ECOSOC: LES ENGAGEMENTS PRIS À BRUXELLES DOIVENT ÊTRE TENUS DANS UN CADRE DE BONNE GOUVERNANCE FAVORABLE À LA MOBILISATION DES RESSOURCES
Communiqué de presse ECOSOC/6072 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2004
26e séance – matin et après-midi
ECOSOC: LES ENGAGEMENTS PRIS À BRUXELLES DOIVENT ÊTRE TENUS DANS UN CADRE DE BONNE GOUVERNANCE FAVORABLE À LA MOBILISATION DES RESSOURCES
Après l’adoption de la Déclaration ministérielle, le Conseil débat de l’intégration des questions concernant l’égalité entre hommes et femmes
« Nous réaffirmons notre engagement à l’égard de la réalisation des buts et des objectifs énoncés dans le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010 », déclarent dans un textes adopté ce matin par consensus, les ministres et chefs de délégation des États Membres ayant pris part au débat de haut niveau de cette session de fond du Conseil économique et social (ECOSOC). Le thème du dialogue de haut niveau, qui s’est tenu la semaine dernière, avait trait à la mobilisation des ressources et à la promotion d’un environnement propice à l’éradication de la pauvreté dans le contexte de l’application du Programme d’action, adopté en 2001 à Bruxelles. L’ECOSOC avait estimé urgent de débattre de cette question au vu de la paupérisation accélérée qui frappe les population de ces pays, qui ne pourront réaliser les Objectifs de développement du Millénaire, notamment ceux visant la réduction de moitié du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté et souffrant de la faim à la date butoir de 2015, le Conseil avait estimé urgent de débattre de la mobilisation des ressources pouvant permettre de financer des programmes qui freineraient l’aggravation de la situation économique des pays les moins avancés.
Dans cette Déclaration ministérielle, dont le texte a été longuement négocié, et que la Présidente de l’ECOSOC, Mme Marjetta Rasi, de la Finlande, a qualifié d’« extrêmement importante pour les PMA, dont l’avenir socioéconomique dépend en grade partie de la réalisation des engagements pris à Bruxelles en 2001 », les ministres et chefs de délégation reconnaissent la nécessité de réunir les conditions générales requises pour que des mesures soient prises aux niveaux national et international afin d’éliminer la pauvreté, de promouvoir le développement durable des PMA et d’appliquer le Programme d’action.
Les délégations ayant cependant majoritairement reconnu au cours des débats qu’il est nécessaire que les PMA et la communauté internationale mettent en place des mesures et des mécanismes de bonne gestion et de transparence, les Ministres et chefs de délégation, réaffirment que la bonne gouvernance aux niveaux national et international est indispensable à la tenue des engagements inscrits dans le Programme d’action, et soulignent qu’il faut des institutions démocratiques solides capables de répondre aux besoins des populations. Il faut améliorer l’efficacité, la transparence et le sens des responsabilités dans le domaine de l’administration nationale et des dépenses publiques ainsi que la primauté du droit tout en assurant la primauté des droits de l’homme, dont le droit au développement; et il faut éliminer la corruption et établir des institutions économiques saines et des cadres solides dans les PMA. De tels cadres, estiment les ministres et chefs de délégation, devraient viser à renforcer la mobilisation des ressources intérieures et le flux des ressources financières en vue de développer l’infrastructure matérielle et de valoriser les ressources humaines en mettant un accent particulier sur l’équité et l’égalité entre les sexes.
La promotion de la participation des femmes au développement, qui bien qu’elles soient des acteurs majeurs des activités économiques informelles en zones rurales, souffrent le plus de la pauvreté, a été jugée indispensable par l’ECOSOC. Les participants à cette session, ont poursuivi ce matin, après l’adoption de la Déclaration ministérielle, le débat ouvert vendredi dernier avec les institutions spécialisées et les autres organismes de l’ONU sur l’intégration d’une perspective sexospécifique dans toutes les politiques et tous les programmes du système des Nations Unies. À l’issue de ce débat auquel ont pris part les représentantes de la FAO, du Programme ONU-Habitat, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Bureau du Haut représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, auxquelles s’était joint le Directeur de la Division Afrique II du Département des affaires politiques, Mme Kyung-wha Kang, de la République de Corée, Présidente de la Commission de la condition de la femme, a estimé que plusieurs obstacles continuaient à se poser à l’intégration d’une dimension sexospécifique dans tout le système de l’ONU et de ses États Membres. À cet égard, la Présidente de la Commission de la condition de la femme a notamment cité la faiblesse des moyens humains et des ressources accordées à la résolution de cette question; l’absence d’indicateurs qui pourraient permettre de mesurer les progrès accomplis au sein de chaque agence/institution onusienne; et une certaine absence de volonté politique à réellement intégrer la perspective sexospécifique dans les politiques et programmes, qui se traduit par de mauvaises perceptions qui ont tendance à faire de cette question la seule affaire des femmes.
Désireux de trouver des réponses et des solutions aux difficultés que pose l’absence des femmes et les processus de réflexion et de prise de décisions économiques, sociales et politiques, l’ECOSOC a organisé cet après-midi deux tables rondes thématiques. L’une portait sur les mécanismes de transparence, de suivi et d’évaluation et les plans de mise en œuvre pouvant combler l’écart entre politiques et pratiques relatives à l’intégration de la sexospécificité; et la seconde était relative à l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les politiques et stratégies sectorielles.
Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain, mercredi 7 juillet, à 10 heures, en concluant son débat consacré aux questions de coordination et en entamant l’examen des questions consacrées aux activités opérationnelles.
MOBILISATION DES RESSOURCES ET PROMOTION D’UN ENVIRONNEMENT PROPICE À L’ÉRADICATION DE LA PAUVRETÉ DANS LE CONTEXTE DE L’APPLICATION DU PROGRAMME D’ACTION EN FAVEUR DES PAYS LES MOINS AVANCÉS POUR LA DÉCENNIE 2001-2010
La Déclaration ministérielle figurant au document E/2004/L.12/Rev.1 a été adoptée par consensus.
Le représentant des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne, s’est félicité de l’adoption de la Déclaration. Le développement des PMA, a-t-il souligné, est directement lié aux objectifs de développement durable fixés lors des grandes conférences des Nations Unies. Il a insisté sur le fait que le processus simultané de débat et de négociation a très bien reflété les « idées excellentes » qui ont été avancées pendant le débat de haut niveau.
Le représentant du Bénin, au nom de la présidence du Bureau de coordination des PMA, a salué l’esprit de collaboration et de consensus qui a prévalu lors des négociations sur la Déclaration.
La représentante du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement s’est, à son tour, félicitée de l’adoption de la Déclaration qui, a-t-elle dit, est un document très important pour les PMA. Cette Déclaration, selon elle, réaffirme l’engagement de la communauté internationale en faveur de ces pays tout en imprimant un nouvel élan à la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles.
La Présidente du Conseil économique et sociale a jugé que la Déclaration est un signal politique fort que les ministres ont souhaité adresser à l’ensemble de la communauté internationale. Elle a salué la participation de nombreux ministres et de celle du Président du Bénin, lors du débat de haut niveau.
COORDINATION DES POLITIQUES ET ACTIVITÉS DES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET AUTRES ORGANISMES DES NATIONS UNIES
Réunion-débat avec les institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies sur l’intégration d’une perspective sexospécifique dans toutes les politiques et tous les programmes du système des Nations Unies
Mme SISSEL EKAAS, Directrice de la Division de la sexospécificité et de la population de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a déclaré que l’un des défis à relever était de mesurer les progrès accomplis en matière d’intégration de la perspective sexospécifique dans les structures et les programmes de la FAO. Nous avons conduit une évaluation de la situation il y a quelques années à la FAO, a indiqué Mme Ekaas en précisant que cette évaluation avait ensuite permis de concevoir des programmes d’intégration de la parité entre les sexes à l’intérieur des structures de l’Organisation. L’intégration de la perspective sexospécifique est désormais inscrite à l’ordre du jour de la Conférence de la FAO qui a lieu tous les deux ans, a-t-elle poursuivi. Les besoins ayant trait aux activités à mener en matière d’intégration des femmes sont désormais régulièrement évalués et inscrits au budget de l’Organisation, a dit la Directrice faisant valoir que les ressources nécessaires sont désormais inscrites au budget régulier de la FAO. En vue d’informer sur le sujet et de s’assurer qu’il est compris, la Division produit désormais de manière bimestrielle un bulletin d’information sur l’évolution de l’intégration de la perspective sexospécifique dans les structures, programmes et activités de la FAO a ensuite dit Mme Ekaas. Elle a souligné que l’Organisation prenait désormais en compte l’égalité entre les sexes lors de ses interventions de terrain dans le domaine de la sécurité alimentaire. Il est d’autre part important que nous mettions en place des indicateurs de sexospécificité qui permettraient de faire une évaluation régulière de l’intégration des femmes dans les structures opérationnelles de la FAO, au moment où un grand nombre de fonctionnaires de haut rang vont à la retraite et où il faut les remplacer, a dit la Directrice en déclarant que sa Division allait proposer qu’un système de contrôles et de sanctions soit mis en place pour assurer que les candidatures de femmes qualifiées sont prises en considération de façon équitable et égale à celles des candidats hommes quand il faut désigner des fonctionnaires occupant de postes de gestion et de prise de décisions.
M. YOUSSEF MAHMOUD, Directeur de la Division Afrique II au Département des affaires politiques (DPA), a présenté les efforts de ce département pour intégrer la dimension sexospécifique à toutes les étapes de ses activités en utilisant comme orientation les conclusions concertées de la décision 1997/2 de l’ECOSOC, la résolution 1325 du Conseil de sécurité et toutes les recommandations du Secrétaire général. Il a indiqué que les hauts fonctionnaires du DPA avaient participé à des séminaires sur la sexospécificité sur le thème « Femmes, paix et sécurité » et à des réunions de groupes d’experts sur les moyens de promouvoir l’égalité entre les sexes. Nous collaborons avec la conseillère du Secrétaire général sur la promotion de la femme à l’occasion de toutes nos initiatives. Nous sommes conscients de la nécessité d’envoyer à l’intention des hauts fonctionnaires et responsables des missions des directives précises pour intégrer les questions de sexospécificité dès le lancement d’une mission. L’intervenant a souligné également l’importance des partenariats avec la société civile et notamment avec des ONG spécialisées sur des questions comme la place de la femme dans le maintien de la paix et de la sécurité. Il a présenté les initiatives menées par le DPA en collaboration avec l’UNIFEM et le PNUD pour responsabiliser les femmes et favoriser leur implication dans les processus de paix en République démocratique du Congo, dans la région du fleuve Mano et à Bougainville. Dans d’autres endroits comme au Yémen ou au Pakistan, a-t-il ajouté, nous promouvons la participation des femmes aux élections. En Afghanistan, nous avons établi une composante électorale en intégrant la sexospécificité à toutes les étapes de notre démarche. Parmi les défis auxquels nous nous heurtons figure celui de s’assurer que la perspective sexospécifique n’est pas seulement une activité à laquelle on se livre lorsque l’on a plus rien d’autre à faire. Il a regretté le fait que les activités de promotion de la femme sur le terrain doivent être menées sur la base de contributions volontaires et ne soient pas financées à partir du budget ordinaire. Enfin, il a attiré l’attention sur la difficulté de trouver des femmes sur le terrain ayant de bonnes connaissances en matière de sexospécificités.
Mme ZAHRA NURU, Conseiller au Bureau du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a regretté que l’on n’accorde toujours pas aux droits des femmes la priorité qu’ils méritent. La violence à l’égard des femmes vivant dans des zones en situation de conflit est peut-être le problème le plus préoccupant, a-t-elle poursuivi. Elle a ensuite indiqué que les femmes représentent 60% du personnel du Bureau du Haut Représentant pour illustrer l’importance accordée aux droits des femmes par cet organisme de l’ONU. La mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles passe par une participation active des femmes à tous les domaines du développement économique et social, a-t-elle prévenu en soulignant que la question clef est celle de la mobilisation des ressources financières aux fins de l’intégration d’une perspective sexospécifique.
Mme AXUMITE GEBRE-EGZIABHER, Directrice du Bureau du Programme des Nations Unies pour ONU-Habitat à New York, a déclaré que ONU-Habitat avait lancé un programme spécial de parité entre les sexes en ce qui concerne l’accès à la propriété immobilière et à la terre. Ce programme a été déclenché après la Conférence Istanbul+5, a précisé la représentante. L’autonomisation des femmes est devenue un indicateur de mesure du succès des programmes lancés en faveur de l’accession à la propriété et au logement. L’amélioration des conditions de vie des femmes sera jugée d’après les résultats obtenus, a-t-elle estimé en indiquant que le Programme Habitat avait beaucoup progressé en ce qui concerne l’intégration de mesures en faveur de la parité dans toutes ses interventions. C’est notamment le cas en Afghanistan, au Kosovo et dans les programmes d’amélioration de la gouvernance urbaine que mène en ce moment ONU-Habitat dans un certain nombre de pays en développement. D’autre part, selon les nouvelles directives en vigueur, ONU-Habitat n’approuve plus que le lancement de projets auxquels participent effectivement des femmes. C’est le cas en ce moment en Amérique latine, où le Programme soutient l’intégration de femmes aux structures de gouvernance locale. ONU-Habitat conduit aussi des activités de renforcement des capacités, aussi bien au sein de ses propres structures que dans les programmes de pays qu’il conduits sur le terrain. Le lien entre pauvreté urbaine et pauvreté rurale doit être clairement établi, a ensuite recommandé la représentante en demandant aux gouvernements d’évaluer le niveau de la participation des femmes au phénomène d’urbanisation galopante que connaissent les régions en développement, et le niveau de pauvreté qui les frappe.
Mme AYESHA IMAM, Chef de l’Unité de la culture, de la parité entre les sexes et des droits de l’homme du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a précisé que le FNUAP avait adopté depuis longtemps la parité entre les sexes et l’autonomisation des femmes comme un objectif incontournable de ses activités. Nous avons un programme spécifique pour l’intégration de la sexospécificité en nous concentrant sur les stratégies d’autonomisation de la femme, la violence à caractère sexiste, la santé reproductive et la prévention du VIH/sida. Nous procédons à une utilisation accrue des données ventilées par sexe et nous avons élargi notre collaboration avec la société civile, indispensable à notre efficacité sur le terrain. Nous travaillons également au renforcement de nos capacités pour une meilleure intégration de la sexospécificité et nous organisons des formations et cours à distance sur ces questions. Nous assumons la parité entre les sexes au niveau de nos effectifs, il n’y a pas de problèmes en matière de disponibilité de femmes compétentes. Parmi les défis auxquels nous avons à faire face, figure notamment la difficulté de réduire l’écart entre la promulgation de textes et leur mise en œuvre. Abordant la question de l’affectation de ressources, elle a prévenu que sans l’intégration d’une perspective sexospécifique dès la budgétisation d’un programme ou d’une mission, les objectifs pouvaient être gravement compromis. La sexospécificité doit être considérée non seulement comme un principe éthique, mais aussi un principe inhérent au développement, a-t-elle insisté. Nous devons travailler sur les responsabilités des uns et des autres lorsqu’il n’y a pas mise en œuvre des programmes et nous assurer que les fonctionnaires à tous les niveaux rendent des comptes. Par ailleurs, elle a estimé indispensable d’établir un lien entre les Objectifs de développement du Millénaire et l’objectif d’intégration de la sexospécificité en notant que tous les objectifs de développement avaient un lien avec la parité entre les sexes. Réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015, a-t-elle ajouté, exige que l’on accorde une attention particulière à la féminisation de la pauvreté.
Lançant la première série de questions, la représentante des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne, a pris note du fait que le manque de responsabilisation a été qualifié de principal défi. Elle s’est alors interrogée sur les mesures à prendre pour que toutes les catégories du personnel de l’ONU s’impliquent davantage dans les questions sexospécifiques. Comment accroître la participation du personnel masculin? a-t-elle encore demandé avant de parler des femmes, de la paix et de la sécurité. Elle a voulu connaître la façon de procéder pour que les rapports du Secrétaire général au Conseil de sécurité traitent davantage de l’intégration sexospécifique dans les activités de paix et de sécurité. La même question a été posée par la représentante du Canada qui a aussi voulu savoir ce qu’il en est de la nomination d’un Conseiller spécial sur les questions de parité entre les sexes. Pour sa part la représentante de la Tanzanie a demandé quel est le niveau de la collaboration entre les différents organismes de l’ONU?
Plusieurs mécanismes existent au niveau des pays, a répondu la Conseillère du Bureau du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. Elle a cité parmi ces mécanismes les Bilans communs de pays et les Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF). Elle a aussi cité les activités de plaidoyer menées conjointement par les organismes des Nations Unies, en particulier par les Groupes thématiques sur la parité entre les sexes. La mesure la plus efficace en matière de responsabilisation est la pression que peuvent exercer les États Membres de l’ONU sur les fonctionnaires, a estimé la Directrice de la Division de la parité entre les sexes et la population de la FAO. Elle s’est d’ailleurs félicitée que de plus en plus d’hommes occupent des postes au sein des points focaux chargés des questions sexospécifiques. La FAO a, pour sa part, décidé d’intégrer systématiquement un module de formation aux questions sexospécifiques dans ses ateliers de formation obligatoires. L’Organisation encourage aussi les femmes à travailler avec les directeurs de programmes les plus réceptifs à travers des programmes « conviviaux » qui visent, à priori, à prêcher à des convertis tout en pariant sur leur capacité à entraîner les autres.
Au Programme ONU-Habitat, l’approbation de tout programme dépend de l’évaluation de sa dimension sexospécifique, a expliqué, à son tour, la Directrice de ce Programme. Le Programme a désormais une équipe spéciale chargée de s’assurer de la bonne intégration des questions sexospécifiques. Toutefois, a-t-elle prévenu, le succès de toute entreprise dépend en définitive de l’engagement des pays concernés. Le Chef de l’Unité de la culture, de l’égalité entre les sexes et des droits de l’homme du FNUAP a indiqué, pour sa part, que le FNUAP dispose de programmes d’évaluation interdivisions qui incluent la question de la parité entre les sexes. Tout comme à la FAO, le FNUAP a jugé plus pertinent d’intégrer les questions de parité dans les programmes de formation générale plutôt que d’en faire un programme spécifique. Enfin, le Directeur de la Division Afrique II du Département des affaires politiques a constaté que la responsabilisation est la mieux assurée lorsqu’elle existe aux niveaux les plus élevés. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un partenariat pour assurer l’intégration aussi bien au plan interne qu’au plan externe. Répondant sur la question des rapports du Secrétaire général au Conseil de sécurité, il a attribué les progrès effectués à l’adoption de la résolution 1325 et à une plus grande sensibilisation à la nécessité de prendre des mesures concrètes. Le Directeur a fermement appuyé l’objectif de nommer un Conseiller spécial pour le système, en approuvant l’idée d’une alternance entre hommes et femmes à ce poste. Concluant sur la question de la formation, il a estimé qu’elle se mesure par le transfert effectif des compétences sur le lieu de travail. Ce qu’il faut viser, a-t-il souligné, c’est le changement de comportement. Déjà, a-t-il affirmé, le Département accorde la priorité aux projets visant les associations féminines. Le Directeur a conclu en faisant part des efforts en cours pour intégrer la dimension sexospécifique dans la budgétisation.
TABLE RONDE SUR LES MÉCANISMES DE TRANSPARENCE, DE SUIVI ET D’ÉVALUATION DES PLANS DE MISE EN ŒUVRE POUR COMBLER L’ÉCART ENTRE POLITIQUES ET PRATIQUES EN MATIÈRE D’INTÉGRATION D’UNE PERSPECTIVE SEXOSPÉCIFIQUE
Présidée par le Représentant permanent de la Norvège auprès des Nations Unies, Johan L. Lovald, la table ronde a été l’occasion de répertorier les causes de l’écart, dénoncé par tous, entre les politiques et les pratiques d’intégration de la perspective sexospécifique dans les activités des fonds et programmes des Nations Unies et dans les politiques nationales.
Conformément au Programme d’action de Beijing, adopté en 1995 à l’issue de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, les fonds et programmes des Nations Unies ont œuvré activement à cette intégration. Le Président de la table ronde a cité les stratégies, les plans à moyen terme, les budgétisations axées sur la sexospécificité ou encore les activités opérationnelles que ces derniers ont mis en place. Pour expliquer le manque de progrès dans la pratique, il s’est tourné vers Kalyani Menon-Sen du Centre Jagori de New-Delhi en Inde et Mary Braithwaite, Consultante auprès de la Commission européenne.
Selon la représentante du Centre Jagori, le problème vient d’une confusion conceptuelle entre les notions de sexospécificité et d’émancipation de la femme laquelle condamne les programmes mis en place à des résultats superficiels et temporaires. Kalyani Menon-Sen a souligné le caractère politique de la demande, faite à Beijing, d’intégrer une perspective sexospécifique dans les politiques des fonds et programmes et celles des gouvernements nationaux. Cette demande, a-t-elle dit, était fondée sur la nécessité de modifier les politiques de développement compte tenu des échecs. L’intégration de la perspective sexospécifique s’entendait alors comme ayant pour objectif ultime d’accroître la participation aux processus de prise de décisions et en conséquence de changer la répartition du pouvoir et transformer radicalement l’ordre social. Ce défi politique était une question de justice mais surtout un moyen de trouver de « meilleures solutions » aux problèmes de développement.
Les participants à la table ronde ont reconnu, en effet, que depuis Beijing, la question a été vidée de sa dimension politique. Réduite à son aspect économique, la conception de l’intégration de la perspective sexospécifique a donné lieu à des programmes « favorables aussi » aux femmes sans traiter des causes non économiques de l’inégalité entre les hommes et les femmes. L’évolution du concept de sexospécificité a fini par enfermer les femmes dans une catégorie homogène dont la condition ne nécessite pas de programmes spécifiques.
Comment assurer l’élaboration de lois non discriminatoires sans donner aux femmes les moyens de relever les lacunes existantes? a cité comme exemple la représentante du Centre Jagori, en rappelant que si le Programme d’action de Beijing est allé si loin, c’est parce qu’il s’est fondée sur les revendications des associations de femmes. En privilégiant l’approche globale sexospécifique, le risque est grand de renoncer à l’approche sectorielle qui permettrait précisément aux femmes de faire valoir leurs solutions, a-t-elle prévenu avec d’autres intervenants. Ce n’est qu’en effectuant un travail résolument sensible à la voix des femmes qu’il sera possible de mettre en place des politiques sexospécifique, dans l’acception du Programme d’action de Beijing. Les politiques sexospécifiques ne sont pas la courroie de transmission de la voix des femmes. Bien au contraire, elles doivent se fonder sur leurs revendications, a renchéri Charlotte Bunch du Centre for Women’s Global Leadership qui a estimé que la question se résume au manque de volonté politique de faire de l’émancipation de la femme une priorité. C’est cette lacune qui justifie l’absence de financement des politiques sectorielles en faveur des femmes ou encore des collectes de données ventilées par sexe.
Devant ces critiques, Sissel Ekaas, la Directrice de la Division de la parité entre les sexes et la population de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a admis que pendant trop longtemps les fonds et programmes des Nations Unies ont concentré leurs efforts sur la mise au point des outils bureaucratiques et procéduraux plutôt qu’à la mise en œuvre. Reconnaissant un problème de responsabilisation des dirigeants au plus haut, elle a estimé que rien ne peut se faire sans la transparence et l’engagement spécifique et public des États Membres. Ces derniers doivent faire pression sur les fonds et programmes et prévoir un mécanisme de sanctions.
La situation actuelle se caractérise, en effet, par une multitude de mécanismes de suivi et d’évaluation sans réel impact, a estimé, à son tour, la Consultante auprès de la Commission européenne. Pour corriger cet état de choses, elle a posé trois défis à savoir la conclusion au plus haut niveau d’un accord sur des critères clairs d’évaluation, la reconnaissance du lien entre évaluation et prise de décisions; et la mise en place d’une dynamique triangulaire entre les gouvernements, les fonds et programmes, les experts et les chercheurs et la société civile et les ONG. Si cela n’a pas encore été fait c’est parce que la question de la participation accrue aux processus de prise de décisions n’a pas encore reçu la prioritaire, a-t-elle conclu comme les autres intervenants.
TABLE RONDE SUR L’INTÉGRATION D’UNE PERSPECTIVE SEXOSPÉCIFIQUE DANS LES POLITIQUES ET STRATÉGIES SECTORIELLES
Le succès de l’intégration des perspectives sexospécifiques dans les politiques et stratégies sectorielles dépend non seulement de la réforme du cadre institutionnel mais aussi et surtout de la remise en cause de l’absence d’égalité, et des relations de pouvoir entre hommes et femmes, a-t-il été souligné au cours de cette table ronde. À cet égard, c’est tout le processus de réflexion qu’il faudrait transformer, a-t-il été dit. Des exposés ont été faits par Mmes Maria Flora du Vassar College et de Irene Dankelman, Professeur à l’Université de Nimegue (Pays-Bas). Cette dernière, citant le contenu d’un récent rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a tout particulièrement mis en évidence la contribution des femmes à la protection de l’environnement.
Sont intervenus également au cours de la réunion présidée par M. A. Gopinathan (Inde), M Stanlake Samkage, du Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que Mmes Mariama Williams du « Réseau Gender and Trade », Isha Dyfan de la « International Women’s Tribune Centre »; Anna Shotton, Conseillère en matière de parité entre les sexes du Département de maintien de la paix (DOMP) et June Zeitlin, Directrice de la « Women’s Environment and Development Organization (WEDO) ».
M Gopinathan a relevé que si certains progrès avaient été accomplis dans des domaines comme l’éducation, la santé ou le microcrédit, l’intégration des considérations sexospécifiques n’avait été mitigée -depuis les conclusions concertées 1997/2 de l’ECOSOC- dans les secteurs de la paix et de la sécurité, les programmes humanitaires et de reconstruction, la gouvernance, les technologies de la communication et de l’information ou encore la lutte contre le VIH/sida.
Il faut réévaluer l’importance des organisations de femmes dans le processus de développement, a-t-il également été souligné, et pour ce faire nous devons disposer de données systématiques sur leur contribution au processus de développement. Cela requiert l’intégration d’une perspective sexospécifique à tous les niveaux du système de statistiques et à tous les secteurs. Car un développement qui n’est pas sensible à la question des disparités entre les hommes et les femmes est menacé. Les intervenants ont invité les gouvernements à surmonter les conséquences négatives de politiques macroéconomiques sur la distribution des bénéfices de la croissance. Ils ont notamment souhaité la mise en œuvre de systèmes de sécurité sociale dont les prestations pour les hommes et les femmes soient faites sur un pied d’égalité.
S’agissant de la mobilisation des ressources aux fins du développement, il a été dit que l’une des difficultés était de savoir si elles répondaient réellement aux besoins des femmes. Mme Flora, tout en se félicitant de la contribution du microcrédit qui est souvent la seule forme de prêt auquel les femmes pauvres ont accès, a indiqué que de récentes études montraient que le microcrédit ne se développait pas forcément en tenant compte des besoins particuliers des femmes.
Dans le cadre de discussions portant sur le besoin de plus d’Investissements étrangers directs et de flux financiers en général pour obtenir de meilleurs taux de croissance, il a été estimé qu’une distribution des fruits de la croissance aux groupes les plus pauvres et en particulier aux femmes pauvres était tout aussi importante.
Les participants ont eu l’occasion d’échanger leurs expériences de l’implication des femmes dans des domaines comme l’éradication de la faim, la justice économique et sociale ou encore la bonne gouvernance. Notant qu’en matière d’intégration d’une perspective sexospécifique, un grand écart existe entre les engagements et la mise en œuvre, les intervenants ont dans leur ensemble souligné, la nécessité de politiques innovantes et de nouveaux cadres institutionnels.
Résumé du projet de déclaration ministérielle adopté (E/2004/L.12/Rev.1)
Dans ce document adopté aujourd’hui par l’ECOSOC, les ministres et chefs de délégation ayant participé au débat de haut niveau de sa session de fond ont, après avoir considéré le faible taux d’exécution du Programme d’action de Bruxelles et souligné la nécessité de faire face à cette situation; et après avoir reconnu qu’en raisons des tendances actuelles, la plupart des PMA sont peu susceptibles d’atteindre les buts et les objectifs énoncés dans le Programme d’action et dans la Déclaration du Millénaire, notamment celui de réduire de moitié la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté et souffrant de la faim, d’ici 2005, réaffirmé leur engagement en faveur de la réalisation des buts énoncés à Bruxelles. Ils ont reconnu la nécessité de réunir les conditions générales requises pour que des mesures soient prises aux niveaux national et international afin d’éliminer la pauvreté, de promouvoir le développement durable des PMA et d’appliquer le Programme d’action, et ont réaffirmé que la bonne gouvernance nationale et internationale est indispensable à la tenue des engagements pris dans le cadre de ce Programme.
À ce sujet, la Déclaration ministérielle souligne qu’il faut des institutions démocratiques solides aptes à répondre aux besoins des populations et qu’il faut améliorer l’efficacité, la transparence et le sens des responsabilités dans le domaine de l’administration nationale et des dépenses publiques ainsi que la primauté du droit, et qu’il faut assurer le plein respect des droits de l’homme, y compris le droit au développement, éliminer la corruption et établir des institutions économiques et sociales saines et des cadres solides pouvant permettre la création de ressources dans les PMA. Ces cadres, d’après la Déclaration, devraient viser à renforcer la mobilisation des ressources intérieures et le flux des ressources financières en vue de développer l’infrastructure matérielle tout en promouvant la valorisation des ressources humaines, en mettant un accent particulier sur l’égalité entre les sexes.
Tout en reconnaissant que la responsabilité principale de leur développement incombe aux PMA eux-mêmes, la Déclaration note que leurs efforts doivent bénéficier d’un appui international concret et substantiel de la part des gouvernements et des organisations internationales dans un esprit de responsabilité partagée grâce à de véritables partenariats, y compris avec la société civile et le secteur privé. À cet effet, les Ministres et chefs de délégation demandent instamment à chacun des PMA de continuer, avec l’appui de leurs partenaires de développement, à appliquer les mesures énoncées dans le Plan d’action en les concrétisant dans le cadre de leurs plans nationaux de développement et de leurs stratégies d’élimination de la pauvreté. Rappelant l’importance du secteur agricole dans les PMA, la Déclaration reconnaît qu’il importe d’accroître la sécurité du régime foncier et de la propriété foncière pour la mobilisation des ressources et la gestion de l’environnement, en particulier; et elle demande instamment aux PMA de promouvoir la création de régimes de propriété officiels, y compris l’accès aux ressources naturelles et aux terres sur la base de plans rationnels d’utilisation de ces terres pour les pauvres. Les Ministres soulignent d’autre part la nécessité de promouvoir un secteur financier inclusif dans les PMA ainsi que l’accès à des services financiers tels que les banques, le crédit, l’épargne et surtout le microfinancement et le microcrédit, notamment à l’intention des personnes à faible revenu.
La Déclaration reconnaît l’importance des envois de fonds des travailleurs expatriés, pour ce qui est de mobiliser les ressources nécessaires au développement des PMA, et elle encourage les gouvernements à éliminer les obstacles susceptibles d’empêcher le transfert de ces fonds. Elle réaffirme que l’aide publique au développement (APD) a un rôle crucial à jouer à l’appui de l’application du Programme d’action de Bruxelles, et reconnaît que les graves problèmes d’endettement des PMA nécessitent une solution globale. Dans la fin du texte, les Ministres et chefs de délégation s’engagent de nouveau à entreprendre des efforts accrus et à adopter rapidement des mesures en vue d’atteindre en temps opportun les buts et les objectifs du Plan d’action.
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