipements, et sans fournitures tels que des préservatifs.  Les Pays-Bas ont mis en œuvre des mesures pour lutter contre le VIH/sida, offrir des services d’avortement gratuits.  En retour, les Pays-Bas ont le plus faible taux d’avortement et de décès dus à des avortements.  Grâce aux programmes de prévention et d’information, les jeunes savent comment accéder à des moyens de protection, et adoptent des comportements sexuels responsables.


Mme SUMARJATI ARJOSO (Indonésie) a insisté sur l’importance de la coopération Sud-Sud et des partenariats engagés dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.  Ce faisant, elle a souligné le rôle que joue ces partenariats et le financement du développement dans la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire dans les délais impartis.  Elle a indiqué qu’en dépit de la crise économique de 1997/1998, l’Indonésie avait réussi à réduire significativement le taux de croissance de la population et le niveau de pauvreté.  D’après le recensement de 2002-2003, la croissance démographique a baissé tout en garantissant le renouvellement de la population, la structure de la famille a évolué, la mortalité a diminué dans la plupart des régions.  Les différentes régions, a-t-elle poursuivi, ont par ailleurs pris les mesures requises pour lutter contre le VIH/sida et les autres crises sanitaires.  Le Gouvernement central a pour sa part initié des démarches en vue de répondre aux défis posés par le phénomène des migrations internationales et recommande que ce thème soit l’objet de l’examen de la Commission à sa session de 2006.  S’agissant de la santé génésique, l’Indonésie est consciente de la nécessité de faire davantage d’efforts pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire, notamment en matière d’accès des groupes pauvres et vulnérables à ces services.  Un effort particulier est fait pour éliminer la discrimination fondée sur le genre, pour promouvoir la contraception, les comportements sexuels sans risques et les grossesses sans risque.  L’épidémie du VIH/sida est de loin l’obstacle le plus sérieux auquel fait face l’Indonésie en matière de santé génésique.  A cet égard et dans le contexte plus général du Programme d’action du Caire, a-t-elle poursuivi, il est indispensable d’engager des partenariats régionaux et internationaux afin de ne pas mettre en péril les stratégies de réduction de la pauvreté et les politiques de développement.  Concluant, elle a insisté sur l’importance de mobiliser davantage de ressources et a exhorté les Etats à consacrer 20% de leur budget national aux politiques sociales.  Elle a appelé à un renforcement des programmes de coopération technique en vue du développement des capacités des pays en développement. 


Mme MABITSELA (Afrique du Sud) a affirmé que le Programme d’action du Caire a constitué la base de la politique de population de l’Afrique du Sud en tant que pays libre et démocratique.  Elle a indiqué qu’entre 1996 et 2001, le nombre de foyers a augmenté de 30%, soit près de trois fois le taux de croissance de la population, ce qui montre que la liberté tend à permettre aux familles de se nucléariser.  La population active s’est également grandement accrue.  L’économie sud-africaine a créé 1,6 million d’emplois nouveaux entre 1995 et 2002.  En matière de santé, la prévalence du VIH/sida a cru de 1% en 1991 à 12% en 2001.  Son impact démographique affecte notamment les jeunes adultes.  Un plan a été mis en place en août 2003 pour fournir des médicaments antirétroviraux.  En ce qui concerne l’éducation, des progrès ont été réalisés dans le renforcement des capacités: création d’universités, accroissement du taux de scolarisation –mais près de 71% de la population de plus de 20 ans n’a pas reçu d’enseignement secondaire.  L’Afrique du Sud a mis en place de nombreux partenariats avec les donateurs internationaux.  Cette première décennie de la liberté a été marquée par des avancées qui doivent se poursuivre afin de consolider la démocratie en intégrant la population tout entière dans la croissance de l’économie, notamment au niveau local.


Mme VERONICA SIMAN DE BETANCOURT (El Salvador) s’est félicitée que le consensus mondial qui s’est concrétisé en 1994 et 1999 continue de s’affermir.  Elle a insisté sur l’importance de l’intégration des questions de population dans les politiques de développement et de réduction de la pauvreté, notamment en matière de parité, de lutte contre la violence, de santé génésique, d’éducation sexuelle, de lutte contre le VIH/sida, d’accès aux soins de santé de base, de la planification familiale, de politique de la jeunesse.  Le Salvador a enregistré de nombreux progrès dans ces domaines, cependant, il est nécessaire de redoubler d’efforts pour assurer l’accès universel aux soins de santé et assurer une meilleure qualité de ceux qui sont offerts durant la grossesse et après l’accouchement.  La représentante a insisté sur la nécessité de mettre la population au centre des politiques de développement. 


Mme Elena Zuniga Herrera (Mexique), a indiqué que la politique de population de son pays était fondée sur les valeurs suivantes: liberté, inviolabilité de la personne, dignité, autonomie, équité et responsabilité sociale.  Malgré une considérable décélération de la croissance de la population, cette dernière continue d’augmenter de 1,5 millions de personnes par an.  L’effet de l’immigration très importante devient de plus en plus préoccupant, a-t-elle noté.  Le Gouvernement mexicain est déterminé à offrir à sa population les possibilités qui éviteront qu’elle n’aille les chercher à l’étranger; en particulier en réduisant le retard social d’une grande partie de la population.  Avec la réduction de la fécondité, des services sociaux et des programmes d’éducation améliorés pourront profiter à un plus grand pourcentage de la population.  La modification de la structure de la pyramide des âges ouvrira une période transitoire au cours des trente prochaines années.  A défaut, le pays risque de voir son avenir gravement compromis.  Le Gouvernement mexicain réitère son appui aux objectifs du Programme d’action.


M. Pierre-Alain AUDIRAC (France), a indiqué que la France était un peu moins concernée que la plupart des autres pays européens par le vieillissement de sa population, la fécondité se maintenant pour l’instant à un niveau qui permet d’assurer à peu près le remplacement des générations (1,88 enfants par femme).  On le doit pour partie à une politique familiale active initiée dans les années 30.  Mais la population vieillit considérablement par le haut, car la durée de vie ne cesse de progresser, grâce à la lutte contre l’alcoolisme, les accidents de la route et le cancer.  A terme, c’est la question de l’équilibre du régime des retraites qui se trouve posée.  La durée de cotisation nécessaire pour bénéficier de la retraite à temps plein est passée de 37,5 ans en 1993 à 41 ans en 2012.


La France a mis en place des mesures en faveur des droits des femmes et de l’égalité des sexes, concernant notamment la représentation équitable au plan politique et de la direction des entreprises.  Elle a adopté des mesures en faveur des droits et de la santé de la reproduction et contre les violences à l’égard des femmes.  Le représentant de la France a noté que même si elles réussissaient mieux leurs études que les garçons, les filles optaient souvent pour des filières perdantes et pour des métiers peu valorisés, et se retrouvaient en situation de précarité.  Une réforme du droit d’asile a été entreprise, et la législation est désormais en harmonie avec les directives européennes.  La politique d’intégration des populations immigrées est relancée par l’accueil des immigrants légaux qui se voient proposer un contrat individuel d’accueil et d’intégration: formations linguistiques, formation civique.  La politique de la ville tend aussi à renforcer la mixité sociale, mais « les résultats sont médiocres » a noté le représentant.  Des inégalités demeurent en matière d’éducation: 87% des enfants de cadre supérieur obtiennent le baccalauréat, contre 42% des enfants d’ouvriers non qualifiés.  La France promeut la reconnaissance et le renforcement des droits des femmes et de l’égalité entre hommes et femmes, notamment par une collaboration avec l’UNIFEM et l’UNFPA.


Mme Ewa Fratczak (Pologne) a déclaré que le recensement  national de 2002 constituait une base pour la politique de population de son pays.  Une baisse de la population est constatée pour la quatrième année consécutive.  Il y a eu une réduction considérable de la natalité, alors que la mortalité ne s’est pas modifiée.  L’équilibre des migrations, négatif dans toute la période d’après-guerre, a contribué à ce mouvement.  La population de la Pologne n’est pas très mobile: 60% de la population vit dans la même commune depuis sa naissance.  Des progrès ont été notés dans l’égalité entre hommes et femmes, mais des inégalités demeurent, notamment dans le monde de l’emploi.


M. YILMAZ TUNA (Turquie) a expliqué que son pays avait pris en compte les questions de population dans tous les efforts qu’elle entreprend pour mettre en œuvre ses engagements internationaux.  La Turquie a notamment pris toute une série de mesures visant à assurer l’accès de tous à des services de santé génésique et sexuelle.  L’obstacle le plus sérieux en la matière étant le niveau relativement bas d’éducation et le statut des femmes, la Turquie, a-t-il poursuivi, a adopté des mesures pour assurer l’accès universel à l’éducation et la parité, l’émancipation des femmes, notamment dans les zones rurales et pour lutter contre la violence et la traite dont elles sont les victimes.  Elle a également pris des mesures spécifiques pour répondre aux besoins des personnes âgées, notamment celles qui sortent du système de sécurité sociale.  S’agissant des jeunes, la Turquie s’est concentrée sur l’éducation sexuelle et l’accès à l’information, notamment sur la contraception et sur les comportements sexuels responsables.  Pour lutter contre l’épidémie de VIH/sida et les autres maladies sexuellement transmissibles, a-t-il ajouté, la Turquie a mis l’accent sur le renforcement des capacités institutionnelles et la formation des personnels des domaines sanitaire et social d’une part et la sensibilisation à la prévention des groupes à risques comme les travailleurs du sexe, les recrues militaires et les femmes enceintes.  Le représentant a réitéré la volonté de son pays d’engager des partenariats Sud-Sud afin de partager son expérience. 


M. Djihed-Eddine BELKAS (Algérie) a déclaré que le taux de croissance de la population algérienne était passé de 3,2% à 1,43%.  Grâce à des campagnes de vaccination obligatoires, la mortalité infantile est en diminution.  En matière d’éducation, le quart de la population est concerné par la scolarisation.  La scolarisation des jeunes filles est de plus en plus forte, surtout en milieu urbain.  L’accès massif à l’éducation a permis de modifier les comportements démographiques, comme le recul de l’âge du mariage chez les deux sexes et la réduction de la mortalité infantile.  Chaque année, l’Algérie consacre environ la moitié de son budget national de fonctionnement et d’équipement aux services sociaux et de santé.  Une révision du Code de la famille est prévue afin de consolider la condition de la femme.


M. Rene Pereyra MORATO (Bolivie) a indiqué que le Programme du Caire représentait un cadre d’action fondamental.  Le pays est dans un processus d’intégration nationale du programme, notamment en ce qu’il reflète une approche profondément humaniste du développement.  La délégation bolivienne a participé récemment au forum ouvert par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.  La Bolivie a travaillé à l’élaboration d’indicateurs statistiques.  S’il a été possible d’atteindre les cibles en matière d’alphabétisation, le pays n’a pas réussi à atteindre les objectifs en matière de réduction de la mortalité infantile, et ce en raison des inégalités actuelles, qui pèsent notamment sur les populations pauvres, autochtones et rurales.  L’heure n’est pas venue d’ajouter de nouveaux thèmes au débat actuel, mais de poursuivre les travaux déjà engagés.


M. HUMBERTO JIMENEZ (Equateur) a fait part de la satisfaction de son pays au sujet de l’appui reçu du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) au cours de l’examen, à 10 ans, de l’application du Programme d’action du Caire.  Il ressort de cet exercice que l’accès de la population aux services de santé, et notamment des femmes aux services de santé maternelle et infantile, s’est significativement amélioré, l’espérance de vie s’est allongée pour atteindre 74 ans et la mortalité infantile a diminué à 25 pour mille naissances vivantes.  Le taux de fécondité est passé de 3,4 à 2,8 ces 10 dernières années, et ce, grâce à l’utilisation des contraceptifs.  L’analphabétisme, a-t-il ajouté, a également diminué et le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire et secondaire a lui augmenté.  De nombreux progrès ont été faits en matière de droits des adolescents et de protection contre la violence sexuelle.  Cependant, a regretté le représentant, le niveau de pauvreté et de chômage, la diminution du revenu par habitant, la malnutrition et l’exclusion demeurent des obstacles incontournables sur la voie du développement social.  Pour remédier à cette situation, les dépenses sociales ont été augmentées, passant de 19% à 30% du budget national, dont 45% sont destinés au secteur de l’éducation.  L’Equateur, a-t-il poursuivi, subit également les effets délétères de la « dollarisation » de son économie, du poids de la dette extérieure et des contraintes inhérentes au système commercial international. 


Mme Patricia Hoes (Canada) a affirmé que malgré les progrès accomplis, il restait inacceptable que dans de nombreuses parties du monde, les besoins les plus fondamentaux en matière de santé génésique des populations, et particulièrement des femmes et des adolescentes, ne soient  pas satisfaits.  Les effets dévastateurs du VIH/sida dans de nombreuses collectivités du monde mettent en évidence le lien critique qui existe entre le Programme d’action du Caire et les objectifs de réduction de la pauvreté, d’égalité des sexes, et d’alphabétisation.  Le Canada a pris la décision d’offrir un meilleur accès aux médicaments dans les pays en développement, et il a augmenté son enveloppe d’aide internationale de 8% depuis 2002.  Des mesures ont été aussi prises pour ouvrir le marché intérieur à la majorité des pays en développement.  Le Canada soutient les objectifs du Programme d’action, notamment en matière de migrations.


Mme STEFICA STAZNIK (Croatie) s’est associée à la déclaration faite par l’Irlande au nom de l’Union européenne.  Devant faire face aux conséquences de la guerre, la Croatie connaît une faible croissance de sa population, et un faible taux de fécondité.  Le Programme de développement de la population de 1996 a été complété en 2003 par un programme favorable à la famille.  Les résultats actuels montrent que le vieillissement de la population se poursuit, tandis que la population active est en diminution.  Le renforcement du statut des femmes s’accompagne de lois sur l’égalité entre les sexes, notamment pour une participation équitable dans l’administration et la justice.  La loi contre la violence domestique vient compléter ce dispositif.  Les migrations constituent un problème d’ampleur, notamment au regard du retour des réfugiés et des populations déplacées.  3 milliards de dollars ont été alloués à l’habitat ces 10 dernières années.  Le trafic d’êtres humains continue de faire l’objet de l’attention de la Croatie.


M. MARC BICHLER (Luxembourg) a souligné l’urgence de mettre en œuvre des actions pertinentes pour le développement durable.  Il a expliqué que la situation démographique de son pays se distinguait par une population en légère croissance mais toutefois vieillissante.  Cette équation chancelante ne pouvant s’expliquait que par un taux de migration élevé, a-t-il précisé, en indiquant que le taux d’étrangers dans la population luxembourgeoise était de 37%.  Ce phénomène migratoire est amplifié par les 37,8% de travailleurs frontaliers que compte le Luxembourg, a-t-il poursuivi.  Ces caractéristiques démographiques portent en elles les défis de la perpétuation du système maladie et de pensions, d’une densité élevée de la population.  S’agissant de la coopération internationale, le représentant du Luxembourg a notamment indiqué que son pays était depuis 2002 l’un des 20 premiers donateurs du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et consacrait 0,84% de son revenu national brut à l’aide publique au développement. 


M. ALAIN COOLS (Belgique) a noté que le vieillissement affecte tous les pays du monde et les défis de l’avenir seront donc bien différents: la préoccupation de la croissance de la population sera remplacée par celle du vieillissement.  Les politiques devront en tenir compte.  La responsabilisation des jeunes comme des femmes paraît essentielle.  Il faut mettre fin aux inégalités et aux obstacles qui subsistent en matière juridique et dans la pratique, dans le domaine de la propriété, de la santé, et de la lutte contre le VIH/sida.  La prévention de la maladie dépend fortement de la disponibilité de services de santé primaires, notamment de services de santé reproductive et de santé sans risque.  La Belgique apporte son soutien aux pays en développement dans ces domaines.


M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a noté que malgré l’accumulation des richesses et les progrès technologiques fulgurants, la majorité de la population mondiale, en particulier en Afrique, vit dans le dénuement le plus total.  Il est préoccupant de constater qu’en 10 ans la situation a peu changé.  Certes, des progrès ont été notés: baisse du taux de croissance de la population, amélioration du taux de mortalité infantile.  Mais ces progrès n’ont pas été universels.  Une coopération internationale renforcée est indispensable.  Il est regrettable que le montant des ressources ne soit pas à la hauteur des engagements, et il est indispensable que les pays en développement affectent 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement.  La question des migrations appelle à une négociation avec les pays concernés, notamment compte tenu du fait qu’elle ne cesse de croître et qu’elle bénéficie aux pays d’accueil.  La Tunisie a vu son taux de pauvreté se réduire de façon considérable en 10 ans, et l’espérance de vie s’est accrue.  La croissance de la population est maîtrisée.  Le processus d’émancipation de la femme se poursuit.


Liste des orateurs:


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Bangladesh, Egypte, Jamaïque, Cuba, Malaisie, Chili, Ouganda, Fédération de Russie, Norvège, Chine, Botswana, Pays-Bas, Indonésie, Afrique du Sud, El Salvador, Mexique, France, Pologne, Turquie, Algérie, Bolivie, Equateur, Canada, Croatie, Luxembourg, Belgique et Tunisie.


Ont également participé au débat: les représentants de la Banque mondiale, de la Commission économique pour l’Europe, de l’Organisation mondiale de la santé, du Fonds des Nations Unies pour la population, ainsi que le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. 


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