GA/PAL/953

LA REUNION SUR LES REPERCUSSIONS DE LA CONSTRUCTION DU MUR ISRAELIEN DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN CLOT SA SESSION

16/04/2004
Communiqué de presse
GA/PAL/953


Communiqué final


LA REUNION SUR LES REPERCUSSIONS DE LA CONSTRUCTION DU MUR ISRAELIEN

DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN CLOT SA SESSION


Les participants affirment que l'absence de dialogue entre les parties

doit être palliée par une implication active de la communauté internationale


GENÈVE, 16 avril -- La Réunion internationale sur les répercussions de la construction du mur dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et ses alentours, a clôturé ses travaux cet après-midi.  Le document final de la Réunion exprime la profonde préoccupation des participants face aux conséquences humanitaires de la construction du mur sur la population palestinienne.  Les participants notent que l'absence prolongée et totale de dialogue entre les parties impose à la communauté internationale de s'impliquer activement.


Le document final indique par ailleurs que le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, qui a convoqué cette réunion, estime que la portée considérable des conséquences humanitaires, économiques et politiques de la construction du mur méritait un examen plus ample de la part de tous les acteurs de la communauté internationale.  Le document final invite la communauté internationale à respecter l'avis consultatif que va rendre prochainement la Cour internationale de justice et demande au Quatuor de reprendre son rôle de principal intermédiaire dans le processus de paix israélo-palestinien.  Le document réaffirme la responsabilité permanente des Nations Unies s'agissant de tous les aspects de la question palestinienne, et ce jusqu'à ce que cette dernière soit réglée conformément aux résolutions pertinentes de l'ONU.


En fin de séance, M. Nasser Al-Kidwa, Observateur permanent de la Palestine auprès de l'Organisation des Nations Unies, a rappelé que l'Autorité palestinienne considère ce mur comme étant illégal et rendant impossible la création de deux États.  Il a ajouté que la position palestinienne se fonde sur le parcours effectif et concret du mur.  Concernant la récente position commune américano-israélienne, M. Al-Kidwa a affirmé qu'elle viole le droit international et a sonné le glas de la Feuille de route.  Il a par ailleurs affirmé que le moment est venu pour la communauté internationale de songer à d'autres options que la Feuille de route.


Clôturant la réunion, M. Paul Badji, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que la construction du mur est une forfaiture de plus commise par Israël.  Il s'est réjouit que la Réunion ait atteint son objectif et qu'elle ait permis de mettre à nu le danger que constitue, sur le plan politique, économique, humanitaire et juridique, la construction de ce mur.  Il a également appelé Israël à renoncer à sa politique de défiance, à reprendre les négociations avec l'Autorité palestinienne pour instaurer la paix qui doit avoir pour cadre la Feuille de route, qui demeure valable.  À ce sujet, le Président du Comité rappelle que le Quatuor doit s'investir pleinement et sans tarder.


Document final de la réunion


Le document final de la Réunion internationale des Nations Unies sur les répercussions de la construction du mur dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem et alentour, a été par le Rapporteur, M. Victor Camilleri.  Le document souligne que la réunion s'est tenue alors qu'en dépit d'une large opposition de la communauté mondiale, le Gouvernement israélien continuait de construire le mur dans territoire palestinien occupé.  Eu égard à cette situation, le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, sous l'égide duquel cette Réunion est organisée, estime que la portée considérable des conséquences humanitaires, économiques et politiques de la construction du mur mérite un examen plus ample de la part de tous les acteurs de la communauté internationale.


Le document final fait référence aux interventions des différents participants à la Réunion qui ont souligné la complexité du projet et ont déploré ses répercussions dévastatrices, immédiates et à long terme, sur la population palestinienne et ses conséquences désastreuses pour le processus politique.  Au cours de la Réunion, les participants ont également examiné les réactions des Palestiniens et des Israéliens ainsi que la réponse de la communauté internationale.  Ils se sont félicités de l'adoption par l'Assemblée générale de la résolution ES-10/13 (saisissant la Cour internationale de justice) et ont souligné que l'Assemblée exige d'Israël de cesser la construction du mur dans le territoire palestinien occupé et de revenir sur ce projet qui s'écarte de la ligne d'armistice de 1949.  Le document invite la communauté internationale, mais en particulier la puissance occupante, à respecter l'avis consultatif que va rendre prochainement la Cour internationale de justice et à prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir la légitimité internationale.


Le document final note que les conséquences politiques de la construction du mur ont également été au centre des débats.  Les participants ont estimé que cette construction avait de multiples répercussions néfastes sur la situation politique et ont convenu qu'à moins de l'arrêter et de faire machine arrière immédiatement, la construction détruirait toute chance d'instauration d'un État palestinien viable.  Les participants ont par ailleurs exprimé leur profonde préoccupation face aux dangereuses conséquences humanitaires.  Certains participants ont noté avec préoccupation que cette construction pourrait aussi conduire à un déplacement forcé de Palestiniens sur leur propre terre.  Les participants ont également noté qu'en détruisant, confisquant et mettant hors d'accès les terres agricoles et les sources d'eau palestiniennes dans le processus de construction du mur, Israël portait un nouveau coup dévastateur à l'économie palestinienne, qui était au bord de l'effondrement après trois ans de destructions et de restrictions imposées par la puissance occupante.


Les participants ont noté, en outre, que l'absence prolongée et totale de dialogue entre les parties imposait à la communauté internationale de s'impliquer activement.  Ils ont exprimé leur préoccupation face à la démarche de plus en plus unilatérale qui a la faveur du Gouvernement israélien et ont souligné que de telles positions devraient être rejetées par la communauté internationale.  Ils ont invité instamment le Quatuor à reprendre son rôle de principal intermédiaire et facilitateur international dans le processus politique et à réaffirmer son engagement de s'en tenir strictement au droit international.  Les participants ont réaffirmé la responsabilité permanente des Nations Unies s'agissant de tous les aspects de la question palestinienne jusqu'à ce qu'elle soit réglée conformément aux résolutions pertinentes de l'ONU et aux normes du droit international, jusqu'à ce que les droits inaliénables du peuple palestinien soient pleinement réalisés.


Déclarations de clôture


M. NASSER AL-KIDWA, Observateur permanent de la Palestine auprès de l'Organisation des Nations Unies, a rappelé que l'Autorité palestinienne considère ce mur comme étant illégal et rendant impossible la création de deux États.  Il a ajouté que la position palestinienne se fonde sur le parcours effectif et concret du mur.  Si Israël avait construit le mur sur ses propres terres, personne n'aurait contesté sa légalité.  S'agissant de la question de la violence, il a expliqué que le conflit est essentiellement lié à l'occupation israélienne qui s'est transformé en situation colonialiste niant l'existence du peuple palestinien.  Il a souligné que des sanctions collectives et des assassinats sont systématiquement opérés contre le peuple palestinien alors même que les premiers attentats à la bombe ne sont survenus que 27 ans après l'occupation israélienne. 


Concernant la récente position commune américano-israélienne, M. Al-Kidwa a indiqué que cette dernière viole le droit international et a sonné le glas de la Feuille de route.  M. Al-Kidwa a affirmé que le moment est venu pour la communauté internationale de songer à d'autres options que la Feuille de route.  Il a également appelé les Nations Unies à adopter une résolution contre l'occupation israélienne.  M. Al-Kidwa a conclu en indiquant que la communauté internationale doit unir ses efforts pour arrêter la construction de ce mur.


M. PAUL BADJI, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a souligné qu'à travers cette réunion, le Comité a voulu appeler et retenir l'attention de toutes les composantes de la communauté internationale sur l'acte grave qu'est la construction illégale du mur.  Il a ajouté que c'est une forfaiture de plus que commet ce pays.  Il s'est réjouit que la Réunion a atteint son objectif et qu'elle a permis de mettre à nu le danger que constitue, sur le plan politique, économique, humanitaire et juridique, la construction de ce mur.  Le Président du Comité a souligné qu'au cours de cette réunion, de nombreux participants ont affirmé que la construction du mur remet en cause la ligne d'armistice de 1949 et qu'elle a par ailleurs des effets négatifs multiples et viole l'esprit de la Feuille de route.


Le Président du Comité a indiqué que, sur le plan humanitaire, la construction du mur a entraîné la dépossession des biens d'un grand nombre de Palestiniens et une limitation encore plus restrictive à la liberté de mouvement.  Sur le plan économique, la construction du mur a eu pour conséquences la confiscation de terres palestiniennes, le morcellement de l'espace économique palestinien, la rupture des liens commerciaux et l'accroissement de la dépendance économique des Palestiniens vis-à-vis d'Israël.  En conclusion, le Président du Comité a appelé la communauté internationale à agir pour amener Israël à cesser la construction du mur, voire à démolir cette infrastructure.  Il a également appelé Israël à renoncer à sa politique de défiance, à reprendre les négociations avec l'Autorité palestinienne pour instaurer la paix qui doit avoir pour cadre la Feuille de route, qui demeure valable.  À ce sujet, le Président du Comité rappelle que le Quatuor doit s'investir pleinement et sans tarder.


Déclarations dans le cadre du débat sur les conséquences de la construction du mur sur le processus politique israélo-palestinien


Mme BAHIA AMRA (Institut palestinien pour le développement et la santé) a rappelé que cela fait plus de cinquante ans que la population palestinienne souffre de l'occupation israélienne, et le mur n'est qu'une étape de plus de cette politique.  Mme Amra a souligné que la population palestinienne ne peut plus se déplacer et qu'il est très difficile d'aller d'un village à un autre pour transférer les malades ou apporter de l'aide aux populations.  Au départ, il fallait passer par les postes de contrôle, mais maintenant il y a le mur, a-t-elle souligné, citant l'exemple de Jérusalem-Est, où le passage par quatre points de contrôle est obligatoire pour se rendre à Ramallah et la distance à parcourir importante malgré la proximité des lieux.  Le mur empêche les étudiants de se rendre à l'Université, et lorsqu'une personne est malade, elle doit obtenir une autorisation pour être soignée.  Les élèves doivent se lever très tôt pour aller à l'école car ils doivent avoir le temps de passer tous les postes de contrôle.  S'agissant de la situation économique, il y a plus de 70 % de chômeurs dans le territoire occupé en raison des restrictions à la liberté de mouvement, a-t-elle ajouté.


Mme Amra a indiqué que les Palestiniens construisent leur État depuis 1993 mais que tout est détruit à présent.  Les Nations Unies doivent protéger les droits des Palestiniens, a-t-elle souligné, en se demandant combien de temps la population palestinienne devra encore attendre pour jouir enfin de ses droits.  Selon Mme Amra, la solution passe par la constitution de deux États; elle a appelé la communauté internationale à se rendre sur le terrain pour être témoin de la situation vécue actuellement par les Palestiniens.  Nous allons poursuivre cette lutte pour construire une société démocratique, a-t-elle indiqué, ajoutant que les résolutions des Nations Unies doivent être appliquées.  Mme Amra a mis l'accent sur l'illégalité du mur et a affirmé que les Palestiniens vivent désormais en prison.  Elle a par ailleurs tenu à exprimer la souffrance du peuple palestinien qui souhaite élever ses enfants dans de meilleures conditions.  La Palestine a besoin du soutien des Nations Unies et de l'Union européenne, a répété Mme Amra. 


M. HUSSEIN HASSOUNA (Ligue des États arabe) a indiqué que cette réunion intervient dans le cadre des négociations qui se sont déroulées à Washington et au cours desquelles le problème de la construction du mur a été évoqué.  Dans sa lettre du 14 avril, M. Sharon a indiqué qu'Israël allait accélérer la construction de la barrière de sécurité même si elle n'est que temporaire.  M. Hassouna a rappelé que lors d'une réunion de la Ligue des États arabes il y a deux ans, les États membres ont déployé d'importants efforts en vue d'atteindre une paix globale dans la région.  Il a ajouté que lors du prochain sommet, la Ligue devra prendre en considération la situation actuelle dans les territoires occupés.  En rendant son avis consultatif, la Cour international de justice a l'occasion d'étudier des questions de fond et ce, malgré les objections d'Israël à propos de la compétence de la Cour sur cette affaire.


M. Hassouna a indiqué que le mur constitue un obstacle au processus de paix, une violation du droit international humanitaire et une fragmentation de la Palestine.  Par ailleurs, le mur ne respecte pas le tracé de la ligne verte et viole plusieurs normes en matière de droits de l'homme.  Si la Cour internationale de justice reconnaît le caractère illégal du mur, Israël devrait avoir pour obligation de dédommager les Palestiniens, a estimé M. Hassouna.  Les Nations Unies doivent intensifier leurs efforts afin de trouver une solution au processus de paix conformément au droit international, a-t-il ajouté, en concluant que la construction du mur sape tous les efforts du processus de paix.


M. MOSSI RAZ, Directeur de la Coalition pour la paix israélo-palestinienne, a indiqué qu'il appartenait au camp de la paix en Israël.  Les Palestiniens ne souffrent pas en raison de la barrière, mais à cause de son parcours, a-t-il affirmé tout en condamnant toute forme de violence de part et d'autre.  M. Raz a indiqué que les pertes en vies humaines étaient beaucoup moins importantes ces six derniers mois, notamment grâce au mur.  Il a souligné que le règlement du différend passe par un traité de paix.  Par ailleurs, une partie de la population israélienne est défavorable au mur car il signifie la fin du Grand Israël et reconnaît implicitement les frontières de 1967.  S'agissant de la Feuille de route, M. Raz a indiqué qu'il était moins surpris par son non-respect de la part des Israéliens et des Palestiniens que de la part de ses parrains.  Il a ajouté que la société civile des deux nations doit jouer un rôle très important et doit être soutenue par la communauté internationale.


M. VICTOR DE CURREA LUGO (Palestinian Environmental NGO Network - PENGON) a rappelé que la campagne contre le mur est un mouvement coordonné par la structure PENGON pour démontrer que ce mur est une forme d'apartheid.  La campagne réclame la restitution des terres palestiniennes et tente de sensibiliser la communauté internationale à ce problème.  M. de Currea Lugo a cité comme exemple l'instauration de la «Journée contre le mur», qui a été célébrée le 9 novembre dernier et au cours de laquelle 70 manifestations ont eu lieu dans 128 pays.  À Rome, près de 30 000 personnes ont assisté à l'une des campagnes de PENGON et près de 35 ONG participent à cette campagne de sensibilisation contre le mur en Espagne.  Le représentant de PENGON s'est interrogé sur la possibilité de créer un État palestinien compte tenu de l'édification du mur qui ne respecte pas le tracé de la ligne verte.  Il a ajouté qu'il est impossible de parler d'État palestinien avec la construction de ce mur.  M. de Currea Lugo a conclu que tout accord, même signé par l'Autorité palestinienne et soutenu par la communauté internationale et les Nations Unies, ne peut se faire en dehors du droit international.


Plusieurs représentants d'organisations non gouvernementales ont interrogé M. Raz au sujet de sa position s'agissant de certains effets bénéfiques de la construction du mur.  Dans sa réponse, M. Raz a indiqué qu'il n'était pas un expert juridique, mais qu'il serait étonné d'entendre que la barrière serait illégale si elle était construite sur la ligne verte.  Il a ajouté que le parcours de la barrière est sans cesse modifié et qu'une partie du mur a été démolie et transférée à l'ouest.  M. de Currea Lugo a confirmé, pour sa part, que le mur a bien été construit sur la ligne verte. 


M. Hassouna a quant à lui rappelé que le transfert forcé de populations est un crime de guerre.  Il a ajouté qu'il faut revenir à la table des négociations et cesser d'ériger ce mur.  M. Hassouna a affirmé que dans l'hypothèse où la Cour internationale de justice donne un avis relevant le caractère illégal du mur, cela aura des conséquences, notamment en matière de dédommagement des populations palestiniennes.  Il a ajouté qu'une volonté politique de la communauté internationale était nécessaire, ainsi qu'une campagne diplomatique et une mobilisation de la société civile afin de résoudre ce problème. 


Le représentant de la Syrie a dénoncé le caractère raciste de ce mur et a demandé à Israël de restituer tous les territoires occupés, y compris le Golan.  Il a ajouté qu'Israël n'a pas quitté le Liban par souci de respecter les résolutions de l'ONU, mais bien en raison de la pression qui a été exercée.


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