L’ECOSOC SE SAISIT DE PLUSIEURS PROJETS DE RÉSOLUTION AVANT D’ENTAMER UN DIALOGUE AVEC LES PRÉSIDENTS DE SES COMMISSIONS TECHNIQUES ET FORUMS
Communiqué de presse ECOSOC/6081 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2004
43e et 44e séances – matin et après-midi
L’ECOSOC SE SAISIT DE PLUSIEURS PROJETS DE RÉSOLUTION AVANT D’ENTAMER UN DIALOGUE AVEC LES PRÉSIDENTS DE SES COMMISSIONS TECHNIQUES ET FORUMS
En prévision de l’évènement de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra en 2005 sur le suivi des résultats des grandes conférences de l’ONU, le Conseil économique et social a invité les Présidents de ses organes subsidiaires à savoir les neuf commissions techniques et les deux forums, à réfléchir aux moyens de renforcer leur collaboration et d’assurer une meilleure cohésion des projets nécessaire à la réalisation effective des Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Les discussions ont porté sur la nature des changements à apporter pour rendre la structure de l’ONU plus logique et plus substantielle et faire que chaque partie de la structure fasse une contribution aux autres.
Les participants ont réfléchi à la manière de modifier les méthodes de travail des différentes entités pour permettre une interaction réelle voire systématique avec pour objectif ultime d’accélérer le passage du mode « élaboration des politiques » à celui de « mise en œuvre ». Le Bureau du Conseil économique et social tient déjà des réunions avec les bureaux des commissions et autres forums. Ainsi, invoquant des problèmes de ressources et de calendrier, le Président la Commission des stupéfiants a appelé à la prudence quant à la mise en place d’autres mécanismes de coordination.
Ont pris part aux discussions, outre le Président de la Commission des stupéfiants, les Présidents de la Commission de la science et de la technique au service du développement et de la condition de la femme; de la prévention du crime et de la justice pénale; des droits de l’homme; de la statistique; et du développement durable ainsi que les Présidents du Forum des Nations Unies sur les forêts et de l’Instance permanente des populations autochtones.
Le Conseil économique et social a commencé ses travaux ce matin par la présentation de cinq textes de négociation. Après un débat dans lequel sont intervenus les représentants du Qatar, d’Israël et de la Syrie ainsi que l’Observateur de la Palestine, le représentant de la Tunisie a présenté un projet de résolution sur les répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien*. Le représentant de Cuba a, quant à lui, présenté un projet de résolution sur la protection des droits de l’homme dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, en le qualifiant de « texte indispensable pour la crédibilité du système international de protection des droits de l’homme, pour le respect de ces droits et la lutte contre l’impunité »**. Il a aussi présenté un texte sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux***.
Outre un texte sur son rôle dans l’application des textes issus des grandes conférences de l’ONU, qui a été présenté par le représentant du Qatar, au nom du Groupe des 77 et de la Chine****, le Conseil a entendu la présentation d’un projet de résolution concernant une décision de la Commission des droits de l’homme sur les droits et les responsabilités de l’homme*****. Ce texte, qui a été présenté par le représentant des Pays-Bas, au nom de 37 coauteurs, vise à annuler ladite décision. À la demande du représentant de la Chine, appuyé par le représentant de Cuba, le Conseil économique et social a saisi le Bureau juridique pour s’informer de la légalité d’un texte qui va à l’encontre d’une décision de la Commission des droits de l’homme.
Le représentant néerlandais a décrit cette décision comme une tentative de saper la base même du système international des droits de l’homme en ce qu’elle permettrait à un État de déterminer les droits dont peut bénéficier un individu en fonction de ses responsabilités. Le lien de conditionnalité entre les responsabilités et les droits de l’homme est apparu « inacceptable » aux yeux du représentant néerlandais.
Le Conseil économique et social a, par ailleurs, achevé son débat sur les questions relatives aux programmes par les interventions du Bélarus, de la Tunisie, de la Jamaïque, du Japon, de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Demain mardi 20 juillet à 10 heures, le Conseil commencera ses travaux par l’examen des questions relatives à l’économie et à l’environnement.
* E/2004/L.25
** E/2004/L.17
*** E/2004/L.23
**** E/2004/L.24
*****E/2004/L.21
APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX PAR LES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET LES ORGANISMES INTERNATIONAUX ASSOCIÉS À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES
Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe du Golan syrien occupé
M. ABDULLA EID SALMAN AL-SULAITI (Qatar), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a dénoncé les agissements des autorités et de l’armée israéliennes dans le Territoires occupé. Il a prévenu qu’une telle politique ne peut que conduire à la multiplication d’actes vindicatifs. Il a dit craindre que l’escalade soit encore plus rapide lorsque la construction du mur sera terminée puisqu’il rogne sur le territoire palestinien, en particulier sur les terres les plus fertiles. Il s’est donc félicité de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) et a demandé à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu’il y donne suite. S’inquiétant de la récession économique qui frappe le Territoires occupé, il a argué que la seule solution est de promouvoir l’édification d’un État palestinien souverain.
M. MUIN BURHAN SHREIM (Observateur de la Palestine) s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général mette en évidence les violations des droits de l’homme que subit la population palestinienne et les conséquences graves de l’occupation militaire israélienne sur la situation économique et sociale dans le Territoire palestinien. Il a décrit une situation catastrophique de l’économie palestinienne, qu’il a qualifiée d’économie de guerre. Du fait des campagnes militaires israéliennes, l’économie palestinienne ne croît plus du tout et les bénéfices de 15 années de croissance économique ont été perdus. L’Observateur a par ailleurs, dénoncé le problème des colonies israéliennes qui représentent un frein à la réalisation d’un futur État palestinien. Il a rappelé que la Cour internationale de Justice avait dans son avis consultatif du 9 juillet souligné le caractère illégal du mur de séparation en demandant à Israël de cesser l’édification, de cet ouvrage, de détruire les parties déjà construites et de dédommager les victimes. Il a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour mettre un terme à la destruction par Israël de l’économie palestinienne. La solution, a-t-il conclu, serait de mettre fin purement et simplement à l’occupation.
M. MOSHE SERMONETA (Israël) a regretté le caractère biaisé du rapport dont est saisi le Conseil économique et social, en affirmant qu’à plusieurs reprises, son pays a essayé d’alléger les souffrances du peuple palestinien. L’honnêteté intellectuelle, a-t-il souligné, exige que l’on reconnaisse que ce sont les autorités palestiniennes elles-mêmes qui sont responsables de ces souffrances. Le peuple israélien souffre également, a-t-il dit, en invoquant les actes terroristes et la détérioration de la situation économique qui en a résulté. Plus de 25% d’enfants israéliens vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté, en raison de la fuite des investissements étrangers directs (IED). Estimant que le rapport ne mentionne aucun de ces faits, le représentant a prôné la coopération pour mettre fin aux difficultés de tous. Israël, a-t-il affirmé, est sur le point d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire. Il a ainsi fait allusion au plan de désengagement du Premier Ministre israélien dont l’efficacité, a-t-il prévenu, dépendra de la lutte contre le terrorisme et la corruption sous tous leurs aspects.
Le représentant a étayé ses accusations de corruption en invoquant celles qui ont été portées contre l’Autorité palestinienne par de hauts responsables palestiniens et la Brigade Al-Aqsa. Quelque chose va mal, a-t-il ironisé, lorsque des organisations terroristes appellent à plus d’honnêteté et à moins de corruption. Le représentant a aussi reproché au rapport de ne pas mentionner les sacrifices auxquels Israël consent pour injecter des fonds dans l’économie palestinienne. Le commerce israélo-palestinien a augmenté de 16% entre 2002 à 2003. Pour améliorer le niveau de vie du peuple palestinien, a-t-il conseillé, il faut parvenir à une élimination totale de la terreur et coopérer avec Israël pour mettre fin au conflit. Or, a-t-il encore dénoncé, le rapport donne à entendre que le terrorisme peut être une cause juste, que la justice équivaut au terrorisme, que la douleur n’est pas universelle et que la réalité est virtuelle. Personne n’a le monopole de la souffrance, a-t-il conclu en appelant les Palestiniens à travailler avec Israël, à saisir la nouvelle donne dans la région et à saisir cette occasion pour faire avancer la cause de la prospérité.
M. HUSSEIN SABBAGH (République arabe syrienne) a dénoncé des pratiques qualifiées de colonialistes de la part des autorités israéliennes, qui se traduisent par des assassinats et la torture des peuples arabes occupés. Il a salué le contenu du rapport du Secrétaire général qui fait état du nombre croissant des victimes de l’occupation israélienne et de la multiplication des exécutions extrajudiciaires. Les statistiques présentées par ce rapport, a-t-il ajouté, appellent l’attention sur le fait que des centaines de Palestiniens ont subi des tortures et des traitements humiliants de la part des forces israéliennes. Le représentant a rendu hommage à la mémoire de la citoyenne américaine écrasée sous les chaînes d’un bulldozer israélien alors qu’elle tentait d’empêcher la destruction d’une maison palestinienne. Il a dénoncé les arrachages d’arbres et les confiscations de terrains opérés pour créer de nouvelles colonies de peuplement. Il a également indiqué que les autorités israéliennes persécutaient les étudiants palestiniens qui étudiaient dans des universités syriennes. Il a rappelé l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice le 9 juillet dernier, insistant sur le fait que la CIJ avait demandé à Israël de cesser la construction du mur et de dédommager ceux qui en ont été victimes. Il a appelé la communauté internationale à ne pas passer sous silence les comportements des forces israéliennes qui bafouent les droits de l’homme en soulignant que la seule solution pour sortir de la crise économique et sociale actuelle réside dans la fin de l’occupation du Territoire palestinien et du Golan syrien.
Répondant aux commentaires du représentant d’Israël, la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), Mme MERVAT TALLAWY, a regretté que, chaque année, le représentant israélien accuse systématiquement le Secrétariat d’inclure dans son rapport des informations biaisées et tendancieuses qui ne tiennent pas compte des souffrances du peuple israélien. Le Secrétariat, a-t-elle rappelé, prépare ce rapport en fonction d’un mandat qui porte exclusivement sur l’analyse de l’impact de l’occupation israélienne sur la situation économique et sociale du peuple palestinien. Le mandat n’est pas d’évaluer les souffrances du peuple israélien ni le degré de corruption de l’Autorité palestinienne.
M. ABDULLAH AL-RASHEED (Arabie saoudite) s’est félicité que le rapport remette, à juste titre, les choses dans leur contexte.
M. SHREIM (Observateur de la Palestine) a souhaité répondre à un certain nombre de points relatifs à l’intervention du représentant israélien. Il a déclaré que s’il était vrai que les Israéliens souffraient également, cette souffrance était le résultat de la politique de leur Gouvernement qui refusait de régler ce conflit sur la base du droit international. Il a estimé que personne n’avait le monopole de la souffrance, mais qu’il ne fallait pas mettre sur le même pied les victimes et les coupables. Les Palestiniens et les Israéliens ne sont pas sur un pied d’égalité, parce que nous sommes sous occupation depuis 37 ans, ce qui n’est pas le cas des Israéliens. Nous attendons de pouvoir mener une vie normale et les Israéliens ont la possibilité de nous le permette.
M. SERMONETA (Israël) a regretté que l’Observateur blâme une seule partie sans reconnaître des faits fondamentaux qu’un grand nombre d’États connaissent. Nous sommes rejetés depuis les années 30 et la Charte de l’OLP mentionnait déjà le terme « occupation » en 1964. Il s’est demandé si l’occupation était un prétexte. Tant qu’il y a une déshumanisation et tant que vous souhaiterez votre propre mort à condition que cela entraîne la mort d’Israéliens nous n’avancerons pas. Il a assuré que malgré quatre ans de terrorisme qui a tué des centaines d’Israéliens innocents, la majorité des Israéliens souhaitaient une résolution pacifique de ce conflit.
Reprenant la parole l’Observateur de la Palestine a répondu qu’Israël peut toujours tenter de justifier une occupation immorale et accuser les Palestiniens de ne rien faire pour résoudre le conflit. Les Palestiniens demandent une chose; ils veulent qu’Israël mette un terme à l’occupation. Les Palestiniens, a-t-il insisté, restent fidèles au concept de deux États vivant côte à côte. Ils n’ont nullement l’intention de nier à Israël le droit d’exister. Tout le monde souffre, a reconnu l’Observateur, en appelant à une solution acceptable pour les deux parties. Il a conclu en rappelant que le Gouvernement israélien abrite en son sein des factions qui demandent le départ de tous les Palestiniens. N’est-ce pas là une considération raciste, a-t-il fait observer?
Questions de coordination, questions relatives au programmes et autres questions
M. ULADZIMIR GERUS (Bélarus) s’est félicité des activités menées par le Secrétariat pour familiariser les délégations avec l’Internet. Il a salué les productions électroniques du Secrétariat, en encourageant le Groupe d’étude à poursuivre son travail. Il a appelé à des partenariats forts entre les Nations Unies, d’une part, et les fonds et programmes, le secteur privé et toutes parties intéressées, d’autre part. Il a voulu que la question des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) fasse partie intégrante des programmes de développement du système de l’ONU.
M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a salué la qualité du travail réalisé par le Groupe d’études sur les technologies de l’information et des communications (TIC) et sa contribution à la préparation de la deuxième phase du Sommet mondial pour l’information qui se tiendra en Tunisie du 16 au 18 novembre 2005, et au suivi de la première phase qui s’est tenue à Genève en décembre 2003. Il a estimé que les TIC donneront une grande impulsion au développement économique et sociale et s’avéreront comme un outil déterminant de la lute contre la pauvreté. Il a notamment souligné l’importance de la coopération triangulaire qu’il a définie comme un cadre approprié pour assurer la complémentarité entre les pays développés et ceux en développement en ce domaine.
M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a, à son tour, évoqué le travail du Groupe d’études sur les TIC. Insistant sur l’importance qu’il y a à réduire le fossé numérique, le représentant a estimé que le domaine le plus important est celui de la mobilisation des ressources et du renforcement des capacités non seulement humaines mais aussi technologiques, et en matière d’infrastructure. Il a apporté son soutien à l’établissement de réseaux de la diaspora, particulièrement pour la CARICOM, et s’est félicité du prochain lancement d’une telle initiative. Selon lui, il faut consacrer plus d’énergie à élargir l’accès des TIC dans les zones les plus reculées des pays en développement. Le représentant a insisté sur la nécessité, en matière d’investissements, de ne pas négliger les économies les plus faibles de sa région. Commentant la proposition relative à une stratégie à l’échelle du système en ce qui concerne les TIC, il a espéré que les États Membres auront un droit de regard avant la négociation des politiques à mettre en place.
Mme NAOKO YAMAMOTO (Japon) s’est inquiétée des effets nocifs du tabac sur notre santé en se félicitant du contenu du rapport du Secrétaire général qui note que le tabagisme outre les graves problèmes de santé qu’il cause a une incidence négative sur l’environnement, l’économie et la pauvreté. Elle a souligné la nécessité d’une campagne mondiale de lutte contre ce fléau. Elle a invité le Groupe de travail interinstitutions à élaborer des stratégies de lutte contre le tabagisme efficaces et complètes et d’informer l’ECOSOC du travail réalisé en ce domaine.
Mme CLARE FLEMING, Banque mondiale, a souligné les conséquences du tabagisme sur la pauvreté. Les fumeurs pauvres sont pris dans un cycle vicieux. Ils accordent une part importante de leurs revenus au tabagisme et ont des difficultés à s’en libérer. Lorsqu’ils tombent malades cela a une incidence économique et sociale sur toute la famille. Notant que la consommation mondiale de tabac avait augmenté de 6% au cours des 10 dernières années, elle a souligné la nécessité de prendre des mesures fortes et efficaces pour lutter contre le tabagisme. Il faut informer les jeunes sur les méfaits de ce fléau, parce que l’on constate qu’il est difficile d’arrêter de fumer une fois que l’on a commencé. Insistant sur le poids de ce fléau, elle a indiqué que les fumeurs dépensaient 17% de leur salaire pour le tabac en Ukraine et en Bulgarie et 14% en Colombie selon des chiffres de 1999. En l’an 2000, les fumeurs pauvres chinois consacraient 7% du revenu familial pour fumer alors qu’en Indonésie ce chiffre est passé de 6 à 9% entre 1995 et 2001. Chaque jour 100 000 jeunes commencent à fumer à travers le monde, la plupart d’entre eux se trouvant dans des pays à revenu faible ou moyen. 11 500 personnes meurent quotidiennement dans le monde en raison du tabac avec des conséquences économiques et sociales sur les familles du fumeur, notamment dans les pays en développement. Notant que le tabac ne faisait qu’augmenter la pauvreté, elle a souligné l’urgence d’une campagne mondiale pour renverser le cours de cette épidémie.
Mme FLORENCE CHENOWETH, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a, à son tour, consacré son intervention au tabagisme. Elle a indiqué que dans le cadre de la coopération interinstitutionnelle, la FAO a lancé une étude sur les différents aspects de l’économie mondiale du tabac. Deux publications ont été faites à cet égard, qui donnent une idée de l’évolution économique jusqu’à la fin de la décennie et présentent un aperçu très clair des économies du tabac dans certains pays producteurs. Ces publications décrivent l’incidence que la lutte contre le tabac peut avoir sur les pays producteurs et exportateurs. Au cas où la consommation diminuerait radicalement, l’étude montre un impact économique énorme sur ces pays à moins que des mesures de soutien soient prises en faveur des agriculteurs. Ce secteur étant rentable, la promotion de cultures alternatives s’avèrera coûteuse. Mais, il est possible, a rassuré la représentant, de limiter les conséquences économiques d’un ajustement. Il faut prévoir cet ajustement sur plusieurs années et faire appel à une aide financière de la communauté internationale.
Documentation
Rapport du Secrétaire général sur l’assistance au peuple palestinien (E/2004/88)
Ce rapport indique que l’Organisation des Nations Unies a fondé son approche sur une double stratégie au cours de ces trois dernières années, à savoir l’évaluation de l’aide d’urgence en fonction d’objectifs de développement capables de soutenir une Autorité palestinienne viable. Les efforts considérables déployés par le système des Nations Unies et par les donateurs ont donné des résultats positifs tant en termes d’aide d’urgence que d’assistance au développement. Malheureusement, ceux-ci ont été occultés par l’escalade de la crise qui a non seulement entraîné des pertes en vies humaines mais également fait table rase des progrès accomplis dans les secteurs socioéconomiques.
Il souligne que l’assistance tant humanitaire que financière ne permettra pas à elle seule de remédier à la crise politique qui a pour conséquence la détérioration des conditions de vie des Palestiniens et des Israéliens. La solution s’agissant du statut du peuple palestinien, de la situation économique et de la crise humanitaire est directement liée au respect du droit international et à un règlement pacifique du conflit.
Il invite le Gouvernement israélien à lever les restrictions et l’Autorité palestinienne à prendre des mesures concrètes pour apaiser les préoccupations israéliennes en matière de sécurité.
Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe du Golan syrien occupé (A/59/89-E/2004/21)
Cette note du Secrétaire général souligne que l’occupation du territoire palestinien par Israël ne cesse d’aggraver les rigueurs de la situation économique et sociale pour les Palestiniens. L’armée israélienne continue de procéder à des exécutions extrajudiciaires et à des détentions arbitraires, de démolir des habitations, de restreindre considérablement la liberté de mouvement et de boucler les territoires. Dans certaines zones, précise cette note, le chômage atteint 70%, la dépendance à l’égard de l’aide alimentaire s’est accentuée; et la destruction d’habitations palestiniennes, de bâtiments publics, de terres agricoles, d’infrastructures et de bien privés a occasionné des pertes innombrables.
De 1998 à 2000, l’économie dans le territoire palestinien a été marquée par une solide croissance annuelle de 5%. Cependant, la politique des bouclages et l’instauration d’un couvre-feu en 2003 se sont soldés par des pertes et une stagnation du commerce, accompagnées d’une hausse du chômage et d’une aggravation de la pauvreté. La CNUCED parle désormais à propos du Territoire palestinien « d’économie ravagée par la guerre», parce qu’on y observe les mêmes caractéristiques structurelles, obstacles extérieurs, contraintes budgétaires et résultats du secteur privé que dans les autres pays déchirés par la guerre. En valeur réelle, l’économie palestinienne a perdu la totalité de la croissance enregistrée sur les 15 années précédentes, le produit intérieur brut (PIB) réel s’établissant aujourd’hui en dessous de son niveau de 1986.
À la fin du mois de mars 2003, le revenu médian des ménages avait atteint son niveau le plus bas, accusant une baisse de 44% par rapport à octobre 2000. Environ 47% des ménages ont vu leurs revenus amputés de plus de 50% pendant la même période. La consommation alimentaire a diminué de 86% et plus de 60% des factures des services de distribution font l’objet d’un retard de paiement. Si 63% des familles ont emprunté de l’argent à des amis ou à des parents pour s’en sortir, 20% d’entre elles ont dû se résigner à vendre leurs biens. Au mois de mars 2003, 42% des familles étaient démunies et tributaires de l’aide humanitaire. Le rapport note que l’économie palestinienne dépend largement d’Israël puisque 96% des exportations palestiniennes sont à destination d’Israël qui absorbe environ 25% de la main d’œuvre palestinienne. La note souligne également qu’à la fin 2003, Israël retenait toujours un montant de 299 470 000 dollars dû à l’Autorité palestinienne.
La note du Secrétaire générale conclut que l’assistance humanitaire n’est pas suffisante pour protéger les droits civils palestiniens sous occupation et leur permettre de mener une vie digne et que la seule solution pour sortir de la crise économique et sociale actuelle réside dans la fin de l’occupation du Territoire palestinien et du Golan syrien.
Le Conseil économique et social a été également saisi du rapport du Secrétaire général sur l’Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance (A/59/64) et du rapport de son Président sur les consultations tenues avec le Président du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration (E/2004/47). Ce dernier rapport passe en revue l’appui apporté aux territoires non autonomes par 10 institutions spécialisées de l’ONU ou organismes internationaux associés.
Dialogue avec les Présidents des commissions techniques du Conseil économique et social
Les Présidents des commissions techniques du Conseil économique et social (ECOSOC) ont tenu cet après-midi des discussions et échanges avec les missions permanentes et les fonctionnaires du Secrétariat sur les moyens de renforcer la coopération entre elles et de mieux collaborer afin que les fonctions qui leur sont assignées se complètent et contribuent plus efficacement aux objectifs économiques et sociaux. Au cours de cet échange, notamment dans le souci d’assurer un meilleur suivi des conclusions des grands sommets des Nations Unies, des propositions ont été faites sur la manière de rendre la structure des Nations Unies plus logique, et de passer d’un mode de « développement des politiques » à un cycle de mise en œuvre.
À ce titre sont intervenues les Présidents des 11 Commissions suivantes: Commission du développement social, Commission de la condition de la femme, Commission de la statistique, Commission des droits de l’homme, Commission de la population et du développement, Commission des stupéfiants, Forum des Nations Unies sur les forêts, Commission de la prévention du crime et de la justice pénale; Instance permanente des peuples autochtones; Commission du développement durable; et Commission de la science et de la technique au service du développement.
Le dialogue s’est ouvert sur de brèves présentations des Présidents de ces Commissions. Le Président de la Commission de développement social a surtout évoqué la mise en œuvre des conclusions du Sommet mondial sur le développement social de Copenhague (1995) en souhaitant que les ONG puissent participer à la plénière de haut niveau de 2005, tandis que celui de la Commission de la condition de la femme, créée dès 1948, a encouragé les autres commissions à intégrer une perspective sexospécifique dans toutes leurs activités, en prévision du dixième anniversaire de Conférence mondiale de Beijing sur la condition de la femme, en 2005. La Présidente de la Commission de la statistique a présenté les efforts de son équipe pour améliorer la disponibilité et la comparabilité des données à travers le monde en centrant la coopération technique multilatérale et bilatérale sur le renforcement des capacités statistiques nationales.
Le Président de la Commission des droits de l’homme a souligné la nécessité de veiller à ce que les travaux des différentes commissions se complètent mieux. Il a précisé que la dernière session de la Commission avait rassemblé 5 000 délégués et entendu 2 000 déclarations. Étant donné que la Commission est une instance hautement politique, le programme de travail est le résultat d’un grand nombre de compromis difficiles. Le Président de la Commission de la population et du développement, qui a récemment tenu sa 37ème session, a souhaité favoriser des partenariats entre la communauté internationale, les ONG et la société civile pour faciliter la mise en œuvre des conclusions de la Conférence internationale du Caire. Il a indiqué que cet organe se concentrera, en 2005, sur les liens entre les questions de population et celles du VIH/sida et, en 2006, sur la population et les migrations.
Par ailleurs, le Président de la Commission des stupéfiants a déclaré qu’il fallait faire preuve d’une grande prudence avant d’élargir plus avant la coordination entre les bureaux et le Secrétariat compte tenu du caractère très divers des programmes de travail des différentes commissions. Il a souligné la nécessité de résoudre des questions de logistiques et de moyens, avant d’avancer dans ce domaine alors que le calendrier des travaux de la Commission est déjà surchargé. À son tour, le Président de la Commission des droits de l’homme a indiqué que cette dernière avait récemment adopté huit nouveaux mécanismes pour répondre aux besoins nés des nouvelles activités sans disposer pour autant de ressources additionnelles. Il a insisté sur les difficultés que cela a représenté.
De son côté, le Président du Forum des Nations Unies sur les forêts a souligné la contribution des objectifs liés à la protection des forêts, source d’énergie et d’eau à la réalisation des recommandations des grandes conférences des Nations Unies et notamment du Sommet mondial sur le développement durable. Le Vice-Président de la Commission de la prévention du crime et de la justice pénale a défini celle-ci comme un forum de promotion de la coopération internationale aux fins de la lutte contre la criminalité transnationale. S’agissant de la coopération entre les différentes commissions techniques, il a souligné la nécessité d’éviter tout double emploi et de promouvoir la collaboration autour de questions d’intérêt commun. Il a indiqué que la 13ème session de sa Commission a été l’occasion d’examiner 20 résolutions dont 19 ont été transmises à L’ECOSOC.
Le Président de l’Instance permanente des peuples autochtones a indiqué que celle-ci est chargée de coordiner les questions des peuples autochtones dans le souci d’améliorer les conditions de 370 millions de personnes à travers le monde. C’est dans ce contexte qu’elle a participé cette année aux travaux du Forum des Nations Unies sur les forêts afin de parler de l’importance de la forêt pour les objectifs de développement durable. Le représentant de la Commission du développement durable (CDD) a souligné les efforts de cette dernière pour traiter des questions ayant des liens les unes avec les autres. Ainsi, la dernière session de la CDD a été l’occasion de traiter à la fois des questions de l’eau, des établissements humains et de l’assainissement, en soulignant les liens existant entre l’eau potable, les installations sanitaires et un logement décent.
La Présidente de la commission de la science et de la technique au service du développement, qui compte 33 membres, s’est appuyée sur un film de présentation pour souligner les efforts de la Commission dans l’élaboration d’une vision commune sur la manière de mettre la science au service des objectifs de développement. Des efforts concertés sont nécessaires notamment pour mettre les techniques et la science au service des stratégies de développement nationales.
Sont intervenus au cours de ce débat les représentants de l’Afrique du Sud, de la Finlande, du Guatemala et de Cuba qui a mis l’accent sur l’importance qu’il y a à respecter les spécificités de chaque commission et à éviter les chevauchements. Le représentant cubain a aussi estimé que la multiplication des tables rondes et autres échanges intergouvernementaux au sein des commissions devient un fardeau pour certaines délégations, en particulier les petites. Il s’est aussi inquiété de la tendance de certaines commissions à revenir sur les engagements pris lors des grandes conférences. Polarisation et politisation sont les mots que le représentant a utilisés pour décrire l’ambiance dans certaines Commissions, en particulier la Commission des droits de l’homme. Comment assurer l’objectivité, l’impartialité et la non sélectivité dans les commissions, a-t-il demandé?
Tout dépend des membres de la Commission, a répondu la Présidente de la Commission de la condition de la femme, en estimant que l’intensification du travail intersessions a permis d’alléger les tensions et d’aider les États Membres à mieux appréhender les questions. Le manque de respect des principes de non-sélectivité et d’objectivité équivaut à « salir » la réputation d’une commission, a renchéri le représentant de la Colombie qui a estimé que la solution réside dans la rigueur et la stricte conformité avec les mandats conférés par l’Assemblée générale. Le représentant, s’adressant notamment à l’Instance permanente des populations autochtones, a prévenu que la politisation se fait toujours aux dépens de l’efficacité et de la crédibilité. Le Président de l’Instance a reconnu la nécessité d’éviter les dérives en rappelant toutefois que l’Instance est composée d’experts qui prennent la parole à titre individuel. De nombreux Présidents ont démontré l’utilité d’organiser des tables rondes et de chercher une représentation au plus haut niveau, après les questions du représentant de Cuba et du Ghana qui s’inquiétaient du peu de cas fait des déclarations ministérielles et autres conclusions concertées.
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