LE TRANSFERT DES TECHNOLOGIES EN FAVEUR DES PAYS EN DEVELOPPEMENT IDENTIFIE COMME CONDITION D’UN ACCES DURABLE A L’EAU
Communiqué de presse ENV/DEV/767 |
Commission du développement durable
8e et 9e séances – matin et après-midi
LE TRANSFERT DES TECHNOLOGIES EN FAVEUR DES PAYS EN DEVELOPPEMENT
IDENTIFIE COMME CONDITION D’UN ACCES DURABLE A L’EAU
Les difficultés spécifiques rencontrées par les pays en développement en matière de gestion de l’eau, d’assainissement et d’établissements humains ont conduit aujourd’hui la grande majorité d’entre eux, lors du débat général de la Commission du développement durable, à insister sur l’importance du transfert de technologies en vue du renforcement de leurs capacités nationales et locales. L’impératif de solidarité internationale qu’exige un développement durable impose en effet aux pays développés d’aider ceux en développement à acquérir des technologies leur permettant d’offrir un large soutien à leurs populations en dépit des contraintes démographiques, de l’exode rural et de la demande croissante en eau que ces phénomènes impliquent. Les pays en développement peuvent en outre tirer les leçons des mauvais choix technologiques faits par les pays développés. A cet égard, le représentant du Japon a rappelé que la forte croissance économique de son pays avait engendré une pollution très importante. Ainsi, afin de ne pas annihiler leurs efforts de développement, il a estimé qu’il était important de concevoir et de mettre en œuvre des technologies écologiquement rationnelles au profit des pays en développement.
Cependant, au-delà du transfert de technologies, les pays développés ont été rappelés à leurs responsabilités en respectant les engagements pris en matière d’aide publique au développement, d´élimination de tarifs douaniers et de renforcement des mécanismes régionaux et internationaux de partenariats. A cet égard, la représentante de la Suisse a regretté que presque deux ans après Johannesburg, le Sommet n´ait pas encore créé une dynamique à la hauteur des promesses formulées. L´environnement économique et politique mondial n´est pas propice pour faire du développement durable une priorité, notamment dans les agendas politiques et les entreprises, a-t-elle fait remarquer. C’est pourquoi, le rôle de l’ONU et de la Commission du développement durable ont été mis en avant, notamment par le représentant de la Chine. Elles peuvent et doivent contribuer à traduire les objectifs fixés en actions concrètes, a-t-il estimé. La solidarité régionale a aussi été mise en avant. A cet égard, la représentante de la Turquie a évoqué la possibilité de transférer l´eau d´un pays à un autre.
En outre, l’établissement de partenariats publics et privés a été désigné comme une des conditions d’une meilleure gestion des ressources en eau. Plus précisément, selon le représentant des Etats-Unis, ces partenariats doivent axer leurs efforts au niveau local afin de permettre aux institutions de proximité de bien identifier les problèmes. Dans la même perspective, le représentant du Grand groupe des autorités locales a rappelé que son Groupe constituait l’institution la plus proche des populations pour ce qui est de la fourniture des services. L’accès à l’éducation, la diffusion de l’information et les campagnes de sensibilisation ont aussi été définis comme les corollaires d’une meilleure gestion des ressources en eau. C’est ainsi que les représentants du Brésil et de la Colombie ont cité comme exemples les politiques de leurs gouvernements pour multiplier les campagnes de sensibilisation visant à promouvoir des comportements et des modes de consommation plus responsables et durables et à lutter en particulier contre le gaspillage.
La Commission du développement durable a par ailleurs entendu aujourd’hui la Directrice de la Division du développement durable au sein du Département des affaires économiques et sociales, Joanne Disano, qui a présenté le rapport du Secrétaire général sur la coopération interinstitutions et la coordination des activités menées pour donner suite au Sommet mondial pour le développement durable. Exprimant des commentaires sur ce rapport, plusieurs délégations ont regretté la faiblesse du niveau de coopération actuelle entre les institutions du système des Nations Unies et ont lancé un appel pour une meilleure concertation. Au cours de l’échange interactif sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des décisions de la Commission du développement durable relatives aux améliorations à apporter à l’établissement des rapports pays et à la poursuite des travaux sur les indicateurs du développement durable, certaines délégations, à l’instar du représentant du Costa Rica, ont regretté que les indicateurs, en tant qu´outils de prises de décisions, n´aient jamais été vraiment clairement définis. C’est pourquoi, des délégations ont demandé que soit mis en place un mécanisme de base apte à appuyer les décisions politiques. D’autres délégations ont souligné que le rôle des partenariats ne devrait pas se substituer au rôle crucial que les gouvernements jouent dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs définis lors des sommets organisés par les Nations Unies.
Ce sont les questions de la mobilisation des ressources financières, de la transformation des femmes en agents de changements et des stratégies d’accès à l’assainissement qui ont occupé le devant de la scène à la réunion parallèle des Grands groupes. Le fait que, dans le domaine de l’eau, 70% des dépenses soient financées par des fonds publics, 5% par des fonds privés et le reste par l’aide publique au développement (APD) et d’autres types d’aide extérieure, a donné lieu, compte tenu de la somme de 86 milliards de dollars requise par an pour l’eau et l’assainissement, à un débat animé sur l’opportunité d’inviter le secteur privé à augmenter ses investissements dans ces domaines. Les discussions ont porté sur le caractère inconciliable pour les uns, et compatible pour les autres, des intérêts du monde des affaires et des attentes du consommateur.
Une des solutions proposées a été la création de partenariats entre les secteurs public et privé. Le temps est venu, a-t-on dit, de trouver le juste équilibre entre le fondamentalisme du marché et le dogme des subventions. Cette argumentation n’a pas convaincu les partisans de l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) et de l’octroi de dons. Les autres ont été prévenus que l’initiative doit être laissée aux collectivités locales. La planification par toutes les parties prenantes ayant été présentée comme le garant des décisions les mieux adaptées, l’implication des femmes a été jugée incontournable, en raison de leur statut de gestionnaire et de principal utilisateur de l’eau ainsi que d’éducateur à l’hygiène.
Outre ceux déjà cités, la Commission a entendu les représentants des pays suivants: Irlande (au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés), République islamique d’Iran, Canada, République-Unie de Tanzanie, Nigéria, Fédération de Russie, Equateur, Pakistan, Nouvelle-Zélande, Tonga, Cuba, Kenya, Thaïlande, République tchèque, République de Corée, Inde, Ouganda, Suède, Japon, Lesotho, Pays-Bas, Royaume-Uni et Belgique. Les représentants des Grands groupes des autorités locales, des jeunes, des ONG, de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et du Secrétariat de la Convention de Bâle ont également pris la parole.
La Commission du développement durable poursuivra ses travaux, demain jeudi 22 avril à 10 heures.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005
Vue d’ensemble de la perspective du pays sur la mise en œuvre d’Action 21, le Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg
Déclarations
Mme HAYES (Irlande), au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, s’est félicitée des rapports équilibrés du Secrétaire général qui, selon elle, abordent de façon pragmatique les questions traditionnellement traitées de façon trop abstraite. La représentante a en particulier souligné l’importance d’identifier les échecs et d’établir le lien entre les divers éléments du développement durable pour mieux définir les stratégies à mettre en œuvre. Les pays développés doivent en particulier jouer un rôle de leadership et augmenter notamment le montant de l’aide publique au développement (APD). Il faut aussi s’efforcer de réduire le gaspillage. Enfin, la représentante a estimé que le rapport du Secrétaire général était un bon outil dans la mesure où il allait au-delà d’une simple évaluation et qu’il proposait aussi des moyens de parvenir au développement durable.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a souligné que le développement durable représentait l’un des plus importants défis auxquels le monde était aujourd’hui confronté, lié à la survie de l’humanité, à son développement et à sa stabilité à long terme. Après plus de 10 années d’efforts, le concept de développement durable est plus complet, équilibré et mieux orienté. Transformer des consensus et des engagements en des actions efficaces a toujours été des plus difficiles, a-t-il estimé. Dans la chaîne du développement durable international, les pays en développement forment sans conteste le lien le plus faible, a poursuivi M. Yishan. Des problèmes comme la pauvreté, la faim, l’environnement et les épidémies font, selon lui, peser sur ces pays un poids contraignant et sans précédent. Bien que la communauté internationale ait atteint un consensus important en fournissant une aide aux pays en développement, les progrès en faveur d’actions précises demeurent lents. M. Yishan a rappelé la nécessité de souscrire aux principes du Sommet de Rio et de partager des « responsabilités communes mais différenciées », de créer un environnement favorable au développement durable des pays en développement, notamment grâce au respect par les pays développés de leurs engagements en matière de financement des ressources, de transfert de technologies et d’élimination de tarifs douaniers, de renforcer les mécanismes régionaux et internationaux –l’ONU devant jouer à ce titre un rôle de premier plan- et d’établir un partenariat public et privé étendu à l’ensemble de la société.
M. HOSSEIN MOEINI (République islamique d’Iran), en tant que représentant d’un pays au climat aride et semi-aride, exposé aux catastrophes naturelles et avec une importante population jeune, a déclaré que l’eau était synonyme de vie. C’est pourquoi, a poursuivi le représentant, le Gouvernement iranien investit constamment dans le secteur de l’eau en vue de contrôler l’eau souterraine, d’en améliorer la qualité et de renforcer l’accès à l’eau. Des barrages et des laboratoires ont été créés. A présent, 86% des zones urbaines ont accès à l’eau potable. Cependant, le rythme de la demande en eau a dépassé les capacités financières et techniques du pays. Il y a encore de grands défis à relever. Des investissements importants sont nécessaires. Il faut aussi améliorer les modes de consommation. Le Gouvernement centre son action sur le maintien d’un réseau d’adduction d’eau dans les zones éloignées et sur la mise en place des services nécessaires pour recycler les eaux usées, a indiqué le représentant iranien. L’émigration massive des campagnes vers les villes entraîne par ailleurs des phénomènes de surexploitation des ressources existantes et de pollution des nappes phréatiques. C’est pourquoi, des mesures concrètes pour utiliser toutes les ressources nationales sont prises, en tenant compte du rôle des femmes. Enfin, le représentant a estimé que les fonds et les programmes des Nations Unies doivent donner suite à leur promesse pour assurer le transfert des techniques. Il faut une forte coopération entre les organes de l’ONU plutôt qu’une concurrence, a-t-il conclu.
M. GILBERT PARENT (Canada) s’est déclaré heureux que les partenariats du type II aient été initiés grâce à des efforts déployés par le Canada. Son pays, a-t-il noté, a la volonté de travailler avec l’ensemble des parties prenantes pour s’assurer que toutes les décisions prises seront appliquées. Le représentant du Canada s’est en outre félicité que son pays soit l’hôte, en 2006, du Forum mondial sur les villes, dont l’objectif sera notamment d’améliorer la vie d’au moins 100 000 habitants des bidonvilles.
Mme MARY MUSHI (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que la pauvreté est une question cruciale au cœur du processus de développement de son pays. C’est pourquoi, le Gouvernement tanzanien donne un rôle important aux autorités locales, aux communautés et au secteur privé tout en définissant les normes et en fournissant les services essentiels. La couverture en eau est de 53% dans les zones rurales et de 73% dans les zones urbaines. Le Gouvernement s’efforce en outre de décentraliser la gestion des services en eau et de promouvoir sa gestion intégrée car l’accès à l’eau est un préalable à la définition de stratégies de réduction de la pauvreté. Si l’on observe une amélioration constante de la gestion de l’eau, son assainissement demeure une tâche essentielle, en particulier la gestion des eaux usées afin d’apporter des services en eau fiables et durables. La multiplication et l’expansion d’établissements humains non contrôlés représente aussi un défi. Les politiques de développement de la République-Unie de Tanzanie, a fait savoir la représentante, s’efforcent de reconnaître les logements dans les zones non planifiées et de développer des approches de partenariat avec le secteur privé. Enfin, elle a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle travaille de concert dans ce domaine.
M. OSHA ANAEOU (Nigéria) a indiqué que son Gouvernement avait introduit une politique de réformes qui encourage les Etats à parvenir aux Objectifs de développement du Millénaire. Une loi sur l’eau est ainsi en cours d’élaboration et s’intégrera dans la législation nationale avant la fin de l’année, a-t-il annoncé. Par ailleurs, dans le cadre des engagements relatifs aux établissements humains, un programme de logements est prévu d’ici la fin de l’année. Le représentant du Nigéria a souligné que son pays procédait à d’énormes investissements financiers dans ce secteur. Bien que son Gouvernement accorde une large part aux investissements d’origine privée, ceux-ci demeurent encore très limités.
M. MARGOLIS (Etats-Unis) a insisté sur l’importance du travail des protagonistes locaux et sur la responsabilité des gouvernements pour la promotion du développement durable. Là où les pays se sont engagés à investir, les institutions internationales doivent les aider. Il faut en particulier donner la priorité à la primauté du droit, à la bonne gouvernance et à la participation du secteur privé. Nous devons renforcer les capacités aux plans local et national afin que les municipalités participent activement à l’identification de leurs besoins. Les partenariats publics et privés sont aussi des moyens souples de réunir les forces et les capacités des gouvernements et de disséminer les meilleures pratiques.
M. ROTHENBERGER (Suisse) a souligné que presque deux ans après Johannesburg, le Sommet n’a pas encore créé une dynamique telle que nous l’espérions. La faute n’en n’incombe pas au Sommet lui-même, mais plutôt à l’environnement économique et politique, lequel n’est pas propice à faire du développement durable une priorité. Au sein des entreprises, la notion de développement durable tarde également à s’imposer. La Commission du développement durable peut et doit contribuer à traduire les visions en actes. L’accent placé sur le partage d’expériences doit permettre de parvenir à des progrès tangibles et viables, a-t-il conclu.
M. OLEG SHAMANOV (Fédération de Russie) a estimé que les décisions prises en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains devraient être axées sur les dimensions régionale et nationale. Un autre aspect important est celui de l’examen général de blocs thématiques et l’intégration des dimensions économiques, écologiques et sociales pour parvenir aux Objectifs de développement du Millénaire. En matière d’établissements humains, le représentant a estimé qu’il ne faudrait pas se limiter à la fourniture de logements pour les plus pauvres mais aussi penser à la mise en place de mécanismes économiques ciblés pour encourager les couches les plus pauvres à investir dans les programmes d’urbanisation.
Le représentant du Grand groupe des Autorités locales a rappelé que son Groupe constituait le niveau de gouvernement le plus proche des populations quant à l’apport des services. L’exode rural se poursuit, s’est-il inquiété. Dans ce contexte, l’approvisionnement en services tels que l’eau et l’assainissement est essentiel pour les établissements humains. Pour l’assainissement, il faut assurer l’accès de manière sûre et économique, a-t-il ajouté. Dans certains cas, les Autorités locales ne peuvent pas répondre à la tâche qui leur confiée, tout simplement par manque de moyens. Les plans mondiaux d’exécution doivent devenir une priorité, a-t-il en outre estimé.
Le représentant du Grand groupe des syndicats a regretté que beaucoup d’acteurs ne comprennent pas les syndicats et le rôle qu’ils peuvent jouer. Les organisations non gouvernementales et les gouvernements ne suffisent plus. Il faut aussi la participation des masses à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. Les syndicats peuvent apporter une contribution importante par le biais de réseaux mondiaux financés par les travailleurs eux-mêmes. L’éducation des travailleurs devrait aussi être une priorité car ils sont au centre de la production et de la consommation. Cependant, les gouvernements doivent jouer leur rôle et les entreprises assumer leurs responsabilités. Le mouvement des syndicats est né dans le même contexte que les Nations Unies au cours d’une période d’espoir pour un monde meilleur. Les syndicats n’ont pas perdu espoir dans l’ONU mais la Commission du développement durable doit faire appel aux syndicats et aux travailleurs, a estimé en conclusion le représentant.
M. GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) a affirmé que les statistiques montraient que les services d’assainissement et de distribution d’eau potable avaient été améliorés, mais que les capacités pour traiter et les eaux usées manquaient. Une des causes essentielles de maladies et du taux important de mortalité infantile est due à l’absence d’eau potable et d’assainissement. L’Equateur, a-t-il ajouté, a une population urbaine qui a augmenté de 17% au cours des dernières années avec des conséquences importantes sur l’environnement. Le pays manque de moyens financiers et a besoin d’aide, a-t-il conclu.
M. HASSAN (Pakistan) a fait savoir que plus de 70% de la population de son pays dépendait de l’agriculture. L’accès à une eau de qualité est donc une des priorités de son Gouvernement. Le Pakistan est conscient de la nécessité de développer une approche intégrée pour traiter des questions relatives à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Il s’efforce aussi de fournir des services d’assainissement aux segments de la population les plus pauvres. Le Gouvernement met en outre l’accent sur la fourniture d’eau potable par le biais d’un système juridique garantissant une utilisation durable des ressources hydrauliques.
M. VAUGHAN (Nouvelle-Zélande), qui s’exprimait au nom du Forum des îles du Pacifique, a rappelé que les pays membres du Forum avaient pris des initiatives pour protéger l’environnement marin. Les changements climatiques sont extrêmement importants pour nos membres, a-t-il noté. Plusieurs mesures ont ainsi été prises pour les atténuer. Le représentant néo-zélandais a ajouté que les petits Etats insulaires en développement avaient réalisé des progrès quantifiables au cours des 12 dernières années. La plupart des ces efforts ont été concentrés sur l’amélioration et le développement des systèmes hydrauliques urbains. En revanche, dans le même temps, on a assisté, a-t-il précisé, à un déclin dramatique de la capacité des Etats insulaires à contrôler et gérer leurs ressources en eau.
Mme VIOTTI (Brésil) a fait savoir qu’une des priorités de son Gouvernement était d’améliorer la qualité de l’eau pour la consommation humaine. Le Brésil s’efforce en outre de décentraliser et d’assurer une gestion participative de toutes les parties prenantes, y compris en matière d’assainissement. Le Gouvernement centre aussi son action sur la diffusion d’informations de qualité en la matière. L’Institut pour la géographie et les statistiques a publié un atlas pour les questions d’assainissement fournissant de nombreuses données utiles. En ce qui concerne les établissements humains, des efforts sont déployés visant à éliminer les taudis et à réduire la migration des campagnes vers les villes en améliorant la qualité de vie dans les zones rurales. Face à l’importance des investissements nécessaires pour atteindre les objectifs visés, la représentante a souligné l’importance de la coopération internationale pour la fourniture de nouvelles ressources et le transfert de technologies.
Mme OZKAYA (Turquie) a affirmé que toutes les options devaient être envisagées dans la gestion des ressources en eau, comme la construction de nouveaux barrages. La pluviosité dans les régions arides est limitée à quatre ou cinq mois par an, d’où la nécessité de lancer de nouveaux projets agricoles. Le fait que chaque habitant de la région dispose en moyenne de moins d’un millimètre cube d’eau constitue un obstacle à l’activité économique, a-t-elle précisé. Il faut donc trouver d’autres méthodes, comme le transfert d’eau d’un pays à un autre. Il est nécessaire de partager les ressources en eau, a insisté la représentante. La Turquie a initié des projets qui montrent que la sécurité alimentaire dans la région peut être assurée, a-t-elle conclu.
M. AMED ESSOP VARWDA, Directeur général adjoint au Département de l’habitat de l’Afrique du Sud, a souligné qu’en dépit des progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), le monde faisait toujours face à d’énormes défis. La 12ème session de la Commission du développement durable est l’occasion de faire une évaluation de ces progrès et de définir des approches concrètes pour parvenir à ces objectifs. Elle devrait également déboucher sur un échange de vues sérieux concernant la manière dont l’événement organisé par les Nations Unies en 2005 pourrait contribuer à promouvoir le développement durable.
L’Afrique du Sud vient d’achever l’évaluation de l’impact des politiques publiques au cours des dix dernières années en termes d’élimination de la pauvreté. Il en ressort que les progrès sont réels, mais que beaucoup restent encore à faire. Toutefois, et partiellement grâce à la croissance économique que connaît l’Afrique du Sud, le pays est en bonne voie pour réaliser les ODM ou tout au moins s’en rapprocher sensiblement. Le représentant a néanmoins dénoncé le fait qu’il n’y a pas eu de véritables progrès en termes d’accès au marché mondial pour les produits agricoles. Les tarifications douanières pour ces produits demeurent élevées. Il a également lancé un appel à tous les partenaires du Plan d’action pour le développement de Doha à reprendre les négociations. Pour ce qui est du financement du développement, la communauté internationale devrait, selon lui, accorder une attention particulière aux efforts des pays en développement pour attirer des investissements étrangers directs, et respecter les engagements pris en faveur de l’aide publique au développement. M. Varwda a également souligné l’importance capitale des avancées technologiques et scientifiques pour le développement durable, en particulier dans les domaines de l’approvisionnement et de la gestion de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains. Compte tenu de la situation particulièrement difficile de l’Afrique, il a également appelé la communauté internationale à se mobiliser, et a rappelé, dans ce contexte, le NEPAD.
La représentante du Grand groupe des femmes a rappelé que de nombreuses femmes portent un lourd fardeau en subissant, entre autres, l’impact des conflits, en vivant dans des logements précaires, ou en étant violées lorsqu’elles vont chercher de l’eau. Elles sont en outre privées de se rendre à l’école, ne disposent pas de services sanitaires et subissent les effets néfastes du VIH/sida plus que tous les autres segments de la population. Leurs voix ne sont pas entendues, a regretté la représentante. Il y a des décisions auxquelles elles ne participent pas. C’est pourquoi, la représente du Groupe des femmes a lancé un appel pour que le Plan de Johannesburg soit exécuté et que l’on fasse en sorte que les femmes profitent des richesses de la planète.
Les représentants du Grand groupe des populations autochtones ont rappelé combien l’eau et la qualité de l’assainissement déterminaient le bien-être, la santé et l’équilibre des peuples et de la biodiversité. Les établissements humains des populations autochtones consistent le plus souvent en des communautés autosuffisantes où les personnes ne vivent pas séparées de leurs terres, eaux et forêts. Cela implique une continuité entre l’accès aux ressources et la préservation de l’environnement naturel à l’intérieur duquel s’inscrivent ces établissements. Or, de nombreux autochtones se voient économiquement forcés de quitter leurs villages pour des zones urbaines. Séparés de leurs familles, dépossédés de leurs terres et des valeurs communautaires qui les lient, ils viennent grossir le nombre des pauvres dans les villes. Les populations autochtones ont un rôle important à jouer dans la gestion durable des ressources en eau et leur savoir en la matière fait partie intégrante de l’héritage humain et de la diversité culturelle, ont déclaré les représentants. Dans ce contexte, ils ont recommandé que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les banques régionales cessent d’imposer la privatisation de l’eau. Les populations autochtones doivent être en mesure de déterminer souverainement ce qui concerne le devenir des ressources nécessaires à leur survie, ont poursuivi les représentants. C’est pourquoi, le Groupe des populations autochtones recommande que la transformation des établissements humains en mégalopoles n’aboutisse pas à la suppression des habitations rurales.
Le représentant du Groupe des ONG a souligné que la communauté internationale n’avait guère fourni d’efforts pour parvenir aux objectifs fixés, plusieurs millions d’êtres humains n’ayant toujours pas accès à l’eau potable et à l’assainissement. Ceci est inacceptable, a-t-il affirmé. La pauvreté, qui a majoritairement un visage féminin, la guerre et le cadre politique actuel constituent des obstacles au développement humain. Nous rejetons la libéralisation du commerce de l’eau, a-t-il affirmé. L’environnement est sacrifié pour des considérations de profit à court terme, s’est inquiété le représentant du Groupe des ONG, qui a proposé qu’une fraction des dépenses militaires soit affectée au développement durable.
Mme PRESCOTT (Tonga) a déclaré que les trois domaines thématiques à l’examen aujourd’hui étaient étroitement liés et qu’il fallait par conséquent les examiner de manière globale et simultanée. La gestion durable de l’eau est une activité de développement que doit accomplir Tonga tout en tenant compte de la variabilité climatique de son environnement, du fait que les eaux douces de surface n’existent quasiment pas et que l’eau de pluie est la principale source d’eau. En dépit de ces contraintes, 97% de la population ont accès à une eau saine et 94% de tous les foyers disposent d’un système d’assainissement approprié. La planification en matière d’eau doit tenir compte des variables climatiques, de la capacité à gérer le risque, mais exige dans le même temps une gestion durable de l’eau qui implique un transfert technologique et un renforcement des capacités.
M. DIAZ (Cuba) a souligné que la volonté politique devait s’accompagner d’une volonté économique et sociale. Il a indiqué que 95% de la population cubaine bénéficiaient d’un accès à l’eau potable, et presque autant à l’assainissement, et ce, malgré les privations et les contraintes économiques dont souffre Cuba. Le pays rencontre néanmoins des difficultés dans le traitement des eaux usées. Cuba est également victime des changements climatiques, a-t-il ajouté. Le représentant cubain a indiqué cependant que son pays était disposé à partager son expérience avec d’autres pays en développement, et qu’il attendait beaucoup des travaux la CDD-12.
Mme ARUNGA (Kenya) a regretté l’absence de volonté politique à l’égard de la réalisation des objectifs du développement durable. Le rapport du Secrétaire général dresse un tableau sombre de l’Afrique et, si nous ne prenons pas d’actions correctrices, les objectifs de réduction de la pauvreté demeureront un mirage. Dans le passé récent, le Kenya a mis en place des réformes économiques et sociales et a adopté des politiques de réforme institutionnelles visant à lutter contre la pauvreté et le chômage, a indiqué la représentante qui a aussi insisté sur l’importance, pour la communauté internationale, de déployer des efforts durables pour aider les pays en développement.
M. DEMESSINOV (Kazakhstan) a souligné que sur 44 sources d’eau, neuf seulement étaient propres. Le Gouvernement a donc adopté un plan quinquennal de l’eau pour tenter de faire face aux difficultés rencontrées par le pays, en particulier en matière d’accès à l’eau potable. Pour lutter contre la minéralisation des eaux souterraines, des installations doivent être construites, a-t-il précisé. Le Gouvernement compte sur une implication de la société civile pour résoudre les problèmes existant à tous les niveaux, a-t-il noté. Il a également mis l’accent sur les bienfaits des initiatives prises en Asie centrale pour faciliter une utilisation transnationale.
Mme JARAYABHAND (Thaïlande) a fait savoir que son Gouvernement donnait la priorité à la bonne gouvernance et à la décentralisation en matière de développement durable. Des mesures novatrices ont en outre été prises pour améliorer les services publics. En ce qui concerne les schémas de production et de consommation durables, des techniques propres et des économies d’énergie dans le secteur industriel ont été mis en place de même que des campagnes de sensibilisation. En 1997, un programme de gestion intégrée des ressources en eau a été établi. Le Gouvernement thaïlandais a en outre déployé des efforts pour réduire les gaz à effet de serre grâce à des campagnes de réduction de la consommation d’énergie. Cependant, a conclu la représentante, la Thaïlande souffre du manque de capacités et de ressources pour la mise en œuvre de certains programmes d’établissement d’usines de traitement des eaux usées.
M. RADZI RAHMAN (Malaisie) a déclaré que même s’il est encore trop tôt pour faire un véritable bilan des résultats obtenus depuis le dernier Sommet mondial sur le développement durable, il n’en demeure pas moins que des tendances alarmantes se dégagent déjà. A ce titre, il a cité le faible taux de l’aide publique au développement, les marchés protectionnistes et les difficultés qui persistent dans l’accès des pays en développement aux technologies respectueuses de l’environnement. Pour lui, la raison de ce manque de progrès dans la mise en œuvre du Plan de Johannesburg est dû au fait que les partenariats qui devaient se mettre en place n’ont toujours pas réussi à fournir les ressources additionnelles nécessaires. C’est pourquoi, la Commission du développement durable doit évaluer les raisons et les contraintes des progrès réalisés en termes de moyens de mise en œuvre, de manière à pouvoir définir des mesures politiques appropriées lors de la 13ème session de la CDD et de permettre d’aller de l’avant dans l’application du Plan de Johannesburg. La Malaisie a mis en place des plans, programme et projets pour faire face aux problèmes de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et des établissements humains, a indiqué son représentant. A ce stade, 97% de la population urbaine et 86% de la population rurale disposent d’eau potable, l’objectif étant une couverture totale d’ici à 2015. Le Gouvernement malaisien a également mis en place des fonds de financement de la construction de logements à faibles coûts dont les prix d’achat et les loyers seront contrôlés pour garantir qu’ils soient abordables.
M. PUNCOCHAR (République tchèque) a indiqué que le territoire national se trouvait entre trois mers et sources d’eau importantes situées dans les pays voisins, d’ou l’intérêt porté à la planification des ressources en eau. Les crues survenues au cours des six dernières années ont également rendu nécessaires des mesures de prévention contre les inondations, a-t-il souligné.
Mme ALBAN (Colombie) a fait savoir que son pays avait accompli de grands progrès pour répondre aux objectifs du développement durable. Dans le domaine de l’éducation par exemple, la Colombie s’efforce d’élargir la couverture primaire en vue de réaliser les Objectifs de développement du Millénaire. Des progrès ont également été entrepris en matière de réduction de la mortalité infantile et maternelle. Cependant, la représentante a en conclusion estimé nécessaire d’obtenir des aides financières ainsi qu’un transfert des techniques afin de renforcer les capacités.
Mme HANNA de la Communauté européenne a souligné que la stratégie du développement durable est le lieu et l’outil principal pour respecter les engagements pris à Johannesburg et renforcer la cohérence politique entre les décisions prises et les actions menées. Six domaines clefs ont été identifiés dans la stratégie de l’Union européenne: le changement climatique, la santé, les ressources naturelles, la pauvreté et l’exclusion, la démographie, l’utilisation de la terre. L’eau et l’énergie constituent une partie cruciale de la stratégie de l’Union européenne, a-t-elle affirmé. Une des questions qu’il est important d’examiner est celle relative au renforcement de la cohésion entre les politiques internes et externes. L’Union européenne considère qu’une attention plus grande doit être apportée, à la présente session de la Commission du développement durable, à la formulation et à l’élaboration de stratégies nationales pour la réduction de la pauvreté qui intègrent le développement durable, ainsi qu’à leur mise en œuvre avant 2005.
Mme MURILLO (Mexique) a insisté sur la nécessité d’examiner les questions à l’ordre du jour de façon transversale et de sensibiliser de la population. A cet égard, le Mexique s’efforce de diffuser l’information sur le plan national afin de bien faire connaître ces questions. Le Gouvernement souhaite également renforcer la participation de la société civile. De nombreux progrès ont été réalisés mais il reste encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne la fourniture d’eau dans des zones fortement peuplées, a conclu la représentante.
M. SUHO SEONG (République de Corée) a souligné que son pays avait réalisé des progrès au cours de ces dernières années, notamment par la construction d’installations destinées à la purification de l’eau, la captation de l’eau et l’accès aux services hydrauliques. Des lois ont été élaborées et promulguées pour éliminer les inégalités en vigueur dans le pays, a-t-il également souligné.
M. TEWARI (Inde) a plaidé en faveur d’une approche holistique et diversifiée en matière de gestion de l’eau. Il n’est pas nécessaire de redéfinir les objectifs, a-t-il estimé tout en précisant qu’il fallait centrer les efforts sur l’accès à l’eau potable et la fourniture d’eau à des taux rentables. En ce qui concerne les établissements humains, l’Inde est en faveur du développement du microcrédit, a conclu le représentant.
M. IBANDA (Ouganda) a rappelé que 88% de la population totale de l’Ouganda, qui est estimée à 24,7 millions, vivaient en zones rurales et que Kampala restait la principale ville avec une population de 1,2 million. En dépit du fait que l’Ouganda fait partie des pays les moins urbanisés, son taux d’urbanisation (4,6%) suscite de graves inquiétudes comme la prolifération de centres urbains non planifiés ne disposant pas des services de base. Le pays ne dispose pas non plus de moyens suffisants pour planifier et fournir les infrastructures et services de base à une population nouvelle et en croissance, et à cette difficulté, s’ajoute la prolifération d’agglomérations sauvages et de bidonvilles. A ce stade, l’Ouganda a lancé une initiative d’assainissement des bidonvilles, en particulier ceux de Kampala en partenariat avec Slum Dwellers International et Homeless International. Le Gouvernement a également signé un communiqué avec ONU-Habitat, le PNUD et le Conseil municipal de Kampala pour l’application des campagnes sur la bonne gouvernance urbaine. Si à ce stade la portée des projets-pilote reste limitée, le Gouvernement ougandais a néanmoins la ferme intention de l’élargir au niveau national.
Mme BOHN (Suède) a indiqué que des efforts devaient être entrepris afin de parvenir à un développement équitable. Chaque pays doit s’engager en faveur d’une bonne gouvernance, de la démocratie pour permettre une bonne politique de développement durable, a-t-elle estimé. La Suède s’est engagée à réaliser tous les objectifs fixés par le Sommet du Millénaire, a souligné la représentante. Il convient que les établissements humains soient efficaces sur le plan de l’énergie, a-t-elle poursuivi, précisant qu’il convenait de modifier les modes de consommation. La production durable sera très importante pour le prochain cycle de développement.
Le représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a insisté sur l’importance d’améliorer l’accès à l’eau dans les écoles du monde car de nombreuses écoles seront fermées si l’eau et l’assainissement ne sont pas assurés. C’est pourquoi, il est important de construire des latrines. En outre, les femmes doivent participer aux politiques en matière d’eau, notamment pour que les autorités locales installent des points d’eau qui leur évitent de parcourir de longues distances pour s’approvisionner en eau, a conclu le représentant.
La représentante du Secrétariat de la Convention de Bâle a indiqué que la Convention poursuivait activement des programmes de partenariats, y compris avec des municipalités de pays en développement dont l’expérience est utile. Le Secrétariat de la Convention de Bâle souhaite apporter son appui et établir un partenariat avec tous les pays intéressés afin de répondre au mieux aux objectifs du Sommets de Johannesburg et du Millénaire, a-t-elle affirmé.
M. AMAMIYA (Japon) a rappelé que son pays avait connu un taux de pollution très élevé dans son processus de croissance et qu’il devait tenir compte des erreurs commises en la matière. Les pays en développement doivent quant à eux se fonder sur la bonne gouvernance et encourager le commerce et l’investissement avec l’aide de la communauté internationale. Des méthodes appropriées, de même que des méthodes spécifiques doivent en outre être définies pour chaque pays. Chaque bénéficiaire de l’assistance technique et financière doit pouvoir intervenir dans la définition des politiques qui les concernent. Le Japon s’efforce pour sa part de définir des partenariats souples et pratiques et est résolu à continuer ses efforts en matière d’aide publique au développement.
M. TAU (Lesotho) a énuméré les problèmes et les contraintes auxquels son pays était confronté, comme la forte urbanisation, la sécurité de l’offre de l’eau. L’eau provient essentiellement de rivières sujettes à la sécheresse. La pauvreté des infrastructures de base pour l’assainissement et l’absence de ressources financières constituent d’autres obstacles au développement du Lesotho, a fait remarquer le représentant.
Mme VAN RIJN (Pays-Bas) a déclaré que la période qui sépare la 12ème session et la 13ème session était très importante pour trouver des réponses aux problèmes définis en matière de développement durable.
Dialogue interactif sur la coordination interinstitutions et les partenariats
Mme JOANNE DISANO, Directrice de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a indiqué que les rapports* du Secrétaire général sur la coopération interinstitutions et la coordination des activités menées pour donner suite au Sommet mondial pour le développement durable rappellent que l’objectif d’une telle coopération est de renforcer les synergies au niveau du système des Nations Unies pour appuyer le suivi de l’application des recommandations formulées lors des sommets. Les initiatives prises en matière d’eau ont pour objectif de mettre en place des mécanismes de coopération au sein de l’ONU afin d’encourager la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire et la participation des acteurs en dehors du système des Nations Unies. L’initiative de l’ONU en matière d’énergie a pour objectif de garantir la cohérence des politiques en la matière et de promouvoir une réponse multidisciplinaire.
Mme Disano a présenté ensuite le rapport sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des décisions de la Commission du développement durable relatives aux améliorations à apporter à l’établissement des rapports nationaux et à la poursuite des travaux sur les indicateurs du développement durable. Elle a indiqué que des consultations avaient été menées sur les différentes approches possibles pour formuler des directives aux pays pour la rédaction de leurs rapports nationaux et que la possibilité de leur accorder un délai d’au moins un an avait été envisagée. Un grand nombre de pays en sont toujours au stade préliminaire de l’établissement de programmes et d’indicateurs du développement durable.
S’agissant du rapport sur les partenariats pour le développement durable, la Directrice de la Division du développement durable a fait observer qu’en dépit du fait que les partenariats variaient en termes de taille, d’ampleur et de durée, ils ont des thèmes communs et récurrents. Ces partenariats œuvrent à développer des systèmes mondiaux de connaissances. Leur portée géographique et leur durée varient mais l’accent est en général mis sur les régions. Leur durée varie entre deux ans à une durée non limitée et, en général, leur financement est garanti. Certains sont pleinement opérationnels, d’autres sont au début de leur développement. En conclusion, elle a rappelé que les partenariats n’avaient pas pour but de remplacer les engagements pris par les gouvernements mais d’appuyer Action 21 et le Programme d’action de Johannesburg.
La représentante de la Belgique s’est interrogée sur les moyens d’améliorer cet outil d’information important que constitue la base de données, notamment dans la promotion par les gouvernements de véritables partenariats.
Le représentant du Costa Rica a renchéri sur ce point, en soulignant que les informations, les indicateurs, les statistiques en tant qu’outils de prises de décision n’ont jamais été vraiment définis. Dans certains cas, a-t-il estimé, le tableau que dresse un pays du développement durable reflète très peu la réalité. Selon lui, il serait utile de mettre en place un outil de base apte à appuyer les décisions politiques.
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de la République islamique d’Iran a, de son côté, reconnu l’importance d’une concertation de toutes les institutions spécialisées. Il a en outre relevé dans le rapport du Secrétaire général l’absence de progrès réalisés dans la collecte de fonds. Si cela constitue une tendance, dans quelle mesure peut-on apporter plus d’argent? s’est-il préoccupé, en souhaitant une implication beaucoup plus forte du secteur privé. Le représentant iranien a enfin souhaité que l’on accorde une attention tout aussi soutenue à des domaines comme ceux de biotechnologie ou de la désertification.
Répondant à ces commentaires, Mme Disano a indiqué que le Département des affaires économiques et sociales s’attelait activement à la mise en place d’une base de données fiables. Elle a précisé que les indicateurs définis par les pays étaient volontaires. Le Conseil des chefs de secrétariat avait pris au sérieux les instructions provenant de Johannesburg qui portent notamment sur la nécessité, pour le système des Nations Unies, de développer des synergies pour toute une gamme d’activités. Les institutions financières internationales font partie de ce processus et leurs contributions seront passées en revue au cours des mois prochains, a-t-elle ajouté. Les partenariats ont pour objectif de réaliser un équilibre entre les différents acteurs dans la perspective retenue par chacun de pays. La Directrice a enfin dit être consciente de la nécessité de réduire le fardeau que représente la rédaction du rapport.
Poursuivant la discussion, le représentant du Royaume-Uni a lancé un appel pour faire en sorte que les pays partagent leurs objectifs en matière de développement durable. Il a aussi estimé que la coopération interinstitutions devait permettre de réduire le fardeau que représentait l’établissement des rapports nationaux.
Le représentant du Mexique a souligné la nécessité de profiter des synergies qui existent au niveau des institutions, afin d’éviter des doubles-emplois et de permettre une meilleure utilisation des maigres ressources à la disposition des projets de coopération.
Proposant pour sa part la constitution collective d’un processus d’évaluation sur le développement durable, le représentant du Grand groupe des syndicats a indiqué avoir déjà préparé un profil pour chaque pays, une démarche qu’il prévoit de poursuivre avec les autres grands groupes. Ce travail recense les mesures qui ont été adoptées ou non concernant les accidents, la santé, les risques chimiques, le VIH/sida, la prévention du cancer. La Commission doit renforcer les liens entre la santé sur les lieux de travail et la santé publique, a-t-il considéré. Il a en outre plaidé pour une mise en exergue de la dimension sociale du développement durable. Nous devons placer la création d’emplois suffisants et de qualité au centre de nos décisions, a-t-il ajouté.
Observant de son côté que l’on est arrivé à une phase où il était devenu nécessaire de partager des informations et d’échanger des expériences et des pratiques, la représentante de la Slovénie a préconisé de trouver les moyens d’accroître la prise de conscience de nouer des partenariats qui fonctionnent, a-t-elle poursuivi.
Le représentant du Pakistan a constaté que, depuis la dernière session de la Commission du développement durable, il y a une tendance, qu’il a jugée néfaste, du déclin du nombre des partenariats dans les différents domaines thématiques ou dans les diverses zones géographiques. La Commission devrait se pencher sérieusement sur cette question. Nous devrions aussi nous interroger davantage sur la façon de lancer des partenariats dans les pays où ils deviennent nécessaires, a-t-il estimé.
Poursuivant, le représentant de l’Arabie saoudite a estimé qu’il était important de délimiter clairement les domaines où une coopération interinstitutions était nécessaire.
Mme Disano a précisé qu’à la fin du Sommet de Johannesburg, 289 partenariats avaient été enregistrés et qu’ils étaient à présent au nombre de 291.
Convaincu que les partenariats devaient jouer un rôle essentiel en tant que moyen novateur de mettre en œuvre le Plan de Johannesburg, le représentant de l’Indonésie a estimé qu’ils ne devaient pas cependant se substituer au rôle essentiel que devaient jouer les gouvernements.
Tout en jugeant important le respect du programme de travail de la Commission pour le cycle d’application 2004-2005 et du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, la représentante de l’Inde s’est interrogée sur le montant des ressources supplémentaires destinées à compléter celles que consacrent les gouvernements aux partenariats. Elle a également plaidé en faveur d’une meilleure coordination interinstitutions.
De son côté, la représentante du Grand groupe des femmes a estimé que le problème de la parité entre les sexes devait être abordé dans le cadre du développement durable comme une question intersectorielle. Il faut, a-t-elle dit, mettre l’accent sur les questions intersectorielles, comme celle de la pauvreté. Les indicateurs, a-t-elle ajouté, doivent intégrer des données ventilées par sexe.
Pour sa part, le représentant de Cuba a plaidé en faveur d’un système efficace de suivi fournissant des données fiables. Il a suggéré que des efforts soient entrepris pour accroître l’information et améliorer la méthodologie. A l’instar de plusieurs autres intervenants, il a souhaité une plus grande coopération entre les institutions spécialisées, en particulier à l’échelon régional.
Le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), s’est dit favorable lui aussi à un renforcement des synergies grâce à une limitation des doubles-emplois et des chevauchements. Tout en reconnaissant la qualité des compétences des entités extérieures aux Nations Unies, lesquelles sont susceptibles de participer à des consultations, il a estimé qu’elles ne peuvent en revanche intervenir dans les prises de décisions qui relèvent de mandats intergouvernementaux.
Edifier des partenariats dans la confiance exige beaucoup de patience et de temps, a souligné le représentant des Etats-Unis. Les partenariats exigent en outre une communication claire et complète. Dans ce contexte, la souplesse est essentielle car il n’existe pas une même recette valable pour tous les partenariats.
Reprenant la parole, Mme Disano a indiqué qu’un sous-groupe continuerait de travailler sur la question de l’assainissement. La collecte d’informations sur les indicateurs formulés par les pays a été difficile car le nombre de réponses était faible, a-t-elle regretté.
Le travail interinstitutions doit mettre l’accent sur ce qui est essentiel et ne pas lancer des processus qui dépassent ce qui a été convenu lors des sommets organisés par les Nations Unies, a déclaré le représentant du Nigéria.
Constatant que les partenariats avaient pris une place de plus en plus importante, en particulier depuis le Sommet de Johannesburg, le représentant du Burkina Faso a proposé que des études soient périodiquement réalisées pour évaluer l´impact de ces partenariats sur les populations susceptibles d´en bénéficier. Il a en outre souhaité que la Foire des partenariats soit rendue plus accessible. De nombreux participants sont exclus de ses travaux, a-t-il observé, les discussions n´ayant lieu qu´en anglais.
Le représentant de la République islamique d’Iran a proposé que figure dans le prochain rapport de la Commission une section ou un tableau qui recense les différents partenariats auxquelles participent les institutions de l´ONU, et qui montre leur niveau de financement.
RELEVER LE DEFI FINANCIER L’EAU – INCITATIONS POUR PROMOUVOIR LES REFORMES ET OPTIMISER LES RESSOURCES
Au nom du Grand groupe des ONG, M. RAVI NARAYANAN, Directeur de « World Aid » du Royaume-Uni, a fait trois recommandations principales. Il a d’abord prôné l’augmentation des ressources financières, nationales et internationales, qui doit être coordonnée autour d’un plan national. M. Narayanan a ensuite recommandé que les ressources mobilisées soient investies, non pas dans les capitales qui sont généralement bien desservies, mais dans les zones qui en ont le plus besoin. Il faut enfin, a-t-il poursuivi, évaluer de façon transparente l’impact des services sur les pauvres. Dans ce contexte, M. Narayanan a appelé la Commission à reconnaître le rôle des ONG dans l’optimisation des ressources humaines et financières, au niveau des communautés et à introduire des technologies économiques. Les ONG ont aussi les moyens de faire participer les communautés locales dans les structures gouvernementales. Ces ONG, a-t-il insisté, doivent être utilisés non pas comme de simples exécutants mais comme de véritables concepteurs.
Le mauvais climat des relations entre les ONG et le secteur privé a été stigmatisé par M. THIERRY CHAMBOLLE, Conseiller du Président du groupe Suez pour le développement durable. Il s’est néanmoins félicité des signes positifs tels que les groupes de réflexion créés par le Secrétaire général de l’ONU. M. Chambolle a cité trois conditions à l’intervention du secteur privé, à savoir la confiance, la gouvernance et l’existence d’un financement sain. En parlant de confiance, il a appelé à un consensus sur le fait que si l’eau est un « cadeau de Dieu », ses services exigent des compétences et des investissements comme tout autre secteur. Le secteur privé peut apporter cela à condition qu’il soit bien accueilli. En la matière, M. Chambolle s’est déclaré favorable à l’adoption d’un code de conduite qu’il a appelé « Charte des droits » qui, rédigée par l’ONU, servirait de base à tout contrat en matière de services en eau. Par la gouvernance, il a dit entendre une association avec toutes les parties prenantes ainsi que le respect du cadre juridique et de la clause des contrats. Enfin, a-t-il expliqué, un financement sain signifie de bons investissements notamment dans la formation du personnel local.
Abordant la question de l’aide publique au développement (APD), M. JOHN WASIELEWSKI, Directeur du Bureau des crédits au développement de USAID, a d’abord fait remarquer que, dans les pays en développement, 70% des ressources financières investies dans le secteur de l’eau viennent des fonds publics, 5% des fonds privés et le reste de l’APD et d’autres types d’aide extérieure. Le Directeur a donc plaidé pour un renforcement de la participation du secteur privé. Ce faisant, il a décrit le mécanisme national de garanties des risques qui vise à encourager ce secteur à devenir plus actif dans les pays en développement. Même quand il est plus actif, le secteur privé est très peu intéressé par la faiblesse du retour sur investissements des zones qui pourtant ont les besoins les plus pressants, a dénoncé la représentante du Grand groupe des femmes. Elle a, en revanche, constaté des gaspillages de fonds dans des projets techniques qui, s’ils avaient été conçus avec la participation des femmes, auraient été de moindre taille mais bien plus efficaces. Compte tenu des problèmes de gouvernance et d’efficacité du secteur privé, liés à leurs intérêts financiers, il faut absolument impliquer les municipalités dans les organes décisionnels, a renchéri le représentant du Grand groupe des syndicats.
Après ces deux interventions, le Conseiller du Président du groupe de Suez a reconnu que contrairement aux ONG, le secteur privé a des difficultés à intervenir dans lez zones rurales. Le succès en la matière, a-t-il aussi reconnu, réside dans l’implication de l’Etat mais surtout des gouvernements locaux. Il a jugé important en la matière, que ces gouvernements soient en mesure de choisir, de manière libre et informée, les projets et les partenariats qui répondent au mieux à leurs besoins. Cette position a été soutenue par la représentante du Grand groupe des ONG ainsi que par les représentants de la Suisse et de la France qui ont plaidé pour une assistance extérieure au renforcement des capacités des collectivités locales. Ils ont été approuvés par la représentante du Grand groupe des autorités locales qui a déclaré: « Nous avons besoin des gouvernements nationaux, des donateurs et du secteur privé, pour réaliser les Objectifs de développement du Millénaire (ODM) ».
La référence au secteur privé a provoqué une vive réaction de la part du représentant de l’Afrique du Sud. Qualifiant cette question de « faux débat », le représentant sud-africain a jugé qu’en matière de mobilisation des ressources, le défi n’est pas de réfléchir à la manière d’impliquer davantage le secteur privé. Bien au contraire, a-t-il estimé, l’urgence est d’augmenter les ressources sous forme de dons pour répondre aux besoins urgents des populations les plus pauvres. Il a même proposé une procédure qui consisterait pour les donateurs à réserver les dons aux programmes destinés aux pauvres et les prêts aux projets en faveur des autres utilisateurs.
A ces mots, le représentant de l’Irlande s’est dit préoccupé que des intervenants comme l’Afrique du Sud qualifient de « distraction » le débat sur le rôle du secteur privé alors que le but, a-t-il rappelé, est de faire avancer les choses. Compte tenu des sommes impliquées, l’APD ne peut à elle seule combler toutes les lacunes. Il faut le limiter à un rôle complémentaire et le diriger principalement vers la mise en place des infrastructures et des cadres institutionnels, a soutenu le représentant de la Norvège qui a prôné des politiques qui servent à la fois les intérêts du secteur privé et ceux des populations. C’est la raison pour laquelle, il faut privilégier les partenariats des secteurs public et privé et assurer une répartition équitable des risques, a ajouté le représentant de l’Australie.
Les partenariats entre les secteurs public et privé peuvent être utilisés dans certaines circonstances mais il faut auparavant distinguer la question de celle des sources de financement, a rectifié le Directeur de « Water Aid » qui a, une nouvelle fois, appelé à une augmentation des fonds. Cette observation fait dire au représentant du Danemark que l’augmentation de ressources financières, qui n’est pas subordonnée à des réformes nécessaires dans les pays récipiendaires, serait une perte de temps et d’argent. Même quand ces fonds sont débloqués, la complexité des règles et des procédures rend leur accès très coûteux, voire impossible, a fait remarquer le représentant de la Dominique en indiquant qu’à ce jour, moins de 30% des crédits ouverts, dans le cadre du processus de Lomé, ont été utilisés. Reconnaissant la réalité du problème, le représentant de la France a surtout jugé urgent de faciliter l’accès des fonds aux collectivités locales, avant que le représentant de l’Union européenne ne rappelle que la « Stratégie, l’eau pour la vie » qui prévoit l’octroi, cette année, d’une somme de 250 millions d’euros sera suivie, en 2005, d’une tranche de même montant.
Habiliter les parties prenantes à assurer la participation, en particulier, les femmes comme agents de changements
Mme KERSTIN MUELLER, représentante du Ministère des affaires étrangères de l’Allemagne, a déclaré d’emblée que les femmes jouent un rôle fondamental dans la réponse à apporter à la question de la gestion de l’eau et de l’assainissement. Elle a donc prôné l’éducation et le renforcement des capacités pour permettre aux femmes de se faire entendre et d’être à même de choisir entre les différentes options. L’habilitation est la clef du succès, a-t-elle conclu en citant plusieurs exemples de projets de coopération menés dans ce sens par son pays. L’habilitation des femmes est une question morale mais surtout pratique, a ajouté le Directeur de « Water Aid ». Il a affirmé que les politiques qui ont consisté à accroître les avoirs financiers et les capacités des femmes grâce aux microcrédits ont permis de nombreux succès. Il a, à son tour, prôné la formation pour renforcer les capacités des femmes en plaidant pour le renforcement de leur rôle dans la surveillance des opérations. Quelle que soit l’utilisation de l’eau, les acteurs de base, les femmes et les hommes sont les principaux concernés qui doivent, en conséquence, être impliqués dans tous les projets, en particulier ceux visant la durabilité, a insisté Mme MARIE-ELISE GBEDO de l’Association des femmes juristes du Bénin. Sans un investissement préalable en faveur de ces utilisateurs, il y a un risque important que certains usages soient inefficaces parce qu’ils ne sont pas adaptés au contexte. Les acteurs bénéficiaires doivent s’approprier les innovations et être en mesure d’en déterminer leurs inconvénients et leurs avantages. Les technologies les plus modernes ne sont pas toujours les plus adaptées, a-t-elle prévenu.
Il faut donc, a-t-elle préconisé, reconnaître que les besoins des hommes et des femmes peuvent être différents et s’assurer que chacun peut influer sur le processus de prise de décisions. La fonction de gestionnaire et d’utilisatrice de la femme justifie à elle seule sa participation, a-t-elle insisté. Pour ce faire, le rôle traditionnel de chacun doit être reconnu et le contexte socioculturel doit être pris en compte. Il faut contacter les chefs de village pour expliquer l’importance de l’implication des femmes, obtenir leur soutien, trouver les moyens d’informer les femmes et faciliter leur participation aux réunions. Sans une prise en compte des rapports humains, tout projet risquerait l’échec. La planification participative permet aux hommes et aux femmes d’envisager une série d’options et de choisir la technologie, le concept, le système de maintenance, de gestion et de financement le mieux adapté, a-t-elle conclu.
Ce qu’il faut faire c’est créer des conditions dans lesquelles hommes et femmes peuvent s’habiliter eux-mêmes, a ajouté Mme LINETTE VASSEL du Ministère de l’eau et du logement de la Jamaïque. Les commentaires des quatre experts ont été appuyés par les représentants des Grands groupes et par plusieurs délégations qui ont donné des exemples concrets dans ce domaine. Le représentant de la France a ainsi remarqué que trop souvent les choses restent au niveau des plaidoyers. Il a souligné, en la matière, le rôle des bailleurs de fond qui, pour l’assumer, doivent parvenir à une maturation dans leur pratique. L’Agence française de coopération, a-t-il indiqué, a adopté une démarche qui consiste à lancer des projets à caractère démonstratif, en y associant des sociologues et autres connaisseurs du terrain. Cette démarche, a-t-il expliqué, s’applique à toutes les phases du projet. Le but est de faire que l’approche en faveur des femmes devienne naturelle mais non plus un élément qu’il faut ajouter au gré des projets.
Assainissement
M. JAMIE BARTRAM, Coordonnateur de l’eau, de l’assainissement et de la santé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a avoué que le nombre des personnes qui n’ont pas accès aux services d’assainissement de base a été sous-estimé. L’on sait aujourd’hui que ce nombre s’élève à 2,7 milliards de personnes. Le retard s’accentue chaque année et l’augmentation de la population urbaine rend aujourd’hui improbable la réalisation de l’objectif fixé dans la Déclaration du Millénaire. Il faut, en outre, se rendre compte que c’est dans les zones rurales que la situation est la plus préoccupante. Quand bien même l’on réaliserait l’objectif fixé par la Déclaration du Millénaire, il faut savoir qu’en 2015, un quart de la population continuera à être privé de l’accès aux installations sanitaires de base.
La situation n’est pas imputable au manque de fonds ou de technologie mais plutôt à l’absence d’un travail ciblé, a expliqué M. GOURISANKAR GHOSH, Directeur exécutif du Conseil de l’eau et de l’assainissement (WSSCC). La volonté politique est là mais il faut se concentrer sur la définition de l’assainissement et reconnaître le lien inextricable de cette question avec les questions de l’eau, de l’éducation, de la santé et de l’agriculture. L’assainissement et l’hygiène sont des questions qui doivent faire l’objet de plans régionaux ciblés à mettre en œuvre en coopération avec la base pour créer des partenariats efficaces. Rien ne sera possible si les gens n’ont pas l’impression de gérer leur propre vie, a-t-il prévenu.
La réalisation des objectifs ne tient pas seulement au renforcement des activités existantes, a ajouté M. ALBERT WRIGHT, Co-Président du Groupe de travail sur les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), chargé des questions de l’eau et de l’assainissement. Elle exige une identification précise des contraintes et des obstacles. Même dans les pays où les objectifs sont réalisables, il faut faire en sorte qu’ils maintiennent les pratiques qui ont donné des résultats. Quant aux pays vulnérables, ils ne réaliseront les objectifs qu’en combinant des actions nationales, fondées sur des plans nationaux et complétées par l’action internationale. En la matière, il faut mettre l’accent sur la population locale et sur la livraison des services plutôt que sur l’infrastructure. Techniquement, il est plus facile d’aborder les problèmes des zones rurales plutôt que ceux des zones urbaines. Le changement des comportements humains en matière d’hygiène pose un véritable défi dans les zones urbaines, a-t-il conclu.
Commentant ces premières observations, le représentant de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a attiré l’attention de la Commission sur la législation de l’Union européenne qui s’attache à ne pas séparer la question de l’assainissement du secteur de l’eau mais de la placer dans le cadre plus large des eaux usées et de leur traitement. Après la représentante du Kenya, qui a demandé l’aide de la communauté internationale et l’implication du secteur privé, la représentante de l’Inde a expliqué la politique de son pays. Les femmes peuvent prendre la tête des campagnes de sensibilisation dans les zones rurales, en mettant en oeuvre des petits projets avec les communautés locales, a estimé, à son tour, la représentante du Grand groupe des femmes, en donnant l’exemple de la Roumanie.
En réalité, il faut deux stratégies, une pour les zones rurales et une autre pour les zones urbaines, a précisé le Directeur exécutif de WSSCC. Compte tenu du défi considérable posé par les zones urbaines, il a préconisé un partenariat fort avec le secteur privé. Intervenant à leur tour, de nombreux pays ont expliqué leur politique dont le Brésil qui a regretté le nombre limité des bailleurs de fonds.
Stratégies pour améliorer l’accès à l’assainissement de base
Le Directeur exécutif de WSSCC a jugé qu’en la matière, la meilleure stratégie consisterait à placer les questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains au centre des Documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Il faut choisir un public-cible et encourager la participation du secteur privé. Le Directeur exécutif a, en effet, jugé essentiel de créer des marchés de capitaux et d’exploiter l’esprit d’entreprise, au niveau local. Dans un tel contexte, les gouvernements doivent assumer le rôle de moteur, de promoteur et de facilitateur. Il est temps de trouver un équilibre entre le fondamentalisme du marché et le dogme des subventions, a-t-il conseillé.
M. PATRICK KAHANGIRE, Département de l’eau de l’Ouganda, a appelé à une coordination renforcée des politiques, des normes, des directives et des programmes et activités. Il a plaidé pour l’intégration de l’assainissement dans la gestion de l’eau pour permettre l’intervention d’autres acteurs. Quant à M. BERNARDO MONGE URENA, Directeur du Département de la protection de l’environnement humain du Costa Rica, il a prôné la participation des entreprises aux coûts en tant que co-responsables des déchets solides résultant de leurs modes de production. Souscrivant aux appels visant à engager des efforts d’assainissement par l’éducation des enfants, Mme VANESSA TOBIN, Chef de la Section de l’eau, de l’environnement et de l’assainissement du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a argué qu’en la matière, les progrès ne seront pas seulement évalués en fonction des infrastructures mises en place mais aussi des autres indicateurs dont l’hygiène. Aujourd’hui, a-t-elle indiqué, moins de 50% des écoles primaires sont dotées d’installations sanitaires séparées. La représentante de l’UNICEF a encouragé une affectation effective des ressources aux communautés rurales.
Ces interventions ont été suivies de nombreuses autres, notamment celle de l’Irlande, s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés. Le représentant irlandais a insisté sur la recherche de sources novatrices de financement, la mise en place des cadres juridiques et institutionnels nécessaires, l’accélération du transfert des technologies, la cession du pouvoir aux autorités locales, l’éducation à l’hygiène et la participation des femmes aux processus de prise de décisions. Rebondissant sur la question des ressources financières, le représentant de la Suisse a préconisé une nouvelle approche du secteur public et du secteur privé. « Créons, a-t-il recommandé, de bons marchés pour l’assainissement et l’hygiène ». Il a aussi préconisé une affectation « réfléchie » des subventions. L’allègement de la dette, la renonciation aux dépenses militaires et la hausse des impôts de l’industrie minière, ont été proposés par d’autres intervenants. La représentante du PNUE a proposé une réunion avec le secteur privé pour étudier les synergies et les chances de nouveaux partenariats.
Pour leur part, les représentants du Royaume-Uni et de la France ont proposé des idées nouvelles sur la gestion de l’assainissement. Le représentant britannique a, par exemple, attiré l’attention sur un projet consistant à établir des « Village defecation maps » comme base des mesures de lutte contre la pollution. Le représentant français a présenté un Programme de recherche et d’action sur l’assainissement dans les milieux urbains qui met l’accent sur l’assainissement autonome plutôt que sur l’assainissement par réseaux et décrypte l’assainissement en trois maillons.
* E/CN.17/2004/16 et E/CN.17/2004/6
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