LES MINISTRES DE L’ENVIRONNEMENT ESQUISSENT LE TABLEAU DES MESURES A PRENDRE POUR GARANTIR DES PROGRES POUR UN MEILLEUR ACCES A L’EAU, A L’ASSAINISSEMENT ET A UN LOGEMENT DECENT
Communiqué de presse ENV/DEV/772 |
Commission du développement durable
18e et 19e séances – matin et après-midi
LES MINISTRES DE L’ENVIRONNEMENT ESQUISSENT LE TABLEAU DES MESURES A PRENDRE POUR GARANTIR DES PROGRES POUR UN MEILLEUR ACCES A L’EAU, A L’ASSAINISSEMENT ET A UN LOGEMENT DECENT
Entamant la dernière ligne droite de sa session annuelle, la Commission du développement durable a invité, d’ici à la fin de la semaine, les Ministres de l’environnement à identifier les obstacles et les contraintes dans la réalisation des objectifs fixés dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains, à examiner les meilleures pratiques et à tirer les enseignements de l’expérience acquise pour former une base solide et factuelle des décisions à prendre. Ces tâches, précisées par le Président de la Commission et Ministre de l’environnement de la Norvège, ont été accompagnées d’un avertissement « Nous ne sommes pas en voie, d’ici à 2015, de garantir à deux milliards de personnes de plus un assainissement de base et de l’eau potable à 1,6 milliard d’individus supplémentaires. Nous ne sommes pas non plus en voie d’améliorer la vie de 100 millions de personnes qui vivent dans des taudis ».
L’avertissement du Président de la Commission, Borde Brende, a été suivi d’un autre lancé par le Secrétaire général qui, après avoir salué l’avancée importante marquée par l’adoption du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, a mis en garde contre « un enchevêtrement de problèmes inextricables » si une démarche intégrée n’est pas privilégiée. Kofi Annan a rappelé la création, le mois dernier, du Conseil consultatif pour l’eau et l’assainissement dont l’objet est de faire connaître les problèmes qui se posent et d’aider à mobiliser les ressources.
La question des ressources additionnelles a été au coeur de l’intervention du Conseiller spécial du Secrétaire général pour les Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Présentant le « Projet du Millénaire », Jeffrey Sachs a énoncé quelques mesures à prendre d’urgence. « Nous n’avons pas fait assez mais les objectifs fixés peuvent être réalisés dans chaque pays du monde si la volonté et l’appui international tant attendu existent », a-t-il dit avant de plaider pour l’augmentation de l’aide publique au développement (APD). Cette aide ne représente que 50 milliards par an alors que les dépenses militaires s’élèvent à 900 milliards. Le Conseiller spécial de Kofi Annan a ainsi appelé à l’harmonisation du système d’aide au développement et à la création d’un mécanisme mondial de financement. Toujours au titre des mesures à prendre, Jeffrey Sachs a préconisé une révision de la notion de gestion durable de la dette, une véritable libéralisation commerciale et une plus grande implication des sociétés transnationales et des organisations scientifiques et technologiques.
« Le manque de moyens est en effet un aspect crucial qui empêche les pays en développement de s’acquitter de leurs obligations », a dit en écho le Ministre des finances du Qatar, Yussef Hussein Kamal, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Les pays en développement ont pris des mesures importantes pour inclure les exigences du développement durable dans leurs politiques nationales, a affirmé Yussef Hussein Kamal qui a appelé la communauté internationale à créer un environnement favorable à la mobilisation des ressources. Le financement du développement durable, a précisé le Ministre de l’environnement de l’Irlande, exige l’établissement de partenariats, notamment entre les secteurs public et privé. Il exige aussi, a poursuivi Martin Cullen, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, une bonne gouvernance, par le respect du droit, le maintien de la stabilité, une gestion économique saine et la mise en place d’un processus démocratique permettant la participation de tous. « La coopération au développement ne sera efficace et durable que si les pays intéressés s’engagent en faveur de la démocratie et des droits de l’homme », a clarifié le Ministre irlandais.
Ces propos ont reçu l’adhésion de la Sous-Secrétaire d’Etat pour les questions internationales des Etats-Unis qui a particulièrement insisté sur les principes du libre marché. Paula Dobriansky a rappelé la création par son Gouvernement d’un compte pour le développement, alimenté chaque année d’un milliard de dollars, ainsi que le lancement de l’Initiative « eau pour les pauvres ». A la suite de ces interventions, plus de 30 pays ont procédé à un échange d’expériences nationales, avant d’approfondir la question de la création d’un environnement favorable à la réalisation des objectifs relatifs à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains, sur les plans des politiques, de la gouvernance et du financement.
Dans ce cadre, le débat entre ceux qui considèrent que l’accès à l’eau relève des droits de l’homme et ceux qui prônent une privatisation des ressources, a été rappelé par l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a entendu les appels répétés des Ministres de l’environnement visant à impliquer plus activement les bureaux régionaux des institutions spécialisées des Nations Unies dans le domaine du renforcement des capacités nationales. L’eau est un problème local qu’il faut régler localement et non plus au niveau des bureaucraties internationales, a acquiescé l’ancien Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et membre du Conseil consultatif du Secrétaire général, Michel Camdessus. A cet égard, de nombreuses suggestions ont été faites aujourd’hui, dont celle du Secrétaire d’Etat à l’environnement du Luxembourg. Eugène Berger a appuyé la poursuite des négociations concernant le renforcement de la position du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ainsi que les démarches d’une meilleure structuration de la gouvernance internationale en matière d’environnement.
La Commission du développement durable poursuivra son segment ministériel, demain jeudi 29 avril à 10 heures.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005
Eau, assainissement et établissements humains
Réaliser les objectifs convenus et les calendriers – Les principaux éléments pour le développement durable
Débat de haut niveau
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a indiqué que les progrès accomplis pour parvenir au développement durable étaient, au mieux, mitigés. Sur le plan positif, des accords importants ont été adoptés, en particulier le Plan de mise en œuvre de Johannesburg. De nouvelles conventions internationales contraignantes sont entrées en vigueur. L’aide publique au développement s’est remise à augmenter après de longues années de déclin. Les partenariats se multiplient, de même que les initiatives d’entreprises citoyennes. Pourtant, de graves problèmes persistent, a nuancé le Secrétaire général. Les ressources naturelles sont assaillies de toutes parts. Les modes de consommation et de production non viables demeurent la norme. La déforestation et la perte de la biodiversité ne ralentissent que de façon imperceptible. Des menaces énormes pèsent sur les petits Etats insulaires dont les plus vulnérables pourraient purement et simplement disparaître. Si les Etats-Unis et la Fédération de Russie ne ratifient pas le Protocole de Kyoto, nous ne pourrons véritablement nous attaquer au problème des changements climatiques, a prévenu le Secrétaire général. En outre, l’attention des dirigeants politiques a été détournée du développement durable par le terrorisme, les armes de destruction massive et la guerre en Iraq.
La présente session, a rappelé le Secrétaire général, est axée sur l’eau, l’assainissement et les établissements humains. L’eau est intimement liée à l’éducation et à l’égalité des sexes. Les filles qui doivent passer des heures à aller chercher l’eau dont leur famille a besoin ne vont généralement pas à l’école. L’eau est liée à la santé puisque chaque année, des millions d’enfants contractent des maladies liées à l’eau, souvent mortelles, et des milliers d’autres sont victimes de l’absence de services d’assainissement et du manque d’hygiène. L’eau est aussi liée à la protection de l’environnement et à l’urbanisation de la pauvreté. Elle est parfois même source de conflit, au sein des pays ou entre eux. Les enjeux sont donc élevés. A défaut de démarche intégrée, nous pourrions nous retrouver face à un enchevêtrement de problèmes inextricable, a mis en garde le Secrétaire général avant de souligner que si beaucoup pouvait être fait à l’échelle internationale, c’est finalement aux niveaux national et local que devaient avoir lieu les interventions relatives à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. C’est dans cette optique qu’a été crée le mois dernier le Conseil consultatif pour l’eau et l’assainissement dont l’objet est de faire connaître les problèmes qui se posent et d’aider à mobiliser des ressources. En conclusion, le Secrétaire général a demandé à la Commission du développement durable d’être un observateur vigilant qui définisse des orientations cohérentes et utiles. (Pour la version intégrale veuillez consulter notre communiqué de presse SG/SM/9280: http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/SGSM9280.doc.htm)
M. BORDE BRENDE, Ministre de l’environnement de la Norvège et Président de la Commission du développement durable, a indiqué que les tâches à accomplir, dans les trois derniers jours de la douzième session de la Commission du développement durable, concernaient l’identification des obstacles et des contraintes, l’examen des meilleures pratiques et des leçons apprises et la conduite d’un examen qui constituera une base solide et factuelle des décisions à prendre. Les faits parlent d’eux-mêmes, a précisé M. Brende. L’impact social du manque d’assainissement de base est un mal aussi choquant que le sida, mais aussi guérissable que la polio. En respectant simplement les objectifs de l’assainissement d’ici à 2015, on réaliserait chaque année un gain économique de l’ordre de 63 milliards de dollars pour un coût de seulement 11 milliards de dollars. Concernant l’eau, 90% des eaux usées ne sont pas traitées à nouveau, ce qui engendre des conséquences sur les écosystèmes et les moyens d’existence. S’agissant des établissements humains, le Ministre norvégien a fait observer que si les villes constituent un moteur de la croissance, l’urbanisation rapide impose une pression sévère sur les économies dans le monde en développement. Le nombre des taudis augmente de façon alarmante, a-t-il poursuivi.
Des progrès ont été réalisés, a-t-il toutefois noté. Pendant les années 90, 900 millions de personnes ont eu accès à l’eau potable, tandis qu’un milliard d’individus dans les pays en développement ont bénéficié d’une amélioration de l’assainissement. Mais cela ne suffit pas. Selon lui, nous n’avons pas fait assez pour améliorer la situation des habitants des bidonvilles, et d’ici à 2015, nous ne sommes pas en voie de garantir à deux milliards de personnes de plus un assainissement de base et de l’eau potable à 1,6 milliard d’individus supplémentaires. Réaliser ces objectifs est possible, a-t-il assuré, si nous faisons plus, si nous le faisons bien et si nous agissons dès maintenant, a conclu M. Brende.
M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général pour les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), présentant le « Projet du Millénaire », a rappelé qu’il y a quatre ans, 150 chefs d’Etat et de gouvernement ont ouvert le nouveau Millénaire en prenant des engagements pour mettre fin à la pauvreté extrême qui afflige la planète au milieu de tant de richesses, de sciences et de technologies. En adoptant la Déclaration du Millénaire et en la complétant par le Consensus de Monterrey et le Programme de mise en œuvre de Johannesburg, le monde a promis de travailler ensemble pour quantifier les cibles et les réaliser d’ici à 2015. « Nous n’avons pas fait assez mais ces objectifs peuvent être réalisés dans chaque pays du monde si la volonté et l’appui international tant attendu existent », a estimé M. Sachs. Il a rappelé que ces derniers temps, les gouvernements du Sud ont mis au point des programmes ingénieux qui n’ont jamais reçu l’aide requise. « Ne gaspillons pas le temps qui nous reste », a dit le Conseiller spécial avant de préconiser certaines mesures.
Il faut, a-t-il dit, donner aux pays à faible revenu les moyens de réaliser les ODM et leur assurer que l’aide publique au développement (APD) sera mise à leur disposition. Il revient à ces pays, a reconnu M. Sachs, d’évaluer leurs besoins avec sérieux et d’établir un cadre de politique nationale réaliste. Quelques 900 milliards de dollars sont dépensés chaque année dans le domaine militaire alors que l’APD ne représente que 50 milliards, a-t-il fait remarquer en préconisant, en conséquence, une augmentation substantielle de l’APD et une révision de la notion de gestion durable de la dette. M. Sachs a aussi appuyé la création de la facilité mondiale de financement avant d’appeler à une harmonisation du système d’aide au développement pour le rendre plus stable et plus prévisible. M. Sachs a enfin prôné une véritable libéralisation du commerce et l’engagement renforcé des sociétés transnationales et des organisations scientifiques et technologiques.
M. YUSSEF HUSSEIN KAMAL, Ministre des finances du Qatar, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les pays en développement avaient pris des mesures importantes afin d’inclure le développement durable dans leurs politiques nationales. Cependant, il revient à la communauté internationale de créer un environnement propice pour mobiliser les ressources et transférer les technologies. Le manque de moyens est en effet un aspect crucial qui empêche les pays en développement de s’acquitter de leurs obligations. L’aide publique au développement doit en outre augmenter si l’on veut achever les Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Le commerce international est aussi un aspect important du développement durable. A cet égard, le Ministre a regretté que les progrès dans ce domaine soient encore faibles, notamment en matière d’accès aux marchés et de levée des barrières tarifaires. Ces subventions modifient les prix mondiaux et ne permettent pas aux pays en développement d’entrer en concurrence sur le marché mondial, a-t-il regretté.
Cette douzième session de la Commission du développement durable doit s’attacher à identifier les obstacles et faire en sorte que la situation s’améliore, a poursuivi le Ministre. Les partenariats, a-t-il estimé, constituent un outil complémentaire mais ne devraient substituer aux efforts déployés par les gouvernements. Ces partenariats doivent en outre refléter les priorités des gouvernements récipiendaires et pas seulement des donateurs. En l’état actuel, le Ministre a également regretté que ces partenariats ne reposent pas sur une véritable intégration géographique et sectorielle. Pour leur part, les agences et les programmes des Nations Unies jouent rôle essentiel en matière de développement durable. Le potentiel de ces institutions spécialisées doit être exploité et leurs actions doivent totalement refléter les priorités définies par les gouvernements. La coordination interinstitutions est aussi un aspect important. Les institutions spécialisées doivent suivre les directives et respecter les mandats qui ont fait l’objet d’accords entre les gouvernements. Enfin, le Ministre a attiré l’attention sur les conditions particulières des petits Etats insulaires en développement et des pays africains qui doivent faire l’objet d’un traitement particulier.
M. MARTIN CULLEN, Ministre de l’environnement, du patrimoine et du Gouvernement local de l’Irlande, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, s’est félicité de la venue de M. Kofi Annan, la première d’un Secrétaire général des Nations Unies devant une commission technique. Selon M. Cullen, cette présence montre l’intérêt porté par M. Annan aux questions de développement durable.
Le principal succès des travaux de la Commission résiderait dans le fait de l’identification des obstacles, des contraintes et des défis qui nous empêchent de mettre en œuvre nos engagements, a souligné le Ministre irlandais. Au nombre de ces contraintes et défis, il faut citer le financement du développement durable, qui exige l’établissement de partenariats, notamment entre les secteurs public et privé, une bonne gouvernance qui permettrait de formuler des lois et de les faire appliquer, le transfert des technologies, ainsi que la participation de tous les acteurs de la société civile, en particulier des femmes. M. Cullen a également plaidé pour une gestion intégrée des ressources hydrauliques et a souligné l’importance de l’enseignement et de la parité entre les sexes. Il faut également chercher, a-t-il dit, à assurer un processus de suivi des progrès, notamment par les Nations Unies, afin de prévoir les moyens appropriés pour financer ce processus.
Mme PAULA DOBRIANSKY, Sous-Secrétaire d’Etat pour les questions internationales des Etats-Unis, a rappelé l’engagement ferme de son pays en faveur du développement durable et l’importance qu’il accordait à la bonne gouvernance, la transparence et l’accès libre aux marchés. Chaque pays doit prendre ses responsabilités en matière de développement, a-t-elle ajouté. Les Etats-Unis sont même allés au-delà des programmes traditionnels de développement en créant un compte pour le développement, alimenté chaque année d’un milliard de dollars.
Mme Dobriansky a en outre plaidé en faveur de politiques nationales fondées sur la promotion de la liberté économique. Les Etats-Unis appuient également le développement de partenariats entre le secteur public et le secteur privé et ont mis en place, dans ce cadre, l’initiative « eau pour les pauvres » qui est un programme de trois ans visant à développer l’accès à l’eau et à l’assainissement pour les plus démunis. Dans le cadre de cette initiative, plus de 100 activités sont mises en œuvre. Les Etats-Unis sont aussi engagés en faveur de la santé et souhaitent lutter fermement contre le VIH/sida. En cinq ans, 15 milliards de dollars ont été consacrés à cette lutte. En conclusion, Mme Dobriansky a lancé un appel pour que la Commission explore les moyens permettant de traduire les déclarations en mesures concrètes.
Mme YURIKO KOIKE, Ministre de l’environnement du Japon, a rappelé que son pays, à la lumière des leçons amères apprises du passé, avait introduit l’une des législations les plus strictes au monde en matière de déchets industriels. Elle a souhaité que les autres pays, en particulier les pays développés, s’inspirent de cette initiative. Mme Koike a par ailleurs indiqué que son pays, qui luttait efficacement contre la pollution de l’eau, avait mis en place un cycle de l’eau extrêmement sain.
Rappelant l’importance que le Japon accordait à la coopération internationale dans les questions touchant à l’eau, elle a fait en outre mention des statistiques de l’OCDE-DAC qui placent son pays au premier rang mondial des donateurs dans les secteurs de l’eau potable et de l’assainissement. Ces mêmes statistiques montrent que le Japon a contribué pour pas moins d’un tiers de l’aide mondiale au cours de la période de trois ans entre 1999 et 2001.
M. LIU JIANG, Ministre et Vice-Président de la Commission nationale du développement et de la réforme de la Chine, après avoir regretté le déclin de l’APD et l’impasse dans les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a rappelé à chaque pays sa responsabilité d’adopter des stratégies correspondant à ces conditions spécifiques. Il a, dans ce contexte, appelé la communauté internationale la tâche à créer un climat propice au développement économique en tenant compte des difficultés et besoins des pays en développement. En la matière, il est important d’accorder une aide adéquate, a souligné le Ministre, avant de préconiser un renforcement des Nations Unies pour galvaniser la volonté politique de la communauté internationale.
Abritant une grande population, a-t-il poursuivi, la Chine est confrontée à un manque de ressources et à un développement régional déséquilibré. Après des années de travail soutenu, le pays a jeté les bases de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM) qui sont le fondement de sa politique de développement. Le Gouvernement chinois a, en effet, mis au point une vision scientifique du développement qui se veut globale, équilibrée et durable. Il s’agit, a expliqué le Ministre, de se servir des ODM pour créer une société prospère. Il a conclu en attirant l’attention sur la Conférence internationale organisée le mois dernier, dans son pays, par son Gouvernement et le Bureau des Nations Unies en Chine, sur la réalisation des ODM.
M. MOHAMMED ELYAZGHI, Ministre de l’eau et de l’environnement du Maroc, a rappelé qu’en juin 2003, son pays avait accueilli à Marrakech une conférence sur les modes de production et de consommation durables. L’objectif de cette rencontre était de souligner la nécessité d’intégrer les trois dimensions du développement durable, à savoir les dimensions économiques, sociales et environnementales afin d’élaborer des politiques et de les intégrer aux stratégies nationales du développement durable. Le Maroc est soumis à des conditions climatiques particulières et difficiles, a poursuivi le Ministre. L’eau est donc une priorité et des politiques ont été élaborées à ce sujet. Le déclin des ressources hydriques au cours de ces trente dernières années a créé de nombreuses difficultés. Il faut donc établir un nouveau cadre pour une meilleure gestion des ressources en eau.
Au Maroc, les communautés locales ont participé au processus de prise de décisions et la distribution d’eau a été rationalisée pour faire face à une demande accrue. Le but est de rationaliser l’utilisation de l’eau et de faire en sorte que d’ici à 2007 les systèmes d’assainissement et d’adduction d’eau soient bien meilleurs. La construction d’établissements humains durables est aussi une priorité car ces derniers contribuent à la stabilité de la famille. Le Maroc a donc pris des mesures visant à améliorer les conditions de vie et à construire de nouveaux logements. Il est grand temps, a estimé en conclusion le Ministre, que la communauté internationale redouble d’efforts pour supprimer les obstacles qui empêchent le développement durable. Il faut en particulier favoriser les partenariats et la coopération internationale.
M. JÜRGEN TRITTIN, Ministre de l’environnement de l’Allemagne, a plaidé pour la mise en œuvre d’une gestion intégrée des ressources en eau. Le secteur de l’eau, a-t-il ajouté, exige une intervention active de toutes les parties prenantes locales. Il n’y a pas de produits de remplacement pour l’eau comme c’est le cas pour le pétrole, a noté M. Trittin. C’est pourquoi, les gouvernements doivent s’engager plus fermement. Il convient, selon lui, d’évaluer les conséquences de la privatisation dans la gestion de l’eau. Il faut abandonner les subventions et revoir les prix. Disons-le clairement, a-t-il déclaré, la bonne gouvernance ne peut pas être privatisée. Le Ministre allemand a rappelé que l’eau et l’assainissement étaient au centre des activités de coopération et de développement de l’Allemagne. Il a notamment souligné la nécessité de trouver des installations de désalinisation de l’eau qui soient alimentées par des sources nouvelles. Il a enfin rappelé l’importance de trouver de bons financements et d’assurer une bonne gouvernance.
M. KWAK KYUL HO, Ministre de l’environnement de la République de Corée, a espéré que l’« Initiative Jeju », adoptée à l’issue de la Réunion ministérielle du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), inspirera les travaux de la Commission sur les questions de l’eau, de l’assainissement et des écosystèmes. Venant à la politique nationale, il a indiqué qu’entre 1999 et 2001, le pays a adopté toute une série de lois spéciales sur les quatre fleuves en partant d’une approche prudente fondée sur les écosystèmes et la demande. Des zones tampons ont été délimitées le long des rives et des rivières pour prévenir une trop grande exploitation des sols. En outre, des taxes sur l’utilisation de l’eau ont été imposées à ceux qui habitent en aval de ces rivières. Avouant qu’il a fallu trois ans pour trouver un équilibre entre les intérêts divergents des parties prenantes, le Ministre a espéré que l’expérience de son pays s’avèrera utile à d’autres pays.
Mme SIV FRIDLEIFSDOTTIER, Ministre de l’environnement de l’Islande, a souligné l’importance de faire participer les femmes dans toute mesure prise sur le terrain en matière de développement durable car ce sont elles qui assument le plus lourd fardeau lié notamment à la pénurie d’eau. L’Islande, a fait savoir la Ministre, n’utilise que 1% de l’eau disponible. Si la pénurie d’eau est un problème inconnu dans ce pays, le Gouvernement mène cependant une gestion intégrée des ressources en eau, des montagnes à l’océan en passant par les côtes, car les problèmes de l’eau douce ne prennent pas fin lorsque les conduites se déversent dans les fleuves et les deltas. La pollution côtière est en effet un véritable enjeu car elle peut affecter les écosystèmes dans leur ensemble. Enfin, la Ministre a estimé qu’il fallait améliorer l’assainissement et la santé dans les villes afin d’empêcher les perturbations de l’environnement.
M. SHAHJAHAN SIRAJ, Ministre de l’environnement et des forêts du Bangladesh, a affirmé que son pays était parvenu au cours de ces dernières années à réduire de moitié la croissance démographique, à faire baisser d’un tiers la mortalité infantile et à assurer son autonomie alimentaire. Une partie de la population, a précisé le Ministre, est sortie de la misère extrême depuis deux décennies. Selon M. Siraj, il faut engager d’énormes investissements dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains. Les ressources financières font défaut, a-t-il constaté, de même que les technologies. Les pays les moins avancés se trouvent particulièrement désavantagés, la communauté internationale devant faire plus pour les aider et établir des partenariats. L’eau est un mode de vie pour le Bangladesh, a assuré le Ministre. La disponibilité de l’eau est pour nous une question de vie ou de mort. Nous accordons donc une grande importance à la réalisation des objectifs et au respect des délais, a-t-il insisté. La communauté internationale doit respecter ses engagements.
M. PETR MARES, Vice-Premier Ministre de la République tchèque, a affirmé que le processus de transition dans lequel son pays s’est engagé depuis plusieurs années tient dûment compte des impératifs de la protection de l’environnement. Dans le domaine des établissements humains, le projet « Vivre en bonne santé » a donné des résultats satisfaisants, a-t-il indiqué avant d’en venir à la question de l’eau. La restructuration de la gestion de l’eau qui est intervenue, entre 1992 et 2002, a permis de réduire de 75%, les sources de pollution. Cela a été possible grâce à l’application du principe de « pollueur-payeur », l’élimination des subventions, la décentralisation, la privatisation et le développement des usines de traitement de l’eau. Ces succès ont conduit à une sensibilisation accrue aux problèmes de l’environnement, a encore affirmé le Vice-Premier Ministre avant d’aborder la question de l’aide au développement. Il a fait valoir une « certaine expérience » que son pays est prêt à partager avec les pays intéressés. Quelques 20 projets sont en cours d’exécution dans des pays en développement, a-t-il annoncé avant d’appuyer l’approche intégrée dans l’examen les trois thèmes de la session. La promotion de l’éducation à l’environnement est une condition préalable aux objectifs fixés, a-t-il prévenu.
Mme MARIAN HOBBS, Ministre de l’environnement et Ministre associée aux affaires étrangères et au commerce de la Nouvelle-Zélande, a estimé qu’à présent, il fallait se pencher sur la question de savoir comment réaliser les buts et les objectifs définis lors des sommets mondiaux. A cet égard, elle a estimé que l’intégration des politiques était essentielle afin de ne pas dissocier le développement durable de la justice sociale et économique et de la protection de l’environnement. L’eau est élément crucial du développement durable. Il faut la protéger contre les pesticides pour préserver la biodiversité et la vie humaine. La Nouvelle-Zélande travaille pour sa part avec ses petits voisins insulaires du Pacifique. La gestion de l’eau dans ces petits Etats revêt des caractéristiques uniques qu’on ne doit pas ignorer et les plans définis à cet égard doivent tenir compte des priorités définies par ces Etats eux-mêmes. La question de la conservation de l’eau est véritablement transversale et relève aussi bien du département de l’agriculture, du Ministère des finances, des transports ou encore du gouvernement local. Enfin, la Ministre a réitéré la nécessité d’intégrer et de planifier les politiques en matière d’eau à l’échelle national et régionale, ce que la Nouvelle-Zélande a commencé à faire dans la région du Pacifique.
M. NEWTON KULUNDU, Ministre de l’environnement du Kenya, a indiqué que le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Plan de Johannesburg faisait état de progrès lents et limités en Afrique. Ma région, a-t-il affirmé, va rencontrer d’importantes difficultés pour réaliser les engagements pris à Johannesburg dans le cadre de la mise en œuvre d’Action 21, si elle ne bénéficie pas d’un soutien financier et technique adéquat. La coopération permettrait au Kenya de respecter ses objectifs. Le Ministre a également souligné l’importance d’une combinaison des ressources publiques et privées pour assurer un développement durable. Le Gouvernement du Kenya a placé la lutte contre la pauvreté et la lutte contre le chômage au centre des priorités de sa stratégie de développement économique, a indiqué le Ministre. La communauté internationale doit être déterminée pour nous aider à réaliser nos objectifs, a-t-il conclu.
M. TUDELA, Ministre de l’environnement du Mexique, a indiqué que les efforts de son pays en matière de gestion de l’eau exigent un montant d’un 1 milliard de dollars par an au niveau fédéral. La réalisation des objectifs convenus, a-t-il dit, exigera que l’on double ce budget. Au-delà de l’aspect financier, le pays s’est engagé dans une réforme structurelle de grande ampleur. Sur le plan juridique, une structure nationale a été mise au point qui se fonde sur la participation sociale et la gestion des bassins. Le Ministre a conclu en rappelant la tenue au Mexique, en mars 2006, du quatrième Forum mondial de l’eau.
M. MOHAMMED IBRAHIM SOLIMAN, Ministre du logement de l’Egypte, a rappelé que les rapports du Secrétaire général faisaient mention de différences dans les niveaux d’application des objectifs du développement durable. C’est pourquoi, il faut prendre en compte les situations particulières lors de l’élaboration des politiques nationales et déployer des efforts supplémentaires pour faire face aux obstacles plus efficacement. Le développement de partenariats entre le secteur public et le secteur privé ainsi que la mobilisation d’investissements est importante. Cependant, la responsabilité principale en matière d’infrastructure revient aux gouvernements, d’où la nécessité d’augmenter l’aide publique au développement et de créer un environnement économique favorable aux pays les plus pauvres.
Dans le domaine du logement, a fait savoir le Ministre, l’Egypte a mis en place des stratégies pour fournir des logements adéquats aux pauvres. Son pays entend également encourager le secteur privé à investir dans ce domaine. L’Egypte a d’ailleurs déjà construit 52% des logements réservés aux pauvres, s’est félicité le Ministre. Dans le domaine législatif, le Gouvernement a harmonisé sa législation pour équilibrer les relations entre le propriétaire et le locataire. Un des défis majeurs qui se pose à l’Egypte, a poursuivi le Ministre, est la croissance démographique et le manque de terrains pour la construction. C’est pourquoi, son Gouvernement a mis en place un plan de développement jusqu’en 2017 pour anticiper la croissance urbaine. Un autre défi est le faible volume des investissements et la nécessité de tenir compte de la dimension sociale du développement. Aussi, le Ministre a-t-il suggéré que la présente session de la Commission aboutisse à l’adoption de résultats équilibrés et à la formulation de recommandations concrètes pour la prochaine session.
M. DAVID KEMP, Ministre de l’environnement et du patrimoine de l’Australie, a axé son intervention sur l’importance que peut jouer le secteur privé dans le processus de développement durable. Selon lui, le secteur privé est mieux placé pour gérer les fonds. Une bonne structure de marché est le meilleur moyen d’affecter les ressources afin de répondre à la demande, a-t-il précisé. On ne devrait pas sous-estimer ce que peuvent apporter les entrepreneurs locaux. Leur capacité à répondre à la demande locale, notamment en matière d’assainissement et d’amélioration des conditions d’hygiène pour les femmes, constitue, selon lui, un élément essentiel. M. Kemp a en outre invité la communauté internationale à mieux prendre en considération les défis auxquels sont confrontés les petits Etats insulaires en développement.
Mme ANAELISA OSORIO, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Venezuela, a réaffirmé que la Constitution de son pays reconnaît l’accès au logement comme un droit. Dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, elle a indiqué que désormais 88% de la population ont accès à l’eau potable et 74% disposent de systèmes de collecte d’eaux. En outre, a-t-elle encore indiqué, les progrès réalisés par les services d’assainissement ont permis de réduire les taux de mortalité et de morbidité causées par les maladies liées à l’eau. Pour 2015, le Venezuela s’est fixé comme objectif d’atteindre les taux de 100% dans l’adduction d’eau potable et 60% dans le traitement des eaux usées. La communauté internationale, a poursuivi la Ministre, doit renforcer les mécanismes de coopération au développement. Elle a voulu que les travaux de la Commission soient abordés de manière équilibrée entre les trois piliers du développement. La Mission a aussi plaidé pour le renforcement de la coopération Sud-Sud, le réexamen des mécanismes de coopération régionale, la mobilisation de ressources additionnelles et un meilleur transfert des technologies.
En matière de développement durable, Mme MARGARET BECKETT, Secrétaire d’Etat au département de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales du Royaume-Uni, a estimé qu’il fallait se concentrer sur la mise en œuvre des objectifs définis lors des sommets internationaux et faire en sorte que toutes les parties prenantes y participent. Il ne s’agit pas seulement des gouvernements et des agences de l’ONU mais également de la société civile et du secteur privé. Des plans d’action clairs doivent être définis pour cette mise en œuvre. Il faut également tirer les enseignements des expériences des uns et des autres. A cet égard, les communautés locales jouent un rôle essentiel et elles doivent s’approprier les processus qui ont été couronnés de succès. En outre, les partenariats ne doivent pas servir de prétexte pour exempter les gouvernements de leurs obligations en matière de développement durable, a conclu Mme Beckett.
M. PRADIPTO GHOSH, Ministre de l’environnement et des forêts de l’Inde, a assuré que son pays reconnaissait l’importance cruciale des initiatives prises dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains pour améliorer la qualité de vie des pauvres. Les efforts de l’Inde pour réaliser les objectifs de développement dans le domaine de l’eau potable, de l’assainissement et du logement sont permanents, a affirmé le Ministre. Ils dépassent même largement ceux fixés dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de Johannesburg. En matière d’eau potable, a précisé M. Ghosh, 73% des Indiens disposent chez eux d’une source d’alimentation, 22% en bénéficient à moins de 100 mètres de leur domicile, et le reste à plus de 100 mètres. L’Inde, a-t-il noté, a lancé une campagne d’assainissement total. Il a par ailleurs souligné l’importance de l’information, de l’éducation et de la communication. Selon le Ministre indien, l’un des principaux obstacles auxquels nous sommes confrontés pour réaliser les objectifs fixés, c’est la recherche des technologies nécessaires.
M. OLVER, Ministre de l’environnement de l’Afrique du Sud, a rappelé qu’en 1994, son pays avait mis en place un programme « ambitieux » de développement axé notamment sur les questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains. Aujourd’hui, 10 millions de Sud-Africains ont accès à l’eau et un plan a été mis au point pour améliorer les installations d’ici à 2008. Il est possible, a affirmé le Ministre, de réaliser les objectifs dans les temps. L’identification de ces objectifs permet des politiques ciblées et une meilleure mobilisation des ressources. En la matière, l’élément le plus important est la volonté politique, a conclu le Ministre en attirant toutefois l’attention de la Commission sur la situation des pays africains à faible revenu qui, sans aide extérieure, ne pourraient réaliser les Objectifs de développement du Millénaire.
M. ALBERTO DIAZ LOBO, Vice-Président du Honduras, a estimé qu’en matière de développement durable, l’éducation et l’information revêtaient une importance particulière. C’est pourquoi, son Gouvernement a mis en place des projets visant à intégrer les objectifs du développement durable dans les différents secteurs de la société. La formation concerne aussi bien des fonctionnaires de haut niveau que les jeunes, les femmes et les enfants. Des ateliers sont aussi organisés en faveur du secteur privé pour encourager les entreprises à mieux s’acquitter de leurs responsabilités sociales. Le Honduras s’efforce en outre de former des fonctionnaires des gouvernements locaux afin de dépasser la centralisation actuelle des politiques. Le Honduras est très vulnérable aux catastrophes naturelles et pour faire face à cette situation, le Gouvernement a mis en place de nouveaux services météorologiques fiables afin, notamment, de lutter contre les inondations qui provoquent de grandes pertes.
M. NAROLLAH KAZEMI-KAMYAB (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays, en appliquant ses plans de développement nationaux, avait pris des mesures sérieuses pour améliorer l’accès de la population à l’eau potable, à un assainissement de base et au logement, en particulier des personnes les plus vulnérables. Toutefois, malgré ces efforts, les besoins dans ces trois domaines ont excédé les limites financières et les capacités technologiques du pays, a-t-il précisé. Les discussions de ces 10 derniers jours ont ainsi souligné la nécessité de poursuivre les efforts entrepris par la communauté internationale, y compris des agences des Nations Unies, des institutions financières de Bretton Woods et des donateurs, conformément à leurs engagements, pour soutenir les pays en développement et les aider à réaliser leurs objectifs. Les débats ont également mis en lumière les conséquences graves des catastrophes naturelles, ainsi que les problèmes liés à l’eau, à l’assainissement et au logement. Dans ce contexte, il est nécessaire de renforcer la coopération, par exemple en créant des centres régionaux spécialisés. Nous devons rester fermement engagés en faveur des objectifs de Johannesburg, car c’est la clef du développement durable, a-t-il conclu.
M. GNACHDJA, Ministre de l’environnement du Bénin, a souhaité que la déclaration de Jeffrey Sachs soit entendue et que la Commission du développement durable devienne un organe effectif et efficace de la mise en œuvre des ODM. Dans le domaine des établissements humains, il a indiqué que son Gouvernement a mis au point des programmes facilitant l’accès à un financement adéquat et l’appui au secteur privé pour la construction de logements à loyer modéré. Le pays, a-t-il poursuivi, est caractérisé par un accès difficile en eau. En 1990, une personne sur trois n’avait pas accès à l’eau et la situation était pire en milieu rural. En 1994, le Gouvernement a lancé un certain nombre de projets visant à assurer une couverture de 70%. La réalisation des objectifs fixés n’est pas possible sans des capacités nationales et un doublement des financements, a-t-il prévenu avant d’appeler à un renforcement de la coopération régionale et internationale.
M. DENYS GAUER, Ambassadeur délégué à l’environnement de la France, a rappelé que la stratégie de son Gouvernement en matière de développement durable adoptée en juin 2003 avait mobilisé l’ensemble des ministres. Leurs administrations ont intégré l’objectif du développement durable dans les politiques dont elles assument la responsabilité. La société civile a également été associée à ce travail de rédaction et sera amenée à suivre la mise en œuvre du plan d’action transversal qui engage les politiques publiques sur cinq ans. En matière de mise en œuvre des stratégies de développement durable, le représentant a souhaité que l’expérience acquise par les administrations des différents pays qui ont mené cet exercice soit partagée en tenant compte des différences culturelles, sociales, économiques, environnementales et institutionnelles. A cet égard, la France se propose de monter un projet-pilote avec l’aide d’un pays du nord et d’un pays du sud afin de développer une méthodologie reproductible. Cette démarche se veut pragmatique, progressive et volontaire.
M. PIETER VAN GEEL, Secrétaire au logement et à l’environnement des Pays-Bas, a souligné la nécessité d’une évaluation complète des obstacles auxquels la communauté internationale est confrontée pour réaliser ses objectifs en matière de développement durable. Identifier les obstacles est une chose, mais il reste à les surmonter, a-t-il fait remarquer. Entre cette session et la prochaine, la Commission du développement durable doit faire des propositions en ce sens. M. Van Geel a appelé tous les acteurs, à l’intérieur ou à l’extérieur du système des Nations Unies, y compris les institutions financières internationales, à nous expliquer les moyens de surmonter ces obstacles et de réaliser les défis. La Commission doit faire des propositions pour surmonter ces obstacles. Le Ministre néerlandais a également plaidé en faveur d’une participation active du secteur privé et des autres parties prenantes. La confiance dans les partenariats est aussi un mot clef, a-t-il considéré. Asseoir une crédibilité et une vision partagée entre les partenaires prend du temps. C’est pourquoi, il ne suffit pas de parler de confiance, il faut aussi la bâtir, a-t-il conclu.
Prince TURKI BIN NASER BIN ABDULAZIZ AL-SAUD, Chef de l’agence nationale de la météorologie et de la protection de l’environnement d’Arabie saoudite, a indiqué que son pays travaille à l’amélioration du réseau d’assainissement, en y impliquant le secteur privé. Il a souligné, dans ce contexte, l’importance du transfert des technologies et du renforcement des capacités. Il a espéré que les institutions spécialisées des Nations Unies joueront le rôle qui leur revient, en les appelant à tenir compte des priorités des pays. Le Prince Turki d’Arabie saoudite a conclu en souhaitant que la Commission traite, de manière équilibrée, les trois piliers du développement durable.
Mme BOHN (Suède) a rappelé que son pays avait adopté des politiques en matière de développement durable fondées sur le partage des responsabilités au sein du Gouvernement. Le représentant a également souligné l’importance du partage des responsabilités entre pays développés et pays en développement. Ces derniers doivent s’attacher à promouvoir la bonne gouvernance et les droits de l’homme. Les pays développés doivent, quant à eux, montrer l’exemple et développer notamment des politiques agricoles saines tout en respectant leurs engagements en faveur de l’aide publique au développement.
M. IAN JOHNSON, Vice-Président de la Banque mondiale, a indiqué que le respect des objectifs fixés en matière d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et au logement constituait un impératif moral. Nous ne serons satisfaits que lorsque toute personne y aura accès. M. Johnson a reconnu qu’il existait effectivement des moyens pragmatiques qui nous permettraient de progresser, sachant que les gouvernements ont un rôle actif à jouer. Il a ainsi souligné l’importance des investissements. Les projets financés par la Banque mondiale sont adaptés aux spécificités de chacun des pays concernés, a-t-il assuré, précisant que son organisme avait également développé des partenariats très larges. En tant que communauté de donateurs, nous devons travailler plus encore en faveur des pays en développement, a-t-il conclu.
M. JOHN MONYO, Directeur-général adjoint du Département du développement durable de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a fait observer que l’agriculture fournit un bon exemple de l’approche intégrée en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains. L’agriculture, a-t-il rappelé, est le plus grand utilisateur d’eau douce. La culture irriguée produit 40% des aliments dans le monde et représente toute la production de céréales dans le monde développé. Rappelant les dispositions du Programme d’action de la FAO sur la sécurité alimentaire, M. Monyo a souligné que l’élimination de la faim est essentielle à la réalisation de tous les ODM. Il a indiqué que selon les estimations, 140 millions de personnes souffrent de la faim. Il est temps, a-t-il dit, de penser à l’avenir et de prendre les mesures nécessaires pour réaliser les objectifs fixés.
Créer un milieu favorable à tous les niveaux – Politiques, gouvernance et finances
Déclarations
M. MARK MALLOCH-BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé que les maladies liées à l’eau étaient responsables de la mort de 3,5 millions personnes par an mais que, contrairement à la lutte contre le VIH/sida, les investissements publics et privés avaient diminué en la matière. L’eau n’a pas su captiver l’imagination collective internationale de la même façon que la lutte contre le VIH/sida alors qu’elle contribue à l’amélioration de l’état de santé général des populations. Il existe toujours un conflit entre ceux qui considèrent que l’accès à l’eau relève des droits de l’homme et ceux qui prônent une privatisation des ressources. La solution se trouve sans doute à mi-chemin par le biais de la constitution de partenariats novateurs, a estimé M. Malloch-Brown. Le PNUD, pour sa part, réfléchit aux moyens d’améliorer les efforts et le rôle des petites et moyennes entreprises qui gèrent les questions liées à l’eau et à l’assainissement.
M. MICHEL CAMDESSUS, ancien Directeur généraldu Fonds monétaire international (FMI), a estimé que l’eau était essentielle à la réalisation des trois piliers du développement durable que constituent la croissance, la justice et la préservation de l’environnement. Les institutions financières ont entrepris un travail important pour modifier nos règles de fonctionnement, notamment dans le domaine des garanties et des prêts aux collectivités locales, a-t-il souligné. M. Camdessus s’est dit convaincu que le travail de ces institutions locales allait s’intensifier. Les gouvernements doivent, de leur côté, s’atteler aux changements nécessaires et promouvoir les mesures urgentes que nous avons énumérées dans notre rapport, a-t-il affirmé. Il est évident que peu de changements ont eu lieu sur le terrain, a remarqué le Directeur du FMI, le risque étant de manquer les objectifs fixés. Il est indispensable que le rythme de changement s’accélère, a-t-il considéré. Il s’agit, selon lui, pour les gouvernements, de placer la politique concernant l’accès à l’eau et à l’assainissement au niveau le plus élevé de leurs priorités. L’eau est avant tout un problème local qu’il faut régler localement et non plus au niveau des bureaucraties internationales. Par ailleurs, les pays industrialisés doivent aller plus loin, a-t-il poursuivi. Il faudrait doubler les ressources financières consacrées à la question de l’eau. M. Camdessus a également affirmé qu’il n’y avait d’autre moyen de faire face à l’urbanisation galopante que de donner vie à des partenariats entre le secteur public et le secteur privé. Ils sont, a-t-il jugé, la seule chance de régler le problème gigantesque des grandes conurbations urbaines du tiers-monde.
La création d’un environnement favorable exige, a déclaré M. MARTIN CULLEN, Ministre de l’environnement, du patrimoine et du Gouvernement local de l’Irlande, en s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, la participation de toutes les parties prenantes des secteurs public et privé. Les mesures doivent concerner le financement, la gouvernance, l’éducation et la formation, le rôle des femmes ainsi que les capacités institutionnelles, la mise au point de mécanismes financiers novateurs et souples et l’accès au crédit. L’attraction et la bonne utilisation des ressources financières demeurent la clef du succès, a insisté le Ministre. Il a précisé, en l’occurrence, que les investissements étrangers directs (IED) sont difficiles à attirer dans un contexte de risques commerciaux et politiques, de déficit dans la gouvernance, et d’absence de projets sains et de capacités nationales adéquates.
Le Ministre a tout de même reconnu que pour les pays les moins avancés (PMA), l’aide publique au développement (APD) demeurera une source importante de financement. Il a ensuite appelé les décideurs politiques à apprécier à sa juste valeur le lien entre les investissements dans l’eau et l’assainissement, la santé publique, le développement économique et social et la protection de l’environnement, en particulier pour les femmes. Le Ministre a aussi souligné l’importance de l’éducation dans la promotion du lien entre assainissement, hygiène et santé. Les autorités publiques ont la responsabilité d’assurer l’accès universel aux services de base. La décentralisation de la gestion en faveur des autorités et communautés locales est un élément essentiel mais, a-t-il fait observer, les autorités locales ont des ressources limitées et un faible pouvoir de décision. La sécurité d’occupation et l’accès au crédit sont également des facteurs importants de la durabilité des communautés. Les défis du développement relèvent d’une responsabilité partagée mais chaque pays est responsable de ses progrès dans la réalisation des ODM et du Plan de mise en œuvre de Johannesburg. Chaque pays, a conclu le Ministre, doit s’engager en faveur de la bonne gouvernance à tous les niveaux, de la démocratie et des droits de l’homme pour rendre plus efficace et plus durable la coopération au développement.
Mme MARGOT WALLSTROM, Commissaire à l’environnement à la Commission européenne, a déclaré qu’il était essentiel de faire face aux pressions sur l’environnement provoquées par nos modes de consommation, en particulier dans les pays développés. Nous devons aller au-delà de ce que nous avons accepté à Johannesburg, a ajouté la Commissaire européenne. Au sein de l’Union européenne, nous avons pris des mesures qui facilitent la cohérence entre nos politiques internes et nos engagements internationaux. La réforme européenne des politiques de l’agriculture et de la pêche représente ainsi un effort important vers plus de durabilité, a-t-elle observé. Elle a également souligné que l’initiative sur l’eau lancée par l’Union européenne après le Sommet de Johannesburg constituait une contribution majeure pour réaliser les objectifs en matière d’eau et d’assainissement.
Elle a ainsi annoncé que l’Union européenne avait débloqué une aide d’un demi milliard de dollars pour soutenir cette initiative. Mme Wallstrom a jugé essentiel de travailler avec la société civile et les institutions financières. Il est clair, a-t-elle néanmoins estimé, qu’il faut faire davantage en faveur des pays en développement. Il nous faut intégrer la durabilité dans les domaines politiques, a-t-elle conclu.
M. FRANCIS BABU, Ministre du travail, du logement et des travaux publics de l’Ouganda, au nom des Ministres africains, a attiré l’attention sur les multiples mécanismes de développement durable dont l’Afrique s’est dotée, en s’attardant sur Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il est ensuite passé aux obstacles du bon fonctionnement de ces mécanismes en citant la lenteur de la croissance économique et la vulnérabilité des économies aux chocs extérieurs, le faible niveau des capacités institutionnelles, le manque de ressources pour financer la mise en place des infrastructures, les catastrophes naturelles, la prévalence des épidémies comme le VIH/sida ou la malaria, l’urbanisation galopante et l’inexpérience du secteur privé. Il a donc appelé la communauté internationale à accroître son appui aux pays africains, en particulier à des initiatives telles que « L’eau et les villes africaines » ou encore le portefeuille de projet pour l’eau en Afrique. La communauté internationale doit aussi, a-t-il dit, honorer ses engagements en matière d’APD, réformer les politiques commerciales, accélérer le transfert des technologies, contribuer au renforcement des capacités. Il a conclu en attirant l’attention sur le rapport de la réunion d’examen pour l’Afrique qui s’est tenue à Addis-Abeba, en décembre 2003.
Mme HILDE FRAFJORD JOHNSON, Ministre du développement international de la Norvège, a souligné l’importance des femmes dans la mise en oeuvre de politiques en faveur du développement durable. La participation du secteur privé au niveau communautaire est également un élément crucial. De même, il faut habiliter les pauvres. Les succès des gouvernements dépendent en outre des directions nationales mises en place, notamment en termes de lutte contre la corruption et d’investissement dans les ressources humaines. La crise de la gouvernance est essentiellement due, selon la Ministre, à l’absence d’investissements, d’infrastructures et de services publics. Afin d’améliorer les politiques en matière d’aide, il faut, selon Mme Johnson, mettre fin à la liberté des donateurs qui définissent des centaines de milliers de projets et de rapports qui n’aboutissent qu’à un gaspillage des ressources. Les ressources doivent aller à ceux qui en ont besoin, a-t-elle rappelé. La Norvège est pour sa part prête à augmenter son APD à hauteur de 1% du budget mais l’APD elle seule ne peut pas tout faire. Il faut aussi des investissements du secteur privé, a conclu la Ministre.
Mme SYLVIA T. MASEBO, Ministre pour les collectivités locales et du logement de la Zambie, a affirmé que des progrès considérables avaient été accomplis dans son pays pour réaliser les objectifs fixés à Johannesburg. L’absence de ressources financières constitue cependant un véritable goulot d’étranglement, a-t-elle déclaré. Si nous ne bénéficions pas de financements adéquats pour venir en aide aux pauvres, le logement devient tout à fait théorique. La Ministre zambienne a préconisé l’annulation de la dette pour permettre aux pays en développement de se concentrer sur les initiatives nouvelles. Il faudrait également que les donateurs honorent leurs engagements, a-t-elle souligné.
M. DAVID ANDERSON, Ministre de l’environnement du Canada, a estimé que, pour gérer de façon valable les ressources hydriques et la biodiversité, il fallait une bonne information fondée sur des faits scientifiques pour mesurer les progrès accomplis dans le cadre des Objectifs de développement du Millénaire et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg. Cependant, avant d’intégrer les trois piliers du développement durable, il faut aussi des institutions fortes pour chacun d’entre eux. Les problèmes liés à l’eau ne pourront être résolus que s’il existe une plus grande transparence à l’égard des Etats Membres dans ce qui est accompli en matière de coopération entre les institutions, de suivi et de présentation des rapports sur la question. Il faut en outre examiner les autres conventions qui sont en vigueur, comme la Convention Ramsar, pour voir comment nous pouvons exécuter plus efficacement les différents aspects du programme relatif à l’eau. Le Ministre a enfin souligné la nécessité de déterminer des mesures concrètes et de définir des priorités en vue de régler les problèmes liés à l’eau.
M. SERGE LEPELTIER, Ministre de l’environnement et du développement durable de la France, a estimé que les objectifs fixés pouvaient être atteints, mais supposaient l’engagement de tous. Le ministre français a constaté un décalage entre l’ambition des objectifs et les moyens de les réaliser. Il faut faire vivre les partenariats de Monterrey, a-t-il notamment souligné. Selon M. Lepeltier, il faut progresser en matière d’aide publique au développement. La France, a-t-il ajouté, l’a portée à 0,5% de son PIB d’ici à 2007, l’objectif étant de passer à 0,7% d’ici à 2012. Des instruments financiers adaptés doivent être également développés, y compris au niveau local. Il convient par ailleurs de promouvoir les principes de bonne gouvernance pour l’accès à l’eau et à l’assainissement et d’instituer un cadre de références incitatives pour permettre l’accès de tous aux services de base.
M. RODRIGUEZ, Ministre de l’environnement et de l’énergie du Costa Rica, a constaté avec regret que la possibilité de réaliser les ODM reculait de plus en plus. De même, pour de nombreux pays en voie de développement, la croissance économique est faible. Un des aspects qui freine les efforts en faveur d’une croissance durable réside dans la faible coordination des systèmes de gestion. C’est pourquoi, le Costa Rica a mis en place un consensus national en matière d’environnement et de développement durable. En ce qui concerne l’eau, le Ministre a indiqué que les ressources de son pays sont considérables mais le traitement des eaux usées demeure très médiocre: les eaux sont déversées dans les fleuves sans être traitées. C’est pourquoi, il a lancé un appel pour une mobilisation de ressources supplémentaires afin de traiter les eaux usées.
M. DAVID KEMP, Ministre de l’environnement et du patrimoine de l’Australie, a souligné le rôle du secteur privé, de la demande et de marchés bien structurés pour la réalisation des objectifs de développement durable. Il a ensuite cité la primauté du droit, la stabilité et la sécurité ainsi qu’une gestion économique saine comme conditions préalables à la croissance économique et au développement humain. Les pays qui ne réunissent pas ces conditions ne seront jamais en mesure de tirer pleinement profit des ressources au développement générées par les IED, la libération du commerce et l’épargne. Il a, dans ce contexte, invité la communauté internationale à explorer le lien entre commerce, aide extérieure et politique de l’environnement.
M. JAN-ERIK ENESTAM (Finlande) a cité la bonne gouvernance, une législation appropriée, une planification intégrée, des capacités et des ressources financières suffisantes comme éléments d’un environnement favorable aux progrès en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains. Il a déclaré que son pays était disposé à coopérer avec les pays en développement dans la réalisation des objectifs fixés. En l’occurrence, le représentant a jugé important d’intégrer les questions de l’eau et de l’assainissement dans les Documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP).
M. ABDUVOKHID KARIMOV, Président de la Commission gouvernementale sur l’environnement et la forêt du Tadjikistan, a rappelé que son pays renfermait 60% des ressources en eau potable de l’Asie centrale. Mais, la moitié seulement de la population a accès à cette eau potable, a-t-il fait remarquer. Il a ajouté que 40% de la population vivaient le long des rivières transfrontalières. Tout en appelant à une aide internationale, M. Karimov a souhaité que les institutions internationales puissent formuler des propositions avant la 13e session de la Commission du développement durable. Il faut, a-t-il ajouté, travailler sur des possibilités de coopération. Cette décennie doit être une décennie d’actions concrètes, a-t-il affirmé.
Soulignant l’importance de la coopération transfrontalière, M. MIKLOS PERSANYI, Ministre de l’environnement et de l’eau de la Hongrie, a fait savoir que dans son pays, 95% des eaux provenaient d’autres pays. Il a insisté sur le lien qui existait entre le module thématique qui est à l’ordre du jour de la 12e session de la Commission du développement durable et les questions liées à l’énergie, les transports, les changements climatiques et la biodiversité. En conclusion, il a lancé un appel pour renforcer la coopération internationale dans tous ces domaines.
M. MOK MARETH, Ministre de l’environnement du Cambodge, a affirmé que les pays développés devraient aider les pays en développement à atteindre les objectifs définis dans le cadre du Sommet du Millénaire et du Sommet de Johannesburg. Au Cambodge, la pauvreté a été réduite de 3% de 1993 à 1998. Seulement 30% de la population des villes ont accès à l’eau potable, a-t-il précisé, indiquant que son pays aurait vraisemblablement un retard d’une dizaine de points dans l’objectif concernant l’accès à l’eau potable. M. Mareth a noté que l’essentiel de l’aide venant de l’étranger allait aux autorités locales dans le cadre de la politique de décentralisation entreprise au Cambodge. Le Gouvernement s’est par ailleurs engagé à adopter une politique en faveur des pauvres. Afin d’assurer une utilisation équitable de l’eau, le Cambodge approfondit sa coopération avec ses pays voisins. Il s’est en outre engagé à assurer une bonne gouvernance. Le Cambodge envisage des réformes dans de nombreux domaines de la vie politique, économique et sociale, même si la tâche semble herculéenne. C’est pourquoi, explique l’aide de la communauté internationale est essentielle.
M. BALA M. MANDE, Ministre de l’environnement du Nigéria, a indiqué que les efforts de son Gouvernement ont été compromis par des ressources financières inadéquates, une forte croissance démographique et l’urbanisation. Il a aussi cité le manque de capacités et de technologies, le fardeau de la dette extérieure et l’absence d’accès aux marchés. Le Nigéria et d’autres pays africains ne pourront pas réaliser les Objectifs de développement du Millénaire (ODM) sans une aide extérieure, en a-t-il conclu en arguant que le NEPAD fournit à la communauté internationale le cadre nécessaire d’un partenariat substantiel et bénéfique. Dans ce cadre, il a appelé à une augmentation de l’APD, à la facilitation de l’accès aux marchés, à une aide au renforcement des capacités ainsi qu’à un appui au transfert des technologies. Il a aussi appelé la communauté internationale à envisager des mécanismes pour la mobilisation de ressources supplémentaires, dont l’échange de la dette contre des actions en faveur du développement durable. Le règlement du problème de la dette demeure un défi qu’il faut relever de toute urgence, a–t-il insisté.
M. EUGENE BERGER, Secrétaire d’Etat à l’environnement du Luxembourg, a expliqué le manque d’avancées dans la mise en œuvre des ODM par le manque de moyens financiers adéquats et une gouvernance déficiente. Concernant le premier point, il a estimé que les solutions techniquement et financièrement adaptées au contexte local sont les plus appropriées. Le système des microfinancements représente sans aucun doute une piste à soutenir afin de développer des marchés locaux de capitaux, a-t-il dit. Dans les pays en développement où les financements privés sont minoritaires, a-t-il néanmoins reconnu, il est crucial d’encourager l’APD. L’eau est une ressource indispensable à la vie humaine. C’est donc un bien public et l’APD ne devrait pas se substituer à l’obligation des gouvernements concernés dans ce domaine clef du développement, a insisté le Secrétaire d’Etat. Les efforts en matière de financement ne peuvent être efficaces que s’ils vont de pair avec une meilleure gouvernance, a-t-il prévenu. Il a plaidé, en l’occurrence, pour des approches en faveur des bassins hydrographiques transfrontaliers en tenant compte de la globalité de l’écosystème dans son ensemble. Compte tenu de l’importance des défis en la matière, le Secrétaire d’Etat a appuyé la poursuite du débat sur le renforcement de la position du PNUE ainsi que les démarches en faveur d’une meilleure structuration de la gouvernance internationale en matière d’environnement.
M. IGOR STRMSNIK (Slovénie) a décrit l’éventail des activités que son Gouvernement entreprend, dont les campagnes de sensibilisation sur le thème « Initiative pour le développement durable – Je forge l’avenir ». La participation des parties prenantes, a-t-il dit, se fait par l’intermédiaire du Conseil gouvernemental du développement durable qui est composé de représentants des ministères, des syndicats, des organisations d’employeurs, des partenaires locaux et des ONG. Les organisations de la société civile sont particulièrement actives et se sont, à plusieurs reprises, avérées être les forces motrices des initiatives. Le représentant a conclu en appelant la Commission à écarter les approches sectorielles pour adopter une démarche intégrant les aspects économiques sociaux et environnementaux du développement durable. A cet égard, il a souhaité la création d’un environnement favorable à l’entreprise privée et aux investisseurs.
Mme BRIGITTE SYLVIA MABANDLA, Ministre du logement de l’Afrique du Sud, a jugé essentiel d’établir de bons partenariats avec les communautés dans les domaines où des programmes ont été établis, ainsi qu’avec le secteur privé, notamment pour financer ces programmes. En Afrique du Sud, a-t-elle poursuivi, des subventions gouvernementales sont allouées aux collectivités locales pour qu’elles puissent répondre à leurs besoins et que les plus pauvres du pays puissent accéder aux services de base à des prix raisonnables.
Mme MIRIAM HARAN, Directrice générale du Ministère de l’environnement d’Israël, a fait savoir qu’après le Sommet de Johannesburg, tous les Ministères avaient mis en place leurs propres stratégies de développement durable. Israël est situé dans une région aride qui souffre d’une pénurie grave en eau. Les sources sont souvent contaminées en raison de l’existence de zones urbaines très peuplées. C’est pourquoi Israël a décidé d’adopter une approche holistique respectueuse de l’environnement. Le Gouvernement a aussi mis en place des usines de traitement des eaux usées. Il s’est fixé pour objectif d’utiliser 50% de ces eaux pour l’agriculture. Mais, seulement 25% des eaux usées sont actuellement réutilisés. De même, le Gouvernement souhaite parvenir à une utilisation d’environ 20% de l’eau dessalée pour l’agriculture, a conclu la Ministre.
M. SUWIT KHUNKITTI, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la Thaïlande, a appelé au renforcement de la coopération des pays de la région avec les bureaux régionaux de l’ONU. Il a ensuite fait part du cadre de coopération sous-régional que son pays a mis au point avec le Cambodge, la République démocratique populaire lao et le Myanmar. Pour créer un environnement favorable au développement durable au niveau national, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a entrepris des réformes institutionnelles et réglementaires. Reconnaissant que la lutte contre la pauvreté est aussi un élément essentiel d’un environnement favorable au développement durable, le Gouvernement a mis en place une politique consistant, entre autres, à faciliter l’accès de tous aux soins de santé, à suspendre pour trois ans le remboursement de la dette des agriculteurs ou encore à installer des institutions spécialisées pour le microcrédit. Le Ministre a jugé important que les efforts nationaux soient appuyés par un environnement extérieur favorable avant de promouvoir la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.
M. BERHANU TAMRAT, Ministre des affaires fédérales de l’Ethiopie, a affirmé que les objectifs du processus de planification en cours dans son pays, qui intègre des programmes de réduction de la pauvreté, correspondaient à ceux du Millénaire. Des efforts sont entrepris pour combler le manque de ressources humaines et financières, a-t-il indiqué. Les réformes complètes, qui visent à améliorer les principes démocratiques locaux, à fournir des services de santé ou d’éducation, représentent un véritable défi pour des pays comme l’Ethiopie, a estimé M. Tamrat. Soulignant les efforts engagés pour développer l’irrigation, capter l’eau, remettre en état des réseaux d’approvisionnement en eau urbains et ruraux, le Ministre a rappelé que seulement 30% des Ethiopiens avaient accès à une eau dite améliorée, 85% de cette population vivant dans les zones urbaines. Il s’est dit cependant conscient du rôle que joue la société civile et le secteur privé pour réduire la pauvreté et encourager la croissance économique.
A la question de savoir comment il était possible d’arriver à une participation importante du secteur privé, M. JOHN TURNER (Etats-Unis) a indiqué que les pays donateurs et les pays en développement devaient travailler en étroite collaboration pour trouver des solutions financières durables, lesquelles pouvaient se traduire par des prêts locaux subventionnés ou encore la promotion du microcrédit. L’allègement de la dette et la mise en place de fonds de roulement peuvent également contribuer à ces efforts. Tout cela ne pourra remplacer l’aide publique au développement (APD), a précisé le représentant mais c’est un bon moyen d’obtenir davantage de ressources financières et d’encourager l’augmentation de l’APD.
M. AMBROSE GEORGE, Ministre de l’environnement et de l’agriculture de la République dominicaine, a souligné que le principal défi auquel son pays était confronté était de trouver de nouvelles façons de convaincre la communauté internationale de la vulnérabilité des populations des petits Etats insulaires en développement. M. George a en effet constaté que le manque de sensibilité de la part de la communauté internationale constituait un handicap dans la réalisation du développement durable. Le Ministre a souligné l’importance d’accorder aux petits Etats insulaires en développement des financements à des conditions très favorables, auxquels devraient s’ajouter des investissements étrangers directs. Les besoins en investissements étrangers directs sont également nécessaires dans d’autres domaines clefs, comme ceux de l’énergie, de la science et des technologies.
M. VILLU REILJAN, Ministre de l’environnement de l’Estonie, a fait savoir que son pays assumait sa part de responsabilité face à la promotion du développement durable. Différents programmes sont élaborés qui tiennent compte d’éléments spécifiques dans plusieurs domaines. Des plans de gestion des bassins fluviaux et ressources hydriques transfrontalières avec les pays voisins sont notamment mis en place. En outre, depuis 1975, la grande majorité de la population a accès à une eau transmise par des canalisations fermées. Cependant, il est nécessaire de dégager plus d’investissements pour mieux utiliser les ressources en eau et améliorer les infrastructures. Le Ministre s’est également félicité de ce que son pays soit parvenu à réduire de près de 71% le niveau de pollution des eaux depuis une décennie grâce à l’utilisation, entre autres, de prêts et des dons venant de l’étranger. En conclusion, le Ministre a souhaité que la prochaine session de la Commission du développement durable se mette d’accord sur des actions nouvelles et concrètes permettant de mettre en œuvre le Plan de Johannesburg car, a-t-il dit, le coût de l’inaction dépassera le coût de l’action.
M. NANDCOOMAR BODHA, Ministre de l’agriculture et des ressources naturelles de l’île Maurice, a souligné l’importance d’une bonne gouvernance au niveau national ainsi qu’au niveau international pour permettre le développement durable. Le Ministre a souhaité que les petits Etats insulaires en développement puissent participer plus activement aux processus décisionnels, M. Bodha a mis l’accent, en matière d’établissements humains, sur les dangers croissants que représentent les événements climatiques extrêmes. Les ouragans deviennent de plus en plus sévères et les périodes de sécheresse durent de plus en plus longtemps, a-t-il affirmé. Les petits Etats insulaires en développement ne disposent malheureusement pas de ressources financières suffisantes pour y faire face. M. Bodha a donc lancé un appel pour que les partenaires de son pays en matière de développement honorent leurs engagements.
M. PRADIPTO GHOSH, Ministre de l’environnement et des forêts de l’Inde, a fait savoir que son pays avait mis en place des plans de décentralisation centrés sur l’habilitation des femmes car ces dernières sont en effet des acteurs clefs d’une bonne gestion de l’eau et de l’assainissement. L’Inde reconnaît également la grande contribution que peuvent apporter les organisations non gouvernementales en matière de développement durable. Le Gouvernement a aussi encouragé différentes initiatives prises par des médias indépendants pour renforcer la participation de la population et répondre aux préoccupations en matière de protection de l’environnement. En outre, le représentant a estimé que la notion de bonne gouvernance devait s’appliquer à tous les niveaux, des gouvernements aux entreprises.
M. BEAT NOBS (Suisse) a estimé que les efforts devraient être axés sur les pays les plus vulnérables. Il n’y a pas de plan unique pour remplir les objectifs fixés, a-t-il considéré, énumérant les quatre éléments essentiels qu’il faut prendre en compte. Tout d’abord, la gestion des ressources hydriques ne peut être efficace sans une bonne gestion des écosystèmes, a-t-il souligné. En matière d’assainissement, a-t-il poursuivi, les budgets sont minimes, tandis que la qualité des biens et des services est mauvaise, d’où la nécessité de faire participer le secteur privé. En troisième lieu, pour réaliser les objectifs concernant l’accès à l’eau et à l’assainissement, il convient de faciliter une collaboration plus étroite entre tous les acteurs, pouvoirs publics, société civile ou entreprises privées. Enfin, a-t-il conclu, pour réaliser les défis énormes auxquels nous sommes confrontés dans le domaine de l’eau, une politique de suivi cohérente des différentes activités en cours est indispensable.
M. RAOUF H. DABBAS (Jordanie) a indiqué que dans son pays, l’eau n’est pas seulement une question de développement durable mais un facteur limitant les capacités de développement. Malgré tout, le Gouvernement a pu couvrir les besoins de 95% de la population, ce qui est un objectif rarement atteint par les pays en développement. En outre, 92% de la population a accès aux services d’assainissement. Détaillant les efforts que son pays doit encore déployer, le représentant a souligné l’importance de l’appui international dans l’accès aux technologies abordables et écologiquement saines et le financement des infrastructures d’assainissement dans le milieu rural. Il a aussi souligné la nécessité de renforcer le rôle des institutions des Nations Unies qui devraient se servir de leurs bureaux régionaux pour travailler au renforcement des capacités nationales. Qualifiant tout de même l’expérience de son pays de succès, le représentant a indiqué que son Gouvernement est prêt à l’étendre à tout le pays et à la partager avec tous les pays intéressés. Il a conclu en mettant l’accent sur l’importance de l’éducation et de la sensibilisation, en particulier auprès des jeunes qui forment 72% de la population jordanienne. Il a, par ailleurs, annoncé la tenue dans son pays d’une conférence internationale sur la gestion de la demande en eau et appelé la communauté internationale à appuyer le projet relatif à la Mer morte.
M. NAVIN CHANDERPAL, Conseiller présidentiel sur le développement durable de la Guyane, a regretté que les relations entre les Etats soient déterminées le plus souvent par le principe d’une concurrence impitoyable dans le domaine commercial. Les partenariats sont ignorés en raison de l’hostilité qui marque notamment les réunions de l’OMC. Le représentant a aussi regretté que beaucoup de partenaires du développement n’aient pas tenu compte des problèmes critiques et spécifiques rencontrés par les petits Etats insulaires en développement.
M. NAVIN CHANDERPAL (République démocratique populaire lao) a affirmé que son pays ne ménageait aucun de ses efforts pour mettre en œuvre ses engagements internationaux en matière de développement durable. Une grande importance a été accordée à la gestion intégrée des ressources en eau. En 1998, a-t-il précisé, un centre de coordination pour les ressources en eau a été créé, permettant à 58% de la population d’avoir accès quatre ans plus tard à l’eau salubre, contre 28% auparavant. Cependant, beaucoup reste à faire, a-t-il reconnu, l’objectif étant d’arriver à un taux de 65 à 70% en 2005.
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