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ECOSOC/6077

ECOSOC : LE RÔLE DES POPULATIONS LOCALES, PREMIÈRES POURVOYEUSES DE SECOURS APRÈS LES CATASTROPHES, DOIT ÊTRE MIEUX RECONNU

13/07/2004
Communiqué de presse
ECOSOC/6077


Conseil économique et social

Session de fond de 2004

35e et 36e séances – matin et après-midi


ECOSOC : LE RÔLE DES POPULATIONS LOCALES, PREMIÈRES POURVOYEUSES DE SECOURS

APRÈS LES CATASTROPHES, DOIT ÊTRE MIEUX RECONNU


Lorsque les organisations humanitaires sont perçues comme

s’alignant sur certains pays, les emblèmes ne protègent plus leurs personnels


75 000 morts et 65 milliards de dollars de pertes économiques…  Tel est le bilan des 700 désastres et catastrophes naturelles qui ont frappé différentes régions de la planète, notamment dans les pays en développement, au cours de l’année 2003.  Fait inquiétant, cette sombre tendance risque de s’aggraver au cours des prochaines années, a prévenu ce matin le Président de la réunion-débat organisée par le Conseil économique et social (ECOSOC) sur le renforcement de la planification et de l’organisation des interventions visant à faire face aux catastrophes naturelles.


Les délégations ont entendu les présentations d’un panel d’experts et de décideurs des agences et programmes du système des Nations Unies, du Bureau d’aide humanitaire de la Commission européenne, du Groupe consultatif international de recherche et de sauvetage, et de la Société du Croissant-Rouge de la République islamique d’Iran.  Dans son introduction, Jan Egeland, modérateur du débat et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies, a annoncé que sept fois plus de gens sont aujourd’hui touchés par des catastrophes naturelles que par des conflits armés.  Déplorant le peu d’attention que reçoivent ces victimes, M. Egeland a indiqué qu’il était nécessaire de développer, avec les populations locales et au niveau de chaque pays à risques, des mécanismes nationaux de prévention et de réaction qui deviendraient la première ligne de défense contre les désastres naturels ou causés par des actions humaines sur l’environnement de la planète.  Soutenant ce point de vue, le Directeur général du Croissant-Rouge iranien a déclaré que les populations sur place avaient été les premières à intervenir et se secourir mutuellement lors du tremblement de terre qui a récemment détruit la ville historique de Bam.  Comme la plupart des autres intervenants, il a demandé que la communauté internationale reconnaisse le rôle crucial que jouent les communautés locales dans les secours d’urgence, et les impliquent dans la définition de la nature de l’aide internationale d’après-catastrophe, ainsi que dans sa coordination et sa distribution.


Les délégations, dont celles du Canada, du Royaume-Uni et de la Norvège ont fait des observations sur la manière dont l’efficacité des secours et leur coordination pourrait être améliorée.  À cet égard, la représentante de la Norvège a demandé que tous les groupes sociaux, dont les femmes et les handicapés, soient inclus dans la création et le fonctionnement des mécanismes d’alerte rapide et de réaction aux catastrophes, tandis que la représentante du Canada suggérait qu’une analyse soit menée sur l’impact des secours sur les familles selon qu’elles sont monoparentales ou traditionnelles.  La reconstruction après les catastrophes étant souvent difficile, le représentant de la Finlande a voulu savoir comment pouvaient


être calculés les coûts de cette réhabilitation.  À cette question, M. Egeland et le représentant du Japon ont répondu que la Conférence qui se tiendra à Kobe, ville rasée il y a quelques années par un tremblement de terre, permettra aux délégués des États Membres, des organisations internationales et de la société civile de voir les efforts déployés par le Japon pour la reconstruction de cette agglomération.  Unanimement, les participants à la table ronde ont recommandé que les pays affectés par les catastrophes naturelles s’approprient, avec le soutien de la communauté internationale, les structures de prévention, d’information et de réaction contre ces phénomènes qui se multiplient.  Le représentant du Royaume-Uni a, à cet égard, annoncé que son pays ferait de la question des changements climatiques un point central de l’ordre du jour du prochain Sommet des pays du G-8. 


Cet après-midi, l’ECOSOC a poursuivi ses travaux en organisant une deuxième réunion-débat sur le thème de la coordination sur le terrain à des fins de maintien de la présence des missions d’assistance humanitaire et de poursuite de leurs opérations dans des environnements à haut risque.  Sur cette question, Jan Egeland a regretté que les personnels humanitaires des Nations Unies et ceux qui leur sont associés soient devenus la cible d’attaques et d’agressions de tous genres dans les zones où ils viennent en aide à des populations affectées par des conflits armés.  Les nouvelles menaces auxquelles elle fait face étant au-delà de ses propres capacités de prévention, l’Organisation a besoin que les gouvernements des pays où sont déployés ses personnels prennent de nouvelles mesures pour assurer leur sécurité, a dit la Coordonnatrice adjointe des Nations Unies pour les questions de sécurité.  Le Secrétaire général, a-t-elle ajouté, se réserve désormais le droit de suspendre le déploiement des personnels de l’Organisation ou même simplement de les retirer des zones à haut risque, la bannière de l’ONU ne semblant plus être respectée par certaines parties à des conflits.  Sur cette question, Eric Morris, Conseiller spécial auprès du Haut Commissaire pour les réfugiés, et Jacques Forster, Vice-Président permanent du Comité international de la Croix-Rouge, ont mis en garde contre l’érosion, voire la disparition de la protection emblématique.  M. Morris a relevé l’« iraquisation » de situations dans lesquelles les personnels des interventions humanitaires étaient perçus comme soutenant les visées politiques de l’une des parties et devenaient donc des cibles d’attaques armées.


En dehors des intervenants cités ci-dessus, les experts et personnalités dont la liste suit se sont également exprimés: Mme Julia Taft, Administratrice adjointe du PNUD; M. Jean-Jacques Graisse, Directeur exécutif adjoint du PAM; M. Toni Frisch, Président du Conseil consultatif international de recherche et de sauvetage; et M. Max Gaylard, Coordonnateur résident de l’ONU et des opérations humanitaires en Somalie.  L’ECOSOC poursuivra ses travaux demain, mercredi 14 juillet, à 10 heures.


ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE, AIDE HUMANITAIRE ET SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE


Réunion-débat sur le renforcement de la planification et de l’organisation des interventions visant à faire face aux catastrophes naturelles, avec un accent sur le renforcement des capacités


Présentations


M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré qu’entre la fin de 1997 et le début de 1998, le PAM a mis en place un mécanisme de planification de ses secours d’urgence dans les zones de sécheresse, et notamment en Afrique australe.  La communauté internationale dispose généralement en ce moment de moyens d’alerte rapide renforcés qui lui permettent de réagir efficacement aux catastrophes, a indiqué M. Graisse.  En ce qui concerne le PAM, ses capacités de réponse se sont énormément améliorées, a-t-il dit, et ses bureaux régionaux décentralisés ont désormais plus de moyens leur permettant de faire face à des situations où les secours d’urgence sont indispensables, tout en étant capables de s’adapter aux évolutions de la situation sur le terrain.  Cependant, a estimé M. Graisse, le simple fait d’avoir des moyens d’alerte préventive n’est pas suffisant.  Il faut que les populations vivant dans les zones sujettes aux catastrophes soient capables de participer aux opérations de secours.  Les systèmes d’alerte précoce doivent se muer en systèmes de réaction rapide en cas de catastrophe, a-t-il recommandé.  Les plans d’évacuation, la diffusion de l’information par la radio, ou le prépositionnement de stocks alimentaires sont des mesures essentielles dans les régions sujettes aux catastrophes.  Une réponse rapide requiert également des outils flexibles de programmation et de réaction.


La crise alimentaire qui a frappé l’Afrique australe met en lumière un certain nombre de problèmes que nous connaissions, a estimé le représentant.  Au milieu de l’année 2002, le manque de pluies a affecté la production alimentaire de pays comme le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe, causant des besoins que la production nationale ne pouvait satisfaire et en conséquence, la production nationale ne pouvait satisfaire les besoins.  Ces pénuries étaient d’autant plus graves dans une région qui connaît une mauvaise situation générale, gravement touchée par le VIH/sida, la pauvreté chronique et caractérisée par la faiblesse des structures nationales de gouvernance.  En dépêchant rapidement un Coordonnateur spécial pour les questions de logistique, dont le Bureau est à Johannesburg, le PAM a pu, dans des délais raisonnables, faire parvenir des ressources alimentaires aux populations touchées.  Dans le même temps, M. James Morris, Directeur exécutif du PAM, a, par la mission qu’il a effectuée dans la région, renforcé la coordination entre les différentes agences de l’ONU qui sont intervenues sur le terrain.  Ceci nous montre que l’ONU peut maximiser, par ce genre de démarche, l’usage des ressources mises à sa disposition, a conclu M. Graisse.


Mme JULIA TAFT, Administratrice adjointe du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué qu’en 20 ans, plus de trois millions de personnes sont mortes des suites d’une catastrophe naturelle.  Ces catastrophes, a-t-elle dit, constituent un poids énorme pour les systèmes économiques, politiques et sociaux et peuvent rayer, en quelques minutes, les acquis durement gagnés en matière de développement.  Aujourd’hui, a-t-elle regretté, la réaction rapide est encore trop dominée par les éléments « assistance humanitaire » et « gestion de l’urgence ».  Au niveau de la planification et des ressources, il y a donc un fossé entre les phases humanitaires et les phases de relèvement.  La planification doit se faire en amont pour inclure dans la réaction une analyse des vulnérabilités telles que les normes ou les zones de construction. 


Les crises, a encore dit l’Administratrice adjointe, sont une occasion d’introduire des changements et de jeter les fondements d’un développement durable.  Les pays doivent savoir que les choix de développement à court terme augmentent les risques de catastrophes naturelles.  Des phénomènes tels que l’urbanisation galopante ou la concentration des populations pauvres dans certaines zones et des bâtiments dangereux accroissent l’impact des catastrophes.  Que faut-il faire alors, a demandé Mme Taft avant de préconiser comme premier élément de réponse l’amélioration de la compréhension commune du risque et de la vulnérabilité. 


L’année dernière, a-t-elle ainsi indiqué, le PNUD a mis au point un indice de risque de catastrophes qui mesure la vulnérabilité aux séismes, aux cyclones et aux inondations et identifie les choix de développement qui contribuent à augmenter les risques.  Le PNUD, a-t-elle aussi indiqué, a procédé à un inventaire géoréférencié sur les catastrophes de moindre ampleur aux fins de la mise au point d’outils d’évaluation des risques.  À son avis, il faut aussi se concentrer davantage sur la mise en place d’un environnement plus propice à la réduction des risques en s’attaquent aux problèmes de gouvernance et au renforcement des capacités.  Enfin, il faut mettre au point des programmes de transition qui aillent au-delà de la réaction d’urgence.  Pour ce faire, le renforcement des capacités locales dans le domaine de la construction de structures selon des codes anti-catastrophes doit devenir une partie intégrante des stratégies de développement.


M. TONI FRISCH, Président du Groupe consultatif suisse sur les recherches et les sauvetages (INSARAG), a parlé des défis mondiaux en matière de sauvetages internationaux, sur la base d’enseignements tirés de catastrophes et d’événements récents comme les tremblements de terre qui ont frappé l’Iran et l’Algérie en 2003.  Il a présenté son organisation, un réseau comprenant des institutions gouvernementales de 70 pays ayant des activités internationales en matière de recherche et de sauvetage.  Il s’est notamment félicité du soutien dont l’INSARAG bénéficiait de la part du siège d’OCHA à Genève.  Comme conditions de succès du renforcement des moyens de préparation en prévision de catastrophes naturelles et des interventions, il a cité la rapidité, la coordination, l’efficacité et la cohérence liées aux renforcement des capacités aux niveaux régional et national.  Sachant que la rapidité sauve des vies, a-t-il insisté, il est fondamental de renforcer les capacités au niveau local. 


S’agissant de la mise en œuvre sur le terrain, il est très important que des discussions aient commencé entre OCHA et l’Union européenne afin d’éviter le double emploi en matière de coordination.  Soulignant l’importance de la coordination en matière d’intervention rapide et de la formation au niveau local, il a indiqué que des statistiques montraient que 95% des victimes étaient sauvées par des intervenants locaux, alors que les premiers sauveteurs sont les mères qui prennent leurs enfants par la main pour sortir de la maison en train de s’écrouler.  En ce qui concerne la contribution extérieure, il a estimé que seules des équipes de haute qualité devraient être autorisées à entrer dans les pays touchés pour assurer des secours.  L’aide internationale n’a de sens que si elle apporte quelque chose de plus sur le terrain et ne doit pas être un poids pour les groupes déjà surchargés.  Il a regretté que parfois les connaissances et capacités locales très précieuses soient sous-estimées.  Il ne faut pas oublier de faire participer la société civile, les universités, le secteur privé, dans cet effort général de préparation en prévision de catastrophes naturelles.  Il a souhaité que la conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles qui se tiendra à Kobe au Japon du 18 au 22 janvier 2005 soit l’occasion de créer la dynamique nécessaire pour intensifier l’action commune en ce domaine.  Une action commune, a-t-il espéré, qui nous permettra à l’avenir de beaucoup mieux utiliser les capacités déjà existantes dans les pays souvent frappés par les catastrophes naturelles. 


M. MOSTAFA MOHAGHEGH, Directeur général de la Société du Croissant-Rouge d’Iran, a parlé de la réaction et des secours organisés après le tremblement de terre qui a frappé la localité de Bam en Iran.  Les premiers secours sont toujours ceux pourvus par les civils et les familles, a-t-il noté, et la communauté internationale doit reconnaître le rôle que jouent les populations locales en cas de catastrophe naturelle.  Plus de 150 000 personnes se sont retrouvées sans abri dans Bam et ses alentours, a-t-il dit.  18 000 travailleurs et agents de secours ont été mobilisés par le Croissant-Rouge iranien pendant un mois autour de Bam, a indiqué M. Mohaghegh.  Nous sommes reconnaissants à l’OCHA et à la Croix-Rouge suisse qui ont été les premières institutions internationales et étrangères à arriver sur le terrain pour porter assistance aux populations. 


En Iran, le Croissant-Rouge est une organisation collaborant avec le Gouvernement et qui dispose de 340 antennes dans le pays.  Ceci nous permet d’avoir un bon système logistique, a dit le représentant qui a souligné que les secours à Bam avaient été, en premier, organisés par l’antenne locale du Croissant-Rouge iranien.  Les secours après une catastrophe devraient être inscrits dans le cadre national de développement, a-t-il recommandé.  Cette stratégie devrait notamment être prise en considération dans les pays les plus vulnérables, a-t-il poursuivi en indiquant que la lutte contre les effets des catastrophes devait faire partie de la culture nationale des populations vivant dans les zones à risques.  La communauté internationale devrait d’autre part renforcer l’aide qu’elle apporte aux pays frappés par les catastrophes au cours de la phase de reconstruction, a ajouté le représentant.


M. MICHEL ARRION, Chef du Groupe des politiques de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), a consacré son intervention aux bonnes pratiques.  L’impact énorme des catastrophes naturelles, a-t-il dit, rend absolument urgente l’amélioration de la préparation.  Il faut en la matière une conformité entre les politiques et leur mise en œuvre, une transparence renforcée entre les partenaires, et un plaidoyer fort auprès des donateurs.  Les bonnes pratiques exigent une vision à long terme en matière de planification et doivent s’appuyer sur des mécanismes d’alerte précoce et des processus rapides de prise de décisions, des partenariats de qualité ainsi que pouvoir compter sur une coopération étroite avec les autres acteurs clefs et sur des moyens adéquats; ceci pour assurer une transition sans heurt entre le secours et le relèvement. 


Les donateurs doivent disposer de trois types d’outils à savoir la planification fondée sur une bonne évaluation annuelle des besoins dans le monde, un système classique d’alerte rapide constitué, entre autre, de rapports périodiques provenant du terrain, et enfin, des dernières technologies de l’information.  Ils doivent aussi appuyer les bonnes pratiques des institutions telles que le système d’alerte mondial d’OCHA et les plans de préparation de l’UNICEF.  L’orateur a conclu en citant deux outils dont s’est dotée la Commission européenne; GINA et ICON.  Le premier est un indice mondial pour l’assistance humanitaire mis au point à partir de données sur 130 pays.  Le deuxième permet de suivre quotidiennement la situation dans plusieurs points névralgiques du monde.


Questions et interventions des délégations


Si le représentant du Mexique a insisté sur le rôle essentiel de l’intervention de l’État dans la prévention et la préparation aux catastrophes naturelles, celui des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne, a reconnu, à ce sujet, que l’institution européenne n’avait pas assez investi dans la planification.  À cet égard, il a formé le voeu que la Conférence de Kobe sur la prévention des catastrophes en janvier 2005 sera l’occasion de progresser en terme d’appropriation de la planification de l’urgence. 


Répondant à la question des Pays-Bas sur la complémentarité idéale des mécanismes internationaux de réponse et notamment de l’ONU et des mécanismes locaux, le Chef du Groupe des politiques de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) a souligné l’importance d’éviter le double emploi et la concurrence sur le terrain.  Dans ce contexte, il a cité en exemple la coopération en cours entre ECHO et OCHA de façon à assurer une bonne répartition des tâches entre le mécanisme de l’Union européenne et celui plus large de l’ONU. 


Dans le même ordre d’idées, le Directeur de la Société du Croissant-Rouge iranien a estimé qu’il faut viser l’autosuffisance des pays menacés par les catastrophes, tout en reconnaissant qu’il était impossible d’être préparé à 100% au niveau local.  Il est indispensable de créer des structures dans chaque pays menacé par les catastrophes.  Dans tous les cas, le chef de file de la coordination doit être le pays touché et nous devons accepter ce rôle.  L’important est de reconnaître les structures en place au niveau local, pour nous assurer que toute intervention extérieure complète de façon optimale l’intervention locale.


L’Administrateur adjointe du PNUD, qui a travaillé de nombreuses années dans le domaine de l’urgence, a indiqué qu’elle s’était toujours étonnée de la proportion de dons inutiles qui parvenaient sur le terrain.  À cet égard, elle a suggéré d’examiner ce qui est disponible sur les marchés locaux, de façon à s’assurer que l’aide humanitaire apporte aussi un soutien de l’économie du pays touché, plutôt que d’expédier des choses inadaptées. 


La représentante du Canada a estimé que des progrès considérables avaient été accomplis dans la réaction aux catastrophes naturelles et a demandé à Mme Julia Tafts (PNUD) quelles difficultés rencontraient les pays qui voulaient intégrer ces politiques dans leurs plans nationaux de développement.  La représentante a aussi demandé si la communauté internationale ne devait pas conduire une analyse de l’impact des catastrophes naturelles sur les familles monoparentales et sur celles qui sont plus traditionnelles.  Ne faut-il pas moduler les réactions, afin de répondre à des besoins qui peuvent être différents? a-t-elle demandé. 


Le représentant de la Finlande a voulu savoir ce que coûterait à la communauté internationale un soutien à la préparation aux catastrophes dans les régions en développement où les risques sont les plus sérieux?  À cette question, M. Jan Egeland (OCHA) a répondu que lors de la prochaine conférence de Kobe, les délégués pourraient se rendre compte de ce que fait le Japon sur cette question.


La délégation du Royaume-Uni a indiqué que son pays avait décidé d’inscrire la prévention des catastrophes dans ses programmes d’aide au développement.  Son représentant a ensuite demandé à M. Frisch comment devaient être menées les activités de plaidoyer en faveur du soutien à la prévention et des secours contre les catastrophes naturelles.  D’autre part, a indiqué le représentant du Royaume-Uni, notre pays placera la question des changements climatiques au centre des discussions du prochain Sommet du G-8.


La représentante de la Norvège a pour sa part fait remarquer que tous les secteurs de la population, y compris les femmes et les handicapés, devaient être impliqués dans la préparation contre les catastrophes, et elle a demandé aux panélistes d’indiquer ce que faisaient leurs institutions sur cette question.  Dans son intervention, le représentant du Japon a demandé quels efforts étaient menés en Iran pour sensibiliser les populations sur les questions touchant aux effets des catastrophes naturelles.  Ce qui s’est passé à Kobe nous a montré que parfois les gens ne s’intéressent pas à cette question tant qu’ils ne sont pas personnellement affectés, a-t-il fait remarquer.


La représentant de la Chine a estimé que les gouvernements des pays affectés devaient avoir des capacités leur permettant d’accueillir et de coordonner la gestion des secours après une catastrophe.  À cet égard, la Chine soutient les efforts de formation menés par l’ONU, a-t-il indiqué.


L’Afrique du Sud a accueilli les délégations de la région Afrique pour préparer le sommet de Kobe, a dit le représentant sud-africain.  Un des problèmes dans la préparation des populations africaines contre les effets des catastrophes se situe au niveau des informations qui leur sont transmises, mais sont toujours en langue étrangères, a-t-il dit.  Quel rôle pourraient donc jouer les médias pour trouver des solutions à ce problème?


Le représentant de la Fédération de Russie a estimé qu’il fallait renforcer les systèmes d’alerte rapide, mieux coordonner les opérations de secours, et leur assurer un financement adéquat.  Le renforcement de la préparation au niveau national ne devrait pas devenir un obstacle aux interventions venues de l’extérieur, a-t-il d’autre part estimé.


Répondant à ces commentaires, le Chef du Groupe des politiques de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne, a prôné un travail d’équipe comprenant les représentants de départements tels que l’environnement, la recherche ou encore le transport, pour mettre en œuvre les stratégies.  L’autre chose importante, a-t-il souligné, est la volonté politique.  Quant à la prise en compte de la voix des victimes, il a indiqué que le travail se fait par l’intermédiaire des agents d’exécution et des ONG locales.  À son tour, le Directeur général de la Société du Croissant-Rouge d’Iran a souligné que le rôle de la Fédération internationale est d’aider les sociétés nationales membres.  Quant à la manière dont la communauté internationale peut soutenir la Fédération, il a indiqué que les États doivent reconnaître l’importance de la société civile comme les volontaires.  La communauté internationale pourrait aussi œuvrer à l’intégration de la préparation aux catastrophes naturelles dans les plans à long terme et apporter un appui technique et financier.  Revenant sur la manière de prendre en considération la voix des victimes, il a d’abord souligné qu’en cas de catastrophe, c’est tout un pays qui est victime.  Il faut, a-t-il dit, reconnaître tous les segments de la société comme partenaires à part entière des efforts de secours et de relèvement et tenir compte de leurs plans à long terme.


Le Président du Groupe consultatif suisse sur les recherches et les sauvetages a souligné l’importance qu’il y a à établir des « cartes de risques » très précises.  Il a, en outre, convenu que les équipes de recherche et de sauvetage internationales doivent avoir pour objectif d’aider les équipes nationales et de les enrichir de leur expérience.  L’Administratrice adjointe du PNUD, quant à elle, a convenu qu’il faut galvaniser tous les services des programmes comme le sien aux niveaux national et régional.  Le meilleur moment de « vendre » les programmes anti-catastrophes, a-t-elle dit, est tout de suite après les catastrophes.  Si le financement manque à ce moment-là, l’occasion est ratée et il est difficile d’attirer l’attention un ou deux ans après une catastrophe aussi grande fut-elle.  Enfin, le Directeur exécutif adjoint principal du PAM a voulu que la réponse commune des Nations Unies ne se fonde pas seulement sur des mécanismes de coordination.  Chaque institution doit faire son travail pour se doter des programmes nécessaires. 


Dans ses remarques de clôture, le modérateur de ces discussions, Jan Egelang, a noté le consensus établi autour du fait qu’en matière de réponse humanitaire, la principale responsabilité reviendra toujours à la communauté et aux autorités locales, et tout particulièrement au gouvernement du pays concerné, comme cela à été souligné dans plusieurs résolutions de l’Assemblée générale.  Le système international, a-t-il ajouté, est là pour compléter, encourager et promouvoir les mécanismes nationaux lorsqu’on nous le demande.  Quant à notre capacité de répondre avec une efficacité maximale en tant que communauté internationale, les vues des intervenants ont été plus mitigées.  Même si nous avons effectué des progrès en matière de mécanisme et d’outils de promotion des capacités de gestion des catastrophes et de réduction de risques, nous avançons trop lentement dans beaucoup de domaines, et il faut regretter l’insuffisance d’attention accordée à la prévention des catastrophes naturelles dans les médias et les milieux politiques de manière générale.  Même si de plus en plus de pays commencent à participer à des mécanismes d’intervention rapide et de prévention, beaucoup, notamment en Afrique sub-saharienne, souffrent de terribles retards en matière de réponse à donner aux catastrophes naturelles. 


Réunion-débat sur la coordination sur le terrain à des fins de maintien de la présence des missions d’assistance humanitaire et de poursuite de leurs opérations dans des environnements à plus hauts risques


Abordant la complexité du maintien de la présence humanitaire dans un environnement à haut risque, M. JACQUES FORSTER, Vice-Président du Comité international de la Croix-Rouge (CIRC), a déclaré qu’il était urgent de rendre l’assistance humanitaire plus efficace et plus sûre.  La complexité des crises, la dimension des besoins de plus en plus nombreux et le nombre croissant des acteurs présents sur le terrain sont autant de facteurs qui ont rendu la coordination indispensable.  Par conséquent, nous avons adopté une démarche qui se fonde sur le désir commun d’échange d’expériences dans un souci de complémentarité et pour éviter le double emploi.  Avec une meilleure planification de nos activités de coopération, est apparue la nécessité de mieux connaître des procédures d’autres organismes et acteurs de l’aide humanitaire.  Nous coopérons avec les structures de l’ONU au niveau du Siège et du terrain.  S’agissant des risques sur le terrain, les 15 derniers mois ont été particulièrement difficiles avec une succession d’attaques directes, qui ont conduit le CICR comme les autres organismes, à revoir leurs façons de faire et à innover en matière d’analyses politiques sur le terrain.  La nécessité de prendre position dans la lutte contre le terrorisme, et l’impossibilité de rester neutre face à ce problème a mis à mal le principe d’indépendance du monde humanitaire.  Il est difficile de maintenir un dialogue constant avec tous les acteurs d’un conflit -condition incontournable de la réussite de l’aide humanitaire- alors que les organisations humanitaires sont parfois perçues comme des instruments au service des intérêts de l’occident.  D’où la nécessité de redoubler d’efforts pour affirmer notre neutralité et notre impartialité dans nos interventions et surtout que nous n’avons aucun lien avec les opérations militaires.


L’intervenant a également souligné la difficulté liée au fait que l’impartialité est parfois perçue comme de l’indifférence face aux problèmes spécifiques des populations locales.  Quoi que l’on fasse, dans tout conflit, des parties rejetteront des acteurs humanitaires.  Le CICR doit maintenant prendre en compte dans ses activités de programmation la nature généralisée de certaines menaces.  En conclusion, il a insisté sur le fait que le CICR restait fermement engagé à faire des efforts en matière de coordination, pour que l’action humanitaire soit plus efficace, plus complémentaire et plus sûre.  Nous restons disposés, a-t-il encore ajouté, à un échange transparent sur les questions de sécurité et de gestion, même si cela ne devait pas forcément déboucher sur une action commune. 


Mme DIANA RUSSLER, Coordonnatrice adjointe des Nations Unies pour les questions de sécurité, a rappelé que le personnel de l’ONU a toujours travaillé dans des zones à haut risque, protégé qu’il était alors par le drapeau bleu.  Il y a toujours eu des pertes en vies humaines mais la sécurité a pu longtemps s’appuyer sur le symbole qu’était ce drapeau.  L’attentat de Bagdad et les menaces d’autres groupes extrémistes qui ont suivi ont changé le paradigme, a prévenu la Coordonnatrice.  Ces 20 dernières années, a-t-elle aussi rappelé, le système de sécurité traitait presque exclusivement de vols, de harcèlements, d’attaques, de prises d’otages, de troubles civils ou encore de la protection entre deux feux.  La réponse à ces menaces consistait à renforcer la capacité de déplacement, en se fondant sur les communautés locales pour déterminer les menaces les plus flagrantes.  Aujourd’hui, a-t-elle constaté, les menaces dépassent de loin la capacité de sécurité de l’ONU.  Se voulant rassurante, elle a affirmé qu’existent les moyens de gérer les risques et de réduire la vulnérabilité sans pour autant transformer l’ONU en une forteresse éloignée de ceux qu’elle est censée aider.


Des changements ont déjà été apportés qui ont d’ailleurs des conséquences sur le fonctionnement de l’ONU, a-t-elle indiqué.  Il s’agit d’abord de comprendre l’environnement et de mesurer les menaces avec précision pour mieux y réagir.  Il s’agit ensuite d’instaurer des normes minimales de sécurité et de s’assurer qu’aucun membre du personnel ne travaille sans l’équipement, la formation et le soutien indispensables à la minimisation des risques.  Il s’agit également de prévoir des mesures d’urgence pour répondre aux crises soudaines, en identifiant le rôle de chaque institution.  Il s’agit encore de former le personnel, à tous les niveaux, en techniques de sécurité et de survie.  Il s’agit enfin de corriger la perception qu’ont les populations de l’ONU qui n’est pas toujours considérée comme une organisation neutre.  En résumé, a conclu la Coordonnatrice, les mots d’ordre doivent être analyse, planification, respect strict des procédures de sécurité et normes renforcées.  Pendant trop longtemps, l’ONU a pu s’aventurer jusqu’aux limites de la prise de risques, en pariant sur son drapeau.  Ce temps est révolu et l’attitude doit changer.


M. ERIC MORRIS, Conseiller spécial auprès du Haut Commissaire, au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a déclaré que le HCR travaillait dans les zones à haut risque en partenariat avec d’autres agences, fonds et programmes de l’ONU, comme l’UNICEF.  Quant il y a des situations d’urgence où la vie des réfugiés est en jeu, le HCR se doit d’assurer le caractère civil et neutre des camps.  Malheureusement, certaines parties aux conflits ne respectent plus cette neutralité des Nations Unies.  Ainsi, a rappelé M. Morris, des personnels du HCR ont été assassinés au Timor oriental et au Kosovo.  Les victimes ont le droit de recevoir l’assistance humanitaire dont ils ont besoin, a ensuite dit M. Morris.  Il est nécessaire de définir des objectifs clairs, quand on assigne aux organisations humanitaires des missions dans des zones en conflit.  La définition des objectifs doit ensuite permettre l’allocation de moyens adéquats permettant aux travailleurs humanitaires de réaliser les tâches qui leur sont assignées.  Mais cela ne peut se faire sans sécurité, a estimé le représentant.  Les efforts de l’ONU dans le domaine humanitaire doivent être à la fois cohérents, neutres et impartiaux, a-t-il poursuivi, en regrettant ce qu’il a appelé « l’iraquisation » des situations dans lesquelles les acteurs humanitaires dans des zones de guerre sont perçus comme venant soutenir des visées politiques de l’une des parties en conflit et sont de ce fait exposés à tous les dangers. 


M. MAX GAYLARD, Coordonnateur-résident des Nations Unies et Coordonnateur des opérations humanitaires pour la Somalie, s’est appuyé sur son expérience pour présenter des exemples de risques auxquels les organismes humanitaires devaient faire face et les moyens de les surmonter.  C’est parce que nous ne nous sommes pas rendus compte assez vite de la dégradation de la situation humanitaire d’une région de la Somalie, a-t-il expliqué à titre d’illustration, qu’un de nos agents de sécurité a été kidnappé.  Nous avons eu des cas où des fonctionnaires internationaux ont été tués dans un environnement marqué par la présence de 50 à 60 000 miliciens.  Même si la libre circulation des armes ne facilite pas la situation sécuritaire, l’intervention de chefs traditionnels a permis l’amélioration de la situation dans certaines zones.  Le Coordonnateur-résident a précisé que sept millions de Somaliens vivaient dans une situation humanitaire difficile alors que moins de 20% des enfants en âge d’aller à l’école étaient scolarisés.  Nous essayons de sauvegarder les principes de neutralité et d’impartialité qui permettent de nous faire accepter même si nous ne sommes pas respectés.  Une des réponses à apporter est de réduire la proportion des fonctionnaires internationaux au profit d’un recrutement local dans l’intérêt d’une meilleure prise en compte des réalités du terrain.  Il a indiqué que le Somaliland comptait, dans le secteur humanitaire, 50 fonctionnaires internationaux pour 500 Somaliens.  Il s’est inquiété d’une situation sécuritaire qui fait que 80% des Somaliens employés par les Nations Unis portaient des armes.  Nous devons aider les Somaliens à assumer des responsabilités et pour se faire la coordination est primordiale.  Il a indiqué qu’un récent appel de fonds pour couvrir les besoins humanitaires de la Somalie avait permis de ressembler 110 millions de dollars, une somme qu’il a qualifiée d’importante sans être suffisante. 


Lançant la première série de commentaires, le représentant des Pays-Bas a souligné l’importance qu’il y a à maintenir un équilibre, qu’il a reconnu délicat, entre la réduction des risques et la crédibilité de l’action humanitaire.  S’agissant des missions intégrées et de l’impératif, défendu par le Vice-Président du CICR, de séparer la composante humanitaire des autres, le représentant s’est demandé comment réagir face à un gouvernement défavorable à de telles missions.  Lier les activités humanitaires aux activités militaires a un lourd impact sur la perception des populations concernées, a renchéri le représentant de Cuba qui a voulu savoir comment les opérations unilatérales lancées dernièrement influencent-elles l’action humanitaire sur le terrain.  Quel est, dans les conditions actuelles, le sens véritable de l’impartialité et de la neutralité, a demandé, à son tour, le représentant du Japon.  Rappelant que sur les 25 missions déployées actuellement, 10 sont intégrées, le représentant de l’Allemagne a souligné que dans certaines situations, les missions intégrées sont la meilleure façon de fournir l’assistance.  Il a conseillé une bonne démarcation entre les différentes composantes, en demandant l’avis des panélistes.  Même au niveau des pays, a fait observer la représentante du Canada, des malentendus existent entre les différents ministères impliqués dans une mission.  La solution réside, a-t-elle estimé, dans une bonne compréhension des rôles et des fonctions des divers acteurs. 


Répondant aux questions sur le lien entre les actions humanitaires et militaires et sur les missions intégrées, le Vice-Président du CICR a expliqué que pour son organisation, la priorité est d’avoir accès à tous ceux qui sont touchés par un conflit partout dans le monde et de leur assurer le respect de leurs droits.  L’application du droit humanitaire international repose sur une condition essentielle à savoir que les acteurs humanitaires sont connus et acceptés.  C’est la raison pour laquelle il est impératif de maintenir l’indépendance de l’action humanitaire qui doit toujours être perçue comme différente des autres actions. 

C’est la raison pour laquelle, a-t-il insisté, le CICR a quelques réticences face aux missions intégrées.  Nous devons maintenir une démarche fondée sur des principes, a-t-il ajouté en soulignant l’importance d’être perçu comme cohérent et logique dans l’action.  Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un examen neutre et impartial des missions intégrées a estimé, le Conseiller spécial au HCR, en estimant que le mot « intégré » ne reflète pas vraiment la réalité puisqu’il s’agit, sur le terrain, de fonctions plutôt que de structures.  Il a jugé plus approprié le terme de « multifonctionnel ». 


S’agissant de la question de sécurité, le représentant de la Suède s’est interrogé sur la philosophie des Coordonnateurs humanitaires sur le terrain.  Le Siège est-il favorable à l’idée qu’ils approchent toutes les catégories d’acteurs locaux pour assurer la sécurité des civils, a-t-il demandé avant de s’inquiéter de la date de parution du rapport sur les futures mesures de sécurité.  Que disent les statistiques relatives aux agents humanitaires qui ont trouvé la mort sur le terrain et quelles leçons faut-il en tirer, a demandé le représentant de la Finlande.  Les ressources sont-elles suffisantes pour protéger au mieux ceux qui travaillent dans les lieux les plus dangereux, a-t-il encore demandé?  Qu’en est-il de la réponse aux besoins des ONG, a ajouté le représentant du Japon avant celui du Mexique qui a voulu savoir ce que le Conseil économique et social peut faire pour appuyer la coordination des efforts en matière de sécurité.  La sécurité du personnel doit être vue comme une partie essentielle du travail sur le terrain, a estimé la représentante du Canada, en soulignant la responsabilité des États concernés qui, a-t-elle souligné, doivent bénéficier d’un appui financier et politique.  Elle a appuyé l’idée d’établir un équilibre entre la gestion décentralisée de la sécurité sur le terrain et l’élaboration centralisée des normes et des programmes de formation ainsi que de l’analyse.


La Coordonnatrice adjointe des Nations Unies pour les questions de sécurité a répondu à la question des ressources en espérant que les États Membres continueront d’apporter leur appui lors de la parution prochaine du rapport du Secrétaire général.  Les États Membres devraient, lorsqu’ils définissent un mandat, y prévoir les questions de sécurité et de son financement.


Répondant à une question du représentant de la Somalie quant à une possible partialité dans la répartition régionale de l’aide humanitaire, le Coordonnateur des opérations humanitaires pour la Somalie a reconnu que le Nord-Ouest de la Somalie, à savoir le Somaliland, avait reçu la part la plus importante de l’aide humanitaire, même si la part du Puntland, au Nord-Est n’avait pas été négligeable.  Avec l’affirmation du Gouvernement national de transition qui a pris ses fonctions en 2000 après 12 années de vide gouvernemental, a-t-il ajouté, nous espérons que la situation politique nous permettra d’intervenir également au Centre et au Sud de la Somalie. 


En ce qui concerne la question du représentant de Cuba sur les conséquences d’opérations militaires unilatérales sur les activités humanitaires, le représentant du CICR a déclaré que les acteurs humanitaires ne pouvaient se prononcer sur une telle question pour des raisons de neutralité.  Nous intervenons pour faire face aux conséquences des conflits et notre rôle n’est pas de les expliquer ou de nous prononcer sur leurs sources. 


Répondant à une question du représentant du Brésil sur les conséquences du VIH/sida sur la situation humanitaire, M. Jan Egeland a précisé que la spécificité de ce fléau nécessitait la mise en oeuvre d’une réponse multidimensionnelle sous tous ses aspects.  S’agissant de la question du représentant de l’Italie sur les responsabilités en matière de prise de décisions sur le terrain, la responsable de l’UNSECOORD a indiqué que la réalité de la décentralisation en matière de gestion des questions liées à la sécurité, était telle que c’était toujours l’équipe locale qui était invitée à faire des recommandations au Siège. 


Dans ses remarques de clôture, rappelant que 38 travailleurs humanitaires avaient perdu la vie en Afghanistan au cours de l’année, M. Egeland a souligné la nécessité pour les acteurs humanitaires de bénéficier de plus de sécurité.  Nous avons besoin de l’aide des États Membres pour créer un niveau de sécurité suffisant pour nous permettre de faire face à nos responsabilités, a-t-il insisté.  En conclusion, il s’est fait l’écho de l’intervention de la représentante du Canada qui a déclaré qu’il n’était pas seulement de la responsabilité de l’UNSECOORD ou des acteurs humanitaires de faire face aux défis liés à la sécurité.  La sécurité des acteurs humanitaires qui travaillent en première ligne, a-t-il insisté, relève de notre responsabilité commune.  Il faut une prise de conscience des dirigeants politiques et religieux, mais aussi des médias, sur leurs responsabilités en matière de protection des acteurs humanitaires qui sont aujourd’hui les plus exposés. 


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