En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6073

L’ECOSOC ÉNONCE DES MESURES POUR ACCÉLÉRER L’INTÉGRATION D’UNE PERSPECTIVE SEXOSPÉCIFIQUE DANS LES POLITIQUES ET PROGRAMME DU SYSTÈME DE L’ONU

07/07/2004
Communiqué de presse
ECOSOC/6073


Conseil économique et social

Session de fond de 2004

27e et 28e séances – matin et après-midi


L’ECOSOC ÉNONCE DES MESURES POUR ACCÉLÉRER L’INTÉGRATION D’UNE PERSPECTIVE SEXOSPÉCIFIQUE DANS LES POLITIQUES ET PROGRAMME DU SYSTÈME DE L’ONU


Il entame par une réunion-débat l’examen des activités

opérationnelles au service de la coopération au développement


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu aujourd’hui l’examen de la coordination des politiques et des activités des institutions et des autres organismes des Nations Unies par l’adoption consensuelle d’une résolution relative à l’intégration de la perspective sexospécifique dans les politiques et programmes des entités de l’ONU. 


Comme s’en est félicitée la Présidence du Conseil, la résolution réaffirme la validité des Conclusions concertées adoptées en 1997.  Aussi demande-t-elle au Secrétaire général de l’ONU de s’assurer que toutes les entités du système des Nations Unies élaborent des plans d’action assortis de calendriers sur la mise en œuvre de ces Conclusions pour, est-il souligné, combler le fossé entre les politiques et leur mise en œuvre.  La résolution énumère des mesures propres à assurer la responsabilisation au plus haut niveau du système des Nations Unies.  Elle prévoit des mesures pour améliorer l’efficacité des spécialistes de l’intégration de la perspective sexospécifique, des points focaux et des groupes thématiques. 


Les représentants de Cuba et des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne, ont commenté ce texte dont l’adoption a été suivie d’une réunion-débat sur l’amélioration à apporter aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au niveau des pays.  Pour analyser les problèmes d’efficacité et les enjeux, le Conseil économique et social avait invité le Ministre ougandais des finances, de la planification et du développement économique, Isaac Isanga Musumba; le Chef de la Section des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods du Ministère des affaires étrangères de la Suisse, Walter Hofer; et l’expert international des questions d’économie politique et de gouvernance de la Sierra Leone, Abdul Aziz Jalloh. 


L’une des principales fonctions de la coopération des Nations Unies pour le développement est d’aider à traduire en activité nationale le « Programme mondial d’action pour le développement », détaillé notamment dans les Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  Ce faisant, a expliqué le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Modérateur de la réunion-débat, José Ocampo, l’ONU s’inspire de sa double légitimité qui tient à sa capacité de dégager un consensus politique mondial sur les objectifs de développement et d’apparaître comme une source impartiale de conseils et d’aide.  Ainsi, le système sert de plus en plus de catalyseur d’un dialogue national entre acteurs de la réalisation des ODM, en particulier dans le cadre du Document stratégique pour la réduction de la pauvreté qui est le cycle de financement des dépenses ordinaires de l’administration publique et de certains services sociaux auquel le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale conditionnent le déblocage des crédits.

La pertinence des DRSP « qui vise la lutte contre la pauvreté sans prévoir les mesures de création des richesses » a été remise en question par le Ministre ougandais des finances qui a été appuyé par de nombreux intervenants.  Isaac Isanga Musumba a, par exemple, dénoncé l’attitude des institutions de Bretton Woods pour qui toute implication de l’ONU dans l’élaboration des DRSP rouvrirait la voie à l’économie centralisée au détriment du secteur privé.  L’ONU, s’est opposé le Ministre, doit apporter un soutien technique aux institutions nationales de planification.  Elle doit, a ajouté l’expert international de la Sierra Leone, adopter une approche indépendante des institutions de Bretton Woods et mettre le bien-être de la société et des populations au-dessus de leur orthodoxie économique. 


Les problèmes soulevés par les DSRP « dont la faiblesse est d’être lié à l’accès aux ressources » et les autres mécanismes d’évaluation et de programmation comme les bilans communs de pays (CCA) et les Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) ont été abondamment commentés, en particulier leur véritable complémentarité avec les priorités nationales.  L’efficacité de ces mécanismes dans la réalisation du développement étant fortement remise en doute, le Chef de la Section des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods du Ministère des affaires étrangères de la Suisse a défendu six éléments sur lesquelles doivent impérativement se fonder les améliorations à apporter. 


À la satisfaction de la majorité des intervenants, il a d’abord cité la nécessité pour le système des Nations Unies de fonder ses analyses relatives à la réduction de la pauvreté sur les stratégies nationales.  Il a aussi prôné la mise au point d’outils coordonnés pour réduire les coûts de transaction de l’aide ainsi que l’élaboration de systèmes de gestion et de mesure des résultats. 


Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain, jeudi 8 juillet, à 10 heures.


COORDINATION DES POLITIQUES ET ACTIVITÉS DES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET AUTRES ORGANISMES DES NATIONS UNIES


Le projet de résolution figurant au document E/2004/L.14 a été adopté par consensus.


Déclarations


M. SICHAN SIV (États-Unis) a souligné que les progrès en matière d’intégration de la perspective sexospécifique dans les activités des fonds et programmes de l’ONU exigent une implication des fonctionnaires au plus haut niveau.  Il a salué le travail du Réseau interinstitutions pour les femmes et l’égalité des sexes, ainsi que les efforts déployés par plusieurs institutions pour renforcer leur mécanisme de contrôle, de rapport et de responsabilisation dans ce domaine.  Le représentant s’est également dit encouragé du fait que la perspective sexospécifique fasse désormais partie intégrante du travail de l’ONU dans le domaine de la paix et de la sécurité, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Il s’est félicité de l’accent mis par le Département des opérations de maintien de la paix sur la question du trafic des êtres humains.  Le représentant s’est aussi félicité du fait que la résolution présentée aujourd’hui traduise l’engagement des États Membres en faveur de l’intégration de la perspective sexospécifique.  En réaffirmant la validité des Conclusions concertées de 1997, a-t-il estimé, le Conseil économique et social envoie un signal clair à tout le système des Nations Unies.  Il a espéré que l’année prochaine, le Conseil pourra constater une pleine mise en œuvre de ces Conclusions.


M. VLADIMIR Y. ZHEGLOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance de l’égalité entre les sexes pour parvenir à un développement durable viable.  Il a déclaré que les orientations définies lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing et de la 23e session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la condition de la femme de 2000 restent fondamentales.  Les recommandations et initiatives contenues dans les documents finaux de ces réunions, ainsi que les conclusions concertées adoptées par le Conseil économique et social en juillet 1997, a-t-il ajouté, doivent être considérées comme la base de l’intégration de la sexospécificité dans les programmes des Nations Unies.  Il a insisté sur le fait que cette intégration n’était pas une fin en soi, mais devait être effectuée et réalisée dans le contexte de tâches concrètes dans un objectif d’égalité.  Il s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général traite des progrès en matière de prise en compte de la parité entre les sexes par domaine sectoriel comme la paix et la sécurité, les questions humanitaires, la reconstruction ou encore la bonne gouvernance.  Il est nécessaire d’intensifier la coopération interinstitutions pour progresser et accroître le rendement de nos travaux en ce qui concerne l’intégration d’une perspective sexospécifique.  À ce titre, le représentant a souligné l’importance du Comité des droits de l’homme et de celui sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes pour surmonter l’écart entre la politique et les réalisations en matière d’égalité entre les sexes et a invité ces derniers a améliorer leur collaboration avec des organismes comme le PNUD. 


Explications de position


Le représentant de Cuba a exprimé un certain nombre de réserves sur le projet de résolution qui, du point de vue de la délégation cubaine, donne des pouvoirs et des responsabilités démesurées au Conseil de sécurité en matière d’inclusion de la dimension sexospécifique dans les opérations de maintien de la paix et de reconstruction après-conflit.  Le Conseil ne devrait s’occuper que des questions les plus urgentes en matière de paix et de sécurité et ne devrait pas avoir trop de prérogatives en ce qui concerne les politiques à long terme concernant les questions de parité dans le contexte de la résolution des conflits.  Cuba aurait préféré que le texte mette aussi l’accent sur les violations des droits de l’homme et des femmes dans les opérations menées au nom de ce qu’on nomme pudiquement « la guerre contre le terrorisme », a dit le représentant.  Nous demandons d’autre part que les pays en développement aient plus de représentants dans les structures s’occupant des questions de sexospécificité, a-t-il dit en ajoutant que des aspects importants du Programme d’action de Beijing, liés notamment au développement, n’étaient malheureusement pas mentionnés dans le texte proposé.


La représentante des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne, a réaffirmé la validité des Conclusions concertées de 1997 et jugé que la résolution permettra de faire un pas de plus sur la voie de leur mise en œuvre.  La représentante a particulièrement insisté sur le paragraphe 15 du dispositif qui stipule que « le Conseil économique et social prie le Secrétaire général de veiller à ce que toutes les entités des Nations Unies élaborent des plans d’action assortis de délais qui permettent de combler l’écart entre politique et mise en œuvre, afin de renforcer la volonté d’appliquer les conclusions concertées et rendre compte de leur application aux échelons les plus élevés du système des Nations Unies et de mettre en place des mécanismes de responsabilisation, de suivi systématique et d’établissements de rapports sur les progrès accomplis dans l’action entreprise ».


Résolution relative l’examen des conclusions concertées 1997/2 du Conseil économique et social sur l’intégration d’une perspective sexospécifique dans toutes les politiques et tous les programmes du système des Nations Unies (E/2004/L.14)


      Par ce texte adopté par consensus, le Conseil économique et social prie, entre autres, le Secrétaire général de veiller à ce que toutes les entités des Nations Unies élaborent, pour appliquer ces conclusions, des plans d’action assortis de délais qui permettent de combler l’écart relevé entre politique et mise en œuvre, afin de renforcer la volonté d’appliquer ces conclusions et de rendre compte de leur application aux échelons les plus élevés du système des Nations Unies.  Le Secrétaire général est également prié de mettre en place des mécanismes de responsabilisation, de suivi systématique et d’établissement de rapports sur les progrès accomplis dans l’action entreprise. 


Le Conseil économique et social recommande que toutes les entités du système des Nations Unies continuent à promouvoir la coopération, la coordination, l’échange de méthodes et de bonnes pratiques, en particulier par l’intermédiaire du Réseau interorganisations sur les femmes et l’égalité entre les sexes.  Le Conseil prie aussi toutes ces entités de renforcer l’efficacité des spécialistes et des coordonnateurs des questions de parité des sexes et des groupes thématiques s’occupant de ces questions en définissant clairement leur mandat, en leur assurant une formation adéquate et un accès à l’information et à des ressources adéquates et stables, et en accroissant l’appui et la participation des cadres supérieurs. 


ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT (A/59/85-E/2004/68)


Réunion-débat sur l’ordre du jour international en matière de développement et les améliorations à apporter aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au niveau des pays: efficacité et enjeux (E/2004/CRP.9)


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré qu’il y a trois ans, dans le cadre de l’évaluation triennale des activités opérationnelles de développement,  l’ECOSOC a reconnu que, vu son importance, l’interdépendance économique, sociale et environnementale entre nations était le défi le plus sérieux à relever.  Les disparités sociales et économiques, la volatilité de l’économie et la détérioration de l’environnement ont été identifiées comme des préoccupations essentielles qu’il faut prendre en compte dans la conduite des activités de développement de l’ONU, qui doivent aussi promouvoir la bonne gouvernance et être centrées sur un développement participatif, a dit M. Ocampo.


Nous devons éviter la tendance naturelle à compartimentaliser les questions de matière sectorielle, a-t-il poursuivi en soulignant que le développement dépendait désormais de la mise en œuvre de stratégies à plusieurs facettes, ce qui justifie l’adoption d’une approche multisectorielle.  Grâce à ses compétences multiples, le système de l’ONU occupe une position unique lui permettant de jouer un rôle essentiel dans la promotion des capacités nationales de développement.  L’approche multilatérale et neutre de l’ONU s’appuie sur des valeurs universelles d’éthique et de justice, a fait valoir le Secrétaire général adjoint en notant que les Nations Unies promeuvent une approche de développement centrée sur la participation des populations elles-mêmes.  Pour que ce potentiel soit pleinement exploité, la structure des équipes de pays doit être ajustée afin de répondre aux besoins actuels des récipiendaires, a-t-il estimé en indiquant que la difficulté  était de trouver le moyen de mobiliser toutes les compétences de l’Organisation et de créer plus de flexibilité à l’intérieur du système, afin de mieux répondre aux  demandes et aux priorités des États Membres.


Dans ce contexte, a dit M. Ocampo, nous devons reconnaître que les moyens et les financements mis à la disposition de l’Organisation sont largement insuffisants.  Cependant, l’ONU s’efforce d’améliorer la cohérence et la coordination de ses interventions.  Grâce à des instruments comme l’UNDAF (Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement), l’ONU a obtenu un certain nombre de bons résultats en matière de coordination et d’amélioration de la cohérence dans la mise en œuvre de ses activités de développement.  Mais l’UNDAF et les autres instruments de même nature doivent sans cesse être améliorés, a estimé M. Ocampo.  L’interaction entre ces outils, les DSRP (Documents de stratégie de lutte contre la pauvreté) et les autres stratégies nationales de développement est fondamentale, et les agences de l’ONU en sont conscientes, a dit le Secrétaire général adjoint.  Ceci doit nous permettre d’améliorer la manière dont la conduite des activités de développement des Nations Unies appuiera les plans nationaux de développement des pays.


À son tour, le Chef de la Section des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods du Ministère des affaires étrangères de la Suisse, WALTER HOFER, a d’abord souligné que le concept d’efficacité est aussi concret qu’illusoire.  Depuis 50 ans, l’ONU établit des outils et des instruments pour mesurer l’efficacité de ses activités sans pour autant répondre aux multiples questions qui persistent.  Il semble, en effet, que les diverses organisations comprennent de manière différente la notion d’efficacité.  Pourtant, a estimé le Chef de Section, certains éléments de cette efficacité sont connus.  Il a cité la nécessité de fonder les analyses sur les stratégies nationales de réduction de la pauvreté; la mise en place d’institutions fortes et efficaces; le respect des principes de bonne gouvernance; la création d’un environnement favorable à la croissance économique et au secteur privé; la mise au point d’outils coordonnés pour réduire les coûts de transaction; et l’élaboration de systèmes de gestion et de mesure des résultats.  Ces six éléments ne garantissent pas le succès mais sans eux très peu de choses sont possible.


Comment réunir ces six éléments, a demandé l’orateur en estimant que les conférences organisées à travers le monde ont préparé la voie du succès.  Le monde a aujourd’hui une bonne base qui doit lui permettre de régler les difficultés systémiques et celles liées aux modes de fonctionnement des institutions et à l’efficacité de leurs activités opérationnelles.  Au niveau systémique, a-t-il plaidé, il faut continuer d’interpréter les résultats des conférences internationales comme l’a fait le Conseil économique et les institutions de Bretton Woods lors de leur réunion annuelle.  L’architecture de l’aide publique au développement doit être modifiée car elle se caractérise toujours par une gouvernance inexistante à l’échelle mondiale, un manque de cohérence et une délimitation faible entre les mandats et les rôles des institutions qui la composent.  La conséquence en est que le financement des activités de développement demeure instable et imprévisible. 


Il faut aussi, a poursuivi l’orateur, n’épargner aucun effort pour améliorer l’efficacité de l’ONU au niveau des pays.  Ses institutions doivent poursuivre leurs efforts dans le sens de l’alignement avec les ODM et de la complémentarité entre elles.  Dans un pays, l’ONU doit mettre en œuvre pour mettre à la disposition des gouvernements toute la gamme de connaissances et de compétences dont elle dispose.  Elle doit renforcer ses mécanismes d’évaluation et se relier impérativement aux autres acteurs internationaux du développement.  Comme il n’existe pas de modèle unique de développement et de lutte contre la pauvreté, le partage des connaissances et les analyses conjointes sont des données capitales, a insisté le représentant du Ministère suisse des affaires étrangères. 


Pour aider l’ONU à gagner en efficacité dans ses activités en direction des pays en développement, a déclaré M. ISAAC ISANGA MUSUMBA, Ministre d’État ougandais des finances, de la planification et du développement économique, il est indispensable que ces pays soient en mesure de définir clairement leurs besoins et leurs objectifs.  Car comme tout individu, a-t-il ajouté à titre d’illustration, une nation qui ne planifie pas son voyage risque de se perdre avant même de partir.  Parmi les instruments de planification, il a cité le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) dont le principe même est né en Ouganda.  Il a toutefois regretté que le DSRP n’accorde pas une place suffisante à la création d’emplois ou de richesses en général.  Ce cycle de financement concerne en effet les dépenses régulières de l’administration publique et de services sociaux en faveur de la lutte contre la pauvreté.  Il a regretté que ces DSRP ne planifient pas dans le temps les objectifs à atteindre. 


Si nous reconnaissons qu’il est indispensable de planter 100 000 arbres dans un pays, il faut planifier combien nous voulons en planter la première année, la deuxième puis la troisième, afin de pouvoir définir clairement les besoins et moyens nécessaires chaque année, ce qui n’est malheureusement pas fait.  Il faut présenter les résultats obtenus en fonction des objectifs visés et apporter des explications sur les échecs ou insuffisances.  C’est à cette planification que l’ONU doit participer en fournissant l’aide technique nécessaire.  Il a regretté que le principe d’une telle planification ait été repoussé par les Institutions de Bretton Woods qui y ont vu une planification de type soviétique contraire à la logique de marché.  Contrairement à la vision des institutions de Bretton Woods, il a estimé que le secteur privé ne pouvait à lui seul répondre aux besoins économiques et sociaux d’un pays particulier.  C’est parce que nous serons en mesure de mieux planifier nos actions en réponse à nos besoins que l’ONU pourra mieux nous aider à réaliser nos objectifs de développement, a-t-il insisté, en soulignant l’importance de l’intervention de l’ONU en matière de renforcement des capacités commerciales des pays en développement. 


Outre la santé et l’éducation, l’essentiel de l’action de l’ONU devrait porter sur l’amélioration de la capacité de création des richesses des pays en développement.  Il faut nous donner les capacités de créer de la valeur ajoutée, pour que nous cessions de n’exporter que des matières premières.  En conclusion, il a particulièrement salué le rôle des Nations Unies dans son pays en matière de lutte contre le VIH/sida et de préservation de la paix. 


M. ABDUL AZIZ JALLOH, expert international d’économie politique et de gouvernance de la Sierra Leone, a déclaré que la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM) nécessitait le renforcement des capacités de l’ONU, afin de lui permettre de soutenir les pays en développement, et notamment les PMA, dans leurs efforts.  Quelles leçons pouvons-nous tirer des succès du passé, et quelles améliorations pouvons-nous apporter aux méthodes jusqu’ici utilisées, a demandé M. Jalloh?  Après avoir rappelé les huit ODM; il a estimé que les progrès accomplis dans leur réalisation étaient très limités.  Le Forum économique mondial a fait une évaluation des efforts menés par les différents pays pour les atteindre, et sur une échelle de 10 points, il a accordé à la majorité de ces pays une moyenne de trois points sur 10, ce qui montre clairement que les mesures prises jusqu’à maintenant ne sont pas les bonnes et sont largement insuffisantes, a déclaré M. Jalloh.  


En dehors de l’Inde et de la Chine, peu de pays en développement ont progressé de manière significative, et, en Afrique, il y a même eu une régression, a noté M, Jalloh en indiquant que cinq pays africains avaient régulièrement connu une croissance négative depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire contenant les ODM.  Il est important qu’un nouveau consensus s’élabore au niveau mondial sur les questions de développement, a-t-il estimé en soulignant que les politiques économiques qui ont prévalu jusqu’à maintenant datent du début des années 1990.  L’ONU devrait adopter une approche plus souple et plus indépendante des positions des institutions de Bretton Woods, a-t-il recommandé.  L’ONU  ne doit pas reculer devant les difficultés, mais elle doit soutenir la société civile dans les pays pauvres afin d’aider à créer des structures citoyennes qui puissent enraciner le développement dans les sociétés.


Il faut faire de la société civile un partenaire efficace et le lien entre la paix et le développement, qui est maintenant reconnu doit sans cesse être renforcé en créant une base politique stable dans les régions menacées par les conflits armés et les dissidences civiles.  L’ONU doit donc adopter une approche proactive visant à mettre le bien-être de la société et des populations au dessus de l’orthodoxie économique prêchée par les institutions de Bretton Woods qui ne doivent pas se considérer comme les seuls acteurs et financiers majeurs du développement, a déclaré l’intervenant.  La Banque islamique de développement, a indiqué à cet égard M. Jalloh, réunit 54 pays et a accordé l’an dernier deux milliards de dollars de fonds de développement à ses membres sans y attacher de conditionnalités politiques ou économiques.


Intervenant au nom de l’Union européenne et des pays associés, la Représentante des Pays-Bas a insisté sur l’harmonisation et la simplification des différents modes d’intervention de l’ONU.  Elle a souhaité une cohérence accrue des outils stratégiques de l’ONU comme l’UNDAF, le Bilan commun de pays et le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP).  Il faut une programmation commune qui permettra d’économiser des ressources financières et humaines.  Il faut des mesures communes d’action y compris au niveau du financement, a-t-il ajouté en estimant que c’était le manque de définition des mandats qui faisait obstacle à l’efficacité.  Il nous sera très difficile d’être efficace, si nous nous ne sommes pas en mesure de faire accepter, par les pays, les systèmes d’évaluation. 


De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a insisté sur la nécessité de stratégies de développement prises en charge par les pays afin que les DSRP ne restent pas lettre morte.  Il a rappelé que c’était aux pays de demander une coopération, alors que le Représentant de la Jamaïque a évoqué la question de l’amélioration des capacités en insistant sur le besoin de s’assurer de la durabilité de ces mesures.  Il a souhaité que ces débats sur la coordination soient l’occasion de se concentrer sur l’assistance aux fins de la mise en œuvre.  Le représentant du Chili, a souligné la nécessité de soutenir l’élaboration de politiques publiques de développement. 


À son tour, le représentant du Ghana a cru relever un certain désaccord sur la voie à suivre pour mettre en œuvre les ODM.  Comment assurer la connexion entre les stratégies nationales et les recommandations internationales, s’est-il demandé en s’interrogeant surtout sur la complémentarité entre les priorités nationales et les DRSP.  La question du Ghana a été saluée par le représentant du Pérou qui s’est inquiété de la manière de construire une « culture unique » au sein du système des Nations Unies pour assurer que le système mène une action cohérente et efficace au niveau des pays.  Plutôt que de parler des DRSP, des UNDAF et des autres mécanismes, peut-être faudrait-il, a estimé le représentant, prôner un seul programme national de réduction de la pauvreté et de croissance économique sur lequel fonder l’action de l’ONU?  Le représentant du Qatar a étayé les propos du représentant péruvien en dénonçant un manque de complémentarité entre les DRSP, les UNDAF et les Bilans communs de pays (CCA).  Faut-il corriger le système actuel de coordonnateur-résident? a suggéré le représentant en soulignant que le noeud du problème réside, en fait, dans la prévisibilité des ressources. 


Répondant à cette série de questions, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a d’abord précisé qu’il existe quatre types d’organisations différentes au sein du système de l’ONU.  Il a cité les organisations du développement réunies au sein du Groupe de développement des Nations Unies; les institutions autonomes; les institutions de Bretton Woods; et enfin les départements et les commissions régionales des Nations Unies qui n’ont pas de présence dans les pays.  La question a-t-il dit, est de réfléchir à la manière d’assurer une représentation simplifiée et unifiée au niveau national.  La seule coordination efficace est celle qui émane du pays hôte, a-t-il prévenu avant de céder la parole au Ministre d’État ougandais des finances, de la planification et du développement économique qui a voulu que le rôle du système des Nations Unies auprès des gouvernements nationaux vise un partenariat fort pour l’accès aux marchés et l’augmentation de la valeur ajoutée des produits d’exportation afin, a-t-il dit, de créer les richesses nécessaires. 


Revenant aux DRSP, le représentant du Ministère des affaires étrangères de la Suisse a estimé que la faiblesse de ces documents vient de leur lien avec l’accès aux ressources.  Les stratégies de lutte contre la pauvreté doivent être élaborées par les gouvernements nationaux eux-mêmes et être fondées sur les priorités nationales.  En la matière, la communauté internationale devrait se garder d’être trop directive.  Il a préconisé, à son tour, une implication plus avant de l’ONU dans une réflexion sur la manière d’éliminer les aspects négatifs de ces documents.  Les institutions de développement devraient considérer ces documents comme formant la base de leurs activités et harmoniser leur action avec celle des institutions de Bretton Woods.  Répondant particulièrement au représentant du Ghana, l’expert international d’économie politique et de gouvernance de la Sierra Leonea réitéré que le consensus sur les ODM est extrêmement fragile.  Pour le consolider, a-t-il estimé, il faut éviter de considérer ces ODM comme des objectifs contraignants.  Ils doivent être perçus comme de points de départ à partir desquels les pays en développement peuvent élaborer leur stratégie de développement.  Tant que perdurera un système dans lequel les stratégies sont dictées de l’extérieur, les difficultés perdureront dans la mise en œuvre, a-t-il souligné.  Les pays doivent établir des plans économiques à long terme en ne se limitant aux DRSP et privilégier une démarche globale mariant les questions de développement à celles de la sécurité et des droits de l’homme.  Le développement doit concerner l’ensemble de la société, a-t-il insisté en invoquant les statistiques sur l’impact du secteur informel dans la croissance économique.  Or, les plans relatifs à ce secteur viennent toujours d’en haut comme s’il fonctionnait sur un vide réglementaire.  Une meilleure façon de procéder serait au contraire de légaliser les règles informelles qui régissent ce secteur.  En toutes choses, il faut veiller à ce que le développement du secteur privé ne se fasse au détriment de l’État.


Le représentant de la Banque mondiale a pris la parole pour dire que les DSRP portaient l’empreinte des États concernés, qui y incluent les questions qui leur tiennent à coeur, que ce soit celles relatives au développement rural, à l’infrastructure ou celles touchant aux stratégies relatives à la réalisation des ODM.  Si le langage change parfois selon les pays, cela tient à la manière dont les autorités de chaque État perçoit les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre la pauvreté, a dit le représentant en estimant que les DSRP reflétaient un accord profond atteint entre le Gouvernement et la société du pays concerné.  La tâche essentielle des gouvernements devrait consister à s’assurer que tous les secteurs de la société ont participé à l’évaluation des besoins et des moyens dont ils auront besoin pour mener à bien la lutte contre la pauvreté.  Abordant la question de l’inclusion de la Banque mondiale dans les équipes de pays, il a rappelé qu’elle a participé aux travaux relatifs à la reconstruction en Bosnie.  Il a reconnu cependant que la qualité de cette participation pouvait être influencée par un certain nombre de facteurs, dont notamment la création de bonnes relations de travail avec la mission et les équipes de l’ONU concernées.


Estimant que ce débat constituait un des moments forts de la session de l’ECOSOC, le représentant du Guatemala a suggéré que le thème de la cohérence soit placé au centre de la mise en œuvre des engagements pris au niveau international en faveur du développement.  Depuis la Conférence de Monterrey, un nouvel élan en faveur de la cohérence et de la coordination des politiques et des activités opérationnelles est perceptible dans la manière dont sont conçues les interventions de l’ONU et des institutions de Bretton Woods, a-t-il estimé.  Au Guatemala, le Bureau de la Banque mondiale travaille de manière plus étroite avec le PNUD pour améliorer la mise en œuvre des politiques contenues dans le DRSP de notre pays, a dit le représentant. 


La principale tâche à mener sera celle du renforcement de la coordination des activités opérationnelles de l’ONU au niveau des pays, a conclu le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires après l’intervention du Guatemala.  Le représentant de la Jamaïque, qui présidait la table ronde, a pour sa part jugé forts pertinents les exposés des panélistes, dont les informations, a-t-il estimé, ont apporté un éclairage nouveau au débat qui doit être mené sur l’amélioration de la coordination des activités du système des Nations Unies.


Rapport du Secrétaire général sur l’examen triennal des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (A/59/85-E/2004/68)


      Dans ce rapport, le Secrétaire général présente, en six chapitres, une vue d’ensemble de l’efficacité et des problèmes actuels de la coopération des Nations Unies pour le développement; les défis et les nouvelles perspectives en matière de financement des activités opérationnelles; les modalités de coordination de ces activités dans le contexte de la réforme de l’ONU; la capacité du système de développement de l’ONU au niveau des pays; les activités dans les pays qui tentent de renouer avec le développement après une crise; et les types de partenariats entre les organisations de l’ONU et les acteurs du développement à l’échelle nationale.


L’examen triennal des activités opérationnelles intervient quatre ans après l’adoption de la Déclaration du Millénaire et un avant que l’Assemblée générale n’examine sa mise en œuvre.  Le Secrétaire général estime que c’est une bonne occasion d’examiner comment le système de l’ONU a adapté les opérations menées au niveau du pays au contenu de la Déclaration et de mesurer l’impact, à ce niveau, des processus de réforme mis en route en 1997 et en 2002.  L’environnement international donnant lieu à un débat sur le rôle que devrait jouer le système dans la coopération pour le développement, le Secrétaire général attend l’examen du Conseil économique et social pour soumettre ses recommandations.


En attendant, il démontre qu’en matière de cohérence, des progrès substantiels ont été accomplis dans le fonctionnement du système, au niveau du pays, et dans l’alignement des opérations sur l’agenda pour le développement qui découle des résultats des grandes conférences de l’ONU, en particulier les Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  Le Secrétaire général explique comment le système sert de plus en plus de catalyseur d’un dialogue national entre acteurs du développement pour la réalisation des ODM, notamment dans le cadre du Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP), et comment une conception plus intégrée des stratégies nationales de réduction de la pauvreté est bien mise en évidence dans les instruments de diagnostic et de programmation que sont le bilan commun de pays (CCA) et le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF).  Le Secrétaire général démontre comment le système de coordonnateur-résident fonctionne, dans beaucoup de pays, comme un instrument efficace dans la recherche d’un ensemble commun d’objectifs.  Il affirme et prouve que le passage de la crise au développement est l’un des domaines où la coopération des Nations Unies pour le développement est rendue plus cohérente.


Reconnaissant toutefois le caractère modeste des résultats qu’on donnés jusqu’ici les efforts de simplification et d’harmonisation des différents processus menés par les organisations de l’ONU, le Secrétaire général énumère les problèmes.  Il cite d’abord, avant d’en expliquer les conséquences, l’absence de système officiel propre à inciter les diverses entités à mettre leurs connaissances et leurs spécialistes à la disposition du coordonnateur-résident.  Il cite ensuite l’absence d’un financement stable et prévisible des activités de développement, à la mesure des priorités de programme recensés dans les bilans communs de pays et les plans–cadres pour l’aide au développement, les UNDAF.  Il décrit et dénonce la compartimentation, les incohérences et les doubles emplois dans l’affectation des ressources par les États Membres.  Le système, prévient le Secrétaire général, n’est qu’au début d’une longue marche vers « l’unité d’intention et d’action » voulue par les États Membres.  Il défend, en conséquence avant de la développer, l’idée d’un « contrat de responsabilité mutuelle » entre les organismes des Nations Unies et les États Membres pour assurer des engagements à long terme et la pérennité des résultats obtenus.


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