ECOSOC: LE RENFORCEMENT DU RÔLE DE COORDONNATEUR-RÉSIDENT EST INDISPENSABLE À L’HARMONISATION DES ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE L’ONU
Communiqué de presse ECOSOC/6074 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2004
29e et 30e séances – matin et après-midi
ECOSOC: LE RENFORCEMENT DU RÔLE DE COORDONNATEUR-RÉSIDENT EST INDISPENSABLE À L’HARMONISATION DES ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE L’ONU
Le Conseil s’inquiète de la diminution des ressources de base allouées aux agences, fonds et institutions de l’ONU alors que les besoins sont en augmentation
« Le rôle du coordonnateur-résident, doit être renforcé en vue de lui permettre de devenir le lien principal entre les agences, fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies quand ils conduisent leurs activités opérationnelles de développement au niveau des pays », a déclaré ce matin l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, Mark Malloch Brown, dans son intervention au cours d’un dialogue tenu par l’ECOSOC avec les chefs de secrétariat des fonds et programmes des Nations Unies.
Les coordonnateurs-résidents et leur réseau font partie des moyens mis en place pour une action plus efficace de l’ONU sur le terrain. À cet effet, ont aussi été mis en place, dans le cadre d’un vaste programme de réformes, de nouveaux mécanismes de coordination, tels que le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) qui réunit presque toutes les entités du système, et des instruments de planification comme le bilan commun de pays et le Plan-cadre pour l’aide au développement.
L’une des questions posées par de nombreuses délégations ce matin avait trait à ce qu’elles perçoivent comme l’absence de certaines institutions, comme la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), des équipes de pays de l’ONU. La question du financement des Plans de financement pluriannuels (PFP) sur lesquels s’appuient désormais les agences de l’ONU a également été soulevée, les délégations estimant que tant que des ressources substantielles et prévisibles ne seraient pas disponibles, un certain doute continuerait à planer sur la volonté de la communauté internationale à réellement soutenir la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. Répondant à cette question, des chefs de secrétariat, dont Mmes Carol Bellamy de l’UNICEF, et Thoraya Obaid du FNUAP ont reconnu que leurs organismes ne disposaient pas de toutes les ressources dont elles avaient besoin pour affronter les nombreuses situations d’urgence auxquelles elles doivent faire face. Jean-Jacques Graisse, du Programme alimentaire mondial (PAM), a pour sa part reconnu que les ressources versées à son organisation avaient augmenté au cours de l’année. Malheureusement, a-t-il indiqué, une partie importante des fonds ont dus être affectés à des interventions de secours d’urgence et non pas à des projets à long terme.
D’autre part, le représentant du Qatar (au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a mis en garde contre des règles d’harmonisation n’ont pas été élaborées de manière consensuelle, les pays n’ayant pas participé à leur élaboration. Elles sont aujourd’hui en totale contradiction avec les procédures de gestion et de gouvernance de nombreux États. Toute réforme à conduire dans les règles de cohérence et de coordination ne doit pas faire perdre aux agences de l’ONU leur impartialité, a également averti le représentant de l’Inde.
Au cours de la réunion-débat sur le rôle des bilans communs de pays et des Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement au service de la cohérence et de la coordination au niveau des pays, tenue cet après-midi, Massimo D’Angelo, Chef de l’Unité de politique de coopération pour le développement du Département des affaires économiques et sociales, a indiqué que la création des bilans communs de pays et de l’UNDAF répondait à un besoin de l’ONU: celui d’avoir une bonne base d’appréciation des besoins et des priorités de développement de ses États Membres.
Les CCA et l’UNDAF ont contribué à une meilleure coordination et une cohérence accrue de la manière dont le système de l’ONU conduit ses activités de développement, a estimé l’un des panélistes, Rodolfo Severino, membre de l’équipe chargée de l’évaluation externe de ces outils. Toutefois, le potentiel de multiplication des chances de succès que recèle la coordination ne peut cependant être atteint, a estimé M. Severino, que si des efforts de renforcement sont menés à la fois dans les pays bénéficiant des activités de l’ONU, dans les institutions chargées de les mener, et dans les pays donateurs, qui « ne devraient pas reprendre de la main gauche ce qu’ils ont donné de la main droite ». À cet égard, l’expert a évoqué la question du commerce et des produits agricoles, où des politiques protectionnistes réduisent les perspectives économiques agricoles de la majorité des pays en développement, alors que les pays qui les maintiennent accordent dans le même temps des secours alimentaires d’urgence aux pays appauvris.
Au cours du débat qui a suivi, un certain nombre de délégations se sont inquiétées de la complexité de fonctionnement du système d’activités opérationnelles actuel et ont suggéré un système disposant d’indicateurs d’évaluation rapide qui permettraient de savoir si la démarche orientée vers l’obtention de résultats que l’on s’efforce de promouvoir depuis un certain temps, à travers les CCA et l’UNDAF, fonctionne vraiment. De nombreux intervenants ont insisté sur l’appropriation des activités opérationnelles par les gouvernements et les populations des pays bénéficiaires.
En dehors des personnalités citées ci-dessus, l’ECOSOC a entendu aujourd’hui des présentations des experts dont les noms suivent: Mme Sarah Timpson, ancienne Coordonnatrice résidente au Costa Rica et aux Philippines et Conseillère spéciale au PNUD sur les initiatives communautaires; M. Douglas Lindores, expert international en matière de coopération pour le développement; et M. Lissner, Coordonnateur-résident du PNUD au Bangladesh.
Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux sur la même question demain, vendredi 9 juillet, notamment en débattant de la suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC.
ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT: RAPPORTS DES CONSEILS D’ADMINISTRATION DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT/FONDS DES NATIONS UNIES POUR LA POPULATION, DU FONDS DES NATIONS UNIES POUR L’ENFANCE ET DU PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL
Déclarations
M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que la troisième évaluation triennale des politiques et des activités des entités du système des Nations Unies devrait dégager cinq axes principaux de réformes. Il a à cet égard cité la nécessité d’aligner toutes les activités de développement de l’ONU derrière la stratégie nationale de développement dont les priorités et les grands axes seraient choisis par le pays concerné en vue d’y faciliter la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Ensuite, a dit M. Malloch Brown, les agences de l’ONU devraient simplifier les procédures qui régissent leurs activités, afin de les harmoniser avec les meilleures pratiques des donateurs et avec celles des pays où elles interviennent. Les interventions du système de l’ONU devraient apporter une certaine valeur ajoutée et non pas créer de nouveaux goulots d’étranglement administratifs, a estimé l’Administrateur du PNUD. Troisièmement, a-t-il dit, les Nations Unies devraient faire jouer leurs avantages comparatifs en mettant un accent sur l’édification des institutions qui, sur le terrain, font souvent défaut, du fait du manque de capacités des pays pauvres; et en mettant un accent particulier sur des programmes susceptibles de soutenir une croissance de l’économie, la bonne gouvernance, la santé des femmes et la régulation démographique, de même que promouvoir la sécurité alimentaire et la paix et la stabilité dans les régions qui en ont besoin. Quatrièmement, a poursuivi l’Administrateur du PNUD, nous devons rationaliser notre présence dans les pays en l’allégeant et en l’intégrant, de manière à avoir le maximum d’impact et à rentabiliser au maximum les ressources investies. Il est impératif de réduire les coûts administratifs comme le PNUD le fait déjà en accueillant sur le terrain les structures et les équipes du Programme ONU-Habitat et de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).
Enfin, a suggéré M. Malloch Brown, nous devons renforcer le poste de coordonnateur-résident et les équipes de pays. Le rôle du coordonnateur-résident doit être mieux compris. Il est le lien entre toutes les institutions, fonds et programmes, et les interventions qu’ils mènent. Pour que ses prérogatives soient mieux remplies, il est nécessaire de lui donner plus de pouvoirs et de visibilité tout en renforçant la qualité de l’équipe de pays qu’il supervise. Nous devons nommer plus de coordonnateurs-résidents venant d’organismes autres que le PNUD, a déclaré M. Malloch Brown. C’est le cas en ce moment pour 20% d’entre eux, et nous demandons aux autres entités et structures du système de l’ONU de nous soumettre les dossiers de candidats qualifiés, et notamment de femmes et de cadres originaires des pays du Sud en développement.
Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a attiré l’attention sur la nécessité d’une meilleure coordination en matière de sécurité à un moment où l’ONU est devenue une cible privilégiée des terroristes. Nous avons besoin d’un système de sécurité plus solide et les conclusions des premières évaluations montrent qu’il faut davantage de personnel professionnel spécialisé en la matière, davantage de normes minimales de sécurité (MOSS) et une amélioration des structures. Elle a indiqué que l’UNICEF avait mis en place un modèle d’évaluation des risques dans le cas de déploiement dans des zones dangereuses.
À un moment où nous faisons face à un besoin croissant en matière de personnel humanitaire dans les zones de conflit, nous notons que leur liberté d’action s’est réduite et que ce que nous appelons l’espace humanitaire fait face à une pression sans précédent. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il est indispensable que les gouvernements et les autorités locales nous permettent d’avoir accès aux populations dans le besoin et facilitent notre accès à des services comme les délivrances d’autorisations, de visas, les formalisés de douane et autres permis ou services de communication.
Dans ce contexte, elle a précisé qu’à l’instar des organismes des Nations Unies et des institutions spécialisées, il est indispensable que les missions autorisées par le Conseil de sécurité et les équipes de pays des Nations Unies travaillent ensemble de manière plus cohérente et coordonnée. Les récents travaux du Conseil de sécurité sur des questions comme le VIH/sida, la protection des civils, des enfants dans les conflits armés des femmes et des droits de l’homme et l’accent mis sur les projets d’impact rapide ont montré que les missions de maintien de la paix se trouvent en face de responsabilités assumées jusqu’à présent par les institutions spécialisées. Illustrant l’implication croissante des missions de maintien de la paix dans des opérations humanitaires et de développement, elle a estimé que l’année dernière, sur le budget total des opérations de maintien de la paix approuvées par le Conseil de sécurité, 500 millions de dollars étaient destinés à des objets de développement. C’est pourquoi, il est indispensable que ces activités soient réalisées dans un cadre commun avec celles menées par les entités opérationnelles et nous devons nous pencher sur les moyens d’y parvenir au mieux. Elle a d’autre part fait état des questions soulevées par la participation de plus en plus active des militaires servant dans les missions de paix à des activités de protection des travailleurs humanitaires, de sécurisation des camps de réfugiés et autres tâches humanitaires, citant notamment la confusion qui peut en résulter dans l’esprit de la population bénéficiaire.
Il faut des ressources pour mettre en place un système de gestion de la sécurité et la mise en œuvre des normes minimales en matière de sécurité (MOSS). Dans ce contexte, Mme Bellamy s’est tout particulièrement félicitée de ce que le Secrétaire général ait requis un premier montant de 92 millions de dollars pour financer la première phase de cette démarche. Toujours dans le domaine de la sécurité, elle a indiqué que le Conseil d’administration de l’UNICEF avait approuvé des dépenses à hauteur de 14 millions de dollars, pour faire face aux situations d’urgence de l’UNICEF en matière de sécurité pour la période 2004-2005.
Par ailleurs, elle a cité l’importance du rapport Greentree, concernant la mise au point de nouvelles démarches en matière d’activités sur le terrain et l’application des ODM. Elle a précisé que l’UNICEF avait tenu la semaine dernière sa première consultation mondiale impliquant le personnel du terrain, tous les représentants de siège et représentant du personnel sur le thème « l’UNICEF dans un monde qui change », dans le souci d’améliorer les instruments de programmation et de soutien aux initiatives gouvernementales de mise en œuvre des DSRP.
En outre, elle a déclaré qu’elle comptait sur l’ECOSOC pour qu’il réaffirme toute l’utilité du processus CCA/UNDAF, comme un élément central de soutien des activités des équipes de pays des Nations Unies aux actions des gouvernements en matière de réalisation des ODM.
Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a affirmé que les efforts de simplification et d’harmonisation ont été la priorité du système des Nations Unies. Non seulement, le système essaye d’unifier son action mais il tente aussi de coordonner ses efforts avec le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les Nations Unies, a annoncé la Directrice exécutive, coparraineront ainsi le Forum de haut niveau qui se tiendra à Paris en 2005. Au niveau du système, a-t-elle poursuivi, le personnel des Nations Unies a mis au point une série impressionnante d’outils et de directives. Quelque 58 Maisons communes des Nations Unies ont été mises sur pied et un premier groupe d’équipes de pays a lancé les nouvelles procédures de programmes harmonisées dans six pays. Après un an d’expérience, un réexamen des nouvelles directives a été fait afin de renforcer la souplesse et le lien avec les priorités nationales et les Documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP). Chaque Conseil d’administration a réexaminé 16 programmes qui devront être approuvés en janvier 2005, conformément au format harmonisé découlant du nouveau processus d’approbation des programmes.
Dans les pays concernés, a encore affirmé la Directrice exécutive, les entités du système des Nations Unies travaillent ensemble, analysent ensemble, planifient ensemble et commencent à mettre en œuvre ensemble. Pour évaluer les progrès, les outils sont là. De cette expérience, a-t-elle indiqué, les institutions de l’ONU ont appris que le processus de simplification et d’harmonisation n’est pas un exercice facile. L’harmonisation s’est avérée être bien plus facile que la simplification. Les institutions ont aussi appris que l’adaptation aux nouveaux outils et processus prend du temps et qu’il est nécessaire de procéder plus tôt à la planification. En la matière, a-t-elle convenu, la constitution de l’Équipe de pays est jusqu’ici le résultat le plus immédiat et le plus positif. Un autre avantage est l’émergence d’une meilleure base de connaissances permettant à chaque institution de savoir ce que l’autre fait et de travailler ensemble pour réaliser les objectifs communs de développement. Les institutions ont ainsi pris conscience de la nécessité de travailler avec plus de souplesse, en particulier face aux changements politiques et dans les situations de conflit et post-conflit.
La Directrice exécutive a, en effet, expliqué, que si idéalement les bilans communs de pays (CCA) et les Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) doivent suivre les processus nationaux, dans la pratique, les processus de programmation sont dictés par les Conseils d’administration respectifs. Pour l’Équipe de pays, a-t-elle confié, il s’avère souvent difficile de suivre fidèlement les calendriers nationaux. Un travail est fait pour aider ces Equipes à changer leur cycle de programmation.
L’un des succès les plus marquants, a-t-elle encore affirmé, est le lancement d’une Matrice de résultats de l’UNDAF qui clarifie ce que l’ONU peut faire et mesure la contribution de chaque institution. En fait, cette Matrice définit plus clairement la place de l’ONU dans le contexte plus large des priorités nationales et des DRSP et fournit aux gouvernements, aux partenaires bilatéraux et à l’ONU elle-même un plan de travail plus clair. Quant à l’avenir, la Directrice exécutive a regretté quelque peu que les discussions sur le futur système de l’ONU se concentrent trop sur les processus. Elle a cité les processus d’harmonisation et de simplification, de CCA, d’UNDAF ou encore de renforcement de la cohérence entre les programmes de l’ONU et dans sa présence sur le terrain. Ces questions sont certes importantes mais elles cachent parfois le vrai propos de la réforme qui est de rendre le système de l’ONU plus efficace dans la mise en œuvre des objectifs communs et qui est en fait de toucher les gens et de répondre à leurs besoins.
M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint principal du Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que beaucoup de changements s’étaient produits au cours des trois dernières années dans la manière dont le PAM conduit ses interventions. Nous avons changé la façon dont nous programmons nos ressources à travers les cadres de l’UNDAF et du CCA, a indiqué M. Graisse en soulignant que le PAM avait développé des liens avec les grandes lignes des Documents de stratégie de lutte contre la pauvreté et les plans nationaux de développement des pays où il intervient. De meilleures formes de partenariats ont été trouvées avec les autres agences de l’ONU, les gouvernements, les ONG et la société civile, ce qui permis d’améliorer, ensemble, le fonctionnement des cadres du CCA et de l’UNDAF. Ces nouveaux outils de programmation des activités de développement permettent désormais un meilleur dialogue entre tous les partenaires afin de formuler une matrice des résultats de l’UNDAF. Mais malgré tous les progrès accomplis, a poursuivi M. Graisse, de nouveaux défis sont apparus.
Combinée à la faim, à la pauvreté, et à d’autres problèmes de développement, l’impact de la pandémie du VIH/sida se révèle plus grave qu’on ne l’avait anticipé il y a quelques années. Nous devons poursuivre sur notre lancée, notamment en nous concentrant sur la réalisation des ODM, a dit M. Graisse. L’éducation des filles est aujourd’hui reconnue comme un facteur important de développement social. Le PAM et l’UNICEF, a dit l’intervenant, ont développé une formule de « ensemble d’interventions minimum santé/nutrition » en vue de soutenir la qualité de l’éducation des enfants, ceci en collaboration avec d’autres partenaires. Des efforts sont en ce moment en cours pour distribuer ce paquet minimum dans un certain nombre de pays d’Afrique. Les efforts que nous déployons pour atteindre les ODM peuvent aussi être liés aux crises humanitaires. C’est le cas en ce moment en Afrique australe, a indiqué le représentant du PAM.
Dialogue
Intervenant au nom du Groupe des 77 et la Chine, le représentant du Qatar, s’est félicité de l’annonce par l’Administrateur du PNUD de la tenue le 17 septembre 2004 de la première réunion consacrée à la mise en place du Fonds mondial de solidarité créé à l’occasion du Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg en septembre 2002.
Intervenant au nom de l’Union européenne, le représentant des Pays-Bas a appuyé les travaux sur la sécurité présentés par Directrice de l’UNICEF, et a fait sienne l’intervention du Directeur du PNUD sur la nécessité de voir les pays s’approprier les processus de développement. Enfin, il a demandé comment on pouvait faciliter la participation de la société civile au processus de DSRP.
Le représentant de la Fédération de Russie a demandé des estimations sur les besoins nécessaires à la mise en œuvre d’une coordination optimale des organismes des Nations Unies aux fins de la réalisation des objectifs fixés. Il a demandé des informations sur les difficultés observées au sujet de la répartition des rôles durant la phase de reconstruction post conflit et le passage au développement.
Le représentant de la Tunisie a salué l’importance et le rôle de coordonnateur national des Nations Unies, qu’il a présenté comme le meilleur moyen de tenir compte des besoins réels du pays. Il a déclaré que son pays examinera de près les cinq voies ou traces présentées par l’Administrateur du PNUD et a salué l’annonce de la tenue en septembre prochain d’une réunion importante du Comité pour la gestion du Fonds mondial de solidarité.
Le représentant du Japon a souligné l´importance d’une meilleure coordination des activités des missions de maintien de la paix et de celles des organismes spécialisés de l’ONU, en adoptant une démarche fondée sur les besoins des populations en matière de développement.
À son tour, le représentant de la Chine a jugé que la question essentielle était celle des ressources de base. Les fonds et programmes des Nations Unies, a-t-il estimé, se sont dotés de plans de financement pluriannuels qui ne semblent pas produire les résultats escomptés. Dans ce contexte, quelles sont les mesures concrètes que prennent ces fonds et programmes pour que les ODM soient réalisés dans les délais impartis, s’est inquiété le représentant. Dans quelle mesure l’absence de ressources de base fait obstacle aux progrès? a renchéri le représentant du Guatemala en rejetant l’idée que le débat sur la question reste confiné aux Conseils d’administration des institutions. Le Conseil économique et social ne peut être cantonné dans un rôle de « théoricien » du développement économique et social, a-t-il ajouté en demandant l’avis des panélistes sur la manière dont l’« organe principal de l’ONU » en la matière peut jouer un rôle plus concret pour aider les fonds et programmes à s’acquitter de leur mandat. Comment, par exemple, coordonner davantage les interventions humanitaires et celles liées au développement?
Le sentiment de déception devant la « teneur théorique » des interventions faites par les chefs des fonds et programmes des Nations Unies a été partagé par le représentant de l’Inde. « Plus concrètement », il s’est inquiété, à son tour, de la coordination de l’action dans le contexte des opérations de maintien de la paix. Abordant ensuite la question « assez sensible » des indicateurs, il s’est dit perplexe devant la série de microprocessus lancés aux niveaux des pays alors même qu’au niveau du système un processus coordonné est mené sur l’élaboration d’indicateurs. Où est la coordination? s’est exclamé le représentant en s’interrogeant d’ailleurs sur les moyens de mesurer des concepts aussi peu définis comme ceux de la bonne gouvernance. Il a lié la question à la volonté nouvelle des fonds et programmes de s’impliquer dans l’élaboration des politiques nationales. Le représentant y a vu un danger. Comment, a-t-il demandé, le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) qui ne dispose pas du niveau de ressources nécessaires peut lancer un dialogue sur les politiques et comment éviter que les institutions qui la composent ne perdent l’impartialité qui caractérise les activités de développement de l’ONU?
La question de la sécurité du personnel a été abordée par la représentante du Canada qui s’est inquiétée de la capacité des fonds et programmes de relever les défis en la matière. Elle est aussi revenue à une question plus théorique sur les moyens de simplifier davantage les procédures de programmation. Une programmation qui doit impérativement se fonder sur les priorités établies par les autorités nationales, a souligné le représentant de la Tanzanie qui, dans le contexte actuel d’intégration régionale, a voulu savoir comment les Nations Unies peuvent apporter une aide à des mécanismes comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
Le représentant du Royaume-Uni a demandé quelles économies pouvaient être réalisées si la coordination des travaux menés par les agences de l’ONU était réellement menée à terme. Dans son intervention, la représentante du Brésil a estimé que la cohérence et la coordination devaient commencer dès le début de la réflexion politique qui se déroule avant l’élaboration des procédures. Comment cette démarche politique a-t-elle évolué au sein de l’UNDAF? a demandé la représentante. Bien que tous les chefs d’agence aient parlé de l’importance de l’existence d’une stratégie nationale de développement à laquelle viendraient se joindre les efforts des agences de l’ONU, comment sont mobilisées les ressources qui pourraient permettre le soutien à la formulation de cette stratégie? La représentante a ensuite voulu savoir si la rationalisation du cadre budgétaire national pourrait favoriser un meilleur acheminent de l’aide extérieure dont les pays ont besoin.
Président du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant du Qatar a dit que les pays de ce Groupe avaient des préoccupations, nées de la nature des nouveaux mécanismes de coordination des activités de développement qui, en fait, ont créé de nouveaux postes de dépenses administratives, bien qu’ils aient été pensés pour alléger la conduite de ces activités. Le Groupe des 77 et de la Chine est aussi inquiet de l’insuffisance des ressources qui, d’autre part, ne sont pas prévisibles. Cette question reçoit-elle réellement l’attention requise de la part des donateurs? Ne devrait-elle pas être traitée conformément aux engagements pris à Monterrey? D’autre part, a ajouté le représentant, il faudrait que soit mises en place les mesures d’une véritable interaction entre les agences de développement de l’ONU et les cadres de la coopération Sud-Sud.
Le représentant de Cuba a voulu savoir s’il y avait un calcul de prévision des ressources nécessaires à la mise en œuvre des programmes, ce qui pourrait éviter le gaspillage des faibles moyens mis à la disposition des activités de développement. Trop d’argent est gaspillé en frais d’hôtel, en assurances et en salaires de consultants qui n’apportent pas réellement de valeur ajoutée aux projets à mener pour améliorer concrètement la vie des populations pauvres, a estimé le représentant. Dans son intervention, le représentant de la Jamaïque a demandé aux chefs d’agence ce qu’ils pourraient faire pour que les pays receveurs de l’aide soient eux-mêmes réellement en charge de l’exécution des politiques et des activités de développement dont ils ont besoin.
Répondant aux questions des intervenants, sur la situation du Fonds mondial de solidarité, l’Administrateur du PNUD a salué la volonté exprimée par le Qatar et l’Afrique du Sud pour faire avancer cette question, ainsi que la contribution décisive du Brésil. Il a exhorté les pays membres à faire entendre leurs voix dans les conseils d’administration des institutions spécialisées pour gagner en efficacité en matière de coordination et cohérence des activités. Il a déclaré qu’il était essentiel que les DSRP soient mieux axés sur les ODM, tout en reconnaissant l’importance vitale de la coopération Sud-Sud et des Institutions de Bretton Woods. Selon lui, nous sommes au début d’une révolution en matière de coopération internationale aux fins du développement, révolution qui se traduira par une augmentation de l’Aide publique au développement (APD), associée à une appropriation nationale vigoureuse et un soutien budgétaire aux services de santé et d’éducation. En ce qui concerne les critiques de certaines délégations à l’égard des DSRP, il a indiqué que les divers processus et structures de développement ne devaient pas être présentés de manière concurrentielle, mais comme autant de solutions et outils qui s’offrent aux pays en développement pour parvenir aux ODM d’ici 2015. Il a insisté sur la détermination de l’ONU à aider les pays en développement à développer leurs capacités de gérer des ressources accrues. Et c’est parce que ces pays auront fait preuve d’une meilleure gestion des ressources qu’ils obtiendront encore plus de ressources. Il a indiqué que les ressources du PNUD avaient augmenté de 50% depuis 1999. Nous disposons d’une enveloppe de trois milliards de dollars, dont 800 millions en ressources de base qui devraient passer à un milliard.
Répondant également aux questions, la Directrice générale de l’UNICEF a indiqué que depuis la Conférence sur le financement du développement, une évolution « extrêmement positive » a pu être constatée. Elle a toutefois convenu que la question des ressources de base reste préoccupante. Quant à la transition d’une situation de crise au développement et au rôle du Conseil économique et social en la matière, elle a rappelé que c’est aux États Membres de l’ONU qui sont aussi membres des conseils d’administration des institutions à répondre à cette question, d’autant plus que les organes intergouvernementaux ne sont pas toujours prêts à appuyer les mesures de rationalisation que les fonds et programmes prennent de leur propre initiative. Il en va de même, a-t-elle dit, pour les questions de sécurité.
Revenant à la question de la simplification et de l’harmonisation, la Directrice exécutive du FNUAP a cité plusieurs exemples récents dont la constitution d’un fonds commun pour toutes les institutions du GNUD dans certains pays, la conduite d’une évaluation commune des besoins dans les pays qui passe d’une crise aux activités de développement, ou encore les accords de services partagés pour réduire les coûts. Elle a estimé que pour l’avenir, il s’agira, par exemple, d’alléger encore les procédures de programmation par pays ou de simplifier les réglementations. S’attardant aussi sur la question des ressources et de leur impact sur l’efficacité des programmes, elle a rappelé que depuis 2002, le FNUAP se trouve dans une situation difficile en raison du retrait d’un de ses principaux donateurs. Depuis cette date, le FNUAP s’est vu contraint de geler tous les nouveaux programmes. En 2003, a-t-elle toutefois indiqué, de nombreux pays ont accru leur contribution et la base des donateurs ne cesse de s’élargir pour bientôt arriver à plus de 150. Si la tendance se confirme, les ressources du FNUAP devraient battre tous les records en 2005. Mais les besoins aussi, a prévenu la Directrice exécutive en indiquant que d’ici à 2050, le taux de croissance moyen de la population ne sera stabilisé à 9,9% que s’il existe un accès universel aux services de planification familiale. Concluant sur la question des ressources, le Directeur exécutif adjoint du PAM a lui aussi reconnu leur augmentation en indiquant que son Programme a totalisé une somme de trois milliards de dollars, l’année dernière. Toutefois, a-t-il précisé, ces ressources ont été affectées aux activités d’urgence et humanitaires et beaucoup plus rarement aux activités de développement. Beaucoup de directeurs de pays, a-t-il plaisanté, se demandent si les outils sophistiqués mis au point à New York consomment si peu de carburant que les donateurs en concluent qu’ils n’en ont plus besoin.
Réunion-débat sur le rôle des bilans communs de pays et des Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement au service de la cohérence et de la coordination au niveau des pays
M. RODOLFO SEVERINO, Membre philippin de l’équipe d’évaluation externe des Bilans communs des pays (CCA) et des Plans-cadres des Nations Unies pour le développement (UNDAF), a expliqué que cette évaluation triennale de 2004, la troisième de ce type après celles de 1998 et 2001, s’était penchée sur la façon dont les CCA et les UNDAF avaient favorisé une plus grande cohérence et coordination entre les fonds et programmes des Nations Unies. Il a affirmé que cette contribution variait selon le pays considéré. L’une de nos observations, a-t-il ajouté, est qu’il convient de sensibiliser davantage le système à la nature et à l’objet des UNDAF et qu’il faut que le personnel des Nations Unies soit formé à leur utilisation pour en tirer le meilleur parti possible. Plus important encore, il faut procéder à un changement de culture de façon à ce que l’Équipe de pays des Nations Unies fonctionne comme une équipe et non une simple addition d’institutions séparées les unes des autres. Selon M. Severino, la personnalité des gens qui interviennent sur le terrain est décisive ainsi que l’interaction entre ces personnalités. Il a également noté le problème du vide laissé par certaines organisations dans certains pays. Il faut aussi assurer une participation des institutions qui ne sont pas représentées dans le pays. Il a souligné l’importance du lien entre les CCA et les programmes nationaux en terme de contenu et calendriers.
Outre le fait qu’il est indispensable que les pays bénéficiaires s’approprient les UNDAF, il faut travailler à une plus grande coordination entre les ministères de ces pays et entre ces derniers et les institutions spécialisées des Nations Unies, a-t-il poursuivi. En ce qui concerne les pays donateurs, il a noté le problème des priorités concurrentes entre les différents ministères. Il a souligné la nécessité d’éliminer ces contradictions par le biais d’une meilleure coordination. Ce serait aussi un moyen d’éviter que les avantages de l’APD soient annulés par certaines mesures comme les subventions ou autres formes de protectionnisme. C’est à l’Équipe de pays de décider à qui doit appartenir la gestion du CCA, en fonction des capacités du pays bénéficiaire. Notant que les flux de ressources vers les pays en développement, après avoir décliné, avait repris une courbe à la hausse, il a déclaré qu’il faut veiller, maintenant plus que jamais, à ce que ces contributions soient mieux coordonnées, en matière de formation et de changements culturels en amont et en aval du système des Nations Unies. Cela doit se faire dans l’intérêt des CCA et des UNDAF, pour qu’ils soient mieux connus auprès du grand public et des gouvernements. Cela passe par le renforcement du Bureau du Coordonnateur des Nations Unies résidant dans le pays qui est la force motrice du processus CCA/UNDAF.
M. JORGEN LISSNER, Coordonnateur-résident du PNUD au Bangladesh, a indiqué que l’Aide publique au développement (APD) reçue par ce pays ne représente qu’un pourcentage très faible du Produit national brut (PNB) des donateurs. Cette aide ne peut donc produire les résultats escomptés mais comme elle représente tout de même 35% de l’aide dont bénéficie le pays, elle a un caractère déterminant pour le développement économique et social. Convenant que dans ce contexte, chaque pays a le droit de déterminer ses priorités, le Coordonnateur-résident a pourtant posé une condition. Il a cité le respect du cadre normatif international duquel les pays en développement ont beaucoup à apprendre. Il a néanmoins reconnu que la multitude d’instruments et de mécanismes de programmation de l’aide internationale pouvait engendrer une certaine perplexité dans les pays bénéficiaires. Il a donc admis, à son tour, la nécessité absolue d’édifier des passerelles plus solides entre les différents acteurs internationaux du développement. Pour autant, a-t-il prévenu, les pays en développement ne peuvent se déroger aux normes, conventions et décisions des Nations Unies desquelles ils sont membres à part entière. Il faut, a-t-il préconisé, un équilibre délicat entre la prise en compte des spécificités des pays et la nécessité d’aboutir rapidement à des résultats concrets. Les institutions doivent, en conséquence, se livrer à un exercice difficile d’intégration des spécificités locales dans les normes communes. En la matière, a-t-il estimé, les CCA et les UNDAF ont joué le rôle crucial de rapprocher les institutions de l’ONU, celles de Bretton Woods et les gouvernements. Si ces mécanismes n’ont pas réduit les coûts de transaction, ils ont au moins eu le mérite d’avoir atténué l’aspect unidisciplinaire de l’action des différentes institutions. Prenant l’exemple de la lutte contre VIH/sida, qui, il n’y a pas longtemps encore était confiné à un problème de santé, le Coordonnateur-résident a souligné que la reconnaissance des dimensions économique, sociale et culturelle de la pandémie a exigé une approche pluridisciplinaire dont l’élaboration n’aurait peut-être pas été possible sans les CCA et les UNDAF.
M. DOUGLAS LINDORES, expert international en matière de coopération pour le développement et ancien Vice-Président de l’Agence canadienne pour le développement (ACDI), a estimé que l’ONU avait joué un rôle de locomotive sur le plan international en permettant le consensus qui a abouti à l’adoption des Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Cependant, le système n’arrive pas encore à pleinement tirer parti des outils qu’il a lui-même mis en place en vue d’atteindre les ODM et les autres priorités de développement, a estimé M. Lindores. Une des choses les plus frappantes est la manière dont les décideurs perçoivent les demandes que font les Nations Unies, a dit l’intervenant en citant le cas de l’Aide publique au développement (APD). Les démarches multilatérales initiées à l’ONU sont vues avec un certain doute, a-t-il noté en citant certains préjugés systématiquement collés par certains milieux à l’action de l’ONU, dont celui d’inefficacité. Au moment de la prise de décisions, les hauts responsables publics ou privés des pays donateurs sont influencés par l’image qu’ils ont du système onusien, a dit M. Lindores en estimant que les exigences imposées à l’ONU par certains donateurs sont bien souvent irréalistes, au vu de la complexité de fonctionnement d’une organisation de cette taille. Le débat sur la cohérence du CCA et de l’UNDAF n’est donc pas logique, a estimé l’expert.
Concernant l’utilisation des ressources, il a indiqué que les pays développés et les donateurs devraient reconnaître que 40% des ressources de base vont automatiquement aux coûts de fonctionnement des agences du système onusien. Il est donc difficile d’accepter les critiques relatives à un soit disant gaspillage de ressources par les agences, quand on leur demande d’utiliser à la fois des personnels de plus en plus qualifiés et des outils et des procédures toujours plus sophistiqués, a estimé M. Lindores. L’Organisation n’a d’autre solution que de renforcer le rôle des coordonnateurs-résidents, qui ne pourront cependant jamais pleinement assumer leur mission si on ne leur en donne vraiment pas les moyens, a-t-il poursuivi en relevant que pour le moment, seul le PNUD avait les moyens de soutenir financièrement le travail de ces coordonnateurs. Mais dans l’avenir, a déclaré M. Lindores, d’autres institutions, notamment financières, devraient dégager des fonds en vue de soutenir le Coordonnateur-résident et son équipe de pays.
Mme SARAH TIMPSON, Conseillère spéciale sur les initiatives communautaires auprès du PNUD et ancienne coordonnatrice résidente au Costa Rica et aux Philippines, a déclaré que les CCA et UNDAF n’étaient que des outils qui constituaient un processus d’apprentissage auquel il fallait s’adapter constamment. Nous devons être en mesure de traduire la Déclaration du Millénaire dans des plans et programmes nationaux. Il est essentiel, a-t-elle ajouté, de définir les résultats des CCA et UNDAF en termes de contribution aux processus nationaux. Si nous sommes d’accord sur les objectifs nous le sommes moins souvent sur les moyens d’y parvenir, et il faut étudier les différents choix et possibilités qui s’offrent à nous. Il faut tenir compte des sensibilités nationales en ce qui concerne les objectifs de développement. Pour ce qui est du renforcement des capacités nationales, la contribution des Nations Unies est essentielle. Pour ce qui est de la participation d’autres parties prenantes au sein des gouvernements, nous savons que leurs perspectives peuvent être différentes selon les situations et les spécificités locales. D’où la nécessité de faire participer le plus grand nombre de partenaires au dialogue sur la définition du processus CCA/UNDAF ainsi qu’au suivi de ce dernier.
Par ailleurs, la conseillère spéciale sur les initiatives communautaires auprès du PNUD a souligné la nécessité d’insister sur les avantages que présentent les Nations Unies pour aider les pays à renforcer leurs capacités. Elle a souligné l’importance de la gestion des connaissances en ajoutant que le système des Nations Unies était le lieu privilégié d’échanges des expériences, notamment en matière de coopération Sud-Sud. Donnant un exemple de coopération, elle a cité un programme mené par le PNUD en collaboration avec l’ONUDI sur les conséquences de la pollution par le mercure utilisé par les chercheurs d’or. Lorsque nous mettons l’accent sur les résultats positifs des Nations Unies, cela peut être embarrassant pour tel ou tel pays, car un gouvernement peut avoir des difficultés à admettre que certains bons résultats aient été obtenus grâce à l’intervention d’un intervenant extérieur, et non du fait de son action exclusive. L’enseignement que nous pouvons tirer de notre expérience en la matière est que nous pouvons parfois être plus efficaces en adoptant un profil bas. Elle a estimé que trop peu de temps était consacré à l’analyse des différentes étapes de l’apprentissage issu de l’expérience. Selon elle, c’est en se concentrant sur ce processus que l’on parvient à un bon produit.
Dans ses commentaires, le représentant des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne, a voulu que les cycles d’harmonisation des CCA et des UNDAF soient mieux adaptés aux cycles nationaux. Il a réitéré l’importance qu’il y a à assurer une bonne qualité des CCA, qui sont des mécanismes incontournables d’évaluation et s’est, en conséquence, déclaré préoccupé par les doubles emplois découlant de la multitude de documents analytiques. Les UNDAF quant à eux doivent permettre une action axée sur les résultats et se concentrer sur un nombre limité d’objectifs pour lesquels les institutions de l’ONU ont un avantage comparatif. Il a donc demandé des recommandations sur la manière d’évaluer les contributions des institutions spécialisées dans les CCA et les UNDAF. Dans quelle mesure, a-t-il encore demandé, le système des Nations Unies a-t-il adopté une approche harmonisée fondée sur les droits de l’homme? Quel est le ratio idéal entre les ressources de base et les autres ressources mises à la disposition des entités des Nations Unies?
Prenant le contre-pied des propos du représentant néerlandais, le représentant de la Fédération de Russie s’est demandé s’il était absolument nécessaire d’appliquer les CCA et les UNDAF à tous les pays, en particulier ceux dans lesquels les Nations Unies n’ont pas une présence forte. Ces processus n’engendrent-ils pas des dépenses supplémentaires dans les pays qui ont des ressources limitées, s’est-il inquiété avant que le représentant de la Jamaïque ne fasse de même pour ce qui est du fardeau administratif associé à la programmation conjointe. Il a aussi jugé nécessaire que les CCA et les UNDAF reflètent une approche de développement plus intégrée couvrant toutes les questions du développement et non seulement celles des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et autres questions sociales. L’ensemble des ODM doit faire partie des plans de développement, a renchéri le représentant du Ghana en interrogeant les panélistes sur la manière de procéder. Ces ODM ne doivent pas prendre la forme d’un ballon que se renverraient les politiciens, a-t-il dit pour dénoncer les tentatives de certains donateurs d’influencer le processus d’établissement des priorités nationales. Le succès de l’action de l’ONU dépend d’abord et avant tout de sa conformité avec les priorités nationales établies par un gouvernement qui aura pu jouer son rôle directeur en la matière, a insisté le représentant de la Chine.
Si l’on veut aligner tous les plans et mécanismes sur les priorités nationales, ne faut-il pas aussi les adapter aux cadres macroéconomiques fixés par les ministères concernés pour y inclure les moyens de promouvoir la croissance économique, a fait observer le représentant du Pérou, en jugeant comme ses prédécesseurs, que l’objectif ultime doit être de renforcer les capacités économiques des pays pour les rendre « enfin » capables de sortir de la pauvreté. Il semble, en effet, que la notion d’appropriation ait un sens différent selon les interlocuteurs, a constaté le représentant de la Suisse qui a fait part de la perplexité de certains pays devant les multiples interprétations. La gestion axée sur les résultats, a-t-il poursuivi par ailleurs, n’a de sens que si l’on peut voir l’incidence des efforts. Il s’est donc interrogé sur les possibilités de mettre au point des indicateurs suffisamment précis. Que se passe-t-il, a aussi demandé le représentant de la Belgique, si les résultats ne sont pas conformes aux attentes?
Répondant aux questions et commentaires des délégations, M. SEVERINO a souligné que les institutions spécialisées jouaient un rôle essentiel dans les processus CCA/UNDAF. S’agissant de la présence limitée de l’ONU dans certains pays, il a estimé que même lorsque les programmes réalisés étaient très modestes, on devait mettre à profit les avantages d’une plus grande cohésion et coordination des structures. Il a souligné l’importance de coordonner l’ensemble des actions de développement dans le processus de CCA/UNDAF. Sur la façon d’intégrer les ODM aux stratégies nationales de développement en conformité avec les plans des Nations Unies, il a estimé que cela dépendait de chaque situation locale.
De son côté M. LINDORES a insisté sur l’importance des ressources de base qui devraient selon lui idéalement représenter 100% des ressources. S’agissant de la place du secteur privé, il a estimé, qu’il valait mieux avoir les options offertes par un marché que pas de marché du tout, quelle que soit l’intervention du gouvernement et des services publics. Mme TIMPSON, quant à elle, a déclaré que son principal souci était moins le double emploi que le fait que certains domaines étaient insuffisamment traités dans certains pays ou régions. En ce qui concerne l’élimination de la pauvreté, a-t-elle ajouté, les questions d’ordre économique doivent bien sûr être prises en compte. De son côté, le Coordonnateur-résident du PNUD au Bangladesh, a souligné la difficulté à garantir la continuité en cas de changement de gouvernement. Il a estimé par ailleurs qu’il n’y a pas de réponses simples à la question des niveaux hiérarchiques entre les différentes structures du processus CCA/UNDAF.
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