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ENV/DEV/765

VOLONTE POLITIQUE, PARTENARIATS ET COOPERATION INTERNATIONALE, CITES DEVANT LA COMMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE COMME MOYENS DE SURMONTER LES OBSTACLES A L’ACCES A L’EAU

19/04/04
Communiqué de presse
ENV/DEV/765


Commission du développement durable

4e et 5e séances – matin et après-midi


VOLONTE POLITIQUE, PARTENARIATS ET COOPERATION INTERNATIONALE, CITES DEVANT LA COMMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE COMME MOYENS DE SURMONTER LES OBSTACLES A L’ACCES A L’EAU


Après avoir tenu une brève session consacrée aux travaux préparatoires de la Réunion internationale de Maurice sur les petits Etats insulaires en développement (Barbade + 10*), la Commission du développement durable a repris aujourd’hui son rôle d’organe principal de l’ONU chargé de l’application d’Action 21 et des décisions qui ont suivi, dont le dernier en date est le Plan de mise en œuvre de Johannesburg**.  Ouvrant les travaux de cette douzième session, le Président de la Commission et Ministre de l’environnement de la Norvège a fait remarquer que le tableau général n’est pas rassurant dans la mesure où les progrès accomplis sont loin d’atteindre les objectifs fixés en matière de développement durable. 


Borge Brende évoquait, en particulier, les engagements pris dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, et des établissements humains, « module thématique » du cycle d’application 2004-2005.  Ces engagements visent à assurer, d’ici à 2015, l’accès à l’eau potable à 1,6 milliard de personnes et aux services d’assainissement à près de 2 milliards de personnes.  D’ici à 2020, la communauté internationale s’est également engagée à améliorer sensiblement la vie d’au moins 100 millions de personnes logeant dans des taudis.


L’évaluation des progrès réalisés en la matière se fait dans le cadre de la première phase du cycle d’application biennal de la Commission.  Avant de passer, l’année prochaine, à l’adoption des mesures qui s’imposeront – « session directive »-, la Commission tient une « session d’examen » visant à identifier les contraintes.  En matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains, ces contraintes ont été identifiées par le Groupe des 77 et de la Chine qui, par la voix de son président et représentant du Qatar, a cité le manque de capacités nationales, de ressources financières et de technologies adaptées. 


La Commission, qui s’est surtout concentrée aujourd’hui sur la question de l’accès à l’eau, « à la fois droit fondamental et bien économique », a entendu le représentant de l’Irlande répondre aux préoccupations du Groupe des 77 et de la Chine.  Au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, le délégué irlandais a rappelé la création, dans le cadre de la Stratégie européenne du développement durable et de l’Initiative « eau pour la vie », d’un fonds spécial pour promouvoir l’accès à l’eau potable et à l’assainissement des pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).  Le but, a-t-il expliqué, est de débloquer la somme de 250 millions d’euros qui sera suivie d’une tranche du même montant, en mars 2005.


Après avoir entendu le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dire que la crise de l’eau est surtout une crise de l’investissement, de la gestion et du partenariat, les membres de la Commission se sont tournés, pour les solutions, vers le Chef du Groupe du développement écologique durable du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le


Co-Président du Groupe spécial sur les Objectifs de développement du Millénaire (ODM) en matière d’eau et d’assainissement, le Directeur général de l’Agence brésilienne de l’eau et le représentant du Département australien de l’environnement.  Selon les dernières estimations, un montant annuel de 26 milliards en moyenne sera nécessaire pour étendre la couverture des systèmes d’approvisionnement en eau potable au cours des 11 prochaines années.


La volonté politique, le partenariat entre les gouvernements et toutes les parties prenantes et la coopération internationale ont été les remèdes prescrits par les experts.  Il s’agit, ont-ils expliqué, de la volonté politique de mobiliser les ressources financières au niveau national, d’intégrer la question de l’eau dans les stratégies globales de lutte contre la pauvreté et de procéder aux réformes nécessaires qui ne doivent pas constituer une condition préalable aux investissements.  Concernant ces réformes, outre la mise en place des institutions et des législations appropriées, de nombreux intervenants se sont prononcés pour une décentralisation de la gestion de l’eau. 


La bonne gouvernance des ressources financières a également été avancée comme remède et, en la matière, la majorité des intervenants ont cité comme garantie l’implication effective des Grands Groupes.  Le partenariat avec ces derniers a été ressenti comme acquis, à l’exception du monde des affaires dont les décisions et les réticences à investir dans un secteur à moindre rentabilité ont été dénoncées par de nombreux intervenants.  La coopération intergouvernementale a donc été réaffirmée dans son rôle de vecteur incontournable de la réalisation des ODM.


Outre les orateurs cités, le Prince héritier des Pays-Bas et ancien membre du Groupe de personnalités éminentes sur la gestion de l’eau; le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, la Directrice exécutive d’ONU-Habitat et l’Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont fait des déclarations.  Les représentants du Maroc, du Tadjikistan, de la Turquie, de la Norvège, de l’Italie, de la Chine et de la Tanzanie ont rendu compte des rencontres régionales ou internationales qui ont eu lieu depuis la dernière session de la Commission.


La Commission poursuivra son examen de synthèse sur la question de l’eau, demain mardi 20 avril à 10 heures, en mettant l’accent sur la région de l’Asie et du Pacifique. 


Dans la conduite des travaux de la Commission, le Ministre de l’environnement de la Norvège est épaulé par quatre Vice-Présidents: Mme Eva Tomic de la Slovénie et MM. Bruno Stagno Ugarto du Costa Rica, Toru Shimizu du Japon et Bolus Paul Zom Lolo du Nigéria.  


*  Réunion internationale, prévue en août prochain à Maurice, sur les petits insulaires en développement pour procéder à l’examen décennal du Programme d’action adopté à la Barbade en 1994. 


** Adopté en 1992 au Sommet de la Terre de Rio, le Programme d’action « Action 21 » a été suivi du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21, en 1997, et, en 2002, du Programme de mise en œuvre de Johannesburg.


MODULE THEMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2004-2005


Déclarations liminaires


M. BORGE BRENDE, Ministre de l’environnement de la Norvège et Président de la Commission du développement durable, a souligné que cette session est la première qui n’est pas consacrée aux négociations mais exclusivement à la mise en œuvre des objectifs fixés à Johannesburg.  Rappelant que la session est chargée d’examiner les progrès accomplis en matière d’accès à l’eau, à l’assainissement et à un logement convenable, le Président a, par exemple, indiqué qu’en Afrique, les femmes parcourent, en moyenne, six kilomètres pour se procurer de l’eau, perdant ainsi un temps qui aurait pu être consacré à une activité lucrative.  Il ne peut y avoir d’eau potable sans des services d’assainissement fiables, a-t-il poursuivi en soulignant le caractère essentiel de ces services pour la santé publique.  Les défis en matière d’assainissement sont surtout importants dans les banlieues des grandes villes des pays en développement, a-t-il encore indiqué pour établir le lien avec les établissements humains. 


WILLEM des Pays-Bas, Prince d’Orange et ancien membre du Groupe de personnalités éminentes sur la gestion de l’eau,  a déclaré que cette session de la Commission du développement durable allait donner le ton à une approche ferme et réfléchie de l’exécution du Plan de mise en œuvre de Johannesburg.  L’objectif des travaux de la Commission, a-t-il précisé, est de prouver à la communauté internationale que des progrès significatifs peuvent être réalisés.  Le représentant néerlandais a précisé qu’au cours des dernières années, il avait eu lui-même l’occasion d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le fait que l’eau devait constituer un sujet d’inquiétude aux niveaux national, régional et mondial.  Une gestion planifiée des ressources appliquée, a-t-il souligné, à l’utilisation durable de l’eau servirait de modèle pour d’autres domaines dont se chargera la Commission dans les années à venir.


Le représentant des Pays-Bas a également souligné la nécessité d’établir des partenariats pour s’attaquer aux quatre défis d’importance que constituent la diffusion des connaissances et le renforcement de l’échange d’informations en associant d’autres personnes que les seuls spécialistes du problème de l’eau, notamment celles impliquées dans les secteurs de la forêt, de l’énergie, de la finance, de la santé ou de l’éducation, le renforcement des engagements public et politique, et, l’un des plus importants, la recherche de nouvelles sources d’investissements.  Il a émis le vœu que les travaux de la Commission contribueront à établir des, assurant ainsi le succès du combat pour le développement durable.


M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que la Commission joue un rôle clef dans la promotion du développement durable depuis sa création en 1993.  Cette session marque le commencement d’un programme de travail pluriannuel approuvé lors de la 11e session de la Commission portant en particulier sur les progrès réalisés par la communauté internationale dans la mise en œuvre de ses engagements en mettant l’accent sur l’eau, l’assainissement et les établissements humains.  Au cours de la dernière décennie, environ un milliard d’individus, soit le sixième de la population mondiale, a acquis un accès à l’eau potable et l’assainissement.  Des progrès impressionnants ont été enregistrés dans les régions est et sud de l’Asie du Sud, mais la situation demeure critique en Afrique subsaharienne.  Les décès causés par des maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau ont diminué de 60% au cours des deux dernières décennies.  Des améliorations dans les conditions de vie des habitants des bidonvilles ont également été effectuées, notamment au Brésil, aux Philippines et en Afrique du Sud.


Cependant, a poursuivi M. Ocampo, il faut toujours relever le défi de la mise en œuvre des objectifs définis dans le programme d’Action 21, des Objectifs de développement du Millénaire et de ceux définis dans le Plan de mise en œuvre de Johannesburg.  La communauté internationale doit en particulier axer ses efforts sur la question du sous-investissement dans l’approvisionnement en eau.  Le sous-investissement dans le traitement des eaux usées est dû au fait que les coûts sont très élevés.  En outre, on utilise trop souvent les égouts municipaux pour l’irrigation malgré les dangers pour la vie humaine que cette pratique entraîne.  M. Ocampo a également souligné que très peu de pays ont mis en œuvre un processus de gestion des ressources hydriques efficaces et durables du point de vue de l’environnement.  Dans le cas des établissements urbains informels, peu de progrès ont été accomplis pour formaliser des titres fonciers.  Dans les pays développés, les subventions encouragent l’utilisation massive des pesticides et des engrais.  Dans le monde en développement, les subventions ciblées pour les pauvres ont été entachées de malversations politiques.  


Dans ce contexte, il s’agit à présent de réduire la perte d’eau et de permettre de plus grands investissements pour élargir le réseau et le mettre au service des pauvres, a estimé M. Ocampo.  Beaucoup de gouvernements ont enregistré de trop mauvais résultats en ce qui concerne l’application des lois en matière d’assainissement.  Ils doivent mettre en œuvre une planification avancée pour satisfaire la demande croissante de logements urbains à des prix raisonnables.  Les gouvernements doivent aussi s’efforcer de promouvoir l’acquisition de terrains stratégiques et de développer des transports publics efficaces pour relier les banlieues aux centres d’activités économiques.  Les pauvres doivent en outre être en mesure de s’assurer un logement de base.  Afin de réduire les coûts de la fourniture d’eau, d’assainissement et d’établissements humains, il faut privilégier le choix des technologies les moins onéreuses en matière de conception de pompes ou de collecte d’eau de pluie et de latrines bien ventilées.  Pour ce faire, il faut promouvoir la mobilisation du secteur privé, des ONG et des ressources communautaires.  De même, il faut encourager les prêts à faible taux d’intérêt.  Le microcrédit a en effet un rôle très important à jouer.  Cependant, ces mesures doivent être accompagnées d’une plus grande volonté politique.  Alors que l’approvisionnement en eau urbaine peut attirer des financements, il faut aussi travailler ensemble pour promouvoir le même type d’investissement en zones rurales.  Enfin, M. Ocampo a estimé nécessaire un plus grand engagement de la part des donateurs pour fournir des ressources supplémentaires. 


Rappelant qu’il a présidé la Commission il y a exactement 10 ans, M. KLAUS TOEPFER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a voulu souligner à quel point elle a changé.  Johannesburg, a-t-il dit, a sonné l’alarme: « passons de la vision à l’application et voyons ce qui a été fait et ce qui reste à faire ».  En la matière, la solidarité mondiale n’est pas seulement un vain mot de visionnaire mais une réalité qui peut faire avancer les choses, a-t-il ajouté.  Le module thématique dont est saisie la Commission a un lien direct avec les objectifs de la lutte contre la pauvreté, de la parité entre les hommes et les femmes, la réduction de la mortalité infantile ou encore de la lutte contre le paludisme et d’autres maladies infectieuses.  « Il faut nous activer pour atteindre ces objectifs.  Nous ne parlons pas de l’eau pour l’environnement mais bien de l’accès des hommes et des femmes à cette ressource naturelle », a encore souligné le Directeur exécutif.  Le monde n’est pas

seulement confronté à une crise de l’eau mais aussi à une crise de l’investissement, de la gestion et des partenariats.  Dans ce contexte, le Directeur exécutif a particulièrement mis l’accent sur l’intégration régionale et sur l’importance des ONG.  Le partenariat, a-t-il précisé, doit avant tout porter sur l’échange de bonnes pratiques auxquelles il faut donner une vitrine, en particulier pour les exemples de coopération Sud-Sud.  Les projets communs du PNUE et d’ONU-Habitat « De l’eau pour les villes africaines et asiatiques » illustrent la manière dont les connaissances peuvent être partagées efficacement au sein des régions. 


Rendant compte des travaux du Forum ministériel mondial sur l’environnement, organisé par le Conseil d’administration du PNUE, qui s’est tenu à Jeju en République de Corée, M. Töpfer a attiré l’attention sur « l’Initiative de Jeju » qui, consacrée à l’eau, met l’accent sur l’importance de l’évaluation, la surveillance, le renforcement des capacités et le partage des technologies durables.  Ces éléments font partie intégrante de la stratégie du PNUE sur l’eau, a indiqué le Directeur exécutif en citant les mécanismes mis en place.  Il ne s’agit pas de réinventer la roue mais de tirer parti des exemples de la vie quotidienne.  « Si nous multiplions ces exemples, nous pourrons réaliser les objectifs fixés en matière d’eau et d’assainissement et trouver des solutions soucieuses de l’équilibre entre les besoins en eau et les impératifs de la protection de l’environnement », a-t-il conclu.


Mme ANNA KAJUMULO TIBAIJUKA, Directrice exécutive d’Habitat, a posé la question de savoir ce qui, dans un monde où près de 1,4 milliard de personnes n’ont pas accès à une eau saine et où 2,7 milliards n’ont pas accès à des systèmes d’assainissement, pourrait être un meilleur moyen de s’attaquer à la pauvreté que de donner à ces populations un tel accès.  Dans un monde où les pauvres paient plus pour l’accès à l’eau que les riches et où les fillettes passent plus de temps à la collecte en eau qu’à l’école, qu’y a t-il de mieux pour promouvoir la formation primaire universelle ou l’égalité entre les sexes que de promouvoir l’accès universel à l’eau et l’assainissement?  Dans un monde où près d’un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles, qu’est-ce qui peut mieux améliorer leurs conditions de vie que de leur offrir un accès à l’eau et l’assainissement?  Les établissements humains représentent le contexte concret pour prendre des mesures visant à élargir l’accès à l’eau et l’assainissement.  C’est à ce niveau que les initiatives politiques deviennent très concrètes et très liées aux orientations politiques d’un pays.  A cet égard, les femmes portent un lourd fardeau car elles sont souvent responsables de la fourniture en eau.  Les politiques en la matière doivent tenir compte de cette spécificité.


Il ne fait aucun doute que les décideurs s’occupant des établissements humains seront les premiers à devoir agir, a affirmé Mme Tibaijuka.  Les plans-cadres des conférences des Nations Unies doivent accorder une priorité à l’eau et l’assainissement.  A cet égard, Habitat met l’accent sur la reconnaissance de l’accès à l’eau potable comme un droit fondamental en collaboration avec le secrétariat aux droits de l’homme.  En outre, les problèmes à surmonter au plan financier sont énormes, a indiqué Mme Tibaijuka qui a, en conclusion, lancé un appel pour que des efforts soient entrepris afin de déterminer la manière de trouver des modes de financement appropriés. 


M. ZEPHIRIN DIABRE, Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné l’importance des institutions et de législations appropriées pour assurer l’accès à l’eau et aux services de base.  Il a donc attiré l’attention sur le mandat du PNUD qui est axé sur le renforcement des capacités et l’assistance technique.  Ce qui manque aujourd’hui, c’est la volonté politique et les ressources financières, a-t-il dit en soulignant le caractère essentiel de la participation de toutes les parties prenantes, des capacités en matière de développement, de la gestion des connaissances, de la bonne gouvernance et du partage des meilleures pratiques.  Il a aussi jugé essentiel les partenariats entre le secteur public et le secteur privé et avec les organisations de la société civile. 


Au cours de la dernière décennie, a indiqué M. Diabré, le PNUD a géré un portefeuille de plus d’un milliard de dollars en appui à l’accès à l’eau dans plus de 120 pays dans le monde.  Le PNUD appuie quelque 300 projets de coopération au développement, en débloquant 400 millions de dollars de dons.  Dans le domaine des partenariats entre le secteur public et le secteur privé, le PNUD a signé plus de 30 projets aux niveaux mondial, régional et national en mobilisant quelque 20 millions de dollars.  Partant de son mandat en matière de renforcement des capacités et d’assistance technique, le PNUD a développé plusieurs services dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains.  L’Administrateur adjoint du PNUD a souligné l’importance, au niveau national, d’intégrer la gestion des ressources en eau dans les stratégies de développement.  Au niveau local, il a souligné le rôle clef de l’accès à l’eau et aux services d’assainissement ainsi que de la gestion de l’eau dans le développement durable.  Aux niveaux régional et mondial, il a attiré l’attention sur le rôle du PNUD dans les activités de coopération.  Dans toutes nos activités, a-t-il précisé, nous assurons l’intégration de la dimension sexospécifique.  


M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a présenté les résultats de la rencontre internationale d’experts sur la mise en œuvre d’un ensemble de programmes décennaux portant sur les modes de consommation et de production durables qui s’est tenue à Marrakech du 16 au 19 juin 2003.  Cette rencontre a été organisée en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), et a bénéficié de fonds provenant des Gouvernements allemand, belge, danois, finlandais et suédois qui étaient destinés en particulier à financer la participation d’experts de pays en développement.  Les discussions ont porté sur les établissements humains, les modes de consommation durable, le traitement des déchets, les transports, l’eau et l’assainissement et la coopération internationale dans ce domaine.  Ont assisté à cette réunion 115 experts


Cette rencontre était une première étape du processus d’élaboration d’un ensemble de programmes décennaux visant à définir clairement les modes de production et de consommation durables.  Il est ressorti des discussions que les stratégies et les programmes de développement durables dépendaient des conditions politiques, économiques et institutionnelles de chaque pays.  Les pays développés ont une grande responsabilité dans ce domaine et doivent montrer l’exemple au reste des pays.  Les participants ont également souligné l’importance de la coopération internationale pour renforcer les capacités institutionnelles et les techniques de production durable.  La création de partenariats entre les gouvernements, les entreprises et la société civile est importante, a estimé en conclusion le représentant marocain, soulignant que c’est aux pays en développement d’identifier eux-mêmes leurs priorités. 


M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a rendu compte des travaux du Forum international de Douchambé sur l’eau douce, l’environnement et la sécurité.  L’Année internationale de l’eau, a-t-il rappelé, a été marquée par des évènements internationaux importants dont le Forum qui s’est tenu, du 20 août au 1er septembre 2003, grâce à la contribution du Département des affaires économiques et sociales, les fonds et institutions des Nations Unies et de nombreux acteurs de la société civile.  Les participants du Forum se sont penchés sur le large éventail de toutes les questions complexes liées à la gestion de l’eau dont le choix des technologies optimales.  Le représentant a conclu en espérant que la coopération internationale sur l’eau se poursuivra.  


Mme SAY(Turquie) a présenté les conclusions de l’Atelier d’Istanbul qui a eu lieu du 16 au 18 septembre 2003 et qui visait à réfléchir aux moyens de renforcer les modalités institutionnelles aux niveaux régional et international en matière de développement durable.  L’Atelier était la première manifestation visant l’application du Plan de mise en œuvre de Johannesburg.  Il a rassemblé des hauts fonctionnaires, des experts et des représentants de différents organes des Nations Unies.  L’accent a été mis sur la définition de stratégies à long terme et le rôle de la société civile et des ONG.  L’importance de la sensibilisation de l’opinion publique au développement durable a également été soulignée afin d’encourager la protection de l’environnement, d’accroître la participation de la société civile et de travailler en partenariat.


M. BJORN SKOGMO (Norvège) a présenté les travaux de la Conférence internationale sur l’accès des plus pauvres à l’eau, qui s’est tenue à Stavanger en Norvège.  L’objectif de la Conférence était de discuter d’une approche intégrée de l’élimination de la pauvreté en y incluant la question d’un accès plus large à l’eau.  Les conclusions ont été que les Objectifs de développement du Millénaire (ODM) sont réalisables si les priorités sont clairement établies.  En la matière, l’importance de la bonne gouvernance a été soulignée ainsi que celle d’une répartition plus équitable des ressources disponibles en eau.  La Conférence a aussi conclu que les gouvernements nationaux doivent être appuyés par la communauté internationale, en particulier en matière de renforcement des capacités.  Pour ce qui est des principales recommandations, M. Skogmo a cité l’amélioration de la gestion de l’eau, la participation de toutes les parties prenantes, l’amélioration des infrastructures et le renforcement des capacités. 


M. ALBERTO GAGLIARDI (Italie) a présenté les conclusions du Forum international sur les partenariats en matière de développement durable qui s’est tenu à Rome du 4 au 6 mars 2004.  Ont participé au Forum 700 représentants des secteurs public et privé ainsi que des universitaires.  Les discussions ont porté sur les résultats obtenus et les enseignements à tirer en matière de développement durable, notamment en ce qui concerne les ressources hydriques, l’agriculture, la biodiversité, les océans et les petits Etats insulaire en développement.  Il est ressorti des discussions que l’on voit clairement ce qu’ont d’unique les partenariats et quels sont les problèmes à résoudre.  Il serait prématuré de discuter de résultats durables, a précisé le représentant, car beaucoup de partenariats sont au stade de la définition de leurs activités.  Selon le représentant, il ne fait pas de doute que le secteur public doit aider à l’identification et à la création de partenariats, notamment en offrant un cadre juridique permettant d’accroître la transparence.  Il est également important de définir des stratégies à long terme, a-t-il conclu. 


M. ZHANG YISHAN (Chine) a rendu compte du Forum sur le développement qui s’est tenu à Hong Kong les 25 et 26 février 2004, sur « la mise en œuvre du Plan de Johannesburg au niveau municipal ».  Le Forum a été organisé par le Gouvernement chinois et le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.  La réunion internationale s’est concentrée sur la croissance économique et la création d’emplois avant d’adopter la « Déclaration de Hong Kong » qui reconnaît à chaque ville le droit de mettre au point sa propre politique de développement durable et de protection de l’environnement, en fonction de ses spécificités.  La Déclaration met aussi l’accent sur l’importance de l’éducation au développement durable et pose la santé publique comme critère du développement durable et base de sa réalisation.  Le Forum a aussi appelé à des partenariats solides entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile.


M. ARCADO D. NTAGAZWA (République-Unie de Tanzanie) a présenté les conclusions de la 8e session spéciale du Conseil exécutif du PNUE qui s’est tenue à Jeju, en République de Corée, du 29 au 31 mars 2004.  Sur les 153 participants, cette session a accueilli 90 ministres.  L’initiative de Jeju a notamment insisté sur une gestion des ressources hydriques qui incorpore une approche des écosystèmes en tant que module indispensable pour la mise en œuvre du Plan de Johannesburg.  L’importance de l’implication de tous les secteurs de la société pour atteindre les objectifs de la communauté internationale a également été soulignée.  Les participants se sont en outre félicités de la constitution de partenariats mondiaux.  Les problèmes liés à l’eau ne peuvent pas en effet être réglés de façon isolée.  Il est donc essentiel de partager les meilleures pratiques et d’établir le lien entre l’environnement, la bonne santé et le développement économique.


Débat général


M. HAYES (Irlande), s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a souligné l’importance qu’il y a à faire participer toutes les parties prenantes à la réalisation des objectifs en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  Il a appuyé, dans ce cadre, le processus de Marrakech en trouvant ses objectifs particulièrement importants pour le module thématique.  Reconnaissant aussi le rôle clef des commissions régionales, le représentant a jugé que l’application des Objectifs de développement du Millénaire (ODM) dont l’objectif sept sur la durabilité de l’environnement et le Programme de mise en œuvre de Johannesburg vont dans la bonne direction.  Il faut passer des paroles aux actes, a-t-il dit en attirant l’attention sur la Stratégie de développement durable de l’Union européenne, adoptée en 2001 et sur « l’Initiative eau pour la vie ».  En mars dernier, a-t-il expliqué, l’Union européenne a créé un fonds spécial pour promouvoir l’accès à l’eau potable et à l’assainissement des pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).  Le but est de débloquer la somme de 250 millions d’euros qui sera suivie d’un deuxième versement du même montant en mars 2005.  


M. ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar), au nom du Groupe des 77 et la Chine, s’est félicité de ce que cette 12e session de la Commission du développement durable permette de faire le point sur les progrès réalisés dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains.  C’est le moment d’identifier les problèmes liés à ces domaines.  Le représentant a souligné que les pays en développement ont pris des initiatives pour améliorer les services en matière d’eau et d’assainissement.  Cependant, a-t-il nuancé, il est toujours nécessaire d’améliorer les politiques dans ces domaines.  En effet, les difficultés et les problèmes continuent d’être gigantesques et les efforts déjà déployés sont très faibles en comparaison de ce qu’il faudrait faire pour atteindre les Objectifs de

développement du Millénaire.  Les pays en développement rencontrent de très graves difficultés pour répondre aux critères du Plan de mise en œuvre de Johannesburg.  Ces pays demeurent confrontés au manque de ressources financières et de technologies appropriées.  Les débats de cette session doivent souligner les problèmes persistants ainsi que les approches envisageables pour améliorer les moyens de mettre en œuvre les objectifs définis.  Il faut insister sur le rôle central que jouent les gouvernements dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et du logement.  En outre, a poursuivi le représentant, si nous voulons que les pays en développement aillent de l’avant, la communauté internationale doit accroître ses financements. 


L’adduction d’eau potable est un élément fondamental pour éliminer la pauvreté, a-t-il ajouté avant de regretter qu’il subsiste encore un phénomène de contamination de l’eau par des sources de pollution différentes.  Les pertes du fait des fuites est un phénomène également très préoccupant.  La qualité de l’eau dans les villes et les zones rurales est très faible et la rapidité de l’urbanisation a fait croître la demande en eau.  Selon M. Al-Nasser, les pays en développement ont besoin de l’appui de la communauté internationale pour promouvoir l’accès à l’eau potable, notamment pour favoriser le transfert des technologies.  Si les aides sont insuffisantes, les pays en développement ne pourront pas fournir de services d’assainissement et cela aura des répercussions sur d’autres secteurs.  L’aide de la communauté internationale doit en particulier être concentrée sur les zones rurales.  Toutes nos discussions devraient en outre aborder les problèmes spécifiques en Afrique et dans les Etats insulaires en développement, a conclu le représentant. 


EXAMEN DE SYNTHESE DES QUESTIONS THEMATIQUES RELATIVES A L’EAU, Y COMPRIS LES QUESTIONS INTERSECTORIELLES


ÉTAT DE L’APPLICATION DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT/OBJECTIF DU PLAN D’APPLICATION DE JOHANNESBURG RELATIFS A L’EAU, DU NIVEAU MONDIAL AU NIVEAU LOCAL


PLANS INTEGRES DE GESTION ET D’UTILISATION EFFICACE DES RESSOURCES EN EAU – INTEGRER LES QUESTIONS RELATIVES A LA GESTION DE L’EAU DANS LES STRATEGIES NATIONALES DE DEVELOPPEMENT DURABLE, Y COMPRIS LES STRATEGIES DE REDUCTION DE LA PAUVRETE, L’ACTION SUR LE TERRAIN ET LES INCIDENCES DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU ET L’ASSAINISSEMENT


Dialogue interactif


M. ALVARO UMAN, Chef du Groupe du développement écologiquement durable du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que la moitié seulement des pays ont accompli les progrès attendus dans les objectifs fixés en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  Pour les autres pays, l’on observe des progrès lents, voire un certain recul en Afrique subsaharienne, dans certains Etats de la Communauté des Etats indépendants (CEI) ou encore en Asie.  L’accès à l’eau et à l’assainissement est d’une importance capitale pour la réalisation des autres Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  Cet accès est lié aux objectifs visant la diminution de la mortalité infantile, l’éducation ou encore la parité entre les hommes et les femmes.  Pour les pays en développement, le fardeau est considérable d’autant plus que les ressources promises commencent à peine à être versées.  Les semaines à venir seront donc cruciales.  Quels que soient les mécanismes qui seront adoptés et les décisions qui seront prises, au cours des 15 prochaines années, ce seront les derniers avant la date de 2015, date à laquelle la Commission du développement examinera de nouveau, les questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains, a prévenu le représentant du PNUD.


M. ROBERTO LENTON, CoPrésident du Groupe spécial sur les Objectifs de développement du Millénaire en matière d’eau et d’assainissement, a rappelé que l’évaluation du Groupe spécial en matière d’eau et d’assainissement est alarmante.  Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, à moins que nous ne redoublions d’efforts, les objectifs ne seront pas atteints.  Il s’agit en particulier de déployer des efforts pour surmonter les problèmes institutionnels, politiques et techniques qui entravent les progrès des pays qui sont en retard.  Pour ce faire, il est nécessaire de créer de nouvelles institutions et de renforcer les capacités.  La pauvreté est l’entrave principale aux problèmes et il ne fait aucun doute que l’extension de l’accès à l’eau et à l’assainissement nécessitera beaucoup d’argent ainsi qu’une aide internationale au développement.  Il existe aussi des contraintes d’ordre technique.  C’est pourquoi, a conclu le représentant, si nous souhaitons réaliser les Objectifs de développement du Millénaire, il est nécessaire de renforcer les efforts déployés aux niveaux technique, infrastructurel et financier.


Après ces présentations, la Commission a interrogé les experts.  Quelles sont, a par exemple demandé le représentant des Pays-Bas, les politiques préconisées?  Comment peut-on éviter de prendre des décisions improductives?  Le CoPrésident du Groupe spécial sur les ODM en matière d’eau et d’assainissement a rappelé les 17 recommandations de son Groupe spécial en s’attardant sur quelques-unes.  Tout doit commencer, a-t-il dit, par la volonté politique d’assurer la mobilisation des ressources au niveau national, de procéder les réformes nécessaires et d’intégrer ces questions dans les documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP).  Il faut aussi mettre l’accent, a-t-il poursuivi, sur les domaines les plus importants, à savoir braquer les projecteurs sur les zones ou les franges de la population les plus affectées.  L’accent doit aussi être mis sur la prestation de services tout autant que sur les infrastructures.  Il faut, en effet, s’assurer du bon fonctionnement de ces dernières et intégrer la question dans les efforts de surveillance en matière d’eau et d’assainissement.  Les réformes institutionnelles, a-t-il encore dit, ne doivent pas constituer une condition préalable à l’investissement.  Il faut « apprendre sur le tas » et investir en même temps que les réformes sont entreprises.  La pauvreté étant un obstacle supplémentaire à l’accès à l’eau, le CoPrésident a appelé à des mécanismes financiers aux niveaux national et international.  


C’est aux niveaux local et municipal que les progrès doivent être faits, a estimé le représentant du grand groupe des syndicats.  A ces niveaux, s’est-il expliqué, les institutions sont faibles et la clef est d’impliquer tous les grands groupes.  Il a aussi regretté que d’après Johannesburg, la mise en œuvre doit partir de la « notion vague » de partenariat en s’écartant des mécanismes prévus par Action 21.  Cette tendance est préoccupante, a-t-il dit, en rappelant que les syndicats sont des éléments essentiels dans tout mécanisme de réforme.  Quelle est la valeur des partenariats? a insisté le Président de la Commission, en se tournant vers le représentant du PNUD.  Les partenariats, a-t-il répondu, sont d’une importance capitale au sein des pays, de la société civile et au niveau international.  La crise de l’eau exige toutefois que l’on se concentre sur la bonne gouvernance des ressources financières.  Les communautés, a-t-il insisté, doivent exercer leurs droits politiques et exiger des gouvernements qu’ils s’occupent de leurs besoins.  C’est en effet au niveau local que les ressources naturelles sont le mieux gérées et en conséquence, l’émancipation des communautés et la bonne gouvernance sont des éléments fondamentaux.


Le représentant de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, s’est félicité des progrès accomplis en dépit de la subsistance de différences régionales.  Il faut en particulier étendre l’accès à l’eau potable de façon durable, a-t-il précisé.  La communauté internationale doit se concentrer sur les objectifs de 2015 et 2020, déployer des actions bien structurées, définir des objectifs mesurables et mieux identifier les responsabilités.  Un effort concerté est indispensable pour contrôler et tenir compte de ces objectifs, notamment par le biais d’un suivi par les institutions de l’ONU et par le PNUE.  L’Union européenne estime en outre qu’il faut incorporer les indicateurs de l’environnement et de son assainissement dans les politiques en tenant compte de l’accès au traitement des déchets.  La bonne gouvernance est aussi un élément essentiel afin de permettre un renforcement des capacités et un transfert des technologies.  Des accords financiers doivent quant à eux être signés pour compenser le manque d’investissements.  Les ressources financières supplémentaires restent en effet la clef du progrès dans les pays en développement.  Le représentant de l’Iran a pour sa part insisté sur l’importance de la bonne gouvernance.  Les moyens pour mettre en œuvre les décisions doivent notamment être clairement définis.  L’Iran a beaucoup investi dans l’amélioration de la situation mais les moyens manquent, a regretté le représentant.  En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un problème de mauvaise gouvernance mais surtout d’un problème d’accès aux nouvelles technologies. 


Intervenant à son tour, le représentant du Burkina Faso a souligné la complexité du problème de la mobilisation des ressources internes.  Comment faire en sorte que les populations pauvres contribuent, de manière prolongée, au financement des investissements nécessaires? s’est-il demandé.  Comme première solution, il a proposé la réduction des cycles de projets qui exige que l’on ne pose plus comme condition préalable à l’arrivée des investissements le lancement des réformes.  Evoquant aussi la question du transfert des technologies, le représentant s’est interrogé sur la nature des contraintes techniques si souvent évoquées, en disant ne rien voir que le manque de capacités nationales?  Il a, par ailleurs, attiré l’attention sur les conclusions du Forum mondial de l’eau, qui s’est tenu à Tokyo, au cours duquel les investisseurs privés ont manifesté franchement leur réticence à investir dans les pays en développement.  N’est-il pas temps de cesser de rêver à une implication du secteur privé? a demandé le représentant. 


L’arrivée des fonds, a répondu le représentant des Etats-Unis, exige l’élaboration préalable de concepts pour convaincre le secteur privé de la rentabilité de leurs investissements.  Le représentant a jugé essentiel que la question de l’eau soit considérée comme un objectif lié intrinsèquement aux stratégies de développement durable.  L’eau doit être intégrée dans toute l’approche de lutte contre la pauvreté, a-t-il insisté en appelant à un dialogue en la matière sur les questions techniques et financières.  


La représentante du Mexique a souligné la nécessité d’établir le lien entre l’eau et la gestion de l’environnement.  Il faut mettre en particulier l’accent sur la gestion des bassins hydrographiques et évaluer les répercussions de la qualité de l’eau sur la pauvreté et la santé.  Le Mexique a pour sa part renforcé les cadres juridiques, mis en place des normes de qualité et développé la formation en matière d’environnement.  Cependant, le rôle de la communauté internationale est important pour accroître les synergies existantes.  La représentante de la Colombie a indiqué que son pays connaît des problèmes importants en raison du manque d’infrastructures locales.  Le problème n’est pas la gouvernance, mais le manque de ressources financières, notamment pour évaluer la qualité de l’eau offerte.  En Colombie, après de nombreux déboires, nous avons lancé des schémas de participation privée pour contribuer à l’expansion de la

qualité de la prestation en matière de fourniture de services en eau dans les zones urbaines.  Prenant à son tour la parole, le représentant de Cuba a rappelé que les pays en développement ne pourront pas, à eux seuls, atteindre les objectifs définis et a regretté que certains engagements de financement n’aient jamais été honorés.  Le représentant de l’Indonésie a fait savoir que son pays était en train de réaliser des rapports sur sa politique en matière d’eau et d’assainissement.  Dans l’ensemble, l’eau douce est un problème en Indonésie car elle n’est pas distribuée de façon équitable.  Le problème se pose sur les îles les plus peuplées en raison de la surexploitation des nappes phréatiques.  Seulement 15% de la population ont accès à l’eau potable, a fait savoir le représentant.  L’eau qui est fournie est considérée comme propre plutôt que potable.  En la matière, une nouvelle loi sur les ressources en eau sera bientôt adoptée.  Les mesures nécessaires incluent le renforcement des capacités en amont.  Les restrictions budgétaires ou le manque de financement et de données fiables sont aussi des obstacles à la réalisation des objectifs, sans compter le manque de responsabilisation des communautés locales.  C’est pourquoi, cette session doit œuvrer pour traduire les engagements pris par les gouvernements en actions concrètes.  Enfin, le représentant a estimé que la coopération internationale doit être davantage renforcée. 


Ne sous-estimons pas l’importance de l’éducation pour la réalisation du développement durable, a dit, pour sa part, le représentant du Japon.  Après que la représentante du Kenya eut sollicité l’assistance internationale aux efforts nationaux, le représentant d’Israël a expliqué le nouveau plan sectoriel de son pays sur la gestion de l’eau qui vise la protection de la qualité et de la quantité de cette ressource naturelle.  Le plan vise non seulement la redistribution des sources existantes mais aussi l’exploitation de nouvelles sources.  Le plan-cadre qui a suivi prévoit la construction d’usines de dessalement de l’eau de mer, l’importation d’eau de la Turquie pendant une période de 20 ans, le renforcement des mécanismes du traitement des eaux usées et l’allocation de fonds supplémentaires aux projets de conservation de l’eau.  La mobilisation des ressources est une question complexe, a commenté le représentant du Nigéria, en soulignant la concurrence des besoins.  L’eau n’est pas le secteur qui attire les meilleurs investisseurs, a-t-il dit en outre, avant de demander des précisions sur les « nouveaux moyens » de mobilisation des ressources.  N’oublions pas, a-t-il ajouté, par ailleurs, que les réformes produisent souvent la marginalisation de certaines franges de la population.  Qu’en pensent les experts? a-t-il demandé. 


A l’instar du représentant d’Israël, celui de la Fédération de Russie a parlé du programme national « L’eau en Russie au XXIème siècle » visant à élaborer un ensemble de mesures à réaliser avant 2015.  Une base juridique et réglementaire a été mise au point à cette fin, a encore indiqué le représentant.  Ce ne sont pas les projets ni la volonté politique qui manquent aujourd’hui mais bien la mise en œuvre, a estimé le représentant du Liban qui s’est, à son tour, interrogé sur la manière de faire participer le secteur privé.  Face aux réticences du secteur privé, le représentant a prôné la coopération intergouvernementale, en particulier en matière de renforcement des capacités et du transfert des technologies.    


Le représentant de l’Egypte a estimé nécessaire de tenir compte des besoins des différentes régions, ainsi que de leurs différentes expériences afin de ne pas imposer de solutions.  Les problèmes et les obstacles résident dans l’absence de ressources financières et des efforts en vue de créer une coordination sur le plan national et sur le plan international.  Il ne fait aucun doute, a poursuivi le représentant, que les gouvernements ont un rôle de premier plan à jouer.  Le rôle des pays développés pour créer un climat économique propice est en effet très important.  Ils doivent encourager les initiatives de financement.  De même, le représentant du Royaume-Uni a estimé que les solutions devront être dessinées sur mesure.  Débloquer les moyens financiers pour avancer est important, qu’il s’agisse de financements publics ou privés mais encore faut-il disposer des bonnes stratégies en matière d’eau, a conclu le représentant.  Prenant la parole à son tour, le représentant de la République arabe syrienne a souligné que la pression de la demande sur les ressources limitées en eau potable pouvait aggraver les conflits dans l’avenir.  Le droit international n’a pas pu améliorer la coopération entre Etats riverains.  Il faut donc améliorer la coopération internationale en la matière.  Un autre problème est celui du vol de l’eau par des puissances occupantes, situation dont souffre notamment la Syrie, a-t-il fait remarquer. 


Le représentant du Forum national de l’Inde a attiré l’attention sur le problème des sociétés multinationales, telles que Coca-cola, qui exploitent l’eau à des fins lucratives et non pour le bien public.  Le représentant du Comité scientifique et technologique a indiqué pour sa part que le Comité appuie la volonté d’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire en matière d’eau.  Il a souligné la nécessité de disposer d’informations bien documentées pour se faire une idée des progrès accomplis.  Le Comité est prêt à élaborer des rapports sur la situation.  Il faut en outre investir dans la stratégie à suivre pour avoir une bonne quantité mais aussi une bonne qualité de l’eau et évaluer l’impact des efforts entrepris pour que le développement soit durable.  Le représentant de du Groupe des agriculteurs a lancé un appel pour que les agriculteurs soient consultés afin d’arriver à une gestion durable sur la base de mécanismes internationaux. 


Répondant à cette dernière série de commentaires, le CoPrésidentdu Groupe spécial sur les ODM, a évoqué les résultats d’une enquête du « Global Water Panel » qui indiquent que sur 108 pays étudiés, 10% ont enregistré les progrès attendus, 50% ont pris des mesures et 40% ont à peine commencé à passer aux approches intégrées.  L’enquête a aussi montré que les pays qui ont le mieux avancé se sont concentrés sur des faits immédiats.  Il ressort que les pays, qui sont encore éloignés des buts fixés, devraient utiliser les ODM pour préparer leur stratégie intégrée de lutte contre la pauvreté.  Ces pays, a-t-il reconnu, ne pourront avancer sans ressources supplémentaires extérieures, en particulier en ce qui concerne le financement de l’entretien des infrastructures.  S’agissant du transfert des technologies, le CoPrésident a jugé que le monde a été un peu loin lorsqu’il a mis l’accent sur les réformes.  Il faut reconnaître aujourd’hui les différents besoins dont le premier est la fourniture d’eau et d’assainissement à bas prix.


Intervenant également, le Directeur général de l’Agence nationale de l’eau du Brésil a prôné la décentralisation de la gestion de l’eau.  Concernant la protection des bassins fluviaux, il a reconnu une difficulté qui peut connaître un Etat fédéral comme le Brésil, à savoir la responsabilité des bassins fluviaux est partagée.  Il a félicité la Fédération de Russie pour avoir choisi de faire de la question une prérogative exclusive du gouvernement central.  Concernant la mobilisation des ressources nationales, il a estimé que la difficulté vient du fait que l’eau est à la fois un droit fondamental et un bien économique.  Elle est un droit lorsqu’il s’agit de l’eau de boisson ou destinée aux ménages et devient bien économique lorsqu’elle sert à la production agricole.  La difficulté vient du fait qu’il faut non seulement persuader les gens de faire cette différence mais surtout faire réaliser aux ménages que si l’eau est un droit, sa jouissance est assurée par des services qui méritent rémunération.


Souhaitant faire partager l’expérience de son pays en matière de gestion de l’eau douce, M. CONALL O’CONNEL, Secrétaire adjoint du Département de l’environnement et du patrimoine de l’Australie a fait savoir que de tous les continents, l’Australie est celui qui a le moins d’eau dans ses fleuves.  Le taux d’évaporation est très élevé et les précipitations sont très faibles.  Cependant, l’irrigation a permis d’obtenir des gains très importants, notamment au niveau économique.  L’Australie souhaite maintenir le rendement de l’agriculture par une gestion intégrée de l’eau.  Le Gouvernement australien a lancé une initiative nationale de l’eau qui repose sur des réformes importantes qui ont eu lieu au préalable.  Il s’agit notamment d’encourager la préservation de l’eau dans les villes.  La population devra également participer à ces efforts.  Un autre défi à relever est celui de la définition de certaines normes minimales pour les appareils et les techniques liés à l’eau.  La représentante de la Suisse a pour sa part estimé qu’il était impossible d’avoir une gestion intégrée de l’eau sans une gestion intégrée des écosystèmes qui sont les infrastructures de base.  Le secteur privé doit être encouragé à collaborer avec les gouvernements.  La Suisse est disposée à travailler avec les intéressés car la protection de l’eau est bénéfique à tous, a fait savoir la représentante.  Au nom de l’Union européenne, des pays associés et des pays candidats, le représentant de l’Irlande a estimé à son tour que la gestion intégrée de l’eau était un des meilleurs moyens d’atteindre les objectifs de développement en matière d’eau.  L’Union européenne a beaucoup d’expérience en matière d’approvisionnement en eau et est prête à aider les pays en développement. 


A son tour, le représentant du Costa Rica a attiré l’attention de la Commission sur la stratégie nationale qui vise à clarifier la vision du développement durable du pays.  Aussi, pour la première fois, un contenu programmatique a été inclus dans les dispositions relatives à l’environnement contenues dans la Constitution.  Le représentant a dit espérer, avant la fin de l’année, la mise en place d’un mécanisme institutionnel réel.  Prenant ensuite la parole, la représentante du Groupe des agriculteurs s’est déclarée préoccupée par le manque de gestion intégrée de l’eau due au peu de sensibilisation aux problèmes les plus graves comme la pollution des sources d’eau découlant surtout des lieux d’implantation des usines.  Elle a donc dit compter sur l’éducation lorsque l’on parle de gestion de l’eau à tous les niveaux. 


L’eau doit faire partie des stratégies durables de lutte contre la pauvreté, a aussi insisté la représentante de la Suède qui a prôné des réformes pour attirer les fonds privés aux niveaux international et national.  Elle a aussi préconisé le respect du principe « pollueur payeur », la bonne gouvernance, la modification des modes de consommation, la mise au point d’une législation appropriée et le renforcement de la coopération internationale.   


Les travailleurs et les syndicats ne participeront aux politiques intégrées que si l’on respecte leurs droits et leur dignité, a prévenu le représentant du Groupe des syndicats.  En insistant autant sur la privatisation, les gouvernements risquent de se soustraire à leurs responsabilités.  Dans ce contexte, l’ONU ne doit pas se contenter de dire que l’eau est un droit fondamental mais doit s’efforcer aussi de défendre ce droit.  Le représentant de l’Afrique du Sud a déclaré que son pays avait beaucoup appris de l’expérience acquise par le Brésil, l’Australie, les Etats-Unis et d’autres.  Il est en outre nécessaire de créer des mécanismes pour les pauvres et les exclus de la société à l’aide de moyens financiers adéquats, a-t-il dit.  Le représentant de Cuba a fait savoir que la gestion intégrée de l’eau dans son pays était fondée sur la notion de cycle de l’utilisation de l’eau qui repose sur une attention particulière accordée à la gestion de l’acheminement de l’eau vers les utilisateurs, de son traitement et de son recyclage.  L’analyse de l’arsenal juridique existant a donné lieu à la définition d’une loi sur la gestion intégrée des ressources en eau au Burkina Faso, a fait savoir son représentant.  Le représentant de l’Egypte a indiqué quant à lui que son pays était en train de parachever un plan national pour la gestion des ressources en eau qui reposait sur une gestion intégrée et notamment sur une utilisation optimale des ressources, sur l’exploitation de nouvelles sources innovantes d’exploitation et la définition d’une réforme institutionnelle.  La République de Corée doit aussi faire face à des pressions importantes en matière de fourniture d’eau, a indiqué son représentant.  Plusieurs politiques de gestion de l’eau ont donc été définies et reposent en particulier sur un partage du fardeau entre les populations vivant en amont et en aval des cours d’eau et sur un processus de gestion décentralisé, a fait savoir le représentant. 


Revenant sur la question de la volonté politique, le représentant des Etats-Unis a souligné la nécessité de mettre en place un régime institutionnel efficace, de recourir davantage aux procédés agricoles novateurs, d’établir des priorités pour ce qui est des besoins, et de créer un environnement favorable à la mise en oeuvre de politiques appropriées.  Il a aussi souscrit au point de vue du représentant burkinabé sur la nécessité de travailler ensemble à la recherche de moyens de renforcer les capacités nationales.  Enfin, la représentante du Grand Groupe de la communauté scientifique a jugé nécessaire de recourir davantage aux résultats des travaux scientifiques, en mettant l’accent sur les travaux relatifs au concept de l’intégration et à la question du changement climatique. 


Pour les rapports (E/CN.17/2004/4, 5 et 6), voir communiqué de base ENV/DEV/762 du 13 avril 2004.


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