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ENV/DEV/769

L’ABSENCE DE RESSOURCES FINANCIERES, DE CAPACITES NATIONALES ET DE TECHNOLOGIES, IDENTIFIEE COMME OBSTACLE A LA REALISATION DU DEVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE

23/04/2004
Communiqué de presse
ENV/DEV/769


Commission du développement durable

12e et 13e séances – matin et après-midi


L’ABSENCE DE RESSOURCES FINANCIERES, DE CAPACITES NATIONALES ET DE TECHNOLOGIES, IDENTIFIEE COMME OBSTACLE A LA REALISATION DU DEVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE


Outre les dialogues interactifs sur les questions spécifiques liées aux établissements humains et à l’assainissement, la Commission du développement durable s’est attardée aujourd’hui sur la situation en Afrique, présentée par le représentant du Nigéria, comme le continent le moins apte à réaliser, dans les délais impartis, les objectifs fixés par le Plan de mise en œuvre de Johannesburg*.  Les raisons de ces retards ont été énumérées par le Président du Comité exécutif du Forum de la société civile africaine (FACS-SD) qui a cité la lourdeur bureaucratique, les effets néfastes de la mondialisation, la dégradation continue de l’environnement causée par le manque de responsabilité sociale des entreprises et les violations des droits de l’homme.


Conscients de ces « fléaux », le Ministre des travaux publics, du logement et des communications de l’Ouganda, le Directeur de la Division du développement durable de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), le représentant de la Banque africaine de développement (BAD) et le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, ont attiré l’attention de la Commission sur les politiques et les mécanismes mis en place pour accélérer les progrès.  Ce qui manque à l’Afrique, ont-ils affirmé, appuyés en ce sens, par le Groupe des 77 et de la Chine, c’est le respect par les donateurs des engagements pris en matière de financement, d’assistance au renforcement des capacités nationales et de transfert des technologies.  Le fardeau de la dette et l’impact de la macroéconomie sur les efforts de développement ont également été cités comme obstacle à la réalisation des objectifs de Johannesburg.  Ces réflexions ont conduit le représentant de l’Irlande à expliquer, une nouvelle fois, les initiatives prises par l’Union européenne en faveur des pays africains, avant que le représentant des Etats-Unis n’exhorte les pays en développement à redoubler d’efforts pour mobiliser leurs ressources nationales, en particulier auprès du secteur privé, pour réaliser l’objectif global de lutte contre la pauvreté. 


En la matière, les pauvres sont les principaux acteurs du changement, ont affirmé en substance les intervenants du dialogue interactif sur le financement des établissements humains.  Réfléchissant à la question de savoir comment développer des établissements humains abordables pour les plus démunis, le Coordinateur du programme de gestion urbaine d’ONU-Habitat, Dinesh Metha, a notamment affirmé qu’il fallait dissiper les perceptions erronées à leur égard, notamment en matière de crédit.  En effet, a-t-il fait savoir, il a été prouvé que les pauvres étaient de bons payeurs et qu’ils pouvaient s’acquitter des taux d’intérêt des marchés.  De même, dans le cadre du dialogue consacré aux stratégies de développement de villes durables, Pietro Garau, Co-Président du Groupe de travail sur les Objectifs de développement du Millénaire pour les habitants des taudis a affirmé que les pauvres étaient le principal élément actif du développement durable et devaient être la mesure du succès de la planification urbaine.

Cependant, les institutions traditionnelles de crédit n’ont pas l’habitude de prêter aux plus pauvres, ont regretté plusieurs participants qui ont alors estimé nécessaire de sécuriser les titres de propriété afin de régulariser les crédits.  En outre, face au constat selon lequel l’aide publique au développement (APD) ne cessait de diminuer, il a été suggéré de l’utiliser comme catalyseur pour mobiliser davantage de ressources domestiques.  C’est ainsi que la question de l’habilitation des autorités locales, sous-tendue par une bonne gouvernance a, une fois de plus, été mise au rang des solutions incontournables pour l’amélioration des conditions de vie des populations pauvres.  Le thème de la reconstruction et de la récupération à la suite de conflits et de désastres naturels a également donné lieu à des interventions centrées sur la nécessité de reconstruire, dans un premier temps, les communautés locales.


C’est précisément en concentrant les efforts sur ces communautés, que la Thaïlande a gagné, en 1999, le pari de l’accès universel aux services d’assainissement, a expliqué la Directrice du Bureau du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour la région de l’Asie, lors du dialogue interactif sur cette question.  Aux côtés de cette dernière, le Directeur de CINARA de Colombie et le Chef du Département d’ingénierie de l’Université d’Hokkaido (Japon) ont posé la décentralisation comme condition préalable au succès pour autant qu’elle conduise à un véritable de travail de partenariats avec les usagers.  Ce point de vue a été illustré par de nombreux exemples concernant des campagnes de sensibilisation, entre autres, auprès des écoles, identifiées comme vecteurs de changement dans les communautés. 


Les intervenants se sont ensuite intéressés à l’assainissement écologique dont les techniques ont été présentées par le Chef de projet de Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) et le Chef du projet du Programme sur l’eau et l’assainissement à Guangxi, en Chine.  Par éco-assainissement, il faut entendre des stratégies et des systèmes de gestion des excréments permettant de réduire la dégradation de l’environnement et les risque sanitaires.  Ce postulat posé, la question du financement a émergé et les discussions ont opposé les tenants des subventions et les partisans de l’implication des petites et moyennes entreprises (PME) locales.  La question des risques sanitaires a beaucoup préoccupé les intervenants qui se sont donnés rendez-vous à la Conférence internationale sur les écotechnologies qui doit se tenir à Durban, en mai 2005. 


Lundi, 26 avril à 10 heures, la Commission du développement durable examinera la situation dans les régions d’Amérique latine et des Caraïbes et d’Asie occidentale.


* Programme d’action adopté en 2002 par le Sommet mondial sur le développement durable


MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005


Vue d’ensemble de la perspective du pays sur la mise en œuvre d’Action 21, le Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg


Déclarations


M. JOSUE DIONE, Directeur de la Division du développement durable de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a rendu compte des travaux de la Conférence panafricaine de l’eau.  La Conférence a dépassé toutes nos attentes pour ce qui est de la participation, a noté M. Dione, puisqu’elle a rassemblé plus de 1 000 personnes, des ministres et des responsables gouvernementaux, mais aussi des représentants de la société civile chargés des questions d’établissements humains, avec le soutien d’ONU-Habitat.  Deux jours ont été consacrés à l’examen des statuts de mise en œuvre, a-t-il souligné, ainsi qu’aux contraintes, aux défis et aux opportunités concernant l’eau et l’assainissement, les établissements humains et des liens entre les deux.  Parmi les leçons à tirer du processus engagé, il convient d’assurer une meilleure collaboration entre nous, a-t-il dit. 


M. EDWARD FRANCIS BABU, Ministre des travaux publics, du logement et des communications de l’Ouganda, a présenté les résultats de la réunion régionale de mise en œuvre pour l’Afrique qui s’est tenue à Addis-Abeba du 8 au 12 décembre 2003.  Au titre des 13 recommandations de la réunion, le Ministre a cité l’appel aux donateurs pour qu’ils honorent leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).  La communauté internationale est également appelée à mettre au point des mécanismes d’échange de la dette contre des programmes d’appui aux secteurs de l’eau, de l’assainissement et des logements.  La communauté internationale doit aussi appuyer la Facilité mondiale d’ONU-Habitat pour aider les pays africains à mettre en œuvre les programmes de réhabilitation des taudis.  La communauté internationale doit encore accroître son appui au NEPAD pour aider les pays africains à réaliser les objectifs fixés en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  La Réunion, a poursuivi le Ministre, a aussi reconnu le lien entre ces trois domaines et a encouragé les pays africains à promouvoir des politiques intégrées dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et la promotion des objectifs socioéconomiques.  Le Ministre a conclu en rappelant l’appel des pays africains concernant la mise au point d’un « Plan Marshall » en leur faveur.


M. SHEHU YAHAYA, économiste et responsable de la Banque africaine de développement, a souligné que la Banque avait été associée à plusieurs initiatives liées à l’eau et à l’assainissement.  L’une d’entre elles, l’Initiative pour les besoins en eau et pour l’assainissement, avait pour objectif de permettre à 80% de la population africaine d’avoir accès à l’eau et à l’assainissement d’ici à 2015.  Une autre initiative dans laquelle la Banque est impliquée a été menée par le Conseil des ministres africains sur l’eau.  Elle visait à mobiliser 615 millions de dollars entre 2005 et 2009 pour la mise en œuvre des programmes des ressources.  Le soutien de pays comme le Canada et les Pays-Bas a déjà été reçu.


M. THOMAS FOFUNG TATA, Président du Comité exécutif intérimaire du Forum de la société civile africaine pour le développement durable (FACS-SD), a estimé qu’en Afrique, le paradigme de développement est freiné par la lourdeur bureaucratique qui retarde la croissance et les progrès sociaux, économiques et politiques.  La dégradation constante de l’environnement, le pillage des ressources naturelles et le manque de responsabilité sociale sont les trois fléaux de ce continent.  Le Président a appelé à faire preuve de volonté politique, à adopter une attitude consistant à anticiper les problèmes, à allouer des fonds adéquats, et à accélérer le transfert de technologies.  Il faut, a-t-il précisé, reconnaître la paix comme une condition du développement durable et comprendre le rôle vital des ressources hydriques dans la réduction de la pauvreté et la santé.  Il a aussi appelé à la protection des bassins et les forêts, à une meilleure gestion des connaissances dont les connaissances traditionnelles, dans la prise de développement.  Il faut aussi reconnaître, a poursuivi le représentant, le rôle de la science et de la technologie et celui des femmes.  Il a enfin encouragé l’établissement de données fiables sur les ressources hydriques, l’intégration des politiques nationales sur l’eau comprenant des cadres réglementaires et la mise au point de mesures incitatives pour encourager les meilleures pratiques dans les modes de production du secteur privé.  Il a conclu sur la question du renforcement des capacités nationales et sur la nécessité de faire appel plus systématiquement aux ONG.


M. IBRAHIM A. GAMBARI, Sous-Secrétaire général et Conseiller spécial pour l’Afrique, a déclaré que la mise en œuvre des trois modules thématiques était particulièrement difficile sur le continent africain.  Elle se heurte, a-t-il précisé, à des obstacles d’ordre institutionnel et financier, et à un manque de partenariats.  Selon M. Gambari, de nombreux pays africains souffrent en effet d’un manque d’accords institutionnels pour développer une réponse intégrée, y compris dans les options politiques envisagées pour respecter les engagements pris dans les trois modules thématiques.  En outre, il a mis l’accent sur la nécessité d’intensifier, d’un côté, les efforts sur la mobilisation des ressources intérieures, et, de l’autre, les efforts politiques sur la partie qui incombe aux pays développés partenaires.  Enfin, s’il y a une leçon que nous avons apprise au sujet du développement, c’est l’importance des partenariats entre les secteurs public et privé pour la mise en œuvre des programmes de développement, a souligné M. Gambari.  Une politique publique est essentielle pour lancer des actions communales, a-t-il également affirmé.  Les gouvernements doivent assumer leur rôle en réalisant les engagements qu’ils ont solennellement pris dans les trois modules thématiques.


Dialogue interactif


Les interventions de ces différentes personnalités ont été suivies de nombreux commentaires et de présentations de politiques nationales.  Ainsi, le représentant de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a salué les progrès accomplis en Afrique, en rappelant la décision de l’Union européenne de créer une facilité particulière pour les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (APC) qui vise la création de mécanismes novateurs de financement et de l’implication de partenaires nouveaux.  L’initiative, qui encourage la participation des bénéficiaires, se fonde sur une approche participative dans des domaines tels que la gestion des bassins fluviaux.  Le représentant a aussi rappelé la création d’un comité technique comprenant les pays de l’Union européenne et africains pour faire avancer les objectifs énumérés dans le NEPAD.  Il a cité de nombreuses autres initiatives, dont la nouvelle stratégie 2004-2005 sur l’eau.  La représentante de la Suède a fait mention de l’action de l’Agence de coopération au développement dans la protection du Lac Victoria.


A l’issue de ces segments, la majorité des pays africains ont insisté sur leurs besoins de ressources financières internationales, de transfert de capacités et de renforcement des capacités, en appelant les pays industrialisés à honorer les engagements pris dans la Déclaration de Monterrey, adoptée à l’issue de la Conférence sur le développement du développement.  Le représentant du Burkina Faso a appelé les pays du Nord à soutenir la création du Fonds africain de l’eau, appuyé par la Banque africaine de développement (BAD) qui, selon lui, permettra d’accéder plus facilement aux ressources financières nécessaires à la mise en œuvre des projets.  La représentante du Sénégal s’est inquiétée du statut du Fonds mondial de solidarité pour la lutte contre la pauvreté.  Elle a aussi invité la Commission à inviter les Ministres des finances, « vrais patrons », de l’appropriation par les pays.  Elle s’est enfin interrogée sur la manière de faire que la CEA devienne le véritable bras armé du NEPAD pour lequel le représentant de l’Algérie a demandé un soutien fort de la communauté internationale. 


A propos de ces projets, le représentant du PNUE a appelé la Commission du développement durable a encourager les pays africains à identifier des objectifs réalisables dans des délais fixés de manière à cibler plus efficacement les efforts.  Le représentant d’ONU-Habitat a voulu, par exemple, que l’Observatoire régional de l’Afrique ait un impact réel sur les situations sous-régionale et nationale.  Il a aussi appelé à la mise en place de mécanismes pour la protection des réserves en eau. 


Reprenant la parole, le représentant de l’Irlande, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne accueillait favorablement le rapport du Secrétaire général sur la coordination et la coopération interinstitutions.  Il a en outre a souligné l’importance des travaux de coordination accomplis par les Nations Unies.  Plus les approches sont axées sur la coopération, plus on peut aider les pays à mettre en œuvre des stratégies nationales efficaces, a-t-il noté.  L’Union européenne comprend le besoin d’avoir une information crédible et transparente sur les partenariats enregistrés à la Commission du développement durable, a-t-il ajouté.  En outre, l’Union souligne la nécessité de fournir des rapports nationaux et des indicateurs sur les progrès enregistrés en matière de développement durable au niveau national.


Le représentant de Qatar, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a cité comme principal obstacle à la mise en œuvre des objectifs fixés, le manque de ressources adéquates et de capacités nationales ainsi que les lenteurs dans le transfert des technologies.  Il a ainsi appelé au respect des engagements pris en matière d’APD.  La gouvernance à tous les échelons mérite aussi l’attention, a-t-il insisté en souhaitant que la primauté de la Commission soit respectée.  Il a regretté que les pays développés n’aient pas voulu examiner les questions intersectorielles comme la réduction de la pauvreté et la modification des modes de production et de consommation.  Il faut éviter les discussions techniques et étroites et examiner les progrès à travers les trois piliers du développement durable que sont la croissance économique, le développement humain et la protection de l’environnement. 


Le représentant de l’Australie a reconnu l’importance des questions du renforcement des capacités et des partenariats.  Il a insisté sur l’importance des réformes où les cadres gouvernementaux doivent tenir compte de l’approche participative.  Il faut aussi veiller à ce que les outils, la méthodologie et la technologie soient adaptés aux circonstances locales.  Nul doute, a-t-il dit, que l’APD continuera à être importante mais les approches de marché sont mieux placées pour générer des ressources de façon suffisante. 


La représentante de la Norvège a partagé l’impatience face au rythme des progrès.  Elle a appuyé les quatre conditions préalables aux progrès, à savoir l’intégration des approches et l’adoption d’une démarche participative, l’intégration des efforts dans les processus budgétaires, l’amélioration de la cohérence au niveau international, et l’établissement d’un calendrier pour le suivi des progrès.  En Norvège, les efforts portent sur le développement durable et la pauvreté, le changement climatique, les ressources génétiques, les ressources naturelles, les substances dangereuses, le développement économique, et les perspectives Sami sur la gestion des ressources naturelles.  Tous les ministres ont l’obligation de tenir compte des objectifs de Johannesburg, dont le Ministre des finances.  Des indicateurs sont à l’étude qui permettront une révision, tous les quatre ans, de l’ensemble du programme national, a encore indiqué la représentante. 


La représentante de la Turquie a rappelé que son pays avait accueilli une conférence sur les établissements humains, qui a abordé les questions des logements pour tous et des établissements humains viables.  La Turquie, a-t-elle poursuivi, envisage la construction de 100 000 logements pour les personnes à faibles revenus.  Un programme de 45 000 de ces logements a été lancé.  Un système a en outre été créé pour assurer la sécurité des bâtiments dans le pays.  Le représentant de la Malaisie s’est déclaré préoccupé par l’absence de progrès dans la mise en œuvre du Plan de Johannesburg.  Les questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains doivent être intégrées à la question du développement durable.  L’équilibre entre ces trois piliers doit être maintenu, a-t-il estimé.


Le représentant de l’Arabie saoudite a jugé essentiel de s’en tenir aux thèmes choisis pour cette session et de s’abstenir de mentionner les thèmes prévus pour les réunions futures.  Il est tout aussi essentiel de s’en tenir au Plan de mise en œuvre de Johannesburg sans aborder d’autres questions.  Le résumé du Président, a souhaité le représentant, doit refléter toutes les vues exprimées, en mettant en exergue les points de vue convergents, et en présentant de manière objective, les points de vue divergents.  Le résumé doit mettre en lumière les questions de la pauvreté, du renforcement des capacités et du transfert des technologies, sous l’angle des trois piliers du développement durable.


Le représentant de l’Inde a attiré l’attention de la Commission sur les progrès effectués par son pays, en reconnaissant les efforts supplémentaires qu’il doit fournir dans la gestion des eaux transfrontalières.  Il a salué, à ce propos, l’impact des arrangements bilatéraux que son pays a signés.  Plus de 93% des habitations rurales, a-t-il affirmé, sont couvertes en eau potable, mais ce qui est important c’est d’assurer la qualité et la durabilité de l’approvisionnement, a-t-il reconnu.  Il a, à cet égard, jugé essentiel d’impliquer les communautés.  Dans le domaine de l’assainissement, le représentant a fait part des insuffisances avant d’expliquer le contenu du plan quinquennal qui a été mis en œuvre.  


Le représentant de l’Egypte a déclaré que l’examen global des progrès réalisés sont limités en Afrique.  Les obstacles principaux sont les moyens de mise en œuvre, comme l’absence de contributions financières et l’absence de transferts de technologies.  Les institutions des Nations Unies doivent se conformer aux objectifs concertés, a-t-il souligné.


Le représentant de la Communauté scientifique et technologique a indiqué qu’il ne pouvait que constater une crise de l’eau dans le monde.  Nous consommons de plus en plus d’eau dans le monde, et ce, a-t-il affirmé, en raison de la croissance démographique et des changements climatiques.  Notre communauté est parfaitement consciente des délais, a-t-il déclaré.  Même les pays les moins avancés disposent de génies scientifiques, a-t-il noté, mais ce dont on a besoin, c’est d’une volonté politique générale et de fonds.  Il a souligné la nécessité de disposer d’infrastructure pour l’eau, l’assainissement, l’énergie et les transports.  En dépit de certains progrès, les résultats constatés demeurent insuffisants, a-t-il déploré.


Le représentant du Grand Groupe des jeunes a cité plusieurs exemples de projets pour illustrer la volonté des jeunes de s’impliquer dans la mise en œuvre du Plan de Johannesburg.  Au titre des obstacles, il a regretté l’absence de ressources financières et d’information sur les offres de financement possibles ainsi que le manque d’informations chez les jeunes des zones rurales.  Le représentant a aussi stigmatisé l’absence de transfert de connaissances entre les générations et d’autres groupes participant au processus et l’impossibilité des jeunes de faire entendre leur voix, aux niveaux local et national.  Tirant les enseignements de l’expérience, a appelé au relèvement du niveau d’éducation dans les collectivités.  La jeunesse, a-t-il insisté, doit pouvoir établir des liens avec d’autres jeunes du monde.  Il a aussi attiré l’attention sur l’efficacité des conseils de jeunes et des alliances entre les jeunes et les autres parties prenantes. 


La représentante de l’Afrique du Sud a estimé qu’en Afrique, le défi est d’accéder et d’utiliser les technologies existantes.  Elle a donc voulu que la recherche se fasse en collaboration entre le Nord et le Sud et entre pays du Sud, avant d’attirer l’attention sur une étude faite sur la question par une institution de son pays.  Le représentant de l’Indonésie a insisté, quant à lui, sur la nécessité de créer un environnement économique mondial pour accélérer la mise en œuvre du Plan de Johannesburg. 


Le représentant des Etats-Unis a estimé qu’un large consensus s’était dégagé sur le renforcement des capacités.  Il a souhaité que les commissions régionales des Nations Unies puissent utiliser leurs capacités afin de transmettre leurs informations à la Commission sur le développement durable.  Il s’est par ailleurs réjoui d’avoir constaté un élan dans le cadre de la Foire aux partenariats.  Le représentant des Etats-Unis a souligné l’importance pour chaque pays de créer un environnement propice, ceci faisant partie des moyens de mis en œuvre, d’où, a-t-il poursuivi, la nécessité de promouvoir les libertés et la démocratie.  Cette obligation en incombe aux pays eux-mêmes, a-t-il dit.  Selon lui, il convient également de trouver des moyens pour utiliser les ressources nationales, qui constituent la ressource principale pour l’assainissement et l’eau.


Le représentant du Royaume-Uni a déclaré que nous n’étions pas sur la bonne voie pour réaliser les objectifs du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, mais que nous le pourrions si on parvenait à partager nos expériences.  C’est à la CDD de le faire, a-t-il estimé.  Nous pouvons tirer des enseignements à la fois des succès et des échecs, a-t-il assuré.  Il est, selon lui, important que nous maintenions un équilibre entre optimisme et pessimisme, c’est-à-dire d’être réaliste.


La représentante du Venezuela a insisté sur les défis posés par la lutte contre la pauvreté qui doit se fonder sur le multilatéralisme et la coopération internationale.  Elle a appelé à des approches équilibrées comprenant les trois piliers du développement durable.  Sans une coopération et des ressources financières adéquates, les efforts demeureront vains, a conclu la représentante après avoir reconnu l’importance des processus régionaux et de la question du renforcement des capacités nationales. 


Se réjouissant de la reconnaissance du lien entre la lutte contre la pauvreté et tous les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), le représentant de l’Ethiopie a surtout insisté sur l’impact de la situation macroéconomique sur le potentiel des pays en développement.  A son tour, le représentant de Fidji a insisté sur l’absence de capacités et de technologies appropriées et abordables dans les pays en développement.  Il a donc sollicité le soutien de la communauté internationale. 


FINANCEMENT DES ETABLISSEMENTS HUMAINS


Dialogue interactif


Gouvernance urbaine, le rôle des autorités locales et la contribution des groupes de la société civile


Le dialogue interactif de la Commission du développement durable sur le financement des établissements humains a porté principalement sur la question de savoir comment il était possible de mettre en place des établissements humains abordables pour les pauvres. 


Selon M. MARK HILDEBRAND, Directeur exécutif, Cities Alliance, il faut tout d’abord mettre en place des stratégies viables à long terme.  Il est en outre possible d’apprendre beaucoup des gouvernements proches de la réalisation de l’Objectif 11 de développement du Millénaire, à savoir la constitution de villes sans taudis.  Deux pays sont très proches de ces objectifs: la Tunisie et le Chili.  Une approche cohérente a aussi été adoptée par les Gouvernements du Maroc et de la Thaïlande dont les efforts sont menés au plus haut niveau.  La Mauritanie, le Mexique, l’Afrique du Sud et le Viet Nam sont également proches de la réalisation de ces objectifs.  Il existe différents paramètres de base pour passer de l’étape des projets à celle du financement durable.  Il faut avoir un environnement politique stable, disposer d’un régime d’occupation sûr, développer l’accès au crédit, et encourager la participation du secteur privé et des pouvoirs locaux afin que ces derniers puissent planifier à long terme.  Cependant, ce sont les autorités publiques qui doivent être à la base de tous les processus.  Le représentant a ajouté q’il fallait mettre en place des politiques reconnaissant le fait que la majorité des logements des pauvres étaient informels et construits par les pauvres eux-mêmes.  En effet, 80% des logements dans les bidonvilles sont produits par le secteur non structuré.  Les villes elles-mêmes doivent, de façon active, être appuyées et leur capacité d’emprunt encouragée car il y a de grands investissements qui doivent être faits.  Ceci ne sera pas atteint en augmentant l’aide publique au développement (APD), mais en renforçant les pouvoirs locaux à l’emprunt. 


Dans la même optique, M. DINESH METHA, Coordinateur du Programme de gestion urbaine, ONU-Habitat, a estimé que dans la mesure où l’aide publique au développement ne cessait de se réduire, elle devrait servir de catalyseur pour mobiliser davantage de ressources domestiques.  La bonne gouvernance au niveau local est essentielle.  Il faut en outre dissiper les perceptions erronées vis-à-vis des pauvres car ces derniers peuvent emprunter et s’acquitter des taux d’intérêt des marchés.  Il est possible de compter sur les pauvres, a–t-il affirmé.  En Inde, la deuxième banque de crédit est en train de consolider 40 millions de dollars de microcrédit.  Cependant, les institutions traditionnelles de crédit n’ont pas l’habitude de prêter aux pauvres.  C’est pourquoi, il est nécessaire de renforcer les capacités financières des autorités locales ainsi que les instruments non financiers, les réformes réglementaires et les mesures visant à sécuriser les titres pour régulariser les crédits. 


A son tour, M. ARPUTHAM JOCKIN, Président de la Fédération nationale des habitants des taudis, Inde, a insisté sur le fait que les acteurs principaux de l’amélioration de leur habitat étaient les pauvres eux-mêmes.  De nombreuses communautés indiennes ont mis en place des mesures autour de l’épargne qui permettent de rassembler les ressources et de créer des communautés en établissant la confiance entre les habitants.  Il s’agit de communautés qui s’organisent elles-mêmes.  Le deuxième niveau de changement doit se faire au sein du quartier et de la province par la création de réseaux de communautés.  Le troisième niveau est celui de l’établissement de relations entre les communautés et les institutions officielles. 


Ouvrant le dialogue, le représentant du Swaziland a indiqué que son pays avait engagé des mesures visant à réaliser des transferts fiscaux du Gouvernement central aux autorités locales.  Malheureusement, a-t-il poursuivi, le VIH/sida a fait son apparition et a réduit les ressources financières que le Gouvernement pouvait transférer aux autorités locales.  A cet égard, la représentante de la Suède a souligné la nécessité de promouvoir l’éducation des fillettes et de démarginaliser les femmes car il existe un lien direct entre l’éducation des femmes et la santé des foyers.  En outre, il sera impossible de régler les problèmes liés aux taudis si la participation des femmes n’est pas renforcée.  Elle a donc demandé que les résultats de la présente session de la Commission du développement durable mettent en avant ces éléments afin de permettre aux femmes de jouir pleinement de leurs droits à tous les niveaux de la société.  Il faut exploiter les forces vives des taudis, a-t-elle résumé.  La représentante de la République tchèque a indiqué que dans son pays, un des problèmes majeurs était l’absence du contrôle des prix de location.  Le Parlement procède actuellement à l’examen d’un projet de loi sur la location. 


La représentante du Grand Groupe des ONG a rappelé qu’elle était elle-même une enfant de pauvres et qu’elle avait été violée, de même que sa mère.  Aux toilettes, elle devait s’essuyer avec des feuilles.  Elle vivait dans un taudis avec douze frères et sœurs et devait parcourir des kilomètres pour aller chercher de l’eau.  Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, il faut faire preuve de solidarité pour réaliser les Objectifs de développement du Millénaire.  En outre, la dette des pays pauvres, a-t-elle estimé, devrait être effacée. 


A l’instar  de nombreux intervenants, le représentant du Bénin a insisté sur l’importance des partenariats entre les secteurs public et privé.  Son Gouvernement a lui-même créé une banque de l’habitat afin d’intéresser les constructeurs privés à la construction de logements.  Poursuivant sur le même thème, le représentant de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays associés et des pays candidats, a souligné la nécessité d’établir des partenariats entre public-public et public-privé et d’établir un lien entre la bonne gouvernance et le financement.  Il faut également assurer une garantie du régime d’occupation, favoriser l’accès aux crédits souples, aux microfinancements et aux projets fondés sur les communautés.  L’APD demeurera une source importance du financement, notamment pour les pays les moins avancés, a-t-il dit.


Poursuivant sur la question de la bonne gouvernance, M. AMOS MASONDO, Président du Conseil international pour les initiatives environnementales locales, maire de Johannesburg, Afrique du Sud, a déclaré que la question de la décentralisation était très importante.  Sans elle, il sera impossible d’avoir une gouvernance urbaine efficace.  Des ressources financières adéquates sont aussi indispensables.  Il a en outre insisté sur le fait que, dans son pays, le gouvernement local est considéré comme une sphère du Gouvernement.  Il s’agit d’une gouvernance coopérative qui repose sur l’idée de faire travailler ensemble toutes les sphères du Gouvernement.


Les représentants de plusieurs pays, comme le Maroc, la Chine, le Cambodge, le Burkina Faso et la Colombie, ont recensé les mesures prises par leurs gouvernements respectifs pour tenter d’améliorer le logement des pauvres ou énoncer les difficultés auxquelles ils sont confrontés.  La représentante du Kenya, qui a indiqué que son Gouvernement avait notamment mis en place un fonds de roulement destiné à faciliter l’accès au logement ainsi qu’un fonds pour un programme d’assainissement des taudis, a ainsi évoqué les problèmes majeurs rencontrés par l’Afrique: manque de ressources, fardeau de la dette, absence de technologies adéquates.  La représentante du Kenya en a profité pour rappeler l’importance pour les partenaires du développement humain d’honorer leurs engagements.  De son côté, le représentant de l’Arabie saoudite a indiqué que son pays poursuivrait son aide au secteur privé du logement.  Tout sera fait, a-t-il assuré, pour créer un cadre favorable à un marché foncier à grande capacité.


Des pays développés ne sont pas à l’abri de certaines des difficultés vécues en matière de logement par les pays en développement, car ils les subissent plus douloureusement, a constaté le représentant de la Nouvelle-Zélande.  Son pays n’a pas de taudis, a-t-il noté, précisant que 96% des habitants vivaient dans des zones urbaines.  Depuis le Sommet de Johannesburg, la Nouvelle-Zélande a réformé la législation des pouvoirs publics locaux en matière de gouvernance urbaine afin que ceux-ci intègrent le développement durable. 


Le représentant de la Communauté européenne a souligné la nécessité de rassembler au niveau international toutes les ressources, tous les fonds nécessaires afin de mettre en place des établissements humains abordables pour les pauvres.  Car en effet, a observé le représentant de la Suède, les ressources financières disponibles demeurent insuffisantes pour répondre de manière satisfaisante à la demande, empêchant ainsi d’inverser la tendance constatée.  Selon lui, d’une part, les autorités locales n’ont pas su créer les conditions permettant une participation du secteur privé, et, en second lieu, le secteur financier n’a pas fourni de ressources aux pauvres.  La Suède, a-t-il poursuivi, propose que l’on développe le marché des capitaux pour faciliter des financements, notamment en faveur des pauvres, établisse des normes appropriées visant à éviter le gaspillage des terres, augmente la solvabilité des autorités locales pour qu’elles obtiennent des fonds, par exemple auprès de la Banque mondiale.


Selon le représentant des Etats-Unis, il revient aux pays en développement de se conduire en « chefs de file » pour promouvoir les libertés économiques et politiques, en renforçant, par exemple, la transparence et en luttant mieux contre la corruption.  Conformément à la Déclaration de Millénaire, la communauté internationale a les moyens d’aider ces pays.  Il a ajouté qu’il fallait développer les secteurs du logement pour développer la croissance et enclencher un processus durable.  Les pouvoirs locaux doivent travailler de manière étroite avec les citoyens ainsi qu’avec leurs autorités de tutelle.  Une bonne gouvernance urbaine, qui reflète les principes clefs de subsidiarité et de partenariat, constitue une condition préalable essentielle à la création d’un climat de changement, a estimé de son côté, le représentant de l’Irlande, lequel s’exprimait au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés. 


Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, il est également nécessaire qu’une décentralisation du pouvoir de décision soit accompagnée des ressources financières directes requises.  Il a en outre affirmé que l’Union européenne, dans le cadre du développement et de la mise en place d’une politique du logement, soutenait des mesures accordant une place plus grande à la société civile.  Les femmes doivent bénéficier d’un rôle accrû, a-t-il en outre plaidé.  Le représentant du Grand Groupe des populations autochtones a pour sa part noté que lorsque des gouvernements prenaient des décisions en matière de logement, ces mesures pouvaient avoir une incidence sur les populations autochtones, qui subissent une perte de leur identification culturelle.  Il a souligné qu’une majorité (60 à 70%) des populations autochtones vivait dans des zones péri-urbaines.  Les gouvernements doivent tenir compte de ce constat, a-t-il observé, évoquant en particulier l’isolement forcé d’autochtones, comme ceux d’Amazonie.


Planifier la ville durable: partenariats et stratégies de développement des villes


Prenant l’exemple de la ville de CuritibaauBrésil, M. PIETRO GARAU, Professeur et Co-Président du Groupe de travail sur les Objectifs de développement du Millénaire pour les habitants des taudis, a indiqué qu’il ne s’agissait pas simplement d’une ville écologique.  Elle illustre aussi la possibilité, au niveau municipal, d’assumer la dimension sociale et culturelle du développement durable, notamment en termes de transports publics, de protection de l’environnement et d’engagement civique.  En outre, Curitibaest unmodèle en matière de développement d’un climat favorable à l’investissement.  Porto Alegre est également une ville modèle qui a bâti ses succès sur la base d’une participation réelle des citoyens dans l’élaboration des priorités.  Plus globalement, en matière de développement durable des villes, M. Garau a estimé que la première exigence était de réfléchir à long terme et de voir les choses à grande échelle.  Enfin, il a affirmé que les pauvres étaient le principal élément actif du développement durable et la mesure du succès de la planification urbaine. 


M. KRISHNASWAMY RAJIVAN, Chef exécutif du Fonds pour le développement urbain de l’Etat de Tamil Nadu, Inde, a suggéré d’utiliser les ressources rares des gouvernements et des villes pour renforcer les infrastructures par le biais de l’élaboration de plans d’investissement reposant sur le consentement des gouvernés. 


Poursuivant, M. ADEPOJU G. ONOBUKUN, Secrétaire général et professeur, Centre pour les études et le développement des établissements humains en Afrique, a plaidé en faveur de l’élaboration d’une stratégie proactive qui réponde aux problèmes des taudis.  La responsabilité de l’atténuation de la pauvreté relève du gouvernement municipal qui ne dispose malheureusement pas, en général, des moyens permettant d’améliorer les taudis.  Quant au secteur privé, il manifeste une attitude léthargique et les associations de la société civiles ne disposent que de ressources limitées.  C’est pourquoi, il faut faire appel à des organisations qui fournissent des dons.  Les femmes sont aussi parties prenantes et il faut qu’elles soient impliquées dans les plans de développement, de même que les jeunes.  La stratégie pour le développement de villes durables doit être fondée sur une approche holistique, a ajouté le représentant.


L’importance de la promotion d’une telle approche intégrée a été défendue par la représentante des Etats-Unis qui a fortement appuyé la reconnaissance des rôles de la société civile, du secteur privé et des autorités locales car ces différents acteurs connaissent bien la situation sur le terrain.  Le rôle des autorités locales est très important aux Etats-Unis, a-t-elle fait savoir et le Gouvernement fédéral appuie les gouvernements locaux.  Faisant part de l’expérience de son pays, la représentante du Venezuela a indiqué que son Gouvernement avait développé des plans régionaux d’exploitation du territoire dans lesquelles les ressources hydriques étaient considérées comme un élément fondamental.  Cependant, la création du développement durable dans les villes exige des connaissances techniques approfondies, a ajouté la représentante qui a donc plaidé en faveur d’un transfert de technologies.  Le représentant du Grand Groupe des syndicats a estimé, quant à lui, que beaucoup de progrès avaient été réalisés pour promouvoir une meilleure compréhension du lien existant entre développement durable et amélioration des conditions de travail, de même que dans la compréhension du fait que les travailleurs doivent participer aux décisions touchant à leurs lieux de travail.  Cependant, peu de progrès ont été réalisés dans la promotion du lien entre accès à l’emploi et développement durable des villes, a regretté le représentant.  Les gouvernements doivent en particulier inviter l’Organisation internationale du Travail à assumer ses responsabilités en matière de développement durable des établissements humains. 


La représentante de la Grèce a évoqué le défi que représentait la planification des Jeux olympiques d’Athènes de 2004 qui est une ville qui a longtemps souffert de déficience en matière de planification.  La planification du village olympique garantit une bonne pratique architecturale et environnementale et s’efforce de respecter les sites originaux. 


Abordant le thème de la reconstruction et récupération à la suite de conflits et de désastres naturels, M. TEODOR ANTIC, ancien Conseiller auprès du Ministre de la justice, de gouvernement et administration locales, Croatie, a rappelé que son pays avait, après la guerre, connu de grands problèmes matériels et psychologiques.  Un grand nombre de bâtiments ont été détruits ou endommagés.  Beaucoup de personnes ont été déplacées.  Pour faire face à cette situation, en juin 1996, le Parlement a adopté des lois visant à encourager les personnes qui avaient été déplacées à l’intérieur des frontières à rentrer dans leurs régions d’origine.  Des logements temporaires ont été fournis en l’attente de solutions permanentes.  Pendant la guerre, plusieurs personnes avaient perdu un ou deux membres de leurs familles ou étaient blessés, a poursuivi le représentant.  Cela a eu un impact sur la vie économique et sociale de la société.  De grandes catégories de cette population se sont retrouvées isolées sur le plan économique et culturel.  Cependant, les organisations de la société civile ont assumé le rôle de renforcement des communautés locales pour permettre aux citoyens de s’engager dans la vie publique.  En conclusion, il a déclaré que le processus de reconstruction exigeait beaucoup d’argent et de temps.  Les mesures administratives prises par l’Etat ne suffisent pas: il faut impliquer toutes les composantes de la société civile. 


La planification à long terme est un élément fondamental, a déclaré à son tour M. NABEEL HAMDI, Professeur, Directeur du Centre pour le développement et de la planification d’urgence de l’Université d’Oxford, Royaume-Uni, de même que la promotion des partenariats entre l’Etat, le secteur privé et le secteur communautaire.


Evoquant plus spécifiquement le problème des catastrophes naturelles, la représentante de l’Inde a indiqué que son pays était régulièrement soumis à de tels phénomènes, lesquels ont cependant eu quelques effets positifs.  Un atlas de la vulnérabilité a notamment été mis au point.  Il s’agit d’un guide visant à atténuer les conséquences des catastrophes naturelles.  Des normes relatives à la construction des bâtiments et à leur résistance aux séismes ont aussi été édictées.  En outre, ces phénomènes ont permis de susciter un regain d’intérêt pour les habitations traditionnelles qui comprennent de nombreux éléments adaptés aux séismes.  Des phénomènes hydrologiques extrêmes affectent régulièrement le Venezuela, a fait savoir sa représentante.  Le Gouvernement est donc contraint de réfléchir à la manière dont les phénomènes naturels affectent les populations les plus pauvres.  Tous les secteurs sont mobilisés pour renforcer les aspects institutionnels permettant de faire face aux catastrophes. 


ASSAINISSEMENT


Dialogue interactif


Hygiène, assainissement et gestion de l’eau aux niveaux domestique et communautaire


L’exemple de la Thaïlande, qui a réalisé l’accès universel à l’assainissement en 1999, a été expliqué par Mme T.V LUONG, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  L’assainissement a fait l’objet d’un plan quinquennal, assorti d’un système de renforcement des capacités, qui a été doté d’une enveloppe budgétaire substantielle.  Le mécanisme de suivi, qui a été créé en même temps, a permis au Gouvernement thaïlandais de surmonter les obstacles identifiés.  Ainsi, des programmes de sensibilisation ont été lancés pour promouvoir la modification des comportements.  De plus, des outils permettant de tester la composante biologique de l’eau ont été mis à la disposition des populations.  Parallèlement, des programmes scolaires ont été lancés pour sensibiliser les élèves à l’hygiène qui se sont avérés très efficaces pour atteindre les communautés.  Au cours de ces dernières années, a encore indiqué la représentante de l’UNICEF, un programme de système de collecte des eaux de pluie a été lancé et là encore le suivi communautaire a été important.  L’expérience du Japon a été présentée par M. YASUMOTO MAGARA, Professeur à l’Université d’Hokkaido, au Japon, avant que M. EDGAR QUIROGA, Directeur de l’Institut CINARA, ne parle des problèmes de la Colombie où la décentralisation des services d’assainissement n’a pas donné les résultats escomptés. 


Ces exemples ont été suivis de nombreux autres présentés par les pays qui ont surtout insisté sur l’importance d’une bonne législation.  Cela a permis au Professeur de l’Université d’Hokkaido d’expliquer qu’au Japon le traitement des eaux est confié à un organe central qui a l’obligation de faire contrôler ses nouveaux systèmes par une institution tierce et indépendante du Gouvernement.  L’existence de mesures législatives n’est pas le problème, a prévenu le Directeur de l’Institut CINARA.  Pour lui, le problème vient plutôt de l’application.  Il a donc stigmatisé une certaine passivité et le manque de travail avec les usagers qui font que dans la plupart des cas, la législation reste lettre morte.  La nécessité de travailler avec les communautés a été soulignée par de nombreuses délégations dont celles de la République-Unie de Tanzanie et de la Jamaïque.  Compte tenu des coûts impliqués, en particulier pour ce qui est du renforcement des capacités nationales, l’importance d’une coopération avec les institutions internationales a été évoquée à plusieurs reprises.  L’intervention de ces institutions ne peut mener au succès que si elles rencontrent une véritable volonté politique chez les gouvernements de faire de l’assainissement une priorité et de décentraliser sa gestion pour permettre un travail réel avec les communautés, a prévenu la représentante de l’UNICEF.


Le travail avec les communautés a suscité de nombreux commentaires de la part de l’assistance.  Le représentant de la France a, par exemple, jugé important que les actions de sensibilisation visent les écoles parce que les enfants sont des vecteurs de changement.  Ces actions doivent aussi se concentrer, a-t-il précisé, sur la question de la conservation de l’eau à domicile.  L’eau, l’assainissement, l’hygiène et l’éducation doivent être parties d’un même cadre, a insisté la représentante de la Suède.  S’attardant sur le rôle des femmes, elle a mis en garde contre la tendance à leur imposer des tâches supplémentaires.  Il s’agit plutôt, a-t-elle dit, de les impliquer de la conception au suivi des projets. 


Ecotechnologies – potentiel et obstacles clefs à l’extension et à la commercialisation de l’assainissement


Expliquant le concept d’éco-assainissement, Mme CHRISTINE WERNER, Chef de projet de Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ), a d’emblée souligné que c’est une erreur de considérer les excréments comme une matière sans utilité.  Elle a donc plaidé pour un recours accrû aux technologies de recyclage.  En la matière, le défi consiste à sensibiliser des gens, à réexaminer les normes techniques, à analyser les coûts et à évaluer les risques sanitaires.  L’éco-assainissement n’est pas une technologie proprement dite mais bien un mode de modification des relations entre les citoyens et l’environnement, a précisé la représentante de la Suède.


Une écotechnologie a pourtant été présentée par Mme MI HUA, Chargée du projet du Programme sur l’eau et l’assainissement dans les zones rurales dans la province de Guangxi, en Chine.  Elle a parlé des écotoilettes qui, installées en 1997 dans sa province, sont désormais au nombre de 100 000.  Le succès tient à l’acceptation de la population, à l’engagement politique, à la souplesse de la technologie, à son moindre coût et surtout au manque d’eau en Chine.  En la matière, elle a prôné des campagnes de sensibilisation et surtout un soutien financier plus conséquent de la part des gouvernements.  Compte tenu de la résistance que ces nouvelles technologies continuent de rencontrer dans de nombreux pays, le Directeur de l’Institut CINARA a préconisé des campagnes de promotion et la multiplication des projets-pilotes.   Il faut surtout adopter une législation adéquate et impliquer les petits entrepreneurs puisque ce sont eux qui répondent à la demande des communautés et ont la capacité, en conséquence, de sélectionner les produits les plus porteurs.


Ces exposés ont été suivis avec intérêt par l’assistance.  Le représentant de l’Ouganda a, par exemple, estimé que la promotion de l’eco-assainissement doit se faire dans les pays du Sud, avant de proposer son pays comme hôte de la prochaine conférence.  Le représentant ougandais s’est aussi enquis des risques liés à l’utilisation des eaux des affluents sans traitement.  Quel type de traitement faut-il envisager?  En Chine, a répondu le Chef du Programme de Guangxi, cinq modèles de traitement ont été mis en place mais le véritable problème vient de leur entretien.  Les risques sanitaires sont des problèmes bien réels, a renchéri la représentante de la Suède en soulignant l’importance de données scientifiques fiables. 


Ces données pourraient être préparées en prévision de la conférence internationale qui soit tenir à Durban en mai 2005, a rassuré le Chef du Projet GTZ.  Elle a dit attendre aussi les directives de l’OMS sur l’utilisation sans risque des excréments humains et des eaux usées.  En tout état de choses, le postulat doit être que l’éco-assainissement est la meilleure technologie pour les pays industrialisés et en développement.  Les barrières techniques et culturelles peuvent être surmontées, a ajouté avec optimisme la Chef du Programme de Guangxi qui a encouragé l’octroi de subventions ciblées comme politique d’incitation, en particulier dans les zones les plus pauvres.  Lorsque l’on parle de subventions, il faut être prudent, a estimé le représentant du Royaume-Uni qui a jugé qu’au contraire, elles peuvent retarder les choses, en dénonçant les « structures peu sûres » qui ont absorbé les fonds publics.  Le problème est que les banques ne sont pas prêtes à intervenir dans les zones pauvres, s’est opposé le Chef du Projet GTZ.  Des milliards de dollars ont été investis et rien n’a changé, a rappelé le Directeur de l’Institut CINARA, en appelant les pays à apprendre des erreurs du passé et à s’inspirer des expériences positives.


Au titre de ces expériences, le représentant de la Suisse a proposé le renforcement du rôle des petites et moyennes entreprises (PME), en appelant les donateurs et institutions financières à se préparer à faire les investissements initiaux.  Il a motivé sa proposition par le fait que ces PME ont la capacité de répondre aux besoins spécifiques de la population.  Le représentant suisse a été soutenu en ce sens par la France et les Etats-Unis.  Il a poursuivi en expliquant que par éco-assainissement, il faut entendre stratégies et systèmes de gestion des excréments permettant de réduire la dégradation de l’environnement et les risques sanitaires tout en permettant l’utilisation productive des matières fécales traitées.  Le représentant du Burkina Faso a voulu en savoir plus sur les modes d’écoulement auprès des paysans et des exploitants agricoles, et des produits obtenus par l’éco-assainissement. 


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